Organiser une rencontre n’avait pas été trop compliqué, et Mélinda avait laissé Alice s’en charger. Le manoir de la vampire était situé dans les hauteurs de la ville, à la lisière d’une épaisse forêt. C’était un beau manoir, séparé de la rue par un mur, et par un petit chemin communal qui décrivait un lacet après la grille d’entrée. Suite à ce lacet, on pouvait voir le manoir, de style victorien, qui se présentait sous la forme d’un U, ne montrant que la façade principale pour ceux qui venaient de l’extérieur. Le manoir était au centre d’un domaine comprenant plusieurs hectares, et que Mélinda avait aménagé, puisqu’elle disposait notamment d’une écurie avec plusieurs chevaux. C’était un manoir impressionnant, vaste, avec une grande piscine au milieu, de nombreux salons, et de nombreuses chambres. On entrait par la porte principale, un perron menant à un vestibule, puis au hall d’accueil, avec un double escalier intérieur. Devant, il y avait une porte menant droit à la piscine, et, sur la gauche, une grande double porte qui conduisait dans la salle à manger, une immense pièce, grande comme un salon du château de Versailles, avec des vitres hautes et une longue table à manger, où tous les membres du manoir se réunissaient le soir pour manger.
C’était un manoir très libre, un de ces manoirs libertins qui auraient fait fureur dans les écritures libertines occidentales des 17[sup]ème[/sup] et 18[sup]ème[/sup] siècles, où on couchait très librement. Insonorisés et renforcés, les murs ne laissaient aucun son s’échapper, sauf si les individus à l’intérieur laissaient sciemment les portes entrouvertes. Le manoir se composait majoritairement de femmes, mais Mélinda n’était pas sexiste, et il y avait ainsi des hommes, généralement de beaux éphèbes soumis et bisexuels. La bisexualité, en réalité, était une norme centrale et commune au sein du manoir.
Mélinda attendit donc, dans sa belle robe dorée, et dans un confortable salon, l’arrivée d’Alice et de Shiro, qui devaient toutes les deux revenir du lycée...
...Et, près de là, Alice et Shiro descendaient effectivement du bus, en compagnie d’autres lycéennes qui vivaient également au manoir, notamment Shii. Alice, toute excitée à l’idée de présenter Shiro à Mélinda, lui avait conseillé de ne pas hésiter à emprunter sa robe d’infirmière.
« Tu vas voir, tu vas vite te plaire au manoir. Quand on y est, on a plus envie de partir. L’essayer, c’est l’adopter ! »
La Princesse de Sylvandell était bien loin sur Terre, comme si c’était une autre Alice qui s’affirmait, une Alice libre, libérée de l’influence et de la pression de son père.
Et elle avait hâte que Shiro voit enfin Mélinda.. Le duo se rendit donc vers le manoir, et, en souriant légèrement, Alice proposa quelque chose à Shiro :
« On peut se tenir la main, si tu veux... »