« Je ne lui fais pas confiance, non. On devrait retourner à la clinique d’Iosefka, pour examiner davantage Kazuha. »
Samara savait que Kazuha allait s’en vouloir. C’était sa garde du corps, elle n’était pas supposée être dans le coma. L’Archimage allait devoir veiller à ce que Kazuha ne tente pas par la suite de se faire pardonner en risquant inutilement sa vie. Gascoigne avait sorti une flasque de sa poche intérieure, et buvait un peu.
Il se retourna vers elles.
« Le temps est déréglé dans cette ville, mes jolies. Vous n’aurez jamais le temps de retourner à la foutue clinique avant la nuit, et je vous déconseille de rester dehors en pleine nuit, a fortiori avec votre copine qui est blessée. »
Samara se pinça les lèvres. Elle leva la tête. Le soleil commençait effectivement à descendre, et elles avaient fait un long chemin pour arriver jusqu’ici. Avec la rue détruite, et le risque que des monstres supplémentaires approchent, Samara devait trancher. Gascoigne était certes rugueux, mais il les avait après tout aidés, et, à sa manière brute de décoffrage, avait aussi soigné Kazuha.
L’Archimage trancha donc. Elle usa de sa magie, et le corps de Kazuha se mit à léviter. Samara releva ses bras pour les lier, ainsi que ses jambes, évitant ainsi de les faire trop ballotter.
« Très bien, on vous suit. »
Elle se retourna vers Ryanne, pour lui préciser le fond de sa pensée :
« Nous sommes suffisamment fortes, Ryanne, je n’ai pas à avoir peur d’un homme. »
C’était l’expression de son passé, de son traumatisme. Samara avait été misandre, car elle avait eu peur des hommes, à l’époque où elle avait été enfermée et martyrisée par un mage noir qui avait abusé d’elle. Samara avait appris à se soigner, et elle ne tenait pas à se montrer faible.
Gascoigne s’en amusait, et reprit sa marche. Samara et Ryanne le suivirent donc, ce qui les rapprocha finalement d’une chapelle avec un cimetière. L’entrée principale de la chapelle était condamnée, ce qui fit que le quatuor passa par une porte latérale le long d’un mur en pierre, menant au cimetière. Autour de la chapelle, un voile brumeux s’était levé. Le vent sifflait fortement, renforçant le côté lugubre de la scène.
En passant par le cimetière, ils rejoignirent l’arrière de la chapelle. Gascoigne ouvrit la porte à l’aide de l’une de ses clefs, et le quatuor put ainsi rejoindre les quartiers du prêtre. Sa chapelle avait été totalement murée, et des bougies illuminaient celle-ci. La nef était remplacée par une carte de la ville avec des indications, et quantité d’armes.
« Posez-là sur une couchette, votre copine a l’air endurante. Navré d’avoir été un peu brusque tout à l’heure, mais il fallait vous sortir les doigts du cul. Quand la brume s’abat, c’est que la nuit s’approche, et il faut pas traîner dehors… La brume, quand elle vous prend, elle vous relâche pas. »
La chapelle abritait également sur les bancs des victuailles, et beaucoup de bouteilles. Samara vit des arbalètes, des lances, des haches… Un vrai arsenal !