The Multiversity

[Tomoko Kuroki]

Cela faisait un moment maintenant que Tomoko était au service de Mélinda, elle était moins timide qu'avant, mais les différences étaient subtils. Cela se voyait surtout avec elle, moins paniqué devant la vampire, il ne fallait pas que sa maîtresse aille trop vite et passe de la salutation à l'invitation dans une orgie, ça ne passera pas... Elle arrive à gérer quand elle n'est pas seule au lit avec sa maîtresse, mais avec une seule personne de plus pour le moment. C'est un progrès mine de rien ! Maintenant, elle était surtout à son manoir sur Terre, elle n'a jamais osé franchir le portail pour aller ailleurs, mais ça lui était arrivée de croiser des gens d'ailleurs. De toute façon, même le manoir de Mélinda avait déjà de vraies nekos, inu, kitsune, démones, anges, la liste pouvait être longue. Mais pour celles du manoir, il y avait un planning. Mélinda n'était pas toujours là, mais espérait bien passer du temps, un minimum avec chacune de ses filles à son service. Il y avait donc un roulement, il fallait qu'à la fin, toute soit passé, au moins une fois, deux éventuellement. Il était possible d'échanger sa place avec une autre, la vie fait que parfois, on est indisposé ou occupé ailleurs, mais Tomoko avait trop souvent échangé sa place. Et ce soir, elle n'y échappera pas ! Ou même avant dans la journée.

Elle ne craignait pas Mélinda, mais il y avait toujours la peur que Mélinda en demande trop et qu'elle ne sache pas dire oui, ça lui faisait peur. Peur de décevoir, d'être rejeté, encore. Au moins dans ses progrès, on pouvait noter quelques avais quelques amies ici. Miku Nakano pour commencer, la demoiselle était un peu timide, moins qu'elle, mais partager ce point commun aidait à les rapprocher un peu. Miku lui a déjà dit cent fois que Mélinda n'allait pas la rejeter si elle disait non mais elle savait être têtue, rassurée sur le coup, mais deux minutes plus tard, la peur revenait... Ai était gentille aussi, elle avait refait tous ses tiroirs de lingeries, sans rien demander, mais sa nature un peu trop libre faisait qu'elle avait du mal à parler avec elle... enfin, si ce n'était qu'elle. Misaki, fraîchement arrivée, elle n'avait pas encore sa place fixe ici, mais au moins pour Tomoko, elle ne cherchait pas trop à lui parler, ça lui allait. Les sœurs Uzaki aussi, enfin, elles, elle préférait les éviter, surtout la grande sœur, Hana, qui cherchait un peu trop à la taquiner, mais par chance, Itsuki Nakano était là pour punir ce genre de choses ! Et pas une punition entourée de cuir comme maîtresse aime, mais forcé à faire le ménage par exemple. Vraiment le ménage, sans s'amuser. Taquiner, c'est une chose, mais pousser le bouchon loin. Avec Tomoko, loin, c'était tout proche. Interdiction de se moquer ou de trop embêter les autres, surtout pour Tomoko, une des règles ici.

Une des résidentes avec qui elle s'entendait le mieux, c'était une qui ne vivait pas ici, Harmony. La demoiselle timide et douce était si gentille avec elle. Un vrai ange qui ne la forçait jamais à parler ou être intime. Elle pouvait rester près d'elle sans parler et se montrer rassurante. Même quand elle n'était pas obligée d'être avec Mélinda, comme cette fois, elle dormait avec elle. Toutes les deux en pyjama, aucune se cherchait à se montrer coquine, juste dormir ensemble, l'une avec l'autre... C'était aussi bien ça... Et la vision de voir Harmony enlacer Tomoko au réveil, l'une dans les bras de l'autre, c'était très mignon.

[Mélinda Warren]

Vivre au sein du manoir Warren, c’était un étrange mélange entre liberté et discipline. Dans une ambiance libertine où chaque nuit était une succession d’orgies, on aurait pu croire que le manoir était un chaos complet. Cependant, il n’en était rien. Des doigts de velours dans un gant de fer. Mélinda régnait par l’amour, mais aussi par une discipline, et le Japon était en ce sens un pays tout à fait adapté pour elle. Ce matin, Tomoko se réveilla donc dans sa chambre. Elle avait dû petit à petit se faire à l’idée qu’elle ne pourrait pas coucher chaque nuit avec sa Maîtresse. Il y avait un système de roulement, et les choses étaient d’autant plus, compliquées pour Tomoko que sa timidité faisait que, quand Mélinda organisait des orgies, Tomoko n’y participait pas encore.

Ce matin, elle se réveillait donc, après avoir passé la nuit en compagnie d’une autre esclave. Les nouveaux disposaient toujours au sein du manoir d’un référent. Tomoko avait compris que, même si tous les esclaves de Mélinda étaient égalitaires, il y avait tout de même une hiérarchie interne, un organigramme destiné à organiser la vie en collectivité. Si la vie était paradisiaque ici, il y avait toujours des disputes, des séances de jalousie, et autres. La vie en collectivité n’allait pas sans des tensions. Tomoko avait ainsi pu apprendre que, au sommet de la hiérarchie du manoir, on trouvait « la Main de Mélinda ». Les sœurs Nakano étaient ici depuis longtemps, et appartenaient maintenant au clan. Elles étaient en effet des vampires, et on disait que le jour approchait où Mélinda les féconderait toutes les cinq. La Main dirigeait tout, et se chargeait de la répartition des tâches ménagères.

De fait, vivre au sein du manoir amenait aussi à devoir gérer un planning qui était établi toutes les semaines, comprenant un agenda et l’équipe d’affectation : cuisinières, maids, jardinières… Les maids étaient privilégiées, car elles portaient des tenues affriolantes, et profitaient de nettoyer chaque chambre pour faire l’amour entre elles. Par-delà cette hiérarchie, on trouvait aussi les « Mamans ». Ce terme désignait les femmes adultes qui étaient aussi esclaves. Elles pouvaient vivre au manoir, ou vivre à l’extérieur. Elles étaient plutôt dominatrices, mais pas uniquement, et on se devait de les écouter.

Le manoir comprenait aussi des électrons libres, comme Ai Aihara. Celle-ci était surnommée « La Tornade verte », elle était la seule qui n’avait pas de chambre officiel, et dont on savait que, si une équipe de maids lui tombait dessus, il faudrait prévoir une équipe de remplacement.

Ce Lundi matin, donc, Tomoko allait recevoir son nouvel emploi du temps. Elle devait bien sûr aller à l’école, alors le planning tenait compte de ça. Les Nakano l’organisaient chaque week-end à l’occasion d’une grande réunion. Misaki y assistait, le but avoué de Mélinda étant de faire d’elle la Présidente du club d’occultisme, et donc de la faire participer activement à la gestion du manoir, et à l’organisation des esclaves.

« Debout, la Belle au bois dormant ! »

Un baiser sur la joue de Tomoko, et un sourire. Ce n’était pas Mélinda, mais la lycéenne avec qui Tomoko avait dormi cette nuit : Abby Suzuki. Mère d’origine irlandaise, père japonais, elle était la référente de Tomoko, celle qui devait répondre à toutes ses questions, et l’aidait à s’intégrer au sein du manoir. La prochaine étape d’intégration de Tomoko ? Celle-ci allait bientôt venir !

« Allez, ma chérie, le petit-déjeuner nous attend, et on va recevoir notre planning ! Enfin, j’espère que je ne t’interromps pas dans un doux rêve. Tu rêvais que Maîtresse te faisait l’amour ? »

Chaque chambre disposait d’une salle de bains, il fallait se doucher et s’habiller avant de rejoindre le grand salon pour le petit-déjeuner…

[Tomoko Kuroki]

Tomoko se faisait à cette vie, quand on ne la bousculait pas, quand on ne la taquinait pas, elle arrivait à rester avec les autres, même si elle ne quittait pas les quelques personnes avec qui elle avait le plus d'affinité. Même ignorée ou simplement silencieuse, elle pouvait rester près d'elles pour au moins se montrer. Elle en a fait mine de rien, du chemin. Elle était loin d'être aussi libérée que les autres esclaves de Mélinda, mais son niveau de timidité était très haut donc là où les autres y verraient peu d'effort, fallait voir ça sous un autre angle. Elle qui restait seule au lycée, qui ne parlait pas, la voir ainsi avec d'autres personnes, c'était la preuve qu'elle était en bonne voie. Souvent cachée dans le dos de Miku au manoir, elle se collait à Harmony quand elle venait ici avec Maîtresse et qu'elle était en repos. C'est naturel, elle se rapprochait forcément de celles qui, comme elle, étaient timide. Pas autant qu'elle, pour l'instant, elle n'avait vu personne avec son niveau au sein des esclaves de Mélinda. Mais ce point commun était la base de ses liaisons. Même si elle aimait bien Ai car elle était gentille et ne cherchait rarement plus que voir ce qu'elle portait aujourd'hui, elle n'avait pas vraiment d’atome crochu.

Réveillée par Abby, elle se réveillait doucement même si comme toujours, elle fut rapidement nerveuse. Pas à cause du rêve, qu'elle avait déjà oublié, mais Tomoko était ce petit animal qui vivait toujours dans la crainte, la moindre présence autour d'elle instaurait une certaine méfiance. Elle n'était pas méchante, bien sûr, elle était même gentille, mignonne et patiente avec elle, mais son naturel un peu trop joyeux la rendait craintive. Même après avoir déjà couché ensemble. Elle avait toujours « peur » que la moindre excuse soit fait pour coucher. Non pas que cela lui déplaise, elle couchait aussi ici avec d'autres filles, mais là où certaines filles comme Ai avaient une dizaine de partenaires par jour en moyenne, une par jour, c'était beaucoup pour elle déjà. Tomoko n'était pas comme les autres, elle était fleur bleue malgré son apparence, elle rêvait le grand amour. Pas celui de Mélinda, même si elle aimait sa Maîtresse comme tout le monde ici, elle voulait Sa moitié, celle qui sera avec elle, avec qui elle finira par partager la chambre. Pas une maman, ça ne la dérangeait pas d’être la moins âgée du couple, mais elle ne voulait pas trop d'écart entre elles, une fille du lycée ou d'ailleurs, elle ne savait pas encore... mais elle trouvera, surtout qu'elle était encore jeune.

Les cheveux chargés d'épis, plus qu'à son habitude, elle restait silencieuse en observant Abby avec ses grands yeux verts. Toujours cerné, quand elle avait l'occasion d'être seule, elle regardait des animes ou jouait à des jeux vidéos. Et quand elle était vraiment seule, elle regardait aussi du porno, parfois. Elle pouvait plus facilement vivre le porno que le voir, mais sur le réseau du manoir, il y avait des vidéos, celles qui aimaient justement partager leurs ébats. Se faire observer, en direct ou non, c'était leur truc. Mais la présence d'Abby faisait qu'elle a dû se coucher tôt, et sagement, c'était pas plus mal, parfois, ça lui faisait un repos, surtout avant d'aller en cours. Entre sa timidité et le fait qu'elle n'était pas du matin, Abby tentait quand même de parler, mais il faudrait un miracle pour obtenir une réponse d'elle. Elle tentait, même en sachant qu'il y avait peu de chances. Elle avait raison d'essayer. Même s'il fallait le temps d'émerger pour Tomoko, elle attendait surtout un peu d'intimité pour se changer. Ce n'est pas parce qu'elles ont déjà couché une ou deux fois qu'elle allait se mettre nue sans soucis devant elle. Cela faisait partie de son charme, toujours pudique, ça changeait quand on voyait les autres au manoir ici.

[Mélinda Warren]

La mutique Tomoko ne répondit pas à Abby, qui sourit doucement. À force, on finissait par la connaître ! Elle était toujours paniquée, et même le fait d’être insérée au sein d’une grande famille comme la leur n’allait pas l’amener en quelques jours à passer sa peur et son manque de confiance. Cela demandait du temps, du travail, et des compétences professionnelles qu’Abby n’avait pas. Le manoir disposait de psychiatres, et elles n’avaient pas à chômer ici ! C’était l’un des rares cocons auxquels Mélinda n’avait pas accès. Les entretiens étaient confidentiels, et tournaient de toute façon souvent autour de Mélinda. Il fallait accepter ce paradoxe qui était d’aimer une Maîtresse en sachant qu’elle vous aimerait en retour, mais pas uniquement. D’un certain point de vue, cela confinait à la foi religieuse. Mélinda était à la fois Déesse et Amante, soit une Maîtresse, la contraction de ces deux phénomènes.

Abby souffla un baiser à Tomoko, et la laissa prendre sa douche. Elle-même fila vers la salle à manger. Tomoko rejoignit ainsi la salle de bains, et l’eau fila. Après quelques instants, la porte de la chambre s’ouvrit à nouveau. La personne qui fit irruption se déshabilla ensuite, et entrouvrit délicatement la porte de la salle de bains. Le corps de Tomoko apparaissait de dos. La silhouette s’approcha lentement, sur la pointe des pieds. Elle s’approcha encore. Dans l’eau, Tomoko était perdue dans ses pensées. La main se posa sur la porte de la cabine… Et l’ouvrit.

Et, quitte à provoquer une crise cardiaque chez Tomoko, la silhouette bondit contre elle, et l’enlaça de dos, les seins de Mélinda s’enfonçant tendrement contre sa partenaire.

« Salut, Tomoko ! Tu m’as manqué, ma petite timide ! »

Une visite assurément imprévue ! Mélinda pouvait sentir le rythme cardiaque de Tomoko exploser. Elle referma la porte de la cabine derrière elle.

« Ça te va si on prend la douche ensemble ? Je me disais ce matin que ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu, et tu es si discrète… Ma petite Tomoko d’amour… »

Dès qu’elle se retournerait, Tomoko aurait droit à un baiser en bonne et due forme de sa Maîtresse…