Les deux jeunes femmes avaient donc emprunté le même chemin. Pour Chizuru Asa, il était à l'origine convenu qu'elle retourne chez ses parents. Comme n'importe qu'elle lycéenne un tant soit peu soucieuse de son avenir, elle avait quelques devoirs à faire et des révisions sur lesquelles se pencher. Mais Hosoo Ienaga, quand elle avait une idée en tête, pouvait se montrer redoutable et fichtrement entraînante ! L'idol, même si elle ne la connaissait que trop bien, n'arrivait que trop rarement à lui résister sur la durée. Ce jour-là, le jeu était fait ; les petites attentions de la kunoichi pendant le cours avaient rogné ses défenses.
- D'accord, Hosoo, d'accord ! Je rends les armes. T'as gagné : j'envoie un message à mes parents pour les prévenir que ce soir, je dors chez une amie !
- Ce n'est qu'une partie de la délicieuse vérité que je t'ai promise, souligna l'entreprenante lycéenne non sans lui décocher un clin d'œil coquin.
Chizuru en était déjà à pianoter sur son téléphone. Elle jouait la difficile depuis le début mais il s'avérait tout de même que cette soirée en tête à tête avec Hosoo lui faisait de l'œil.
- Je le sais bien ! Mais il va quand même falloir que tu me promettes de fermer l'œil pendant au moins quelques heures. Au cas où tu ne te serais pas regardée dans le miroir, tu as de méchantes cernes. Sans compter les petites veinules dans le blanc des yeux. On dirait une sorte de vampiresse...
- Ah ha ha ! Que tu es drôle, Chizu' ! Tu n'as pas à t'en faire, va. (Elle se pressa contre son flanc pour lui glisser sensuellement à l'oreille.)
Ce n'est pas ton sang qui m'intéresse ♥
Là encore, l'idol savait à quoi son amie intime faisait référence. Cette main qu'Hosoo venait de lui glisser aux fesses agrémentait ses plus chaudes espérances.
- J'imagine que nous allons prendre une douche ensemble, comme la dernière fois.
- Oh ? Tu t'en souviens ?
- Je me rappelle que je n'ai même pas eu besoin de me frotter...
- En revanche, il a fallu que j'insiste bien fort sur le rinçage !
- Tu pourrais parler un peu moins fort ? Nous ne sommes pas encore dans ton appartement, aux dernières nouvelles.
- Tu serais sans doute étonnée d'apprendre que les voisins t'ont entendue, la dernière fois.
- Quoi ?! C'est une blague, j'espère ?! Et mon image, alors ?!
Chizuru s'était arrêtée.
Hosoo la dépassa en lui tirant la langue.
- Bien sûr que c'en est une ! Je ne tiens pas à finir à la rue sous prétexte qu'une coquine que j'ai invitée chez moi s'est époumonée trop fort.
- Grrr, fit l'idol en serrant fort le poing.
Très bien ! Tu l'auras voulu : ce soir, c'est moi qui frotte !
- CoOoOommmeeeent ? minauda Hosoo.
Tu oserais me faire une chose pareille ? Toi, l'idol du lycée ? Brrr ! J'en frisonne d'appréhension...
Une fois sous la douche, le jeu n'en fut que plus excitant ! A aucun moment la locataire ne regretta d'avoir taquiné son invitée tout au long du trajet. Elle s'était occupée de son corps svelte avec une passion qui frisait l'insolence. Avec Chizuru, Hosoo en eut pour son argent ! Ses doigts fins et sa langue lui avaient procuré des
sensations merveilleuses. La kunoichi ne s'était pas retenue ; elle avait évacué son trop plein de plaisir au bout d'une poignée de minutes seulement. De quoi donner à sa compagne au corps délicieusement chaud et humide une impression de victoire et de supériorité écrasante. Cela avait bien sûr fait partie du plan de la kunoichi : faire mine de faiblesse pour mieux contre-attaquer plus tard ! Bien loin de se soucier de leurs heures de sommeil, les deux lycéennes avaient mangé un bout avant de poursuivre leur ébats dans un contexte plus doux. Une seule couche pour ces tourterelles agitées ! L'idol n'était pas du genre à s'écrouler facilement ; son endurance pour les parties de jambes en l'air était l'une des raisons pour laquelle Hosoo l'appréciait tant. Ce fut d'ailleurs cette dernière qui avait repris les choses en main, couvrant la mince silhouette de son amante de caresses avant de prendre d'assaut -
à pleine bouche - son vallon paradisiaque. Les rapports de forces avaient dès lors basculé en faveur de la stratège. L'opération "Conquête de Chizuru" s'était soldée par la position des ciseaux. De quoi satisfaire les deux partis en un hurlement de bonheur conjugué. Les oreilles de Hosoo avaient développé un gros faible pour les couinements de l'idol ; elle était capable de les reconnaitre entre mille.
- Aaaaah, bon sang ! souffla Chizuru, vidée, qui s'était étendue en plein milieu du lit.
Tu es increvable, Hosoo ! Je vais commencer à... me poser des questions sur ton humanité, tu sais ?
La kunoichi, exsangue, s'était vautrée à ses côtés.
- Arrête de dire des bêtises, pouffa-t-elle.
Nous avons... toutes les deux un... excellent cardio, c'est tout.
- Hrmmm... Si tu le dis. (Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire)
Quel heure est-il... ?
Roulant mollement sur le flanc, elle jeta un coup d'œil épuisé au réveil électronique.
Il affichait... deux heures trente-six du matin !
- Hein ?! D-déjà ?!
Comme si elle avait la berlue, Chizuru attrapa le réveil et scotcha ses grands yeux ronds dessus.
- Mon dieu...
D'un petit taquet sur les poignets, la kunoichi lui fit lâcher l'appareil.
- Il est trop tard pour les regrets, lui souffla-t-elle à l'oreille non sans laisser trainer une main dans ses cheveux détachés.
Ça recommence, songea l'idol, que cette respiration brûlante dans sa nuque avait le don d'émoustiller.
On n'est pas prêtes de dormir.
Elle sentait cette autre main se diriger vers son nombril et, lentement, descendre plus bas encore.
- Nous sommes... déraisonnables, parvint à articuler Chizuru avant qu'un baiser ne tombe sur ses lèvres humides.
- Mais on a qu'une seule vie, roucoula la kunoichi, qui lui avait presque monté dessus
C'est pourquoi, pour cette nuit-là, elle avait tout spécialement renoncé à la chasse aux démons.
L'idol ignorait tout de l'identité secrète de la combattante nocturne. Elle embrassa la kunoichi, qui le lui rendit bien.
Et le lit s'embrasa de plus belle pour une durée indéterminée !
Le lendemain, elles arrivèrent presque à la bourre. Hosoo n'avait pas l'air plus en forme que l'idol. Malignes, pour ne pas éveiller les soupçons les lycéennes s'étaient séparées juste avant de pénétrer dans l'établissement. Chizuru était entrée la première ; Hosoo peu de temps après. Juste après avoir répondu aux salutations de la professeure, elles se retrouvèrent à nouveau en groupe de trois avec la Déléguée.
Tandis qu'elles réarrangeaient la disposition des tables, la première de la classe en avait profité, les yeux plissés derrière ses lunettes rondes, pour évaluer leur état.
- Vous avez fait la java toute la nuit, ou quoi ? On dirait que j'ai devant moi deux déterrées qui se sont planté de cimetière...
- La nuit... a été courte, confirma Chizuru, sans entrer dans les détails, bien sûr.
- C'était la pleine lune, ajouta Hosoo.
J'ai du mal à fermer l'œil quand je sens qu'elle me regarde de tout là-haut.
L'idol lui lança un regard subreptice. Elle n'était pas aussi douée que la kunoichi pour mentir, et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.
- Vous êtes vraiment pas croyables...
La professeure Verrières, qui avait su garder sa place en plus d'avoir gagné en réputation auprès des élèves, leur fit part d'un nouvel énoncé. Deuxième épisode de leur précédente histoire, donc ! Nouvelles contraintes : l'action devait se dérouler dans une maison. Celle équipée d'une floppée de caméras. Avec en prime un bond de deux ou trois années plus tard. Une vraie suite, donc, et non pas un flashback. Le tout avec un alien ayant évolué...
En entendant ce dernier point, Hosoo s'était redressée comme un piquet.
C'est le moment de glisser un ou deux tentacules. L'eau de rose, ça va deux secondes ! Place aux membres baladeurs et au saint plaisir de la chair~
Hana Oota n'avait pas besoin d'être une télépathe pour comprendre ce que cette perverse mijotait. Elle choisit cependant de se taire pour mieux l'appréhender le moment venu. Sauf qu'un nouvel élément imposé à leur travail, sous la forme d'une photo limite compromettante pour la déléguée de classe, la prit inévitablement de court !
Ce tatouage de papillon et de fleur juste au-dessus de l'aine...
Bien que pas très en forme, la kunoichi de l'équipe restait à peu de choses près vigilante. Elle surprit donc la réaction pour le moins suspecte de sa camarade de classe.
Comme c'est étrange, tout cette émotivité... Et pile quand elle a posé les yeux sur cette photo.
Le lien lui paraissait évident. Il le fut bien davantage lorsqu'un souvenir d'un cours de natation lui revint en mémoire.
Coïncidence ? Ah, ma pauvre Hana ! S'il y a bien une chose qui n'est pas croyable, c'est justement CE détail là.
Du coude, elle réveilla Chizuru qui somnolait sur sa chaise.
- Dis voir ! Tu ne le trouves pas joli, ce tatouage ? Il me donnerait presque envie de m'en faire une.
- Hein ?... Euh, oui ! C'est vrai qu'il est très beau.
Hosoo fixa la déléguée.
- Et toi ? Qu'est-ce que t'en penses, Hana ?
- O-original, siffla-t-elle, mal à l'aise.
Je le trouve assez original, oui...
- Ouaip ! Je suis sûre qu'il tirait à ravir.
Hana en fut à la fois surprise et perturbée. Elle se tourna vers la prof, qui n'en avait pas terminé avec son énoncé. Elle réclamait maintenant trois interactions différentes dans trois pièces de la fameuse maison.
La déléguée récupéra aussitôt contenance.
- Planchons sur notre histoire, décida-t-elle avec fermeté.
Je m'occupe de la première partie et vous des deux suivantes. Je vous demanderai juste de ne pas rendre ça trop... grivois.
- Un peu mais pas trop, promit Hosoo en formant un rond entre le pouce et l'index.
- Je vais la churveiller, bafouilla Chizuru avant de secouer vivement la tête et de se claquer les deux joues histoire de récupérer un peu de son aplomb :
C-compte sur nous !
Moitié persuasive, notre idol, songea la déléguée, mitigée.
Bref ! Chizuru de la fiction avait emménagé, pour les vacances, dans un chalet en pleine montagne. Des caméras étaient bien entendu dissimulées un peu partout. Ni elle ni son alien, qui ne la quittait plus, ne les avaient remarquées. Une fois leurs affaires rangées - l'alien était assez grand pour être déguisé en un "parfait" petit frère - le duo eut envie de se poser devant la télé. Une scène ponctuée de quelques dialogues qui mettaient en valeur la grande complicité des deux êtres. L'alien se permettait de plus en plus de libertés vis-à-vis de sa prétendue grande sœur. Il s'amusait parfois à la charrier, ce qui ne manquait pas de la faire s'exclamer de plus belle. Sans même s'en rendre compte, Chizuru devenait de plus en plus tactile avec son compagnon de tous les jours. Il se montrait très serviable, par ailleurs. Notamment dans cette seconde scène, au sein de la cuisine, où il se comportait comme un vrai cordon bleu ! Ici, nouvelle preuve de sa grande intelligence ainsi que de ses impressionnantes facultés d'apprentissage.
Mais le duo ignorait que quelqu'un les observait à travers les caméras cachées...
Élément perturbateur !
Contrairement à ce qu'il pensait, l'alien n'était pas passé tout à fait inaperçu. S'il était bel et bien parvenu à duper l'espèce humaine, il n'en allait pas de même vis-à-vis de ses semblables. L'un d'eux, beaucoup plus vif d'esprit que lui, avait retrouvé sa trace. Cela avait commencé grâce au signal qu'émettait continûment le vaisseau endommagé - et abandonné - du premier alien. A partir de là, le pisteur s'était lancé dans une fastidieuse étude de cas. Celui de son congénère et de cette humaine qui avait fait de lui un ami inséparable.
Doté de tentacules et d'un cerveau plus performant, le voyeur de l'espace maitrisait, dans l'ombre, la technologie humaine comme aucun autre !
Il put même nouer, en parallèle de son activité douteuse, un contact télépathique avec son semblable qui avait reçu pour ordre de ne rien dire à Chizuru...
L'alien éduqué comme un humain ne comprenait pas pourquoi jusqu'à ce qu'une mission lui fût confiée.
Mélanger son ADN à celui de sa prétendue sœur.
- C'est vraiment tordu, comme idée, déclara Hana.
Mais je constate que, pour le moment, les tentacules ne font que de la figuration. Ça, c'est bien !
- A mon avis, connaissant Hosoo, ça ne va pas durer éternellement...
- On verra ! les coupa la concernée.
Par contre, je ne sais pas toujours pas où glisser ce tatouage, moi...
- Il serait dommage de ne pas exploiter cet élément, plaida Chizuru.
- Vous pensez que c'est un impératif ?
Ce détail n'avait pas cessé de la mettre mal à l'aise.
Les deux autres membres de l'équipe la regardèrent bizarrement.
- J'imagine que ça compte dans la notation, suspecta la kunoichi.
- Je le pense aussi, concéda l'idol.
Hana soupira. Elles n'avaient pas terminé leur histoire. Il leur restait une troisième pièce à exploiter et une conclusion à apporter.