Il sortit tout de même à regret de sous la couette pour réaliser très rapidement qu’il portait uniquement une paire de bas et des gants style opéra. Heureusement ? pour Eve, ce n’était pas une situation si singulière. A vivre avec une femme-serpent qui n’hésitait pas à prendre son mâle quand l’envie la prenait, la famille et sa « normalité » s’adaptait. Néanmoins, il trouva rapidement une robe de chambre à enfiler. (mais il ne retira pas les bas ou les gants)
Main dans la main avec Eve, Camille traversa le couloir puis descendit l’escalier qu’il avait pris dans la nuit avec Korë. Il se souvint alors d’à quel point elle avait fait corps avec les ombres. Alors qu’à cette heure matinale, le ciel était de toutes les couleurs éphémères et auréolait les lieux d’une ambiance féérique. Le père et sa fille prirent quelques minutes d’observations silencieuses.
Jusqu’à ce que le petit ventre gronde de faim.
« Ah ah ! Oui on y va. Tu pourras rajouter un bol supplémentaire, s’il te plaît ? »
Eve : « Pas celui à maman ? »
« Tout à fait. Un autre. Celui que tu voudras. »
Eve : « La dame va rester longtemps ? C’est ta nouvelle amoureuse ? »
La curiosité et l’honnêteté des enfants avaient ce quelque chose de désarmant. Camille en était encore régulièrement surpris. Après une expression de surprise vint un grand sourire chaleureux.
« Moi, j’aimerai bien qu’elle reste avec nous. Et toi, ça te plairait ? »
Eve : « C’est que je ne la connais pas. »
« Tu as raison. De toute façon, des gens méchants veulent lui faire du mal. Alors… »
Eve : « Alors elle reste ! On la protégera nous ton amoureuse. Je mettrais dans un seau un des poisons de papa. Et on balancera ça par la fenêtre comme il faisait dans les châteaux. »
« Ah ah ! J’aime ton enthousiasme. Mais je ne veux pas que tu touches à mes affaires, d’accord ? Tu te souviens de la fois où quelques gouttes t’ont brulé la main ? Oui, je la vois ta main. Et on voit encore tous les deux les cicatrices qui ne partiront jamais. »
Eve : « Mais je n’ai pas trop pleuré. Parce que je suis aussi forte que maman ! »
Un peu plus tard, Korë descendrait à son tour au rez-de-chaussée. Sur une grande table serait disposé de quoi largement se remplir l’estomac. Du café, du thé ou encore du jus de fruits. Il y en avait plusieurs sortes. Et tous faits avec des fruits naturels. Il y en avait à manger aussi. Tout comme il y avait des viennoiseries. D’où provenait tout ça ? Le manoir semblait perdu en plein milieu de nulle part. Sans compter le manque évident de personnel. Il aurait fallu un boulanger-pâtissier pour ces pains au chocolat, croissants et autres délicieuses. Il n’y avait même pas une ou un serviteur. Ou employé ou tout autre terme qui pourrait désigner une personne s’occupant d’Adam et Eve, du manoir et de toutes les tâches qu’un bâtiment et terrain énormes comme ceux-là nécessitait. Des mystères qui attendraient encore un peu pour être explicités.