The Multiversity

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Je ne sais pas qui a dit que quand on perd connaissance on ne pense ou ne rêve à rien mais je vous assure que c’est faux. Cette discussion, le fait que mon existence même est menacée… Sacrée bordel existentiel, ça je peux vous le dire. Est-ce que je devrais faire en sorte que Jeannie rencontre la Justice League? Hum. Mauvaise idée. Pas parce qu’elle est mal intentionnée ou quoi que ce soit. C’est juste qu’elle… Comment dire… Ils vont commencer à parler, elle va remarquer un truc qui clignote, zapper complètement ce qui se dit et s’extasier devant la plus petite nouveauté pour elle. Parfois, elle a plus l’air d’une gamine dans un corps d’adulte, d’une adulescente que de l’ex génie traumatisée qui a probablement accidentellement créé une super criminelle. Elle ne sait pas que Shayne (j’ai dit Miss Fortune à la Justice League car c’est un de ses pseudos), bien…

Que Shayne lui est reliée. Et si elle venait à l’apprendre… Je ne veux pas imaginer ce qui va arriver au monde. Sa réaction risque d’être violente et à toujours éliminer ses mauvaises émotions… Ce faisant rendant Shayne plus forte… Je ne sais pas si mentalement elle serait prête à recommencer à accumuler la souffrance d’une si longue existence. Et si elle pète les plombs… Elle est capable de réactions cataclysmiques. Et je ne voudrais pas qu’elle cause des dommages à la Terre accidentellement. Donc, pour le moment, ne pas lui dire la vérité me… Nous permet de gagner du temps. Éventuellement… Mais pas maintenant. Enfin bref. Perte de connaissance. « Sommeil » troublé. Réveil difficile. Enfin. Difficile… Plus ou moins. J’ai connu pire. Mais c’est toujours désagréable de ne pas se réveiller au top de sa forme. Mais là c’est fait et je soupire en regardant autour de moi. Merde.

Je suis toujours chez la Justice League. Donc je n’ai pas rêvé cette partie de mes souvenirs et ils ne veulent définitivement pas lâcher l’affaire. Je crains que je n’aurai pas le choix que de collaborer. Je teste chacun de mes membres. Je me sens moins HS que tout à l’heure… Qui pourrait bien être hier ou avant-hier ou il y a une heure. Je n’ai toujours pas accès à mon pouvoir principal, ce qui continue de m’irriter au plus au point mais… Il va falloir que je fasse sans. En espérant que ce ne soit pas permanent parce que sinon, je vais vraiment aller voir ma créatrice et lui demander de m’aider. Je vais devoir admettre un cuisant échec et rien que d’y penser, j’en grincerais presque des dents. Pour le moment, on va voir ce que cela va donner. Patience, Alix, rappelles toi. Patience. À peine suis-je réveillée que la statuesque Wonder Woman vient me rejoindre. Elle est tellement… Focus, Alix!

« Désolé pour cette interruption bien involontaire de ma part. J’en déduis que je n’ai pas vraiment le choix, c’est ça? Je vais devoir avaler le fait que je ne peux plus bosser en solo pour régler son compte à ma Némésis? Je ne peux pas dire, en toute honnêteté, que ça me fait plaisir. Je n’ai pas été pensée, conçue, pour le travail d’équipe pour cette tâche spécifique. Et honnêtement, ça me plaisait parfaitement comme ça.

Soyons honnêtes. Je sers à quoi dans cette histoire? J’ai l’impression d’être une simple spectatrice qui va interférer dans les affaires d’une joueuse professionnelle. Et la simple notion de faire valoir donc le fait de se subordonner à quelqu’un me donne des petits boutons. Donc… Je suis quoi, ultimement? Un poids mort qui a la… Chance… De savoir comment la super vilaine de la semaine fonctionne? Je ne sais pas si je dois me sentir humiliée ou déprimée… »

Diana attendit patiemment qu’Alix se réveille. Au sein de la Watchtower, il y avait de quoi s’occuper. La station spatiale avait été fondée et financée par un consortium de grosses compagnies et d’investissements publics après l’invasion de Darkseid. La Ligue n’était pas rattachée au SHIELD ou à d’autres institutions gouvernementales, et ne rendait de comptes qu’à l’ONU, dans l’absolu. Comme Superman l’avait souvent déclaré, la Ligue protégeait toute la Terre, indifféremment du niveau de richesse de la population, mais n’avait pas vocation à faire de la politique. C’était, sur ce sujet, une éternelle controverse. Superman était si populaire qu’il aurait sans doute pu devenir Président des États-Unis en se présentant. Diana savait que cette perspective l’avait fortement tenté quand Donald Trump était devenu le Président des États-Unis, mais l’Homme d’Acier avait su résister. La perspective de devenir le tyran qu’il craignait d’être avait toujours suffi à le calmer. Diana, de son côté, était à vrai dire partagée. Techniquement, elle était une politicienne, puisqu’elle était la Princesse de Themiscyra. Mais elle savait aussi que Superman avait connu bien des variantes de lui-même dans le Multivers qui se caractérisaient tous par une propension à la tyrannie. Il était un Dieu parmi les hommes, le Zeus de la Justice League, et eux, un nouveau panthéon divin. Les gens les voyaient ainsi, et, avec leur quartier général dans l’espace, cela renforçait cette image d’un panthéon de divinités protectrices survolant la Terre.

Elle avalait du café en lisant des actualités dans une chambre quand Alix émergea encore. Elle n’était désormais plus dans l’infirmerie. La femme musclée n’était pas non plus attachée, et, quand elle se réveilla, elle se fit à l’idée qu’elle allait devoir travailler avec elle. Diana hocha lentement la tête.

« Nous sommes tous faits pour agir seuls, Alix. Quand j’ai quitté mon île, je ne pensais pas rejoindre un groupe de super-héros. Et j’ai quitté la Ligue pendant plus d’une année. »

Diana s’assit sur un fauteuil à côté d’elle.

« Tu sais, au sein de la Ligue, aux yeux des gens, nous apparaissons tous comme des seconds couteaux face à… Lui. Superman. Enfin, il y a peut-être Batman qui fait exception… Mais, pour les gens, et ils n’ont pas totalement tort, c’est Superman qui est le cœur de la Ligue. Alors, je crois que je peux comprendre ce que tu ressens. »

Diana croisa les jambes, et avala une gorgée de café.

« Mais je vais te proposer quelque chose… Nous disposons d’un simulateur d’entraînement en réalité virtuelle ici. Il y a une série de tests à suivre pour voir si tu arrives à bien gérer telle ou telle situation. Protéger les gens, combattre les agresseurs, éviter les dégâts secondaires… Si tu réussis ce test, je te laisserai enquêter seule, de ton côté, sur cette Miss Fortune. Si tu échoues, nous ferons équipe. Qu’en dis-tu ? »

Elle avala une gorgée, et fit une ultime précision :

« Sache juste que tous les membres de la Ligue qui ont passé ce test pour la première fois ont tous échoué à celui-ci. »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

La proposition de Wonder Woman est… Étrange. Tout le monde échoue le test la première fois mais réussir ce dernier est conditionnel à pouvoir enquêter seule… Donc, techniquement, à moins d’un miracle, à mettre entre guillemets, je vais devoir faire équipe avec Wonder Woman. Je suis Alix Cindra Erling. Je ne recule devant aucun défi. Donc j’accepte. On m’explique que je ne peux pas réellement être blessée ou tuée mais que la simulation va… Bien justement, simuler tout cela. Qu’est-ce qu’un jeu vidéo glorifié peut réellement faire de toute façon? Je reste sur mes gardes en entrant dans le simulateur. Je ne dispose pas de tous mes pouvoirs, encore bloqués, j’imagine, par la dose de radiations massives que je me suis mangée mais j’ai des capacités surhumaines quand même donc… Je devrais pouvoir m’en sortir. Ou tout du moins le pensais-je, en fait.

Ce que je ne sais pas encore, c’est que j’ai déjà échoué. J’ai dit plus tôt que je ne recule devant aucun défi. En fait, je ne recule devant rien. Battre en retraite n’est pas un concept auquel j’adhère. Et ce que je ne sais pas, c’est qu’il n’y a pas de fin au nombre d’ennemis à affronter. Essentiellement, le scénario est simple : une armada extraterrestre forte de plusieurs millions de soldats attaque la Terre et je dois défendre le centre de commandement abritant une arme capable de nous donner un avantage contre l’envahisseur. L’ennemi veut le capturer à l’ancienne et donc, je me dis : neutralise le plus d’ennemis possibles, ça va le faire. Mais comme j’ai dit… Je ne sais pas encore que l’exercice ne peut se terminer que de deux façons : avec ma défaite ou en acceptant qu’il faut mieux battre en retraite et faire preuve d’humilité. Vivre pour se battre un autre jour.

C’est un peu le Kobayashi Maru, si vous voulez. Et donc, je refuse d’abandonner. Je continue de me battre, refusant de capituler, tenant debout seulement à cause de l’adrénaline dans mes veines. Il y a des dizaines et des dizaines et des dizaines de cadavres un peu partout mais je ne cèderai pas. Encore un quelque chose qui ne risque pas de plaire à la Justice League. J’élimine l’ennemi. Je ne le rends pas inconscient ou le neutralise de façon non létale. Un ennemi mort ne peut pas vous poignarder dans le dos. Je lutte, je lutte, je suis couverte de blessure, j’ai perdu un bras à cause d’une grenade ennemie et je m’en suis servi comme matraque improvisée. Après plusieurs heures simulées mais probablement quelques minutes dans le monde réel, je suis vaincue quand un tir perdu fait surcharger la super arme que je protège et je trépasse dans l’explosion…

« Si j’avais eu mes pouvoirs, j’aurais pu gagner. Je déteste ne pas pouvoir me battre avec mes propres armes. Est-ce que le simulateur peut inclure des paramètres précis si on les lui donne, pour imiter, justement, mes pouvoirs? Il doit bien y avoir une fin. Combien de soldats l’ennemi est-il prêt à sacrifier, c’est ridicule! Et comment est-ce que Superman aurait pu échouer un tel test? Vision thermique, souffle glaçant et j’en passe!

Il aurait carrément pu démolir l’armada dans l’espace! Et c’est pareil pour toi, tu es la plus grande guerrière amazone qui soit. Tu aurais sans doute pu laver le plancher avec ces amateurs d’envahisseurs! Comment est-ce que vous deux, vous auriez pu échouer dans cette simulation? Est-ce que l’ennemi a de la kryptonite? Rien dans ce que j’ai vu ne le laisse présager… Merde, j’ai vraiment donné une mauvaise performance… »

Il ne me vient pas à l’idée, aucunement, en fait, qu’il puisse y avoir un mérite à reconnaitre ses limites et ne pas se sacrifier vainement. Enfin. Vainement. Gagner quelques heures à la Terre pour une contre-attaque, ce n’est pas exactement mourir pour rien… Sauf si vous avez pour contre argument qu’en survivant, peut-être que j’aurais pu lui donner des semaines ou des mois. Quand ma créatrice m’a donné vie, elle m’a bien sûr inculqué cette vision « idéale » d’une super héroïne. Mais comme toute création, je ne suis pas dans la tête de ma créatrice donc j’interprète ce que je pense qui est attendu de moi. Et ça donne… Ça. Moi. Une anti héroïne plus qu’une super héroïne. Capable de tuer pour éviter que le problème d’aujourd’hui revienne demain. Refusant d’abandonner. Ayant une vision très… Tranchée… De comment les choses devraient se faire. En un mot comme en cent?

J’ai encore beaucoup à apprendre…

Le premier test était la classique invasion alien. Des extraterrestres envahissaient la Terre, et Alix avait pour mission de protéger le centre de commandement du SHIELD. Ce n’était pas vraiment un test, mais plutôt une porte d’entrée, qui permettait de calibrer l’appareil. Alix avait été postée sur un fauteuil de réalité virtuelle, conçu par Cyborg et par Batman. Le fauteuil était dans une pièce cylindrique spéciale, reliée à de multiples câbles, et Diana lui avait mis un casque sur la tête. C’était leur variante de l’Oculus Rift, un gros casque relié à de multiples câbles qui permettaient de configurer des simulations très complexes. Alix s’absorba donc dans ce premier défi, et Diana l’observa depuis la salle de contrôle de l’appareil, voyant sur des écrans ce qu’elle voyait, et pouvant aussi surveiller son rythme cardiaque, pour mettre fin à tout moment à la simulation.

Alix s’en sortait toutefois plutôt bien, et, pendant qu’elle combattait les extraterrestres, Diana, elle, configura la simulation en rentrant les données initiales qu’elle avait sur Alix. Le reste, c’était le programme qui le calculait, à l’aide des algorithmes extrêmement complexes développés par Cyborg. Les X-Men avaient leur propre Danger Room pour s’entraîner, une salle holographique générant des simulations virtuelles. La Ligue disposait de sa propre version.

Dans la simulation, les aliens avaient ravagé la Terre, et le centre de commandement du SHIELD était le baroud d’honneur des défenseurs. Alix finit par mourir d’un tir de laser en pleine tête, et revint ensuite à elle. La visière du casque s’ouvrit, lui permettant de voir la salle où elle était posée. Elle ne manqua pas de faire savoir sa version des faits, et Diana lui répondit ensuite, en appuyant sur un bouton qui activait l’interphone :

« Ce test est une épreuve sans fin, Alix. Ce n’était qu’un prélude. Mais il a permis au programme qui gère ce test d’analyser tes fonctions, et d’incorporer tes pouvoirs. Tu vas désormais pouvoir te battre normalement. »

Plusieurs choix de programme étaient disponibles, et Diana, tout en réfléchissant, lui donna des explications supplémentaires :

« Être membre de la Ligue, être une super-héroïne, cela nécessite plusieurs fonctions. Nous ne prenons pas parti, politiquement parlant. Jamais tu ne nous verras faire campagne pour tel ou tel candidat. Et, quand nous intervenons, nous devons limiter autant que possible la casse. Les dégâts collatéraux doivent être évités à tout prix. »

Elle déclencha une simulation.

« Dans cette simulation, Alix, tu viens de recevoir un appel d’urgence d’une ville. Des super-vilains ont attaqué une banque, et la police a tenté de les intercepter. La situation est en train de dégénérer. »

La visière s’illumina alors, et le fauteuil se mit à vrombir, tandis que la simulation se chargeait.

Alix se retrouva alors dans le ciel, volant tandis que le briefing défilait devant elle, récapitulant la situation.

La banque avait été assiégée par une équipe de super-vilains, les « Inglorious Five », qui avaient fait du dégât. La police avait encerclé la banque, et les Inglorious étaient aux prises avec eux. Quand Alix descendit sur le toit en face de la banque, elle put avoir un aperçu de la situation, et à tout le moins de l’identité des Inglorious :

Ensemble, les cinq étaient dégénérés, et, quand Alix se rapprocha, elle vit Shocker envoyer un tir énergétique sur une voiture de police. Le véhicule explosa violemment et s’envola dans les airs pour retomber sur le toit. Shocker venait de tirer depuis une fenêtre, et les policiers hurlaient dans leurs appareils. Les Inglorious étaient toujours regroupés à l’intérieur de la banque, et deux fourgons blindés du SWAT s’étaient rapprochés, se préparant à une intervention musclée…

« Au fait, glissa soudain Diana dans le comlink d’Alix, tu as un nom de super-héroïne ? Je suis là pour te guider, sauf si tu veux te passer de mon aide. Si on laisse la simulation se poursuivre, les forces du SWAT vont tenter d’entrer en force, et ce sera un massacre. Comme tu peux le voir, il y a des tireurs d’élite postés dans les angles. Les otages sont tous regroupés dans le hall central. »

Une prise de banque, c’était un scénario plus que classique dans leur fonction, donc Diana avait estimé que c’était le mieux pour commencer !

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Le problème avec la simulation, comme le problème avec la réalité en ce moment, c’est que je ne dispose pas de mes vrais pouvoirs. Au risque de me répéter, je n’ai accès qu’à ma super force, super endurance, super vitesse, super agilité, etc., etc. Ma vraie force, ce qui me permet de me démarquer, est toujours résolument bloqué, m’empêchant d’être efficace à 100% et mon tempérament n’ayant jamais été pensé avec la patience en tête est en train de prendre cher. Très cher. À quoi bon s’entrainer si au final, on ne pourra jamais performer au meilleur de ses capacités? Je ne sais pas ce que cette machine enregistre mais disons simplement que je n’ai pas les pensées les plus joyeuses en ce moment. C’est comme… Faire une course avec une jambe attachée. Oui, c’est faisable… Mais impossible de donner le meilleur de soi-même. Et. Ça. M’énerve.

Je donne quand même mon « nom » de super héroïne. ACE. Quoi? Alix Cindra Erling. Vous prenez la première lettre de chaque et voilà. Et ace, un as, comme aux cartes, quoi. Pas forcément original mais qu’est-ce que j’en ai à faire, au juste? C’est un concours de popularité, maintenant? Enfin bref. La simulation. En d’autres circonstances, j’aurais pu approcher la situation différemment mais… Voir problématique précédente. Bon. Il y a plusieurs façons d’aborder le problème. Dans la théorie, sauver les otages est fort probablement la priorité de la Justice League. Sauf que je ne fais pas partie de ceux qui adhèrent à cette philosophie. Il y a plus de sept milliards d’êtres humains sur Terre, quand on y pense. Il y a quoi, maximum une vingtaine d’otages? Et cinq criminels. La priorité n’est pas de sauver les otages. La priorité est de neutraliser les criminels. Pourquoi?

Simple. Si je sauve les otages mais que les criminels s’échappent, ils blesseront, tueront, feront du tort à des dizaines d’autres personnes, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils soient neutralisés définitivement. Et considérant la détestable tendance des super héros à ne pas éliminer de façon permanente les super criminels… Moi je garde en tête : le bien du plus grand nombre. Si sacrifier ce groupe d’otages permet d’en sauver cent, deux cent, mille dans le futur, alors c’est une perte acceptable. Regrettable, bien entendu. Mais nous avons une planète à prendre en considération. Nous ne pouvons pas s’attarder à une vingtaine de personnes. C’est ce que les forces du mal veulent. En exploitant cette faiblesse inhérente aux super héros, ils échappent ainsi à la justice. Je ne compte pas leur donner cette option. Je continue de dire que les super criminels sont un cancer. Et vous savez quoi? Hum?

Un cancer, vous ne pouvez pas le transformer en quelque chose de bénéfique. Enfin. Pas sans pouvoirs. Où je veux en venir? Disons que je risque de me faire sermonner car ultimement, les forces de l’ordre n’ont pas subi de pertes additionnelles mais la banque, elle, va avoir besoin de sérieuses assurances et comment dire… Les otages survivants risquent d’avoir besoin de quelques séances avec un psy… Et les criminels qui n’ont pas besoin de soins intensifs ne s’en sont pas sortis sans blessures. Et je peux vous dire qu’avec les propriétés des types d’en face, je ne suis pas exactement en bon état non plus. En fait, pour vous dire, je tiens debout par la seule force de ma volonté de ne jamais abandonner et c’est presque un miracle que je n’ai rien subi qui soit fatal. Je suis couverte de sang et pas que le mien. Mais la menace a été neutralisée. Simplement… Pas comme le ferait une super héroïne classique. Certainement pas.

« Même dans la simulation je n’ai pas accès à mon arsenal complet…À quoi bon faire des tests? J’ai l’impression qu’il me manque un sens ou un membre! Je veux ravoir mes pouvoirs, merde, c’est en train de me rendre dingue. Je n’ai pas été créée, conçue, pour opérer sans eux. Comment je peux exécuter ma fonction, ma raison d’exister, si je… Tu ferais quoi toi, si tu te retrouvais avec une fraction de ce que tu es capable de faire? »

Alix, ou Ace, termina la simulation… À sa manière. Elle examina les lieux, puis bondit à travers un mur à l’étage, le défonçant sans difficulté, fauchant au passage le Shadow Thief. Celui-ci était capable de générer des ombres et de se téléporter à travers celles-ci. Il pouvait donc être particulièrement dangereux, mais n’eut pas le temps d’activer ses pouvoirs. Ace l’attrapa à la figure, et l’envoya se fracasser douloureusement contre le mur en face du couloir, qu’il traversa de la tête. Il s’effondra ensuite sur le sol, du sang s’échappant de son cuir chevelu, inerte.

En bas, dans le hall principal, les super-vilains relevèrent la tête. Des coups sourds se faisaient entendre, et de la poussière tomba du plafond, qui commença à se lézarder… Puis la voûte s’effondra alors, et Ace déboula par le trou. Elle atterrit sur le sol, et Shocker chargea ses canons énergétiques, tirant sur elle. Les tirs frappèrent Ace sur le ventre, la repoussant, et Hydro-Man lança de sa main un épais jet aqueux qui frappa la justicière, l’envoyant valser sur le sol. Elle se releva toutefois, et bondit ensuite vers Hydro-Man. Quand elle le frappa à la tête, celle-ci explosa en un jet aqueux, puis des tentacules aqueux jaillirent du ventre du super-vilain, s’enroulant autour du corps d’Ace, puis l’envoyèrent valser à travers un mur. Elle atterrit dans des escaliers menant à la chambre-forte, là où Gueule d’Argile et l’Homme-Sable se trouvaient, cherchant à ouvrir la porte blindée du coffre-fort.

Le temps pour Ace de reprendre ses esprits, et la porte de sécurité menant aux escaliers s’ouvrit d’un coup de pied. Shocker tira encore, mais Ace bondit en avant, arrivant en contrebas, tandis que le tir de Shocker explosa une partie du mur. Ace bondit ensuite vers le coffre-fort, filant au milieu d’une grande pièce avec des grilles, des chariots, et des coffres sur les murs. Ace attrapa un coffre, l’arrachant de son socle, et le fracassa sur la tête de l’Homme-Sable, l’envoyant s’écraser sur le mur. Dans un grognement, Gueule d’Argile déploya alors ses bras, et des jets d’argile fusèrent, engluant Ace, afin de la recouvrir. Gueule d’Argile entreprit ensuite de « l’avaler », un rictus pervers sur les lèvres… Mais Ace était trop forte, et usa de sa force pour déchirer l’argile la retenant, faisant imploser le super-vilain, qui se répandit en morceaux d’argile dans toute la pièce.

Quand Hydro-Man descendit ensuite, Ace arracha l’épaisse porte blindée circulaire, et la balança sur lui. Tout comme Gueule d’Argile, Hydro-Man explosa également en des flaques d’eau.

Il ne restait plus que Shocker, à l’étage. Ce dernier était nerveux, et ciblait les otages… Quand le sol se déforma sous ses pieds. Ace avait percé le plafond, et l’attrapa au visage, puis le frappa du pied sur le torse.

« Hyargh ! »

Dans un hurlement de douleur, le super-vilain fila à travers les portes d’entrée du bâtiment, les défonça, et termina sa course en s’explosant sur le pare-brise d’une voiture de police, du sang coulant de ses lèvres. Et, tandis que les policiers affluaient massivement, le temps se figea alors. Les corps redevinrent des polygones blancs, et Wonder Woman apparut alors.

La simulation était terminée, et Ace reprocha une restriction de ses pouvoirs. Surprise, Diana fronça les sourcils.

« Le programme a du mal à reproduire l’intégralité de tes pouvoirs… Cela vient peut-être du fait qu’ils sont de nature divine. Tu dois aussi savoir que le programme ne peut pas aller au-delà des pouvoirs conscients. Récemment, Superman a découvert qu’il pouvait faire brûler toutes ses cellules kryptoniennes pour déclencher une immense explosion, presque de nature atomique. À aucun moment, la simulation n’avait permis de révéler ce pouvoir. Le programme est donc limité… Mais il devrait continuer à se perfectionner pour que tu puisses pleinement utiliser tes capacités. »

Ceci fait, Diana généra devant elle un écran holographique permettant de revoir le parcours d’Alix.

« En tout cas, on peut dire que tu n’as pas fait dans la dentelle. Toi, tu as le sang chaud, non ? Il va falloir que tu travailles là-dessus… Ton style est efficace, et il n’y a au moins eu aucune victime. Concernant les dégâts matériels… Les compagnies d’assurance prendront tout ça en charge, mais plusieurs de tes attaques n’étaient pas nécessaires. Cette simulation, Ace, a pour but de déterminer tes pouvoirs, ton profil, et comment t’utiliser au mieux. Mais ton approche ressemblait beaucoup à la mienne quand j’ai fait cette simulation… »

Elle lui sourit alors.

« On va faire quelques autres simulations. Je pense qu’il faut commencer par calibrer la machine, alors on va en faire une ensemble… »

Diana déclencha une nouvelle simulation, et le décor changea alors, devenant plus lumineux, avant qu’Alix ne reprenne ses esprits…

…Dans un petit appartement. Elle était couchée sur le lit, et la télévision crachotait. Des neiges. Puis le signal revint alors qu’elle émergeait. Des images de panique, de chaos… Le mot « zombie » s’affichait dans le bandeau défilant en bas de l’écran. Plusieurs explosions résonnèrent alors dehors, et, quand Alix regarda par la fenêtre, elle put voir d’énormes gratte-ciel au loin. Elle était dans une mégapole, et des vaisseaux extraterrestres survolaient le ciel, avec d’énormes tentacules qui jaillissaient de leur ventre, vomissant du gaz.

Diana apparut alors depuis une salle latérale.

« Invasion zombie et alien. Dans ce type de simulation, nous devons suivre plusieurs objectifs. Outre sauver les éventuels civils, il faut commencer par rejoindre le point de rendez-vous pour recevoir le vaccin développé par Batman. Ensuite, détruire les vaisseaux. Le gaz que les aliens répandent dans les rues transforment les gens en zombie agressifs. »

Une simulation beaucoup plus musclée que la précédente !

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

La machine ne peut pas simuler ce qui n’est pas consciemment accessible chez moi en ce moment, c’est facile à comprendre, il me semble! Par exemple, si vous savez comment construire une maison mais que vous n’avez ni les outils, ni les matériaux, ce savoir que vous avez n’est pas exploitable. Bien que concret, il pourrait être abstrait que ce serait du pareil au même. Donc, tant que je n’aurai pas trouvé un moyen de réactiver mes pouvoirs, la machine ne sera jamais capable de reproduire ce qui fait ma force. Ma vraie force. Et honnêtement, tous ces tests commencent à me tomber sur les nerfs. Je devrais être dehors, à tenter de stopper Shayne ou à tenter de trouver un moyen de récupérer ce que j’ai perdu. Pas en train de… Montrer de quoi je suis capable! Déjà que de façon générale, la patience n’est pas ma grande force, imaginez dans mon état actuel…

Et forcément que cela affecte mes performances. Je suis tellement en rogne de ne pas me battre à pleine capacité que je suis plus agressive et imprudente que d’habitude en me disant que plus vite je finirai ces stupides tests, plus vite je pourrai chercher une solution. Je sais, je sais, ce n’est pas très… Travail d’équipe et certainement que l’expérience ne sera pas des plus agréables pour Wonder Woman mais… Je ne suis pas habituée à opérer ainsi. Je ne suis pas habituée à me voir imposé quelque chose. La notion d’avoir quelqu’un pour m’aider à accomplir ce pourquoi j’existe me laisse extrêmement perplexe. Le fait d’être forcée de travailler avec la Justice League sur quelque chose qui ne les concerne pas ne les met pas dans la meilleure des lumières, disons. Vous mettez ensemble le stress, l’incompréhension, l’irritation, une dose de détresse psychologique et… Voilà quoi.

Il n’y a pas trente six façons de dire les choses. La simulation ne s’est pas bien terminée. Disons simplement que de décider que le plus expéditif c’est encore de détruire le gros vaisseau en orbite qui fout la merde, sur le papier, c’est somme toute logique. Si on sait comment le machin fonctionne. Maintenant, quand l’explosion du réacteur cause une sorte de réaction en chaine bizarre qui détruit l’atmosphère de la planète… Disons simplement que même si tous les survivants étaient protégés contre les zombies et les aliens… L’incinération de l’atmosphère est un peu, beaucoup, un joli « game over ». Je suppose que c’est pour enseigner qu’agir sans réfléchir peut avoir des conséquences extrêmes… Ce qui n’est pas con quand on y pense… Mais disons que c’est la goutte de trop dans une journée déjà merdique, à mes yeux. J’ai juste envie de tout casser autour de moi, en fait…

« Bon ça suffit. Je ne suis pas en état de performer adéquatement : il me manque mon pouvoir. Je ne pense qu’à ça : comment récupérer cette part de moi qui est clairement manquante en ce moment. Désolée, Wonder Woman mais c’est énormément de choses à accepter, à assimiler en même temps. Là, en ce moment, je suis tout SAUF stable. J’ai juste envie de tout casser autour de moi et ce n’est certainement pas une bonne chose.

C’est le chaos dans ma tête. Je ne vois pas d’autre façon de le dire. Je suis née du chaos pour amener l’ordre et ne pas avoir mes outils, mes repères, fait en sorte que ce qui est une part de moi cherche à vouloir se substituer à ce que je cherche à défendre. J’ai besoin de retrouver mes pouvoirs. Je ne sais pas quoi faire sans eux. Tout ce qui me passe par la tête c’est que je ne suis pas capable de performer comme je devrais… Et honnêtement?

Ça me fait peur. Et ce n’est pas un sentiment que je devrais pouvoir exprimer… »

Alix décida de régler le problème…. À sa façon. La finalité de l’opération étant d’attaquer le vaisseau-mère alien, elle se rua dessus.

« Hey ! Non ! »

Diana eut beau lui dire d’arrêter, Ace fonça comme une folle vers le vaisseau-mère. La coque protégeant le vaisseau était très solide, conçue pour résister à des voyages hyperstelaires. Elle se heurta au bouclier en frappant le vaisseau de plein fouet, et fila en arrière. Le choc l’envoya s’écraser contre un proche gratte-ciel infesté de zombies agressifs. Diana avait cru qu’une telle simulation lui permettrait de se défouler, mais Ace semblait ne vouloir en faire qu’à sa tête… Elle sortit du gratte-ciel, et passa par les tentacules, rentrant ainsi à l’intérieur du vaisseau, où elle se confronta à des aliens surarmés, disposant d’équipements futuristes redoutables. Armes lasers, méchas. Ace se contenta d’aller au réacteur, et le détruisit, provoquant une réaction en chaîne.

Le vaisseau-mère explosa violemment, l’explosion déclenchant une onde de choc atomique qui aurait fait passer les bombes nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki pour de petites bombettes artisanales. La puissante explosion souffla également Diana, et mit fin à la simulation.

Diana reprit ses idées par la suite, se retrouvant dans la zone de chargement des simulations, dans le vortex blanc.

« Inutile de poursuivre l’expérience, en effet. »

La phrase était assez courte, et Diana disparut ensuite. Puis la simulation s’éteignit, et Alix revint ensuite à elle, au sein de la Watchtower. Le point de vue de Diana était pour le moment extrêmement négatif. Alix était un véritable danger public qu’il ne fallait surtout pas déployer en mission. Tandis qu’Alix reprenait ses esprits, Diana consulta les données de la machine. L’appareil disposait de toute une série de critères qu’il rendait sous la forme d’un bilan destiné à orienter le choix des membres de la Justice League pour savoir quoi faire du potentiel candidat. Comme elle s’y attendait, Alix eut des résultats négatifs sur la plupart des tests, ainsi qu’une alerte sur sa tendance à tout casser sans tenir compte des dégâts qu’elle faisait sur les autres.

Le temps qu’Alix reprenne ses esprits, et Diana se trouvait dans une salle de repos. Elle avait fait couler du café depuis une cafetière très classique, et buvait une gorgée en observant par une baie vitrée la surface de la Terre. La vue apaisante de l’espace était toujours agréable, et elle tourna la tête quand la puissante femme fit irruption.

« Je ne peux pas te recommander pour le service actif, Alix. Tout ce que tu m’as montré, c’est ta capacité à tout détruire sans te soucier des conséquences de tes actes, sans suivre les consignes qui te sont données, et en considérant chaque intervention comme un terrain de jeu. Tu es effectivement instable, et je ne crois pas que ce soit juste parce qu’il te manque tous tes pouvoirs. »

Le bilan était dur, mais Diana ne voyait pas quoi ajouter de plus.

« La puissance est toujours utile en combat, mais, si tu ne contrôles pas cette puissance, tu ne vaux pas mieux que les gens que nous combattons, qui se laissent guider par leurs pulsions en se pensant intouchable. Alors, tant que tu ne parviendras pas à te calmer et à arrêter de foncer dans le tas sans réfléchir, tu ne pourras pas bénéficier de notre assistance, et tu t’exposes à ce que les autorités paragouvernementales régulant les activités super-héroïques t’interpellent. »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans : je ne pense qu’à mon pouvoir manquant? Pour la première fois de ma vie, je me sens impuissante. Désorientée. Depuis que j’existe mon but est simple. Mon destin est tracé. Ma fonction est claire. Et avant que tu ne débarques dans ma vie, il n’y en avait pas de problème. Oui, j’ai utilisé de la force pour neutraliser des criminels mais toujours en faisant attention aux dommages collatéraux. Avec mon vrai pouvoir, le contrôle est une affaire de tous les instants.

Tout d’un coup, je me retrouve diminuée, séquestrée dans l’espace par des gens se pensant meilleures que tout le monde et qui décident qu’ils peuvent dicter ce que je vais faire et qui se mêle d’un conflit qui ne les regarde pas. Au lieu de m’aider à comprendre pourquoi mon pouvoir ne fonctionne plus, je perds mon temps dans des simulations à la con où je ne peux pas performer comme je devrais car il me manque une partie de moi! »

Ma réponse est agressive, oui. Et alors? J’en ai marre. Pour de soi-disant grands justiciers, ils échouent lamentablement à détecter la détresse psychologique. Je n’arrête pas de dire que quelque chose cloche avec moi et tout ce qu’ils font c’est monologuer sur leur propre importance, comment je suis forcée de travailler avec eux et de me soumettre à toutes les conneries de simulations alors que les dés sont truqués et que je me bats avec des armes qui ne sont pas exactement les miennes. Oui, je sais opérer avec des attributs surhumains. Mais ce n’est pas tout ce que je fais. Il y a quelque chose de bien plus subtil dans ma façon normale de faire les choses. Évidemment que je suis en colère. Personne n’écoute quand je parle. Personne ne se soucie réellement de moi, en fait… Vous ne pouvez pas débarquer dans la vie de quelqu’un comme ça et… Et… Lui faire… Ça…

Ça étant que maintenant, une existence prévue, « programmée », que j’ai toujours mené sans me poser de question, vient de voler en éclat. Parce que quelqu’un d’autre veut se mêler d’un combat qui ne le regarde pas. Pire encore. S’impose dans un combat qui ne le regarde pas. La Justice League se présente comme étant une soi-disant force du bien mais de ce que j’ai vu, elle s’impose sur les autres, prétendant être la seule vraie autorité capable de déterminer qui peut faire des actions super héroïques ou non. Donc, essentiellement, ils se cachent derrière de jolis mots comme justice, héroïsme, altruisme, etc., mais ce sont en vérité de beaux slogans masquant une toute autre réalité. Et honnêtement, le fait que Wonder Woman, pourtant réputée pour sa compassion et son humanisme, échoue si spectaculairement à se rendre compte que tout ce qu’elle et sa ligue sont en train de faire…

C’est de m’amener de plus en plus près du précipice… Ça en dit long sur ce que sont vraiment ces individus. Mais bon. Je me dis toujours : on est responsable de ses actions. Là, pour le moment, je suis relativement calme. Oh je suis énervée mais je n’ai encore rien cassé et mes poings sont crispés, pas en train de refaire le visage de Wonder Woman. Mais si elle continue comme ça et qu’elle s’en prend un sur la gueule, elle n’aura qu’elle à blâmer. Mon identité, mon monde, ce que je suis, tout ça est en train de s’effondrer à cause de la Justice League et au lieu de tenter de trouver mes repères, au lieu de tenter de remettre de l’ordre dans le chaos, je suis forcée de participer à ces simulations à la con où je sais que je serai automatiquement désavantagée et que je ne serai pas en pleine possession de mes moyens. Alors oui, clairement, j’essaie de m’en débarrasser le plus rapidement possible!

« Tu sais, je dois avouer que moi aussi, je suis déçue. Tu fais partie des modèles auxquels une héroïne devrait aspirer à être. Tu es une des plus grandes héroïnes qui soit, non? La liste de tes qualités n’est plus à faire. Et pourtant, je me retrouve devant toi et je comprends pourquoi on dit : tu ne devrais jamais rencontrer tes idoles. Tu prétends être capable de compassion. Tu prétends répondre à un idéal, suivre des convictions…

En ce moment, si tu savais ô combien je me retiens de ne pas exploser… Mon monde s’effondre autour de moi. Le chaos qui m’a donné existence menace de venir à bout du contrepoids que je lui oppose. De l’ordre que je me force à suivre, par lequel je vis. Tu n’as aucune idée de ce que je dois contenir. Et au lieu de m’aider, tout ce que tu fais, c’est m’humilier dans une série de simulations où je suis confrontée au fait que je suis incomplète.

Si tu t’étais mêlée de tes affaires, le cultiste n’aurait jamais pu activer les bombes. L’explosion n’aurait jamais eu lieu. Je n’aurais jamais été ainsi irradiée et diminuée. Et ma vie serait comme elle a toujours été : avec un but précis et une croisade solitaire contre une engeance maléfique. Mais tu sais ce qui est le plus ironique? Ma Némésis m’a fait moins mal que la Justice League et c’est ELLE la super criminelle. Et quel est le résultat? Hum?

Encore plus de confusion dans ma tête. Encore plus de chaos. D’instabilité. D’incertitude. Alors je vais te le dire clairement et distinctement. Je me fiche complètement de ce que la Justice League veut. Je ne suis pas en état de faire grand-chose dans mon état actuel. Ou tu m’aides avec mes problèmes, causés, en passant, par toi et tes potes, ou tu me laisses dans un coin désert et abandonné et quand la bombe à retardement va exploser, au moins, il n’y aura pas de dégâts.

Est-ce que je suis assez claire ou tu as besoin d’une autre simulation pour comprendre que je suis sur le point de m’effondrer mentalement? »

Alix s’énerva rapidement, et Diana ne l’interrompit pas pendant tout son plaidoyer, où elle expliqua qu’elle avait besoin d’aide, et en reprochant la Justice League d’être responsable de sa situation. Elle accueillit ce blâme, tout en cherchant quoi lui répondre, ou quoi faire avec elle. Diana, compatissante… L’image était amusante. Elle avait après tout tué Maxwell Lord, et avait été bannie ensuite de la League pour ça.

« Nous ne sommes pas responsables de ton état actuel, répliqua Diana. Et j’ignorai que tu avais des pouvoirs manquants te rendant si instables. Je te signale que tu as évoqué ça seulement à partir de la simulation que nous avons faites ensemble. »

Peut-être avait-elle été intimidée par le fait de tomber face aux membres de la Justice League ? Diana se pencha vers elle, se rapprochant. Alix avait beau s’égosiller et gesticuler dans tous les sens, Diana en avait vu d’autres.

« Je ne suis pas responsable de la confusion dans ta tête, je ne suis pas responsable du fait que tu fonces dans le tas sans réfléchir, que tu aies attaqué un bunker rempli d’armes nucléaires sans te poser une seule question. Les simulations ont confirmé ça. Tu attaques sans te poser de questions, sans même écouter les ordres. Et cela n’a rien à voir avec ta perte de pouvoirs ! »

Diana se tut ensuite pendant quelques secondes, et se retourna alors. Au sein de la Ligue, on apprenait à jouer avec des personnalités fortes, des personnes qui ne s’avouaient jamais vaincues ou fautives. Diana était la mesure de tolérance au sein de cette équipe, car elle était considérée comme la personne la plus sage.

« Cyborg se chargera de ton problème de radiations. Nous avons des traitements expérimentaux pour ça, j’ignore s’ils seront efficaces sur toi, mais c’est toujours mieux que rien. Pour le reste, puisque tu considères que tes problèmes viennent uniquement de ta perte de pouvoirs, et que tu estimes que la Ligue est une tare qui te bloque, tu pourras repartir… Mais sache que ce ne sera pas aussi facile. »

Diana se retourna alors, et s’adossa contre une table.

« La Ligue est une organisation indépendante, mais cela ne se fait pas si facilement. Le monde a eu le temps de s’adapter aux super-héros, et de nous voir comme des menaces potentielles. Des individus dotés de pouvoirs défiant les lois de la logique, agissant sans aucun contrôle… Nous avons su préserver notre indépendance, mais nous sommes en lien avec des organismes de sécurité supranationales qui traitent les menaces que nous affrontons régulièrement. En ce moment, je suppose que Batman doit d’ailleurs se renseigner pour en savoir plus sur cette secte et sur cette Misfortune. Mais, toi, tu es désormais référencée auprès du SHIELD, et, même si tu estimes que je suis une incompétente patentée, le SHIELD va désormais te surveiller. Mais bon, je suppose que tout devrait bien se passer, vu que tu seras seule. »

Toutes les critiques, Diana les encaissait. Elle conservait un ton calme, docte, expliquant à Alix les choses aussi calmement qu’elle le souhaitait. Si celle-ci ne souhaitait pas de l’assistance de la Ligue, Diana n’allait pas la forcer, mais, à son sens, ce choix serait totalement contreproductif. Enfin, le choix définitif lui appartenait !

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

L’envie de répondre quelque chose de cinglant me passe par la tête mais… Je ne le fais pas. Parce que, que je le veuille ou non, elle marque un point. Toute ma vie, j’ai juste… Avancé, en fait. Sans me poser de question. J’existe pour accomplir une fonction. Pourquoi se poser un million de question? Le chemin est devant, il avant en ligne droite. Il y a des embranchements mais ce sont des distractions non désirées. Je peux m’amuser, j’ai eu plusieurs conquêtes, j’aime bien socialiser. Mais à la fin de la journée, quand je ferme les yeux, c’est mon but qui me revient en tête. C’est cette certitude, cet objectif qui me guide, un pas à la fois. Je suis née du chaos pour amener l’ordre. Et c’est sans doute ma plus grande fierté. Être en un sens l’antithèse de ce qui me donna vie. C’est ce petit caractère unique qui me permet de me sentir comme… Une personne, en fait.

Mais perdre mon pouvoir… C’est perdre cette ancre, c’est perdre ce petit quelque chose d’unique. Et donc, c’est l’instinct qui prend le relais. La peur fait partie de l’instinct. La peur est naturelle, présente en chaque être vivant. Et je peux vous dire que quand vos certitudes volent en éclat, quand vos repères n’existent plus, vous en éprouvez beaucoup, de la peur. Pour se protéger, le cerveau cherche une explication. Désespérément. N’importe quelle explication. C’est ça ou devenir fou, en fait. Et cela me fait réaliser que Wonder Woman a davantage raison que ce que j’admettrais normalement. Je suis quelqu’un de fier, qui ne recule devant rien, qui ne bat jamais en retraite. Ce n’est pas quelque chose qui va changer. Si je fonce, certains vont dire que c’est parce que je suis tête brûlée. Mais si vous y regardez de plus près, sans préjugés, vous vous rendrez compte que c’est autre chose.

Si je suis l’avant-garde, je vais encaisser le gros de l’assaut ennemi. Avec mon pouvoir, je peux augmenter considérablement ma résistance, être le bouclier et non l’épée. Vous avez déjà joué à un RPG? Le tank, vous connaissez? Bah voilà. Je reste silencieuse un moment. Relance la simulation, que je lui dis simplement. Allez Alix. Tu t’es déjà battue en condition affaiblie. Vois l’absence de ton pouvoir comme… Un handicap. Et adaptes toi. Arrête de le voir comme le fait que tu ne peux plus rien faire et juste… Foncer dans le tas pour en finir. Spécifiquement, Wonder Woman relance la seconde simulation. La prise d’otage. Et cette fois, c’est comme regarder une autre personne. Je continue de penser que les criminels dangereux et récidivistes doivent être éliminés. Mais cette fois, j’utilise bien plus la tactique. La stratégie. La ruse. Super vitesse. Super agilité. Super dextérité.

Et bien sûr… Super endurance. Super force. Individuellement, chacun de ces pouvoirs est phénoménal. Combinés ensemble et bien utilisés, ils peuvent rendre quelqu’un pratiquement impossible à arrêter. Et cette fois, je ne fais aucuns dommages collatéraux. J’utilises le terrain à mon avantage. Le mec qui se change en eau a servit de conducteur pour électrocuter celui qui fait des ombres alors que celui qui fait de l’électricité a essayé de m’avoir, pour vous donner un exemple. Je ne suis pas stupide. Je connais ma physique, ma chimie, ma biologie, mes sciences de base. Ce n’est pas comme regarder deux personnes différentes. Je reste très physique dans mon approche. Mais il y a un usage bien plus raffiné de mes pouvoirs. Effectivement. La perte de mon pouvoir principal affecte mes performances, c’est indéniable. J’aurais opéré différemment avec. Mais je ne suis pas…

Impuissante. Après quoi, je demande qu’on refasse la mission en équipe. Cette fois avec un plan. Vous connaissez le gag de l’arroseur arrosé? Il y a souvent un défaut majeur à ces lâches qui utilisent des armes virales, bactériologies ou autre. Si imbus d’eux-mêmes qu’ils sont, ils ne considèrent pas un antivirus. Un antidote. Essentiellement, vous comptez sur cette arme pour éliminer la population adverse. Ensuite… Vous attendez un peu. Les zombies, faute de nourriture, vont soit se manger entre eux, soit simplement mourir de faim. C’est la conclusion la plus logique qui soit. Dans une apocalypse de zombies, ils veulent manger la chair fraiche, les « vivants ». Enfin bref. Si ces aliens utilisent la même logique de déployer quelque chose de catastrophiquement dévastateur pour ensuite simplement éliminer ce qu’il reste, ils auront probablement commis une erreur classique.

S’ils sont vulnérables à leur propre virus, on peut les infecter eux. Et pendant qu’ils s’entretuent, ils ne sont pas en train de contaminer la Terre. Leurs forces, s’ils ont des forces au sol, seront rappelées pour protéger le vaisseau mère. Donc, plus d’opportunités pour nous de sauver des victimes innocentes. On me dira que ce n’est pas très… Héroïque. À cela je réponds : notre objectif est de sauver la population de la Terre. On ne raisonne pas avec des xénophobes fanatiques qui veulent purger tout ce qui n’est pas eux. Je ne dis pas que mon plan est parfait sauf que je suis capable de proposer quelque chose qui se tient debout et qui va causer le moins de pertes civiles possibles. Ce n’est peut-être pas le style de la Justice League mais ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise idée pour autant. Et pas que ça : j’ai vraiment présenté quelque chose de nuancé, en étapes, point par point.

« Ce serait plus simple si j’avais mes pouvoirs. En tant que matériakinésiste, je pourrais juste… Synthétiser une protéine, quelque chose, pour agir comme une sorte d’antidote. Ou pour ralentir la progression de la maladie / virus / poison. Mais je n’ai pas accès à ces pouvoirs. Donc, comme nous avons un antidote et pas eux, l’avantage, ultimement, sera dans notre camp. Qu’est-ce que tu en penses? Efficacité maximum, dommages collatéraux minimums… »

La dispute entre Alix et Diana avait atteint un point d’achoppement, mais Alix finit par ravaler sa fierté, et demanda à refaire la simulation. Diana, un peu surprise, se demanda si elle était séreuse, puis accepta. Les deux simulations eurent donc lieu, et, cette fois, Alix se montra un peu plus stratégique contre les Inglorious Five. Elle les défia en optant pour une approche plus subtile. Rien à voir avec Batman, et cela rappela un peu à Diana quand Clark avait fait cette simulation. Sa première tentative avait ressemblé à celle d’Alix, sauf qu’il avait détruit les fondations de la banque dans la foulée. Lors de sa seconde aventure, il avait réussi à atténuer les dégâts. Batman et Cyborg avaient avant tout pensé cette simulation pour maîtriser mieux leurs pouvoirs et les conséquences secondaires des interventions héroïques. Ce programme très complexe s’avérait en conséquence très efficace. Après le combat contre les Inglorious Five, Alix insista pour faire à deux la simulation contre les zombies.

Elle expliqua à Diana que tout serait plus simple si elle retrouvait son contrôle de la matière.

« Je suis bien d’accord… Tu devrais en parler à Superman, il lui est déjà arrivé de se retrouver sans pouvoirs lorsqu’il déchargeait toutes ses cellules kryptoniennes de l’énergie solaire en lui. »

En attendant, elles accomplirent la simulation avec un certain brio. Alix était effectivement puissante. Elle fonça dans les zombies avec un plaisir jubilatoire, et Diana combattit avec elle. Si elle avait une puissance brute plus faible que Superman, son esprit analytique était égal à celui de Batman, et lui permettait de savoir agir avec stratégie. Cela faisait d’elle une chef d’équipe redoutable, et elle comprit rapidement comment agir avec Alix. Il fallait la mettre en avant, et elle venait la soutenir. Toutefois, contre les hordes de mutants, elles se retrouvèrent régulièrement à se battre ensemble, dos à dos dans des cours ou des boulevards.

La simulation se déroula donc plutôt bien, mais, vers la fin, une alarme retentit brusquement, et, alors qu’Alix frappait la tête d’un alien, le temps se ralentit fortement… Puis le décor se dépixellisa autour d’elle. Les deux femmes revinrent alors à elle, et la voix de Batman résonna dans les hauts-parleurs :

« À tous les membres de la Ligue, réunion d’urgence ! Rendez-vous à la salle de réunion ! »

Diana fronça les sourcils, et croisa le regard d’Alix.

« Visiblement, il y a des soucis… »

La station n’était pas attaquée. Quand Diana et Alix arrivèrent dans la salle de réunion, les autres membres de la Ligue étaient déjà là. Sur un écran plat très grand, on voyait un reportage de la CNN. Sur ce reportage, Diana reconnut des images de fond montrant l’explosion atomique contenue dans le Rumékistan, ainsi que d’autres montrant… Son vaisseau furtif ! Il y eut ensuite une image d’un représentant du gouvernement russe.

« …Présence injustifiée des forces de la Justice League sur le territoire russe ! Wonder Woman, qui n’a jamais caché ses accointances occidentales, s’est rendue illégalement, sans autorisation, sur notre sol. En violation de notre souveraineté, elle a déclenché un arsenal nucléaire qui aurait pu provoquer un nouveau Chernobyl !
- Merde… » grommela Diana.

L’explosion atomique avait sûrement dû dérégler les appareils de son vaisseau, coupant le camouflage optique. La présentatrice reprit ensuite l’antenne :

« …Les déclarations de Monseiru Sergeï Valianski sont en accord avec l’émoi international que suscite cette découverte. Les autorités chinoises ont demandé une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’ONU, et les représentants du BRICS accusent la Ligue d’être le bras armé de l’OTAN… »

Batman appuya sur une télécommande, coupant le son, et pivota sur son fauteuil.

« Nous sommes dans une situation critique. »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Pas vraiment, en fait, non? Je veux dire… Le Rumekistan n’appartient pas à la Russie, c’est un pays souverain. Enfin. De ce que j’ai lu. Donc en quoi les Russes peuvent dire que Wonder Woman était sur leur territoire? Aussi, j’imagine que c’est facile pour vous de prouver pourquoi elle était là, non? Au pire, faites-moi porter le chapeau, j’`étais là à la base en solo. Vous n’aurez qu’à dire que euh… Je ne sais pas…

Oh tiens! Wonder Woman a tenté d’arrêter un conflit entre deux groupes non affiliés en train de régler leurs comptes. Les Russes vont adorer, ça va montrer qu’ils ne sont pas aussi vigilants qu’ils le prétendent et centrer l’attention ailleurs. Non? En plus, je dis ça comme ça mais l’arsenal en question… Il n’était pas exactement protégé hein? Donc on pourrait jouer la carte de la négligence des autorités locales, si besoin. Sinon… Hum… OH!

On sait où les terroristes vont tenter leur prochain vol! Balancez l’information aux Russes, regardez-les se casser les dents et ensuite, offrez-leur de l’aide! Bon ce n’est pas très gentil mais c’est facile de prouver que c’est moi qui suis principalement responsable. Et comme je ne suis pas membre de la Justice League… Ou d’un groupe de héros… Et que j’agis en solo… Dites que vous me détenez pour interrogatoire. Je peux prendre le blâme!

Ils vont faire quoi? Je n’existe pas. Enfin. Si. J’ai un gym au Japon et une maison qu’on m’a légué mais je ne dirais pas que j’ai la nationalité japonaise pour autant. Donc, je suis un électron libre. Donc, difficile de vous blâmer vous si on retrace le tout à moi. Au mieux, ils pourront dire que Wonder Woman aurait dû demander la permission avant d’intervenir. Mais je ne pense pas que cela constitue un argument d’une grande solidité… »

Je ne vois pas où est le problème. Dans la théorie, j’étais là avant la Justice League. Jet ou pas jet, c’était mon opération, mon incursion dans un pays souverain, mes actions qui ont mené à la confrontation avec les cultistes. Donc, si on considère la chose ainsi, n’importe quel détecteur de radiations qu’on passera sur moi vous confirmera que je ne me suis pas mangé une telle dose en me tenant devant mon four micro-ondes. En agissant ainsi, comme dit, cela permettra de réduire le blâme sur la Justice League et si les Russes pensent que je vais me laisser faire s’ils me cherchent des emmerdes, ils ont choisi la mauvaise personne. J’ai tenté d’empêcher un acte de terrorisme, c’est tout. Point.

Et comme le « ground zero » est trop irradié par rapport au reste, je vais facilement pouvoir prouver que j’ai fermé la porte en sortant pour contenir l’explosion. N’importe quel drone peut prendre des photos de la scène et je peux raconter l’incident avec bien trop de détails pour que ce soit un mensonge ou une histoire montée de toute pièce. Alors je le redemande : considérant que si on me met le blâme sur le dos, on le retire de celui de la Justice League, on ne vient pas de faire s’effondrer l’accusation comme un château de cartes? Après, moi, la politique… Ça n’a jamais été mon fort. Trop de bla bla. Trop de mensonges. Pas assez d’actions concrètes. Mais je sais par contre que comme dans n’importe quoi, personne ne veut perdre la face et la bonne preuve, la bonne information fait que bien des gueules se ferment pour ne pas dire plus de conneries. Ça se tente, au minimum, non?

« Tout dépend du point de vue où l’on se place, expliqua patiemment Superman. Les pays occidentaux considèrent le Rumékistan comme un État souverain, mais ce n’est pas le cas de la Russie, qui considère que ce pays lui appartient toujours. La Russie est soutenue dans ses revendications territoriales par d’autres grandes puissances comme la Chine.
- C’est une spécialité de la Russie, développa Diana. Quand la Russie était l’URSS, le Rumékistan faisait partie des États-satellites annexés à l’URSS en raison d’un bassin culturel assez similaire. Mais, avec l’éclatement de l’URSS, des forces indépendantistes rumékistanes ont proclamé leur souveraineté. La situation est assez compliquée.
- L’Union Européenne a encore en travers des dents le coup de force de la Russie d’il y a quelques années, quand ils ont militairement annexé la Crimée. Nous ne pouvons pas te faire porter le chapeau, puisque nous faisons office de bouc-émissaire. Notre présence va amener la Russie à renforcer militairement ses troupes et à accuser le gouvernement rumekistanais de soutenir les États-Unis, d’être leur vassal.
- La même logique que celle appliquée en Crimée » soupira Superman.

Batman grommela silencieusement. Flash, qui se désintéressait généralement des conversations politiques, donna néanmoins quelques explications contextuelles à Alix :

« La Ligue est officiellement apolitique, et ne répond qu’aux injonctions de l’ONU. Mais, dans la mesure où les membres qui la composent viennent majoritairement des États-Unis, nous passons de facto pour une organisation occidentale. Et, franchement, je ne vois pas pourquoi on devrait se préoccuper de tout ça ! La Russie cherche un prétexte pour envahir le Rumékistan, et…
- Je crois que cela fait partie du plan de Misfortune. J’ai écouté ce que vous avez dit avec grande attention, Ace. Vous avez expliqué que Misfortune cherchait à déstabiliser les systèmes politiques, à montrer la futilité de nos institutions, et à quel point le monde peut sombrer dans le chaos. Si nous n’avions pas été là, la Russie aurait malgré tout accusé les Américains. Il ne sert à rien de s’exprimer.
- Je ne suis pas d’accord, nuança Superman. Nous ne pouvons pas laisser de telles accusations sans réaction. »

Une once d’agacement traversa le visage de Batman. Comme toujours, lui et Superman s’opposaient sur ce genre de choses. Le boys cout voulait préserver l’image et la réputation de la Ligue, et Batman savait qu’il envisageait déjà de s’adresser à l’Assemblée Générale des Nations Unies. Batman, lui, préférait focaliser ses forces sur la poursuite de Misfortune. Après le Rumékistan, Misfortune cherchait à s’attaquer au Trébékistan, qui avait une histoire assez similaire à celle du Rumékistan. Avec ses kilomètres de pipeline, le Trebekistan était un pays central pour l’Union Européenne, qui achetait son pétrole.

Sacrifier Ace n’était donc pas à l’ordre du jour, d’autant que cela ne changerait rien.

« Alors, quel est le plan ? »

La question de Diana fut interrompue par un appel prioritaire émanant du SHIELD. L’appel fut accepté, et l’écran télévisé montra l’image d’un homme roux avec des Ray-Ban. Coupe aux cheveux carrée, assis dans un bureau, l’agent de liaison Henry Gyrich, ancien agent du FBI, les observa brièvement.

« C’est un sacré merdier, ce qui se passe. Vous pouvez m’expliquer ? »

Tandis que Superman parlait à Gyrich, Diana se pencha vers Ace, et lui expliqua qui était Gyrich :

« Gyrich travaille pour le SHIELD, une organisation de contre-espionnage reconnue par l’ONU. Il est notre agent de liaison avec le SHIELD. »

Lorsque Superman finit ses explications, Gyrich reporta son attention sur Ace.

« Ace, donc…
- Je sollicite une audition auprès de l’Assemblée Générale de l’ONU pour…
- La Russie n’attend que ça pour vous étriper, Superman. Laissez-nous gérer ça en interne. La Russie se sert de ça comme prétexte, ne tombez pas dans le panneau. Focalisez plutôt vos efforts sur cette Misfortune. Je pense justement pouvoir vous aider un peu là-dessus. »

Il pianota un peu sur son ordinateur, et enchaîna ensuite, après quelques instants :

« Nous avons reçu des rapports concernant des agitateurs au Trebekistan. Ce petit pays borde la Mer Caspienne, qui est l’un des plus grands réservoirs de pétrole du monde. Une mer bordée par l’Iran et la Russie, laissez-moi vous dire que c’est un sacré merdier. Le Trebekistan dispose d’une plate-forme pétrolière qui fournit du pétrole aux Européens. Nous avons depuis plusieurs semaines des disparitions suspectes autour de cette plateforme.
- Pouvez-vous nous envoyer vos données ?
- Ce ne sont pas des informations trop confidentielles, donc il n’y a aucun souci. Ceci dit, je vais demander à nos agents de se déplacer. Si cette Misfortune envisage d’attaquer la plateforme pétrolière et parvient à le faire, cela mettra le feu aux poudres.
- Nous ferons ce que nous avons à faire, agent Gyrich.
- Je n’en doute pas, mais je vous recommande la prudence. Laissez-moi gérer ce merdier au Rumékistan. »

Gyrich était un agent de liaison fiable, qui collaborait également avec les Avengers. C’était un ancien agent du FBI qui s’était reconverti, et accessoirement un grand amateur de comics. Batman acquiesça silencieusement, et mit fin à la conversation.

« Je vais quand même faire ce discours à l’ONU. »

Batman grommela doucement.

« Cela fera une diversion parfaite. Pendant ce temps, l’une de nos équipes va se déplacer au Trebekistan.
- Sous cet angle, cela me va… Mais, plus nous serons nombreux, plus nous prendrons le risque de nous faire repérer.
- Moi et Ace, nous irons là-bas. Ace est la mieux placée pour retrouver Misfortune, et je suis désormais directement impliquée. Et puis, avec mon lasso, nous pourrons facilement délier des langues.
- Certes… Mais je rappelle qu’il faut être… Discrets. Vous pensez pouvoir y arriver ? » interrogea Flash, visiblement circonspect.

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

De la politique. Y a-t-il quelque chose de plus inefficace chez les humains? Enfin. Chez les humains et ailleurs dans l’univers. Parler, parler, parler, faire croire à des choses qui sont soit fausses, soit à demi vrai, faire tout un spectacle d’une importance grandement exagérée… Si vous décidez qu’un territoire sur une carte appartient à X et que la très grande majorité des pays sont d’accord, pourquoi dans ce cas est-ce que l’opinion d’individus cherchant à semer la discorde importerait? La Russie peut dire ce qu’elle veut, si les positions étaient inversées, elle se battrait bec et ongle pour que le Rumekistan continue d’être considéré comme un pays à part entière et non pas un état satellite des américains. Sur ce point ils ont raison. Ma Némésis n’a pas vraiment de difficulté à montrer les faiblesses du système parce qu’elles sont plutôt flagrantes.

Ceci dit, la plateforme pétrolière n’est pas son objectif. C’est un autre arsenal nucléaire datant de la guerre froide qu’elle vise. Possiblement que si l’occasion de semer le chaos se présent, elle pourrait être tentée de déstabiliser les choses encore plus mais ce n’est pas son objectif principal. Ça je le sais pour certitude. Son agenda n’est pas politique, elle ne veut pas nécessairement que ses actions servent autrui. Ce n’est pas et ce ne sera pas son but non plus. Il reste, cependant, un problème à régler. Enfin. À essayer de régler. Quoi que ce soit qui a déréglé mes pouvoirs, je ne pars pas en mission sans au moins un retour partiel de ces derniers. C’est une chose de foncer dans le tas. C’en est une autre de le faire en étant préparé. Je doute que nous allons voir ma Némésis en personne mais mon pouvoir peut servir à de nombreuses choses, pas juste pour attaquer ou se défendre. Ne l’oublions pas.

Et donc, je reçois un traitement anti radiation expérimental qui semble amener les effets escomptés. Enfin. Pas autant que je voudrais, pas dans la mesure que je voudrais mais progressivement, les chose devraient revenir à la normale. Ou tout du moins, je l’espère. Je ne sais pas ce qui nous attend. Je sais que ma Némésis veut voler des armes nucléaires et… C’est tout. Où elle veut les faire exploser? Aucune idée. Mais c’est clair que ce n’est pas juste pour les collectionner. Ce n’est pas le style de Shayne. Elle est là, quelque part sur Terre, partagée entre la folie qui la ronge et un éclair de génie occasionnel… Elle est instable. Imprévisible. Et c’est ce qui me fait redouter le pire. Elle est comme un iceberg. On voit la pointe qui dépasse mais qui sait ce qui se cache sous les flots? Et honnêtement, s’il y a bien un esprit dans lequel je n’aimerais pas aller faire un tour… C’est bien le sien.

Nous sommes sur le départ, en train de regarder les développements de la situation au Rumekistan quand soudainement, l’image du reporter avec le leader dudit pays est remplacée par « Hey les Russes! Rendez-vous au Trebekistan. Attrapez-nous si vous le pouvez! » suivi d’un gif d’une explosion nucléaire. Je regarde Wonder Woman avec appréhension. Nous avions l’avantage de savoir où étaient les sbires de ma Némésis mais pas le reste des puissances politiques. Là, toute personne qui regardait le reportage sait qu’un prochain incident nucléaire est potentiellement en voit de se produire au Trebekistan. Mais pourquoi est-ce qu’elle a décidé de dévoiler ainsi une partie de son jeu? Je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas bon signe. Si nous avons les russes ou pire, des super héros russes dans les pattes, cela pourrait rapidement dégénérer…

« Est-ce que l’option discrétion est encore sur la table si tout le monde sait? »

Après le briefing, Cyborg avait conçu une machine pour purger l’organisme d’Alix, notamment en se fondant sur les résultats et les tests réalisés lors des simulations. Tandis qu’Alix se faisait bombarder de rayons dans une pièce spécifique, Diana, elle, tambourinait sur place. Ambassadrice de Paix à l’ONU, elle savait que sa présence au Rumékistan risquait d’enflammer les débats. Clark agirait comme toujours en fidèle boy scout, mais la situation était compliquée. La politique était un sacré sac de nœuds. À Themiscyra, les choses étaient bien plus simples… Du moins, c’est ce que Diana croyait. Mais elle avait découvert que la politique existait aussi à Themiscyra. Les dirigeantes mentaient en organisant secrètement des raids sur les bateaux de pêche traversant la Méditerranée, capturant des hommes pour copuler avec eux, avant de les tuer, et ainsi éviter que le monde extérieur ne connaisse Themiscyra. Quand Diana avait réformé ce système, et avait compris que l’utopie amazone n’était pas si paradisiaque que ça, d’autres Amazones s’étaient révoltées contre elle, s’offusquant que Diana autorise sur son île des réfugiés masculins. Elle avait encore dû se battre. Et, maintenant, les Amazones avaient disparu. Diana avait mené une longue quête pour les retrouver, mais cette longue aventure avait finalement fini par la ramener sur Terre, où elle devait continuer son enquête.

Quand Alix revint, Cyborg vint ensuite, analysant ses résultats

« Je n’ai jamais vu un métabolisme comme le sien, c’est incroyable… Mais elle se rétablit. Je pense que notre chère Ace devrait rapidement récupérer l’intégralité de ses pouvoirs. »

Diana acquiesça, soulagée d’apprendre ça. Elle buvait à nouveau du café tandis que la télévision crépitait en fond. Soudain, un flash spécial apparut, avec un montage animé. Surprise, Diana observa le montage, et vit une explosion nucléaire sur la carte du Trébékistan. Au moins, le message était clair, mais témoignait d’une forte imprudence de leur adversaire… Ou d’une incroyable arrogance. Au choix. Alix supposa alors qu’on pouvait mettre fin à la discrétion.

« Bien au contraire, nuança Batman. Le Trébékistan va être sur le pied de guerre, et je crains une escalade. Les Russes vont refaire ce qu’ils ont fait en Crimée, et vont envahir le pays en prétendant vouloir en assurer la défense. Il n’y a que les plateformes pétrolières, le Trébékistan abrite aussi des pipelines qui acheminent le pétrole vers les dépôts de carburants occidentaux. C’est une zone explosive, une poudrière. »

L’Amazone était d’accord.

« Au-delà de l’ONU, deux factions mondiales s’opposent : l’OTAN, et le BRICS. Cette deuxième faction correspond aux nations émergentes, désireux de s’imposer dans le nouveau siècle qui s’offre à nous : Brésil, Russie, Inde, Chine, et Afrique du Sud. Si le SHIELD est lié à l’OTAN, le BRICS dispose de sa propre organisation… Le SPEAR. »

Et le SPEAR disposait aussi de ses propres équipes de super-héros. La Chine pouvait compter sur Dynasty, une force de frappe mise sur place par le gouvernement chinois. Les Russes disposaient aussi de leurs propres agents, comme le Red Guardian, l’équivalent soviétique de Captain America.

« Nous avons déjà assez de soucis comme ça sans devoir en plus affronter ces types-là… Donc, oui, il va falloir qu’on évite de se faire repérer, et qu’on retrouve cette femme et ses fidèles…
- Il y a une ville balnéaire au Trébékistan, nous sommes en train de fabriquer votre couverture. »

Diana hocha la tête, laissant Cyborg gérer ce genre de choses.

« Une riche héritière grecque avec sa compagne, cela me semble parfait.
- Sa… Sa compagne ?! »

Cyborg ne put qu’acquiescer, un sourire amusé sur les lèvres.

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Je sens mes pouvoirs revenir lentement. Trop lentement? Je ne pourrai pas faire comme je fais d’habitude mais au moins je dispose d’options stratégiques supplémentaires, ce qui me rend déjà plus confortable avec le fait de me rendre sur le terrain. On va pouvoir tester facilement les limites de ce que je peux faire. Je me concentre sur moi et je commence à faire divers changements. Couleur des cheveux, des yeux, de la pigmentation de la peau, ma hauteur, la générosité de mes formes, la visibilité de ma musculature… Ok, j’ai repris plein contrôle de ce que je peux faire sur moi, c’est parfait. Je reprends ma forme initiale après quelques minutes de tests divers, satisfaite des résultats. Mais pour le reste… Je ne sais pas trop. Je sors de ma poche un débris qui a dû s’y loger quand tout le machin a explosé, précédemment. Voyons voir ce que je peux faire avec…

Changer la forme n’est pas trop difficile, j’y arrive avec un peu plus d’efforts que d’habitude. Changer son état, de solide à liquide, je réussis… Mais le mal de tête qui va avec lui n’est vraiment pas agréable. Alors s’y attaquer au niveau moléculaire pour supprimer quelque chose de spécifique… Une seconde je suis concentrée sur le morceau de débris, la seconde, tout le monde me regarde, inquiet, je ne suis plus debout et je saigne du nez. Apparemment, j’ai eu un mini blackout. Trop d’effort trop tôt. Ok. Je note. On va faire attention. Je sais ce que je peux utiliser dans mon arsenal pour le moment, c’est déjà bien de déterminer les limites avant de partir. Et d’heure en heure, ça devrait revenir de plus en plus naturellement. C’est déjà ça de gagné. Je vais bien, je vais bien, dis-je d’un ton désinvolte en agitant la main comme pour chasser une mouche. J’ai juste forcé la note.

Je n’ai rien manqué du briefing sur ce bordel politique et militaire qui nous attend. Car oui, clairement, la politique est juste une dose de crémage pour cacher la merde nauséabonde que l’on ne veut pas que les gens voient. À quoi est-ce que ma Némésis joue? Pourquoi provoquer les russes et leurs alliés dans une confrontation armée pour le contrôle de vieilles ogives nucléaires? Ce qui s’est fait pendant la guerre froide peut faire des dégâts mais on a fait bien plus efficace depuis. Est-ce qu’elle cherche à déclencher une guerre de héros juste pour détourner l’attention d’autre chose? Peut-être. Je ne sais pas. Je ne suis pas dans sa tête, après tout. J’ai été créée après elle donc… Ce n’est pas comme si nous étions des jumelles avec une sorte de lien psychique. Je finirai bien par le découvrir. C’est pour cette raison que j’existe, après tout. Je réussirai ce pourquoi on m’a donné vie, point final.

On nous explique ensuite notre couverture et je ne peux que froncer les sourcils. Je fais remarquer qu’une riche héritière grecque… Wonder Woman a un physique des plus reconnaissables. Ce n’est pas que moi qui le dit, elle a été élue super héroïne la plus sexy de la planète en 2018. Ou était-ce en 2019? Je ne me souviens plus. Son visage est connu, son physique également (ses mensurations ont dû faire le tour du web et du dark web plus qu’une fois d’ailleurs). À moins d’altérer significativement son apparence, de mettre des lentilles permettant de tromper un scan rétinien et de lui mettre sur les doigts de quoi générer de fausses empreintes, si elle est fichée quelque part et que les russes y ont accès, elle pourrait bien débarquer dans son armure iconique que ça ferait pareil. Quoi? Je ne suis peut-être pas la plus intelligente qui soit par rapport aux autres personnes présentes mais je sais voir une faille quand elle est devant moi. À eux de me prouver le contraire. Moi?

Si je dois être la compagne d’une riche héritière, autant en avoir le look donc j’altère ce que je porte pour avoir l’air bien plus classe. Je note. Les changements cosmétiques, même pour le tissu, ne me posent pas de problème, même dans mon état affaibli. Et il va falloir mettre les bouchées doubles aussi quant à l’apparence en général. Mon apparence, spécifiquement. Comme dit précédemment, je suis avec une super héroïne qui a reçu le titre de super héroïne la plus sexy de la planète. Même si elle joue le rôle d’une riche héritière, sa compagne doit être « à la hauteur » sinon cela risque d’être suspect. Ou alors elle est attirée par autre chose que la beauté classique. À part un physique musclé et des formes très généreuses, je n’ai pas grand-chose à amener à la table donc on va essayer de compenser par les vêtements et les accessoires. Une ravissante robe rouge, par exemple…

« Alors, de quoi j’ai l’air? »

La discrétion allait difficilement de pair avec Diana. Elle était effectivement, comme le fit remarquer Alix, une égérie. Une femme très connue, mondialement connue. Symbole de la lutte des femmes, Wonder Woman s’engageait régulièrement, quitte à tenir des propos polémiques. Elle s’était ainsi élevée contre la hausse du fondamentalisme religieux, contre le port du voile, ou même, plus récemment, contre les menaces des wokes aux USA, qui représentait pour elle une dangereuse menace dissimulée. Pour elle, les femmes devaient être libres de porter ce qu’elles voulaient dans l’espace public. Croire le contraire, c’était encourager la domination masculine, c’était encourager la culture du viol. Ouvertement LGBT, Diana défendait des positions contradictoires, mais tout cela avait pour effet qu’elle était très connue.

Alix se dota d’une robe rouge moulante, et Diana sourit doucement.

« Et bien, tu es appétissante, Alix. Tu aurais été sur Themiscyra que j’aurai dit que tu es une magnifique Amazone. Belle et forte, comme nous les aimons. »

La relation entre les deux femmes commençait peu à peu à s’apaiser, à se stabiliser. C’était mieux que rien, et Diana comptait continuer dans ce sens. C’était désormais à elle de se changer, mais elle n’avait pas les pouvoirs magiques d’Alix, alors elle s’éclipsa, et alla voir sa chambre. Chaque membre de la Ligue disposait de ses propres quartiers, et elle enfila des vêtements dans sa garde-robes. Diana se changea donc, enfilant une tenue civile comprenant un long chandail rouge, une veste bleue, et même un bandana bleu avec une étoile rouge qu’elle noua dans ses cheveux. Ainsi prête, portant un pantalon noir moulant, elle s’observa dans le miroir.

*Pourquoi est-ce que personne ne sait que Clark Kent est Superman avec des lunettes ? C’est simple… Tout le monde lui dit qu’il ressemble à Superman, mais personne ne peut imaginer que Clark Kent serait Superman !*

En réalité, Diana n’aurait pas réellement de difficultés à passer pour une simple humaine. Il suffisait de regarder les actualités et certaines émissions pour voir quantité de femmes ressemblant à de véritables clones de Diana. La Terre abritait plus de six milliards d’individus. Des brunes musclées de type méditerranéenne, il suffisait de taper sous un cocotier pour en voir dix tomber.

Ainsi habillée, Diana sortit de ses quartiers, et retrouva Alix, qui était au réfectoire. La station disposait de multiples techniciens qui aidaient au bon fonctionnement des installations. Ils avaient été recrutés par Bruce Wayne et appartenaient pour la plupart à une division spéciale de Wayne Enterprises, SpaceWayne. Elle apprit donc qu’Ace s’était rendue au réfectoire, sans doute pour se désaltérer avant le saut. Hors-de-question d’emprunter un vaisseau, les deux femmes utiliseraient la technologie de téléportation disponible au sein de la station, les fameux Boom Tubes. Une technologie que Cyborg avait volé à Apokolips quand il avait été au contact d’une Mother Box, et qui permettait de générer des ponts quantiques pour déplacer instantanément la matière d’un point à un autre.

Diana aperçut rapidement Alix, et posa ses deux mains sur ses épaules en se glissant dans son dos.

« Tu sais, habillée comme ça, on dirait plutôt que tu vas à un gala que dans des rues poisseuses et crasseuses… » glissa-t-elle avec amusement.

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

« Cyborg a dit : une riche héritière grecque avec sa compagne. Je ne suis peut-être pas une experte de l’humanité mais j’ai vu suffisamment de télé pour avoir une bonne idée de ce qui est attendu des riches et de leur… On va dire entourage. Il faut que ce soit dispendieux et que ça laisse peut de place à l’imagination. Un joli trophée ou distraction qui montre qui a mis le grapin sur le gros lot. J’ai mal compris quelque chose?

Et profites en, profites en, je ne me mettrais pas en robe ou dans pareille tenue pour n’importe qui. Ça ne cadre pas trop avec mon style habituel. Chance pour moi, ça me laisse quand même plutôt libre de mes mouvements. Toi en revanche, tu ne fais pas très riche héritière, habillée ainsi. Ou alors j’ai manqué quelque chose. Tu veux qu’on révise notre fausse histoire avant de partir, des fois qu’on nous poserait des questions? »

Elle a de la chance que je n’ai pas réagit sur la défensive parce qu’arriver sans prévenir dans mon dos, c’est le plus sûr moyen de se manger un coup. Remarquez que je suis encore un poil affecté par son compliment. C’est flatteur, d’une part, encore plus venant de quelqu’un considéré comme la ou une des plus belles femmes du monde. Reste à espérer ne pas la décevoir sur le terrain, par contre. Avoir l’apparence, le look, pour une fonction donnée, c’est une chose. Faire en sorte que le contenu soit aussi à la hauteur que le contenant, une autre. Quand j’opère en solo, je n’ai pas à me poser ce genre de questions. Je n’ai pas à me casser la tête avec quoi que ce soit. Je fais juste… Faire ce que j’ai à faire. Mais là, comme je suis forcée de travailler avec la Justice League, je ne peux pas faire comme je ferais d’habitude pour des raisons… Idéologiques, on va dire. Donc voilà.

Ce qui veut dire que j’imagine qu’ils doivent adhérer à des protocoles très stricts concernant la préparation de mission, justement pour éviter des complications inutiles. Donc, en se basant sur ma supposition, il va falloir se créer une identité complète se basant sur… En fait des gens qui n’existent pas. J’ignore si cela tiendra face aux russes qui semblent déterminés à faire je ne sais trop quoi concernant la Justice League mais bon. Tant qu’à prétendre être quelqu’un d’autre, pourquoi pas… Alexandra Callista Eudocia? Non, pas tout à fait, ce serait trop proche de ce que j’utilise comme nom. Je garde Alexandra, par contre. J’aime bien. On va dire… Alexandra Müller? Müller est le nom de famille le plus commun en Allemagne donc c’est si générique que ce ne sera en rien suspect. Quoi d’autre… Comment j’aurais pu rencontrer une riche héritière grecque?

Oh je sais! Je suis une orpheline, ce qui explique qu’il n’y ait rien ou peu sur moi qui a été impliquée dans des cercles de combat clandestins. Comme personne n’en parle vraiment… Et comme les riches aiment les divertissements plus exclusifs, en allant à une réception donnée par un riche homme d’affaire grec X ou Y, il aurait fait venir par ses contacts plusieurs combattants pour des duels à mort et c’est là qu’elle m’aurait « rescapé ». Depuis, comme j’ai été forgée par les combats, je lui sers de garde du corps non officiel. Évidemment, je vous résume la chose. Comptez au moins quinze minutes d’explications détaillées pour tenter de contribuer à créer un « background » crédible à toute cette histoire. Oh riez, riez, ce n’est pas vous qui devez faire avec une situation à laquelle vous n’avez jamais fait face, c’est moi! Le reste des détails, par contre… Qu’en sais-je!

« … Et donc je pense que ça pourrait faire une couverture adéquate. Est-ce que ça te convient? Oh… Quelle est la proximité entre nos personnages? C’est plus une relation professionnelle, cordiale, amoureuse, sexuelle? Je ne juge pas, c’est ma première vraie mission en duo, je ne veux pas faire de gaffe parce que j’ai dit quelque chose de contradictoire qui va faire s’effondrer notre couverture. C’est tellement stressant! Ce n’est jamais stressant quand je bosse en solo… »

Diana sentait Alix assez tendue. Sans doute prenait-elle cette mission avec nervosité… Elle qui avait tant voulu se débarrasser de la Ligue, et qui était une tête brûlée, commençait peu à peu à se dévoiler. À travers ce ton grognon, Diana comprit qu’elle était anxieuse, ce qui expliquait peut-être pourquoi, initialement, elle avait voulu partir… Peut-être craignait-elle de les décevoir ? Elle lui expliqua avoir pris cette robe pour coller à leur image, et remarqua que Diana ne faisait pas trop riche. L’intéressée sourit doucement à cela, et s’assit en face d’elle.

« Et bien, cela dépend… Les gens riches ont souvent tendance à ne pas tant vouloir se faire remarquer que ça… Et, contrairement à Wonder Woman, qui est une femme très connue, je préfère jouer une femme discrète. C’est la stratégie de Superman, et cela lui a plutôt bien réussi pour le moment, même à visage découvert. »

Diana ne s’inquiétait donc pas spécialement. Alix, en revanche, travaillait sur sa couverture. Diana la laissa faire. Généralement, c’était Batman qui se chargeait de cette partie, et qui transmettait ensuite les quelques données. Diana pouvait changer certains points, mais Batman était le plus indiqué de l’équipe pour concevoir des identités secrètes efficaces… Sans doute davantage que Superman, Bruce Wayne étant une figure bien plus médiatique que Clark Kent. Diana laissa donc Alix réfléchir, tandis qu’elle se désaltérait un peu.

*Décidément, je ne la voyais pas aussi bavarde…*

Honnêtement, l’Amazone avait perdu le fil, mais crut comprendre qu’Alix souhaitait être une orpheline, et la garde du corps de Diana.

« Tu sais, le coup de l’orpheline, c’est un grand classique… Mais bon, dans ton cas, comme tu as été créée par une Déesse, j’imagine que tu n’as pas vraiment de parents biologiques… Donc, techniquement, tu es déjà une orpheline. »

Cela pouvait paraître brutal, dit comme ça, mais c’était vrai. Diana plaignait Alix, en un sens. Ceci étant dit, elle ignorait encore comment celle-ci avait été conçue, et Diana n’avait jamais cru que les Dieux puissent créer la vie d’un claquement de doigts. Il n’était donc pas impossible qu’Alix ait réellement des parents. Là-dessus, Diana avait encore eu assez peu d’explications, mais il allait falloir qu’elle se renseigne davantage.

Alix lui demanda alors quelle pouvait être la relation entre leurs personnages, et Diana réfléchit un peu.

« Tu sais, normalement, c’est Batman qui se charge de tout ça… Il nous remet ensuite une feuille de données qui correspondent aux éléments que lui et Cyborg ont créé. De nos jours, tout passe par les réseaux sociaux, par Internet. Il faut créer des faux profils qui correspondent à ceux qu’on prétend être. C’est une tâche complexe, mais Cyborg fait ça plutôt rapidement. Pour le reste… Je suppose que je vais jouer une héritière assez frivole, alors tu pourras être ma garde du corps… Officiellement. Mais, comme nous n’aurons qu’une seule chambre, je pense que ce sera une couverture. C’est d’ailleurs un bon plan, car cela pourra expliquer aux gens pourquoi nous cherchons à nous cacher. »

Une couverture dans la couverture, donc. C’était souvent un très bon plan.

« Après, je te rappelle que tu as foncé tête baissée dans un bunker comprenant des armes atomiques… J’ai du mal à croire qu’une mission au Trébékistan puisse te paniquer autant… À moins que cela ne soit l’idée de travailler avec moi ? Je ne pensais pas être aussi intimidante, j’espère que je ne te fais pas trop peur ! »

Tout de même, ce serait un comble !

The Multiversity

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