The Multiversity

[Emma G. Frost]

Quelques jours après leurs retrouvailles, une nouvelle aventure de Cyclope et la Reine Blanche...

Depuis son retour du Japon, Emma avait pu se concentrer un peu sur son statut et sa vocation d’enseignante, ce qui avait été rare et difficile depuis le Schisme, d’une part parce qu’en général la séparation avait rendu une situation déjà quelques peu précaire encore plus difficile à organiser, et d’une autre parce que même avant la télépathe avait toujours eu mille et une choses à gérer à chaque instant.

Pour Scott, c’était encore pire, même sans compter qu’il devait préparer la mission sur Rook Island, une tâche qu’il prenait comme toutes très au sérieux, raison pour laquelle – en tout cas, c’était ce que comprenait Frost – il s’était isolé dans le Blackbird près d’une heure avant l’heure du départ. La Reine Blanche avait jugé bon de respecter ce souhait, lui laissant son calme avant la tempête, mais un quart d’heure avant celle du rendez-vous avec X-Force, elle finit par décider d’aller le rejoindre ; Voir ses souhaits les plus explicites respectés était une chose, voir quelqu’un aller à l’encontre de ceux-ci pour leur préférer ceux plus intérieurs en était une autre.

Elle laissa ses larges talons raisonner à travers la carlingue du jet depuis sa rampe, annonçant son arrivée à Summers afin de ne pas le surprendre, au cas où il était trop absorbé par ses pensées pour détecter celles de sa bien-aimée, et commença à lui parler depuis l’arrière de la cabine.

« Chiyo s’est proposée de venir, ce qui est tout à son honneur, mais je ne pense pas que ça soit très responsable, surtout qu’on n’est pas vraiment à court de muscle, pour une fois. Arrivée au niveau du cockpit lui-même, Emma posa ses mains sur le haut du dossier du siège du pilote avant de s’y appuyer les bras tendus, sur la pointe des pieds pour pouvoir voir ce que faisait Scott. Elle ne commenta pas, contente de simplement savoir, et confiante que si il voulait son aide, il lui demanderait. J’en ai profité pour voir avec elle comment les choses évoluaient de son côté – j’avoue que je n’ai pas eu autant de temps que j’aurais voulu à lui consacrer depuis son arrivée. Elle s’adapte plutôt bien à la vie moderne, et à celle sur une île-astéroïde non-étatique. Enfin, quand on sait qu’elle vient d’un monde parallèle médiéval, j’imagine. »

La télépathe resta ainsi un instant, profitant du silence qui ne durerait de toute évidence pas, d’une part parce que l’insonorisation, même très bonne, ne permettait pas de complètement cacher le bruit des moteurs à réactions, d’une autre parce qu’X-Force arriverait sous peu. À peine revenus de mission, et précautionneux d’être au meilleur de leur performance pour la suivante, les membres de l’équipe mutante secrète et sanglante profitaient du peu de temps qu’il leur restait pour dormir, ce qui, au regard de ce dont ils retournaient, était plus que compréhensible.

Cette courte pensée eue, Frost se redressa d’un bon et avec un soupire, venant alors s’asseoir – s’affaler – dans le siège de co-pilote, ce qu’elle n’était pas tout à fait, en tout cas pas en ce qui concernait le Blackbird, mais son égo l’empêchait de ne pas avoir une certaine affection pour lui. Au delà d’être vaguement confortable, la position rendait aussi évident le fait que la mutante portait une tenue intégralement noire, un contraste important avec ses habitudes bien plus lumineuses.

Plus précisément, elle portait du cuir bien brillant. D’abord, pantalon très moulant et se finissant en chaussures à talons – larges pour ne pas être trop handicapants sur le terrain – avec ceinture à motif en X, ainsi que les accessoires habituels : Gants d’opéra, un gorget en V, le tout toujours en cuir noir. Ensuite, un haut simple et qui descendait plus bas que d’ordinaire, mais fendu à l’avant pour ne tout de même pas avoir l’air d’une nonne. Et enfin, une longue cape, évidemment dans le même matériau, surmontée de fourrure autour du cou de la Reine Blanche.

« Oh, ça. Emma baissa son visage et sourit, déjà parce qu’elle avait en tête que la tenue plairait à son amant, d’une autre part parce qu’elle appréciait la décontenance qu’elle créait, puis tourna enfin la tête vers Scott, toute heureuse de lui révéler sa nouvelle acquisition. Certains éléments d’X-Force ont insisté sur le supposé fait que le blanc était peu propice à la discrétion. Sans leur donner tout à fait raison, j’ai décidé de calmer leurs peurs en m’offrant une nouvelle panoplie – et oui, je conçois qu’il y ait un conflit d’intérêt quelque part dans ce que je viens de dire. La télépathe perdit l’exagération qu’elle mettait souvent dans son sourire, le faisant revenir à quelque chose de moins sournois, moins Frostien, mais aussi plus sincère. Ne le répète à personne, ça fait du bien de changer un peu –  pas au point de porter de la couleur, bien entendu, mais un peu. »

[Scott Summers]

Membres de X-Force :

• Domino,
• Bishop,
• Psylocke,
• Feral.

*
*  *

La mission était d’importance, et, comme à chaque fois, Scott avait été méticuleux. Depuis sa mission de reconnaissance au Japon, Emma était revenue avec des réponses, beaucoup de questions, et une cible… Une île qui ne figurait sur aucune carte officielle, qu’on situait au large des Îles Moluques en Indonésie. En poussant des investigations approfondies, Scott avait trouvé quelques sites peu scrupuleux offrant des visites touristiques le long de l’île, mais l’Indonésie classait l’île comme une zone interdite, un sanctuaire inviolable, au même titre que North Sentinel, une île proche de l’Inde, et où il était interdit d’y aller. Aucun site touristique ne proposait donc d’excursions sur Rook Island, qui n’apparaissait même pas sur des sites comme Google View. Scott avait donc utilisé les données du SHIELD.

Il avait découvert que de sinistres drames étaient liés à cette île depuis même avant les Japonais et la colonisation militaire de l’Indonésie lors de la Seconde Guerre Mondiale. Des pirates, des explorateurs, des navigateurs, s’étaient perdus autour de cette île, et l’incident le plus récent remontait à un yacht appartenant à un collectionneur privé qui avait cherché à développer sur cette île sa propre émission de téléréalité. Un producteur de télé indonésien qui avait voulu développer son Koh-Lanta dans les îles. Tout l’équipage avait été massacré, et on avait attribué cela à une tempête violente. Le SHIELD soupçonnait néanmoins d’autres individus…

Les Privateers. Une milice redoutable, classée sur la plupart des agences gouvernementales comme une organisation terroriste. Ils avaient sévi en Afrique, et étaient considérés comme nés en Afrique du Sud, lors de la fin du régime d’apartheid. D’anciens militaires et anciens colons afrikaners qui avaient été expropriés, démobilisés, et s’étaient reconvertis en une milice privée. Trafic de diamants, traite négrière, trafic d’opium, de stupéfiants… Ils avaient été fondés par un ancien Afrikaner, Hoyt Volker, un homme sans foi ni loi qui avait commercé avec Ulysses Klaw pour voler le vibranium du Wakanda, ou avec le régime de Genosha. Quand le régime s’était effondré, il avait fait partie de ceux qui menaient des opérations de contrebande sur place. Le SHIELD estimait que Volker était un enfant battu, humilié par son père, un riche propriétaire terrain africain qui régnait sur son domaine comme les seigneurs esclavagistes de l’ancien temps. Son père était mort dans un incendie criminel, la police de l’époque avait accusé des esclaves noirs, mais tout laissait à penser qu’Hoyt avait tué son propre père, et avait utilisé sa fortune pour fonder les Privateers.

Rook Island était leur nouvelle base d’opérations. Les informations du SHIELD devenaient ensuite bien plus éparses, mais il fallait s’attendre à des mercenaires lourdement armés, et disposant d’équipement militaire génoshan. Autrement dit, des armes antimutant. Tandis que le Blackbird volait en mode furtif, Scott consulta à nouveau les communications. Il avait envoyé X-Force sur place il y a quelques jours, et devait maintenant les retrouver. Emma avait insisté pour venir, ce qui l’avait amené à devoir changer de style, troquant son habituelle tenue blanche pour une tenue noire.

Alors que le Blackbird se rapprochait de Rook Island, son amante le rejoignit dans le cockpit, et s’assit à côté de lui, venant s’enquérir de son état mental. Un léger sourire orna alors ses lèvres, et il posa sa main sur la cuisse d’Emma.

« Je suis navré que tu doives troquer ton blanc, Emma, c’est vrai qu’il te va bien au teint, mais c’est salissant… Surtout dans cette jungle. »

Le rakyat… Cette plante l’intriguait, car, en recoupant les informations du SHIELD avec ses données, il avait découvert que, jadis, Genosha exploitait aussi une plante à peu près similaire. Scott s’était souvent demandé comment l’aristocratie génoshane avait réussi à soumettre une population de mutants. Les examens cliniques sur certains échantillons de rakyat révélaient que cette plante constituait une drogue hallucinogène très puissante, y compris pour les mutants, où les effets semblaient même être décuplés. Bien traités, le rakyat pouvait annihiler la volonté d’un sujet atteint du gène-X.

« Je n’ose imaginer ce que nos ennemis feraient si cette plante devait être vendue internationalement… C’était le projet initial des Privateers, mais les indigènes se sont montrés plus redoutables que prévus. D’après ce que Chiyo nous a indiqué, la situation est tendue entre les deux groupes. »

Survolant l’Océan Pacifique, le Blackbird ralentit au fur et à mesure que l’île approchait. Scott savait que le vaisseau disposait de brouilleurs, alors il ne s’en faisait pas trop. Tandis qu’il se rapprochait, l’île ne tarda pas à apparaître, avec ses deux parties. Les communications avaient toutefois du mal.

« X-Force aurait déjà dû nous contacter… On dirait que leurs brouilleurs parviennent même à couper les communications du Blackbird. »

Cela n’était pas un mince exploit, car ce jet avait été amélioré par la technologie shi’ar. Scott continuait à se déplacer, se rapprochant de l’île, quand le Blackbird émit un signal d’alarme.

« Hein ? »

Intrigué, il regarda les radars… Et vit que le vaisseau faisait l’objet d’un ciblage !

« Quoi ? Ils nous ont repérés ?! »

Depuis l’île, des missiles fusèrent brusquement en l’air, se dirigeant vers le Blackbird. Scott déclencha des leurres pour en dévier plusieurs, mais un missile frappa une aile du Blackbird, déclenchant des alarmes d’urgence.

« On perd de l’altitude ! »

Il se releva alors, conscient que le Blackbird allait se crasher.

« Les parachutes, vite ! »

Visiblement, les choses allaient effectivement être compliquées sur Rook Island…

[Emma G. Frost]

Emma reçut la main de Scott sur sa cuisse ainsi que ses condoléances fashionistiques avec un sourire, puis son propre petit geste d’affection, enroulant ses doigts autour des siens, tous gantés, mais ça ne gâchait pas entièrement l’instant ; Possiblement pas vraiment le moment, en mission dangereuse, une théorie qui serait prouvée quelques instants après, mais leurs vies les forçaient à voler chaque once de bonheur possible.

« Une épidémie de drogue qui affecterait disproportionnellement les mutants, elle souffla un peu d’air à travers son nez parfaitement refait pour une brève, unique, et sarcastique bouffée de rire, qui est-ce que ça n’arrangerait pas. Peut-être qu’après ça, on devrait essayer de rester en contact avec eux – les Rakyats, je veux dire. J’imagine qu’il ne sera pas très difficile de les convaincre qu’ils nous doivent bien un petit coup de téléphone – métaphoriquement – d’avertissement après qu’on les débarrasse de ces Privateers. »

Fidèle à elle-même, la Reine Blanche ne considérait pas la possibilité d’un échec, certaine qu’elle – et les autres, bien évidemment – prévaudraient, même si elle doutait déjà un peu plus de l’après de cette mission ; Entre le S.H.I.E.L.D. et le reste, il ne serait sans doute pas facile de vraiment tourner la situation à leur avantage. Ces considérations s’effacèrent cependant bien vite devant celles, plus pressantes, de l’immédiat : Les deux îles venaient d’apparaître à l’horizon, et Frost s’était redressée – de sa position plutôt affalée – pour mieux pouvoir observer l’objet de tant de convoitises. Et déjà une mauvaise nouvelle pointait le bout de son nez ; En l’occurrence, pas de communication possible avec X-Force, du moins, par les voies traditionnelles.

« Je peux essayer télépathiquement, Elizabeth devr- »

Emma fut interrompue par l’alarme, d’abord celle du Blackbird puis de Cyclope, cette dernière étant bien plus inquiétante de par son calme usuel ; La Reine Blanche elle-même sembla quelque peu paniquée par tout cela, mais parvint à garder un calme relatif, ne voulant, surtout, pas déranger le pilote qui avait bien plus de chance de les sortir de là que quoi qu’elle puisse tenter. Malheureusement, malgré toute cette foi, le jet ne parvint pas à déjouer le ciblage des missiles et fut touché, menant immédiatement à une fuite pour les parachutes. Frost s’extirpa rapidement de son siège après avoir défait son harnais, qu’elle avait mis au début de cette alerte, mais perdit après quelques pas l’équilibre du fait de l’instabilité de l’aéronef, peut-être, mais elle ne l’admettrait jamais, à cause de ses talons.

« Saute, Scott ! La peau d’Emma devint cristalline en même temps qu’elle arrêta son effort d’atteindre les parachutes pour à la place aller vers le bouton avant d’ouverture de la rampe, pour économiser un temps infime mais précieux à Cyclope qui lui ne pourrait pas survivre au crash. Ça va aller pour moi. »

Malgré cette certaine invulnérabilité à ce qui allait suivre, et sans que ça lui plaise pour autant, la Reine Blanche retourna un instant à l’avant pour prendre note d’où à peu près le Blackbird allait s’écraser. Ceci fait, elle inspira fort, pas vraiment par nécessité – elle n’avait même pas besoin de respirer sous cette forme – mais pour se préparer à ce qui allait arriver, et dans un bruit énorme de vague et de tôle froissée, l’avion s’enfonça dans l’eau et s’y déforma pour finalement commencer à y couler.

Emma alla rapidement à l’arrière d’où s’engouffrait déjà de larges trombes d’eau, contre lesquelles sa force décuplée aida grandement, et quitta l’aéronef pour presque doucement en sauter et venir se poser au fond de l’océan, avec seulement une vague idée d’où aller pour rejoindre Rook Island, même si la pente du fond marin donnait elle aussi un indice. La Reine Blanche se mit donc en marche et après près d’une demi-heure de marche, parvint à refaire surface sur une place.

Méfiante, elle ne quitta pas sa forme de diamant pour autant, un principe qui prouva rapidement crucial lorsqu’après avoir quitté la mer jusqu’aux cuisses, plusieurs balles vinrent ricocher sur elle. Elle fit demi-tour après avoir rapidement repéré l’autre île, là où elle devrait être d’après son sens de l’orientation pas forcément parfait mais au moins fiable, mais avant d’arriver à retourner sous les eaux à la force de ses jambes, une grenade à fusil vint exploser dans son dos et l’y envoya plonger malgré elle, ce qui n’était au final pas plus mal.

Frost se dirigea alors vers l’autre île et recommença à en gravir la plage, et cette fois, elle ne fut pas accueillie par des coups de feu mais par un comité de ce qui semblait être des locaux – sans vouloir donner raison à ses origines colonialistes, ils n’avaient pas l’air d’Afrikaners – qui avait tout de même des armes, braqués dans la direction approximative de la Reine Blanche. Celle-ci leva donc les bras, trempée et sa tenue déjà ruinée, et tenta de s’expliquer, même si elle n’était pas tout à fait prête à quitter sa forme de diamant en geste de bonne foi.

« J’étais dans l’avion qui vient de s’écraser, on a été abattus par les Privateers... Ses hôtes ne répondirent pas, ni ne bougèrent, d’ailleurs, toujours aussi méfiants ...Un homme était avec moi, est-ce que vous l’avez vu..? Ou une autre bande d- Emma abandonna de décrire les membres d’X-Force et écarta les bras en plus de froncer ses traits d’habitude pourtant si amiables, quand bien même ça se voyait mal dans sa forme de diamant, sans ombres et avec les formes perturbées par les reflets et diffractions. Dites quelque chose ou écartez vous, je n’ai pas que ça à faire pendant que je ne sais pas où sont mes confrères ! »

[Scott Summers]

Pas le temps d’analyser, il fallait sortir de là ! Scott orienta le Blackbird afin qu’il s’écrase dans l’eau, à proximité de l’île. Il se releva ensuite, et vit Emma prendre sa forme cristalline, lui ordonnant de sauter. Ils avaient plusieurs parachutes à bord, mais ils n’auraient pas le temps d’en prendre plusieurs. Emma lui en balança un, et ouvrit ensuite la porte. Un courant d’air s’engouffra à l’intérieur du vaisseau.

« Emma ! Je te retrouverai ! »

Il n’eut même pas le temps de l’embrasser, et sauta dans le vide. Scott tournoya sur place, et déclencha le parachute. L’air lui fouetta le visage, et, pour le coup, il pouvait apprécier sa visière, qui protégeait ses yeux de l’air. Le parachute se déploya, et il vit le Blackbird tomber en flèche, s’écrasant dans l’eau. Lui-même manipula les commandes de son parachute pour essayer de se diriger au mieux. Toutefois, en baissant la tête, il vit une sorte de petit port improvisé d’où des Zodiacs émergèrent, se dirigeant vers lui.

*Merde !*

Conscient qu’il allait être aussi facile à toucher qu’un pigeon en l’air, Scott manipula le harnais du parachute. Sur les Zodiacs, les Privateers hurlaient en visant le parachute, et des détonations commencèrent à retentir. Une balle déchira la toile, et Scott ouvrit finalement la ceinture. La gravité l’appela, et il tomba à l’eau. Retenant sa respiration, Scott se mit à nager dans les profondeurs, conscient que les Zodiacs allaient le traquer. Fort heureusement, il avait amené avec lui des équipements utiles, comme un respirateur artificiel qu’il posa sur ses lèvres. Technologie shi’ar, là aussi. Il enfonça le tube dans sa bouche. Le respirateur créait des branchies artificielles, permettant de respirer. Il resta ainsi dans les profondeurs, et vit les Zodiacs tournoyer autour du parachute.

Au bout d’un quart d’heure, les mercenaires commencèrent à s’éloigner, sans doute convaincus que le mutant était mort, ou parti. Scott nagea ensuite, et se dépêcha de rejoindre la surface. Il arriva sur une petite plage cerclée de palmiers, et se dépêcha de s’abriter derrière des buissons. Une route terreuse était de l’autre côté, et il entendit le vrombissement d’un moteur. Une Jeep se rapprocha, et semblait filer vers le port qu’il avait aperçu depuis les hauteurs…

*Sans doute la base de Volker…*

Scott se concentra alors.

*Emma ? Est-ce que tu m’entends ? Emma ?*

Aucune réponse. Elle était donc encore sous sa forme cristalline. Scott entendit alors une explosion, et s’y dirigea prudemment. La Jeep repassa, ainsi que plusieurs motos, et il entendit des soldats parler entre eux, utilisant l’anglais.

« La mutante s’est enfuie !
-  Zoukar l’a touché ! Mais les courants l’ont emporté, sans doute vers Ua’titi.
-  Alors, ça règle nos soucis… Ils vont la conduire directement à la Prêtresse.
-  Il n’empêche… Volker voudra s’en assurer. »

Ua’titi… Il n’y avait aucun panneau indicateur ici, alors Scott allait devoir se fier à son instinct… Sauf si Emma l’appelait. Il n’était pas télépathe, mais ils formaient un couple solide, et elle pouvait à tout moment accéder à ses pensées, dès lors qu’ils n’étaient pas trop éloignés l’un de l’autre. Enfin, sauf sous sa forme cristalline.

Emma, justement, avait rejoint les abords d’Ua’titi, un village de rakyats. Mais eux avaient des connaissances en anglais très rudimentaires, et observèrent la femme avec méfiance, parlant entre eux à voix basse. Ils étaient nus ou presque nus, avec des peintures rupestres et tribales sur le corps. Elle était sur la plage, face à eux, et ils froncèrent les sourcils à nouveau. Plusieurs archers la menaçaient avec leurs arcs, et, alors qu’une certaine tension commençait à s’installer, les flèches fusèrent, rebondissant contre son corps.

Les Rakyats se mirent à hurler, à l’invectiver. Elle était une étrangère, ce qui justifiait sans doute leur ire. D’après les dernières informations du SHIELD, Privateers et Rakyats étaient en guerre, mais ces informations pouvaient ne pas être à jour… Et, même s’ils étaient en guerre, cela ne signifiait pas pour autant qu’ils pouvaient voir en Emma, une étrangère en corps cristallin, une alliée potentielle.

[Emma G. Frost]

Il n’était pas très difficile pour Emma de voir que sa négociation – si seulement elle était comprise – ne marchait pas, se prenant des flèches, ce qui n’était pas un problème en soi après avoir essuyé balles et grenade, mais témoignait d’un certain rejet de son offre. Confiante que tout cela avait simplement commencé du mauvais pied, elle leva les bras en signe de reddition – feinte – tout en marchant en arrière plus profondément dans la mer ; Finalement, lorsqu’il fut moment de passer sa tête sous l’eau, elle prit une grande inspiration pour sortir de sa forme diamantine aussitôt cachée par les flots, et pouvoir utiliser sa télépathie.

Elle se mit immédiatement à projeter dans tous les esprits alentours – prenant soin de prévoir que les guerriers qu’elle avait vu n’étaient peut-être pas les seuls – qu’elle était une amie venue les aider, qu’il ne fallait pas lui faire de mal, et qu’il fallait la mener à leur chef. L’opération n’était pas nécessairement facile vu les circonstances – l’apnée, la barrière de la langue, la distance – mais après une douzaine de seconde, la Reine Blanche se sentit confiante qu’elle avait réussi, et ré-émergea de la mer. Les Rakyats qui l’avaient « accueillie » furent immédiatement plus amiables, même si pas tout à fait chaleureux non plus, et lui permirent de s’approcher sans la barber de flèches, finissant alors par lui montrer le chemin, lui parlant dans leur langue que Frost comprenait après leur avoir extraite.

« [Notre village est à environ une demie-heure de marche d’ici, enfin si tu es en état.]
- [Et est-ce que vous avez trouvé un homme ? Il est arrivé avec moi, il y a peut-être 20 min-] Qu- ?! »

Les hommes qu’avait influencé Emma eurent à peine le temps de réagir qu’un autre Rakyat sortit soudainement d’un buisson à à peine quelques dizaines de centimètres de la mutante pour l’immobiliser par l’arrière et lui plaquer non seulement un couteau sous la gorge mais aussi une forme concentrée de Rakyat contre le nez et la bouche, la rendant quasi-inconsciente avant-même que son réflexe diamantaire ne s’active ; Le temps que l’idée lui vienne à l’esprit, celui-ci était déjà embrouillé et incapable de correctement réfléchir, encore moins de résister. Les guerriers qu’elle avait enchanté, pour ainsi dire, reprirent alors doucement leurs véritables volontés, et après une certaine incompréhension, remercièrent finalement celui qui les avait débarrassé de la télépathe en l’incapacitant, protégé de ses tours d’esprit par sa propre consommation rituelle de Rakyat avant ce qui s’annonçait comme une bataille.

Après une courte discussion quant à quoi faire, l'un d’entre eux, le plus fort, hissa Emma sur son épaule, et commença la marche vers la Prêtresse, qui déciderait quoi faire de la femme, qui n’était peut-être pas une mercenaire, mais pas moins dangereuse, et peut-être même une démone, après ce qu’elle leur avait fait, et après sa sur-réaction à une dose de Rakyat qui n'était censée que l'affaiblir pour être défaite, pas la rendre comatose. Celle-ci n’était pas tout à fait inconsciente, certes incapable de bouger, et restant au final sagement sur son porteur, mais elle avait les yeux partiellement ouverts et ses lèvres tentaient de former des mots, même si de manière tout à fait comateuse et incohérente.

« Sco’...’l es’...’l est...’faut...sau’er ?.. L’homme qui la portait interrompit ses pensées déjà peu aisées en lui arrachant sa cape qui s’accrochait sur chaque branche qu’ils croisaient. 'on, il...vien’’a...’oi ? Dans son délire, la télépathie de la Reine Blanche était certes peu efficace, car elle n’avait plus la discipline requise pour l’utiliser correctement, mais tout de même active, et de manière instinctive, la mutante se raccrocha à son lien avec Cyclope, lui envoyant des pensées et sentiments peu compréhensibles, même parfois contradictoires d’un moment à l’autre, mais qui ne laissaient que peu de doute quant à sa capture et son état. ’e ‘uis...où..? »

[Scott Summers]

« <C’est une sorcière ! Elle a empoisonné vos esprits !>
-  <Ses cheveux sont d’or, comme une fausse idole…>
-  <Il faut la conduire au Temple, seule la Grande-Prêtresse saura quoi faire d’elle !>
-  <Elle est rentrée dans nos têtes…> »

Les guerriers parlaient entre eux tout en surveillant l’entrée de la grotte. Emma avait véritablement émergé dans une fosse, à l’intérieur de celle-ci. Les prisons rakyats étaient très particulières, et Emma allait vite comprendre pourquoi. La grotte se situait le long de la plage, et, quand la marée remontait, l’eau envahissait la grotte, remontant dans les trous que les Rakyats avaient creusé. Ce puits pouvait ainsi devenir mortel, et toute la force diamantine d’Emma ne pouvait l’aider à lutter contre la gravité. Ses pouvoirs télépathiques se heurtaient à un mur, et elle pouvait comprendre, avec effroi, que le SHIELD n’avait pas menti sur l’efficacité du rakyat. La plante protégeait les guerriers des pensées télépathiques d’Emma, et elle avait elle-même du mal à réunir ses pouvoirs.

Dans la grotte, il y avait du rakyat, et les effluves remontaient jusqu’à ses narines, sans compter que la prêtresse du village, en l’examinant, l’avait drogué, remplissant ses veines de rakyat. Tout devait donc être assez flou pour Emma, qui pouvait être sujette à des hallucinations. La prison, elle, se situait à l’extérieur d’Ua’titi, dans une crique accessible depuis le bout du village. Les Rakyats étaient particulièrement nerveux, et reçurent la visite dans la fin de journée des Privateers.

Scott surveillait attentivement la scène. Un murmure avait suffi pour qu’il parte vers la position de sa femme. S’ils n’étaient pas mariés, Scott considérait en effet Emma comme son amante, sa femme. Il observait silencieusement le village, et constata vite que la guerre entre les Privateers et les Rakyats ne semblait plus d’actualité. Les locaux les regardaient avec hostilité, mais les Privateers purent rejoindre la hutte du chef de village, lui parlant de vive voix. Scott comprit vite que leur visite d’aujourd’hui était au cœur de la conversation entre les mercenaires et les autochtones.

Le mutant ne comprenait pas un traître mot de rakyat, mais examina les mercenaires quand ils repartirent du village. Ils étaient venus en pick up, et amenaient aux autochtones des victuailles… Des choses qu’ils ne trouveraient jamais ici, comme du soda, du jus d’orange, de la nourriture occidentale. Scott ne voyait aucun autre signe technologique moderne dans ce village champêtre, et se rapprocha du pick up. Il pouvait se montrer discret, et glissa entre deux huttes, surprenant une bribe de conversations entre eux :

« Un autre camp a été attaqué la semaine dernière…
-  J’ai cru comprendre qu’on avait fait un prisonnier, cette fois.
-  Oui, mais c’est une forte tête. Une vraie épine. Si tu avais fait son cul, mon gars… Mais elle crache pas le morceau, cette salope.
-  J’en ai marre, de cette île de merde. »

Scott comprit que X-Force devait agir, mais la personne capturée…

*Sûrement Psylocke…*

Le mutant se déplaça ensuite, et réussit à rejoindre discrètement la crique. Scott n’était pas qu’un mutant capable de tout détruire avec ses yeux, il n’était pas devenu leader des X-Men sans raison. Au sein de la Danger Room, il avait été formé, entraîné, et avait reçu un véritable entraînement d’espion. L’infiltration était donc sa spécialité, et il rejoignit donc la crique à la tombée de la nuit. Des pontons en bois surplombaient la plage, qui était recouverte d’eau, et celle-ci s’infiltrait dans la grotte.

*Emma !*

Les sentinelles étaient présentes le long des pontons, ainsi que dans des kiosques en bois faisant office de tour surveillance. Scott attrapa un solide caillou, et, se glissant dans le dos d’une sentinelle, le fracassa sur son crâne. La sentinelle s’effondra mollement au sol, et Scott la dissimula dans de gros buissons, puis se laissa tomber au sol. Il atterrit dans l’eau, profitant du remous des vagues pour dissimuler ses bruits de pas, et attendit que les Rakyats parlent entre eux pour rejoindre l’entrée de la grotte.

Scott constata plusieurs puits recouverts par des trappes. L’eau s’écoulait lentement par des ouvertures, et il en ouvrit plusieurs, jusqu’à la voir…

« Emma ! »

Sa belle blonde avait perdu de sa superbe. Il trouva une échelle en corde à côté, et la poussa vers le puits.

Dehors, des bruits se firent entendre. Des éclats de voix. Les Rakyats avaient trouvé la sentinelle qu’il avait été contraint de neutraliser, et se rapprochaient de la grotte. Scott regarda le puits, et vit Emma se redresser lentement. Il se concentra alors, et posa sa main sur le commutateur de sa visière… Puis tira sur l’une des poutres du ponton.

Les rayons rouges sortirent de la grotte dans un frémissement, et détruisirent la poutre, faisant s’effondrer un ponton dans l’eau. Les Rakyats hurlèrent plus fort, et des flèches jaillirent dans l’ouverture de la grotte. Peu de chances de les toucher, mais Scott ne tenait à prendre aucun risque. Sortir par là allait toutefois être compliqué, d’autant qu’Emma était visiblement sous l’influence de stupéfiants. Il l’attrapa doucement par la main puis plus fermement ensuite, l’aidant à se relever, et regarda autour de lui.

« Accroche-toi à moi, Emma… »

La grotte s’enfonçait dans les profondeurs, et Scott partit par là, tirant encore quelques coups avec sa visière pour dissuader les Rakyats de trop s’approcher. Il avait au moins réussi à retrouver Emma, mais il ignorait où ce chemin allait les conduire…

[Emma G. Frost]

Lorsqu’Emma se réveilla, elle ne put pas comprendre la monumentalité de l’erreur qu’elle avait commise en forçant la main des Rakyats, non pas parce que ça n’était pas le cas, mais parce qu’elle fut immédiatement prise dans une spirale infernale d’hallucinations. Même après que la dose initiale de la drogue se soit dissipée, les vapeurs de Rakyat avec lesquelles elle partageait sa « cellule » la gardèrent dans un état constant de confusion, amplifié par sa propre télépathie qu’elle retournait involontairement contre elle au gré de ce que sa transe forcée lui faisait voir, entendre, et ressentir.

Par chance, Frost réussit finalement, dans ce qui pourrait être qualifié d’un éclair de lucidité, à avoir la présence d’esprit de se transformer en diamant pour sortir de cette boucle auto-alimentée, en plus de l’empêcher, alors que la marée montait doucement, de se noyer, un risque peut-être sous-estimé par les Rakyats, qui n’avaient pas conçu leur prison pour des mutants particulièrement sensibles à leur drogue.

Ainsi, lorsque Scott retrouva sa dulcinée, celle-ci était péniblement appuyée contre un pan de sa cellule, quasiment prostrée et son dos tourné vers le reste comme pour s’en protéger, une main crispée sur le côté de sa tête, et elle ne réagit initialement pas à ses cris, noyés dans les hallucinations que vivait Emma et simplement confondus avec eux. La chute de l’échelle dans son puits ne l’extirpa pas plus de sa situation, mais le bruit si familier et spécifique des rayons optiques de Cyclope parvinrent à lui faire tourner et relever la tête, regardant son amant avec méfiance de ses yeux diamantaires, ne sachant encore vraiment si croire à cette tentative de sauvetage.

Mais finalement, lorsqu’il lui tendit la main, Scott sembla parvenir à percer la relative torpeur dans laquelle la mutante était emprisonnée, et après s’être relevée, les yeux soudainement plus ouverts qu’auparavant, elle choisit de croire en lui – littéralement, son existence n’étant pas certaine en ce qui la concernait – et sortit de sa forme de diamant pour lui permettre de la soulever hors de sa cellule. Elle peina à aider cet effort, et trébucha aussitôt elle atteint la « surface », mais était enfin libre ; La main sur son crâne endolori, elle essaya de comprendre, mais surtout aider à résoudre la situation, toujours accroupie par sa chute.

« Les...eux, c’est... Frost désigna d’un doigt peu adroit mais dont on comprenait approximativement le but les profondeurs de la grotte ...c’est par là qu’ils m’ont amenée...c’est une sortie... La Reine Blanche émit un soupire de malaise et ramena immédiatement sa main sous elle pour l’aider à ne pas tomber ...mais ils y font leurs..rites...ou je-ne-sais-quoi... »

Avec un soupir, Emma retourna dans la sécurité de sa forme diamantine, de toute évidence pas prête à manier sa télépathie – sauf peut-être de la manière la plus grossière mais aussi brutale possible – et préférant donc ses atouts de gemme géante, à savoir la capacité de résister aux balles. Pour s’aider à se relever, elle demanda l’aide de son preux chevalier, malgré son apparence qui ne faisait plus rêver, sa belle tenue de cuir, déjà défaite de sa cape, était maintenant tachée par le sel marin et même écorché en quelques endroits.

« Je ne suis pas très utile, dans cet état, alors n’hésite pas à m’utiliser comme bouclier humain. »

[Scott Summers]

L’utiliser comme bouclier humain… Emma devait vraiment être sonnée pour émettre une telle suggestion ! Mais, d’un autre côté, sa forme diamantine était capable de résister aux flèches ou aux lances des Rakyats. Scott n’avait toutefois aucune envie de mettre cela à contribution. Emma désigna d’une voix faible les profondeurs de la grotte. Avec sa vision en quartz-rubis, il ne voyait pas grand-chose, et s’avança dans la grotte, les pieds dans l’eau. Emma avait du mal à suivre ou à remuer ses jambes, alors, après quelques instants, il attrapa ses jambes, et la porta entre ses bras. Fort heureusement, sa forme diamantine n’augmentait pas le poids d’Emma, ce qui lui permettait de la porter plus aisément. Il se déplaça ensuite, tout en entendant les cris des Rakyats, et, alors qu’il s’enfonçait dans la grotte, une flèche alla se perdre juste au-dessus de sa tête. Il se retourna, et tira une dernière déferlante vers l’entrée de la grotte, heurtant un bout de la paroi, forçant les adversaires à se replier.

« Tiens bon, Emma, je ne te laisserai pas. »

Il continua ensuite sa progression, et descendit un chemin. L’eau continuait à le suivre, jusqu’à ce que la pente remonte. Scott avait toutefois du mal à maintenir l’équilibre en tenant Emma, et trébucha à plusieurs reprises, avant de rejoindre une caverne surélevée. Il s’assit alors, et conserva Emma dans ses bras.

« On va se reposer là, ma chérie… Le temps que tu reprennes tes esprits, que ton organisme combatte cette drogue. »

Les Rakyats pouvaient toujours les poursuivre, mais, avec la marée montant, Scott ne pensait pas qu’ils iraient se risquer à une telle chose. Après quelques instants, il constata d’ailleurs qu’aucun rakyat n’était descendu, et soupira doucement. Emma reprit sa forme humaine, et semblait épuisée. Il se déplaça un peu. Les deux s’étaient réfugiés dans une caverne sombre, l’éclairage venant peu à peu de champignons phosphorescents et de cristaux, ainsi que d’un trou au plafond laissant passer des racines et les rayons lunaires. Scott se redressa, et alluma un feu à l’aide de pierres polies et de brindilles récupérées sur les racines.

Scott alluma ensuite le feu. Il était assez modeste, et il souleva ensuite Emma, rapprochant le corps de la jeune femme devant le feu, puis la regarda. Elle qui était si fière d’elle et si puissante, elle semblait si fragile quand elle dormait, si sensible… En la voyant, il avait juste envie de la protéger, de veiller sur elle. Elle aurait été offusquée qu’il ressente ça envers elle, mais c’était aussi l’expression de son amour envers elle. Il caressa doucement ses cheveux en relevant la tête.

« Dors bien, Emma… Nous leur ferons payer. »

Il se reposa ensuite contre une grosse pierre, et la nuit fila ensuite.

Les rayons de l’aube vinrent les réveiller, et Scott soupira doucement. Emma était toujours contre lui, et il la regarda lentement, caressant encore son visage. Le feu qu’il avait allumé s’était depuis longtemps éteint, et il embrassa la jeune femme sur le crâne. Il attendait qu’elle émerge, en espérant que la drogue dans son organisme ne ferait plus effet…

[Emma G. Frost]

Après avoir tenté et échoué de suivre Scott sur ses propres jambes, Emma se laissa faire lorsqu’il passa ses mains autour d’elle, pensant qu’il voulait simplement l’aider à se relever, mais quand elle comprit qu’il la portait, et par extension jouait le bouclier humain pour elle, l’inverse de ce qu’elle avait demandé, elle protesta.

« Scott, je peux marcher, dépose moi ! Sa requête était presque molle, possédant le début de l’autorité usuelle de la Reine Blanche, mais pas plus, n’arrivant même pas à être ce qu’on pourrait qualifier d’ordre, trop bas pour en avoir le ton. Surtout, ses faibles tentatives de se débattre étaient trop maladroites pour atteindre un quelconque résultat, en tout cas pas sans recourir à la force pure, ce à quoi Frost n’était pas prête, encore moins sans vraiment être capable de la contrôler. Scott, porte moi sur le dos au mo- »

À peine avait-elle commencé sa phrase qu’elle vit la flèche Rakyat passer au dessus du crâne de Summers, puis sa riposte, lui intimant que leur situation était trop précaire pour ce genre de manœuvre, alors elle la laissa continuer, même si elle ne la pensait toujours pas optimale. Quand les indigènes abandonnèrent leur poursuite, Emma considéra demander que Cyclope la dépose, mais se ravisa rapidement lorsqu’elle constata que même lui avait du mal à progresser dans les pentes humides de la caverne, et qu’elle n’aurait donc que peu de chance d’y arriver, même si par moments, elle tenta d’aider du mieux qu’elle pouvait, s’agrippant à lui pour lui faciliter la tâche, ou à la roche lorsqu’il tombait, espérant un peu affaiblir la chute.

Finalement, ils arrivèrent dans ce qui serait leur refuge pour la nuit, et encore une fois, la Reine Blanche dut se résoudre à la passivité, n’aillant ni la vision ni l’adresse requise pour aider à faire un feu, et presque pitoyablement, elle resta simplement là où Summers l’avait déposée, l’observant péniblement à travers la pénombre essayer de mener son sauvetage à terme.

« Désolée, Scott...c’est leur drogue, elle les rend complètement invisibles télépathiquement... Son échec avait blessé Frost dans son égo, mais surtout, lui avait fait risquer la vie de l’homme qu’elle aimait, alors maintenant, elle tentait de combler le vide avec des excuses, même s’il y avait sûrement une valeur stratégique à ce qu’il sache comment tout cela était arrivé ...Désolée...et maintenant ils le savent, mieux vaut ne pas compter sur ma télépathie, ils doivent en prendre pour se préparer... »

Ce fut donc une Reine Blanche peu fière qui se lova dans les bras de Cyclope pour essayer de s’endormir avec sa promesse qu’ils vaincraient finalement, espérant voir ce moment de faiblesse et de honte passer avec la nuit.

« Dors bien, Scott... »

Emma passa une nuit relativement peu calme, se tournant et se débatant régulièrement sous les effets de la drogue qui agitait toujours son esprit même assoupi, mais jamais assez pour s’extirper de l’étreinte de son amant, s’arrêtant toujours lorsqu’elle commençait à lutter contre elle, tant et si bien que lorsque Summers se réveilla, Frost était toujours dans ses bras – et surtout, qu’il avait réussi à dormir quelques peu.

Environ une heure après lui, laissée à son propre repos, elle émergea de son sommeil, d’abord lentement, naturellement, pour finalement brusquement s’agiter lorsque leur situation lui revint à la mémoire. Se relevant pour regarder aux alentours, elle finit naturellement par remarquer Cyclope, et se calma alors un peu, restant même silencieuse un moment, le temps de reprendre ses esprits et juger de son propre état ; Après l’avoir estimé loin de parfait mais fonctionnel, elle sortit de sa forme de diamant et se tourna contre son amant, toujours dans ses bras, pour lui saisir le visage des mains.

« C’était idiot, ce que tu as fait hier – je t’interdis de refaire une bêtise du genre. Presque aussitôt, elle l’embrassa, se pressant de tout son corps contre lui et rétablissant avec force leur lien mental et par la même finir son bref discours. Mais merci, mon preux chevalier. »

Malgré sa propre nature et l’aura qu’elle avait toujours tenté de projeter, Emma aimait cet aspect héroïque de Scott, en admiration profonde pour celui-ci et toutes les qualités qu’il demandait. Mais dans le même temps, elle tenait à lui, et ne pouvait totalement cacher un pincement à son cœur pourtant si sélectif dans ses ébats chaque fois qu’il risquait sa vie ainsi, et ce malgré une certaine acceptation que c’était ainsi voire pour ça qu’elle l’aimait. Un compromis que la Reine Blanche ne s’expliquait elle-même qu’assez peu, mais avec lequel elle vivait avec peu de regrets.

Cependant, l’heure n’était pas à ce genre d’introspection, et après la fin de ce bref baiser, elle se concentra sur leur situation factuelle et actuelle, se levant – doucement, consciente qu’elle n’était peut-être toujours pas dans le meilleur des états – et inspectant un peu les alentours, maintenant qu’entre la lumière du soleil et la clarté de sa vision recouverte, elle pouvait véritablement les analyser.

« Ils ont dû voir la fumée et savoir qu’on est là, pourquoi est-ce qu’ils ne sont pas venus ? Frost avait certes indiqué avoir compris que c’était une sorte de lieu de rite, mais elle ne savait pas si c’était au point de laisser leurs ennemis trouver refuge . Dans tous les cas, ils doivent monter la garde... La télépathe détourna son regard des parois de la caverne pour le faire retourner à Cyclope. Tu crois que tu pourrais faire un trou pour qu’on puisse s’échapper là où ils ne nous attendent pas ? Et si jamais il te fallait plus de puissance... La Reine Blanche haussa les épaules, n’ayant pas prévu d’aborder le fait qu’elle pensait avoir identifié la partie de la psyché de Scott qui devrait contrôler son pouvoir dans ce contexte, mais si c'était leur porte de sortie, elle n'allait pas mourir pour ça ...je pense que je pourrais t’aider de ce côté là – temporairement. »

[Scott Summers]

Ce ne fut clairement pas leur meilleure nuit. Et, au réveil, Emma rabroua Scott légèrement, lui reprochant de ne pas avoir suivi hier ce qu’elle avait dit en l’utilisant comme bouclier humain.

« Emma, je… »

À vrai dire, il n’avait même pas vraiment réfléchi. Scott avait agi à l’instinct hier, et son instinct ne lui dictait pas d’user d’Emma comme bouclier humain. Celle-ci mit néanmoins fin à cette pseudo-altercation en l’embrassant, comme pour lui montrer qu’elle ne lui en voulait pas vraiment. Scott n’était pas dupe, il connaissait suffisamment sa femme pour savoir qu’elle s’en voulait. La fierté d’Emma n’était pas quelque chose à négliger, et le fait est qu’il était venu la secourir. Elle devait être furieuse contre elle-même, mais savait bien le montrer. L’appeler « preux chevalier », ce n’était pas totalement innocent, et Scott choisit prudemment de ne pas rebondir là-dessus.

Il inspecta les environs. Un fin cône lumineux émanait du plafond, menant à la surface. Les Rakyats ne les avaient pas poursuivis, et il se releva. En inspectant les environs, il constata vite que l’eau avait bien monté, et les empêchait toujours de sortir, ce qui expliquait sans doute l’absence de poursuites. Emma suggéra de faire un trou pour pouvoir s’échapper. Scott resta silencieux, observant la caverne.

« Ce serait risqué, Emma… J’ignore quelle est la structure de cette grotte. Si je fais un trou, elle risque de s’effondrer sur nous. À mon avis, il faut trouver une autre sortie. La marée nous empêche de sortir par là où nous sommes entrés, mais cette grotte a l’air profonde. En revanche, on ne peut pas exclure que les rakyats nous attendent à l’autre sortie. »

Le moins qu’on puisse dire est que cette première rencontre avec les locaux de l’île avait été marquante, et permettait de voir que le briefing du SHIELD n’était pas à jour. Privateers et Rakyats ne semblaient guère être en guerre, puisque Scott avait vu plusieurs mercenaires discuter avec les autochtones. En revanche, les effets de la plante, eux, étaient réels. Était-ce de cette manière que les autorités de Genosha avaient jadis réussi à soumettre une entière population de mutants ? Scott craignait aussi ce que l’O*N*E ferait avec une telle plante, et les virus que l’organisation pourrait développer.

Emma était même prête à amplifier ses pouvoirs, ce qui interpella un peu Scott.  Il savait que ses pouvoirs étaient en partie psychique depuis que Jean avait pu les bloquer lorsqu’elle était devenue le Phénix. Emma avait évidemment essayé de reproduire cela, mais les tentatives n’avaient été fait que dans leurs sessions psychiques communes, les rêves communs qu’ils faisaient ensemble. Le succès n’avait pas été à chaque fois au rendez-vous, mais Emma avait fini par voir que, si elle pouvait restreindre les pouvoirs de Scott, elle pouvait aussi les augmenter. D’ailleurs, plus Scott utilisait de ses pouvoirs, et plus ceux-ci augmentaient. La raison était que ce que Scott tirait avec ses yeux n’était pas du laser, mais une forme énergétique provenant d’une autre dimension. Quand il ouvrait les yeux, l’énergie de cet autre univers entrait ici, et se mélangeait aux particules ambiantes, déclenchant une réaction violente et explosive. Les expériences et analyses menées sur lui montraient que c’était tout le corps de Scott qui agissait comme un Portail, absorbant l’énergie ambiante pour alimenter le Portail. Son cerveau commandait tout ça, mais le cerveau de Scott avait été mis en charpie quand il était devenu le jouet de Nathaniel Essex, et que Mister Sinister avait longuement étudié sur lui. Les expériences de ce dément avaient traumatisé Scott, et faisaient qu’il était incapable de contrôler son pouvoir. C’est à ce niveau-là qu’Emma agissait, menant sur lui une thérapie pour qu’il parvienne à réguler ses pouvoirs. Et, s’il y  parvenait, il pouvait théoriquement fermer ou ouvrir davantage le Portail. Le limiter à ses yeux ne semblait d’ailleurs pas obligatoire. Tout son corps pouvait servir de Portail, et tout laissait à croire que c’était Essex qui avait induit ce blocage en lui, sans doute par mesure de sécurité.

Pour le dire autrement, Scott était une immense bombe vivante, raison pour laquelle il n’aimait pas forcément qu’Emma expérimente sur lui en temps réel. Que se passerait-il s’il venait à prendre le contrôle de ses pouvoirs ? Scott ne pouvait envisager pareille hypothèse !

« On verra ça plus tard, Emma… Les rares fois où on a essayé de modifier mes pouvoirs dans la VR, ça n’a pas été très glorieux. »

La VR, pour « Virtual Room », était à Utopia l’équivalent de la Danger Room de Charles Xavier. Mais, là où Xavier avait utilisé une véritable IA pour créer la Danger Room (jusqu’à ce qu’elle se retourne contre les X-Men en développant sa propre intelligence), Scott avait créé une salle moins dangereuse… Moins optimale aussi, mais sans risque que la salle cherche un jour à les tuer. Le fait est qu’il avait déjà détruit deux ou trois fois la VR lors de leur expérience, et qu’Emma n’avait dû sa survie qu’à sa forme diamantine. Emma avait notamment voulu l’exposer à une utilisation prolongée de ses rayons, pour voir si le Portail pouvait se fermer. Le fait est que, quand Scott n’avait plus de jus, le Portail se fermait effectivement, et il fallait plusieurs heures pour que ce dernier remarche… Un fonctionnement assez similaire aux Kryptoniens, dont leurs pouvoirs surnaturels venaient de l’énergie solaire. Mais, quand Scott avait cherché à amplifier ses pouvoirs, tout son corps avait explosé sur place. Il s’était retrouvé nu, la VR ravagée, et Emma, par miracle, avait eu le temps de mettre sa forme diamantine. Le diamant avait sauvé la vie de sa femme, mais, sans ça, elle aurait été carbonisée.

Autant dire que, depuis lors, Scott ne tentait pas de jouer à nouveau avec les verrous psychologiques qui avaient été faits dans sa tête ! Le pire était qu’il soupçonnait Xavier d’avoir toujours été au courant de l’existence de ces verrous, mis en place par Essex, mais d’avoir décidé de les maintenir. Quoi qu’il en soit, après cet incident, Scott avait décidé de mettre fin à cet entraînement. Emma avait objecté, mais il avait campé sur ses positions. Un bon couple se devait d’avoir des disputes, après tout.

« La marée est toujours haute, donc on va aller dans l’autre sens… » lâcha-t-il alors, pour changer de sujet.

Sa combinaison commençait à lui peser. Elle était étanche et pensée pour durer plusieurs jours, mais, dans un environnement tropical, chaud et humide, ce n’était quand même pas l’idéal. Scott espérait aussi retrouver les membres de X-Force. Avec le rakyat sur l’île, les pouvoirs télépathiques d’Emma étaient brouillés, ce qui l’empêchait de contacter Psylocke. Scott s’aventura donc vers le fond de la grotte, et descendit un chemin escarpé, jusqu’à rejoindre une caverne aquatique. L’eau remplissait une bonne partie de la pièce, et Scott la contourna prudemment, longeant le bord, évitant des stalactites qui pendaient dangereusement depuis le plafond.

En suivant une galerie étroite, Scott, qui dut même aller jusqu’à s’allonger pour passer, rejoignit une caverne plus grande, où il put entendre des éclats de voix. Sortant de la galerie, il atterrit derrière un rocher, et vit plusieurs Rakyats qui patrouillaient. Ils avaient des torches, même si l’éclairage naturel émanant de cristaux phosphorescents permettait de s’y repérer. La grotte était séparée au milieu par un cour d’eau, et Scott vit de multiples stalactites sur le plafond, comme autant de griffes mortelles.

En temps normal, ce genre d’épreuve ne posait aucune difficulté à Emma, qui utilisait de ses pouvoirs psychiques pour duper les sentinelles, mais, là, avec le rakyat, ils allaient devoir opter pour la discrétion. Et, si Scott refusait qu’Emma amplifie ses pouvoirs, elle pouvait toujours entrer dans sa tête.

« Passe par là, Emma, et rentre dans ma tête. Tu pourras me guider si je ne vois pas des éléments à utiliser. En dernier recours, je peux faire tomber les stalactites du plafond, mais ça doit rester un dernier recours… »

Car il ignorait si la voûte de la grotte était solide ou non, et n’avait pas envie que toute la grotte leur tombe dessus. Les Rakyats n’étaient pas nombreux, une demie-douzaine. Scott pouvait les neutraliser, et, au besoin, Emma disposait toujours de sa forme diamantine pour attaquer sur un autre flanc. Elle pourrait ainsi coordonner leurs mouvements, et éviter que l’un des rakyats ne donne l’alarme en réussissant à s’enfuir…

[Emma G. Frost]

La réponse de Scott à son idée laissa une expression dépitée sur le visage d’Emma, et envoya discrètement le sentiment de son cœur se serrant à travers leur lien télépathique, pas vraiment parce que son plan n’était pas faisable, elle ne faisait que penser tout haut, mais à cause de la réponse de Cyclope quant à ses verrous psychiques.

Frost, comme la plupart des télépathes, elle imaginait, était très consciente de ce qui se passait dans la tête de son amant, y passant après tout beaucoup de temps et n’ayant que très peu d’interdits quant à où elle pouvait y aller. Cela ne rendait le « handicap » de Summers que plus évident et donc rageant pour elle, raison pour laquelle elle avait tenu à essayer de l’en débarrasser, au péril même de sa vie, quelques fois – risque qu’elle ne regrettait pas, malgré leur inutilité finale. Bien sûr, son échec dans un domaine où elle se considérait excellente l’avait contrariée, mais de loin pas autant que la constatation que l’homme qu’elle aimait et admirait pour sa détermination et, ultimement, en partie son esprit combattif, s’était résigné à cet échec, et à ne pas pouvoir contrôler ses pouvoirs, un désagrément auquel il s’était habitué mais qui restait, surtout dans leur relation où partager certains plaisirs si évidents aux autres leur était impossibles.

Ces considérations laissèrent cependant rapidement – et logiquement – place à leur situation toujours assez précaire, même si vaguement stabilisée depuis la nuit d’avant. Comme la remarque très vraie à propos d’un possible effondrement de la grotte de Scott l’avait démontré, il était sans doute l’expert de ce genre de situation, plus militaire que basée sur l’intrigue, en faisant donc sa spécialité et non celle de la Reine Blanche, alors elle le suivit sans rien rajouter, plaçant, comme souvent, sa foi en lui.

Ils arrivèrent rapidement à un système de caves qui, dans un autre contexte, auraient été sujet d’admiration, mais dans celui-ci, surtout une fois qu’ils commencèrent à entendre les voix et deviner les torches des Rakyats, n’étaient qu’un environnement hostile à maîtriser s’ils comptaient s’en sortir en vie. L’impotence de la télépathie d’Emma n’aidait pas, même si, au moins en attendant qu’un véritable combat ne commence, elle restait dans sa forme de chair et d’os, qui avait quelques désagréments, mais permettait aussi aux deux X-Men isolés et en cavale de communiquer silencieusement, un atout précieux. Encore une fois, c’était Cyclope qui décidait du plan, sans aucune contestation ou remarque de Frost, un rare privilège.

« Compris. Ses lèvres n’avaient évidemment pas bougé, surtout dans cette grotte où il y avait sans aucun doute de l’écho et relativement peu de bruit ambiant pour couvrir des paroles. Bonne chance. »

Le « mon amour » ou « chéri » qui aurait aisément pu finir cette pensée était implicite dans leur lien psychique où les émotions vives d’une situation de vie et de mort, y compris pour l’autre, fusaient, et ce malgré le calme qu’ils essayaient tous deux de maintenir. Frost fut donc la première à bouger, utilisant la vision monochrome de Scott pour se guider et juger du bon moment sans avoir à lever ses propres yeux du sol glissant et traître de la grotte ; L’exercice n’était pas facile sans entraînement, mais ils en avaient, alors la Reine Blanche rejoint sans trop d’encombre un nouveau rocher-abris, d’où elle pouvait maintenant jouer le rôle qu’avait joué Summers pendant que lui bougeait maintenant.

Ce jeu se répéta quelques fois, tant et si bien que les deux X-Men se retrouvèrent quasiment à l’opposé l’un de l’autre des Rakyats qui progressaient toujours à travers la grotte, l’inspectant et y cherchant les deux fugitifs même si la tâche était difficile et, en l’occurrence, dangereuse. Au fur et à mesure que la distance entre les deux groupes se réduisait, bouger devenait difficile pour les X-Men, le moindre bruit pouvant les trahir si entendu, et, par malheur, Emma en fit un, tapant du pied dans une petite bosse rocheuse en finissant de passer derrière un rocher à la hâte, pressée d'échapper au regard d'un de leurs ennemis qui s'apprêtait à pouvoir la voir.

[Scott Summers]

Partir en mission n’était guère la spécialité d’Emma, qui était plutôt du genre à donner des ordres. Elle était la cérébrale, la femme riche dont l’argent avait permis de financer en grande partie Utopia. Scott soupçonnait en son for intérieur que le fait qu’il ait jadis fait un binôme avec Jean avait dû amener Emma à vouloir davantage partir en mission. Il y a encore quelques mois, il n’aurait jamais pu concevoir qu’elle puisse accepter de le suivre sur cette île. Outre son côté glamour, qui se conciliait fort peu avec ce genre d’environnements, elle avait plutôt tendance à former les élèves à distance, et, en sa qualité de puissante télépathe, formait surtout un solide soutien tactique à distance. Si le Schisme avait dû amener Scott à rabattre ses cartes, il soupçonnait aussi que leur lien mental croissant avait amené Emma à accepter des missions dangereuses avec lui. Face à l’adversité, face à des individus dangereux, des liens uniques au monde se tissaient. Pour s’en convaincre, il suffisait de voir des anciens militaires parlant entre eux, des années après le front. Ils n’étaient pas spécialement amis et n’avaient aucun lien de sang, mais étaient des frères d’armes. L’action, ça vous rapprochait. Frôler la mort, aussi. Et, quelque part, Scott se disait que c’était justement de ce genre d’expériences dont les deux avaient besoin.

Mais, dans cette grotte, ils n’allaient sûrement pas frôler la mort. Les Rakyats les traquaient, mais ne représentèrent pas une très grande menace. Comme toujours, Scott était en la matière l’incontestable dirigeant. Il était un tacticien redoutable, sans doute le plus talentueux des X-Men à ce titre. Beaucoup moins impulsif que Logan, il savait quand se verrouiller, devenir froid et neutre, et penser uniquement en terme stratégique. C’était presque comme une sorte de seconde personnalité en lui, sous bien des aspects effrayante, et qui avait été en partie justifié la scission entre lui et Logan. Mais, dans ce genre de circonstances, Scott savait précisément quand agir. Et son duo avec Emma fit qu’il put compter sur elle, et réciproquement sur elle.

Sans utiliser autant que possible ses pouvoirs, qui étaient peu discrets, il utilisa ses poings. La combinaison abritait normalement des outils permettant de neutraliser les adversaires à l’aide de chocs électriques ou de seringues, mais son séjour dans l’eau avait endommagé ces fonctionnalités. Fort heureusement, il avait été formé aux arts martiaux, et attaqua discrètement un premier Rakyat qui avait entendu le bruit provoqué involontairement par Emma, bondissant dans son dos. Le Rakyat s’effondra au sol en grognant, surprenant un comparse qui se rapprocha depuis une butte… Avant qu’Emma ne l’attaque, suivant un ordre télépathique de Scott. Leur lien se coupa brièvement quand elle revêtit sa forme diamantine, et le neutralisa d’un solide coup à hauteur de la nuque. Scott dissimula ensuite les deux Rakyats, et croisa brièvement le regard d’Emma, qui reprit ensuite sa forme normale.

*[MT] On continue. Ils vont comprendre que nous ne sommes pas enfermés avec eux, mais qu’ils sont enfermés avec nous. [/MT]*

Après l’attentat dans le bus de Westchester, où Scott avait dû enterrer une vingtaine de mutants dans le jardin de l’école, transformé en cimetière, il avait pris la résolution de ne plus jamais être faible face à ses ennemis. Il attaqua ensuite, se déplaçant rapidement. Il fila sous un Rakyat, et l’attrapa à la jambe, le renversant sur le sol. L’homme eut le temps d’hurler avant qu’un genou ne s’écrase sur sa tête. Deux autres guerriers se rapprochèrent, et Scott leur tira dessus, profitant de la vision d’Emma pour savoir où les deux allaient arriver. Il tira en visant un mur, et le rayon rebondit dessus, se divisant en deux. Un tir dans le dos d’un Rakyat, l’autre sur son flanc, les couchant tous les deux.

Dans un hurlement rageur, un autre guerrier bondit alors avec une lance visant sa tête. Scott l’évita en bondissant en arrière, et tira en visant l’ennemi, qui évita l’attaque, et s’élança avec sa lance. Scott esquiva habilement l’attaque, qui lacéra toutefois un peu sa combinaison, et opta pour une attaque directe de ju-jutsu, un art martial qu’il avait appris à l’école, et qui s’appliquait très bien à lui. Art de la souplesse, le ju-jutsu consistait précisément à affronter des adversaires en étant désarmé et en comptant sur l’agilité. Il attrapa donc la lance de la main, et, avec son autre main, frappa le visage de l’ennemi du plat de la main, lui brisant le nez. Le temps pour l’adversaire de réagir, et Scott opta pour une technique plus américaine : un redoutable uppercut. Le coup fit trembler sa main, mais le Rakyat s’étala au sol en gémissant.

Sous sa forme diamantine, Emma fit également des ravages, et Scott vit un ennemi voler sur une dizaine de mètres, se fracassant lourdement au sol. Un dernier guerrier, prenant peur, se mit à s’enfuir. Emma reprit sa forme normale, et aida Scott à viser. Ce dernier tira alors. Un tir en cloche qui rebondit à plusieurs reprises, et frappa la base d’un stalactite. L’objet tomba violemment sur le guerrier, le transperçant violemment. L’homme mourut dans un hurlement d’agonie, suscitant peu d’émotions chez Scott.

*Ces gens ont voulu noyer Emma…*

Scott reporta son attention sur le rakyat qu’il avait neutralisé. Sonné, il était toujours en vie, son nez pissant le sang.

« On va le sevrer de sa drogue, Emma… Puis tu pourras t’infiltrer dans son esprit, et obtenir de lui tout ce dont nous avons besoin pour en savoir davantage sur cette île. »

Les yeux effrayés du guerrier étaient appréciables, dans le sens où cela signifiait que ses défenses mentales seraient faibles. Emma n’aurait aucune difficulté à s’infiltrer en lui, et à obtenir ce qu’elle voudrait. Scott l’assomma, pour éviter qu’il n’attire ses copains.

« Je vais le porter. Je préfère que tu restes sous ta forme normale, pour nous avertir s’il y en a d’autres. »

Sous sa forme diamantine, elle pourrait porter leur prisonnier sans difficulté, mais en se privant de son précieux radar.

Ils sortirent donc des grottes, rejoignant à nouveau la jungle. Un soleil paresseux se levait paisiblement, mais il avait la nette impression que cette île infernale n’avait fait que dévoiler une partie de ses plus terribles occupants…

[Emma G. Frost]

Bien sûr, le risque n’avait jamais été d’être attaqués par le groupe de Rakyats ; Entre leurs deux mutations, les locaux n’avaient aucune chance dans cette bataille. Le véritable problème était la possibilité qu’un s’échappe et appelle le reste de la tribu en renfort ; Non seulement ça égaliserait un peu les deux camps, mais ça compliquerait énormément la suite de la mission.

Par chance, Cyclope vola l’initiative aux Rakyats en attaquant en premier, et son plan transmis à la vitesse de la pensée à sa compagne-équipière, celle-ci se retourna rapidement pour se transformer en diamant et s’occuper d’un deuxième guerrier tribal qui aurait sinon risqué de prendre Scott à revers. Cette première frappe fut si efficace que Summers décida alors de s’occuper du groupe tout entier, ce qui ne fut guère plus difficile, si ce n’est pour le dernier ennemi qui, menaçant de s’échapper, fut indirectement tué par Cyclope.

Cela troubla cependant Frost. Pas l’acte en lui-même ; Emma n’avait pas toujours eu un cœur de pierre, et son enfance était secret bien gardé en partie pour cette raison, mais il y avait bien longtemps que ce genre de choses avait cessé de la choquer – en vérité, elle était probablement la X-Men la plus radicale en ce sens. Non, c’était que ce soit Scott qui l’ait commis qui la dérangeait. Pour le moment, cependant, elle n’en dit rien, et empêcha même ce détail de transparaître dans leur lien psychique, réalisant que leur survie était la priorité, et lorsque Summers proposa de prendre un prisonnier, cela servit de distraction en plus de plan.

Sortis de la caverne, ils s’en éloignèrent un peu, au moins assez pour ne pas être découverts trop facilement par quelqu’un qui voudrait s’y engouffrer, puis attachèrent le Rakyat avec quelques branchages pour qu’il ne puisse tenter de s’échapper – en tout cas autrement qu’en rampant. Ne restait alors plus qu’à attendre qu’il soit sevré, raison pour laquelle Frost garda une part de son esprit occupée à l’assaillir, juste assez pour pouvoir sentir le moment où il deviendrait assez vulnérable pour être « interrogé ».

Pendant ce temps, Emma se rapprocha de Scott qui montait déjà la garde, dos à son amante ; Elle glissa doucement une main contre l’endroit où sa combinaison avait été déchirée et sa peau égratignée.

« Ça va, Scott..? Même si elle ne parlait pas télépathiquement, elle parlait tout de même à voix basse, pour ne pas être entendue trop loin, et pour garder un air d’intimité. Tu...voudrais en parler, de ce qu’il s’est passé – dans la grotte ? »

L’amour que les deux X-Men partageaient était rarement compris de par l’opposition assez marquée de ses deux moitiés ; Emma était faite de mesures et d’actes radicaux, sans parler de son passé, alors que Scott avait toujours eu une image de Boy Scout. Pourtant, de leurs points de vue respectifs, ces différences étaient au cœur de leur couple, Frost appréciant la beauté d’un cœur et d’un esprit si purs d’autant plus qu’elle en connaissait les défis, et Summers savourant la liberté qu’être avec quelqu’un qui comprenait la valeur du compromis, et lui permettait de changer, l’encourageait même à le faire.

Mais elle ne l’avait pas tout à fait reconnu, ce jour là, lorsqu’il tua un Rakyat de manière certes imposée par les circonstances, mais sans remords, sans en douter, et s’en justifiant même, elle l’avait ressenti, par ce que sa tribu lui avait fait à elle. Emma connaissait l’homme qu’elle aimait, mieux que quiconque, elle aimait penser, et cela l’alarmait.

« Je sais que je n’ai pas vraiment brillé, depuis notre arrivée ici, et que notre situation est loin d’être idéale, mais...c’est bon, c’est passé. Elle n’osa pas l’enlacer, la situation ne s’y prêtant pas vraiment, sans parler de leur prisonnier qui ruinait l’intimité du moment, mais elle se rapprocha un peu. On peut reprendre nos esprits – reprendre à zéro, on n’est plus en état de siège, d’ici peu on aura même une bonne idée de ce qui se passe, ici. La télépathe fit doucement glisser sa main depuis la presque-blessure de Summers jusqu'à son épaule, la massant doucement en l'ouvrant et la fermant régulièrement. Hm, amour ? »

[Scott Summers]

Scott traîna le rakyat contre un arbre, et l’attacha ensuite avec les moyens du bord. Il le bâillonna ensuite, puis se releva. Le soleil tapait fort ici, et, même de si bon matin, la chaleur était assez élevée par rapport à la baie de San Fransisco. Ils avaient désormais à attendre que leur otage se réveille, et qu’Emma puisse rentrer dans sa tête. Ceci étant dit, Emma l’interpella en souhaitant discuter de ce qui s’était passé dans la grotte. Scott la regarda brièvement, un peu surpris. De quoi voulait-elle parler ? Il pensa au fait qu’elle ait failli être repérée au début, surtout quand elle indiqua n’avoir pas été particulièrement brillante depuis leur arrivée sur cette île.

« Emma… »

Se moquant bien du prisonnier toujours endormi, Scott enlaça son amante, celle qu’il considérait comme sa femme.

« Je n’ai rien à te reprocher, Emma. Cette île est dangereuse, plus que je ne le pensais, et on ne peut pas se fier sur les informations du SHIELD, qui sont datées. »

Scott s’écarta un peu, tenant Emma par la main, et ils rejoignirent une petite plage, située à proximité. Pour l’heure, ils n’avaient fait que longer un bout de côte, que ce soit sur ou sous la surface. L’eau venait par de grands rouleaux, de solides vagues qui filaient sur le sable, mais, quand elle se retirait, on pouvait commencer à voir des récifs escarpés. Se baigner ici n’était pas recommandé, mais le vent frais lui fit du bien.

Pour Scott, la mort de ce guerrier rakyat lui était totalement indifférente Elle avait été une nécessité. Ils étaient ici en territoire hostile, et, qu’on le veuille ou non, nécessité faisait loi.

« Je ne suis pas télépathe, mais je sais ce qui te travaille, Emma. Tu penses à cet homme que j’ai tué. Il est vrai que tu n’es pas habituée aux missions de terrain de ce type. Il faut agir vite, et prendre les bonnes décisions. Si ce rakyat était sorti, il aurait alerté le reste du village, compromettant notre mission, et notre sécurité dans la foulée. Ces gens étaient prêts à te noyer vivante, Emma. J’aurai idéalement aimé l’épargner, mais je n’avais pas le choix. Vu ma position, ce tir était la seule chose que je pouvais faire, et tu étais également trop éloignée pour le rattraper à temps. »

C’était un choix purement logique, presque cartésien. Scott haussa les épaules, et serra à nouveau sa femme entre ses bras. L’eau continuait à faire des allers-et-retours, dévoilant progressivement autre chose que des récifs…

« Mais j’ai eu le temps d’y réfléchir cette nuit. Nous avions commencé, à un moment, à… À tenter de me guérir, pour que je contrôle mieux mon pouvoir. Je pense que… »

Il se tut brusquement en tournant la tête, et, sous sa visière, écarquilla les yeux. Impossible de voir sa surprise, mais Emma put la sentir.

Tandis que l’eau descendait, des trous apparaissaient. Plusieurs séries de trous irréguliers dont plusieurs abritaient des têtes cadavériques. Scott se rapprocha alors, les pieds trempant dans l’eau, et grommela doucement.

« Des prisonniers… Enterrés ici, et noyés vivants. »

Un sort terrible, cruel. Il reconnut visiblement des Rakyats à leur teint bronzé, ainsi que des Privateers, à leur teint plus caucasien ou à leur peau noire. Scott n’avait pas besoin de savoir ce qui s’était passé. Les éléments les plus marginaux ou les plus retors avaient été tués selon d’infâmes rituels. Sur une tête, Scott reconnut même des traces de morsure d’araignées, multiples, ayant boursouflé les joues, les lèvres, et, de manière générale, le visage du cadavre.

Silencieusement, Scott se releva, poings serrés, visualisant Emma à la place de ces malheureux. Sans doute aurait-ce été son destin… Une colère froide commençait à bouillonner en lui, et il s’efforça à se calmer.

« Ce sont des sauvages… Je crains fort que cette île sinistre n’ait pas encore révélé tous ses secrets, Emma. Et, si jamais ce rakyat venait à sortir de cette île, il représenterait une grave menace pour notre espèce. »

Plus Scott passait de temps ici, et plus ce qu’il voyait le révulsait profondément, renforçant du coup son besoin d’être avec Emma…

[Emma G. Frost]

Entendre que Cyclope ne lui en voulait pas aidait un peu à réparer l’égo d’Emma, mais ça n’était pas vraiment là où elle voulait en venir, même si elle avait fait un détour par sa contre-performance pour essayer d’amener Summers à se détendre un peu. Et, quelle qu’en soit la raison, il l’avait fait, prenant même le temps, pendant cette mission périlleuse, pour enlacer et se balader un peu avec sa compagne, ce qui rendait plus facile sa confession, leurs mains toutes deux gantées mais entremêlées avec tout autant de tendresse.

« Je sais, Scott, ce n’est pas ce que tu as fait que je critique... Dans sa position, elle aurait probablement fait pareil, sans moins d’hésitation, même ; Frost n’était peut-être pas aussi habituée aux missions que son amant, mais même en dehors du « terrain », elle n’avait jamais fait montre de pitié envers les ennemis des X-Men. Je sais tout ce que tu sacrifies pour Utopia, et la Mutanté en général... Elle ne s’étendit pas sur une liste : Nathan, Kurt, X-Force, les enfants qui s’étaient battus pour sauver l’île... et je comprends que ça inclue de prendre des décisions difficiles, voire que beaucoup ne comprennent pas... Emma resserra un peu plus la main de Scott, et sa participation à leur lien télépathique se fit un peu plus forte, pour lui démontrer sa présence et son honnêteté. J’ai juste peur  que tu essaies de te convaincre que c’est qui tu es... »

La télépathe amena sa main libre sur la joue de son amant, souriante, et l’embrassa brièvement, espérant avoir été comprise dans sa crainte que Cyclope essayait de s’enfermer dans son rôle de chef froid et calculateur pour ne pas avoir à faire face à la réalité, qui était que leur position était effectivement trop précaire pour faire dans le sentiment, mais que ces sentiments méritaient toujours d’exister, et surtout, qu’elle était prête à l’aider à leur faire face, à sauvegarder cette part de son humanité qui était pourtant si peu pratique.

Summers faillit ensuite aborder le sujet de ses pouvoirs, ce qui fit naître un espoir dans l’esprit d’Emma, espoir seulement très bref car immédiatement interrompu par une découverte sinistre, d’autant plus qu’il était relativement évident que c’était le sort que les Rakyats avaient tenté de lui réserver – ignorant sans doute qu’elle ne pouvait se noyer sous sa forme de diamant. La Reine Blanche avait côtoyé la mort depuis bien longtemps, mais elle devait avouer que tout cela restait particulièrement sordide, lui faisant même détourner le regard, pas forcément de dégoût, mais surtout d’une envie irrésistible d’en avoir fini avec cette île.

Envie partagée par Scott, qu’elle sentait bouillonner, et des mille-et-une choses qu’elle pouvait utiliser pour changer de sujet, elle dut choisir ; Elle avait considéré un instant reparler du contrôle de son pouvoir, mais entre son état actuel absolument pas propice à la discipline psychique, et le fait qu’elle préférait que ça vienne explicitement de lui, elle décida autrement.

« Alors dépêchons nous – je pense que le Rakyat est assez vulnérable pour  que je m’introduise dans son esprit, mais ça ne va pas être facile. Elle aurait préféré attendre un peu plus, pour que la tâche ne soit pas ardue et donc coûteuse en effort, mais la possibilité n’était visiblement pas au programme. Et j’aurai besoin de toi. Pendant la marche pour retourner auprès du prisonnier, la télépathe précisa son plan. La drogue rend son esprit peu perméable, mais je pense que je peux passer, maintenant – seulement, pas avec assez de ma puissance pour juste enfoncer la porte. Il va donc falloir faire en finesse, ce qui est, bien entendu, ma spécialité, mais si tu pouvais lui occuper l’esprit, le distraire, voire l’agacer, ça rendrait les choses beaucoup plus simple. Que cela valait aussi pour l’âme agitée de Scott n’était qu’un bonus. Si tu pouvais en plus essayer de le faire penser à ce qu’on veut savoir, ça serait d’autant mieux, ça m’évitera de devoir chercher dans les recoins en amenant tout ça dans la partie consciente de sa psyché. »

Ceci précisé, Emma s’assit en tailleur devant le Rakyat qui ne semblait pas tout à fait comprendre ce qui allait arriver, mais pas tranquille non plus à l’idée que la « sorcière aux cheveux d’or » ne médite pour il ne savait quelle raison devant lui. Fermant les yeux et neutralisant tous ses sens, pour l’aider à se concentrer, à l’exception de sa télépathie pour des raisons évidentes mais aussi pour garder un moyen de communication avec Cyclope, elle commença son assaut. Comme elle l’avait prédit, toute sa force psychique suffisait à peine à percer ce qu’elle percevait comme un épais nuage de brume entourant l’esprit du Rakyat, du fait de la drogue, mais si ça n’était pas assez pour briser ses barrières cérébrales par simple brutalité mentale, ça l’était pour les attendre et, avec du talent, un peu de chance, et l’aide de Scott, s’immiscer à travers.

[Scott Summers]

Scott était-il en train de changer ? Ce n’est pas l’impression qu’il avait, mais les angoisses d’Emma lui rappelaient ce que Logan lui avait dit, lorsqu’ils s’étaient séparés. Des bribes de conversation lui revinrent d’ailleurs en mémoire tandis qu’il examinait les têtes pâles des hommes massacrées et noyées vivants :

« Tu es trop jeune, Scott.
-  Trop jeune ?
-  Tu crois que je ne sais pas ce que tu penses… Mais des boy-scouts comme toi, j’en ai vu plein. J’ai fait la guerre, tu te rappelles ? J’ai servi dans la Brigade du Diable, et les types comme toi, j’en ai vu plein… Ils se disent intouchables, se masquent derrière leur froideur et leur prétendu contrôle, mais sont juste en train de craquer.
-  Remettrais-tu en doute mes capacités à diriger ?
-  Je remets même en cause ta capacité à te raser ! Tu déconnes sec, Scott ! Envoyer des gosses en mission…
-  Nous n’avons aucune autre alternative, Logan.
-  Tu as besoin d’aide, Scott… Les gars comme toi, vous êtes des ballons de baudruche, vous renfermez tout en-dedans, jusqu’à ce que le ballon pète. Je te le dis en toute franchise, slim… Tu vas péter les plombs. »

Il secoua brièvement la tête en revenant à lui. Emma avait dû sentir son émoi, mais qu’elle allait lier à la vue de ces corps massacrés. Scott revint à des considérations plus actuelles. Leur prisonnier était en train de se réveiller, mais Emma allait avoir besoin de lui, elle allait avoir besoin que Scott l’oriente, qu’il amène l’esprit du prisonnier à se concentrer pour mieux percer le blocage du rakyat. Scott acquiesça silencieusement en hochant la tête.

« Tu peux compter sur moi. »

Le duo rejoignit donc le prisonnier, qui se mit à leur parler en rakyat. Scott l’observa silencieusement, et laissa Emma se positionner. Le prisonnier la regarda ensuite, mais Scott mit un genou à terre à côté de lui, et attrapa son menton d’une main. Sa visière rougeoya alors, et il tira une légère décharge sur l’arbre, juste à côté de la joue de l’homme. Les yeux du prisonnier s’écarquillèrent sous la peau, et Scott sut qu’il avait désormais pleinement son attention.

« Rakyat… Dans la grotte… Qu’est-ce que c’est ?! »

En prononçant le mot « rakyat », Scott déclencha chez l’homme un souvenir qu’Emma put percevoir…

…Une fête endiablée, embrumée, la nuit, où des flammes s’élevaient joyeusement dans le ciel, sur une sorte de grand parvis antique, dans une sorte de grand temple…

…Des couloirs sombres à l’intérieur du temple, des fresques s’illuminant sur les côtés, représentant des animaux…

…Lui allongé, nu, tandis que la Grande Prêtresse tenait dans la paume de sa main une étincelante fleur aux pétales blanches, qui répandit dans ses narines un pollen hallucinogène…

Cette première vision se termina ensuite. Le guerrier éternua, secouant la tête, et parla à Emma. Scott attrapa à nouveau son menton, non sans brièvement regarder Emma. Jamais il n’aurait osé remettre en cause ses talents de télépathe, mais il pouvait commencer à voir des gouttes de sueur perler sur son front. Scott prit néanmoins le risque de continuer l’opération.

« Privateers… Hoyt Volker… Les camps, les tours ! »

Là encore, les mots-clefs amenèrent instinctivement le prisonnier à se souvenir de pensées effrayantes…

…Des explosions, des affrontements furieux où il voyait ses frères d’armes tomber, fauchés par les armes de métal des envahisseurs. Il s’abritait derrière un tronc d’arbre, et se redressait, décochant ses flèches sur le bateau infernal remontant la rivière, cherchant à atteindre les démons qui faisaient cracher la tonnerre…

…Lui sur une colline, face à Ihuatualpa, son mentor. Ihuatualpa lui ordonna de le regarder dans les yeux, et désigna la scène en contrebas. Les envahisseurs étaient là, dans un village. Ils avaient tué plusieurs personnes, et parlaient d’une voix forte en désignant leurs prisonniers. Ihuatualpa sortit ensuite de sa sacoche la Graine Divine, et ses pétales emportèrent le guerrier, qui hurla rageusement, puis se déplaça. Le temps se dilata autour de lui, et les Rakyats hurlèrent à leur tour, faisant pleuvoir une série de lances, tandis qu’il sauta en contrebas. Il atterrit sur le toit d’une tour de guet, puis sauta encore, sur un toit, se rapprochant d’un pick-up. Il savait qu’il devait faire attention à la machine infernale située dessus. Un envahisseur pivota vers lui, mais il fut plus rapide. Sortant sa hache en silex de sa ceinture, il bondit sur lui, et la planta dans sa gorge. Le sang afflua autour de lui comme des rivières de perles et de rubis, le feu bouillonnant tout autour de lui…

…Puis il était dans une fosse. On venait de le jeter dedans, et il vit face à lui Ihuatualpa. Un homme parlait à voix forte au-dessus. Le Rakyat ! Le Gardien ! Il jeta entre eux une machette, et les deux savaient ce qu’ils devaient faire. Ils avaient conspiré contre le Gardien, et devaient désormais prouver leur fidélité au Gardien. Il hésita un peu, puis Ihuatualpa attrapa la machette le premier, et donna le premier coup, ce à quoi l’homme réagit. La machette lacéra son torse, le jetant au sol, mais il attrapa un caillou, et frappa le visage de son mentor avec. Sous l’effet du rakyat, il avait l’impression que le caillou flamboyait, tandis qu’Ihuatualpa prenait des allures de monstre antique, ces démons grimaçants aux yeux rouges dont on lui avait appris à se méfier. Alors, il se mit à frapper, à frapper, et à frapper encore, sous les rires ravis du Gardien…

Le guerrier se mit alors à vomir, éclaboussant son torse. Il tremblait nerveusement, et releva la tête, fixant les deux mutants. Scott se retourna vers Emma, et vint la serrer dans ses bras.

« Emma ? »

Le rakyat était une drogue redoutable, mais, même malgré cette drogue, elle avait pu sentir une terreur forte croître dans le corps de leur prisonnier lorsqu’il s’état rappelé du Gardien de l’Île, cette figure mystérieuse qui avait ordonné à l’homme de tuer son propre frère en les jetant dans une fosse remplie de rakyats. Scott ne pensait pas qu’ils obtiendraient encore grand-chose de leur prisonnier, qui était à nouveau tombé dans le coma.

« Ce temple que tu as vu… Je pense que ce doit être le centre de leur île. »

En tout cas, une guerre violente avait bel et bien eu lieu entre les locaux et les Privateers, mais une paix avait fini par être conclue. Était-ce sous l’effet de ce mystérieux Gardien ? S’agissait-il de Volker ? Scott ne le pensait pas, car, vu comment leur prisonnier pensait à lui, il ressemblait plutôt à un autochtone.

« Les agents de X-Force doivent sans doute se trouver du côté de ce temple… Je crois qu’il est temps d’explorer un peu cette île. »

Quant au prisonnier… Scott hésita un peu.

« As-tu encore assez de force en toi pour altérer ses souvenirs ? Je vais le libérer… J’aimerai qu’il croie avoir pu s’enfuir de lui-même en nous ayant entendu dire que nous resterions le long de la côte, de manière à éviter que nos poursuivants nous pourchassent dans la forêt… »

Ce genre de passe-passe était normalement facile à faire pour Emma, puisqu’il s’agissait de modifier des souvenirs très récents, donc accessibles, mais, avec le rakyat… D’un autre côté, leur otage venait de vomir, alors Scott croisait les doigts pour espérer qu’il ait expulsé un peu de ce redoutable hallucinogène…

[Emma G. Frost]

Durant la séance d’interrogation télépathique, Emma sua, pas véritablement à cause d’une quelconque épreuve physique – ses seuls mouvements étaient des contractions rapides de ses paupières et son front – mais plutôt à cause de la demande intense en concentration doublée des émotions liées au souvenirs du prisonnier. Il était si difficile de pénétrer la barrière épaisse créée par la drogue que chaque effort, chaque poussée dans la psyché du Rakyat devait être pesée, et se séparer complètement des émotions contenues dans ses souvenirs semblait contre-productif à la Reine Blanche.

La décision n’était pas sans ses conséquences, elle s’en rendit rapidement compte lorsqu’elle vécut une scène de guerre et une autre qui semblait relever plus de la torture que du rituel, d’une manière bien plus vivide qu’elle ne l’aurait souhaité, mais la décision permit à la télépathe de suivre le flot de pensée du guerrier jusqu’à ce que lui-même n’en puisse plus. Frost, elle, eut la chance de revenir à elle-même dans les bras de Scott qui avait sans doute été alerté par son état physique, et malgré qu’il lui fallut quelques secondes pour émerger de sa transe, son état sans doute peu aidé par le manque de nourriture et son passage dans les « geôles » Rakyats, elle raconta presque immédiatement tout ce qu’elle avait vu, de peur d’oublier les détails, comme ceux d’un rêve.

La conclusion était presque évidente quant à la suite des évènements : Il fallait se rendre à ce temple. Mais ce qui était moins certain était le sort de leur prisonnier, que les X-Men ne pouvaient ni garder avec eux, ni simplement laisser en vie capable d’informer ses comparses de ce que les mutants savaient maintenant. La proposition de Cyclope n’était pas mauvaise, mais pas facile à réaliser non plus, faisant hésiter Frost qui ne se sentait déjà pas dans le meilleur des états suite à l’interrogation. Ce qui fit finalement pencher la balance, cependant, fut ce qu’elle avait dit, qu’elle était prête à l’aider à porter le fardeau qui était le sien : Si à la première occasion elle préférait mettre un coût à la bonne décision d’épargner leur ennemi plutôt que faire un effort, alors elle avait menti sur tous les points, et été une terrible compagne. Elle avala pour ne pas balbutier dans ce qu’elle allait dire, entre le manque d’eau et la fatigue.

« Je pense – je vais lui faire croire qu’on cherche à se faire voir des autorités et nos alliés depuis la côte, ça devrait aider à vendre le mensonge, en plus de leur faire croire qu’on a abandonné, ça devrait calmer les recherches. Emma regarda le Rakyat qui n’était pas non plus dans le meilleur des états, espérant qu’il avait plus perdu en résistance psychique qu’elle en force mentale. Et rappelle moi de t’apprendre leur langue, il me reste quelques bribes de ma première rencontre avec eux. »

À y repenser, ne pas l’avoir fait plus tôt avait été un oubli. La Reine Blanche se rapprocha alors à nouveau de leur prisonnier et commença à altérer ses souvenirs, créant un scénario relativement simple d’évasion à la place de leur séance d’interrogation. La tâche était tout sauf facile, et à nouveau Frost sembla affectée par l’effort, encore plus que précédemment, mais avant qu’elle n’en puisse plus, elle en eut fini, même si la marge de réussite était si fine qu’elle faillit tomber sur son flanc en revenant à elle, se rattrapant de justesse du bout des doigts, la respiration haletante.

« C’est bon, tu... Cette fois, elle n’arriva pas à finir sa phrase sans s’arrêter pour avaler et respirer ...tu vas pouvoir le libérer... Consciente de son état, cependant, Emma ne se releva pas immédiatement, et admit les désavantages de sa décision. Mais donne moi une pause – pas longtemps, juste quelques minutes... »

À compter de l’« évasion » du prisonnier, l’endroit où ils étaient serait en sursis, puisque les Rakyats y viendraient évidemment en premier, alors il valait mieux être prêts à en partir rapidement. Se plaçant à l’ombre pour se reposer seulement quelques minutes, comme promis, adossée à un arbre, Frost enleva ses gants et son gorget, et profita même de l’avant fendu de son haut pour l’entrouvrir, permettant à son buste de respirer un peu, ce à quoi le cuir n’était pas du tout adapté. Elle comptait remettre tout ça plus tard – sauf le gorget – consciente que la jungle n’était en général pas gracieuse envers l’idée d’avoir beaucoup de peau exposée et que les gants, surtout, étaient bien plus que des accessoires de mode lors d’une telle mission, mais dans son état actuel, elle préférait la possibilité de se débarrasser de l’épaisse couche de sueur qui la recouvrait. Pour aider à passer le temps, et au moral, elle décida de faire la conversation.

« Je préférais les Terres Sauvages... »

Entre leur départ de Westchester et leur arrivée à San Francisco, le couple avait passé quelques temps dans cette étendue de jungle au beau milieu de l’antarctique ; Pas nécessairement les plus reposantes des vacances, mais Emma en gardait un relativement bon souvenir, auquel se rappelait cette île, surtout le climat.

[Scott Summers]

Emma était prête à réaliser ce tour de force, mais elle avait besoin de temps pour se concentrer. N’étant pas pressé, Scott acquiesça, et surveilla brièvement les horizons. Rien de particulier à signaler. Ne voyant rien d’autre à faire pour aider Emma, Scott resta près d’elle, et vit clairement l’effort se matérialiser sur son visage. Il resta à côté d’elle, sans trop savoir quoi faire. Dans ce genre de moments, Scott était tout simplement impuissant, et choisit donc de conserver le silence. Il avait appris ça avec Jean. Quand elle se concentrait et faisait usage de ses pouvoirs psychiques, vouloir l’aider ne faisait que la gêner, en provoquant une distraction qui perturbait sa concentration. Scott la vit suer de plus en plus, et crut même qu’elle allait défaillir, mais Emma finit par rouvrir les yeux, et lui indiqua que c’était terminé. Le souffle coupé, elle respirait fortement, et parla difficilement. Scott acquiesça, et posa ses mains sur ses épaules.

« Très bien, Emma… Merci, ma chérie. »

Scott n’avait jamais été le plus expressif des hommes, et cela ne venait pas que du fait qu’on ne puisse pas voir ses yeux. C’était dans sa nature, tout simplement, le fruit d’une enfance très compliquée, et de son pouvoir dévastateur. Scott devait toujours se méfier, et il avait grandi comme ça, en se méfiant d’abord de lui-même, et de sa capacité à faire sauter tout un quartier juste en clignant des yeux. Il attendit donc un peu, et, quand Emma lui fit signe, détacha le guerrier ennemi, puis le traîna ailleurs. Il fallait que le guerrier se réveille en s’expliquant de manière cohérente le fait qu’il se soit endormi. Scott s’éloigna donc un peu d’Emma, jusqu’à trouver une sorte de petite crevasse, et le fit tomber en contrebas. L’adversaire croirait avoir glissé en fuyant, et avoir ainsi échappé à ses ravisseurs. Ce n’était pas idéal, mais, compte tenu des circonstances, c’était le mieux qu’il puisse faire.

Le mutant rejoignit ensuite Emma. Quand il revint, elle s’était mise à l’ombre, ôtant ses gants, et avait ôté son gorget, tout en abaissant un peu la fermeture de sa combinaison, libérant ainsi l’accès à ses seins. Scott nota cela brièvement, et s’assit à côté d’elle, regardant ailleurs. Emma commença ensuite la conversation, et Scott sourit alors doucement, puis tourna sa tête vers elle.

« …Parce que j’étais torse nu, c’est ça ? »

Dans les Terres Sauvages, il faisait aussi chaud. Les X-Men s’y étaient souvent rendus, notamment pour combattre Sauron ou Magneto, lorsque celui-ci avait construit une base secrète dans cette région chaude. Située dans les profondeurs des régions polaires, il s’agissait d’un écosystème artificiel, une jungle sauvage habitée par des dinosaures. Cette zone non-naturelle contrastait fortement avec la région polaire, et, lorsque Scott s’y était rendu en mission avec Emma, il avait pris un bain torse nu dans une rivière.

« Tu as chaud, Emma. Plus nous nous enfoncerons dans la jungle, et plus tu auras chaud. Et, vu l’état de ce guerrier, il ne se réveillera pas avant plusieurs heures. Donc… »

Scott se releva alors, et tendit sa main vers Emma. Il s’avança ensuite, et s’éloigna rapidement. Au bout de quelques minutes en marchant dans la jungle, ils ne tardèrent pas à trouver une cascade. Elle était en surplomb, et un petit lac se trouvait en contrebas, source d’une rivière se jetant dans la mer. Scott relâcha alors la main d’Emma.

« Ici, nous sommes à l’abri… » assura-t-il.

En réalité, il n’en savait rien, mais la zone semblait assez éloignée du village. Il n’avait vu aucune branche d’arme cassée, aucun sentier, ni rien qui puisse indiquer une activité humaine à proximité. Seul le roucoulement des oiseaux venait perturber la quiétude de la forêt. Scott commença alors à retirer sa combinaison. N’ayant pas de maillot de bain, il se déshabilla intégralement, et plongea ensuite dans l’eau, ne conservant que sa visière.

Scott remonta ensuite. L’eau n’était pas très profonde, et lui arrivait à hauteur du torse.

« Il n’y a pas de piranhas, tu peux venir ! » glissa-t-il à l’attention de sa compagne.

[Emma G. Frost]

N’ayant trouvé l’énergie que de très légèrement s’appuyer sur Scott, simplement de l’épaule, à la fois pour garder son visage dont elle avait l’impression qu’il cuisait le plus aéré possible et aussi pour ne pas trop le déranger, Emma pouffa discrètement de rire en entendant sa réponse à ses réminiscences, la tête baissée pour étouffer quoi que ce soit de bien plus bruyant, mais un sourire trahissait son amusement.

« Je ne sais pas si c’est la première chose à laquelle j’aurais pensé, mais... Elle marqua une pause puis reprit d’un ton sec et des plus sérieux, bien évidemment par humour ...Top 5. Au moins. Elle releva son visage, se remémorant maintenant un peu mieux leur séjour dans les Terres Sauvages, et certaine parties en particulier qu’elle ne put s’empêcher de souligner maintenant que Cyclope avait commencé. Et mon bikini ? »

Cependant, cette conversation, et surtout la proximité qu’elle avait amené, fit vite remarquer à Scott à quel point Frost avait été éprouvée, et qu’une petite pause comme elle avait demandé ne résoudrait pas tous ses problèmes, au mieux ne faisant que cacher le coût qu’avait eu la manœuvre télépathique pour Emma, malgré le fait qu’elle essayait de le diminuer, fière et déjà blessée dans cet aspect de sa personne. Il n’avait pas non plus tort en soulignant que ça ne s’arrangerait pas, et alors il décida de faire un détour dans cette mission par une cascade idyllique – même la Reine Blanche et son cynisme usuel devaient le reconnaître.

« Tu es sûr qu’on devrait..? »

Frost était hésitante, malgré son envie de se rafraichir, mais le plongeon sans hésitation, ni quant aux Rakyats, ni quant à la profondeur, de Summers ainsi que son insistance implicite qu’elle en profite finirent par la convaincre. Se défaisant elle aussi de ses habits – dont la plupart était simplement dans sa main, pas remis depuis qu’elle les avait enlevés – elle sauta elle aussi nue du rebord, se transformant en diamant en l’air pour pouvoir atterrir à bras, les bras écartés, pour copieusement éclabousser Cyclope.

Sortant de sa forme de gemme pour, d’abord, pouvoir pleinement profiter du moment, mais aussi remonter à la surface, se relever, et passer ses bras autour du coup de son amant, elle lui sourit comme remerciement pour ce détour.

« D’accord, d’accord – je préférais les Terres Sauvages un peu. Une hyperbole, bien entendu, puisque pour l’instant Rook Island avait surtout consisté d’un kidnapping, mais il fallait avoué qu’elle avait ses bons points. Pour y rajouter, Emma poussa un peu sur ses pieds pour se hisser au niveau de Scott et venir l’embrasser, pressant les peaux mouillées de leurs bustes respectifs l’une contre l’autre. Et ton torse est toujours un des atouts principaux. »

La peau étincelante et les cheveux mouillés d’une eau cristalline au lieu de sueur, la mutante profitait simplement de ce moment de répit, bien évidemment pas sans une tranquillité d’esprit totale, mais dire que cela arrivait à gâcher le moment aurait été mentir.

[Scott Summers]

La cascade donnait sur une sorte de petit trou planté dans la roche. Ici, ils étaient à l’abri, et, si jamais des Rakyats se rapprochaient, il suffisait de s’abriter derrière les angles. Scott sauta le premier, et remonta sans problème à la surface. Emma emprunta sa forme diamantine pour un plongeon magnifique, les rayons du soleil se réfléchissant sur son corps en diamant, la rendant… Tout simplement éblouissante. Elle atterrit ensuite dans l’eau, et remonta à la surface. Scott avait nagé sur le côté, rejoignant une partie de l’eau où ils avaient pied. Emma le rejoignit en reprenant sa forme normale. Elle s’exhibait avec toute la beauté de son corps, et Scott soupira, sentant une vieille et agréable tension remonter entre ses jambes. Le moment n’était clairement pas indiqué, pas après ce qu’ils avaient fait, et ce qu’ils allaient faire ensuite… Mais certaines choses ne se commandaient pas !

Quand Emma remonta et se lova contre lui, il l’embrassa joyeusement, sentant la pointe de ses seins contre son torse, et frémit doucement. Il sourit doucement concernant le commentaire sur son torse.

« Tout à fait entre nous, le tien n’est pas trop mal non plus. »

Scott l’embrassa encore, et se pressa un peu contre elle. Le dos d’Emma se rapprocha de la paroi, mais celle-ci n’était pas très agréable. Elle était rocailleuse et pointue, peu adaptée pour une peau humaine. Certes, ils auraient aussi pu prendre un bain tranquillement, mais cette idée s’éloignait de plus en plus de l’esprit de Scott. Pouvait-on vraiment le blâmer d’être amoureux ? Il sentait de plus le même engouement chez Emma… Peut-être se trompait-il, mais il ne le pensait pas vraiment. Mine de rien, il commençait à bien le connaître. Le baiser qu’il fit fut donc plus vorace, et il mordilla sa lèvre inférieure, fourrant ensuite sa langue dans sa bouche. Scott se serra contre elle, appuyant sur ses cheveux.

Il rompit ensuite le baiser, et apposa son front contre le sien.

« Si on veut continuer, je crois que tu devrais mettre ta forme diamantine, elle protègera mieux ton dos… Mais je m’en voudrais de t’en forcer… Enfin, un peu. »

Scott esquissa à nouveau un sourire, si proche du corps de sa dulcinée. Est-ce que ça lui ferait du bien ? Après tout, elle n’était pas fatiguée physiquement, mais psychiquement.

*Peut-être suis-je en train de faire un acte médical…* songea-t-il brièvement.

Ou alors, il se cherchait peut-être juste une excuse pour faire à Emma ce qu’il envisageait de lui faire…