The Multiversity

[Le Barbarium]

...Rations ? Check ! Potions ? Check ! Breuvages frais ? Check ! Grappin ? Check !...
Comme toujours avant chacune de ses sorties, Shabel Sealgïr effectuait l'inventaire de sa sacoche. Elle n'oubliait quasiment jamais rien, mais cela ne l'empêchait pas de rester sérieuse de bout en bout en évitant de braver cette étape cruciale. Les articulations de son armure, fabriquée à partir des composants d'un Anjanath, avait été soigneusement huilées. Son épée (courte) avait bénéficié du même traitement. La sangle de son bouclier, un peu trop usée, avait été changée à cette occasion.



C'est donc l'esprit tranquille que la chasseuse se rendit à la Cantine pour y avaler un copieux repas. Cette fois-là, elle ne regarda point à la dépense, commandant la viande la plus savoureuse qu'elle ingurgita comme une gloutonne ! Le ventre bien chargé et le moral à son point culminant, elle siffla entre ses doigts, attirant de ce fait l'attention d'un drake ailé. Elle s'accrocha à lui à l'aide de son grappin ; il l'emmena à tire-d'aile jusqu'aux confins du Nouveau Monde, à savoir : les fascinantes Terres Anciennes !



Une fois à hauteur raisonnable du sol poussiéreux, Shabel replia son grappin. Le Mernos, qui l'avait conduite jusqu'à ces terres partiellement volcaniques, émit un petit cri avant de rejoindre les cieux. La chasseuse se rétablit d'une roulade. Tout en se redressant d'un bond, elle examina les environs. Là où elle se tenait, la jeune femme ne voyait rien d'autre que des piliers de pierre qui s'étiraient vers le firmament étoilé. Au loin, quelques colonnes de fumée noire, crachées par les petits volcans en activité, se joignaient à ce spectacle. Elle n'entendait aucun rugissement du côté des tunnels en descente et des gorges adjacentes. La zone paraissait calme dans son ensemble.
Et ce silence, les drakes ailés et les bestioles du coin ne cherchaient point à le perturber...
A en croire le peu d'informations que j'ai pu récolter auprès des chercheurs de la Commission, les dodogamas s'agitent dans les parages. Quelque chose d'inédit semble avoir perturbé leurs petites habitudes.
Elle était là pour mener son enquête et, si possible, résoudre ce problème avant qu'il ne prenne de l'ampleur. L'anomalie restait donc à définir. Dans le doute, Shabel Sealgïr avait emporté un arme affublée d'une affliction. Plutôt que d'envisager de tuer le possible trublion avec l'injection d'un poison puissant, la chasseuse avait pris une lame paralysante, boostée au maximum à partir des composants d'un Grand Girros. Capturer au lieu d'occire, c'était un peu son crédo. Tant que la chasseuse n'était pas amenée à se confronter directement à un dragon ancien, elle s'imaginait pouvoir s'en tirer à bon compte.
Et ne parlons même pas du Béhémoth ! J'ai entendu parler d'une histoire abracadabrante à son sujet. On dit que cette créature titanesque, capable d'utiliser les éléments à son avantage à l'aide de la "magie", n'appartient pas à notre monde. Qu'elle avait émergé d'une brèche à travers le temps et l'espace, et s'était retrouvée piégée ici, naguère, au beau milieu de la Terre des Anciens.
Shabel n'y croyait qu'à moitié, à cette légende. Les chasseurs ayant réussi à vaincre ce phénomène n'étaient plus dans le Nouveau Monde pour en témoigner. Beaucoup s'en étaient allés, d'ailleurs, direction les terres interdites. Shabel en ignorait la localisation exacte, mais cet endroit entouré de mystères appartenait très probablement au Vieux Monde...
Qu'importe ! Aujourd'hui, ma mission et ma vie se trouvent ici - et nulle part ailleurs.
Bien décidée à empocher la récompense, la chasseuse sauta souplement par-dessus un rebord rocailleux et se laissa glisser à travers une descente. La première zone à inspecter se trouvant juste en bas de cette dernière.

[The Fighterz]

Monster & Shabel

Je suis né sans mémoire, sans passé, sans nom. Tout ce que je sais, c’est que lorsque j’ouvre les yeux, les bêtes s’agenouillent. Elles grognent, reculent ou se prosternent, m’offrant leur soumission instinctive. Je suis le plus fort, celui qui domine sans avoir besoin de rugir. Ce monde m’appartient. La roche brûlante sous mes pieds, l’odeur du souffre et du sang imprégnant l’air, les cris lointains des faibles qui s’accrochent à la vie… Tout cela est mon royaume. Les premiers chasseurs qui ont osé fouler mon territoire n’étaient que de misérables proies. Ils pensaient pouvoir me traquer, m’abattre comme une simple bête. Mais je ne suis pas un monstre comme les autres. Je les ai déchiquetés, broyés, arrachés à leur arrogance. Ceux qui avaient de la valeur, je les ai dévorés. Les autres ? Offerts en pâture aux créatures rampantes, laissés en offrande à la terre qui les a vomis. La peur qu’ils ont laissée derrière eux me plaît. Elle imprègne encore le sol, elle nourrit mon existence.

Et maintenant… Une autre s’avance. Je la sens. Son odeur est différente. Persistante. Une traqueuse. Mais cette fois-ci, ce n’est pas elle qui chasse. C’est moi. Je me fonds dans les ombres des colonnes de pierre, mon corps glissant sans bruit sur la roche. J’aperçois enfin la silhouette de cette intruse. Son armure forgée dans les restes d’une bête inférieure, son arme trempée dans les poisons d’un reptile pathétique. Elle est préparée. Mais cela ne changera rien. Je me tiens là, à quelques mètres, la fixant de mes yeux luisants, brûlant d’une lueur froide et cruelle. Un sourire étire mes lèvres déformées. Elle sent ma présence, je le vois dans la tension de son corps. Un silence pesant s’installe entre nous, jusqu’à ce que ma voix résonne, rauque, presque amusée : « Toi… Tu es venue me traquer ? Quelle arrogance. Je me demande… crisperas-tu ces doigts sur ton arme quand je briserai ton esprit ? » L’air devient lourd. Mon aura s’étire, se déploie, visible comme une ombre vivante qui ronge la lumière autour de moi. La pierre sous mes pieds tremble, comme si elle-même redoutait ma présence. Une pression oppressante s’abat sur cette chasseuse, invisible et pourtant implacable. Je peux sentir son souffle se hâter, son instinct lui hurler de fuir, mais elle tient bon. Fascinant.

« Montre-moi, chasseuse. Es-tu prête à affronter ce que tu ne peux comprendre ? » Je n’ai pas besoin de bouger. Pas encore. L’attente, ce moment où la proie réalise qu’elle fait face à quelque chose qui la dépasse, est bien plus délectable que l’acte de frapper. Un grondement sourd s’élève du sol au moment où mes muscles se tendent. Puis, en un éclair, je bondis. L’impact de mon départ fait éclater la roche sous mes pieds, envoyant des éclats de pierre dans toutes les directions. Le sol se fracture en une onde de choc brutale, creusant de profondes fissures sur plusieurs mètres. En plein vol, je déploie mes quatre bras, chacun prêt à saisir, briser, déchirer. Un sourire carnassier fend mon visage, tandis que ma gueule béante, incrustée dans mon ventre, laisse s’échapper un filet de bave visqueuse. Ma langue noire et épaisse pend mollement, frémissante d’excitation. « Cours, lutte, hurle… Peu importe. Ce soir, la chasse prend fin !! »

[Le Barbarium]

Quelque chose n'allait pas. La chasseuse le perçut tout de suite. L'atmosphère était lourde, pesante... Et surtout, il n'y avait toujours pas un Félyne dans les parages. Pourtant, elle savait qu'une tribu de gajalakas habitait non loin. Et que ses membres, justement, n'étaient pas des plus discrets à cette heure. Dressée sur ses jambes, à l'affût du moindre bruit, Shabel Sealgïr avançait à pas feutrés quand une voix "humaine" l'interpella brutalement. Elle sursauta.
Le traquer ? Mais qui... ?
La chasseuse ne chercha pas tout de suite à lui répondre. Si ses oreilles étaient attentives, son regard, lui, furetait à droite à gauche. Mais avec les parois qui réverbéraient le son, il était trop difficile de localiser l'inopportun.
Reste calme, Shabel ! Apparemment, il ne s'agit pas d'un monstre et... ?!
Une force invisible l'étreignit ! Plus qu'un cri, ce fut comme si quelqu'un lui avait jeté trois capes immuables sur les épaules sans prévenir.
La chasseuse dut se faire violence pour ne pas laisser choir un genou à terre. Elle respirait fort - trop fort ! Alors elle dut se recentrer sur sa personne pour mieux faire face à cette menace potentielle.

- Q-que diable es-tu ?

Elle se maudit intérieurement pour son bégaiement ridicule. Une déglutition plus tard, la chasseuse récupéra - plus ou moins - le contrôle de ses membres. Shabel raffermit sa prise sur son épée et son bouclier, qu'elle suréleva un peu...
Un grondement terrestre attira son attention. Shabel perçut un mouvement d'air. Elle le vit alors : ce monstre capable de s'exprimer. Cette silhouette à la fois humaine et monstrueuse. Cette bête à la peau pâle dotée de quatre bras musclés !
Un autre choc eut lieu - beaucoup plus près que le précédent, mais pas tant espacé que ça dans le temps.
La chasseuse avait bondi pour s'en éloigner. Le souffle résultant avait bien failli la déséquilibrer. Son bouclier lui ayant surtout servi à se protéger le visage des projections de pierre.
Quelle vitesse... et quelle force !
Aussi violent que le Roi des Cieux ?
Non, il était encore trop tôt pour comparer ces deux spécimens !
L'un pouvait voler, l'autre non... du moins en théorie ?
La pression, en revanche, n'est pas du tout la même !
Shabel Sealgïr serrait les dents. Elle eut une rapide grimace en constatant la cavité buccale qui ourlait le ventre de son adversaire incompréhensible.

- A-attends !!!

Encore ce foutu tremblement dans sa voix ! Shabel eut envie de se mordre la langue en guise de punition. Mais elle s'en garda bien, fixant son assaillant dont l'agressivité lui paraissait au moins aussi vide de sens que son existence même.

- Tu parles notre langue, lui fit-elle remarquer, ses muscles toujours sous tension. Si nous pouvons dialoguer, nous ne sommes pas obligés de nous battre !

Il avait parlé de mettre "fin à la chasse". Mais celle-ci n'avait pas encore commencé. En tout cas, du point de vue de la chasseuse aux abois.

- Je suis venue ici pour enquêter. Alors reste sage, et il ne sera fait aucun blessé.

Pour cette chasseuse, la rencontre avec un être hybride était une première. En ces termes, elle ne pouvait pas se permettre de le tuer. Surtout pas avant de l'avoir étudié ! Le rôle de la Commission était certes de protéger l'écosystème à tout prix mais il n'empêche que face à pareil cas de figure, le doute était permis.
Comment allait réagir l'être à quatre bras doué de parole ?
Shabel Sealgïr conservait ses yeux rivés dessus, prête à faire chanter l'acier si besoin.

[The Fighterz]

Monster & Shabel

L’air est saturé de sa peur. Je la respire, je la goûte. Une crainte sourde, maîtrisée, mais présente. C’est subtil. Une tension dans ses muscles, une crispation dans ses doigts sur son arme, cette infime hésitation dans sa voix. Elle est forte, mais pas invincible. Elle le sait, et je le sens. Autour de moi, la terre me répond. Les fissures béantes que j’ai laissées s’étendent encore, avalant la poussière et les gravats. Mes quatre bras se tendent, mes doigts s’ouvrent et se referment lentement, impatients d’éprouver sa résistance. Mon sourire s’élargit, mes crocs scintillent sous la lumière blafarde des braises éparses. Je vois son regard s’attarder un instant sur ma gueule ventrale, sur la langue qui y pend mollement, baveuse. Son dégoût est presque aussi exquis que sa peur. « Dialoguer ? » je répète, moqueur. Ma voix résonne dans les cavités rocheuses, s’étire comme un écho malsain. « Tu veux traiter avec moi comme avec tes bêtes dociles, humaine ? » Je fais un pas, lentement, et le sol gronde sous mon poids. Mon ombre engloutit un peu plus la sienne.

« Tu parles d’enquête… Mais que cherches-tu à comprendre ? » Un ricanement rauque s’échappe de mes lèvres. « Pourquoi les tiens disparaissent sans laisser de trace ? Pourquoi l’air est chargé de cendres et de mort ? Pourquoi les monstres eux-mêmes rampent devant moi au lieu de m’affronter ? » Ma langue claque contre mes crocs, avide. « Je vais te donner la réponse. C’est parce que je suis leur fin. » D’un coup sec, je lève un bras et abats mes griffes sur un rocher proche. L’impact fait exploser la pierre en une pluie de débris. Certains ricochent sur son armure. Je veux qu’elle comprenne. Qu’elle voie la différence entre nous.

Je frappe sans hésiter. Mon premier coup percute son flanc avec une force inhumaine, broyant l’air dans ses poumons avant qu’elle ne comprenne ce qui lui arrive. Mon deuxième bras agrippe son poignet et le tord violemment—son arme chute aussitôt. Un troisième impact fracasse son bouclier, l’envoyant voler en morceaux. Pas un instant de répit. J’empoigne sa gorge d’une main griffue, serrant avec une force impitoyable. Son souffle se coupe, ses jambes se crispent sous le choc. Je la soulève sans effort, la maintenant suspendue comme un pantin inutile. Mon sourire s’élargit alors que je sens sa lutte, insignifiante. Puis, d’un mouvement sec, je la projette au sol avec une brutalité implacable, la pierre se fendant sous l’impact.

« Tu comptes me divertir ou tu veux que j'te fasse les pires abominations possibles ?! »

[Le Barbarium]

Pas commode, le colosse !
Loin d'être enclin à la discussion, il avait plutôt l'air prompt à la bouffer !
Railleur, le moitié homme moitié monstre s'approchait d'elle d'un pas lourd et intimidant. La façon dont il considérait l'espèce humaine incita Shabel à le considérer comme une sérieuse menace - et pas seulement à l'encontre de l'écosystème. Elle devait lever les yeux pour croiser son double regard. Parce que oui : il possédait deux yeux sur l'hémisphère gauche de son visage, l'autre partie étant couverte d'une étrange plaque brunâtre. Y avait-il des yeux là-dessous ? Deux fins interstices le laissaient supposer.
Quoiqu'il en fût, le monstre était désireux d'accélérer son jugement. Il énuméra plusieurs de ses actes odieux. L'un de ceux là impliquait la disparition de plusieurs chasseurs. Un autre, la peur qu'il inspirait aux monstres - pourtant réputés majoritairement très dangereux - de ce biome.
Shabel se rendit compte qu'on ne lui avait pas tout dit, au camp de base...

- Tu es dérangé !

Sa façon de penser et d'agir différait radicalement de celle des chasseurs.
Une nouvelle fois, Shabel accusa le coup de la surprise lorsque son ennemi - plus de doute possible ! - recourut à l'un de ses bras puissants pour réduire un rocher en pièces. Des projections de débris heurtèrent l'armure et le bouclier de la jeune femme. Elle se vit contrainte de reculer sur deux pas afin d'en atténuer les dégâts.

- Espèce de... !

Elle ne termina pas sa phrase : un poing traversa sa garde, s'enfonçant dans son flanc avec force. D'entrée de jeu, Shabel manqua vomir - son repas ou du sang ? Non, ce fut de l'air qui reflua au-delà de ses lèvres étirées sur un cri muet. L'instant d'après, elle se fit désarmer comme une débutante, son poignet rudoyé par une poigne de titan. Le troisième coup la débarrassa définitivement de son bouclier, le pulvérisant en une fraction de seconde.

- Quoi ?!

Avant même que les morceaux de sa protection s'éparpillent au sol, une nouvelle griffe s'était refermée sur sa gorge. Suspendue à bout de bras, Shabel crut bien qu'il allait lui broyer la trachée ! Les jambes tendues, elle suffoqua.

- Grrhllk !!

D'une de ses poings, la chasseuse martela fiévreusement la serre sauvage. Son geste ne fit qu'exciter le monstre humanoïde qui, plutôt que de bêtement la tuer d'une pression focalisée, l'écrasa contre le sol avec fracas !
Au-delà du barrage martyrisé de son armure Anjanath, Shabel sentit ses os grincer douloureusement. Ce coup-ci, elle cracha un peu de sang.

- Hurgf !

Alors qu'il promettait de lui infliger le pire si elle ne se remuait pas les miches, la chasseuse y alla à tâtons pour ramasser un débris de cristal qui s'était décroché du plafond. Le genre de pierre ayant pour spécificité d'exploser à fragmentation à l'impact. Malgré ses membres tremblants, Shabel chargea sa fronde et tira sur le monstre à bout portant !
Le projectile détruisit cette plaque qui lui protégeait la moitié de la face.
Cette perte eut au moins le mérite de fragiliser sa prise.

- Va t'faire foutre, saloperie ! croassa la chasseuse.

En ruant, Shabel parvint à se soustraire à son emprise. Il lui fallut néanmoins produire de nouveaux efforts pour se hisser sur ses jambes, devenues aussi lourdes que du plomb maintenant qu'elles supportaient le poids de son corps armuré.
Ma lame ! Où a-t-elle atterri ?
Distraite, Shabel ne fit pas suffisamment attention à l'assaut suivant.

[The Fighterz]

Monster & Shabel

La douleur. Une sensation que je n’éprouve que rarement. Pourtant, lorsque ce maudit éclat de cristal explose contre mon visage, elle me transperce d’une brûlure vive, fendant la plaque osseuse qui couvrait mon œil droit. Un instant, mon monde tangue, un filet de sang noir coule le long de ma joue. Je lève un bras, effleurant la blessure. « …Intéressant. » Elle m’a touché. M’a blessé. L’espace d’un instant, ma poigne s’est relâchée, assez pour qu’elle m’échappe. Une erreur de ma part. Mais cela ne se reproduira plus. Je la regarde tituber, chercher son arme comme une proie désespérée. Pathétique. Son souffle est saccadé, ses gestes lourds sous l’effet de la douleur. Elle croit encore pouvoir lutter ? Je sens un sourire tordre mes lèvres alors que mon corps se meut avant même qu’elle ne puisse réagir. Je frappe. Un coup de pied monstrueux en plein ventre. Je sens son armure se plier sous l’impact, la force la projetant en arrière comme un vulgaire fétu de paille. Un craquement retentit. Côtes brisées ? Probablement. Elle roule au sol, haletante, mais je ne lui laisse pas une seconde de répit. « Tu te débats bien pour une créature aussi faible. » Je bondis, mes quatre bras déployés, l’ombre de mon corps recouvrant le sien alors qu’elle tente à peine de se relever. Le sol se fracture sous mon poids lorsque j’atterris juste devant elle, une bourrasque de poussière s’élevant tout autour.

D’un geste vif, je saisis sa cheville et la soulève comme une poupée de chiffon, la balançant brutalement contre un pilier de pierre. La roche explose sous l’impact. Un rire rauque s’échappe de mes lèvres alors qu’elle s’effondre dans les gravats. « Je me demande… combien de temps vas-tu tenir avant de te briser entièrement ? » J’avance lentement, savourant l’instant, mon regard brûlant d’un plaisir sadique. Son esprit vacille, son corps est meurtri, mais elle respire encore. Tant mieux. Je veux voir jusqu’où elle peut aller. Jusqu’où elle peut souffrir. Je m’avance vers elle, mes pas lourds écrasant la pierre brisée sous mon poids. Son corps gît parmi les débris, tremblant, meurtri, mais encore en vie. Un sourire tord mes lèvres. Elle respire encore. Parfait. D’un geste sec, j’attrape sa cheville, mes griffes se refermant sur son armure cabossée. Puis, sans la moindre considération, je la tire vers moi avant de commencer à la traîner sur le sol rocailleux. Son dos racle contre la pierre, soulevant une traînée de poussière et de sang. Je sens sa respiration haletante, son corps tentant de résister, mais c’est inutile. Je ris, un grondement caverneux qui résonne dans les gorges désertes.

« Tu voulais des réponses, chasseuse ? Tu vas les avoir… Dans mon repaire. »

Je l’entraîne sans relâche, ignorant ses éventuelles protestations. Chaque aspérité du sol, chaque éclat de pierre vient lacérer son armure, meurtrir sa chair sous le métal. Plus loin, dans les ténèbres, mon domaine nous attend. Là où elle comprendra enfin qu’elle n’était jamais la chasseuse… mais la proie. L’entrée béante de ma grotte se dessine dans l’ombre, encadrée par des silhouettes tapies dans l’obscurité. Des créatures tordues, aux crocs luisants et aux yeux affamés, se redressent à mon approche, mais aucune n’ose avancer. Elles savent à qui appartient ce territoire. Moi seul règne ici. Avec un ricanement guttural, je soulève la chasseuse par la cheville et, d’un geste désinvolte, je la jette devant moi. Son corps heurte violemment le sol de pierre, soulevant un nuage de poussière rougeâtre. Autour de nous, les monstres grognent, s’agitent, excités par l’odeur du sang et de la faiblesse.

Je m’avance lentement, mes pas résonnant contre la roche, jusqu’à me planter devant elle. Puis, accroupi à ses côtés, je tends une main griffue et attrape son visage d’une poigne brutale, relevant sa tête de force. Je scrute ses traits, ses yeux où brillent encore ce feu fragile de défi. Un rictus tord ma bouche. Ma langue serpente lentement sur mes lèvres, goûtant déjà à l’idée de ce qui va suivre.

« Regarde autour de toi, petite chasseuse… C’est ici que finit ta traque. Mais avant tout, je vais profiter un peu de l'instant... »

[Le Barbarium]

L'imprudence est le pire ennemi du chasseur. Dans son désarroi, Shabel avait oublié cette règle élémentaire, primordiale même face à des adversaires comme cette... chose maléfique ! Ses doigts ne parvinrent point à se fermer sur le manche de sa lame, qui reposait parmi les cristaux tranchants. La chasseuse décolla sous l'impact d'un coup de pied. Frappe si puissante qu'elle endommagea sérieusement un flanc de son armure avant de lui mordre violemment les côtes. A en juger par le bruit et la douleur, le salopard lui en avait sans doute briser deux ou trois ! Les poumons en vrac, Shabel s'écrasa par terre. Au prix d'une douleur lancinante, elle trouva la force de rouler du côté qui la faisait le moins souffrir.

- Kof !

Son assaillant n'attendit pas qu'elle s'en remette. Avec une détente incroyable, il bondit en hauteur pour mieux s'écraser juste à côté d'elle, faisant tremblant le sol. Un crash qui se voulait intimidant... et étouffant, avec toute cette poussière qu'il avait soulevée.
La chasseuse toussa de plus belle. Elle régurgita du sang dans sa main gantée.
C'était mauvais signe : sa jauge de vie en avait prix un sérieux coup. Mais peut-être qu'en buvant une méga potion, elle pourrait...
Trop tard ! Une main s'était refermée sur sa cheville. L'instant d'après, Shabel sentit le sol se dérober sous son corps, qui heurta brutalement un pilier de pierre. Son casque se décrocha, s'en allant rouler plus loin. La chasseuse, impuissante, n'arrivait plus à savoir quelle partie de son corps la faisait le plus souffrir.

- M-merde...

Son support était instable. Elle devina être étalée sur un lit de pierres grosses comme des poings. Au-dessus d'elle, le pilier qu'elle avait heurté vacillait dangereusement. Effectivement, le choc avait été rude. Ce qui, une nouvelle fois, témoignait de la force absurde de cette bête à face humaine. Ici, avec elle, il n'était plus question de prédation mais de destruction.
Il est en train de me démolir.
Elle avait perdu son casque, son épée et son bouclier. Que lui restait-il ? Alors que le monstre approchait d'un pas lourd, Shabel fit l'inventaire de son avoir de toute urgence.
Mes armes de jet tranquillisantes, mon couteau de chasse...
De piètres armes face à un adversaire de sa trempe, mais des outils tout de même !
Seulement, Shabel manquait de force dans les bras. Tout son corps fourmillait de douleur, comme si son sang peinait à circuler à travers.
Je suis dans un sale état.
Alors que ça ne faisait que commencer.
Le monstre s'empara une nouvelle fois d'une de ses chevilles. Cette fois-ci, ce ne fut pas pour la balancer mais pour la traîner par terre. Shabel grimaça, gesticulant autant que sa santé déclinante le lui permettait. Mais respirer relevait déjà du supplice, aussi ne put-elle pas faire grand chose pour empêcher ce démon (qu'est-ce que ça pouvait être d'autre ?) de la tirer jusqu'à son repaire.
Son rire lui vrillait les tympans. Shabel cessa de se focaliser dessus, cherchant une solution dans son esprit tumultueux.
Pas facile de se concentrer avec toutes ces aspérités rocheuses qui lui écorchaient le dos ! La cape en fourrure qui pendait de son armure n'était plus, et les quelques protections métalliques ne faisaient plus leur office. Le supplice de la chasseuse s'étirait sur le long, menaçant de lui faire perdre la tête ou de sombrer directement dans l'inconscience. Shabel devait lutter pour conserver les yeux ouverts. La fatigue menaçant de l'emporter à tout instant...
Tiens bon... Tiens bon !
Traînée devant la grotte comme du vulgaire gibier, elle manqua pourtant perdre espoir. D'autres monstres encadraient l'entrée du repaire. Son tortionnaire n'était pas seul ? Non, ces créatures n'osaient simplement pas s'en prendre à lui. Terrorisées par sa puissance hors norme, elles le respectaient. Shabel crut qu'elle allait se faire dévorer, mais cette peur compréhensible ne dura guère lorsque l'apex aux quatre bras musclés la jeta sur la roche poussiéreuse.
La chasseuse poussa un petit cri. Elle était mal tombée, ne fut pas prompte à se relever...
Le destructeur ne la ramassa qu'à moitié en la soulevant par la gorge. Shabel, cambrée, une main rangée dans le bas du dos, grogna entre ses lèvres sanguinolentes. Elle soutint son regard monstrueux alors qu'il lui promettait de nouvelles horreurs à encaisser.
Les yeux de Shabel roulèrent un instant, côtoyant les quelques monstres excités par son odeur qui les encerclaient.
Je dois m'en servir à mon avantage.
Elle déglutit péniblement. A l'abri des yeux du monstre, ses doigts s'étaient refermés sur le manche de deux de ses petites lames tranquillisantes. C'était le minimum syndical pour endormir un être vivant de la taille d'un Dodogama. Peut-être ne feraient-elle qu'infliger de la léthargie à son tortionnaire ? Shabel n'avait plus rien à perdre, de toute manière.
Elle fit mine de baisser la tête.

- Oui, c'est ça, marmonna-t-elle entre ses lèvres rouges.

Pas suffisamment fort pour qu'il l'entende ; assez pour qu'il rapproche son visage du sien.

- Profitons-en, fumier !

Ses dernières ressources en stamina, la chasseuse les déploya en un mouvement sec ! Elle planta ses deux lames tranquillisantes dans la cuisse gauche du démon, les enfonçant en profondeur avant d'en tordre les manches de sorte à ce qu'il doive lutter pour les en arracher.
Shabel eut un rire mauvais alors que les monstre alentours, humant la faiblesse se propager dans les membres de leur Némésis, s'agitaient d'autant plus en sifflant à leur adresse.

- On n'invite pas... une louve chez soi, sale enflure.

Et advienne que pourra.

[The Fighterz]

Monster & Shabel

Le poison.
Je le sens.
Il circule, lentement. Traître. Il insinue ses fourmillements dans mes muscles, ralentit mes gestes d’un souffle. Chaque pas que je fais résonne plus lourd, plus pesant. Pas à cause de la roche. À cause de cette morsure dans ma cuisse gauche, là où la petite chienne a osé m’enfoncer ses jouets de misère. Je grogne entre mes dents. Une douleur sourde, qui monte en rythme dans mon crâne. « Saloperie de fouineuse... » Je titube à peine, mais ça suffit pour que deux de mes "gardiens" lèvent la tête. Des créatures puantes, à l’intelligence réduite, mais assez sensibles pour capter le moindre flottement. Je les fixe aussitôt — le regard noir, brûlant de rage contenue. Ils reculent, oreilles aplaties, gueules fermées. C’est ça. Qu’ils restent à leur place. Je ne suis pas encore affaibli au point de leur laisser une chance.

Je resserre ma poigne sur ses cheveux trempés de sueur et de poussière, la soulève sans douceur. Mon souffle est plus lourd. J’inspire profondément, espérant faire reculer la torpeur qui cherche à gratter mes os. Merde. Ce n’est pas censé me faire autant d’effet. Ces fléchettes, ces doses minables ! Mais elle a visé juste. « C’est ça, hein ? Tu crois m’avoir eu ? » je crache, et ma salive coule contre mon menton, chaude comme du sang. Je la balance sur le sol de pierre, juste au bord du cercle. Mon cercle. Là où j’abats ceux qui doivent servir. Là où la cendre porte encore la mémoire de ceux qui m’ont défié. Elle y laisse une traînée rouge. Je grimace, roule des épaules. Ma respiration est saccadée. Ce n’est pas la fatigue. C’est la saloperie de poison. Je plante un genou au sol, claque mes deux mains libres contre la roche pour me stabiliser. Une pulsation me traverse la tempe. Je grogne de plus belle.

« J’vais pas... perdre la face. Pas devant toi. Pas devant ces charognes. » Je la rejoins d’un pas plus lent, plus prudent. Mon bras tremble un instant. Je claque les dents. Ma fureur bouillonne comme un lac de lave sous pression. Je m’accroupis devant elle. Ma main cale son visage de force. Mon pouce écarte la trace de sang sur sa joue. Elle respire mal. Tant mieux. Mais elle vit. Encore. Je la fixe. Un rictus tordu, presque animal, déforme ma face moitié nue, moitié cuirassée. Je me penche un peu plus. Mon souffle la frappe au visage, chargé de chaleur, d’odeur, de promesses funestes. Je me lèche lentement les lèvres, mon regard ne quittant pas le sien. Et dans ma tête, une seule pensée martèle en boucle : résiste. Résiste au poison. Résiste au doute. Résiste à cette garce. Car si je faiblis trop...
Certains ici risquent d’oublier pourquoi ils m’obéissent.

Je chancelle un bref instant. Juste un. Le poison veut engourdir mes muscles, ralentir mon feu. Mais il ne sait pas à quoi il s’attaque. Mon cœur, s’il en reste un, est fait pour le carnage, pas pour la lenteur. Mes quatre bras se crispent. Ma mâchoire grince. Je les sens, ces minuscules lames plantées dans ma cuisse, comme des échardes de défiance. « Tu vas le regretter, garce. » Je m’accroupis lentement, pas à cause du poison, non. Pour qu’elle le sente venir. Je laisse une main écraser son poignet qui tenait encore un reste d’arme, juste assez pour lui rappeler que c’est fini. Et de l’autre, je la saisis brutalement par le col de son armure. La rage me guide. Le métal grince sous mes doigts, puis cède. Je tire, j’arrache. Je veux voir le tissu craquer, le cuir se rompre, et la prétendue chasseuse déchue devant moi. Qu’elle comprenne. Qu’elle voit ce que sa témérité a coûté. Je la redresse à moitié, toujours par le col. Elle pend là, secouée, nue sous les plaques éventrées. Pas de répit. Pas de gloire dans la résistance, juste une agonie qui s’étire.

« T'es pas mal comme ça... »

[Le Barbarium]

C'était la merde. Le monstre était beaucoup plus coriace qu'elle l'avait cru possible ! Malgré les effets du tranquillisant, il ne ployait pas - ou trop peu pour que les monstres, qu'il avait tolérés dans son repaire, entreprennent d'en faire leur quatre heures.
C'est une blague ?!
Ce concept lui était sans doute inconnu. La chasseuse gémit en sentant sa poigne cruelle se refermer sur ses cheveux. De force, il la fit se redresser. Un liquide chaud avait commencé à couleur du côté de ses lèvres tordues par la rage. Un œil ouvert, Shabel suivit distraitement la trajectoire de son crachat brûlant.
Une "excuse" pour fuir son regard courroucé ?

- L-lâche moi, salaud...

Et hop, exaucée ! Il la balança sur le sol de pierre, lui arrachant un couinement de douleur au beau milieu de ce cercle qu'il avait tracé bien avant sa capture. Shabel se traîna dedans. Elle avait bien peu d'espoir de fausser compagnie à ce tyran, mais que pouvait-elle tenter d'autre ?
Ah ! Un coup d'œil vers son tortionnaire lui apprit que le produit tranquillisant n'était pas sans effet. Il l'affaiblissait, d'une certaine manière. Mais toujours pas autant que prévu...

- Ne... t'approche pas !

Il était faible ? Certainement pas autant qu'elle ! Rappelons que ce monstre de puissance l'avait maltraitée en combat singulier. Shabel souffrait rien qu'en respirant. Tout son corps était une plaie qu'elle devait traîner par la force amoindrie de ses bras gourds...
Et le monstre, dans son orgueil, avait refusé de l'écouter ; il la surplombait, une main serrée autour de sa mâchoire inférieure de sorte à l'obliger à le regarder. Shabel perçut sa résistance, sa haine, sa colère, et par-dessus tout son envie de la brutaliser encore et encore.
Son haleine corsée lui arracha une grimace.
Que faire ? Que faire ?
Elle voulut lever une main. Un geste lent et discret que le monstre interrompit d'une saisie barbare. La chasseuse se débattit un peu, grognant de douleur. Elle ne pouvait plus rien faire. Cette monstruosité à quatre yeux la tenait entre ses griffes. L'une de ces dernières, à l'apparence presque humaine, trouva prise sur le col de son armure.
Cette même armure, qu'un forgeron avait fabriqué à partir des composants d'une wyverne terrestre, vola en éclats !
Choquée par ce défeuillage inhumain, Shabel en oublia de respirer. Elle ne se vit pas à moitié dénudée ; c'était bien pire encore car, avec les débris de son armure éparpillés par terre, la chasseuse se découvrit dépouillée d'une partie de sa fierté, de son honneur.

- N-non...

Elle serrait les mâchoires à s'en faire mal aux joues.
En la maintenant suspendue par le col, son tortionnaire en profitait pour la reluquer comme un vulgaire morceau de viande. Comme un putain de jouet qui lui appartenait de désosser dès que souhaité !
Ainsi vint l'horreur de ce qu'elle voyait poindre à travers ce regard malsain.

- ...Non ! (Elle secoua la tête.) Non ! Non !! Non !!!

Tel un poisson accroché à sa ligne, Shabel gesticulait avec l'énergie du désespoir. Au milieu de tous ces mouvements désordonnés, sa main gauche rencontra mollement le visage du monstre qu'elle cherchait vainement à repousser. En même temps, les craintes de la chasseuses exacerbaient l'appétit des créatures qui les observaient.

[The Fighterz]

Monster & Shabel

Le poison me ronge les veines comme une lave lente, mais la colère est plus chaude encore. Elle me tient droit, elle fait gonfler mes muscles, elle fait claquer mes crocs. Je sens la lourdeur dans mes membres, ce tremblement qui cherche à me plier, mais je refuse de plier. Pas devant elle. Pas devant ces charognes qui nous entourent et qui commencent à gronder plus fort en sentant l’odeur du sang. Je la tiens toujours suspendue par le col déchiré de son armure. Le tissu craque une dernière fois et les plaques métalliques tombent autour de nous comme des écailles mortes. Sa peau apparaît, pâle, marbrée de bleus et de griffures, couverte de poussière et de sang. Elle est belle ainsi. Déchue. Offerte. Sa main gauche effleure mollement ma joue dans un geste désespéré qui ressemble presque à une caresse. Je ricane, rauque, animal. « Tu touches encore, petite louve ? Même quand t’as plus rien pour te défendre ? » Je resserre mes griffes autour de sa mâchoire, l’obligeant à me regarder dans les quatre yeux. Le poison me fait vaciller une demi-seconde, juste assez pour que mon ombre danse sur elle. Les créatures autour grognent plus fort ; je leur lance un regard noir et elles se recroquevillent aussitôt. Elles attendront. Elles attendront toujours.

Je la lâche brutalement. Elle s’écroule à genoux devant moi, haletante, tremblante. Je fais un pas en arrière, lentement, laissant le sol trembler sous mon poids. Je déplie mes quatre bras, fais craquer mes articulations. Le tranquillisant me ralentit, oui… mais il me rend aussi plus patient, plus cruel.
Je m’accroupis devant elle, assez près pour que mon haleine brûlante lui fouette le visage. Une main empoigne ses cheveux à pleine poignée et tire sa tête en arrière, exposant sa gorge. L’autre main, griffes écartées, descend lentement le long de son torse nu, effleurant à peine la peau, laissant cinq lignes rouges là où je passe. Pas assez profond pour tuer. Juste assez pour qu’elle sente que je décide. « Regarde-moi bien, chasseuse. » Je penche la tête. Ma langue noire et épaisse sort de la gueule béante de mon ventre, lèche l’air juste au-dessus de sa poitrine, si proche que la bave tombe en filets visqueux sur sa peau, brûlante comme de l’acide dilué. « Tu voulais m’étudier ? Me capturer ? Me mettre en cage pour tes petits savants ? » Je ris. Le son fait vibrer les parois de la grotte.

« Alors étudie ça. »

D’un geste brutal je la retourne sur le ventre, plaque son visage contre la pierre froide. Deux bras immobilisent ses poignets au-dessus de sa tête, les écrasant presque dans la roche. Un troisième maintient ses hanches relevées, la forçant à cambrer le dos. Le quatrième glisse sans douceur entre ses cuisses, juste pour lui rappeler que je peux tout prendre quand je veux. Je me penche sur elle. Mon torse contre son dos. Mon poids l’écrase à moitié. Mon sexe, déjà dur comme la pierre volcanique, se presse contre elle à travers le dernier lambeau de tissu. Je sens son cœur cogner comme un oiseau affolé contre ma paume. Le poison me fait tourner la tête, mais la chaleur de son corps me réveille mieux que n’importe quel antidote. Je commence à bouger, puissant, implacable, chaque coup de reins faisant claquer sa peau contre la pierre. Mes quatre bras la maintiennent exactement là où je veux, l’empêchant de fuir, l’obligeant à tout encaisser. Le poison ralentit mes gestes, mais il rend chaque sensation plus intense, presque douloureuse de plaisir. Je mords sauvagement l’arrière de son épaule, le sang coule dans ma bouche, et je grogne contre sa peau tandis que je la prends encore plus fort, encore plus profond. Les créatures autour hurlent, excitées par l’odeur du sexe, de sang et de domination. Je n’ai même pas besoin de les regarder ; mon aura les cloue sur place.

[Le Barbarium]

La poigne se fit plus forte, plus serrée. Plus douloureuse. Entre ses joues compressées, la chasseuse émit un faible grognement. Elle ferma un œil, l'autre jonglant entre ces quatre petits globes méchants qui la toisaient si méchamment ! Shabel ne se faisait plus d'illusion vis-à-vis de leur entourage belliqueux : les petits monstres n'agiraient pas à l'encontre du prédateur ultime de cette zone.
Je suis fichue... fichue !
Ayant sans doute capté son désespoir, Il la laissa s'écrouler sur les genoux. Shabel accusa le choc avant de se mettre à tousser à ses pieds. Elle se sentait terrifiée, avait la chair de poule malgré la chaleur ambiante. Le feu liquide n'étant jamais loin sur ces terres anciennes. Le monstre recula sur un unique pas. Un seul mais un grand, considérant sa taille et son poids. La chasseuse n'osa pas tout de suite le regarder. Elle se sentit obligée de le faire lorsqu'il s'abaissa à son niveau, sa gueule vicieuse si près de son visage qu'elle pouvait capter son souffle inhumain. Le tranquillisant n'avait eu que pour effet de ralentir sa respiration ; le prédateur avait conservé ses défenses, ainsi que son énergie malsaine...
Il l'agrippa par les cheveux. Shabel grogna de douleur, renversant malgré elle sa tête en arrière comme il l'avait voulu.

- A-arrête, gémit-elle. Hunngggh !!

Mais elle avait affaire à un tortionnaire aux mouvements ralentis par la drogue. Cinq ongles acérés mordirent lentement dans ses chairs, menaçant d'en faire couler le sang. Inquiète de son sort, la chasseuse respira d'autant plus fort, sa poitrine ressortie se gonflant et se dégonflant de manière précipitée. Ses yeux oranges clignaient eux aussi plus vite, remuant fiévreusement dans la panique.

- Hmffh !!... N-non... non !

Il voulait qu'il la regarde. Qu'elle prenne parfaitement conscience de sa supériorité, et donc de sa propre impuissance. Cela l'écœurait, elle qui avait toujours sur se démener, se battre quitte à en souffrir. Aujourd'hui, c'était sensiblement différent ; sa cible lui paraissait invincible, au-dessus de tout ce qu'elle avait connu ! Sa gueule au ventre s'ouvrit sur une langue effroyable de laquelle gouttait un fluide brûlant. Shabel en reçut un échantillon qui fit fumer sa peau transpirante de peur. Elle secoua la tête dans tous les sens.

- Arrête, lui répéta-t-elle. Arrête, je t'en prie ! ce n'est... ce n'est pas ce que je voulais !!

Mais de ses désirs, il n'en avait cure ! L'anormalité l'expédia sur le ventre avant de lui écraser le visage contre la pierre. Shabel entendit des cloches résonner dans son crâne. Elle ouvrit la bouche, criant quelque chose qu'elle n'entendit même pas. Ses bras bougèrent à son insu, se réunissant au-dessus de sa tête grimaçante. Les os craquèrent contre la pierre rude. Le monstre les lui immobilisait avec une force surnaturelle. La chasseuse ne put guère s'affaler au sol, un autre bras l'obligeant à conserver les fesses en l'air, à sa merci.
Il ne va pas faire ça ?!
Son cauchemar rencontra l'impitoyable réalité. Entre ses cuisses, une main puissante s'était glissée, ôtant le plus petit doute qui ne l'avait pas encore quitté. Shabel expira fortement par les narines avant que le poids de la créature infernale vienne se poser sur son dos, achevant de la prendre au piège. Elle le sentait, maintenant... son épieu brûlant, prêt à la pourfendre à tout instant à travers le tissu de sa culotte.
Ce n'est pas possible ! Pas possible !!
Elle se tortilla - en vain, car il était trop fort et bien trop avancé.
Cette résistance futile ne fit qu'accroître sa sauvage excitation.
Le sang de Shabel ne fit qu'un tour dans son corps avant qu'il ne la frappe avec précision, en plein centre de son orgueil. Les yeux ronds d'ahurissement, elle libéra un gros hoquet. Le feu liquide coula à l'intérieur de ses cuisses, et avec lui la douleur déchirante d'une virginité à jamais perdue.

- Sa-salaud ! cracha-t-elle, déjà à bout de souffle. Démon !! Dé... AaAaGnNh !!

Il la perfora d'autant plus fort, jetant le devant de son ventre profané contre la pierre indisciplinée. Les yeux de Shabel s'embuèrent de larmes. Face au manque d'air, elle renonça à ses injures et fit de son mieux pour respirer. L'opération s'annonçait difficile et éprouvante car le monstre qui lui percutait l'arrière-train ne lui accordait absolument aucun répit. Tout en la bloquant, il la besognait comme un soudard, la forçant à essuyer la moindre de ses bousculades obscènes. Son membre rudoyait ses parois, les poussant de sorte à ce qu'elles moulent son horrible circonférence. L'estomac au bord des lèvres, la chasseuse en était également prise de vertige. Elle faillit perdre connaissance pendant qu'il la prenait lorsqu'une morsure dans le haut du dos la ramena à la réalité du moment. Il y eut de nouveau cet écoulement sulfurique, mais cette fois-ci le long de son omoplate. Le prédateur en avait profité pour la mordre, en traître et jusqu'au sang !

- Aaaaaaahh !!!

Son cri de suppliciée actionna celui des monstres alentours. Ils ne firent que manifester vocalement leur envie de se joindre à cette petite fête, sans toutefois oser s'y imposer en chair et en os. Le prédateur ultime avait marqué le gigot ; il était tout juste en train de taper dans la chair moite de peur.
En sentant sa virilité la creuser plus loin encore, Shabel, les yeux écarquillés, cria de plus belle :

- Iiiihrrkk !! Stop !! S-Stoooop !! AAAAAHHHNN !!

Impuissante, elle serra fort les paupières et les dents - quitte à se crever la lèvre inférieure. Cette stratégie ne l'empêcha guère de grogner sourdement, puis de se mettre à couiner et à gémir comme une folle en cage. La douleur, dévastatrice, commençant à réduire sa cervelle en bouillie. A force de la culbuter contre la pierre, le monstre n'allait pas tarder à venir à bout de sa raison et à faire d'elle son instrument de plaisir. Sensation dévoyée à laquelle la chasseuse devenue proie pourrait bien finir, en désespoir de cause, par s'abandonner complètement.

[The Fighterz]

Monster & Shabel

Le poison continue de ramper dans mes veines, une lourdeur sournoise qui alourdit chaque mouvement, mais la chaleur de son corps sous moi est un feu bien plus vif. Chaque fois que je m’enfonce en elle, je sens ses parois se crisper malgré elle, comme si son propre instinct luttait contre sa volonté. Ses cris résonnent dans la grotte, aigus, brisés, délicieux. Ils font vibrer jusqu’à la pierre sous nous. Je plaque mes quatre paumes plus fort contre sa peau moite. Deux bras tirent ses poignets tendus au maximum, faisant craquer ses épaules. Le troisième maintient ses hanches exactement à la hauteur que je veux, l’empêchant de s’affaler ou de fuir ne serait-ce que d’un centimètre. Le quatrième descend le long de son dos, griffes plantées juste assez pour tracer cinq nouvelles lignes de feu sur sa chair. Son premier hurlement, quand j’ai déchiré sa virginité d’un seul coup de reins, a été le plus beau. Il a fait taire net toutes les créatures autour. Maintenant, elles grognent en rythme avec mes coups, excitées, affamées, mais toujours clouées sur place par la peur que je leur inspire. Je ralentis un instant, juste assez pour qu’elle sente le vide quand je me retire presque entièrement, puis je replonge d’un coup brutal jusqu’au fond, arrachant un nouveau cri rauque.

« C’est ça que tu voulais étudier, chasseuse ? » Je grogne contre son oreille, ma voix plus grave que le grondement des volcans dehors. « La sensation d’être remplie par quelque chose que tu ne peux ni tuer, ni capturer, ni comprendre ? » Je sens ses larmes couler sur la pierre sous son visage écrasé. Son corps tremble, épuisé, mais je sens aussi autre chose : une chaleur traîtresse qui commence à mouiller malgré la douleur. Je ris, un rire profond qui fait vibrer ma poitrine contre son dos. Je change d’angle, plus profond, plus lent, pour que chaque veine de mon membre frotte contre ses parois sensibles. Ma langue ventrale sort, longue et noire, et vient lécher la morsure sanglante que je lui ai laissée à l’épaule. Le goût de son sang mêlé à ma bave la fait frissonner de dégoût… et d’autre chose. Je reprends un rythme impitoyable, plus rapide, plus violent. Chaque choc fait claquer sa peau contre la mienne, fait trembler ses côtes déjà brisées. Je sens le poison me rendre un peu plus sensible, chaque sensation décuplée, comme si la drogue transformait la douleur en plaisir brut.

Une de mes mains libres glisse sous elle, trouve son clitoris malgré ses tentatives faibles de serrer les cuisses, et commence à le frotter sans douceur, en cercles brutaux. Je veux qu’elle sente tout. La honte, la douleur, le plaisir qu’elle ne veut pas. Les créatures autour hurlent plus fort, sentant l’odeur du sexe et de la soumission imminente. Je leur lance un grondement si puissant que la grotte entière semble trembler ; elles se couchent aussitôt, gueules fermées. Je me penche plus près de son oreille, mes crocs effleurant le lobe. « Tu vas jouir pour moi, petite louve. » Le poison pulse encore dans mes veines, alourdissant mes gestes, mais la chaleur de son corps brisé sous le mien attise un feu bien plus violent ; je la maintiens plaquée contre la pierre, ses poignets écrasés par deux de mes bras, ses hanches relevées par le troisième, tandis que le quatrième lacère son dos de griffes brûlantes. Ses cris, d’abord rageurs puis suppliants, résonnent comme une symphonie dans la grotte, excitant les créatures alentour qui grognent en rythme sans oser approcher. Je ralentis un instant pour mieux la faire souffrir du vide, puis je m’enfonce à nouveau jusqu’au fond, arrachant un hurlement rauque ; je lui murmure à l’oreille qu’elle voulait m’étudier et qu’elle va maintenant apprendre ce que c’est d’être possédée par ce qu’elle ne peut ni tuer ni capturer. Son corps tremble, mouille malgré elle, et quand la tension devient insoutenable, je jouis en elle avec un rugissement primal qui fait trembler les parois : des jets chauds et abondants la remplissent profondément, la marquant de l’intérieur tandis que je reste planté, pulsant encore, vidant tout.

« Prends tout, petite louve… sens-moi te remplir jusqu’à ce que tu débordes de moi. »

Je me retire lentement, laissant un filet visqueux couler le long de ses cuisses, puis je la retourne brutalement sur le dos pour contempler son visage ravagé par les larmes, sa poitrine haletante, son regard éteint ; une main possessive posée sur son ventre souillé, je lui promets que ce n’est que le début et que bientôt même son esprit portera ma trace à jamais, avant de lécher lentement ses larmes du bout de ma langue ventrale, savourant le goût amer de son humiliation totale.