
Le couvent de Sainte-Marguerite faisait partie de l’administration du prieuré de Kingsbridge, qui était elle-même sous l’autorité de l’abbaye de Kingsbridge, et qui était enfin sous les ordres de l’évêché. C’était un couvent très occupé, car les nonnes qui y habitaient officiaient comme guérisseuses et infirmières dans l’hôpital religieux situé au sein d’un ensemble abritant l’église, le couvent, le prieuré, l’hôpital, et le monastère. Un site religieux d’importance, et où le prieuré de Kingsbridge devait régulièrement côtoyer l’abbé, et parfois l’évêque. Bran était ce prieuré. Il avait sous sa responsabilité le prieuré, mais aussi et surtout le couvent. Il disposait ainsi de sa propre demeure, une maison accessible depuis le prieuré et le couvent. Imaginer Bran en religieux, voilà une image qui avait de quoi amuser n’importe qui ! Il était venu ici pour mener une enquête, pour investiguer sur les agissements d’un certain Astarion, un vampire qui était un magistrat luméen, et qui était lié à l’histoire des Warren.
Bran n’avait aucun mal à passer pour un homme pieux. Il avait toujours été un ascète, il était fort, et n’hésitait pas à participer aux tâches manuelles, ce qui changeait de l’ancien prieur, un homme âgé et fatigué. Bran était aussi quelqu’un de profondément dévoué envers sa sœur, et n’avait donc aucune difficulté à exprimer sa foi. Bran était venu ici pour mener son enquête, mais il était désormais confus. Il en avait fait part à sa sœur et Maîtresse, s’entretenant avec elle la nuit à l’aide d’un palantír. C’était une orbe magique qui permettait de communiquer avec une autre. Le site religieux bénéficiait naturellement de défenses magiques, mais le palantír permettait d’échapper à ces surveillances, car celui-là fonctionnait avec le sang. Bran l’avait donc utilisé, et avait parlé à sa sœur et Maîtresse de celle qui était son assistante.
Il l’avait rencontré le premier jour. Elle était dans le jardin du couvent, à répandre des semences et à entretenir les fleurs. Sœur Marie. Il avait été surpris en la voyant. Elle était belle, indéniablement, mais elle n’était pas la seule dans ce cas. Il avait eu envie de lui faire l’amour dès le premier jour. Alors, il avait nommé Sœur Marie comme étant son assistante personnelle. Elle lui avait fait découvrir le couvent, la routine matinale, les cantiques que la sororité faisait. Bran était suffisamment lucide pour discerner les rougissements de Sœur Marie. Alors, il en avait profité. Comme il était manuel, il avait même usé de la hache en étant torse nu, abattant des arbres, suant en plein soleil, avant de demander à Sœur Marie de lui apporter des serviettes. Il sentait ses émois. Cela faisait désormais plusieurs semaines. Bran n’avait pas spécialement besoin de dormir beaucoup, il explorait les dortoirs du couvent la nuit, et il savait que Sœur Marie avait des chaleurs, des pulsions inattendues.
« Tu n’es pas venu ici pour séduire des nonnes, Bran, lui rappela Mélinda. Je te rappelle que tu es mon frère, et, si les autorités luméennes apprennent ce que tu fais, nos efforts en vue d’obtenir un armistice seront contrariés… »
Mélinda lui parlait en laissant Alicia la téter. C’était l’une de ses trois filles.
« D’un autre côté, la prudence n’a jamais été ce qui me caractérise… Je ne devrais donc pas être surprise de cela. Mais tu ne peux pas juste te contenter de cette religieuse, Bran.
- Que veux-tu dire ?
- Bientôt, Vanillia et moi fêterons à nouveau notre anniversaire de mariage. Alors, le célébrer dans une église remplie de nonnes perverses, ça me motive pas mal. »
Il n’y avait sans doute que Mélinda pour avoir des idées pareilles. Bran se surprenait à ne pas lui dire que ce qu’il ressentait pour Sœur Marie ne se limitait pas qu’à un rapport purement sexuel. Il pouvait désormais procréer, et commençait à se dire qu’il avait peut-être trouvé celle qui porterait son enfant.
Aujourd’hui, Bran était au confessionnal. Habituellement, ce n’était pas le prieur qui assurait cela, mais il avait pris la place du prêtre chargé du confessionnal, un vieil homme à moitié sourd, quand il avait appris que Sœur Marie comptait s’y rendre. Il attendait donc sa venue, et se surprenait à trembler nerveusement, tout en ayant un commencement d’érection quand il perçut son groupe sanguin. Il avait modifié l’ordre du jour pour que Sœur Marie vienne en dernier. Il n’y avait personne dans l’église, et il savait qu’elle allait confesser à lui.
Bran comptait bien passer à l’action en fonction de ce que Marie allait dire…