Mère a dit : "surtout, ma grande, évite les bagarres inutiles !"
Un premier conseil qui remontait à très loin - plusieurs bonnes années en arrière - mais qu'elle renouvelait sans cesse.
Rini avait toujours fait en sorte de ne jamais l'inquiéter. Sa mère était bien trop occupée ailleurs, hors des frontières du Japon. Elle ne tenait pas en place, et ses supérieurs hiérarchiques non plus d'ailleurs. Même si elle manquait à sa fille, cette dernière ne lui reprochait pas de vivre pleinement sa vie professionnelle. Si ce boulot lui plaisait à ce point, c'était tant mieux, non ?
Ceci dit, j'espère que le mien futur ne sera pas aussi chronophage.
Il lui arrivait de rêvasser pendant les cours. Comme à cet instant, oui. Rini s'installait toujours près des fenêtres pour, de temps à autres, jeter un coup d'œil en direction du ciel et des bâtiments lointains. Quand le cours était trop ennuyeux, ça faisait passer le temps... plus ou moins.
La sonnerie retentit. Le professeur donna ses ultimes consignes avant de souhaiter une bonne fin de journée à la mauvaise troupe. Les élèves empaquetèrent rapidement leurs affaires et disparurent, par paquets, dans les couloirs. Les discussions entre copains et copines allaient bon train. Certaines s'éloignaient déjà.
J'avais presque oublié que c'était le dernier cours de la journée.
Elle n'avait pas besoin de se presser. Sa journée n'était pas terminée. Il lui restait quelques choses à faire, dans ce club auquel elle s'était inscrite. Le lycée allait devoir se la coltiner encore un bon petit moment ! Au moins, ce n'était pas pour nettoyer les classes, cette fois-ci.
Aujourd'hui, pas de sport non plus. Ça ne devrait pas être trop épuisant.
Son sac balancé en travers de l'épaule, elle quitta la salle avec un bon train de retard. Pas besoin de préserver les apparences plus que nécessaire ; les plus curieux s'en étaient allés depuis plusieurs minutes. Bien qu'elle aimait son cher père et son garage, Rini n'avait pas spécialement envie de se précipiter pour retrouver la paire.
En réalité, je ne sais pas trop ce qui m'attend là-bas.
Au club, en l'occurrence. Rini ne répugnait pas à plonger son nez dans la paperasse. Ce n'était pas ce qu'elle appréciait le plus mais bon ! Le boulot n'était pas à la portée de tout le monde, et au moins n'était-il pas aussi chiant que certaines matières sur lesquelles elle n'éprouvait absolument aucun plaisir à se pencher.
C'est un peu comme tout : le plus compliqué, c'est d'se lancer.
Sur cette pensée neutre, elle accéléra modérément le pas.