Que c’était bon ! Ce moment était l’épitome de l’acte sexuel intense, primal, sauvage et passionné. Pas de jeux, pas d’artifices, pas de ménages, seuls les corps qui s’exprimaient, la chair contre la chair, la sueur s’entremêlant avec la salive et autres fluides indécents, leurs souffles et soupirs se concordant en une symphonie bacchanale.
Losgar se sentait vivant. Il avait, depuis longtemps déjà, enfoui une part de lui avec son passé ténébreux et morbide. Une part qu’il avait cru morte avec Nox, morte avec son héritage d’espèce suprême, de prédateur au sommet de la chaîne alimentaire des terribles monstres qui peuplaient sa terre natale. Cette part fière, conquérante et insolente ressurgissait désormais grâce à Onyxian, à ses provocations et son caractère, mais surtout par sa nature même. Le Cendré se remémorait des temps où il clamait glorieusement être le prince qui allait guider son peuple vers une ère de prospérité, celui qui avait toujours débordé de vie et de vigueur, de vitalité et d’énergie.
Il était tel le lion domptant sa lionne, rugissant dans la savane qu’il assoyait sa domination d’alpha sur la nature et ses sujets. Au diable les apparences, les défis, les doutes et ses regrets. En cet instant précis, il était Losgar, celui qui comptait redorer le blason de son passé et conquérir cette sublime et délicieuse femme qu’il emprisonnait entre ses bras.
Il ne compta pas le temps passé à la besogner avec délice, s’énivrant de ses gémissements, ses soupirs, l’expression de son visage salivant de plaisir. Malgré ses menaces, elle était au plus proche du Paradis qui avait été privé aux démons. C’est donc avec un grognement de joie sauvage qu’il donna un ultime coup de bassin en elle, enfonçant son épée jusqu’à la garde dans ce fourreau qu’il avait modelé pour épouser les formes de son pieu victorieux. Par ses frissons, par ses spasmes, il la sentit s’abandonner à l’ardeur de sa prestation sexuelle, en sentant couler à leurs pieds une véritable flaque qui trahissait le plaisir indéniable qu’elle avait éprouvé.
Soupirant longuement jusqu’à former un petit nuage de chaleur à travers ses lèvres aux couleurs de ciel embrumé, il délivra la Magoa du succulent supplice de son pal, l’extirpant de sa lance encore érigée et tendue, insatiable. Plutôt que la reposer, il la garda suspendu, fort qu’il était, et vint malicieusement lui caresser son intimité rougie par ses furieux coups, la doigtant sans gêne pour mieux profiter de cet instant. Ainsi accrochée à lui par ses bras autour de sa nuque, il pouvait continuer à la supplicier, lui caressant le corps, les seins qu’il malaxa fortement pour en dresser ses boutons de vénus.
“Le payer ? Oh mais je compte bien te le payer au centuple, Onyxian Magoa.”
Lui attrapant l’arrière de la tête, il l’approcha pour un baiser qui contrastait avec toute douceur sensuelle. Le baiser était intense, sonore, profond et long, sa langue cherchant sa semblable pour un balais enfiévré à mesure qu’il continuait à la malmener avec ses doigts entre ses cuisses, étalant davantage de sa mouille de succube sur le sol.
Quand il rompit soudain leur baiser, qui avait été si fort qu’on aurait pensé voir un couple d’amants qui savaient que le monde allait s’achever dans un instant, il la transporta telle un chevalier tenant sa princesse jusqu’à leur couche. Passant à côté du sablier, il l’ignora, ne cherchant même plus à savoir si c’était son tour à lui ou à elle. Cela lui semblait désormais être un jeu passé, une distraction qui n’avait plus sa place dans leurs ébats. Maintenant tout ce qui comptait c’était qu’il lui fasse l’amour de sa vie, qu’il imprègne son corps de son odeur, qu’il remplisse son ventre de sa semence et que son nom soit inscrit à jamais dans sa chair.
Il voulait la conquérir. Il la désirait comme le plus précieux des trésors, le plus saint des Graals.
“Tu t’es bien amusée à me glisser ta queue durant notre balais, hm ? J’ai compris le message, ma belle princesse. Et je compte bien t’accorder ton souhait.”
Hautain, toujours énivré par les aphrodisiaques qu’elle avait utilisés contre lui, l’ex-prince pinça la croupe tendue de la mère des Magoa, y appliquant une gifle sonore qui fit secouer de manière fascinante la chaire ferme et dodue de ses fesses divines.
“Merde, quelle beauté ... j’espère que t’es prête à connaître toute la puissance du prince de Nox !”
L’adonis grimpa à son tour sur le lit et se positionna au-dessus de son amante infernale. Son corps, chaud et luisant de sueur, se coucha contre son dos, l’écrasant légèrement sous le poids de ses muscles, de ce corps parfait qui aurait fait frémir la plus frigide des reines de glace. Un bras se faufila tel un serpent sous le menton d’Onyxian, tandis qu’elle pouvait sentir que le chibre brûlant de son amant commençait à toquer sur une autre porte, celle qui n’avait pas encore subie son ire.
Respirant bruyamment contre son oreille, le beau ténébreux colla le gland de son arme contre le fondement de la diablesse, appliquant une pression constante tandis qu’il forçait ses barrières et s’immisçait en elle. Serrant les dents par délectation, il attendit qu’elle s’adapte à l’intrusion de son bâton de chair dans son autre antre avant qu’il commence à se mouvoir, la plaquant totalement contre leur lit. Le bras, épais comme un arbre de granit, enserra alors le cou de la succube, l’étranglant légèrement dans une prise de total soumission.
Elle était, en résumé,
baisée comme une chienne par le plus ardent des mâles.
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Deux présences approchèrent de l’entrée de la grotte. Apocalymon siffla bruyamment, peinant à concentrer toute sa noirceur vers le duo sans abandonner l’effort qu’il cumulait pour maintenir l’étrange gadget qui constituait la moitié de son corps, cet artefact qui avait été offert par leur allié mystérieux, dont Devilmon avait décrit comme un servant du Dieu du Changement.
Faire confiance aux serviteurs de Tzeentch était le moyen le plus sûr de se faire trahir, tôt ou tard. Même entre eux, les cultistes du Dieu Sorcier se poignardaient dans le dos, car telle était la nature chaotique de leur maître. Mais jusqu’à présent, l’alliance de circonstance entre les deux divinités du panthéon chaotique avait été fructueuse. Apocalymon avait senti l’hilarité du Prince de l’Excès quand l’Avitite avait déchaîné sa colère dans les rues de la belle cité de Lust.
Mais il souffrait lentement, sentant cet engin complexe mais puissant lui pomper doucement son énergie si débordante d’ange déchu, et ce malgré les dons que lui avait conféré le dieu du chaos. L’appareil se nourrissait de sa jalousie, de son amertume, qu’il trouvait en abondance chez l’envieux personnage. Crachant son venin, il décida de soulager sa douleur quand il activera son piège.
Camouflé dans les ombres oppressantes de ce qui avait été jadis
un mausolée noxien, l’ex-ange de Lust scruta avec attention l’arrivée des deux anges, qu’il reconnut comme ses sœurs d’autan, Marta et Hélène. Il aurait pu ressentir de la compassion, ou de la pitié, mais son coeur avait déjà été noirci et vendu en esclavage à Slaanesh. C’est donc avec un sourire sans joie qu’il les espionna tandis qu’elles pénétraient les lieux. Apocalymon avait déjà bien préparé son coup, son allié n’étant pas le seul à avoir des tours vicieux et élaborés. Connaissant Marta, il sut qu’elle allait ouvrir la marche, car Hélène n’était pas une guerrière comme elle.
Quand l’ange ainée avança davantage, une brusque lumière rose traça une ligne droite derrière elle, formant une barrière violacée qui se dressa pour lui barrer toute retraite. Façonnée avec la magie rose corrompue par les cultistes, elle se montra particulièrement solide malgré tous les coups et tirs magiques que l’ange aurait pu déchaîner sur elle. Seule une magie colossale pouvait fracasser cette barrière magique, qui séparait désormais les deux soeurs.
Ricanant faiblement, Apocalymon toussa de douleur, endiguant le grondement des tubes dans son abdomen, puis donna un ordre télépathique aux créatures qu’il avait amené avec lui pour le servir. Magda put entendre, à travers les couloirs de ce mausolée, d’étranges sifflements, qui sonnaient comme le chant nuptial de quelques oiseaux exotiques, à la fois fascinants et effrayants. Une statue, représentant un antique guerrier de Nox, était dressée sur l’un des murs de la grotte, et de son ombre rampèrent les terribles
Fiends de Slaanesh. Des créatures graciles et véloces, qui vivaient dans le royaume du Prince des Plaisirs, les Fiends étaient aussi capricieuses que mortelles, dotées d’une agilité stupéfiante et de pinces capables de sectionner un homme en armure de plate en deux. Outre leurs longues langues qui cinglaient l’air comme un fouet de torture, un musc énivrant et soporifique émanaient de ces abominations, sapant les forces de ceux qui en inspiraient l’odeur.
Les Fiends étaient au nombre de quatre, chacune de la taille d’un grand, grand destrier de guerre. Elles tournaient autour de Marta, roucoulantes de malice, leurs queues de scorpion tendues comme des verges cauchemardesques pour embrocher l’intruse.
Cette distraction mortelle, comme prévu par Apocalymon, allait pousser Hélène à alerter les renforts, les amenant toutes jusqu’à lui. Que Marta survive ou non importait peu ... ce qui comptait c’était qu’elle revienne avec un être capable de briser la barrière magique. Un être puissant, divin.