The Multiversity

[Lissandre Verrières]

Quelle délicieuse vision que celle d’une adoratrice en sueurs et essoufflée. Lissandre l’observa avec un sourire victorieux. Elle demandait une minute pour se reprendre ? Ce devait être terrible pour la sportive qu’elle incarnait. Lissandre commença à apporter ses doigts à ses lèvres quand sa future belle-fille avoua que soixante secondes serait loin de suffire. Il n’y avait pas meilleur compliment en cet instant précis à recevoir ! Et Lissandre n’ajouta rien, si ce n’était qu’elle suçota chaque extrémité de ces doigts comme si elle s’était régalée d’un plat plein de sauce.

Oh ! La petite ninjanounette avait encore de l’énergie ? Lissandre en fut un petit temps estomaqué. Avec un pareil jet qui prenait son temps pour couler le long de la porte des toilettes, elle aurait pensé qu’une pause était plus que nécessaire. Hmm ? « C’est pas la conclusion que je veux ! » ? Cette phrase sonnait comme une enfant têtue qui voulait faire son caprice. Alors Lissandre l’écouta avec un petit sourire en coin. Il était hors de question pour elle de ne serait-ce que baisser le buste. Elle allait devoir redouble, tripler ! d’efforts pour aller chercher le creux de son oreille et la liqueur de ses lèvres parfaites.

Hosoo y arriva.

*Quelle formidable moitié pour ma Mélissandre ! ♥*

« Il me semble que ce n’est pas ainsi qu’on donne un ordre. Ce doit être pour ça que tu es encore à l’école et que je suis une professeure. L’une sait et pas l’autre. C’est pour cette raison que tu dois retourner à l’école pour apprendre. Heureusement, tu as une professeure remplaçante merveilleuse, n’est-ce pas ? »

Est-ce qu’Hosoo réalisait ? Lissandre allait lui glisser entre les doigts. Evidemment qu’elle n’allait pas aller si facilement dans sa direction ! De toute façon, que pourrait-elle bien faire ? Avec ses jambes tremblotantes. Cette perte de souffle. Cette déshydratation. Hosoo n’était plus que l’ombre d’elle-même. Une parfaite ironie pour une kunoichi opérant dedans, oui ?

« Pour cette fois, je vais m’abaisser à ton niveau. De corps et de mots, entendu ? »

Lissandre s’accroupit d’une façon qui ne pouvait pas être autre chose qu’aguicheuse. Cette descente maîtrisée de son corps, Hosoo en avait eu un aperçu lors de leur battle de danse. Mais là ? Dans ce huis-clos empestant l’odeur de sa propre féminité ? Et ce n’était pas que fragrance. Il y en avait partout sur la porte.

« Je ne suis pas une petite chatte en chaleur se faisant tringler dans un lieu public. J’ai bien plus de contrôle sur mon corps et sur ma libido, au contraire d’une certaine ado qui a besoin de sa dose comme d’une junkie en manque. Tu arrives encore à suivre le rythme de mes mots ou tu es complètement hypnotisée par la danse jouée par mes deux lèvres en train de te parler ? »

Ses doigts claquèrent entre leurs deux minois pour réveiller l’attention d’Hosoo.

« Oh, j’ai pris quelques photos, mais je suis certaine que tu n’as rien remarqué, je me trompe ? »

Etait-ce vrai ou pas ?

« Je les ferais tirer sur des versions papier A3. Sur du beau papier glacé derrière des cadres entre arabesques dorés et rose flashy contemporain. Une petite série exposée dans le couloir aux yeux de toutes. Moi. Ma femme démoniaque. Ta future femme. Et nos enfants. »

Oh c’était tout à fait possible qu’elle ait pris ses photos ! Enfin, pas Lissandre elle-même. Il ne fallait pas oublier que sa combinaison moulante rose flashy abritait une créature symbiotique. Une slime capable de créer des tentacules et d’effectuer des mouvements aussi compliqués que celui d’utiliser l’écran tactile d’un téléphone portable.

« Je vais te laisser reprendre ton souffle et ta clarté d’esprit. Je t’attendrais au-dehors. »

Sans même tendre l’oreille ou esquisser la moindre hésitation, Lissandre poussa la porte pour sortir de cette salle du trône. Une sorte de reconnexion brutale avec la réalité. Lissandre était joueuse, certes. Elle n’allait pas faire semblant dans ces mouvements. Elle comptait réellement sortir.

[Hosoo Ienaga]

Jamais Hosoo n'avait rencontré professeure aussi joueuse que celle-ci ! Belle Maîtresse avait beau fricoter avec un démon, elle n'en demeurait pas moins foutrement envoûtante. Naturellement, la lycéenne avait envie de profiter au maximum de ce moment privilégié !
Mais Lissandre Verrières, elle, était une grande coquine pleine d'autorité qui savait parfaitement se maitriser.
Retourner à l'école pour apprendre ? Attends... qu'est-ce qu'elle essaye de me dire, là ?
Le désir étouffant avait pris le dessus sur son intelligence de l'ombre. La lumière de son enseignante commençait tout juste à l'éblouir, à l'aveugler...
Les doigts de la kunoichi retombèrent finalement, permettant à sa partenaire adulte d'accroître son contrôle sur la situation. Hosoo ne resta pas longtemps debout, à braver sa fatigue due à son copieux orgasme. De corps comme d'esprit, Lissandre Verrières l'aida donc à redescendre. Sa victime du jour chut délicatement sur les genoux.
Tout en la fixant avec un mélange d'intérêt et d'incompréhension, la lycéenne s'efforçait de l'écouter au lieu de se risquer à la lutiner. une partie de son cerveau n'avait manifestement point oublié l'enjeu derrière cette aventure : l'embauche.

- Je me ruine les neurones à tenter de vous suivre mais... c'était quoi le sujet, déjà ?

L'imbécile ! Elle en conçut de la honte - en retard. Le temps de remettre son cerveau en place et d'arrêter de lorgner sur cette paire de lèvres tentatrices qui débitaient des leçons beaucoup trop pénibles pour lui.
Le claquement de doigts devant son visage fit presque sursauter la fausse maid.
Ce que sa supérieure en devenir lui révéla ensuite acheva de lui remettre les idées en place.

- Vous avez fait QUOI ?!

Des photos ? D'elle en train de se faire dévorer le minou ? Non... de quelle partie de son anatomie était-il question, exactement ? Y voyait-on son visage barré d'une grimace de plaisir ?
Hosoo, le regard tremblant, commençait à se faire des films à partir de simples mots.
Belle maîtresse enfonça le clou en déclarant vouloir placer sous cadre ses clichés obscènes.

- Attendez... Vous n'êtes pas sérieuse, pas vrai ? Vous oseriez carrément afficher des photos de moi chez vous, sans ma permission ?!

Elle n'en croyait pas ses oreilles !
Si bien que Hosoo, dans tous ses états, survola cette idée d'avenir que lui avait trouvée sa diablesse d'enseignante en envisageant de la lier à sa propre fille. Elle craignait surtout que la "femme démoniaque" de Belle Maîtresse découvrisse cette facette de sa personnalité au moment de se faire emporter par sa terrible libido.
Une "petite" série, qu'elle a dit ! Combien de fois me suis-je fait surprendre alors que nous étions en train de... ?
Non ! cela paraissait bien trop invraisemblable.
Malgré tout désarçonnée par cette probabilité mineure, la lycéenne ne fit rien pour empêcher son enseignante de lui fausser compagnie. Elle entendit la porte claquer dans son dos. Ses sens ne la trompaient pas, cette fois-ci : elle ne percevait plus du tout la proximité de cette redoutable blonde dont l'expérience de la vie n'était plus à démontrer.

- Zut ! cracha Hosoo. Elle m'a bien roulée dans le stupre !

Frustrée d'avoir mordu si facilement à l'hameçon, elle abattit ses poings sur la cuvette et ferma les yeux aussi fort que possible.
Sans aucun doute, Lissandre Verrières venait de lui donner une bonne leçon...
La kunoichi releva doucement la tête. En la tournant, elle vit très clairement son "œuvre" liquide - ou plutôt celle qu'avait engendré Belle Maîtresse en profitant de sa fébrilité - qui dégoulinait le long de la porte.
Alors, Hosoo baissa machinalement les yeux sur sa tenue de servante.
C'est à moi d'effacer ça.
Telle était sa place - et ce n'était que justice, après tout.
Lissandre Verrières dut donc patienter quelques bonnes minutes avant de la voir réapparaître au-dehors. Avec leurs affaires qu'elle n'avait pas oubliées, bien sûr !
Comme quoi la lycéenne était au moins parvenue à rebrancher son cerveau...
Une fois face à l'enseignante, Hosoo se fendit d'une courbette teintée d'un respect si profond qu'elle resta un généreux moment dans cette position inclinée.

- J'admets ma défaite, déclara-t-elle sans aucun tremblement dans la voix. Vous avez été beaucoup plus... intelligente que moi alors que je me suis laissée totalement prendre à votre jeu.

Elle finit par se redresser, un sourire s'épanouissant sur ses lèvres.

- Qu'est-ce ce que je pourrais vous dire de plus ? Vous avez été brillante, sensationnelle, inoubliable... inimitable, j'ajouterais aussi. Tout ça à la fois, oui ! Ce qui me donne à penser que j'aurais assurément beaucoup de choses à apprendre de vous... si bien sûr vous daignez m'en donner l'occasion ?

Ah ? Un petit sourire gêné, cette fois-ci ? Hosoo rentrait presque la tête dans les épaules.
Voilà une image particulièrement rare qu'elle offrait à son enseignante émérite.

[Lissandre Verrières]

Les poings sur les hanches gainées de latex rose moulant, Lissandre écouta le petit laïus d’Hosoo. Elle se retint d’afficher un grand sourire. Il fallait dire qu’elle avait été surprise par cette très basse courbette. Tant de politesse made in Japan après un moment sans filtre à gainer la porte des toilettes… La différence était de l’ordre à faire le grand écart.

Au lieu de répondre à la question, les doigts vinrent reprendre le menton d’Hosoo pour déposer un baiser sur sa joue. Probablement que cette dernière aurait préféré sur ses lèvres. Mais un tel bisou ne signifiait pas qu’il y avait un lien intéressant entre elles deux ?

« J’aime beaucoup le fait que tu sois capable de prendre sur toi et de réprimer tes pulsions animales. Alors que… »

Evidemment, elle n’avait pas fini de jouer. Sortant de son arsenal sa voix grave langoureuse, elle poursuivit dans le creux de son oreille :

« …alors que tes cuisses sont devenues une bête au ventre vide, n’est-il pas ? Hi hi ! »

Lissandre remit une distance normale entre elles deux. Elle osa même lui tourner le dos pour prendre le temps de la réflexion. Comment ? Ce n’était pas nécessairement naturel de cambrer un peu le corps pour conduire les yeux de la lycéenne jusqu’à ses fesses si divinement moulées de rose ? Un appel à chuter en Enfer ? Et alors ? Lissandre Verrières s’y était mariée. Et elle en conservait de très bons souvenirs !

« Je ne suis pas particulièrement femme à me masturber intellectuellement de compliments. Mais je confesse qu’ils m’ont été agréables ? Comment ? Ai-je l’impression que tu as décomposé le mot « confesse » pour seulement retenir le mot « fesses » ? Est-ce que je dois te demander si tu les as reluqué ? … »

Petit silence.
Et avant même qu’Hosoo réponde, Lissandre sourit et enchaîne.

« Ne dis rien. Voilà une idée qui me vient. Nous allons nous attabler dans une boutique où nous pourrons boire quelque chose. Tu prendras une grande boisson parce que tu t’es beaucoup déshydratée. »

De nouveau, Lissandre revint dans le creux d’oreille d’Hosoo pour qu’elle seule puisse l’entendre.

« Veux-tu que j’exprime à voix haute la raison de ta déshydratation ? Hi hi ! »

Lissandre revint ensuite à une conversation normale.

« Une fois attablée, tu auras le droit de me poser trois questions. Aucune limitation. Et je répondrais avec honnêteté. Suite à cela, nous nous serrerons la main pour fêter ton nouvel emploi. Ensuite, je pense que nous retournerons à la limousine et qu’elle te conduira chez toi. Est-ce que ce programme te convient ? »

[Hosoo Ienaga]

Si la réaction de sa professeure ne la stupéfia pas, Hosoo en conçut tout de même un temps d'arrêt. Les familiarités de cette femme qu'elle avait appris à respecter au plus haut point ne la dérangeaient pas - elle considérait chacune d'entre elles comme une récompense à part entière. Les yeux de la lycéenne ne voyaient plus que ce visage coquet entouré de mèches blondes, brillantes comme de l'or.
Lissandre Verrières avait parfaitement conscience de l'effet qu'elle lui faisait.
Tout comme elle, je ne suis pas prête d'oublier ce qu'il s'est passé entre nous dans ces cabinets.
Même si sa coquine d'enseignante l'avait sans aucune doute fait beaucoup plus de fois qu'elle, ce souvenir, en plus d'être frais, était impérissable.

- Gggh... La "bête" s'est calmée, si vous voulez tout savoir.

Peut-être pas totalement. L'ex-pornstar était une maline qui savait jouer de son corps et de sa gestuelle. Alors quand elle s'était retournée après lui avoir soufflé ces mots, forcément, le regard de la lycéenne n'avait pas manqué cette occasion de lui caresser la croupe, de suivre cette courbe tentatrice pour mieux se délecter des deux rondeurs prisonnières de cette prison rose excentrique.
Belle Maîtresse, avec une nouvelle remarque bien calculée, continuait de la maintenir captive dans sa toile de luxure.
Hosoo ouvrit la bouche pour répliquer. Mais, interrompue par le dynamisme de son enseignante, elle n'alla pas au bout des choses. C'était elle qui dirigeait la conversation. Elle qui se rapprochait de ses oreilles pour l'embarrasser et la conduire là où elle le souhaitait quand elle l'envisageait.
La lycéenne déglutit aussi discrètement que possible avant de baisser la tête et de toussoter dans son poing.

- C-ce ne sera pas nécessaire.

Un peu troublée, elle eut vite fait de relever la tête et de préciser :

- Pour la raison de ma... ma "déshydratation".

D'un rapide coup d'œil alentour, elle vérifia que personne ne leur prêtait attention avant de poursuivre :

- Promettez-moi seulement de ne pas en parler quand nous serons à table.

Ah ? Un aveu de faiblesse ? Lissandre Verrières avait un don pour la mettre dans des situations embarrassantes et l'y faire marmiter. Mais elle était aussi très douée pour fournir récompense à celles qui lui avaient prouvé leur valeur.
Avec cette permission que Hosoo avait obtenue de lui poser trois questions - potentiellement indiscrètes - et la promesse de recrutement, l'heureuse élue était gâtée !

- Ce programme me convient... même si je crains qu'après avoir bu en face de vous, le trajet en voiture jusqu'à chez moi risque de me paraître... un petit peu long sans vos petites attentions.

Comme pour se donner un air mignon, elle cligna plusieurs fois des yeux. Expression qui changea du tout au tout lorsque l'intrépide kunoichi ajouta plus franchement :

- Vous m'avez certes infligé une cuisante défaite dans les toilettes, mais cela ne signifie pas pour autant que j'ai abandonné l'idée de vous rendre la pareille, Belle Maîtresse~

Sur le moment, on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle l'avait laissé sur sa faim. Lissandre Verrières avait vaincu et convaincu la lycéenne de son admirable talent. Mais Hosoo était en train de récupérer et finirait bien, à un moment donné, par revenir à la charge. Elle ne s'imaginait pas pouvoir évoluer autrement qu'en combattant le feu par le feu. Celui que maniait sa professeure, en l'occurrence, était définitivement à son goût.

Futures employées et employeuses trouvèrent donc un coin où se poser. Une enseigne pas trop bruyante où elles pouvaient se la couler douce en sirotant par-ci et en causant par-là. Hosoo, qui avait déjà réfléchi à deux questions qu'elle était autorisée à lui poser, croisa les jambes sous la table et démarra le plus naturellement du monde :

- Vous l'avez fait tout un tas de fois avec tout un tas de gens. Cela a même été votre métier, pendant un temps. C'est quelque chose que je respecte. En partie parce qu'il ne faut pas avoir froid aux yeux. Parce qu'il en faut, de l'audace, et que vous avez su me prouver que vous n'en manquez absolument pas.

S'accordant une pause, Hosoo baissa les yeux et se gratta distraitement la joue. Elle ne se souvenait pas d'avoir jamais autant complimenté quelqu'un avant cette rencontre. Même Chizuru Asa, l'idol de le classe, n'avait pas eu droit à autant d'éloges de sa part. Comme quoi Lissandre Verrières était d'une tout autre catégorie !

- Alors pour commencer j'aimerais savoir combien ? (Elle ne lui laissa pas tout de suite le temps de répondre.) Je vous autorise à me donner une fourchette - une simple estimation me suffira, à la rigueur. Ensuite...

Elle eut un petit sourire en songeant à sa première année de lycée. Ce n'avait pas été la plus remplie parmi les trois mais Hosoo ne pouvait tout de même pas dire qu'elle y avait été avec le dos de la cuillère ! Un brin nostalgique, la lycéenne cala son menton entre ses mains en coupe et reprit :

- J'aimerais savoir quand et où vous l'avez fait pour la toute première fois.

Pourquoi faire compliqué ? Sa professeure savait très bien ce qui l'intéressait chez elle. Maintenant qu'elle avait décroché le job, Hosoo n'envisageait pas de la questionner sur des sujets triviaux pour se faire bien voir !

[Lissandre Verrières]

Le pied de Lissandre avait commencé à glisser contre la jambe d’Hosoo. Mais le geste s’était très vite suspendue lorsqu’une conversation tout à fait sérieuse avait débuté. Et Lissandre fut impressionnée, et surprise et probablement autre chose par la nature des questions qu’avait choisi Hosoo. Bien que, elle se l’avoua très rapidement, il y avait un lien logique très naturel à tout ça.

Un instant, Lissandre resta bloquée sur une petite ouverture en rond de sa bouche. Exhibant ses lèvres qui semblaient toujours humide à souhait. Tentation à les embrasser. Etait-ce du gloss ? Etait-ce naturel ?

« Deux question sur trois. Deux questions difficiles. Enfin, difficile… »

Si Lissandre avait vaincu dans l’étroitesse des toilettes, Hosoo avait repris l’ascendant avec ces questions si brutes. Si directes.

Elle sortit donc son téléphone portable (lui aussi était rose comme sa combinaison de latex moulante) et de ses doigts experts, écrit une demande écrite. Elle ne faisait pas partie de cette génération qui parlait et écoutait les messages. Et donc, elle savait encore écrire. Un « talent » qui se perdait à vitesse grand V. Ce qui l’alerta sur le niveau d’Hosoo ! Si elle n’était même plus capable d’écrire un mot comme scotch (anecdote IRL véridique), elle serait probablement obligée de se séparer d’elle.

« Je suis en train de consulter un site qui donne des données sur les actrices, et acteurs en passant, dans le monde de la pornographie. Donnes-moi un instant. Parce que, honnêtement, je n’ai aucune idée de combien de partenaires j’ai pu avoir. Je dois avoir un carnet. Un journal intime de mes débuts avec ce genre d’informations. Et, hey petite coquine, éteins cette lumière de convoitise dans tes yeux. Il n’y aura pas de chasse au trésor version ninja. »

Lissandre découvrit (selon ce site : https://www.gamaniak.com/image-9049-sta ... porno.html) que l’actrice la plus prolifique était Nina Hartley. 938 films pour elle. 199 hommes en 28 années de travail. Lissandre se sentit soudain attirée par toutes ses statistiques. Elle poursuivit sa lecture et découvrit que pour les 10 actrices les plus prolifiques, la moyenne d’homme se situait à environ 148. Le tout réparti sur une carrière de presque 18 ans.

« Moi je suis encore jeune. Et je ne pratique plus. Dans une sphère professionnelle, j’entends. Mais j’avoue que ça remet en question les nombres que j’aurai pu avoir en tête. Je doute maintenant… Je suis désolé, Hosoo, ta question était pourtant simple. »

Le téléphone portable fit pousser une exclamation à Lissandre !

« Quoi ?! « J’ai couché avec 1 057 hommes en 12 heures ». C’est sérieux ? Je clique ou je m’abstiens ?... Qui est cette tarée ? »

Pendant un temps, Lissandre s’était vue comme une révolutionnaire. Fille de la bourgeoisie française, elle avait décidé de s’adonner à une carrière pornographique. Elle avait couché avec un bon nombre d’hommes et de femmes pour se faire connaître. Pour grimper les échelons. Pour avoir une légitimité. Pour avoir un droit de regard sur son corps, sur le scénario et sur… toutes les choses en fait ! D’abord en pensées, Lissandre parla de but en blanc à Hosoo de toute l’entièreté de ce paragraphe.

« Au début, c’était une façon d’emmerder mes parents. Et aussi ma grande sœur coincée. Je voulais faire chier. J’étais jeune. Et donc nécessairement rebelle. Et puis j’ai réalisé que j’y prenais plaisir. C’était une façon d’enfin se lier avec les gens. Certes, ça restait des gens qui disparaissait aussi vite qu’ils étaient entrés dans votre vie. Mais j’ai eu de ces conversations philosophiques, tu ne me croirais même pas. La nudité. L’intimité. Le rapport sexuel. Ca abat un nombre fou de barrières que se dressent les gens au quotidien. Un costume. Une tenue de maid. Tout ça met des étiquettes sur les gens. C’est aussi autant de façon de penser que cette personne dira ça. Pensera de cette manière. Agira de cette façon. Alors que c’est un rôle de composition. Alors que ça dissimule l’essence même de cette personne et… »

Elle se mit à sourire.

« Je suis désolé. J’ai beaucoup digressé. Mais comme tu as pu l’entendre, j’ai une version sur le sexe qu’on ne trouve pas dans les « grandes » informations. Et encore, je n’ai pas encore commencé à parler de ma volonté de transformer l’industrie en voulant filmer et dépeindre des sortes de grandes sagas. Des films en plusieurs épisodes à grands coups d’effets spéciaux. Et de vrais dialogues. Et de vrais scénarios. Et… à nouveau, je suis désolé. J’ai dû perdre de ma superbe ? Mais je suis cette Lissandre. Je suis aussi cette Lissandre qui, et bien, qui a fait ce qu’elle t’a fait avant. Je n’en parlerais pas davantage. Comme tu me l’as demandé. Et je suis aussi cette nouvelle Lissandre mère de famille. »

Et elle n’avait pas encore évoqué la seconde question.
En fait, elle n’avait même pas encore répondu à la première.
Enfin, il en restait une troisième et dernière à poser.
Mais, après tout, elles avaient le temps ? Sans compter qu’Hosoo avait affirmé qu’elle ne voulait pas rentrer chez elle après les derniers événements qui les avaient rapprochées toutes les deux.