Dans la mythologie grecque, les Dieux appartenaient à plusieurs catégories, et, pour schématiser, on pouvait les diviser en deux parties :
- Les divinités chtoniennes, des divinités anciennes rattachées à la terre, qui n’étaient pas rattachées à l’autorité des divinités olympiennes, car elles étaient antérieures aux Olympiens. Le terme était assez générique, désignant aussi bien le Titan Gaïa. En tant que descendante de Gaïa, Méduse et ses sœurs pouvaient faire partie de ce groupe,
- Les divinités olympiennes, qui, elles, formaient la « dernière génération divine » grecque, et étaient régies par l’autorité de Zeus, suite à la révolte de celui-ci contre Cronos.
Cette simple dichotomie était bien sûr insuffisante pour rendre compte de la complexité de la mythologie grecque, car on aurait également pu inclure une troisième catégorie, celle des «
divinités célestes », comme Ouranos. De plus, il existait aussi d’autres divinités plus difficiles à répertorier, comme la Déesse Nyx… Mais la finalité de ce raisonnement, c’était surtout de dire que,
normalement, Méduse était l’adversaire des Olympiens. Or, elle était ici à leur service. Batman était sans doute le seul de ce groupe à en savoir davantage, non seulement parce qu’il ressortait d’un court séjour en compagnie de sorcières missionnées par la Déesse Sha ayant retrouvé le livre dont Méduse faisait état, mais aussi parce qu’il était en communication constante avec la
Justice League. Or, ses camarades venaient de faire équipe avec les
Avengers, et avaient appréhendé Ulysse.
Pour l’heure, il fallait toutefois se débarrasser de Méduse, et, même si Batman savait que les Maux de Pandore étaient responsables de ce chaos ambiant, il restait encore des zones d’ombre. Le
Roi Cramoisi ne lui était pas foncièrement inconnu, car il avait déjà entendu Wonder Woman en parler, mais tout cela faisait beaucoup de pièces au puzzle. En tout cas, il constata vite que les rumeurs sur Yoake étaient fondées, et que, somme toute, Poison Ivy ne jurait pas forcément dans le décor. En effet, Yuriko fit appel à des sortes de pouvoirs psychiques, et, tandis que, sous l’effet d’une forte décharge énergétique, ses cheveux se hérissèrent, elle regroupa des bris de verre, formant comme une série de couteaux pointus, et les projeta sur Méduse.
En retour, Méduse fit briller ses yeux, et figea la plupart des bris de verre, les transformant en blocs de pierre… Mais plusieurs bris la transpercèrent, et la firent hurler de douleur. Les « couteaux de verre » transpercèrent sa chair, et Méduse siffla furieusement, du sang s’écoulant de ses plaies. Elle se concentra ensuite, et, à la surprise générale, repoussa les bris de verre.
«
Sérieusement ? Tu espérais sincèrement que des bris de verre fonctionneraient sur moi ? Je ne suis pas aussi puissante que mes sœurs, mais je n’en reste pas moins une Déesse !
-
À quoi est-ce que tout cela rime ?! s’exclama alors le Chevalier Noir.
-
Vous ne pourriez comprendre, mais soit… Disons que ce qui se passe actuellement est le résultat d’une très longue saga qui a commencé il y a des millénaires, lorsqu’une alliance hétéroclite composée de Zeus, de Lucifer, et de l’Aîné, ont vaincu sur Terra les Grands Anciens. Mais on ne triomphe pas aussi facilement que ça de tels ennemis. La légende sur les Maux de Pandore relate la création d’une boîte magique pour y sceller les maux de l’humanité, mais c’est inexact. Car la Boîte n’a visé qu’à sceller les maux que Zeus avait attrapé au sein du Grand Ancien. »
Cette information-là était inédite, assurément, et étonna même Batman. Ainsi, Zeus aurait été
corrompu ?
«
Mais ce rituel n’a pas suffi, s’esclaffa Méduse.
C’est là que la tragédie olympienne entre en jeu… Évidemment, les auteurs grecs de l’époque, phallocrates et vivant dans une société où la femme n’avait aucun droit, ont fait d’Héra la mauvaise personne… Mais tout le désastre arrivé en Olympe est le fait de Zeus. Enfin… Maintenant que votre curiosité est satisfaite, je vais pouvoir vous supprimer… »
Méduse avait distillé des informations supplémentaires, mais ne comptait visiblement pas en dire davantage. Ivy resserra autour d’elle ses tentacules, et le regard de Méduse s’amplifia alors, statufiant les tentacules autour d’elle.
«
Mais que… ?
-
Vous n’avez vraiment pas l’air de comprendre à quoi vous en tenir, humains… »
Son corps cicatrisait rapidement des bris de verre, et, tout autour d’elle, le décor se transforma en pierre, se statufiant sur place.
«
Je ne suis pas immortelle comme Sthéno ou Euryale, mais, à défaut, j’ai sensiblement accru mes pouvoirs magiques. »
La pierre se rapprochait du trio, horrifiant Batman. Il n’était pas vraiment à son aise contre les magiciens, alors, contre les Dieux… Ivy se concentra encore, et envoya des tentacules sur Méduse, mais, quand ils rentrèrent dans son « aura », ils se figèrent progressivement, devenant totalement inutiles. Méduse gloussa alors, tandis que son sort de pétrification ultime se répandait encore tout autour d’elle, figeant le décor.
Il en alla de même pour les Batarangs de Batman, qui se figèrent en l’air, et explosèrent ensuite en mille morceaux. Rien ne semblait pouvoir percer ce sortilège divin qui les dépassait pleinement.
«
Je suggère un repli prudent…
-
Haha ! Fuyez, cela ne servira à rien ! »
Batman gronda encore. Yuriko pouvait sans doute générer un bouclier psionique pour retenir le sortilège, mais cela semblait bien insuffisant. La pierre se répandait encore, et Batman déploya son Bat-grappin vers l’arrière, enserrant la taille de Yuriko, et s’éloigna ainsi. Ils rejoignirent la mezzanine en hauteur, mais, alors que Yuriko aurait pu compter sur le Chevalier Noir pour la suivre, ce dernier déploya les ailes pour la protéger… Et se pétrifia sur place, devant elle, sur la mezzanine.
Inerte, Batman était tombé dans le sortilège de Méduse, qui ricana encore.
«
Je ne vais même pas m’abaisser contre vous ! Tuez-les, mes chéries ! »
Poison Ivy s’était protégée du sortilège avec des tentacules supplémentaires, et les deux femmes se retrouvèrent à nouveau seules.
«
Nous ne sommes pas de taille contre elle, Yuriko, fuyons ! »
C’était la seule issue raisonnable !