Une vue de désolation, à perte de vue. Un monde entier qui avait été ravagé, déchiré, éventré par une force infernale ancestrale. Quand les Anges avaient senti la menace, ils avaient décidé d’affluer en masse. Une magie ancestrale avait massacré ce monde, qui était désormais entre les mains de cultistes ayant décidé de s’offrir aux Grands Anciens. Le murmure des Grands Anciens avait déchiré ce monde, qui avait sombré dans une guerre civile violente, tandis qu’une épaisse couche de maladie avait recouvert les villes. Des attaques chimiques mais aussi magiques, laissant deviner l’empreinte de Nurgle, le Grand Seigneur de la Pourriture. Conformément au Pacte entre les Anges et les Démons, les Anges pouvaient alors intervenir, car les Grands Anciens étaient une menace propre aux Anges comme aux Sept Princes des Enfers.
La planète n’était pas morte, mais désormais peuplée de monstres. Un mucus s’étirait sur bien des villes, avec un gaz maladif verdâtre qui avait transformé les habitants en monstres, en mutants qui continuaient encore à évoluer.
« Reste-t-il des êtres vivants ? » demanda Yehaël.
Elle se retourna vers le superviseur de cette opération, L’Ange Eriel. Très puissant, Eriel était redoutable, un Ange empreint de sagesse et de puissance contenue, mais avec une légère propension à l’arrogance. Ceci venait sans doute de son apparence d’être immaculé, parfait sur tout rapport.
« Nous ne pouvons que l’espérer, mais il appartient aux Oracles de nous renseigner. »
Les Oracles étaient d’élégantes prêtresses, d’anciennes religieuses qui avaient conservé ce statut par-delà la mort, et qui aidaient les Anges dans leurs opérations, en les soignant, en les guidant. Leurs prières enchanteresses distillaient la foi, et Yehaël et les Anges espéraient ainsi ressentir des échos.
« Nurgle va sentir notre présence, et va déployer ses forces… »
Si Nurgle n’était pas considéré comme un Grand Ancien, il en était très proche, et, de manière générale, chaque action massive des Dieux Noirs contribuait à affaiblir les barrières de cette réalité, ouvrant ainsi une porte pour les Grands Anciens. L’avertissement émanait de l’Ange Escutcheon. Elle avait pour habitude d’être une Ange-gardienne, une protectrice se battant avec des boucliers magiques. Yehaël acquiesça doucement.
Dans les airs, l’Ange Sonial, un autre Ange courageux et guerrier se rapprochait de son tour de garde. Il avait exploré les lieux, et ne tarda pas à confirmer les inquiétudes des Anges.
« Je n’ai décelé que la puanteur de Nurgle… Mais tout laisse à croire que, quelque part sur ce caillou sinistre, des mages renégats tentent d’ouvrir une Porte pour permettre aux Grands Anciens de revenir. »
Yehaël frémit doucement. Cette nouvelle était très préoccupante. Plusieurs Dieux étaient venus pour les aider, répondant en ce sens à l’appel des Anges. La Milice angélique était puissante, mais, face à la menace des Grands Anciens, toutes les aides possibles étaient souhaitables.
Les Anges avaient formé un camp, une forteresse centrale à l’entrée d’une grande ville ravagée. Un bouclier magique protégeait les lieux. C’était une ancienne forteresse locale, probablement un trésor archéologique. Des bannières avaient été déployées ainsi que des artefacts en vue de protéger et de purifier les lieux.
« En tout cas, des humains normaux ne pourraient pas survivre longtemps. Il faudra également nous méfier. À certains endroits, la corruption de Nurgle est telle que nous sommes aussi exposés. »
Eriel haussa les épaules. Appartenant à une frange exigeante des Anges, il avait toujours mésestimé les humains, les voyant comme des êtres faibles et pathétiques.
« Ils vont venir nous attaquer, éprouver nos défenses… Mes frères, mes sœurs, tâchez d’être prêts avant leur assaut ! »
Une campagne de longue haleine commençait tout doucement…