Alors que l'ex-gladiateur, devenu capitaine aux activités douteuses, traversait d'un pas lourd un canyon paisible d'apparence - quoiqu'assez sinistre dans son ensemble - depuis plusieurs bonnes minutes, il perçut soudain un mouvement discret dans son champ de vision périphérique. Mouvement auquel s'ajouta un sifflement à peine distinct. Celui d'une flèche que l'orc capta au vol, entre ses doigts puissants, avec une facilité proprement déconcertante.
Pour cela, le colosse d'obsidienne avait au moins dut stopper son avancée...
- Je sais reconnaitre un projectile Drow quand j'en vois un, lâcha-t-il de sa voix grave et râpeuse. Montrez-vous si vous ne voulez pas que je vienne vous chercher moi-même par la peau des couilles.
Comme il l'avait pressenti, l'embuscade Drow se résumait à un groupe constitué exclusivement de mâles. Des elfes encapuchonnés à la peau sombre, tous équipée d'un arc, de dagues et d'une armure de cuir, qui étaient sortis des ombres les uns après les autres. En somme, des bandits sans foi ni loi qui n'avaient pas su faire affaire parmi les leurs ailleurs que dans un trou aussi perdu que celui-ci...
Qui était le chef parmi ces caves ? Le capitaine l'ignorait. Il toisait tout ce moche monde d'un air supérieur qui, il le savait aussi, avait le don de les irriter.

- Beau geste, l'orc ! Chapeau bas, le félicita l'un d'eux. Mais tu connais le refrain, pas vrai ? Presque aussi vieux que le monde dans lequel on croupit !
- La bourse ou la vie, siffla vicieusement son voisin de gauche.
- Et même en faisant le bon choix, 'pas sûr que tu puisses t'en tirer sans une égratignure, surenchérit celui de droite.

Bombant le torse, celui que les spectateurs avides de massacre surnommaient le Brise-Monts, à l'époque, dans l'enceinte de l'arène, les recouvrit de toute sa hauteur et déclara sans ambages, avec une délicieuse simplicité :
- La mort.
La flèche se brisa entre ses doigts. Ce craquement marqua le début d'un énième combat à mort. Inégal en apparence, dans la mesure où le nombre ne jouait point en la faveur du costaud. Mais les mouches à merde auraient beau s'attaquer en meute au rhinocéros, jamais elles ne pourraient en venir à bout ! De la même manière que l'on ne coupe par un arbre avec une rapière, les intelligents lui préférèrent la hache. Lesdits Drows, malheureusement pour eux, n'étaient pas ce qu'on pouvait appeler des flèches.
Et ils allaient le sentir passer.