The Multiversity

[Reine Alice Korvander]

Elle se rappelait de la chute, du combat contre Wesker…

« On devrait pouvoir la sauver, elle a déjà été infectée. C’est un sujet de test exceptionnel. »

Elle avait entendu cela, avant de plonger de nouveau dans le sommeil.

Elle se rappelait encore de son nom complet… Jill Valentine. Ancien membre de l’équipe Alpha des S.T.A.R.S., une unité d’élite de la police de Raccoon City. Elle avait rencontré la menace d’Umbrella au manoir Spencer, elle avait découvert la trahison de leur capitaine, Albert Wesker. Elle avait décidé de mener une enquête par la suite sur Umbrella, mais le commissaire, Brian Irons, avait refusé d’enquêter, et l’avait finalement mis à l’écart. Elle était dans son appartement, à mener une enquête privée sur Umbrella, quand Racoon City avait été envahie par les zombies et les monstres d’Umbrella. Le Nemesis avait débarqué chez elle. Umbrella avait profité de cette épidémie pour se débarrasser de ceux qui étaient sur le point de révéler au grand public les manipulations de la firme. Finalement, les plans meurtriers d’Umbrella s’étaient retournés contre elle. La firme avait été dissoute, la Cour Pénale Internationale avait émis des mandats d’arrêts internationaux à l’encontre de tous ses dirigeants, et l’ONU avait fondé le BSAA pour lutter contre les bio-armes fabriquées par Umbrella et revendues après son démantèlement à quantité d’organisations peu recommandables.

En compagnie de son coéquipier Chris Redfield, ils avaient retrouvé le refuge du dirigeant d’Umbrella, Oswell E. Spencer. Un fondateur fasciste et suprémaciste croyant en la supériorité de quelques élus sur une masse sacrifiable. Son meilleur élève était Albert Wesker, le traître, qui avait gravi les échelons au sein d’Umbrella. Elle et Jill avaient croisé des monstres dans le manoir d’Oswell, et avaient vite compris qu’ils avaient été devancés. En retrouvant finalement Spencer, ils avaient vu son cadavre. Albert, son élève, l’avait finalement tué, et supplanté. Chris et Jill l’avaient affronté, mais Albert avait réussi à s’implanter une version améliorée du mutagène d’Umbrella. Il n’était pas devenu un zombie, mais un humain amélioré. Jill avait réussi à le vaincre en se sacrifiant, en sautant dans le vide avec lui depuis une fenêtre.

Mais ensuite ? Ses souvenirs étaient flous. Elle se rappelait être tombée avec Wesker, et s’être fracassée sur les récifs en contrebas.

« Nous allons devoir trouver un moyen de l’utiliser, mon amour. Tu as bien fait de me l’amener, elle est exceptionnelle. »

Celle qui parlait était le visage de la nouvelle Umbrella, la compagnie TriCell. Aussi belle qu’intelligente, Excella Gionne était la PDG de cette compagnie, mais son véritable dirigeant était Amlbert Wesker. Le mutagène de Wesker avait soigné ce dernier pendant sa chute, et ce mutagène avait aussi infecté Jill. Là où il s’était attendu à ce qu’elle se transforme en montre, le mutagène avait soigné Jill, tout en se stabilisant. Ce fait unique l’avait convaincu de l’emmener dans les laboratoires de TriCell, en Afrique de l’Ouest, dans la Zone Autonome de Kijuju. Jill flottait, nue, dans une cuve cryogénique. Le traitement avait blanchi ses cheveux, qui avaient pris une teinte blonde. Excella avait expliqué la stabilisation du mutagène car Jill avait déjà été infectée par le virus-T à Raccoon City, et soignée grâce à un antidote.

« Tout antivirus consiste à injecter dans le corps de l’hôte le virus, en l’altérant pour que les anticorps de l’organisme combattent le virus. L’agent Valentine est un cobaye amélioré, notre meilleure possibilité de perfectionner Progenitor. »

Cependant, il allait falloir que Jill soit coopérative. C’est pour cela qu’Excella avait demandé à Albert de revenir. Il avait une certaine expérience avec Jill, et le virus avait amélioré les performances de Jill. Elle arrivait même à se réveiller dans sa cuve.

« Je réfléchis à un dispositif permettant de le contrôler et reposant sur le principe des phéromones. Toi et elle, vous partagez la même souche de Progenitor, et… »

Une alarme résonna alors. Excella se retourna. Ils étaient dans une grande salle avec des ordinateurs, des scientifiques, des gardes, une salle aseptisée aux murs blancs avec, au centre, la cuve liquide dans laquelle le corps nu de Jill flottait.

« Madame, elle se réveille !
- On injecte de la morphine, mais son corps la rejette ! »

Excella se pinça les lèvres. La dernière fois, elle avait percé la cuve, et tué plusieurs agents, avant qu’ils ne la stoppent, presque par miracle. De fait, le corps de Jill s’agitait, ses paupières commençaient à s’agiter… Elle allait se réveiller !

[Leon Redgrave]

Ancien capitaine de l'équipe Alpha des S.T.A.R.S, il fut un temps ou Wesker travaillait pour la bonne cause (ou du moins, c’est ce qu’il faisait croire.). Tout bascula En 1998, lorsque Wesker décida de mener l'équipe Alpha des S.T.A.R.S., incluant Jill Valentine et Chris Redfield, dans une mission de sauvetage au manoir Spencer dans les monts Arklay. Ce qui devait être une simple mission de recherche et sauvetage se transforme en cauchemar lorsque l'équipe découvre que le manoir abrite un laboratoire secret d'Umbrella infesté de créatures mutantes.

Wesker, cependant, s’avéra etre un agent double, travaillant en realité pour Umbrella. manipulant habilement les événements, guidant ses coéquipiers à travers les pièges mortels du manoir tout en collectant des données sur leurs performances face aux bio-armes. Sa véritable mission : tester l'efficacité des créatures d'Umbrella sur des sujets d'élite, tout en éliminant les témoins gênants.

La trahison de Wesker fut révélée dans les derniers moments de l'incident, lorsqu'il libèra le Tyran T-002 pour éliminer les survivants de l'équipe. Cependant, ses plans échouent partiellement quand Jill et Chris parviennent à s'échapper, non sans avoir découvert sa véritable nature.
Wesker avait prévu sa propre "mort" au manoir. Infecté par une souche expérimentale du virus Progenitor, il simula sa mort lors de l'attaque du Tyran, mais ressuscita avec des capacités surhumaines. Cette transformation fit de lui un être supérieur, confirmant sa croyance en l'évolution forcée de l'humanité.

Des années plus tard, Jill Valentine et Chris Redfield, désormais agents du BSAA (Bioterrorism Security Assessment Alliance), traquent Wesker jusqu'au manoir d'Oswell E. Spencer, le fondateur d'Umbrella. Ils découvrent que Wesker avait assassiné son ancien mentor, marquant sa rupture définitive avec l'héritage d'Umbrella pour poursuivre sa propre vision.

Le combat qui s'ensuit révèla l'étendue des pouvoirs de Wesker. Amélioré par le virus, il surpassa largement ses anciens coéquipiers en force et en vitesse. Face à cette menace insurmontable, Jill Valentine prit une décision désespérée : elle se sacrifia en sautant par une fenêtre avec Wesker, plongeant tous deux dans le vide depuis une grande hauteur. Une chute qui devait etre fatale.

Si la survie de Wesker n’était guére une surprise, ce fut celle de Jill qui fut la plus surprenante. En effet, durant leur chute prolongée, Jill fut infectée par le virus Progenitor. Cette infection unique, combinée à l'exposition antérieure de Jill au virus-T lors de l'incident de Raccoon City, créea une réaction inattendue : au lieu de la transformer en monstre, le virus la stabilisa et l'améliora génétiquement.
Reconnaissant la valeur exceptionnelle de ce "spécimen", Wesker captura une Jill encore inconsciente et l'emmèna dans les laboratoires de TriCell en Afrique, où commença une nouvelle phase de son obsession pour l'évolution parfaite. Jill allait ainsi le cobaye idéal pour ses expériences, portant en elle la clé de ses ambitions les plus folles. Ce qui nous améne au présent…

*******************************

Albert Wesker demeura parfaitement immobile pendant quelques secondes, ses yeux rouge sang fixant intensément la silhouette qui s'agitait dans la cuve cryogénique. Un sourire presque imperceptible étira ses lèvres tandis que le chaos s'installait autour de lui. Les alarmes hurlaient, les scientifiques couraient dans tous les sens, mais lui restait calme, presque... amusé.

"Fascinant," murmura-t-il d'une voix grave et posée qui contrastait violemment avec l'affolement général. Il ajusta ses lunettes noires d'un geste lent et délibéré. "Absolument fascinant."

D'un mouvement fluide, presque félin, il s'avança vers la cuve centrale, ses pas résonnant avec autorité sur le sol métallique. Les scientifiques s'écartèrent instinctivement sur son passage, reconnaissant l'aura de dangerosité qui émanait de lui.

« Arrêtez cette agitation pathétique, »ordonna-t-il sèchement, sa voix tranchant à travers le brouhaha comme une lame. « Vous vous comportez comme des enfants face à un phénomène que vous ne comprenez pas. »

Il se tourna vers le scientifique en chef, un homme bedonnant aux cheveux grisonnants qui transpirait abondamment. « Docteur Morrison, cessez immédiatement l'injection de morphine. Vous ne faites qu'aggraver la situation. »
« Mais monsieur Wesker, elle va--»
« Elle va quoi ? » l'interrompit Albert, sa voix devenant dangereusement basse. "Se réveiller ? C'est exactement ce que nous voulons, imbécile. Comment comptez-vous étudier ses réactions si vous la maintenez dans un état comateux artificiel ?"

Il fit quelques pas de plus, se rapprochant de la cuve jusqu'à pouvoir poser sa main gantée sur la surface froide du verre renforcé. Ses yeux scrutaient le corps de Jill avec une intensité presque prédatrice, notant chaque détail : la couleur blonde que ses cheveux avaient prise, la pâleur marmoréenne de sa peau, les légers tremblements qui parcouraient ses membres.

« Regarde-la, Excella, » dit-il sans se retourner vers sa partenaire, sa voix teintée d'une admiration froide. « Même inconsciente, même flottant dans cette solution nutritive, elle lutte encore. Son corps rejette nos sédatifs, son esprit refuse de se soumettre. C'est... magnifique. »
Excella s'approcha, ses talons claquant nerveusement sur le sol. « Albert, nous devons agir rapidement. Si elle se réveille complètement sans le dispositif de contrôle— l »
« Elle détruira tout ce laboratoire, » termina Wesker avec un sourire carnassier. « Je sais. J'y compte bien. »

Il se retourna enfin, faisant face à Excella et aux scientifiques terrifiés. "Écoutez-moi bien, tous autant que vous êtes. Jill Valentine n'est pas un simple cobaye. C'est une arme que nous devons apprendre à manier avec subtilité. Sa résistance, sa force, sa capacité à survivre à l'impossible... tout cela fait d'elle le spécimen parfait pour nos expériences."

D'un geste théâtral, il retira ses lunettes et les nettoya lentement, révélant ses yeux inhumains qui brillaient d'une lueur rouge inquiétante. « Le virus Progenitor que nous partageons a créé entre nous un lien unique. Elle peut me sentir, même dans son sommeil artificiel. Et moi... moi je peux percevoir chacun de ses battements de cœur, chaque fluctuation de sa température corporelle. »

Il remit ses lunettes et croisa les bras, adoptant une pose détendue qui contrastait avec la tension palpable dans la salle. « Excella, ton système de phéromones est une approche intéressante, mais insuffisante. Jill Valentine ne se laissera pas contrôler par des moyens si... grossiers. Non, il faut être plus subtil. »

Un bip sonore retentit soudain, indiquant une nouvelle fluctuation dans les constantes vitales de Jill. Wesker se retourna vers la cuve, son sourire s'élargissant.
« Elle nous entend, »murmura-t-il avec satisfaction. « Son rythme cardiaque s'accélère, sa température corporelle augmente. Même inconsciente, elle reconnaît ma voix. C'est... parfait. »

Derrière lui, les scientifiques échangeaient des regards inquiets, mais n'osaient pas interrompre. Excella serrait les poings, partagée entre l'admiration et la jalousie face à l'obsession évidente de Wesker pour leur prisonnière.

« Préparez la salle d'expérimentation numéro 7," ordonna soudain Albert sans quitter la cuve des yeux. "Équipement de contention renforcé, moniteurs de surveillance continue, et je veux une équipe médicale complète en standby. Quand elle se réveillera - et elle va se réveiller très bientôt - nous devrons être prêts à tout. »

Il marqua une pause, son sourire devenant plus sinistre encore.

« Et appelez l'équipe de sécurité d'élite. Jill Valentine réveillée et améliorée par le virus... cela promet d'être absolument... divertissant. »

[Reine Alice Korvander]

*Chris… Chris…*

Flottant dans le néant, elle pensait à lui, tout en étant de retour à Raccoon City. La sonnerie de son téléphone tandis que des sirènes se faisaient entendre au loin. Elle sortait de la salle de bains et avait noté que la télévision crépitait… Puis Brad lui avait dit de sortir, de partir au plus vite. Surprise, Jill avait ensuite senti le monde s’effondrer autour d’elle quand le Nemesis avait pulvérisé le mur de son appartement, fondant sur elle pour la tuer, puis la pourchassant à travers l’immeuble. Elle se souvenait de ce sentiment de panique qui l’avait saisi, et avait alors songé au seul homme capable de la sauver. Ch…

Albert.

Cette pensée s’instilla dans son esprit, la surprenant. Albert Wesker, son ancien chef. Cette pensée instilla immédiatement en elle un sentiment de fureur, de haine… Non, il ne l’avait pas sauvé ! Il l’avait capturé, il était son ennemi… Et elle vit le Nemsis l’attraper dans un couloir, la projetant à travers la fenêtre. Elle tomba au sol, et sentit une pointe lui déchirer l’abdomen, tandis que Wesker l’observait, et la sauvait.

Non, non ! Il te manipule, Jill, réveille-toi… RÉVEILLE-TOI !

Elle ouvrit les yeux en soupirant au milieu de bris de verre. Jill mit quelques instants à émerger, juste à temps pour voir qu’elle avait dans la paume un bris de verre. Elle cligna des yeux, surprise, avant de sentir la douleur émaner, tant sur sa paume que sur ses pieds. Elle marchait sur des bris de verre. Jill sursauta alors, et s’écarta. Son corps nu heurta le mur nu et froid d’une cellule vide. Une porte blindée s’ouvrit alors, tandis qu’elle put voir comme seule décoration une cuve cylindrique qui avait été brisée.

*C’est… C’est moi qui en suis sortie ?*

Étonnée, elle retira le bout de verre, et vit la plaie sur sa main cicatriser rapidement.

*Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis encore dans le manoir ?*

Ses derniers souvenirs concernaient son combat contre Wesker. Elle se rappelait du combat, des bonds prodigieux de Wesker qui lui permettait d’éviter leurs tirs, et… Plus rien.

« Chris ? demanda-t-elle à voix haute. Chris, tu es là ?! »

Aucune réponse.

La porte donnait sur une antichambre. Une combinaison bleue électrique et noire, avec un pistolet un chargeur. Jill vit ensuite une autre porte s’ouvrir. N’ayant guère envie de sortir nue, elle enfila la combinaison, et son pistolet, puis se déplaça prudemment.

*Okay, j’ignore où je suis, mais quelqu’un souhaite visiblement jouer avec mes nerfs…*

Jill savait qu’elle était immunisée au virus, et que son corps avait évolué depuis. Elle en avait eu la démonstration lors de sa fuite à Raccoon City. Elle avait survécu au Némésis, elle avait survécu à des morsures d’infectés, ou même à ces saloperies d’insectes géants qui avaient tenté de la contaminer. Pour autant, il ne lui semblait pas qu’elle était aussi résistante. Elle s’inquiétait à ce stade surtout pour Chris. Jill ignorait ce qui l’attendait, mais, peu importe la personne qui soit derrière le jeu sinistre qui s’annonçait, elle avait commis une grossière erreur : Jill était toujours en vie, et elle avait un pistolet.

[Leon Redgrave]

Elle s’est réveillée plus tôt que prévu…

Wesker observait depuis la salle de surveillance, debout dans l’ombre derrière les vitres teintées. Les écrans montraient chaque angle de la pièce : sa chute hors de la cuve, son regard égaré, la façon dont elle s’était blessée en marchant sur les éclats de verre, et surtout… sa cicatrisation accélérée.
Un sourire presque imperceptible naquit sur ses lèvres.

« Fascinant. Elle s’est adaptée mieux que je ne l’imaginais. »

Excella, postée à quelques pas derrière lui, croisa les bras.
« Nous devrions l’endormir à nouveau. Elle est instable. »
Wesker se tourna lentement vers elle. « Non. Laisse-la faire ses premiers pas. Je veux voir jusqu’où elle peut aller. J’ai d’ailleurs d’ores et déjà fait appel a la division Hound Wolf Zero »

Excella, les yeux ecarquillés, ne tarda pas à répondre :

«La Hound Wolf Zero, la division d’élite ?! »
« Oui, ma chére. Je veux évaluer ses capacités de combat. Post-régénération. Taux de réaction, précision, endurance. Je veux voir jusqu’ où elle peut aller »

Le silence dans le couloir était pesant, rompu uniquement par le léger vrombissement des néons blafards au plafond. Jill avançait avec prudence, son pas ralenti par la douleur sous ses pieds encore meurtris. Le poids du pistolet dans sa main était rassurant, mais ne suffisait pas à apaiser le vertige qui l’envahissait. Tout ceci ressemblait à un cauchemar, mais les plaies cicatrisées sur sa main disaient le contraire : c'était bien réel.
Derrière elle, la porte blindée se referma en un claquement sourd.

Puis un bruit, subtil d’abord — un cliquetis métallique, presque imperceptible. Jill s’immobilisa, dos contre un mur. Elle sentit son cœur accélérer tandis qu’un sifflement lointain se fit entendre, suivi d’un déclic hydraulique. Une autre porte venait de s’ouvrir, de l’autre côté du couloir.
Ils apparurent sans un mot. Six silhouettes noires, visières rouges, armées de fusils d’assaut FN P90 modifiés. Uniformes tactiques renforcés, identifiables entre mille : UBCS – Umbrella Biohazard Countermeasure Service. Mais pas la division ordinaire… Non. Ceux-là portaient une épaulette rouge écarlate sur l’épaule droite, marquée d’un emblème spécifique. L’unité d’élite : Hound Wolf Zero.
Le soldat en tête ne répondit pas. Il leva deux doigts, et les deux autres se dispersèrent en silence, contournant les colonnes métalliques de l’antichambre pour la prendre en tenaille. Un exercice classique. Une manœuvre d’encerclement. Calculée. Contrôlée.
Dans la salle de contrôle, Wesker, d’un sourire amusé, sirotait une tasse de café, accompagnée d’Excella, ses yeux dévorant Jill :

« Allez, Jill, montre moi de quoi tu es capable… »

[Reine Alice Korvander]

Pointant son pistolet, Jill pénétra dans une zone plongée dans la pénombre. Elle entendit derrière elle la porte se refermer. Jill cligna des yeux, ne voyant rien. Elle sentit peu à peu ses pupilles se dilater, et, sans trop comprendre, commença à voir dans l’obscurité. C’était une première de ses améliorations, qui luit permit de voir qu’elle était dans une grande pièce avec des piliers métalliques. Une pièce vide. Elle frémit lentement, concentrée, ne sachant pas ce qui allait lui tomber dessus. Mais, si la personne qui l’avait capturé lui avait donné une combinaison de combat et une arme, ce n’était pas pour rien. Une porte s’ouvrit alors, et Jill vit une demi-douzaine d’hommes armés entrer. Ils portaient des lunettes de vision nocturne, des combinaisons de combat, et des P90, des fusils d’assaut compacts appréciés en Europe occidentale.

« Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? »

Pour seule réponse, les commandos se déployèrent. Jill frémit en voyant sur leur combinaison noire des écussons d’Umbrella.

*Des commandos d’Umbrella !*

Jill se dépêcha de s’abriter derrière un pilier. Elle avait déjà rencontré des mercenaires de ce genre à Raccoon City, quand ils étaient venus pour faire le ménage, et récupérer les preuves incriminantes concernant Umbrella. Jill n’avait de toute évidence aucune chance. Elle se dissimula derrière le pilier. Les commandos avançaient lentement, mais elle pouvait les entendre. Jill inspira, puis retint son souffle, et s’élança sur le côté. Elle fut surprise de voir le mercenaire devant elle lever son arme au ralenti. Jill agit par réflexe, et fit feu sur lui. Plusieurs balles heurtèrent l’homme, et elle bondit derrière un autre pilier, avant d’entendre des détonations.

*Mais qu’est-ce qui vient de se passer ?!*

Elle ne l’avait pas réalisé avant, mais, avec ses sens améliorés, elle s’était déplacée très rapidement, ce qui avait eu pour effet de dilater le temps autour d’elle. Elle papillonna des yeux, sentant l’adrénaline battre dans ses veines. Elle avait blessé le mercenaire, qui gémissait en rampant en arrière. Les autres mercenaires se déplaçaient. Jill était face au mur. Elle sentit en elle un élan de confiance inattendu. Jill soupira, et courut alors vers le mur. Elle sauta contre ce dernier, prit appui avec son pied, et se catapulta ensuite en arrière. La tête en bas, elle vit les commandos lever leurs armes vers elle. Jill fit feu la tête en bas, et ses tirs heurtèrent le casque du deuxième mercenaire éloigné, explosant l’une de ses lentilles de vision nocturne. Elle fit un salto en hauteur, et atterrit sur le sol, pliant les genoux en se réceptionnant, et courut vers le deuxième mercenaire. Elle lui sauta dessus, et enroula ses jambes autour de son cou, avant de le jeter au sol. Dans la foulée, Jill s’empara d’une grenade à la ceinture de l’homme, la dégoupilla, et sauta sur le côté en la lançant vers les autres commandos.

« Attention… !
- Oh… ! »

Jill fit feu, et atteignit en plein vol la grenade.

*BOOOOMM !!*

La déflagration repoussa Jill en arrière. Elle heurta le pilier, et retomba au sol. Sonnée, Jill se redressa lentement. L’onde de choc avait blessé son visage, mais elle sentit sa peau cicatriser rapidement.

Dehors, l’antichambre menait sur une énorme arène souterraine, où un village fictif avait été construit, avec des planches en bois, des plateformes, et de fausses maisons. Le chef des mercenaires rampait au sol, blessé. Il laissait une traînée de sang derrière lui. Jill se rapprocha de lui, et le força à se retourner. Elle lui retira son masque, et pointa son pistolet sur son visage.

« Qui tu es ? Où on est ? Qu’est-ce qu’on me veut ? »

[Leon Redgrave]

Dans la salle de surveillance, le silence était presque religieux. Les écrans scintillaient, montrant sous tous les angles le carnage que Jill venait d'orchestrer. Wesker, toujours debout derrière ses moniteurs, n'avait pas bougé d'un pouce. Ses yeux rouge sang brillaient d'une satisfaction évidente derrière ses lunettes noires.
« Magnifique, » murmura-t-il, sa voix teintée d'une admiration presque paternelle.
« Absolument magnifique. »

Excella, elle, s'était rapprochée des écrans, les mains plaquées contre la surface froide du métal. Son regard oscillait entre fascination et inquiétude.
« Albert... elle vient de décimer une équipe d'élite en moins de trois minutes. Six hommes entraînés, équipés, et elle les a... »
« Pulvérisés, » termina Wesker avec un sourire carnassier.
« Exactement comme je l'espérais. Regarde-la, Excella. Regarde comme elle bouge, comme elle anticipe, comme elle utilise instinctivement ses nouvelles capacités. Le virus Progenitor a fait plus que la guérir... il l'a perfectionnée. »

Il s'avança vers le panneau de contrôle et activa le système de communication. Sa voix résonna dans toute l'arène, amplifiée par les haut-parleurs dissimulés.
« Bravo, Jill. Vraiment impressionnant. »
Un léger écho métallique accompagnait ses mots, donnant à sa voix une dimension presque divine dans cet espace confiné.
« Tu viens de prouver que mes investissements en toi n'étaient pas vains. Tes réflexes, ta précision, ta capacité d'adaptation... tout cela dépasse mes espérances les plus folles. »

Il marqua une pause, savourant le moment.
« Quant à tes questions... tu te trouves dans les installations de recherche de TriCell, en Afrique de l'Ouest. Plus précisément, dans la Zone Autonome de Kijuju. Ce complexe a été spécialement conçu pour tester les limites de nos... créations les plus précieuses. »

Le mercenaire blessé sous le canon de Jill gémit faiblement, du sang s'écoulant de sa bouche. Wesker observa la scène avec un détachement clinique.
« Cet homme ne peut rien te dire d'utile. C'est un simple soldat, payé pour mourir. Mais toi... toi, tu es tellement plus que cela. Tu es l'évolution incarnée, Jill. Le chaînon manquant entre l'humanité faible et la perfection que je compte apporter à ce monde. »

Excella se tourna vers lui, les sourcils froncés.
« Albert, elle est encore hostile. Le processus de conditionnement n'est pas terminé, elle va— »
« Elle va faire exactement ce qu'elle doit faire, » l'interrompit Wesker d'un ton sec.
« La résistance fait partie du processus. Plus elle lutte, plus elle découvre l'étendue de ses nouveaux pouvoirs. C'est exactement ce que nous voulons. »

Il reporta son attention sur Jill, activant de nouveau le micro.
« Tu te demandes sans doute où est Chris. Ton fidèle partenaire, ton ancrage émotionnel... Rassure-toi, il est en vie. Pour le moment. Son sort dépend entièrement de ta coopération dans les tests qui vont suivre. »

Wesker croisa les bras, un sourire prédateur aux lèvres.
« Le premier test était un échauffement. Maintenant, nous allons voir comment tu te comportes face à... des adversaires moins conventionnels. »

Dans la salle de contrôle, Wesker posa sa main gantée sur une série de leviers rouges. Chacun était marqué d'un symbole différent : un chien, une araignée, un lézard. Ses doigts pianotèrent un instant au-dessus des commandes, comme un pianiste s'apprêtant à jouer une symphonie mortelle.
« Commençons par quelque chose de... familier, » murmura-t-il en abaissant le premier levier.

Un claquement métallique résonna dans l'arène. Depuis les fausses maisons du village reconstitué, trois cages s'ouvrirent simultanément. Des grognements gutturaux s'en échappèrent, suivis de bruits de pas lourds et irréguliers.

Les Dobermans infectés émergèrent lentement des ombres. Leurs corps autrefois élégants étaient désormais déformés par le virus-T : muscles surdéveloppés, mâchoires béantes laissant apparaître des crocs démesurés, yeux injectés de sang. Des lambeaux de chair pendaient de leurs flancs, et leur respiration sifflante emplissait l'air d'un son répugnant.
« Ah, les fidèles chiens de garde d'Umbrella, » commenta Wesker avec nostalgie.
« Tu te souviens d'eux, n'est-ce pas Jill ? Ils étaient si... persistants au manoir Spencer. »

Les créatures reniflèrent l'air, détectant immédiatement l'odeur de Jill. Leurs têtes se tournèrent vers elle avec une synchronisation parfaite, et elles se mirent à grogner de plus belle.

Excella observait les moniteurs avec une fascination morbide.
« Les lectures biométriques de Jill sont stables. Rythme cardiaque légèrement élevé, mais rien d'alarmant. Elle ne panique pas. »
« Bien sûr qu'elle ne panique pas, » répliqua Wesker, ses yeux brillant d'orgueil.
« Elle est au-delà de la peur maintenant. Le virus a éliminé cette faiblesse humaine. »

Dans l'arène, les trois chiens infectés se séparèrent instinctivement, utilisant les planches de bois et les fausses structures du village pour se dissimuler. L'un d'eux bondit sur une plateforme surélevée, cherchant un angle d'attaque par le haut. Les deux autres se faufilèrent entre les "maisons", leurs pas furtifs résonnant sur le béton.
« Voyons maintenant comment tu gères un combat en environnement complexe, ma chère Jill, » murmura Wesker en se penchant vers les écrans.
« Ces créatures connaissent la chasse en meute. Elles vont tenter de t'encercler, de te pousser vers un piège. Mais toi... toi tu as l'avantage de l'intelligence supérieure. »

Il marqua une pause, son sourire s'élargissant.
« Et bien d'autres surprises encore. »

[Reine Alice Korvander]

« Wesker ! »

En entendant la voix de ce traître, Jill sentit sa rage croître. Elle serra furieusement son poing. Albert lui expliqua ensuite qu’elle se trouvait au sein d’un complexe de TriCell, dans la Zone Autonome de Kijuju, en Afrique de l’Ouest.

*TriCell… Kijuju…*

Le BSAA en avait parlé, une enquête était en cours sur TriCell. Lors du démantèlement d’Umbrella Corporation, de nombreux documents avaient démontré l’existence de liens entre les deux firmes, et le BSAA soupçonnait TriCell d’avoir récupéré, notamment grâce à Albert Wesker, les données scientifiques d’Umbrella concernant leurs bio-armes. La Zone Autonome de Kijuju était en ce sens un endroit où le BSAA s’intéressait, car TriCell y disposait d’un important complexe industriel. Kijuju était une zone frontalière où plusieurs pays africains se disputaient la territorialité. Pour éviter un conflit, l’ONU avait provisoirement placé la région sous administration supranationale, en faisant une zone autonome. L’ONU s’était pour cela appuyée sur une partie de la Charte des Nations Unies prévoyant l’établissement territoires où les populations locales ne s’administraient pas elles-mêmes. Le BSAA disposait d’une antenne à Kijuju.

Jill se rappelait toutes ces informations, et son cœur manqua plusieurs battements quand Albert lui indiqua que Chris était en sûreté, mais que sa survie dépendrait d’elle. Jill serra les dents.

« Je ne suis pas ton pantin, Wesker ! Si jamais tu touches à Chris, je te tue ! »

Elle entendit alors des grognements, et vit trois chiens-zombies qui se rapprochaient. Non sans une ironie cruelle, Wesker évoqua le manoir Spencer. Jill n’avait pas oublié ces chiens, qui les avaient poursuivis dans la forêt, les contraignant à se réfugier au sein du manoir. Elle se souvenait de ce couloir où une fenêtre avait explosé, la forçant à fuir à toute allure vers une porte pour bloquer le chien situé derrière. Jill se déplaça lentement en arrière, tandis que le mercenaire blessé continuait à gémir, quémandant pour sa vie.

*À quel jeu tordu est-ce qu’il joue ?!*

Jill était une personne spéciale, elle était l’une des rares personnes au monde à avoir en elle les cellules du virus-T. Elle avait pu les stabiliser à l’aide d’un antidote, mais le BSAA l’examinait régulièrement. Ils avaient pu constater que le corps de Jill s’était amélioré. Elmlme aussi l’avait constaté. Quand elle se battait en salle d’entraînement avec Chris, elle ne parvenait jamais à le battre… Avant. Mais, maintenant, elle arrivait à l’étaler. Elle était aussi bien plus précise, plus rapide, plus endurante. Ce n’était pas non plus Wonder Woman, elle ne pouvait pas voler ni soulever des tanks, mais elle disposait de capacités exceptionnelles. De manière plus intime aussi, elle était plus endurante sexuellement, et également plus… Demanderesse. Là encore, pas de quoi en faire une nymphomane qui se prostituait, mais sa libido avait clairement été altérée par le virus-T.

Jill tira sur le mercenaire, à l’épaule. Il hurla, et le sang jaillit. Les chiens avaient toujours un instinct spécial, surtout ceux-là. Le sang les attirait. Jill profita de cette diversion, et tira sur le premier chien, lui explosant la tête. Les deux autres rugirent encore, sur les flancs de Jill, et bondirent sur elle. Jill fléchit les genoux, et bondit alors. Un saut périlleux impressionnant où elle tournoya en l’air pour se rétablir sur ses pieds. Elle pointa son pistolet, et fit feu, mais les chiens se déplacèrent, tournoyuant autour d’elle. L’un d’eux sauta en hauteur, et Jill, par réflexe, prit appui sur l’une de ses jambes, et pivota sur place. Elle détendit son autre jambe, et frappa le torse du chien, le repoussant en arrière. L’autre chien courut dans le dos de Jill, et la renversa au sol.

« Argh ! »

La jeune femme tomba à terre, et sentit la gueule du chien se rapprocher de son cou. En temps normal, elle finirait grièvement blessée, voire morte… Mais son coude partit vers l’arrière, et frappa le chien à la mâchoire. Le chien recula, surpris, et Jill roula sur le côté, puis, couchée au sol, tira sur ce chien. Une balle explosa l’un de ses yeux, et le chien glapit de douleur, avant que la moitié de son crâne n’explose également. Jill se retourna alors vers l’autre chien, qui s’élança sur elle. Sa gueule édentée et puante fusa vers le visage de Jill… Qui bloqua sa gueule avec son pistolet, le canon orienté latéralement. Le chien rugit furieusement, griffant les épaules de Jill.

« Sa… Saloperie… ! »

Jill sentait les dents du chien, sa pression. Elle bandait ses muscles, et utilisa l’une de ses mains pour attraper le couteau de combat du mercenaire blessé, et qui gigotait encore. Le couteau était accroché à son genou, et donc accessible. Elle l’attrapa, et le planta dans le flanc du chien, qui grogna, puis continua à planter avec l’arme, frappant encore et encore, tailladant le ventre du chien, jusqu’à ce que ses viscères ne s’étalent sur le sol. Le chien perdit alors de sa force, et Jill put le repousser en pliant ses genoux, et le projeta contre un mur. Le canon de l’arme était tailladé, endommagé, mais le pistolet rugit encore, et Jill redressa son torse. Elle fit ensuite feu, tuant le troisième chien.

Du sang s’écoulait de ses épaules, mais Excella constata avec surprise que la peau de Jill cicatrisait déjà.

« Libère Chris, Wesker, ou je te jure que je te tuerai ! » hurla encore Jill.