The Multiversity

[Emma G. Frost]

Mise à califourchon par Scott sur celui-ci, Emmeline mordit presque par instinct, passant ses bras sous ceux de son Roi pour l’empêcher de se débattre ou fuir – ce qu’il ne voulait évidemment pas, mais la Reine avait trop soif pour arriver à réfléchir correctement. Elle sentit à peine ses griffes percer sa peau, et doucement, ses blessures commencèrent à devenir moins sévères, le sang affluant étant une panacée pour les vampires. Elle fut cependant interrompue par des toques timides sur la porte, ceux d’un servant :

« Vos Majestés, Monsieur Starrick vient d’arriver, il souhaite vous parler, ça semble urgent... »

Tournant immédiatement la tête, Frost laissa un moment le sang volé à Summers tomber de ses lèvres puis son menton, réfléchissant à la situation avec ses facultés qui lui revenaient maintenant qu’elle s’était nourrie. Rapidement, les monarques se lavèrent sommairement puis s’habillèrent pour recevoir l’émissaire de Dracula ; Saignant encore au gré de ses mouvements, Emmeline dut se bander sous sa robe pour éviter de la tacher sous les yeux de Starrick qui n’était pas non plus tout à fait présentable, trempé par l’orage qui régnait dehors, et qui commença à leur parler aussitôt ils arrivèrent au rez-de-chaussée – avant, même.

« Ha, « Vos Majestés »...J’ai entendu parler de l’attaque sur votre calèche, et évidemment, j’ai accouru ! »

Comme toujours, le sbire vampirique respirait la sournoiserie, et il était évident qu’il n’était pas réellement inquiet pour le couple royal ; Justement, il s’approcha d’eux, et commença à gravir les escaliers sur lesquels ils étaient encore, n’ayant pas grand chose à faire du protocole, ni même véritablement du respect dû à deux des plus importants vampires en Europe, sachant pertinemment que les faveurs de Dracula étaient les seules qui comptaient.

« Je me demandais comment le Wolverine avait pu échapper à vous deux mutants et vos pouvoirs, mais... Il sourit d’une manière perverse ...je vois que la Reine vous garde occupé, « le nouveau »... Il ricana, ayant senti les blessures encore ouvertes d’Emmeline, même s’il ne coulait plus une rivière de sang de celles-ci. Je dois avouer que c'est une tentation qu'on peut comprendre – mais le Maître sera lui peut-être moins enclin à pardonner que vous ayez eu la clef de tout dans la paume de votre main, mais.. ? »

Starrick leva les bras dans un geste interrogatif, demandant implicitement une explication pour l’échec de cette nuit.

[Scott Summers]

Scott aurait pu passer la nuit à faire l’amour avec la Reine, et à se gorger de son sang, mais ils furent dérangés par Starrick. Après la chute de Shaw, Starrick était devenu le nouveau dirigeant du Club des Damnés, le nouveau Roi Noir. C’était un individu perfide, lâche et couard, mais qui avait réussi à se hisser à sa place. Scott se rhabilla très sommairement. Il n’allait pas faire à cet homme l’honneur de porter une tenue officielle, et enfila tout juste une solide serviette. Son torse était ainsi marqué des traces de griffure de la Reine. Des marques qui disparaîtraient rapidement. Devant le regard agacé de la Reine, il consentit malgré tout à enfiler une courte veste, ouverte sur le milieu, puis attrapa une bouteille de sang. Starrick entra ensuite, et ne tarda pas à faire preuve de sa perfidie habituelle. La main de Scott se raffermit sur le verre. Il était prêt à le foudroyer sur place, à le liquéfier avec ses lasers, mais dut se retenir, comptant comme toujours sur la modération de sa femme pour calmer ses nerfs.

« Aux dernières nouvelles, Wolverine a atterri dans les bas-quartiers de Londres, où il se terre habituellement. Vous savez, ces quartiers qui sont sous le contrôle des nosferatus ? C’est votre lieutenant qui dirige cette zone, non ? Peut-être devriez-vous vous émouvoir qu’il n’ait pas encore réussi à capturer ce mutant ? »

Crawford sourit alors.

« Vous résistez de mieux en mieux à vos émotions, Summers. La Reine vous forme bien. Je tenais à vous remettre une invitation. Le Club organise une soirée la semaine prochaine, votre présence y serait naturellement la bienvenue.
-  Qui sera invité ?
-  Et bien, pas Dracula. Il est occupé en ce moment. La guerre fait rage en Europe, et elle devient mondiale. Les Européens investissent dans leurs colonies. Les Français préparent une délégation à destination des États-Unis, afin de les convaincre de prendre part à la coalition. On dit qu’ils ont capturé un vampire, et que cela sera une preuve. Le Président McKinley a mené des guerres à succès en Amérique du Sud, et souhaite que son pays entre en guerre. Le Congrès refuse, mais, s’il peut leur apporter la preuve que les vampires existent…
-  En quoi cela nous regarde ? Comme vous ne l’ignorez sans doute pas, l’Angleterre est actuellement en pleine guerre civile.
-  Il faut hâter le processus. L’entrée en guerre des États-Unis n’est plus qu’une question de mois, et le Maître souhaite qu’un second front soit ouvert en France pour prendre en tenaille les humains qui combattent en Allemagne. Le Maître souhaite aussi vivement que ce Wolverine soit capturé. Ses capacités régénératrices sont sans commune mesure avec ce qui existe, et, si nos alchimistes pouvaient l’étudier et dupliquer cette faculté, nous serions tout simplement invincibles. »

Scott se déplaça lentement, et rejoignit une grande table avec une carte de Londres.

« La difficulté est que Wolverine n’agit pas seul. Nous avons capturé la quasi-totalité des X-Men, mais ils ont reçu des renforts. L’ancien ami de Xavier, celui qui contrôle le métal…
-  Magneto ?
-  Il organise à Londres une résistance, sans doute avec le soutien des puissances européennes qui s’opposent encore à Dracula…
-  Au Maître, rectifia Crawford.
-  Oui, bien sûr… Nous le pensions morts, mais vous nous avez confirmé qu’il était toujours en vie.
-  Magneto s’était effectivement réfugié en Allemagne, où il essayait de coaliser les forces allemandes pour combattre les vampires. Il savait ce qui se passait en Europe de l’Est. Je suis donc surpris de le voir ici, car il a une guerre à mener en Europe. On dit qu’il pourrait être le nouveau Kaiser de l’Empire allemand.
-  J’ai dit qu’il organisait la résistance à Londres, pas nécessairement qu’il s’y trouvait. Nous n’avons aucun élément à ce sujet. Vos troupes n’ont rien signalé.
-  Les égouts de Londres sont particulièrement denses, les nosferatus patrouillent, mais nous n’avons pas encore trouvé leur cache.
-  Alors, plutôt que de venir nous importuner, retournez-y, Starrick ! Ou peut-être souhaitez-vous que je signale au Maître votre manque manifeste de résultats à débusquer ces rebelles ? »

Cette fois, ce fut le sang de Starrick qui s’enflamma. Il grogna doucement.

« Cette tentative d’assassinat est votre échec avant tout, Starrick. Et, avant que vous ne partiez pour retrouver ce terroriste, la prochaine fois qu’il vous viendra l’idée de nous déranger, ou de commenter la beauté de ma femme, je vous transformerai en tas de cendres. »

[Emma G. Frost]

Pendant cette discussion houleuse, Emmeline restait simplement aux côtés de son époux. La société vampire avait beau se prétendre sophistiquée, elle restait en son cœur simplissime, respectant avant tout le pouvoir, ce qui faisait de Cyclope, malgré sa « jeunesse », un joueur de poids sur l’échiquier vampirique. Beaucoup avaient pris note de ce fait avec détestation, mais Dracula comptait bien garder cet atout en main, alors ils devaient faire avec ; Qu’il soit un mutant, roi, et que son cas ne fasse que s’ajouter à celle de la Reine Blanche ne faisait qu’attiser les jalousies.

Il était évident que Starrick était premier parmi les lésés et surtout dérangés, et s’il grogna, quasiment un réflexe animal, il n’osa pas faire plus, bien conscient qu’il ne sortirait gagnant de cet affrontement, même pas politiquement – si seulement il survivait – bien plus dispensable que le Roi et ses rayons vengeurs. Sans formule de politesse, il sortit du palais pour tenter de capturer le Wolverine, car au moins s’il réussissait, il deviendrait de fait un héros de la race vampire, encore plus à même de dominer les autres suceurs de sang de sa position privilégiée.

« Méfiez-vous, mon amour, son esprit est agité à trouver comment nous évincer... Laissant une main remonter jusqu’à l’épaule de son mari maintenant qu’ils n’avaient plus cet invité indésirable, Emmeline pouvait aussi révéler ce que sa télépathie lui avait appris. Il compte faire quelque chose à sa « soirée », mais je ne sais pas quoi, il se méfie trop de mes pouvoirs pour que je puisse lire plus sans l’alerter... »

Devenu une simple succursale de la noblesse vampirique, le Club des Damnés avait malgré tout su garder une part de son identité, notamment son hédonisme et sa décadence, plus que ne tolérerait Dracula à sa cour, et évidemment, avait attiré une « clientèle » en conséquence. Il était probable que Starrick y voit une façon de se créer son propre entourage, pour mieux capitaliser sur sa propre influence – un but ancestral du Club.

Pour cette raison, ne voulant pas laisser à celui qui était de facto leur rival l’opportunité de les faire passer pour des reclus, seulement des demi-vampires parce que mutants, et réduire leur influence, Emmeline décida que le couple royal devait se rendre à cette soirée – bien entendu, sur leurs gardes.

La Reine y arriva dans une robe évidemment blanche mais surtout échancrée, comme il était de mise – même mariée, Frost ne pouvait ostensiblement se moquer des traditions du Club, même si elle restait relativement conservatrice comparée à d’autres invitées et surtout les servantes. Son dos était entièrement nu, le tissu se fendant juste au dessus de son fessier pour ne revenir qu’aux épaules ; A l’inverse, c’était à l’avant que le vêtement était ouvert pour ses jambes, une structure pas si éloignée d’une crinoline mais plus courte, révélant doucement ses cuisses puis laissant simplement le reste de sa jupe pour ainsi dire trainer derrière elle, le tout orné de dentelles, argentures, et mêmes quelques pierres précieuses.

Dernière touche, un col montant presque à demi-cou, empêchant tout décolleté mais rappelant surtout que la Reine venait accompagnée de son Roi ; Quand bien même il était possible de l’écarter pour venir la mordre, ne pas avoir le cou nu signifiait ne pas être à la recherche d’une quelconque aventure, dans la société vampire. Beaucoup des invités de Starrick se montraient ainsi « disponibles », aussi bien les hommes que les femmes, et au fil de la soirée, leurs cous deviendraient sans doute le lieu de quelques morsures. Emmeline elle-même s’attendait à l’étreinte de Scott, et avait attaché ses cheveux en un chignon pour les empêcher de se mettre en lui et son cou – ou, après, de se tacher.

« Soyez sur vos gardes, mon Roi – Starrick compte remporter une victoire, ce soir, et il ne doit pas. Déjà penchée vers Summers pour lui dire ceci sur le ton de la confidence, depuis son bras qui passait dans son dos, le bout de ses doigts sous les flancs de sa robe, la vampire vint délicatement mordiller le bout de son oreille avant qu’ils n’entrent dans la salle de balle et ne deviennent l’espace d’un instant le centre d’attention de tant de vampires. Mais n’oubliez pas que vous êtes à une fête, hm ? »

[Scott Summers]

Starrick était autant leur allié que leur ennemi… Un allié de façade, bien obligé d’effectuer les tâches qu’on lui ordonnait, mais qui était dévoré par son ambition. En ayant Emmeline comme Reine, il avait envisagé pouvoir la museler, l’épouser, comme Shaw l’avait fait auparavant. Mais elle s’était entichée de ce mutant vampire. Starrick avait appris que Cyclope avait été l’ancien amant de la Reine Noire, et il avait cru que cette information amènerait Dracula à ordonner sa mise à mort. En couplant à ça le fait que Cyclope avait un pouvoir lui permettant de vaporiser n’importe quel vampire, Starrick avait échoué dans son plan parfait. Dracula avait refusé qu’on touche à Cyclope, et cela avait amené Starrick à réfléchir. Pourquoi vouloir garder en vie un individu si dangereux ? Pour Starrick, la Reine obéissait avant tout à ses propres envies, mais Dracula s’en moquait. Starrick avait entendu parler de drôles d’histoires de la part de ses agents. Des informations comme quoi l’épouse de Dracula, Jean Grey, la Reine Noire, était bien moins docile qu’on ne le pensait. Cela expliquerait pourquoi l’Empire vampirique connaissait des difficultés. Dracula partageait peu ses informations, et l’ambition de Starrick était telle qu’il pensait pouvoir même aller au-delà de l’Angleterre.

Scott, de son côté, n’ignorait rien des aspirations profondes d’Emmeline, mais il se refusait pour l’heure à le tuer. Et lui et Starrick partageaient une ambition commune… Scott n’aimait guère l’idée d’être le pantin de Dracula. Il rêvait d’un nouvel âge vampirique, pour le meilleur de l’humanité. Ce plan était pour l’heure embryonnaire, mais Scott souhaitait continuer à améliorer l’Angleterre. Si, officiellement, la Couronne combattait les vampires, en réalité, Scott cherchait à multiplier le nombre de vampires. C’est à ce titre que le sanatorium d’Elliotson menait des recherches, des essais. Scott s’y rendit le jour de leur soirée, avant l’aube.

« Nos recherches progressent, Majesté. »

John Elliotson était, à sa manière, un individu très talentueux. Il avait rédigé plusieurs ouvrages critiques sur l’utilisation médicale des sangsues, et avait mené ses premières recherches sur la phrénologie, l’étude comportementale à travers le crâne humain. Des expériences qui l’avaient amené à travailler sur les vampires en étudiant leur crâne, puis leur mâchoire.

« Vraiment ? Où en sont les cobayes ?
-  Pour l’heure, nos essais n’aboutissent pas. La mutation n’est pas stable, et nous n’arrivons pas encore à reproduire le mécanisme ayant permis à l’hôte de survivre. Il… Comment vous expliquer ? À chaque tentative de transformation d’un hôte humain en vampire, deux groupes sanguins différents s’affrontent. Le cas typique, c’est que l’organisme de l’homme rejette le sang mutant, qui tente de continuer à se mélanger, ce qui provoque une nécrose… »

Les cobayes choisis étaient pour l’heure uniquement des prisonniers qui étaient condamnés à mort. Elliotson souhaitait depuis un certain temps pouvoir disposer de davantage de cobayes, notamment parmi les mendiants et les prostituées, mais Scott refusait pour l’heure. Le sang de Wolverine représentait à ses yeux la clef, le chaînon manquant pour transformer les humains en vampires. Scott allait quitter le sanatorium quand Elliotson demanda à nouveau plus de cobayes.

« La recherche scientifique nécessite des sacrifices, Majesté. Les prisonniers à mort commencent à se tarir. Pouvez-vous infléchir votre position ? »

Scott ne répondit pas précisément à cela, se contentant de dire qu’il aviserait en fonction de la position de la Reine. Le Roi rejoignit ensuite le Palais Blanc, et se prépara avec sa femme. La soirée organisée par le Club des Damnés les attendait. La réception avait lieu au manoir Dawson, un établissement respectable dans les beaux-quartiers de la ville. Scott avait enfilé un élégant costume. Ils rejoignirent avec la calèche le grand jardin à l’entrée du manoir. Des majordomes les accueillirent, et, tandis qu’ils passaient les grilles du manoir, Emmeline lui recommanda la méfiance.

« Starrick a deux raisons de me haïr : le fait que j’ai brimé ses ambitions, et que tu m’aies choisi. Alors, crois-moi, je reste vigilant. »

Ils rejoignirent le hall d’accueil, en forme de grande rotonde. Une pièce concentrique avec une fontaine de sang en plein milieu. Les invités s’inclinaient respectueusement, tous des vampires pour la plupart, venant en compagnie de quelques humains qui étaient leurs favoris, leurs apprentis, destinés à devenir des vampires, eux aussi. Le Club des Damnés sonnait son glorieux retour, et les invités étaient nombreux… Scott était plus ou moins sûr que Starrick avait tout manigancé, et que la soirée leur réserverait effectivement son lot de surprises…

[Emma G. Frost]

Le passage des époux royaux créait une vague de révérences, plus ou moins basses selon l’innocence, l’ambition, et les allégeances ; Personne au Club, à part quelques invités humains n’ayant pas encore pleinement conscience de l’ampleur de ce dans quoi ils mettaient les pieds, n’ignorait que le Roi et la Reine seraient là. Il était donc normal que toutes les attentions soient sur eux, mais Emmeline détectait quelque chose d’anormal – pas chez tous les invités, mais chez certains, ceux les plus proches de Starrick, comme une attente, le même genre d’excitation ressentie en anticipation de pouvoir apporter une surprise ou, étrangement, bonne nouvelle à quelqu’un. Ce fait avait cela de rassurant que ça ne pouvait concerner une tentative d’assassinat ou quoi que ce soit d’aussi sinistre, mais Starrick savait être pernicieux et bas...

« Ça sera public – il va sûrement essayer de nous mettre à l’épreuve ou dans une situation embarrassante. Toujours dans les pensées de Scott, la Reine préférait utiliser cette façon de communiquer maintenant qu’ils étaient pour ainsi dire dans la ruche. C’est, évidemment, un euphémisme. »

Alors qu’ils faisaient doucement le tour de la rotonde, s’arrêtant par moment pour parler avec, après tout, leur peuple – doublement – les deux mutants finirent par rencontrer un escalier devant lequel les attendait, ostensiblement fier, Starrick, qui, une fois remarqué et inévitable, déclara à voix haute, presque criante :

« Maintenant que nos invités de marque sont ici, peut-être est-il temps de leur dévoiler notre surprise, vous ne pensez pas ? Les fidèles du sbire de Dracula applaudirent et acquiescèrent vivement, flattant l’égo du nouveau maître du Club des Damnés. Mais oui – allons, venez, vos majesté, votre repas vous attend en haut. »

Forcés par la bienséance de suivre, Scott et Emmeline se retrouvèrent rapidement à l’étage du dessus où les attendait une jeune femme évanouie. Peut-être âgée d’une vingtaine d’années, elle avait le teint humain, les cheveux blonds, et des traits fins qui semblèrent étranges au Roi et à la Reine – en fait, familiers ; Mais cela n’expliquait pas encore tout ce théâtre autour d’une simple inconnue supposée servir de repas, et alors que la monarque se retourna vers Starrick, il s’empressa d’approcher la demoiselle et élaborer.

« Lors de ma traque du Wolverine, je suis tombé sur un sinistre biologiste qui semblait aussi intéressé que nous par le génome mutant, et, si je puis dire, l’épée des vampires a été plus forte que la plume du scientifique. Le vampire s’approcha de sa proie et souleva une mèche de ses cheveux, souriant d’une manière, même pour lui, malsaine. Vous ne reconnaissez rien chez elle ? Votre propre sang ! »

Se relevant les bras écartés devant la foule qui avait suivi les trois membres de la « noblesse vampirique », Starrick profitait sans se cacher de l’opportunité qu’il avait d’amuser ses nouveaux subalternes alors que les seuls ici ne faisant pas partie de ceux-ci, le couple royal, arrivait enfin à mettre le doigt sur cette familiarité que la jeune fille leur évoquait : Leurs propres traits. Défiant la science de son époque, le biologiste sur lequel les vampires étaient tombés avaient visiblement réussi à allier les lignées Frost et Summers en une seule mutante.

Emmeline cacha son dégoût à la fois pour le scientifique qui avait ainsi osé s’approprier son sang et, elle ne pouvait qu’imaginer, son don, et pour Starrick qui, une nouvelle fois, s’abaissait à la pire des manipulations pour s’avancer.

« Pour ainsi dire votre héritière sur un plateau d’argent ! Et puis, un si grand atout pour le Maître ne saurait rester humain, elle doit devenir une vampire. »

Intérieurement, et donc dans les pensées qu’elle partageait avec Scott, Emmeline maudissait d’avoir à ainsi condamner celle qui, malgré qu’elle était une inconnue, était aussi de son sang et une compatriote mutante, et même si elle cherchait une façon de se soustraire à l’acte, Starrick avait bien entendu rendu cet acte public pour la forcer à le faire, ou se trahir comme infidèle à la cause vampirique.

[Scott Summers]

Scott comprit rapidement que Starrick leur réservait quelque chose. Plus le temps passait, et plus Starrick avait du mal à masquer son hostilité et sa jalousie. Il voulait épouser Emmeline, et Scott ignorait quelle était la motivation la plus importante chez lui : l’idée de devenir enfin le Roi d’Angleterre, ou de se rapprocher d’Emmeline ? Ils s’étaient connus quand les deux servaient Sebastian Shaw au sein du Club des Damnés, avant qu’Emmeline ne s’écarte de l’autorité de Sebastian Shaw, et qu’il ne soit défait par les X-Men. Avec le recul, Scott se demandait si Emmeline ne s’était pas volontairement soumise à Shaw à l’époque, pour en savoir plus sur lui. C’était tout à fait le genre de choses que Xavier aurait pu demander à l’un de ses X-Men de faire. Scott se méfiait de ce Starrick. Il n’était pas puissant, mais sournois, et blessé dans son orgueil. Rien n’était pire, car Starrick se savait plus faible qu’eux deux, et en tenait compte pour les affronter autrement.

En l’occurrence, il les guida dans un salon à l’étage. Un feu crépitait dans l’âtre de la cheminée, et une femme était couchée sur un tapis devant le feu, un grand tapis. Scott fronça les sourcils derrière sa visière, celle-ci permettant de masquer sa surprise… Mais son sang s’affola  légèrement, ce qui n’échappa pas à Starrick. Il n’avait jamais vu la jeune femme blonde étalée nue devant eux, mais il savait qu’elle avait son sang.

*Impossible !* songea-t-il.

Starrick expliqua qu’il s’agissait de leur fille.

« Qu’est-ce que vous racontez, Starriock ? Nous n’avons jamais vu cette jeune femme ! Qui est-elle ?
-  C’est votre fille.
-  Ne soyez pas ridicule. Vous avez utilisé notre sang sans autorisation ? Avez-vous perdu l’esprit, Starrick ? Je devrais vous tuer sur place ! »

Les autres vampires suivaient l’altercation avec curiosité.

« Je n’y suis pour rien, j’ai mentionné un biologiste… Vous n’avez qu’à l’interroger directement, il est ici. Docteur Essex ? Veuillez avoir l’obligeance de vous présenter ! »

Des bruits de pas se firent entendre derrière eux. Traversant la foule, un homme s’approcha. Il portait lui aussi un costume des plus seyants, et avait une peau grisâtre avec une barbe savamment entretenue. Il fit une révérence obséquieuse devant le couple royal.

« Ma Reine, Mon Roi, c’est un immense honneur. Docteur Nathaniel Essex, pour vous servir ! »

Scott n’avait jamais entendu parler de cet homme, qui lui inspira toutefois un net sentiment de répulsion.

« Je n’ai jamais entendu parler de vous, Docteur Essex.
-  Je ne suis qu’un humble scientifique, mon Roi. Un darwinien, plus précisément. Le professeur Xavier n’a jamais parlé de moi ? Nous avons travaillé ensemble, à l’université, sur les théories darwiniennes sur l’évolution. »

Scott n’avait pas souvenir que Charles ait jamais mentionné cet homme.

« Le docteur Essex est un humain… Enfin, un né-humain devenu mutant.
-  Qu’est-ce que cela signifie ?
-  Charles Darwin est l’un de mes maîtres à penser. J’ai consacré ma thèse universitaire, qui a été censurée depuis lors, sur l’évolution du genre humain vers un genre supérieur. Mes recherches m’ont amené à considérer que deux gènes supérieurs sont amenés à se concurrencer, ou à fusionner : le gène vampirique, et le gène mutant. Au cours de mes recherches et de mes voyages, j’ai rencontré un mutant très puissant qui m’a confié le don de la mutanité… Apocalypse.
-  Quel rapport avec… Elle ? » rétorqua Scott en désignant la femme endormie.

Nathaniel lui sourit doucement.

« C’est un clone de notre souveraine… Je l’ai conçu moi-même, à partir d’éléments que j’ai recueillis auprès de Sebastian Shaw. »

Le sang de Scott continua à bouillonner dans son corps.

« Vous avez fait quoi ?!
-  Il ne s’agissait que d’une expérience ! se défendit Essex. Je travaille sur l’interaction entre le gène-X et le gène vampirique… Le gène-V, si vous voulez.
-  Vous avez créé un clone de la Reine ?!
-  Oui… Et de vous, aussi. Cette mutante a été conçue en mélangeant vos ADN dans le cadre d’une fécondation in vitro.
-  C’est impossible…
-  Pas pour Apocalypse, objecta Essex. J’ai reproduit ses expériences à partir des notes et des éléments que j’ai pu récupérer. »

Le Roi observa alors Starrick. Que savait-il de toute cette histoire ? Apocalypse… Ce nom ne lui disait rien !

« Vous étiez un mutant, alors… Je voulais concevoir l’union entre le gène-X et le gène-V. De toutes les recherches et de tous les cobayes que j’ai utilisé, vous présentiez les meilleures options. Il s’avère que le gène-X l’a emporté sur le gène-V en ce qui concerne Ruby. »

Ruby… Scott la regarda encore, endormie.

« Vous devriez la transformer… Un nouveau monde s’ouvre, Majesté, un monde où mutants et vampires ne formeront plus qu’une seule race, apte à diriger ce monde. »

[Emma G. Frost]

« Et vous osez parader l’héritière du trône nue devant votre club, Starrick ? Même la Reine Blanche avait du mal à garder son calme dans cette situation ; Son sang bouillonnait, et cela se voyait, ou plutôt sentait, mais au moins, elle pouvait l’expliquer par la rage très compréhensible que même une vampire fidèle à Dracula ressentirait. Est-ce que quelqu’un va la couvrir ? »

Quelques invités commencèrent immédiatement à se défaire de leur veste et à s’avancer vers la jeune femme, pour que finalement un emporte l’honneur, l’enrobant du vêtement appréciablement trop grand pour elle et capable de lui rendre un peu de pudeur. Même si l’esprit d’Emmeline lui demandait d’aller aux côtés de cette Ruby, elle se retint, jouant pour l’instant son rôle et tentant de le faire coïncider avec ses véritables intentions, mais si c’était loin d’être simple.

Se retournant vers Essex que le Roi avait déjà commencé à questionner, Frost maintint façade.

« Et ne vous complaisez pas autant, « Docteur », vous avez pris beaucoup trop de liberté pour croire pouvoir nous en priver avec vos suggestions : Vous ne vous adressez pas à de simples cobayes pour vos expériences mais à votre roi et votre reine. »

La remarque, émise à voix haute, outrée, et par un visage serré de rage, ne sembla plaire ni à Starrick ni à Nathaniel, que la Reine pointait du doigt, ni l’un ni l’autre n’appréciant être rappelés à l’ordre des choses en Angleterre, tous deux pris par une ambition presque sans fin mais pour l’instant contraints au rôle – apparent – de sujets. Évidemment, ainsi pointer du doigt cette supposée contradiction était se faire un ennemi aujourd’hui, et un redoutable némésis demain, d’autant qu’Essex semblait déjà beaucoup envier les pouvoirs du couple royal, mais la position d’Emmeline et Scott était au final précaire, et s’ils ne faisaient pas usage de leur avantage maintenant, il pourrait vite être perdu.

La foule ne sut trop comment réagir à tout cela, voyant sous ses yeux un évènement supposé grandiose se transformer en confrontation politique, un fait dont avait conscience la Reine et qui la força, malgré tout, à métaphoriquement plier le genou ; La suggestion du docteur était peut-être outrancière, mais elle était parfaitement alignée avec ce que Dracula attendait de ses supposés pions en Angleterre. Ils n’avaient ni droit ni logique pour refuser.

« Nos ordres pour vous attendront cependant ; Pour l’instant, vous nous avez donné une héritière, et au moins pour ça, nous pouvons vous remercier... »

La Reine prit la main du Roi dans la sienne et l’inviter à la suivre alors qu’elle approcha de Ruby, s’apprêtant à la mordre avec lui. L’acte ne la réjouissait pas, mais tout refus serait vu comme hautement suspect, et ce ne fut que dans ses pensées et par un regard furtif vers Scott qu’elle partagea sa récalcitrance.

« Si nous ne le faisons pas, ils sauront que nous ne sommes pas fidèles à Dracula...Il n’y a pas d’autre option – au moins, par nous, elle pourra garder une part de son âme... »

S’asseyant aux côtés de Ruby, Emmeline réajusta la veste qu’on lui avait prêtée pour mieux la couvrir puis l’attira contre elle, dans ses bras, avant de laisser Summers se glisser dans son dos pour qu’ils la mordent ensemble, comme il semblait convenir pour leur « fille », même si pour l’instant, la notion semblait à la fois vague et palpable selon l’angle abordé. Si près de et face à elle, il était d’ailleurs plutôt facile pour la mutante de se voir dans ses traits, ses cheveux blonds ; Tournant son regard vers Scott, elle pouvait voir une ressemblance avec lui aussi, qui ne ferait sans doute que s’intensifier lorsqu’elle ouvrirait les yeux...

« Mon Roi..? »

La Reine offrit son poignet à Summers pour qu’il l’ouvre d’une simple morsure et que Ruby puisse en boire une fois qu’elle n’aurait plus de sang à elle.

[Scott Summers]

Scott savait qu’il fallait se méfier de Starrick, et il en avait encore la confirmation. Celle-là, toutefois, il devait bien admettre qu’il ne l’avait pas vu venir ! Cette alliance avec cet Essex, ce « docteur » eugéniste qui avait conçu un clone d’Emmeline et de lui… Elle était techniquement leur fille, la Princesse de l’Angleterre. Scott avait été si abasourdi par toutes ces révélations qu’il dut s’en remettre à Emmeline pour offrir un peu d’intimité à Ruby. Leur fille, si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi, dormait. Retrouvant son sang-froid plus rapidement que son mari, qui envisageait d’utiliser ses rayons optiques pour carboniser à la fois Starrick et Essex, Emmeline indiqua à Scott qu’ils devaient la transformer. Scott se rapprocha de Ruby, et attrapa son menton. Sa peau était douce, comme celle de sa femme. Il tourna sa tête. Elle dormait encore.

*Il y a forcément un piège…*

Emmeline ne voulait pas que les autres vampires découvrent qu’ils conspiraient contre Dracula, ce que Scott ne pouvait qu’admettre, mais il en arrivait aussi à se demander si ce n’était pas aussi le cas de Starrick. Dracula connaissait-il l’existence d’Apocalypse ? De ce Nathaniel Essex ? La perspective que des éléments-clefs lui échappent saisit Scott, qui en fut même provisoirement effrayé. Starrick s’était-il joué d’eux depuis le début, feignant lui-même de servir Dracula alors que, secrètement, il avait joué triple jeu, en choisissant de tous les trahir, Dracula autant qu’Emmeline et Scott ? Starrick avait grandi au milieu de vampires, et il avait appris à masquer ses pensées. Scott vit devant elle le poignet d’Emmeline, sentait le sang parfait de sa compagne, voyait les regards avides des convives. Chez les vampires, la soumission était toujours temporaire. Un vampire se soumettait à son géniteur, mais surtout à plus fort que lui… Jusqu’à ce qu’il estime pouvoir se révolter. Scott hocha la tête, et embrassa Emmeline sur les lèvres.

« Tu as raison, Emmeline… Faisons-le ensemble. »

La Reine avait attiré Ruby contre elle, dans un élan protecteur et maternel assez inattendu. Scott s’assit à son tour, et caressa la joue d’Emmeline, puis celle de Ruby… Et planta ses crocs en elle.

« Haaa !! »

Un réflexe nerveux émana de leur « fille », un gémissement de douleur, avant que son corps ne s’apaise. Ils burent les deux tiers de son sang, la plaçant dans un état éthylique, proche de la mort. À ce stade, Ruby n’avait plus assez de sang pour faire fonctionner son organisme. Elle était désormais prête. Scott vit le poignet d’Emmeline, et l’attrapa doucement, puis déposa un baiser dans sa paume, avant de lui-même tendre le sien à Emmeline, pour qu’elle ouvre le sien à son tour.

« Ensemble » répéta-t-il.

Il avait le sang de Ruby en lui, et il ne faisait désormais plus aucun doute qu’elle était leur fille. Il ouvrit le poignet de la Reine, elle en fit de même, et ils orientèrent leur poignet vers les lèvres exsangues de Ruby. Dans un réflexe spontané, les lèvres de Ruby s’entrouvrirent, et elle put avaler leur sang.

« Bois, Ruby, bois, et deviens notre fille… À jamais. »

[Emma G. Frost]

Après un dernier baiser vierge de tout sang, Emmeline, comme Scott, puisqu’il semblait évident de faire cela ensemble, transforma Ruby en vampire. La décision était loin d’être sans conséquence, surtout pour quelqu’un qui avait sans doute été jusqu’ici à peine plus que l’expérience d’un savant fou, mais elle n’était pas prise à la légère : Il n’y avait pas d’autre solution.

D’une certaine façon, Emmeline ne pouvait pas non plus nier qu’une partie d’elle aurait été déchirée que leur « fille » – l’idée faisait son chemin au fur et à mesure que chaque seconde passée auprès d’elle lui rappelait son époux et elle-même, jusqu’au goût de leur sang, bien plus fin chez les vampires – ne soit pas immortelle comme eux. Elle n’avait pas voulu laisser cela affecter sa décision, mais la Reine Blanche se voulait toujours pleinement consciente de tout ce qu’elle était et l’affectait, même lorsque ça n’était pas un compliment.

Scott semblait lui aussi s’habituer à cette soudaine descendance, et sa compagne le laissa mener la cérémonie avec toute la gravité et le solennel d’un Roi ; L’assemblée en était d’ailleurs elle-aussi consciente, observant la scène dans un silence et une raideur qui aurait pu faire croire au couple royal qu’il était seul. Bien évidemment, cependant, ils ne l’étaient pas, et alors que le corps de Ruby commençait à s’agiter – pour l’instant de simples, minuscules spasmes alors que la « vie » lui revenait – Emmeline se releva avec elle dans les bras.

« J’ai bien peur que cela ne marque la fin de notre participation à votre fête, Starrick – nous devons à notre héritière un réveil digne de sa nouvelle royauté. Le Club des Damnés n’était évidemment pas un cadre très adapté à la noblesse vampirique, raison pour laquelle il était assez peu probable que Dracula n’en connaisse même l’existence ou les véritables tenants et aboutissants. En parlant du Maître, cependant, restait un détail à adresser. Quant à vous, Docteur Essex, nous vous attendrons d’ici...trois jours, au palais de Buckingham ; Nous sommes prêts à vous pardonner vos excentricités, mais il est grand temps que vos talents soient mis au service de plus grands desseins, en l’occurrence, la volonté de Dracula. »

Cette déclaration, même si elle excusait surtout la sortie du « clan Summers », préservait les apparences, et la famille royale put retourner à toute vitesse au palais.

Là-bas, Ruby commença à se réveiller, ce qu’Emmeline crut bon de laisser faire dans une des chambres après l’avoir habillée d’une simple robe. Cependant, lorsqu’elle revint à ses esprits, ses yeux, après avoir inspecté et analysé la situation, luisirent inexplicablement d’une sombre énergie, braqués sur la Reine et le Roi. La première eut à peine le temps de se transformer en diamant après avoir senti une pulsion meurtrière en Ruby, que des rayons rebondirent sur son visage avant de balayer celui de Scott qui, grâce à la similarité de leurs mutations, absorba simplement l’énergie, même si sa visière fut détruite et lui fit émettre ses propres rayons optiques un instant avant qu’il ne ferme les yeux.

« Qu’est-ce que... Ruby sembla très étonnée de ne pas avoir réussi à décapiter ceux qu’elle pensait être ses nouveaux geôliers, mais surtout qu’ils parèrent son attaque avec ce qui semblait, à un changement de teinte près, être ses propres pouvoirs. Toujours méfiante, elle sauta de l’autre côté du lit, yeux toujours scintillants, mais ne tira pas à nouveau. Qui êtes vous ?! Qu’est-ce que vous m’avez fait ? Je me sens...

- Du calme, Ruby, nous sommes... Une main étendue vers la jeune fille pour tenter de l’apaiser, la Reine hésita sur quel mot employer, mais finit par se décider ...tes parents – c’est notre sang qui a été utilisé pour te donner naissance...Nous ne te voulons aucun mal, mais... »

Difficilement, les mutants expliquèrent à leur enfant la situation – Essex n’avait sans surprise pas exactement pris le temps de lui enseigner les géopolitiques vampire et britannique – et ce qu’ils avaient du lui faire pour la sauver des griffes du savant fou qui l’avait créée. Ce fut évidemment un choc, mais sa liberté retrouvée et l’évidence même qu’Emmeline et Scott étaient bien ses parents l’aidèrent à l’encaisser.

« Et qu’est-ce que...qu’est-ce que je dois faire, maintenant ? »

[Scott Summers]

Scott sentait que cette soirée aurait des répercussions, et que la présence de Ruby n’était pas innocente. Et, pour la première fois, il se demandait vraiment à quel jeu jouait Starrick. S’il pensait initialement que celui-ci cherchait simplement à prendre sa place auprès de Dracula, les révélations de cette soirée le confondaient. Il y avait, tout d’abord, ce scientifique fou qui avait créé un clone, Nathaniel Essex… Et, surtout, cet Apocalypse. Scott, en devenant vampire, avait perdu une partie de ses souvenirs datant de l’époque où il était un X-Men. Mais il se souvenait malgré tout que, dans sa jeunesse, Charles Xavier avait mené des voyages en Égypte. Suite aux découvertes historiques de Jean-François Champollion en Égypte, et la découverte d’une civilisation égyptienne antique particulièrement riche, les expéditions de chercheurs occidentaux en Égypte s’étaient multipliées sur le dernier siècle, comme une sorte de pèlerinage, de retour vers les temps anciens. L’égyptologie avait aussi touché Xavier, même si Scott ne se rappelait pas qu’il ait jamais pu parler d’un mutant ancestral. Petit à petit, Scott commençait à se dire que, dans la grande toile qui se tissait, il lui manquait des éléments.

*Je me suis trompé sur Starrick…*

Cette évidence s’instaura en lui tandis que le couple royal revenait précipitamment au Palais Blanc, emmenant avec eux leur jeune Princesse. Ruby venait d’être vampirisée, et Emmeline se concentrait pour apaiser sa transformation. La transformation en vampire était une étape longue, durant plusieurs heures, et qui n’était pas agréable. Emmeline agissait donc, tandis que Scott restait silencieux, encore un peu estomaqué par les révélations de cette soirée, et par les questions qu’elles engendraient. La calèche fila directement dans les écuries royales, et Scott, congédiant les serviteurs, emmena avec Emmeline Ruby dans une chambre. Ils sentaient que sa transformation se terminait, et Emmeline prit sur elle de la vêtir. Le temps que Ruby émerge, la nuit avait plutôt bien avancé, amenant avec elle son lot d’horreurs.

*Suis-je un Roi si talentueux que cela, ou me suis-je depuis le début leurré dans ma propre arrogance ?*

Le doute était une chose terrible, un poison qui vous matraquait l’esprit. Et ce doute s’insinuait dans l’esprit de Scott, qui commençait toutefois à échafauder des plans… Ruby se réveilla ensuite, et ce fut un réveil explosif. Ayant hérité des pouvoirs de son « père », elle réagit nerveusement, déclenchant un tir optique qui heurta la Reine, qui, pressentant sans doute l’attaque, se transforma en diamant. Scott répliqua à son tour, mais sentit toute la puissance dévastatrice de sa « fille », qui semblait avoir un meilleur contrôle que lui sur ses rayons optiques. Leurs rayons s’annulèrent mutuellement, des rayons énergétiques qui s’absorbèrent l’un et l’autre, repoussant aussi bien Ruby que Scott. Plusieurs vaisseaux sanguins éclatèrent dans les yeux de Ruby, faisant couler du sang de ses yeux, tandis que Scott tomba au sol, perdant sa visière, et se dépêcha de fermer les yeux.

« Argh ! »

Surpris, Scott se releva ensuite. Emmeline avait toujours avec elle une visière en stock, et la lui mit sur le visage, tandis que Ruby sembla réaliser qu’elle n’était plus face à ses ravisseurs.

« Ce que tu dois faire ? Pour l’heure, éviter de nous tuer, ce serait un bon début.
-  Je… Désolée pour ça…
-  Et si tu nous disais ce dont tu te rappelles ?
-  Je… Euh… Tout est… Si confus… Je me battais avec mon père dans le dernier bastion, et… Où sont les Sentinelles, au fait ? Je suis où ? »

Scott la regarda, et, fort heureusement, sa visière ne permettait pas de voir la surprise dans ses yeux.

« D’ailleurs… Où est ta barbe ? Et je croyais que Maman était morte ! »

Des faux souvenirs… Essex s’était visiblement amusé à implanter dans l’esprit de Ruby des souvenirs factices… Ceux d’une guerre futuriste, ceux d’une époque plus moderne où elle faisait partie d’une rébellion combattant les vampires, la Rébellion Summers.

*Si elle apprend qu’elle est une vampire…*

Scott se maudit immédiatement de cette pensée fugace et très maladroite, car, ayant hérité aussi d’Emma, Ruby pouvait lire dans les esprits, et ses sourcils se froncèrent.

« Vous m’avez transformé en vampire ? Qui vous envoie ? Vous n’êtes pas mes parents ! »

Les yeux de la jeune furie se mirent à rougeoyer de nouveau, mais elle gémit en se tenant le ventre, rattrapée par une réalité biologique nouvelle qui serait désormais sienne…

…La soif de sang !

[Emma G. Frost]

Malgré une tension palpable à voir Ruby dans un état total d’incompréhension, Sinister l’ayant complètement isolée de la réalité même dans laquelle elle existait, Emmeline se rua à ses côtés lorsqu’elle subit les effets de sa toute nouvelle soif de sang, tombant légèrement en avant, heureusement seulement sur le lit où elle se rattrapa à moitié, avant-bras étalés sur son tissu. La jeune femme tenta faiblement de résister et repousser sa « mère », mais il lui était difficile de ne serait-ce que garder le contrôle de son corps et son esprit, et elle ne put y faire grand chose.

« Allez vous faire f-

- Tu dois boire du sang, Ruby, nous t’expliquerons tout plus tard...

- M’expliquer pourquoi vous êtes des vampires ? Ruby marquait des pauses entre ses mots, et d’encore plus longues entre ses questions, trouvant de plus en plus difficile de se contrôler – le simple fait qu’elle le puisse étant un testament à sa volonté. Pourquoi...vous servez Dracula ? Pourquoi je dois boire le sang...d’innocents.. ? »

Il était difficile de répondre à ces questions, ou plutôt accusations, encore moins alors que la soif de la nouvelle vampire pressait. La Reine posa délicatement une main sous le visage de Ruby pour qu’elle lui fasse face, plongeant ses yeux, si proches de ceux de Scott, dans ceux désormais rouge sang et plus bleu ciel d’Emmeline, où elle put lire une certaine tristesse. La jeune femme se faisait à l’idée qu’elle n’était pas sa mère – au final, c’était bien un des rares points sur lesquels elles s’accordaient, étrangement – mais il lui était impossible de simplement ignorer qu’elle avait l’exact même visage que dans ses souvenirs, et ses pouvoirs. Elle se tordit soudainement de douleur dans un cri bestial, lui faisait oublier toutes ces idées à lui retourner la tête, si la soif ne l’avait pas déjà fait.

« Mords moi, Ruby... »

C’était en vérité à peine un choix, car elle finirait au pire, ou au mieux, par mourir de soif, si elle ne perdait pas le contrôle avant et le faisait involontairement, mais Emmeline souhaitait malgré tout qu’elle le fasse de son propre gré, et avec son accord, penchant la tête sur le côté pour que le col de sa robe dévoile sa jugulaire tout en se rapprochant de la jeune femme.

Ne tenant même plus debout, Ruby lui jeta un dernier regard avant de fermer ses yeux dans une grimace de douleur, enfonçant son visage dans les draps du lit. Son esprit commençait à s’embrouiller, et même si son esprit rationnel, celui-là même qu’avaient toujours cultivé « ses parents », si seulement ils avaient existé, lui disait que tout cela n’avait aucun sens et ne pouvait être cru, ces gens semblaient véritablement être ses parents, et sur le précipice de la soif vampirique, à quoi bon résister ? Se relevant brusquement, Ruby mordit Emmeline, la faisant elle-même se tendre de douleur avant qu’elle ne l’entoure de ses bras, acceptant la douleur au nom du sang qui les unissait.

[Scott Summers]

Comment considérer Ruby ? Comme leur fille ? Une fille que Scott n’avait jamais tenu dans ses bras. Tout ça lui semblait… Curieux. Comme s’il était là, sans être vraiment là. Ruby était paniquée, presque autant que lui. Mais lui le montrait moins. Scott avait appris à enfouir ses émotions, et ce encore plus maintenant qu’il était un vampire. Impossible de parler à Ruby dans cet état. La colère, la peur, l’envahissaient, le tout mélangé à sa soif de sang. Ce fut finalement Emmeline qui se rua vers elle, et qui réussit à la convaincre de la mordre. Ruby le fit sans doute par dépit, par réflexe, mais elle le fit. Et, quand ses dents heurtèrent la peau de sa « mère », Scott les rejoignit. Il s’assit sur le lit, et posa sa main sur les cheveux de Ruby, appuyant dessus, essayant, à sa manière, de faire preuve de tendresse.

« Nous allons parler, Ruby… »

Entre deux télépathes, une morsure vampirique pouvait avoir des conséquences imprévues. En buvant le sang d’Emmeline, Ruby put accéder à une partie de ses souvenirs, et, réciproquement, Emmeline put voir les souvenirs de Ruby… Des souvenirs fictifs d’une guerre dans le futur, de villes en ruines, de tranchées très profondes… Une guerre où Ruby faisait partie de la Rébellion Summers, financée par plusieurs pays extérieurs à l’Europe qui étaient envahis par les vampires. Dans ce futur dystopique, les États-Unis avaient été envahis par Dracula, qui, après avoir conquis l’Europe, cherchait à y imposer son règne. Un futur troublant tant il pouvait s’insérer dans la continuité de leur réalité. Le souvenir le plus marquant de Ruby fut celui où, petite, elle vit le ciel nocturne de New York s’illuminer de lumières artificielles appartenant aux zeppelins de Dracula répandant un gaz toxique dans la ville, tout en la bombardant à distance. Les vampires avaient ensuite déferlé, menant des attaques simultanées sur la Côte Est. Le régime américain s’était effondré, amenant un gouvernement se disant « légitime » à fuir vers la Côte Ouest. La « Rébellion Summers » était née des tentatives de ce gouvernement de reprendre le contrôle du pays, un pays qui subissait la tyrannie totalitaire de Dracula, avec la formation de camps d’internement où les humains étaient regroupés. Les humains, dans ce futur alternatif, étaient destinés, soit à servir de bétail, soit à servir d’esclaves en vue d’être ensuite vampirisés.

Peu à peu, Ruby se détendit, et releva la tête. Un plaisir immédiat put se lire sur ses yeux, avant qu’elle ne fronce les sourcils.

« Ruby, je… »

Les yeux de Ruby s’illuminèrent alors, et Scott se reçut dans le torse un tir de rafales optiques. Il s’envola, et heurta le sol, tandis que la peau de Ruby prit une teinte rouge vermillon, et qu’elle repoussa Emmeline.

« On m’a envoyé dans le passé pour stopper la guerre ! Tu es manipulé par cette femme, Père !
-  Ruby, non ! »

Ruby repoussa Emmeline, et chercha à l’étrangler, avant que les rayons de Scott ne frappent Ruby sur le flanc, l’écartant ainsi de sa mère. Comme elle, il avait tiré à basse intensité. Ruby roula sur le sol, et se releva alors.

« Nous ne servons pas Dracula ! Ton passé… Il est…
-  TU MENS !! »

Ruby hurla, mais, fort heureusement, sous sa forme cristalline, elle semblait, comme sa mère, se priver de ses pouvoirs psychiques. Ruby recula, tandis que Scott essayait de trouver quoi lui dire… Mais que pouvait-on dire dans une telle situation ? Elle avait dû sentir les pensées d’Emmeline, et elle savait donc que tout son passé était fictif, inventé de toute part par ce Essex… Une chose qu’elle ne pouvait pas s’admettre, que tout ce qu’elle avait connu n’avait jamais existé.

« Nathaniel peut nous avoir menti… Nous n’avons aucune certitude que tu sois juste un clone, simplement les allégations de ce personnage…
-  JE NE SUIS PAS UN CLONE !
-  C’est précisément ce que je dis !
-  Dans mon monde, TU n’es pas un vampire, et ELLE nous a trahis en rejoignant Dracula ! »

Elle pointa son doigt sur Emmeline, tandis que ses yeux continuaient à scintiller, confirmant que son corps cristallin ne l’empêchait pas d’utiliser les pouvoirs hérités de Scott. Difficile de dire, à ce stade, si tout cela relevait d’une manipulation d’Essex ou non.

« Je ne laisserai pas ça t’arrive, Papa, c’est pour ça que je suis remontée dans le temps…
-  Chérie, je suis déjà un vampire ! Nous te voulons aucun mal ! »

Confuse, Ruby les regardait, sans toutefois encore attaquer à nouveau…

[Emma G. Frost]

“Scot- !”

Emmeline eut à peine le temps de protester face à l’attaque optique de Ruby contre son époux qu’elle sentit ses mains tenter de passer le cri au silence – et sans doute plus, mais son réflexe de se transformer en diamant l’aida à résister à la force surhumaine de la jeune femme dans sa forme de rubis. Summers essaya de raisonner avec la nouvelle vampire, mais, et il était difficile de ne pas comprendre, elle était confuse et avait du mal à accepter sa nouvelle réalité, quel que soit le rapport qu’elle entretenait avec celle dont elle croyait venir.

“Aucun mal ? Je viens de me réveiller et je suis déjà devenue une damnée vampire ! Et toi aussi ?!”

Sur cette accusation, les yeux de Ruby scintillèrent de plus belle, et croyant à un nouveau rayon destructeur, la Reine s’interposa entre les deux mutants aux yeux tueurs, croyant pouvoir encaisser ceux-ci en cas de nouvel échange. Une main vers la jeune femme, cependant, Emmeline ne fit rien de plus, ne voulant effectivement aucun mal à celle qui pourrait être sa fille, et tendit seulement sa main vers elle dans un réflexe protecteur.

“Ruby, je suis désolée, mais Scott est bien déjà un vampire – de son propre choix, nous combattons Dracula depuis même son royaume... Les yeux de Ruby semblèrent baisser en intensité alors qu’elle commençait à admettre des différences notables entre sa réalité et celle-ci, mais pas au point de totalement faire confiance aux deux vampires, précisément car ils restaient des vampires ...Les X-Men et toute l’humanité sont en risque d’extinction, c’était la seule solution pour pouvoir continuer à se battre contre Dracula au lieu de seulement pour la simple survie…”

La Reine laissa cette pensée flotter dans l’air lourd de cette scène un moment, toujours dans sa forme de diamant pour protéger Ruby comme Scott de l’autre et empêcher la situation de trop dégénérer. Leur “fille”, de son côté, gardait ses yeux vengeurs sur Emmeline; Au delà de la menace évidente qu’elle représentait, revoir les traits exacts de sa mère pour la première fois depuis des années, et protectrice comme elle l’était souvent, à la fois de son époux et sa progéniture, était hypnotique.

“Tu ne sens pas son contrôle, n’est-ce pas ? Celui de Dracula ? C’est parce que j’y suis invulnérable, grâce à ma forme de diamant qui me coupe de toute influence psychique, comme tu l’es sûrement, j’imagine..? Scott aussi ne la ressent pas, à travers moi puisque je suis sa progénitrice vampirique...et maintenant toi non plus...”

La remarque fit se redresser le corps en position de combat de Ruby, et ses yeux se tournèrent brièvement dans un coin supérieur, comme si elle se concentrait soudainement sur quelque chose d’autre, ou en l’occurrence, l’absence d’une telle chose. Faisant immédiatement retourner ses orbes destructrices à Emmeline, elle inspira longuement avant de prononcer deux simples mots avec une détermination infinie, comme la différence entre le cauchemar qu’elle vivait et un possible nouvel espoir.

“Prouve le.”

Emmeline fut surprise par la demande qui semblait impossible à satisfaire, et mit un moment à trouver une réponse, quelle qu’elle soit. Mais finalement, elle en trouva une, faisant un pas en arrière, vers Scott, et quittant sa forme de diamant, la rendant vulnérable aux rayons vangeurs de Ruby qui, si elle était comme son père, pouvait alors la désintégrer en un instant, privée de sa forme crystalline et résistance familiale que les deux autres mutants partageaient. Elle plaça une main sur les yeux de son époux pour s’assurer qu’il ne soit pas une menace non plus, et vint délicatement l’embrasser avant de retourner bien en avant de lui, comme pour se désigner cible.

“Fais moi confiance, mon amour... Elle se retourna enfin vers leur invité Lis mon esprit, Ruby – tu y verras tout ce que tu veux, et si quoi que ce soit te fait croire que je te veux du mal, je n’aurai plus les moyens de résister...”

Ruby crut d’abord à un piège pour lui faire quitter sa forme crystalline, mais réalisant qu’elle pouvait tuer Emmeline en un instant sans même le faire, et que si elle le faisait, ça serait elle qui aurait l’effet de surprise de son côté dans tout combat télépathique, elle considéra le pari au mieux risqué pour une femme aussi calculatrice et pragmatique que le double de sa mère.

Après une nouvelle et longue respiration, elle quitta sa forme de rubis pour retourner à la chair, et s’immisça dans l’esprit de la Reine qui, comme offert, était ouvert, toutes défenses abaissées; Elle en prit immédiatement le contrôle pour empêcher toute riposte, comme sa propre mère lui avait enseigné, et commença à traverser ses souvenirs.

Elle y vit sa propre vampirisation, contre sa volonté, et sa solitude avant que Scott ne vienne lui tenir compagnie au sein de la société vampire; Leur amour, particulier, c’était le moins qu’on puisse dire, mais intense, forgé dans une course effrénée pour la survie et la victoire contre Dracula; Et enfin, une volonté seulement naissante mais sincère de faire d’elle leur héritière, et l’élever comme leur fille.

Le visage appréhensif de Ruby s’adoucit, et sous peu elle relâcha son contrôle sur le corps de la Reine qui soupir aune respiration retenue depuis le début de son pari.

“D’accord, je...te crois...”

Elle ressentie l’envie de l’appeler “mère” comme elle avait appelé Scott “père”, et même si elle avait encore du mal à véritablement accepter cette idée, si jamais elle y arriverait, son inconscient ne pouvait que les voir tous deux comme les doubles parfaits de ses parents; Après être restée immobile un instant, tentant de rationaliser ces sentiments, Ruby abandonna et vint les enlacer.

[Scott Summers]

Tout comme Scott, Ruby avait eu des faux-souvenirs implantés en elle, une fausse psyché générée par Essex. Néanmoins, et contrairement à Scott, Emmeline ne connaissait pas les moyens de balayer ses faux souvenirs. Serait-il pour autant sain de le faire maintenant ? Ruby était perdue, complètement désorientée, et ce premier rapprochement entre elle et le couple de vampires était en soi une victoire. Détruire ensuite tous ses souvenirs en en révélant la fausseté pourrait avoir l’effet inversé. Scott accepta donc ce câlin à trois, laissant Ruby se lover contre eux. Elle semblait avoir compris qu’ils n’étaient pas destinés à devenir les esclaves de Dracula, mais qu’ils devaient aussi faire avec leur époque. Emmeline avait su canaliser Ruby en lui montrant ses pensées, mais cela avait encore besoin de se concrétiser. Après ce câlin, Scott s’éloigna donc un peu, et enchaîna :

« Dracula est une menace contre laquelle j’ai toujours lutté… Mais les X-Men ne pouvaient pas gagner contre lui. »

Ruby le regarda silencieusement. Elle s’était un peu calmée, ce qui faisait qu’elle pouvait désormais réfléchir un peu plus librement, et en tout cas sans avoir envie de les agresser systématiquement.

« Emmeline et moi, nous étions comme deux âmes en peine. Elle, privée de son humanité, réduite au rôle de faire-valoir… Et moi, privé de mon mentor. Dans le futur d’où tu viens, je suis peut-être un leader de la résistance, mais ce futur, personne n’en veut. Il est ce qui arrivera si nous laissons Dracula diriger les vampires.
-  Tu m’as toujours dit que les vampires étaient néfastes et devaient être tous exterminés…
-  C’est ce que je pensais, oui… Mais je me trompais, et je le dois à ta mère, Emmeline. »

Scott s’était assis sur le lit.

« Ma… Ma mère ? »

Le vampire acquiesça, tout en libérant l’accès à son bras. Il avait retiré sa veste, étant en chemise, et défit également celle-ci. Cela pourrait surprendre, mais son doigt glissa ensuite sur sa peau, et il entailla sa chair. Ruby frémit alors.

« Tu es notre fille, Ruby… Tant d’un point de vue biologique que vampirique. Viens boire… »

Ruby frémit encore, et se rapprocha. Elle finit à genoux devant le lit, et apposa ses lèvres sur le poignet de Scott, et commença à sucer. Scott frémit lentement, et sentit son rythme sanguin s’emballer fiévreusement. Ruby but avec passion, et, sans même le réaliser, sa peau changea de forme, reprenant sa teinte rubiconde. Elle avala ce sang avec appétit, et releva la tête, tremblant nerveusement. Son regard croisa celui de Scott, et elle put sentir le rythme sanguin de son père, qui s’était emballé à hauteur du sien… Et, sans qu’ils n’eussent besoin de dire quoi que ce soit, Ruby bondit sur lui, et l’embrassa énergiquement. Scott soupira à ce contact, et laissa les lèvres ensanglantées de Ruby heurter les siennes, dans un baiser désordonné, mais empreint d’une passion énergique. Elle rompit le baiser pour regarder Emmeline, et soupira lentement, chevauchant Scott, qui se retrouvait couché sur le lit.

« Maman… Laisse-moi boire ton sang ! » implora-t-elle.

[Emma G. Frost]

Emmeline ne savait trop quoi penser de la scène qui se déroulait sous ses yeux, mais elle pensait deviner que la combinaison de sa naissance vampirique et d’apprendre qu’elle n’était pas dans la réalité qu’elle croyait n’avait pas été tendre avec la psychée de Ruby – sans parler des rebondissements récents. Cependant, ne pas comprendre ne l’empêchait pas d’accéder à la requête de celle qui semblait désormais véritablement se considérer comme sa fille, et il semblerait bien dommage de refuser et gâcher tant d’effort.

“Bien sûr, Ruby...”

La Reine s’avança vers la jeune femme, lui offrant un de ses poignets, mais lorsqu’elle mit un de ses genoux sur le lit, la néo-vampire se rua sur elle, ignorant sa main pour venir mordre la partie haute de son sein, l’entourant en même temps de ses bras dans une forme primitive de l’étreinte vampirique, sa force encore mal contrôlée.

Avec Ruby agrippée à elle, Emmeline dirigea sa chute vaguement dans la direction du lit, et s’y retrouva aux côtés de Scott, le peu de sang qui échappait aux lèvres de leur fille commençant à tacher le blanc de sa robe pendant que sous celle-ci, la Reine tentait de détendre son corps, comprimé par la douleur et la surprise. Ses propres lèvres s’entrouvrirent, cherchant les mots pour protester, et ses yeux cherchèrent ceux de son Roi, ayant depuis longtemps appris à les voir à travers sa visière.

Elle ne trouva cependant pas quoi dire ou faire, ne voulant ni repousser ni offendre Ruby, et après un moment, arrivant à ignorer la douleur maintenant qu’elle se stabilisait, plaça doucement ses mains sur les flancs de leur fille, acceptant tacitement la situation, aussi surprenante qu’elle soit.

[Scott Summers]

Ruby se rua vers sa « mère » après avoir goûté au sang de son « père ». Elle cibla néanmoins une partie très précise de l’anatomie de la Reine : l’un de ses délicieux seins. Scott, qui était doucement excité par le baiser langoureux qu’il avait eu avec elle, avec sa « fille », les observa toutes les deux. Le mouvement surprise de Ruby renversa Emmeline, qui s’affala sur le lit, et se mit à doucement soupirer, sentant le corps voluptueux et éruptif de Ruby se presser contre elle. Scott les regarda, et vit Ruby mordiller le sein de sa mère, en avalant la pointe. Rien à craindre, il ne s’agissait que d’une morsure, mais sur une partie sensible de l’anatomie de la Reine, qui soupira doucement sous ce contact inattendu. Le plaisir se dilua en elle, explosant sur place. Scott sourit encore, laissant Emmeline caresser le visage et les longs cheveux de Ruby, puis caressa à son tour les cheveux de Ruby.

« Quelle affamée ! » sourit-il.

Elle finit par relever la tête, ses lèvres trempées de sang, et croisa le regard de Scott, puis Ruby se hissa sur le corps d’Emmeline, et embrassa sa mère sur les lèvres. Elle gémit contre elle, prolongeant volontiers le baiser, tandis que Scott défaisait ses vêtements. Il déboucla sa ceinture, retira son haut, et finit torse nu quand Ruby rompit le baiser, et se pressa contre son père, ses mains griffues glissant sur sa peau.

« Papa… »

Le plaisir et le désir de Ruby étaient contagieux, l’emportant. Elle se pressa contre lui, et il posa sa main sur l’une de ses fesses, la pressant, tandis qu’elle le griffa encore sur les épaules, faisant couler son sang sur son torse. Ruby le coucha ensuite sur le lit, et, observant les traînées de sang sur son torse glabre, elle se pencha, et lécha, soupirant longuement. Une tension nerveuse remontait sur lui, et il n’attendait plus qu’à ce qu’Emmeline les rejoigne à son tour…

[Emma G. Frost]

Après s’être adonnée à ce geste propre à une mère et son enfant, même si teinté par leur nouvelle nature vampirique, Ruby retourna son attention vers Scott, qu’elle commença à griffer pour pouvoir boire son sang à même sa peau. La vision ne laissait pas Emmeline de marbre, elle qui en était venue à considérer le sang de son mari comme synonyme de leurs ébats et de leur amour, s’échangeant au gré de qui s’était nourri ce liquide qui leur était si vital.

Après un moment de ces attentions, les yeux cristallins de leur fille se tournèrent à nouveau vers ceux de sa mère, et les doigts encore trempés du sang du roi, elle les passa sur les flancs de son cou puis derrière pour l’amener à elle et l’embrasser, partageant avec elle le goût du précieux liquide. Entrancée par tout ce sang et ces émotions qui submergeaient ses sens vampiriques, elle ne contrôle pas sa force et se tourna avec Emmeline dans les mains, la faisant passer par dessus Scott qui se retrouva entre ses cuisses.

“Maman…”

La Reine, une main sur le torse ensanglanté de son mari, et une autre sur la joue de Ruby, remontant doucement jusqu’à son oreille, se laissa happer par l’élan dans lequel se prenait la famille, se laissant doucement retomber sur Scott alors que ses doigts se repliaient sur sa peau, griffant un peu plus son torse.

Sous peu, les trois Summers se retrouvèrent unis par une nuit aussi sanglante que passionnée, durant laquelle toutes les distances qui pouvaient encore séparer Ruby de ceux qui se disaient, et au fond étaient, ses parents, se retrouvèrent réduites à rien.

[Scott Summers]

Cette nuit, Ruby allait pouvoir découvrir la beauté et la sauvagerie du désir vampirique. Similaire au désir humain, il en était aussi très différent, très… Sanguin. Après le baiser avec Emmeline, Ruby était fiévreuse, découvrant avec circonspection les nouvelles aspirations de son organisme. Scott frémit quand il sentit la main d’Emmeline glisser sur son torse, laissant une petite signature sanguine. Une délicate traînée pourpre qui le fit frémir. Ruby, coincée entre les deux, se tourna et Scott la coucha sur lui. Sa tête se retrouva contre son torse, et il posa sa main sur son front, caressant sa peau, son autre main venant caresser ses côtes, glissant plus bas, contre sa hanche.

« Tu es une vampire, maintenant… Le sang appelle le sang, Ruby… Laisse-toi porter, laisse-toi enivrer…
-  Pa-Papa… »

Était-elle capable de dire autre chose que « Papa » ou « Maman » en ce moment ? Scott s’en amusait plus qu’autre chose, car il pouvait tout à fait comprendre ce que Ruby ressentait. Elle était sous le choc, en pleine euphorie, et il caressa sa cuisse, glissant sur sa jambe, lacérant sa peau. Ruby gémit alors, mais la douleur qu’elle pouvait ressentir était très différente de ce qu’elle aurait ressenti comme humaine. Les doigts imbibés de sang, Scott les promena sur les lèvres de Ruby, qui les observa avec fascination, avant de les suçoter, les léchant. Les gouttes tombèrent sur son visage, sur son nez, et elle soupira, griffant le lit. Emmeline était couchée devant elle, et Scott laissa couler le sang sur le torse de Ruby. Avec sa peau pâle, le sang brillait comme une délicieuse rivière de rubis, glissant des seins de Ruby jusqu’à son pubis. Scott sourit encore, et embrassa Ruby sur la tête.

« Haaa, c’est… C’est si bon… »

Ruby succombait lentement, entre ses deux parents vampiriques, et c’était avec plaisir que Scott la regardait s’enfoncer, sombrer doucement…

[Emma G. Frost]

Emmeline se plaque contre Ruby, l’enserrant de ses bras dans un geste affectueux, presque protecteur, même si visiblement, elle n’en avait pas besoin. Sans même avoir à la regarder, sa fille vint plaquer une main contre sa joue et la griffa, lui tirant quelques gouttes de sang avant que l’odeur, quasi indétectable pour un humain mais irrésistible pour une vampire, ne la fasse se retourner et venir les lécher. Profitant qu’elle se soit tournée dans ses bras, la Reine fit râper ses ongles dans le dos de la jeune suceuse de sang, qui vint s’effondrer d’une mixture exquise de douleur et d’exaltation contre sa mère qui, en retour, la consola de quelques baisers, d’abord sur son front, puis sa joue, puis ses lèvres.

La nuit déjà bien lancée se poursuit et s’accéléra ainsi jusqu’au matin, les deux femmes Summers contre le Roi qui avait un bras au dos de chacune. Se réveillant la première, Emmeline se hissa doucement jusqu’à ce que ses lèvres puissent venir caresser le cou de son mari, presque instinctivement, sans même avoir pleinement conscience de la situation, ou les yeux complètement ouverts.

“Mon aimé… Elle se rappela alors, soudainement, ouvrant ses yeux bleus et les dirigeant naturellement vers leur héritière, avant que sa main ne suive, caressant du dos la joue de la jeune fille ...Ruby…”

Celle-ci se réveilla en sursaut, regardant autour d’elle comme s’attendant à une attaque, sans doute un reste de son ancienne vie. Se rendant cependant compte qu’elle était en sécurité, elle retomba contre le lit, et presque contre son père, d’où elle regarda celle qui avait réclamé son attention.

“Maman, qu’est-ce…quoi maintenant ?”

La question n’était pas totalement inattendue, mais comme son père, la mutante allait droit au but, et ne perdait jamais de vue ce qui comptait. Emmeline commença à se lever, ramenant à elle les restes de sa robe pour pouvoir se vêtir un peu.

“Bientôt - mais pas aujourd’hui, ces choses se préparent - nous annoncerons…t’annoncerons. Tu seras officiellement Princesse de Galles et notre héritière, et bien sûr, tu nous aideras à mener notre lutte contre Dracula: Nous ne pouvons nous croire qu’entre nous, et nos ennemis sont nombreux.

- Celui qui…me retenait, il en fait partie ?

- C’est très récent, mais oui…officiellement, nous le mettrons à notre emploi, qu’on puisse le surveiller, mais son ambition est effrayante, tout autant que ses capacités.”

[Scott Summers]

À la lueur des chandelles et des bougies qui déclinaient dans la nuit, l'osmose érotique et incestueuse entre les trois vampires prit progressivement un tournant de plus en plus sanguin. On ne pouvait guère s'attendre à autre chose de la part de créatures de la nuit qui se nourrissaient de sang, et pour qui le sang était un vecteur de vie, d'énergie, une impulsion fulgurante. Le lit vint à se recouvrir de sang, sans que les amants incestueux n'en ressentent une quelconque gêne ou affliction. Leur sang mélangé se répandit sur leur corps, sur leur peau, les unissant plus que n'importe quel lien. Scott disparaissait entre les deux femmes. Ruby hurla quand il la perfora, quand il brisa sa dernière trace d'innocence juvénile, un cri délicieux qui mourut dans le baiser sensuel qu'Emma lui fit, la Reine étant aux premières loges pour observer l'orgasme de sa fille. Ruby griffa, lacéra, elle ouvrit le dos de Scott quand il la prit pour la première fois, elle fit couler son sang le long de son corps, des lignes rouges qui glissèrent sur ses fesses pour imbiber le lit, et qu'Emma lécha avec envie.

Soupirs et gémissements ponctuaient cette longue séance, qui dura pendant toute la nuit. Le sang appelait le sang. Scott mordit le cou de Ruby pendant qu'Emma léchait le fruit intime et sanguinolent de Ruby. À la fin de cette nuit, Ruby devint vraiment une vampire. Lascivement étalé contre le corps de son père, elle soupirait lentement, sortant peu à peu de cette emphase. Scott tenait chacune des deux femmes dans ses bras, et Emma l'embrassait. Un baiser sensuel et ardent qui se termina quand Ruby émergea de son repos. Scott la caressa doucement, et fourra dans sa bouche son pouce, qu'elle suçota et mordilla. Il se releva ensuite à son tour, s'extirpant de la douceur de ses amantes.

« Pour commencer, je crois qu'un bain nous ferait le plus grand bien. »

Une fois les amants nettoyés, ils purent rejoindre la salle à manger. Un ciel grisâtre se levait sur la ville. Scott avalait un café tandis qu'un feu de cheminée crépitait dans l'âtre de la cheminée. Il portait un simple peignoir, quoique élégant, et s'efforça de résumer à Ruby ce qu'il savait.

« Une guerre oppose les vampires aux humains, et ces derniers sont en train de la perdre. Ils ont rejeté l'aide des mutants, qui étaient les seuls à pouvoir les aider.
-  N'avons-nous point d'alliés parmi eux, Père ?
-  Nous n'avons aucun allié à part notre famille, ma fille. Cependant, je me dois d'admettre que je n'ai pas vu le tableau sous toute son entièreté. Je pensais encore jusqu'à présent que ce conflit n'opposait que les humains et les vampires, mais il semble que les mutants disposent encore de ressources insoupçonnées... »

Il avala le contenu de sa tasse, et se rapprocha de la grande fenêtre, observant la ville.

« Lors de cette soirée, Essex a parlé d'un certain Apocalypse... Je pense que nous devrions interroger ce sinistre docteur. Je doute que Starrick se montre compréhensif, donc je propose d'aller voir l'un de nos agents, le député Brudenell. »

Ancien général, Brudenell s'était reconverti dans la politique. Aussi riche qu'incompétent, il était un aristocrate connu pour son arrogance, qui animait chaque soir des clubs avec ses convives. C'était aussi un couard invétéré

« Nous l'interrogerons sur cet Essex, et il nous dira ce qu'il sait. »