The Multiversity

[Gine]

Gine avait jeté un œil prudent à ce que lui avait indiqué Carol. Ces éclaboussures morbides constellant son épaule nue et qui, en raison de la "bénédiction d'Ivy", ne l'affectaient plus du tout. Passablement perturbée, la saïyajin fut partagée entre deux souvenirs. D'abord celui de ce fruit qui, balancé par un singe, lui avait éclaté en pleine tempe et l'autre, plus frais, de son moment passé avec les filles.
Une main sur le ventre, la jeune femme se sentit rougir jusqu'aux oreilles.

- C'est... c'est vraiment très prévenant de sa part mais si on pouvait éviter de nous étendre sur le sujet...

D'autant plus qu'elles n'étaient pas tiré d'affaire ; les monstres semblaient jaillir de partout en un fichu flux continu !
Gine arrivait toutefois à entendre les paroles de Danvers par-dessus le vrombissement des insectes. En conséquence de quoi son regard s'était naturellement tourné vers les pyramides, au sein d'une desquelles l'Alraune corrompue avait supposément trouvé refuge. En bonne maîtresse des lieux elle avait, à l'instar de Poison Ivy, de la main d'œuvre à envoyer au casse-pipe.
Ces monstruosités sont aussi laides que nombreuses !
La saïyajin préférait garder cette pensée pour elle-même.

- Alors, ensemble, nous allons éclaircir leurs rangs !

Que Carol la considère comme son égale suffisait amplement à lui donner l'envie de se démener jusqu'au bout ! Dans sa communauté, jamais aucun Saïyan ne s'était "rabaissé" de la sorte ; jamais aucun de ses alliées n'avait su comment s'y prendre avec elle...
Dans cette bataille, Gine ne fut pas tout à fait surprise de constater à quel point elles se complétaient bien. Quand une mouche mutante essayait de se glisser dans un angle mort pour frapper, elle avait tôt fait d'en subir les conséquences avant même de pouvoir atteindre sa cible.
En résumé, la super-héroïne et la saïyajin ne laissaient absolument rien passer !

- C'est du tout cuit ! claironnait la deuxième.

Elle ne croyait pas si bien dire quand, presque à la seconde près, une langue de flammes noires transperça la frondaison, réduisant un insecte en cendres.

- Mais qu'est-ce que c'est que cette... chose ?!

Un dragon avait fait son apparition. Un dragon ou une wyverne ? Gine n'avait connaissance ni de l'un ni de l'autre, de toute façon. En revanche, elle était bien d'accord sur un détail : ce monstre était énorme ! Peut-être dix fois plus long qu'elle et trois fois plus haut. Un prédateur noir, aux longues ailes membraneuses, avec un cou traversé de veines pulsantes et une gueule pas très engageante.
Gueule qui s'ouvrit sur une nuée de tentacules dans lesquelles la saïyajin se retrouva coincée.
Enroulées autour de sa taille, elles exerçaient sur elle une force de traction terrible comme pour la catapulter directement dans la gorge de l'effroyable mastodonte !

- Iiiih ?!

Elle dut son salut à l'intervention aussi flamboyante que tranchante de cette chère Carol ! En plus d'avoir sectionné les entraves de son alliée, le rayon de la super-héroïne avait arraché un mugissement de douleur au "Shantak".
Cette grosse saloperie l'avait bel et bien senti passer !
Carol disait ne pas trop savoir à quoi s'attendre venant d'elle.

- Beurk !

Au-dessus de la ceinture, Gine était toute poisseuse...
Elle dut se faire violence pour mettre cette pensée de côté alors que les insectes, pas complètement débiles et suicidaires, se tenaient à distance du poids lourd.

- On va devoir faire sans... YAAAH !!

Plus question de se retenir ! La saïyajin joignit les deux mains devant elle et projeta une vague d'énergie concentrée sur le Shantak. Agile, celui-ci poussa sur ses ailes et évita l'attaque. Le trait de Ki, pareil à une étoile filante, poursuivit son chemin, se perdant inutilement dans le vaste horizon...

- Ah, le salaud ! jura-t-elle en serrant le poing.

Déployant ses ailes, le Shantak leur fondit dessus à une vitesse stupéfiante ! Ses mâchoires claquèrent à l'emplacement où se trouvait Gine quelques millisecondes plus tôt. Il l'aurait sans doute couper en deux s'il l'avait touchée.
Même pas en rêve !
Son optimisme fut de bien courte durée. Alors qu'elle s'imaginait avoir esquivé cet assaut, un appendice élastique la frappa en pleine poitrine. Sous son armure, Gine en eut le souffle coupé ! La queue de la créature lui avait rebondi dessus avec la force d'un fouet. Cette même queue d'une longueur aberrante, qui, sous le contrôle du Shantak, se contorsionna pour venir s'enrouler autour de son cou.

- Aaakh...

Elle était en train d'étouffer tandis que le monstre, en usant de ses griffes, faisait barrage à Carol.
Pas... un poids !
Frustrée, Gine se débattait comme un beau diable. Les doigts serrés autour de la queue noirâtre, elle ouvrit grand la bouche et plongea ses dents à travers le cuir épais. Cela n'eut guère d'effet jusqu'à ce qu'elle se mette à cracher du ki entre ses dents ! Là, dans une gerbe d'énergie, le membre céda brusquement, libérant par la même la gorge rougie de sa prisonnière.
Gine inspira un grand coup puis...

- Bas les pattes !

...de tout son poids, enfonça une de ses bottes dans le flanc exposé du Shantak déjà hurlant !

[Carol Danvers]

Face au Shantak, Gine projeta un rayon d’énergie. Une attaque efficace, mais que le monstre esquiva en se déplaçant sur le côté.

« Fais attention, Gine ! Malgré sa masse, il est très rapide ! »

Les deux femmes en eurent la démonstration instantanément, car le Shantak s’élança brusquement vers Gine, et réussit à l’immobiliser en se servant de sa longue queue caudale, qui projetait des éclairs. Le Shantak la fouetta avec sa queue, un coup d’une rare violence, et enroula ensuite le bout de sa queue autour du cou de la jeune femme. Carol s’élança vers le monstre pour venir en aide à la Saïyajin, mais la gueule du monstre rugit vers elle, et projeta à son tour un rayon d’énergie, noirâtre. Carol l’esquiva également, et tira à son tour en visant la tête du Shantak. Il utilisa l’une de ses pattes griffues pour parer avec son aile. Le tir de Carol explosa dessus. Elle fonça vers le Shantak, qui volait en cercle, et tenta de la griffer avec son autre main.

Gine se défit alors de la prise du Shantak en mordant dans sa queue. La bête mugit, surprise par cette attaque, tandis qu’un rayon d’énergie s’échappait de la bouche de Gine, et trancha la queue en deux. Elle profita de la surprise du monstre pour frapper dans son flanc avec son pied, ce qui projeta le Shantak plusieurs dizaines de mètres plus loin. Carol profita de cette occasion, et tira un nouveau rayon d’énergie sur le flanc du Shantak. Le tir frappa cette fois la créature, et lui arracha des morceaux d’écailles. Le monstre rugit de douleur, tandis que du sang verdâtre s’échappait de sa carcasse fendue.

« Si ça saigne, on peut le tuer ! » claironna Carol à Gine, tel Arnold Schwarzenegger combattant le Predator.

En théorie, du moins… Car, en pratique, depuis la partie blessée du monstre, des flopées de tentacules noirâtres monstrueux émergèrent brusquement, fusant vers Carol et Gine.

*Mais quelle saloperie !*

Carol recula rapidement, mais un tentacule parvint à s’enrouler autour de son poignet, et la projeta… Droit sur Gine. Elle heurta à toute allure la Saïyen tandis que le Shantak concentrait encore son énergie, et ouvrit de nouveau sa gueule, balançant un rayon d’énergie. Au même moment, Carol répliqua à son tour, tirant elle aussi un rayon énergétique. Les deux rayons se heurtèrent, et provoquèrent une violente explosion, assourdissante, qui tonna dans Zerrikania comme si la foudre venait de s’abattre. Les tentacules sortant du flanc du Shantak se repliaient tandis qu’il cicatrisait rapidement, confirmant encore, si besoin était, qu’il était assurément l’une des créatures les plus dangereuses de Zerrikania…

[Gine]

Contre toute attente, son coup de pied avait eu de l'effet sur la monstruosité ! Gine n'avait pas contre-attaqué seule : Carol y avait mis du sien en décochant un tir énergétique. Le Shantak, frappé de plein fouet alors qu'il dégringolait, s'était vu privé de quelques débris d'écailles souillés de sang. En indubitable signe de souffrance et de faiblesse, il avait doublement rugi.
La saïyajin abondait dans le sens de sa fantastique coéquipière.

- Alors tâchons de le faire saigner à mort !

Elle avait beau être gentille de nature, Gine savait parfaitement ce que ce mot impliquait et comment procéder.
En théorie, du moins... parce que leur adversaire, lui, ne figurait pas encore parmi son tableau de chasse.
Il le rappela à sa mémoire en crachant, par sa plaie nouvelle, un nombre ahurissant de tentacules difformes d'un noir d'encre !

- C-créature de cauchemar ! s'exclama la guerrière en se catapultant dans l'autre sens.

Carol, qui avait eu le malheur de se trouver plus proche du Shantak que son alliée, n'était pas parvenue à s'en écarter à temps. Saisie au poignet, la super-héroïne perdit le contrôle sur sa trajectoire et, de force, percuta Gine. Celle-ci ouvrit les bras de sorte à amortir le choc. L'impact eut bel et bien lieu. Entre ses mâchoires serrées, elle poussa un grognement étouffé. Les deux combattantes tourbillonnèrent sur quelques mètres avant de parvenir à se stabiliser.
Sans la réactivité de Carol qui témoignait d'une certaine expérience du combat, le rayon d'énergie noire du Shantak les aurait sans doute réduites en cendres ! Le feu concentré de la super-héroïne rencontra son concurrent de chaudes ténèbres dans une prodigieuse explosion.
L'espace d'un instant qui lui parut une éternité, Gine en eut les oreilles qui sifflaient. Les mains collées de chaque côté de son crâne meurtri, elle s'écria :

- Ah, le tricheur !

Sous leurs yeux ronds d'étonnement, le Shantak s'était servi de ses tentacules pour refermer sa plaie au flanc. Il n'en restait plus aucune trace ! La blessure ? Envolée, tout simplement !

- Si ça continue, il va nous avoir à l'usure...

D'impuissance, elle serrait les poings.
Ne te laisse pas abattre !
Se reprenant, Gine balaya l'air d'un geste.

- Carol, il va falloir donner tout ce qu'on a en une attaque conjuguée ! (Elle croisa le regard de l'intéressée.) Avec lui, ce sera quitte ou double - pas question de se louper !

Croisant les bras devant son visage, la femme à queue de singe canalisait son énergie. Dans une explosion aussi lumineuse que sonore, elle ramena les coudes contre ses flancs, déployant tout autour d'elle la flamme de son aura limpide.

- Boxons cette saleté jusqu'à nous créer une faille viable, suggéra-t-elle avec un sourire de forcenée. Tirons dès qu'on en a le champ libre ! Je compte sur toi pour choisir le bon moment.

Poussant sur ses jambes, Gine, les poings en avant, se catapulta droit sur le Shantak !

[Carol Danvers]

Dans une telle situation, Carol devait comprendre ce qu’on ressentait en affrontant Wolverine ! Le Shantak se régénérait très rapidement, ce qui surprit également Gine. Elle finit par proposer de concentrer leurs attaques sur un seul point, afin de percer la défense du monstrueux dragon. Elle hocha donc la tête, tout en concentrant à nouveau son énergie.

« Attaquons son flanc, puisqu’on sait que sa cuirasse est perméable à cet endroit. »

C’était un bel angle d’approche. Carol se déplaça rapidement, et vit que Gine se concentrait. Elle puisait dans son énergie, ce qui fit qu’elle s’enveloppa d’un halo doré. L’énergie brûlait en elle, vigoureuse et forte. Gine se propulsa ensuite vers le Shantak, mais celui-ci était désormais vigilant, et énervé. La Saîyan fonça droit sur lui, tout comme Carol. Elles tirèrent toutes les deux, et le Shantak se téléporta alors, ne laissant plus qu’une zone d’ombre… Et apparut à côté de Carol, qu’il fouetta violemment avec sa queue. Le coup la surprit, et elle partit vers le bas, se rapprochant dangereusement de la cime des redoutables arbres de Zerrikania. Carol se retourna à temps, sentant des tentacules acérés jaillir des arbres. Elle s’envola de justesse, et rejoignit le Shantak, puis tira sur son flanc, exposé tandis qu’il attaquait Gine.

Le tir le lacéra violemment, et le dragon rugit furieusement. Il tenta à nouveau de se téléporter, mais, cette fois, Carol le vit venir, et se déplaça d’un seul coup sur le côté. Elle évita la gueule du dragon, qui claqua dans le vide, et tira un puissant rayon d’énergie qui frappa violemment le Shantak, ouvrant une seconde plaie. Du sang noirâtre jaillissait des plaies, rappelant à Carol la célèbre formule d’Arnold Schwarzenegger, qu’elle rappela à Gine :

« Si ça saigne, on peut le tuer… »

Gine tirait à son tour. Le dragon cracha une épaisse langue de feu noirâtre de sa gueule, que Carol esquiva encore. Le Shantak déploya brusquement ses ailes, et s’envola dans les airs. Carol le poursuivit également, flamboyant sur place, et le frappa du pied sur la tête. La gueule du dragon s’envola en arrière. La bête rugit encore, et cracha des tentacules de sa gueule, qui s’enroulèrent autour du poignet ganté de Carol. Miss Marvel grogna, et généra avec son autre main une onde d’énergie statique, qu’elle utilisa pour trancher les tentacules du Shantak. La bête grogna encore, blessée, et cracha une boule de feu. Carol se la reçut à bout portant, mais veilla à se protéger. La boule de feu la frappa violemment, et la repoussa douloureusement !

[Gine]

Le démon volant n'était pas du genre à se laisser faire ! L'attaque de Gine lui était passé au travers. Le monstre avait disparu si soudainement, sans explication aucune, que la saïyajin en fut stupéfaite.
Où est-il passé ?
Carol le découvrit à ses dépens. D'un coup de queue, le Shantak l'expulsa en contrebas. La super-héroïne dut se contorsionner et générer une plus grande poussée d'énergie pour ne pas se faire avaler par la sylve Zerrikanienne dont avait émergé des tentacules.
Gine grimaça.
Cet endroit me rend malade.
Elle allait devoir faire avec.
Le Shantak voulut s'en prendre à elle. Pour ce faire, il avait dû se détourner de Carol. Une erreur qui lui valut une nouvelle blessure au flanc ! Enervé, le grand monstre entreprit de se téléporter à nouveau pour, cette fois-ci, briser la flamboyante guerrière entre ses mâchoires écumantes. Grâce à la réactivité de Carol, le coup ne prit pas. Le Shantak reçut de nouveaux dommages.
Cela ne faisait que commencer !

- Tu t'égares, gros dégueulasse !

Le feu jaillit de sa main, ajoutant à la souffrance de cette créature de légende. Celle-ci cracha des flammes noires au visage de la blonde. Carol ne se laissa pas avoir si facilement, évitant cette gerbe mortelle. Mais grâce à cette diversion, le Shantak avait repris de l'altitude...
Miss Marvel le poursuivit et, avec panache, lui administra un coup de pied en pleine gueule !

- Bien joué !

Gine, s'apercevant qu'elle s'était peut-être un petit peu oubliée, secoua la tête et repartit au combat.
Au même moment, d'autres tentacules émergèrent de la gueule du Shantak. Prise au poignet, Carol les sectionna à l'aide de son pouvoir. Elle se reçut néanmoins un boule de feu à bout portant qui la fit décoller en arrière.
Il faut persévérer !
Cela lui faisait mal au cœur mais Gine dut renoncer à la rattraper pour mieux saisir sa chance : vrillant sur elle-même, la femme à queue de singe dépassa Carol et, de ses pieds joints, heurta le Shantak à l'endroit exact où cette dernière l'avait frappé - sur le crâne. L'impact ébranla cette affreuse bête en profondeur ! Du sang noir sourdait de sa vilaine caboche. Gine s'en écarta d'un bond avant de reprendre de l'élan et d'y enfoncer son poing.

- Tu vas mourir, oui ?!

Le Shantak s'agita violemment. Sa cavalière se cramponnait à sa gueule ruisselante de fluide nauséabond ! Il émit un hurlement si puissant qu'il manqua la faire lâcher prise. Les oreilles sifflantes, Gine tenait bon jusqu'à ce qu'une griffe vienne se refermer sur son dos, l'arracher au crâne de son propriétaire dans un abominable bruit de succion et la jeter loin de lui !
Tout en dégringolant, la saïyajin eut un petit sourire mauvais.
La guerrière de l'espace se laissait tranquillement porter par les vents, bien au-dessus de tous ces arbres sournois, quand elle déplaça une main dans l'axe du Shantak. Du bout de l'index et du majeur collés, Gine fit mine de tirer.

- Boum !

Il y eut comme un bruit de détonation étouffée. Cette dernière avait vraisemblablement eu lieu dans un endroit confiné.
Explication logique : le ki, que Gine avait pris la liberté d'injecter en douce dans le crâne du diable ailé, avait explosé à retardement !

[Carol Danvers]

Tandis que Carol reprenait ses esprits, Gine parvint à porter un coup décisif au Shandak. Elle fusa comme une toupie pour frapper violemment le crâne du monstre, brisant plusieurs choses, puis planta sa main à l’intérieur de son crâne, creusant un gros trou dedans. Carol se retourna dans les airs, et vit Gine être projetée du Shantak, qui rugit encore…

…Avant qu’une violente explosion résonne à l’intérieur de sa tête, et ne la fasse exploser. Carol se couvrit les yeux de la main, aveuglée par l’intensité de l’explosion. De la fumée noire s’échappa ensuite de la nuque du Shantak, et le corps du dragon gigantesque bascula. Ses ailes ne planaient plus, et son corps flasque tomba en contrebas, s’écrasant au milieu des arbres. Carol rejoignit Gine, et lui sourit, avant de lever le pouce en signe de victoire.

« Bravo, ma jolie ! Il faut l’achever, ou il va se régénérer. Ces saloperies eldrichtiennes sont résistantes. »

Cela allait nécessiter de retourner dans la jungle ! Carol et Gine descendirent donc. Elles retrouvèrent rapidement la trace du Shantak. Plusieurs arbres s’étaient effondrés sous sa chute, et il avait ensuite glissé sur le sol, laissant une traînée noirâtre avec, ici et là, des morceauxw gélatineux formant de la fumée noirâtre. Pas d’animal sauvage ni de lierre agressif cette fois. Cependant, la malchance était avec les deux femmes, car le Shantak avait atterri à côté d’un ravin, et avait glissé en contrebas. Carol s’illumina, afin que le halo énergétique qui l’entoure serve de lumière, et elles descendirent donc le long du ravin en volant.

En bas, il y avait une ancienne rivière asséchée. Des flaques d’eau se trouvaient ici et là, ainsi que des parois brutes. En voyant l’(absence de corps, Carol arriva à la seule conclusion logique :

« Il est toujours en vie… Je suppose qu’il se réfugie vers sa tanière. »

Elles se déplacèrent rapidement, et finirent par le voir.  Le Shantak avait pris une masse informe, et se déplaçait en rampant avec ses ailes, enfonçant le sol avec. Carol lui tira dessus, et le dos du Shantak explosa, libérant une onde de choc et des flopées de tentacules, ainsi qu’un épais nuage noirâtre. Des visages grimaçants et monstrueux s’y formaient. Carol retomba au sol, et le nuage la recouvrit. Gine disparut, et, quand elle se releva, elle sentit une migraine bourdonner en elle.

« Tu es exclue, Carol ! EX-CLUE !!
-  Faible, indigne de confiance !! »

Elle entendait les voix monstrueuses et déformées d’Iron Man et de Captrain America.

« Gnnnn… Sors de ma tête, saloperie ! »

Une silhouette émergea alors, et une main recouverte d’un gant vert jaillit de l’ombre pour la saisir à la gorge, et la plaqua au sol. Carol écarquilla des yeux en revoyant celle qui, jadis, lui avait volé, non seulement ses pouvoirs, mais aussi ses souvenirs et sa personnalité : Rogue.

« Tu n’as jamais été digne de ses pouvoirs, rends-les-moi !
-  NOOON !! »

Carol tira sur Rogue, et la fit exploser. Elle se releva ensuite.

*Ce sont des illusions, tu dois les combattre !*

Un tir la frappa soudain dans son dos, et elle se retrouva sur le bitume d’une autoroute, à hauteur de la jonction 405/10, près de la carcasse fumante d’un camion transportant des voitures contre lequel elle venait d’être projetée. Devant elle, Moonstone, une super-vilaine qui avait volé son identité à une époque trouble, venait de la fracasser avec un moteur, la couchant douloureusement au sol.

[Gine]

Ça, c'était du bon dieu de bon travail ! La caboche ouverte et fumante, le Shantak dégringolait en direction des arbres. La victoire était à portée de main. Gine, qui le sentait bien, put ralentir sa propre descente pour finalement s'immobiliser dans les airs. Elle retrouva sa coéquipière qui ne manqua pas de la féliciter.

- Merci ! (Il y avait cependant un mot dont le sens lui échappait.) Eldrichtiennes ? Ces... choses-là font partie d'une espèce à part entière ? Bon sang ! Ça fait froid dans le dos rien que d'y penser...

En menant la traque à l'agonisant, Gine comprit pourquoi la végétation ne s'en était pas pris à ce monstre. Sa chute vertigineuse avait déraciné bien des arbres ! Son sang noirâtre maculait la terre meurtrie et quelques résidus de sa substance malfaisante rongeaient jusqu'à sa surface. La Saïyajin se garda bien d'y toucher, ou même de respirer les sombres vapeurs qui s'en dégageaient. Elle se pinça le nez avant d'évoluer avec Carol dans un ravin. Le corps de la super-héroïne brillait comme une bougie tandis qu'elles survolaient la zone.
En bas, le sol était humide, boueux. Des flaques d'eau constellaient le sol creusé par une ancienne rivière. Il y faisait sombre ; sans l'initiative de Miss Marvel, on n'y voyait goutte.
Une main en visière, Gine sondait les environs.

- Je ne le vois nulle part... c'est plutôt mauvais signe, non ?

Elles durent chercher un peu plus loin. Là bas, les combattantes le découvrirent en train de ramper sur ses ailes à demi repliées. Se passant de politesse, Carol lui décocha une salve dans le dos. L'impact n'eut rien d'ordinaire : se propagea une onde de choc accompagnée de tentacules visqueux. Si le duo dut s'y soustraire, un autre problème s'ajoutait à ceux-là : par sa blessure, le monstre avait craché une sorte de gros nuage d'encre ! Un gaz habité par un mal insondable qui leur avait sauté à la gorge.
Avalée dans la tourmente générée par une myriade d'abominable visages, Gine perdit le contrôle sur son état d'apesanteur. Etourdie et fiévreuse, la tête lourde comme une pastèque, elle réintégra le plancher des vaches.

- Hung !... C'était quoi, ça ?

Un maléfice ?
En jetant un regard à la ronde, elle s'aperçut que Carol avait disparu. Non, c'était plus inquiétant encore : il n'y avait plus rien - comme si les ténèbres s'étaient refermées sur elle.
Absurde !
Son premier réflexe fut de crier pour bien se faire entendre.
Mal lui en pris car quantité de voix méprisantes crièrent à ses oreilles :

- Où diable as-tu appris à te battre, Saïyajin ? Tu n'arriveras jamais à rien comme ça !
- Ici, c'est marche ou crève, petite écervelée !
- Tu t'imagines qu'en cas d'échec tes adversaires vont t'épargner ? Pfah, pauvre sotte ! Ils te le rendront bien en te faisant crever la gueule ouverte, oui !

Médusée, Gine se rendit compte que ces voix lui étaient familières, comme un écho du passé. Avec leurs vociférations, elle sentait la pression monter, enfler dans son cœur de justicière incomprise par les siens...

- O-on a pas besoin de se battre !

- Si pathétique !
- Comment espères-tu pouvoir faire partie des nôtres avec une mentalité aussi risible ?
- Imbécile ! Tu ne vaux pas mieux que ces déchets qu'on extermine à tour de bras.

Gine avait de plus en plus mal à la tête, mais pas que ! Quelque chose - ou quelqu'un ? - la bouscula ; elle vacilla sur ses appuis. On répéta la chose, encore et encore. De plus en plus fort ! Elle tituba sur plusieurs pas avant de se stabiliser, les mâchoires serrées.

- Arrêtez...

On ne l'entendit pas. De nouveaux coups. Toujours plus douloureux, plus insistants... Comme une brimade.
Gine vit des bleus apparaître sur ses bras. Ceux-là lui rappelèrent de nouveaux souvenirs - traumatisants.
Et puis il y avait ces rires mauvais...

- Arrêtez ça !

- Alors défends-toi, lavette !
- On ne veut pas d'enfant de chœur ici.
- Les gros poissons mangent les petits.

Elle accusa de nouveaux coups. La douleur la tiraillait jusque dans la racine de ses cheveux !

- Je vous ai dit de me laisser tranquille !!!

Mue par la rage, Gine libéra la flamme de son aura. Les ombres qui l'avaient assaillie se volatilisèrent dans la foulée. La Saïyajin crut entendre leurs plaintes se perdre dans le lointain avant qu'une voix, plus grave et monstrueuse, en provenance de ses arrières, la fasse sursauter :

- Ta haine est trop petite. Tu es trop petite.

En se retournant, Gine vit de grands yeux rouges briller au cœur de l'obscurité. D'énormes doigts de singe en percèrent le manteau pour se refermer sur elle.
Apeurée, la Saïyajin entendit ses os grincer lorsque la poigne de l'Oozaru accentua la pression.

- Lève les yeux si tu veux vivre...

Derrière le rideau de ses paupières mi-closes, l'astre lunaire commençait doucement à s'élever dans les airs.
Gine eut un hoquet d'horreur et, aussitôt, referma les yeux.

- Regarde donc ! exigea son congénère transformé.

Elle se débattait.

- N-nooon !

- Alors je vais te broyer !

Une seconde main recouvrit la première pour y mettre deux fois plus de force. Le squelette de la femme à queue de singe protesta. Ses yeux s'écarquillèrent. N'y tenant plus, elle libéra un hurlement de pure souffrance !

- Aspire à la destruction comme les tiens baignent dedans !

C'était mal barré !
  Son passé la rattrapait. L'écrasait au sens littéral...

[Carol Danvers]

« Je t’ai déjà battu, ce n’est pas réel…
-  La seule personne qui n’est pas réelle, ici, c’est toi. Tui es une usurpatrice, une imposture ! »

Moonstone frappa Carol au ventre, la projetant hors de l’autoroute. Elle défonça le toit d’une maison en atterrissant dans un salon. Carol se souvenait de ce combat dantesque. Quand Norman Osborn était devenu le dirigeant du SHIELD, il avait dissous l’organisme pour fonder le HAMMER, et avait recruté une équipe de super-vilains pour créer de faux Avengers, les « Dark Avengers ». Parmi eux, il y avait Moonstone, qui s’était fait passer pour la nouvelle Miss Marvel. Derrière ce nom, il y avait une psychiatre psychopathe, Karla Sofen. Avant d’avoir des super-pouvoirs, elle était une psychiatre qui manipulait ses clients pour les pousser à se suicider tout en faisant des testaments à son nom. Elle avait ainsi eu un jour une cliente paranoïaque, et appelait à la maison de cette femme en se faisant passer pour la maîtresse de son époux. Elle avait finalement réussi à obtenir une pierre mystique, l’Opale, qui appartenait à Lloyd Bloch, un détenu incarcéré à l’Institut Ravencroft. En le manipulant, Karla avait réussi à récupérer son artefact. C’était une folle à lier, que Carol avait battu en lui arrachant sa maudite pierre.

Elle se releva des débris de la maison, et vit la silhouette de Moonstone flotter au-dessus d’elle. Karla tendit la main, et projeta un intense rayon d’énergie qui fit exploser la maison. La déflagration propulsa Carol dans la rue de ce petit quartier pavillonnaire, où elle heurta une voiture qui circulait, renversant celle-ci.

« Tu es ivre, cette fois ? Rogue aurait dû conserver tes pouvoirs ! Tu veux la vérité, Carol ? Tu n’as toujours été qu’une déception ! Tes coéquipiers t’ont abandonné, ils t’ont tourné le dos, car tu es faible, tu as toujours été faible ! »

Carol bondit vers Moonstone, furieuse, et s’apprêta à la frapper avec force… Quand elle sentit une vive migraine exploser dans sa têter.

« Arrête. »

Une force la frappa au ventre, et la projeta alors. Elle roula sur le sol, et atterrit dans sa chambre… Sa chambre à Boston, où elle avait grandi enfant. Des bruits de pas terribles se faisaient entendre. Elle entendait sa mère hurler derrière, et une main forte tambourina à la porte.

« Arrête avec ta musique de cinglée, Carol, je t’ai déjà prévenu ! Tu veux me défier, hein ? Je suis ton père, et je vais t’apprendre le respect !
-  Joe, arrête, enfin !
-  Lâche-moi, salope ! »

Elle entendit le son fort d’une gifle sur le visage de sa mère, et comprit que son père était encore ivre, et qu’il allait sûrement la frapper. Carol aurait dû se taire, mais elle n’en faisait toujours qu’à sa tête. Il tapait sur la porte qu’elle avait verrouillé.

« Carol, écoute ma voix. »

Carol se retourna, et vit un pot de fleur qui se trouvait là. Elle fut troublée, car elle ne se souvenait pas en avoir. Elle s’y dirigea, et observa les fleurs… Puis du pollen jaillit. Elle éternua en se rappelant alors cette odeur sensuelle… C’était celle de Poison Ivy. Carol la renifla donc, et sentit alors ses sens lui revenir… Ce qui lui permit de voir un poing de Gine fusant vers elle. Elle l’esquiva alors, et constata que les deux femmes étaient entourés de brume.

« Gine ? Mais qu’est-ce qui se passe ?
-  Le monstre que vous avez abattu a libéré un puissant hallucinogène. Il vous manipule pour que vous vous entretuiez sans même le voir. J’ai réussi à entrer dans ta tête, mais Gine me connaît moins que toi, le contact est plus difficile. Tâche de survivre. »

Pus facile à dire qu’à faire…

[Gine]

- Accepte ta vraie nature !

L'étreinte ne s'était pas adoucie. L'Oozaru la serrait entre ses mains de sorte à la faire souffrir, et non pas dans le simple but de la détruire. Ce qui témoignait d'une certaine maîtrise de cette forme pourtant réputée pour son caractère colérique, monstrueux, instable...
Tant de raisons qui révulsaient Gine !

- Tu vas finir par te décider, oui ?! Méfie-toi : je perds patience...

Un étau toujours plus étouffant. D'autres craquements lugubres se firent entendre entre ses phalanges épaisses comme des troncs. Gine donna de la voix. Le monstre grognait par-dessus ses cris de douleur.
Quand il estima lui avoir donné une bonne - première - leçon, l'Oozaru relâcha un peu la tension.

- N-non, gémit-elle d'une toute petite voix.

- Quoi ? J'ai pas bien entendu...

Il commit la bêtise d'approcher son visage du sien. La Saïyajin libéra une de ses mains, lui décochant une vague déferlante à bout portant. Touché à l'œil, le gigantesque primate poussa un râle caverneux avant de basculer en arrière. Gine échappa à sa poigne infernale et entreprit immédiatement de mener la contre-attaque. Son ennemi s'étant fondu dans les ténèbres, elle s'était sentie obliger de l'y poursuivre. Son poing rencontra quelque chose de consistant. Ce qu'elle venait de frapper avait été repoussé en arrière.

- J'ai dit : je refuse !

Elle avait suffisamment douillé comme ça ! Tout son corps lui faisait mal. Elle s'efforçait d'en faire abstraction, de surmonter la faiblesse de son enveloppe par l'intermédiaire d'une froide colère. Sentiment qui l'aveuglait au point de faire le jeu diabolique du Shantak.
La silhouette qui se matérialisait devant elle n'appartenait pas vraiment à l'un de ses congénères. C'était Carol Danvers, en réalité. Mais Gine ne la reconnaissait pas ; elle voyait un monstre à queue de singe que les siens auraient sans doute considéré comme la fierté de leur peuple.

- Je ne te laisserai plus me faire du mal !

Elle repartit à l'assaut. Sa cible l'évita de justesse. Elle l'entendit se moquer autant qu'elle la vit sourire.

- ...Ni à moi ni à personne !

La Saïyajin s'élança à nouveau ! Attaque stupide lancée sous le coup d'une rage irréfléchie ? Pas vraiment, non. D'un pas rapide, Gine disparut du champ de vision de son adversaire pour aussitôt réapparaître dans son dos. C'est à cet instant, en suspension dans l'air, qu'elle déplia sa jambe pour frapper en un coup de pied fouetté ! Elle visait la tête. Ce faciès infâmant qui prenait tant plaisir à la tourner en ridicule.

- Je ne suis pas comme vous !

Et en rugissant surgit son aura. C'était, pour le coup, l'équivalent d'une alerte à la bombe : le ki jaillit d'une main de la guerrière !
Une farouche volonté de détruire renforçait ce déploiement d'énergie.

[Carol Danvers]

Carol et Gine étaient dans une grotte, celle du Shantak, son refuge. Gine se déplaça dans le dos de Carol. Elle était comme elle, possédée, et n’était pas en état de percevoir la présence d’Ivy. Son pied fusa vers  sa tête, et Carol se protégea avec la main. Le coup la projeta quand même contre le mur, et Gine chargea ensuite un puissant rayon d’énergie qu’elle projeta sur Carol. Celle-ci se protégea en croisant les bras… Et absorba l’énergie projetée par Gine. Elle sentit ce surplus d’énergie.

« Reprends tes esprits, Gine !
-  C’est inutile, elle ne t’entend pas. Il n’y a pas assez de fluides de moi en elle. Mais j’en ai en toi. »

En disant cela, le corps de Carol se mit à verdoyer au niveau de ses veines. Elle répliqua alors, et projeta un canon d’énergie sur le corps de Gine, la propulsant à son tour en arrière. Gine heurta un mur au fond de la caverne, et Carol se propulsa vers elle. Elle essayait profiter du choc, mais Gine fusa déjà vers elle, et la frappa en retour. Carol fila dans une galerie, et roula sur le sol, avant que Gine ne la poursuive, et ne l’attrape au cou. Le corps de Carol frotta le sol sur plus d’une quinzaine de mètres, rejoignant une grotte plus grande, avec une fosse abyssale en plein milieu d’où des reflets lumineux émanant de cristaux rebondissaient sur les parois. Carol releva sa jambe, et la glissa entre les cuisses de Gine, puis poussa, propulsant Gine par-dessus elle.

La super-héroïne se retourna ensuite, du sang s’échappant de ses lèvres, et fila vers Gine. Elle se reçut un coup au visage, mais frappa Gine au ventre avec son poing. Un coup qui coupa la respiration de la Saïyen, et permit à Carol de la gifler avec force. Gine tomba au sol, et Carol se dépêcha… De l’embrasser. Elle serra ses mains sur ses poignets, et l’embrassa férocement, sa salive filant sur la sienne, diffusant les fluides d’Ivy qu’elle portait. Elle sentait Gine se débattre, et fut finalement repoussée.

« Gine, reprends tes esprits ! » s’exclama Carol.

[Gine]

Son adversaire était robuste ! De la part d'un Saïyajin, c'était tout naturel. L'attaque énergétique de Gine n'avait fait qu'éclater contre ses avant-bras croisés. La bataille s'annonçait aussi longue que difficile. La femme à queue de singe refusait néanmoins de se soumettre à un monstre aussi odieux.
Hors de question de lui abandonner l'ascendant, oui ! Hors de question que ce monstre lui impose sa domination.
La silhouette enténébrée vociféra quelque chose que Gine ne comprit pas. Elle n'en soucia pas davantage et voulut se précipiter dessus. Il y eut un éclair de lumière verdâtre. Son ennemi répliqua alors par un tir plus puissant que le sien, la repoussant en arrière jusqu'à ce qu'un mur l'interrompe.
Grrr ! Tu vas voir...
Faisant flèche de tout bois, la Saïyajin prit appui dessus et chargea. L'autre en fit les frais, dégageant sur bonne poignée de mètres. Comme désireuse d'en finir, Gine mena la poursuite. Au moment de lever le poing avec la ferme intention de l'écraser sur la trogne de ce démon-singe, ce dernier lui glissa une jambe entre les pattes. En faisant levier, il souleva la femme à queue de singe et la fit basculer cul par-dessus tête. Elle poussa un cri durant le vol avant de parvenir à se rétablir.
Comme elle avait à peine pris le temps de respirer au beau milieu de tout ce bordel, la combattante haletait déjà.

- Rrrr.... Gnhyaah !

D'une droite cinglante, elle accueillit l'approche virulente de son diable d'opposant. En échange, elle prit un joli coup dans les entrailles. Ce qui n'était pas très équitable. Gine lâcha un hoquet étouffé avant de recevoir une gifle formidable ! Sa tête partit en arrière. Son corps suivit le mouvement. Elle s'écrasa par terre, sur le dos.

- Oughf !

Elle voulut se redresser mais n'alla pas bien loin. Son visage, en l'occurrence, buta contre celui de son redoutable ennemi... qui se mit à lui dévorer la bouche ?!

- Hmmf... hmmm !!!

Impossible de bouger les mains : l'autre lui bloquait les poignets en faisant pression dessus. Du coup, Gine ne pouvait que remuer les jambes. Et elle ne s'en privait pas, ruant avec hargne comme une jument renversée par un tir d'artillerie ! Sa défense finit par payer car la Saïyajin, à force de remuer, éjecta celle qu'elle pensait être son ennemi.
Humiliée, énervée, Gine s'était relevée d'un bond souple !
Sentant un drôle de goût dans sa bouche, elle cracha par terre.

- Gine, reprends tes esprits !

Elle se figea d'incompréhension.
Cette voix... ?
Elle avait cru entendre Carol Danvers à travers les lèvres de... les lèvres de cette...
Hein ?
L'image de son opposante s'était brouillée, l'espace d'un instant. Gine avait eu le temps de voir une silhouette féminine encadrée par des cheveux blonds. Ce qui lui avait fait plisser les yeux et secouer violemment la tête. Son crâne lui faisait mal, comme si une force obscure cherchait à s'y introduire par tous les moyens... Elle y porta une main crispée.
En se mordillant les lèvres, la Saïyajin sentit à nouveau ce goût familier qu'elle avait tenté d'évacuer de sa bouche en croyant à un poison.

- Non ! s'écria-t-elle, troublée. Assez de ces illusions ! Assez de tout ça ! Sors... de... ma... TÊTE !!!

Emportée par ce méchant mélange de colère et de confusion, Gine joignit les mains devant elle. Générant une lumière encore plus vive que d'habitude, les bras parcourus de veines gonflés, elle devait produire de gros efforts pour ne pas relâcher trop brusquement, dans une direction non désirée, cette énergie hautement explosive.
Car oui : Gine visait scrupuleusement cette trompeuse silhouette qui cherchait à se jouer de ses sens. Et elle ne comptait pas la louper !
Tout autour d'elles, la terre s'était mise à trembler.

- DISPARAIS !

C'était dit.
Dès l'instant où les mains brûlantes de la Saïyajin l'eurent vomie, la puissante vague déferlante émit un long sifflement monstrueux !

[Carol Danvers]

Gine était en train de confirmer une réalité simple sur les Saïyen : ils étaient de fortes têtes. Elle continuait à se battre, tandis que Poison Ivy peinait manifestement à s’imposer en elle. Cela n’était pas si surprenant, Gine ne les connaissait que depuis peu, et sa physionomie de Saïyen était sans doute plus résistante à ce genre de choses que les êtres humains. Néanmoins, Carol la sentit vaciller après son baiser. Ne sachant pas trop ce que Gine voyait, Carol restait à quelques mètres d’écart, et essaya d’apaiser la situation :

« Gine… Tu es manipulée, renonce à cette vision… »

Les yeux de Gine se crispèrent alors à nouveau, et Carol la sentit repartir.

« Gine, non ! »

Carol voulut se rapprocher d’elle, mais Gine joignit ses mains devant son visage, et balança une terrible lame d’énergie sur Carol. Celle-ci tendit ses mains, et entreprit d’absorber toute cette énergie. Néanmoins, la puissance était telle qu’elle fut malgré tout surchargée, et projetée en arrière. Carol s’envola à l’autre bout de la grotte, et rebondit à plusieurs reprises de l’autre côté du fossé central. Elle heurta la paroi, et sentit tout cet afflux d’énergie dans ses mains, faisant nerveusement trembler ses doigts. Le temps pour elle de se retourner, et elle eut tout juste le temps de mettre ses mains devant son visage, amortissant le genou de Gine qui la frappa là. Elle passa à travers la paroi, et atterrit dans une autre partie de cette profonde grotte. Elle roula sur le sol, descendant en contrebas. Gine la poursuivit encore, et Carol déchargea l’énergie accumulée en tendant sa main devant elle.

Un rayon d’énergie jaillit de sa paume, que Gine esquiva, avant de la frapper au ventre. La boule d’énergie projetée par Carol heurta le mur, et provoqua une nouvelle déflagration, faisant s’effondrer le plafond, repoussant les deux femmes hors du couloir. L’onde de choc les projeta l’une contre l’autre, et elles atterrirent sur le sol d’une grande pièce concentrique. Carol se retrouva contre Gine, et voyait son regard furieux. Elle la repoussa alors, et la cloua au sol. Carol s’assit à califourchon sur elle, et saisit les poignets de Gine.

« Bordel, arrête, tu vas finir par nous tuer toutes les deux ! »

Devant elles, il y avait au centre de cette nouvelle grotte un nid fait de parois chitineuses s’élevant ici et là. C’était le refuge du Shantak, qui se constituait pour l’heure d’un amas de tentacules noirs. Plusieurs d’entre eux s’élevèrent, et l’un alla s’enrouler autour de la gorge de Carol, la repoussant loin de Gine, l’envoyant racler les parois, tandis que, dans sa vision, Gine vit une silhouette familière lui tendre la main pour l’aider à se relever… Sans se douter que, pendant ce temps, les tentacules du Shantak s’enroulaient sur elle, en vue de l’avaler. Pour se régénérer, le Shantak, qui avait été trop blessé, avait besoin d’absorber de l’énergie, et Gine en débordait…

[Gine]

Plus son adversaire résistait et plus ça la mettait en rogne ! La vague de ki n'avait pas suffit à la pulvériser. Gine dut gagner en agressivité, en violence. Intrépide, elle avait chargé, frappé, poursuivi sa cible, esquivé un contre explosif et... subi le contrecoup de la déflagration qui avait ravagé le plafond. Catapultée contre celle qui lui faisait face, Gine n'eut pas le temps de chercher à lui en coller une autre. Dans cette autre pièce, la Saïyajin se retrouva sous son opposante qui lui immobilisait les poignets avec une force dantesque.

- Non ! Nooon ! Lâche-moi ! Lââââche-moiiii !!

Si Gine en avait eu l'idée au lieu de hurler comme une hystérique, elle aurait pu lui cracher une vague de Ki en pleine figure !
Heureusement pour Carol. Enfin... il était peut-être encore un peu tôt pour se réjouir, non ? Quelque chose prit la super-heroïne par la gorge avant de l'arracher à sa pseudo victime. Gine ne l'entendit pas heurter les murs du nid de la créature maléfique, non. Elle avait levé ses yeux ronds sur une ancienne amie. Une alliée de poids à l'époque, avec qui elle avait combattu tant bien que mal, en peinant pour suivre le rythme imposé par toutes ces folles batailles...
C'était Sélipa en personne qui lui tendait une main secourable gantée de blanc.

- Mais... Comment ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que...

Une joie confuse recouvrait ses traits. Gine ne comprenait plus rien. Réalité et rêve se mélangeaient dans sa tête. Elle n'arrivait plus à discerner le bon grain de l'ivraie. En même temps, tout paraissait si réel...

- Humpf ! Il faut bien que quelqu'un veille sur tes petites fesses, non ? Tu n'as jamais su te débrouiller toute seule.

La faible guerrière ourla un piteux sourire.

- Allez, la pressa Sélipa. Qu'attends-tu ? Je ne vais pas te mordre, tu sais.

A peine Gine eut levé la main que sa semblable lui saisît le poignet. L'Expression de Sélipa changea du tout au tout : son rictus était devenu celui d'une prédatrice en puissance !

- ...?!!!

Sa soi-disant protégée poussa un hurlement de douleur en sentant la vie quitter son bras. A défaut de pouvoir l'avaler en entier, les tentacules du Shantak s'étaient refermés sur son épaule.

[Carol Danvers]

Carol ne savait pas comment la faire sortir de son illusion, elle était trop paniquée ! Même les phéromones d’Ivy n’arrivaient pas à l’atteindre. Elle commençait à envisager l’idée de devoir la neutraliser quand une main ferme la saisit à l’épaule.

« Qu… ?! »

La jeune femme n’eut pas l’occasion de finir. Une poigne féroce la projeta en arrière. Elle heurta le mur de la profonde grotte, et soupira lentement. Devant elle, elle vit une autre Saïyen, reconnaissant sa queue de singe enroulée autour de sa taille. Une femme musclée avec une tenue rose, que Gine parvint à reconnaître. Carol se redressa lentement, et vit les tentacules du Shantak se rapprocher. L’un d’eux saisit Gine, qui se mit à hurler, et la tira brusquement en arrière. Elle bascula dans un gouffre, et tomba au sol, avant que son corps ne soit encore traîné sous une galerie. Carol s’était déjà élancée à sa poursuite, se retrouvant à côté de la femme.

« (b]Pourquoi tu as fait ça, toi ? Tu es qui, au juste ?[/b]
-  On a pas le temps, défonce ce mur ! » s’exclama Ivy dans sa tête.

Miss Marvel soupira, et joignit ses deux mains, avant de balancer un puissant rayon d’énergie qui défonça le mur.

Derrière, une énième grotte, très grande, avec une structure indéfinissable au centre, et un immense amas noirâtre qui s’y trouvait. C’était le refuge du monstre, ultime, le cœur de son antre. Le Shantak s’y était réfugié, et on pouvait voir plusieurs de ses gueules, avec des tentacules qui partaient dans tous les sens. L’amas noir émettait des lueurs verdâtres, faisant réfléchir les ombres des tentacules sur les parois de cette grande pièce concentrique. Carol vit ici et là d’antiques gravures, et comprit que ce sanctuaire devait être un lieu de culte ancien. Carol s’élança vers Gine, et trancha le tentacule. Selipa la rejoignit, mais Gine était toujours sonnée.

« Empêche-là de bouger ! Retiens ses jambes, et ne pose pas de questions ! »

Carol embrassa à nouveau Gine, mais bien plus longuement que la précédente fois, et s’efforça d’envahir sa bouche avec sa salive. Elle en profita pour la masturber, surprenant sans doute Sélipa. Carol continua son office, et, peu à peu, les jambes de Gine se détendirent. L’excitation sexuelle servait à diluer plus rapidement dans son organisme les neurotoxines d’Ivy. Devant les yeux de Gine, une nouvelle vision se forma alors : la vision resplendissante de Poison Ivy se tenant face à elle.

« Cesse de me repousser, Gine… Ne suis-je pas ton amie ? »

Elle tendit ses bras vers Gine, tandis que le désir de Gine s’accentuait, l’approchant d’un orgasme… Libérateur !

[Gine]

"Sélipa" ne répondit pas au cri du cœur de Carol, qu'elle avait si vulgairement éjectée. Elle n'était pas une alliée. En fait, elle n'était même pas ce qu'elle semblait être. Car c'était le Shantak qui avait invoqué son image - et pas seulement dans l'esprit de Gine. Le monstre était si désespéré qu'il employait les souvenirs de l'authentique femme à queue de singe comme une arme à double tranchant.
La Saïyajin agrippée tomba dans un gouffre, rebondit quelques mètres plus bas et poursuivit sa laborieuse exploration forcée. Elle était facile à suivre : elle hurlait comme une hystérique, après tout !
L'autre Saïyajin n'avait pas encore fait mine de bouger.
Carol, sous la directive d'Ivy, ouvrit une nouvelle paroi rocheuse. La chambre du monstre lui fut toute offerte. Le Shantak s'y trouvait, plus moche que jamais, avec ses nombreux tentacules, ses indécentes difformités et cette lumière verte qu'il vomissait sur les murs. La Marvel s'attaqua à cette extension qui s'en était prise à Gine, empêchant cette dernière de finir purement et simplement engloutie par la créature.
Le double de Sélipa réapparut. L'expression de son visage oscillait entre agressivité et froide assurance. Elle s'apprêtait probablement à défendre l'appétit du Shantak quand quelque chose chez Carol la fit revoir son jugement. En ce cas présent, la peur de Gine ne faisait pas forcément la force de cette entité morbide ; elle troubla l'ersatz de Sélipa qui empoigna fermement les chevilles de sa congénère.

- Décoince cette petite gourmandise.

Carol ne se le fit pas dire deux fois. Gine ne put rien faire contre ce nouveau baiser humide. Elle ferma les yeux très fort, puis les rouvrit en grand sur le visage de la super-héroïne. Outre sa langue, il y avait autre chose qui lui faisait de l'effet. Cela se situait entre ses jambes. A travers ses bas moulants, la puissante blonde stimulait énergiquement sa vulve ! La Saïyajin tenta effectivement de remuer, au départ, mais elle manquait de force. Sa rébellion ne dura point contrairement aux attouchements plus qu'excitants de celle qu'elle avait prise, à tort, pour une ennemie. Les yeux de Gine s'ouvrirent d'ailleurs sur une nouvelle image. Celle de Poison Ivy, vraiment magnifique dans ses atours de nymphe ! Couplée à sa voix envoûtante qui relevait de l'invitation à se laisser faire, la jeune femme céda à ses pulsions sexuelles et ne tarda pas à jouir sur les doigts de Carol.
Avec un sourire de forcenée, Sélipa choisit ce glorieux moment pour abandonner sa prise initiale et saisir l'héroïne par la peau du cou. Elle lui cracha au visage :

- Ce monstre a cru bon de pervertir mon image. Or, il s'avère qu'il est bien trop faible et stupide pour m'exploiter correctement. (Son rictus s'accentua.) Alors fais-moi le plaisir d'anéantir cette immonde saloperie !

Puis la Saïyajin factice relâcha Carol devant le fait inaccompli.
Gine, abrutie par son orgasme, ne s'était pas encore relevée.
Le problème du Shantak demeurait toujours au centre de la pièce. Le monstre avait tout de même l'air moins nerveux...

[Carol Danvers]

La mystérieuse guerrière qui était venue l’aider s’avéra en réalité être une illusion. Quelque chose généré par le Shantak et par l’inconscient de Gine ? En tout cas, elle se saisit du cou de Carol, cherchant à l’étrangler, mais, quand Gine revint finalement à elle, la seconde guerrière s’étiola, se volatilisant, non sans une dernière bravade, en invitant les jeunes femmes à en finir avec ce monstre. Carol vit Gine cligner des yeux, semblant enfin reprendre ses esprits. Carol oublia donc cette vision contre laquelle elle s’était battue, et tendit sa main vers Gine.

« Allez, debout, ma jolie, il faut en finir avec ce monstre ! »

Gine attrapa sa main… Et un tentacule jaillit de la masse informe qu’était devenue le Shantak pour fouetter violemment Carol, l’éloignant de Gine. Le tentacule l’envoya heurter le mur de la caverne, puis un autre s’enroula autour de son cou, et la traîna le long du mur. Carol put voir que le Shantak s’était replié, formant une sorte de sphère noirâtre gélatineuse, probablement pour se régénérer, se reconstituer. Carol grogna, et le tentacule la relâcha en la jetant au sol. Elle rebondit à plusieurs reprises, et se releva toutefois rapidement, puis envoya des boules d’énergie en visant le centre de la grotte. Elle constata néanmoins que la sphère se contentait d’absorber les tirs de Carol, puis les recracha en générant des têtes de dragon, qui crachèrent sur elles des flammes intenses.

Carol se recula donc, et s’envola dans les airs. La solution vint finalement d’elle-même quand elle constata que cette caverne était fragile. Le tentacule l’avait promené sur le mur, formant une fissure plus ou moins épaisse, et la roche commençait à s’effriter, de petits morceaux tombant au sol.

« Gine, ça nez sert à rien de l’attaquer ! Cette saloperie absorbe nos tirs ! Il faut détruire la grotte, faire tomber le plafond sur lui ! »

[Gine]

Où était-elle ? Il faisait si noir, dans cet endroit sordide. Et cette odeur... pouah ! infecte. Gine s'était relevée en titubant. Son entrejambe lui paraissait bizarrement inconfortable. S'était-elle fait dessus durant son "sommeil" ? Non, c'était autre chose de plus poisseux...
Quand elle rouvrit les yeux sur Carol, tout lui revint en tête - tout ce qu'elle avait vécu dans cette grotte. Le repaire du Shantak. La poursuite. Sa folie contagieuse. Son combat contre la super-héroïne. Le spectre de Sélipa. Le moyen que Carol avait trouvé pour la ramener à la raison par l'intermédiaire d'Ivy !
Gine rougit furieusement. Elle tenait la main de cette femme forte. Cette main dont la magnifique blonde s'était servie pour...
Fermant les yeux, la Saïyajin secoua puissamment la tête.
C'est à cet instant que quelque chose siffla dans l'air et sépara les deux femmes.

- Hé ?... Carol !

Un tentacule l'avait giflée, puis un autre avait pris la relève du premier afin de lui faire racler douloureusement le mur. Gine eut mal pour Carol. Elle grimaça, fit un pas, vacilla, bascula sur une jambe. Visiblement, la jeune femme rencontrait quelques problèmes mécaniques pour se remettre en selle. Frustrée, elle se claqua la cuisse.
Bouge... mais bouge, nom de dieu !
Finalement, l'adrénaline aidant, la Saïyajin retrouva ses appuis. Pile au moment où des têtes de dragon, après avoir absorbé les attaques de Carol, crachaient des flammes ! Pour leur échapper Gine dut plonger de côté, courir à quatre pattes et multiplier les roulades.
Pendant ce temps, sa coéquipière avait trouvé une "solution" à leur problème.

- Quoi ?! Faire s'écrouler le plafond ? Mais... et nous, alors ?!

Gine avait peur, et ça se comprenait. Sauf que ce n'était plus qu'une question de temps avant que la grotte ne s'effondre. Du temps qu'elles n'avaient pas parce que le Shantak, lui, se régénérait tout en les gardant à distance de son corps sphérique.
Si je dois mourir aujourd'hui...
Le regard de la Saïyajin s'était durci.
Ce monstre disparaitra aussi !
Les mains levées en direction du plafond, juste au-dessus du Shantak, Gine concentrait son énergie.

- Haaaaaaa !!

Le rayon fusa. Brillant, magnifique ! Il percuta la pierre dans une explosion qui se voulait salvatrice.

[Carol Danvers]

C’était une stratégie désespérée, mais la seule que Carol voyait en ce moment. Le Shantak se focalisait sur elle, ce qui laissa à Gine l’occasion de tirer un puissant rayon d’énergie vers le plafond. Il y eut une belle explosion, et la voûte commença à se fissurer de partout. Carol, elle, continuait à tirer sur les murs, multipliant les trous, fragilisant ainsi le toit. La voûte tout entière commença à trembler, et des rochers commencèrent à tomber. Le plafond s’effritait dangereusement.

« Gine, on sort ! »

Carol s’élança encore dans les airs, filant vers la sortie, tandis que la caverne s’effondrait autour d’elles. Elle entendit le Shantak et ses multiples gueules pousser des hurlements furieux, puis plaintifs, puis… Silencieux. Seul le bruit de la grotte s’effondrant se faisait désormais à nouveau entendre. Carol rejoignit la caverne où elle et Gine s’étaient affrontées, et elle vit que cette partie-là aussi de la grotte s’effondrait, comme si la mort du Shantak entraînait l’effondrement de toute cette structure. Le chemin qu’elles avaient emprunté s’était effondré, et un autre s’était formé, à hauteur du toit, où des rayons lumineux passaient. Carol et Gine montèrent donc par là, et tirèrent des rayons d’énergie pour élargir le trou, déclenchant une nouvelle explosion.

La grotte s’effondra sur elle-même, mais elles arrivèrent finalement à sortir, dans un épais nuage de poussières. Carol s’écroula sur le sol en éternuant douloureusement.

« Gi-Gine, on a réussi, Gine… »

Elle soupira lentement en se relevant. Elles étaient sorties à un autre endroit du canyon, voyant devant elles des arbres, des buissons, de la végétation, ainsi que des tigres à dents-de-sabre chevauchés par des hommes et des femmes peinturlurées.

« Hein ? »

Carol sentit alors une petite pointe de douleur, comme une piqûre, à hauteur du cou. Elle tapota des doigts une flèche, émanant d’une sarbacane… Et sentit alors ses forces l’abandonner. Gine avait également reçu une fléchette, et s’effondra à son tour, sous l’effet du somnifère utilisé.

*
*  *

Gine se réveilla dans une hutte. Devant elle, une femme indigène avait fini de la nettoyer. La Saïyen n’était pas attachée à quoi que ce soit, signe que leurs ravisseurs n’étaient sans doute pas hostiles.

« Vous êtes vraiment venue à bout du Dieu-Dragon Noir ? C’est impressionnant… Je m’appelle T’lailah, et j’ai été chargée de vous soigner. »

Comme Gine pouvait aussi le constater, T’lailah parlait également la langue commune de Terra…

[Gine]

Ce plan de toute dernière minute paraissait aussi fou que désespéré, mais elles l'appliquèrent à la lettre ! Avec son énergie, Carol s'était attaquée aux murs. Ce faisant, elle avait sensiblement raccourci le processus de destruction ! Le plafond, traversé par de trop nombreuses fissures, était déjà en train de s'affaisser.

- Je... je te suis !

La super-héroïne fonça comme une torpille ! Gine l'imitait en faisant de son mieux, l'adrénaline lui ayant fait pousser des ailes. Elles volaient à travers les galeries à une vitesse qui ne laissait aucune place à l'erreur. Une rencontre fortuite avec un mur et l'aventure s'achevait ici. La femme à queue de singe fit abstraction des râles du Shantak, qui lui ne pouvait pas bouger de son nid.
Bon débarras !
Si Gine lui en voulait ? Et comment ! Ce démon l'avait faite se retourner contre sa nouvelle amie, qui avait dû lui faire... certaines choses pour qu'elle récupère le contrôle. A la fin de cette journée, la Saïyajin éprouverait sans doute quelques difficultés à contempler son reflet dans le miroir. Mais pour le moment, elle évitait d'y penser ; dans la gorge, c'était le chaos, avec toutes ces pierres qui s'arrachaient du plafond.
Le duo dut se frayer un chemin à travers la voûte endommagée. Elles en sortirent in extremis, les doigts encore chauds d'avoir balancé des boules d'énergie.
Gine, le visage noir de poussière, se posa en catastrophe. Elle avait fait quelques roulé-boulé avant de s'immobiliser non loin de Carol, pas plus en forme qu'elle.

- Gé... génial, croassa la saïyajin en levant un pouce au-dessus de sa tête.

Trop harassée pour se redresser, la saïyajin avait conservé le museau planté dans la terre. Elle ne vit rien du décor. Pas plus qu'elle ne prêta attention à ces... gens juchés sur de monstrueux félins ?
Hein ? Comment ça " hein" ?
Carol avait eu une réaction bizarre. Par conséquent, Gine avait fait mine de lever les yeux. Une sensation de piqûre la prit au cou. Elle cligna des yeux. Une regard mou surmonté de paupières de plus en plus lourdes.
Qu'est-ce qui m'arrive ?
Dieu sait comment, elle était parvenue à se remettre debout. Ses jambes flageolaient mais...
Deuxième piqûre dans le cou.
La vision floutée de Gine s'épaissit davantage. Face à elle, des formes indistinctes, silencieuses.
La Saïyajin tendit une main.

- Vous... qui... ?

Puis elle perdit pied.


Quand elle se réveilla, ses yeux sombres détaillèrent l'intérieur d'une hutte. Gine cligna des yeux, bâillant à s'en décrocher la mâchoire, avant d'immobiliser son regard ahuri sur le visage peinturluré d'une femme habillée de façon colorée.

- Où est-ce que je suis... ?

Elle n'entreprit pas de bouger. Elle sentait qu'il était encore trop tôt pour ça. A certains endroits, son corps lui faisait mal. Les retombées de la bagarre avec le Shantak et celle contre Carol, forcément ! Les narines de la Saïyajin se dilatèrent. L'endroit sentait bon. Gine se rendit alors compte qu'on l'avait enveloppée dans une couverture et qu'au-dessous, elle était nue.
Légèrement embarrassée, la femme à queue de singe reporta son regard sur l'indigène.
Elle la comprenait. Cette dénommée T'lailah lui parlait de façon intelligible et posée - avec peut-être une ou deux petites étoiles dans les yeux ? Elle avait commencé par faire mention d'un Dieu-Dragon Noir...

- Le Shantak ?

...non sans préciser que c'était elle qui avait pris soin de sa personne tandis qu'elle dormait d'un sommeil sans rêve.

- Euh... Merci ?

Elle ne savait pas trop où se mettre. En l'absence de solution, Gine, telle une tortue engoncée dans sa carapace, rentra doucement la tête dans les épaules.

- Je m'appelle Gine.

Puis elle eut un instant de réflexion. Ne manquait-il pas quelqu'un à l'appel ?
Ses prunelles couleur charbon visitèrent la pièce.

- Où est Carol ?

Elle ne la voyait nulle part, son Etoile Polaire.

[Carol Danvers]

T’lailah nota évidemment la contrition du corps de Gine, qui lui demanda où était Carol. L’indigène cligna des yeux à plusieurs reprises, puis se redressa. Elle l’invita à la suivre.

« La femme blonde s’est réveillée avant toi, elle est au rebord du village. »

Quand elles sortirent, Gine put constater que le village n’était qu’un avant-poste. Il se situait au milieu de marais sinistres, dans une partie assez profonde de la jungle, et faisait face au loin à un mur d’arbres semblant se perdre à l’horizon. Elles furent survolées par une sorte de nymphe, que T’lailah présenta comme s’appelant Syriel. On pouvait aussi voir que les montures des guerriers de ce village étaient des dinosaures, de rudes vélociraptors ressemblant finalement à de grosses dindes meurtrières, bien loin des créatures reptiliennes de Jurassic Park.

Carol se trouvait sur un promontoire rocheux surplombant la ville, en compagnie d’une guerrière à la peau plus pâle que T’lailah, Carfax. Carol se retourna vers Gine, et la prit dans ses bras en lui souriant chaleureusement.

« Gine ! Je suis heureuse de te revoir, ma belle ! »

Carfax la salua.

« Vous avez tué le Shantak à vous deux, alors ? Bel exploit… Mais qui aura des conséquences. »

Carol enchaîna :

« Zerrikania dispose de tribus plus ou moins hostiles. Cette tribu surveillait l’antre du Shantak. Ils nous ont neutralisé pour nous soigner grâce à leurs herbes médicinales, et pour en savoir plus sur nous.
- Le Shantak est l’un des Gardiens Sacrés du Temple de Zerrikania. La tribu H’wanu, où vous êtes, a renié l’ancien dieu de Zerrikania, ce qui fait que d’autres tribus lui vouent une hostilité sans limites. Ces tribus vénèrent les Gardiens comme des messagers du Dieu de Zerrikania. Ces mêmes tribus ont dû apprendre la mort du Shantak, et vont s’en prendre aux H’wanu. »

Carfax rajouta ensuite, après quelques instants :

« Je m’appelle Carfax, et je viens d’un autre monde. J’ai été projetée ici par une Faille, et les H’wanu m’ont adopté. Depuis lors, j’explore cette jungle. Ton amie Carol m’a expliqué son histoire, et je souhaite désormais entendre la tienne, Gine. »