The Multiversity

Mélona savait très bien ce que Dames Samara et Bayonetta faisaient en ce moment. Elle continuait à avaler ses bonbons avec passion, tandis que Mana lui expliquait qu’elle pourrait se rapprocher de Daisy pour contacter Supergirl ou Power Girl, mais qu’il faudrait expliquer pour quelle raison Mélona souhaitait les rencontrer.

« C’est très simple, il suffira de dire à ton amie que Mélona est une grande fan de Supergirl, et qu’elle veut la rencontrer pour ça ! Si tu dis à ton amie que Mélona est une Slime, ton amie Daisy aura sûrement envie de rencontrer Mélona ! Les Slimes ne sont pas très courants sur Terre. »

Ils ne l’étaient pas non plus sur Terra, car un Slime était après tout une créature magique. Les rares Slimes encore en vie étaient dangereux, vivaient reclus. Rares étaient les Slimes comme Mélona qui ne cherchaient pas à dévorer les êtres humains. Elle sourit en tout cas à Mana, heureuse de voir que son amie souhaitait l’aider, ce qui fit que, quand elle avait terminé sa tirade, Mélona se rapprocha d’elle… Et lui fit un câlin. Elle l’enlaça tendrement, pressant son corps voluptueux contre le sien. Les mains blanches de Mélona enlacèrent aussi Mana par le bas du dos, ce qui fit que la magicienne eut deux paires de bras qui l’enlaçaient tendrement. Mélona lui faisait un câlin qui était tout à fait innocent, comme si elle sentait instinctivement que le désir sexuel n’était pas très fort chez Mana. Après tout, il ne fallait pas oublier que Mélona était une Slime de magie rose, elle ressentait donc le désir sexuel des autres.

C’est ce constat qui amena Mélona à déposer un baiser sur la joue de Mana.

« Mana est comme un enfant, hihi ! Mélona peut la conduire à Dame Bayonetta, mais Dame Bayonetta fait des jeux d’adultes avec Dame Samara ! Et les enfants ne doivent pas voir les jeux d’adultes ! »

Dans l’esprit de Mélona, elle assimilait Mana à un enfant, précisément parce qu’elle ne percevait pas chez elle ce désir sexuel qu’elle ressentait habituellement chez les autres.

« Mélona peut guider Mana, mais Mélona n’est pas très discrète quand elle sort… Mélona peut se cacher dans le chapeau de Mana pour la guider vers l’académie ! »

Voilà une idée qui semblait lumineuse pour Mélona !

Au début, Mana l’avait pris comme un compliment. Pour elle, un enfant était une créature précieuse. L’innocence. La joie de vivre. La capacité de rire tous les deux. Un enfant était un être joyeux, ancré dans le présent. Il n’y avait qu’à comparer un groupe d’enfants à un groupe d’adultes. Les différences étaient flagrantes.

Et puis Mélona, comme un enfant, parla sans détour. Des jeux d’adultes, donc. Mana compris tout de suite et en fut gênée. Le rouge monta à ses joues à l’idée que les deux Dames puissent être toutes nues et se toucher dans le but de… de… De se faire du bien, donc. Mana était gênée. Et elle ne savait plus trop comment réagir à ce qu’elle avait pris pour un compliment. Entendre de la bouche de Mélona qu’elle ne devait « pas voir les jeux d’adultes »… Elle n’avait pas de problème à manquer de connaissances et aller les chercher. Sa fierté était tellement faible comparés aux êtres humains, surtout ceux du monde de Daisy. Mais en cette matière ? Non, elle… définitivement un sujet à problème.

« Pourquoi Mélona ne serait pas discrète ? Et pourquoi elle devrait l’être ? Tu sais, je n’aime pas l’idée que mon amie doive se cacher des autres. Si tu as des problèmes, je t’aiderais à les régler. »

La Magicienne avait donc du temps devant elle. L’idée de partir en « aventure », de cartographier un nouveau lieu, et potentiellement d’acquérir de nouvelles connaissances l’enchantait !

« Mais si vraiment tu veux venir te réfugier dans mon chapeau, je suis d’accord aussi. Pas de problème. J’espère juste que ce serait plutôt pour faire une surprise en apparaissant de manière inattendue plutôt que pour éviter un conflit. Même si je préfère que les gens évitent le conflit et ne se fasse pas de maux. Il vaut tout de même mieux en parler et ne pas laisser une problématique en suspens. »

Les deux mains tinrent les bords de son chapeau magique. Tendues devant elle, Mana attendait la décision de Mélona. Dans le chapeau ou non, de toute façon, elle avait besoin d’une guide pour savoir où aller. Elle ne voulait pas être malpolie et fouiner là où elle ne devait pas aller. Qui sait quelles personnalités importantes ne fallait ils pas déranger ? Ou quelles créatures dangereuses étaient enfermées derrière une porte qui semblait banale à la première observation ?

Mélona ne comptait pas choquer la petite Mana en lui montrant ce que Samara et Bayonetta faisaient. Cela impliquait une croix de Saint-André, un fouet, des tentacules, et une verge démoniaque. Le reste, elle le laisserait à l’imagination de Mana, dont la rougeur aux joues amena Mélona à réaliser que Mana avait sans doute compris ce qui se passait. Celle-ci l’interrogea ensuite sur les problèmes potentiels que Mélona pouvait poser dehors.

« Mélona n’a aucun problème ! Mais Mélona s’efforce d’être belle, Mélona aime qu’on la remarque, alors Mélona peut parfois faire des pauses, et faire des choses comme le font Bayonetta et Samara en ce moment. »

Avec sa robe rose moulante très courte, ses formes voluptueuses, ou ses mains blanches recouvrant ses seins, Mélona était de fait un appel ambiant à la débauche et au sexe. Rien de surprenant, car elle était après tout une Slime conçue à partir de magie rose. Le sexe était donc indispensable pour elle. Pour l’heure, Mélona était pleinement rassasiée, elle pouvait donc passer du temps avec Mana sans risque de la conduire à une orgie avec des gardes mijakiens.

Mais, puisque Mana ne souhaitait pas forcément que Mélona se cache, celle-ci lui attrapa la main.

« J’ai un accès à l’académie, tu sais. Je suis une Slime, les élèves aiment m’étudier, hihi… Donc, Mélona peut t’y emmener, si tu le souhaites. »

L’académie n’était pas très éloignée de l’appartement de Samara. Vaste et agréable, l’académie magique de Mijak était une ville dans la ville. Entourée par un rempart, l’académie accueillait son lot d’élèves, et comprenait plusieurs bâtiments, départements, laboratoires… Là où les académies magiques luméennes restreignaient l’apprentissage de la magie noire, les académies magiques mijakiennes encourageaient la magie noire et ses variantes, comme la nécromancie, ou les malédictions. Empire militaire oblige, l’académie était solidement gardée, et était autonome, mais avec un droit de regard des autorités impériales qui était souvent source de conflits.

Une sacrée visite attendait Mana…

« Ah… oui, d’a-d’accord. » bafouilla-t-elle en baissant les yeux, gênée par l’idée que la douce Mélona puisse s’adonner au sexe dans un couloir, lieu public.

Heureusement, Mélona, bien que simple, n’était pas idiote. Elle était suffisamment empathe pour prendre en compte les besoins et les limitations de la petite magicienne. Et ce qu’elle proposa chassa immédiatement les images « pour adultes » de sa tête !

« Quoi ! Tu peux vraiment m’y emmener ?! »

L’excitation (toute intellectuelle !) l’amena à se jeter sur Mélona et lui entourer ses deux mains des siennes. A ce moment, c’était surement Mana qui ressemblait le plus à une enfant des deux. Elle devait faire un effort pour ne pas sauter sur place et courir vers leur destination. Parce qu’on lui avait appris à se tenir. Et aussi parce qu’elle ne savait pas exactement où aller.

« Mais, euh, tu penses que Bayonetta et Samara ne nous en voudront pas d’y aller sans elles ? Je ne voudrais pas créer d’incident. Mais… »

Mais elle mourait d’envie d’y aller ! Elle s’imaginait déjà arpenter de longues bibliothèques sur plusieurs étages. Prendre autant de livres que ses bras tremblants en seraient capables avant de les déposer avec grand fracas sur une magnifique table en bois sculpté. Elle pourrait alors s’affaisser sur une chaise, sourire d’avoir pris trop de bras et attendre que les fourmis quittent ses bras. Puis elle lirait. Lirait. Lirait encore. Lirait jusqu’à satiété ! Elle s’en faisait tant un petit film qu’il fallut qu’elle fasse un effort pour revenir à la bouille de Mélona la Guide.

« Emmènes-moi, s’il te plaît ! Quand tu parlais d’élèves qui aimaient, euh… Non non, rien ! Ah ah ! »

Oui, mieux valait ne pas trop demander ce que les élèves de l’académie magique étudiaient chez une créature composée de magie rose. Mana n’était pas intéressée par ces choses. Il aurait fallu quoi ? Une ange pure et complètement féminine pour lui faire perdre la tête. Mais les anges ne trainaient pas leurs ailes dans une académie. Ils vivaient dans les nuages tout là-haut. Et ce devait être très bien ainsi.

« Je voudrais découvrir leur bibliothèque. Mais… je ne voudrais pas t’abandonner une fois là-bas. Je suppose que lire n’est pas vraiment ton activité préférée, n’est-ce pas ? »

Face aux inquiétudes de Mana, Mélona sourit.

« Eh bien, moi, tu vois, avec Samara et Bayonetta qui font l’amour, je ressens leur énergie, et ça m’émoustille. Donc, si tu veux que je garde le contrôle, il vaut mieux nous en éloigner. Rassure-toi, je vais rester là, et je vais t’accompagner en même temps ! »

Mana n’était pas au bout de ses surprises ici. Mélona se concentra alors, et leva sa main droite, puis la détacha de son corps. Sa main tomba au sol, formant une petite flaque de slime rose qui se reconstitua rapidement. La main droite de Mélona se reconstitua également, et Mana, sous ses yeux éberlués, put voir un clone de Mélona au sol. Un clone minuscule… Une Chibi-Mélona ! Toute petite, elle grimpa sur la jambe de Mana, puis sauta sur la table. Mains sur les hanches, elle sourit alors, avant de parler de sa petite voix aigüe :

« Coucou, Mana ! Moi, c’est Mélona !
- Et moi aussi, c’est Mélona ! » sourit la Mélona originelle.

Voilà qui ne manquerait pas de surprendre Mana ! Chibi-Mélona allait se charger d’accompagner Mana, et il n’y avait aucun risque que Chibi-Mélona puisse se montrer déplacée. Mélona, quant à elle, allait rester à l’appartement, et sans aucun doute participer à la « punition » de Bayonetta. Chibi-Mélona étant petite, elle grimpa sur Mana, et fila sous son chapeau, puis s’assit sur ses cheveux.

« Comme ça, tu pourras m’entendre ! Si jamais tu rencontres des problèmes, ma grande-sœur le saura instantanément !
- Chibi-Mélona est un morceau de moi. Maintenant, tu peux aller à l’académie. »

Souriant doucement, Mélona fit alors un câlin à Mana, et l’embrassa sur la joue.

« Dame Samara est influente à l’académie, tu n’auras rien à craindre là-bas. »

Elles n’auraient pas à marcher trop longtemps, car l’académie était à proximité des beaux-quartiers de Mijak, et donc de l’appartement de Samara. De grandes allées pavées et propres, bien loin des faubourgs sinistres et des ruelles sinueuses qu’on pouvait imaginer dans les villes médiévales…

« Ah ! »

Comment aurait-elle pu ne pas émettre un cri en voyant sa nouvelle amie s’amputer d’une main ? Même si ce n’était pas vulgaire ou gore ou quoi que ce soit, ça fit tout de même une tâche qui s’étala sur le sol. Le rose n’étant pas si loin du rouge sang. Mais le potentiel de mignonittude de Mélona prit rapidement le pouvoir sur la situation. La comédie s’imposait à l’horreur.

« Mais wow ! Tu es trop mignonne toute petite comme ça ! ♥ »

Il était tout de même très étrange d’entendre la même personne parler de deux endroits différents. Avec une voix légèrement différente qui plus est. Mana se rappela de ses cours. Elle n’avait pas eu à étudier énormément les élémentaires. Encore moins des cas atypiques comme celui de Mélona. Elle marchait donc relativement dans l’inconnu. Et cela lui plaisait ! L’apprentissage était une source de joie pour la Magicienne.

Chibi-Mélona ne pesait pas bien lourd assise sur sa tête. Mana rit de la malice de sa nouvelle (petite) amie. Elle avait réussi à trouver le moyen de se cacher sous son chapeau, la chipie ! Ainsi, elle pourrait faire des blagues à qui le mériterait. Mais Mana n’y voyait aucun mal. En fait, elle était même heureuse que la « grande » Mélona soit restée derrière et qu’elle y aille avec la « petite » Mélona. Ainsi, il n’y aurait pas de quiproquo. Ses joues rougirent et son regard se fit fuyant lorsqu’elle repensa au fait que « Samara et Bayonetta qui font l’amour »…

« Direction l’académie ! Allons-y, Chibi-Mélo ! »

Qu’il était agréable de marcher ici. Non pas que ça l’avait été dans le manoir de Samara mais ici, sa peau se faisait caresser par la chaleur du soleil. La grande allée était pavée avec la plus grande précisions. Il n’y avait pas de reliefs pouvant lui causer un accident, une chute ou un inconfort. En fait, il y avait même des significations dans les motifs faits avec les pavés. Mana y ressentait des leçons de magie. Ou peut-être des glyphes ? Des aide-mémoire pour les étudiantes ? Des protections ? Elle n’en savait rien. Mais elle savait que c’était au moins joli à l’œil.

Et dès qu’elle rencontra quelqu’un, elle l’apostropha pour lui demander son chemin :

« Bonjour ! ♪ Je me nomme Mana Yami. J’ai hérité du titre de Magicienne des Ténèbres. Je suis pour apprendre. Samara m’a parlé d’une bibliothèque. Est-ce que tu pourrais m’indiquer le chemin ? Ce serait très gentil, merci. »

Sur la tête de Mana, Chibi-Mélona était même sous une « tente ». Elle avait amené avec elle ses précieux trésors, des bonbons ! Tandis que Mana se déplaçait, Chibi-Mélona attrapa les gros bonbons, et croqua dedans, avec la sensation d’être au Paradis ! Elle avait récupéré un paquet de Skittles, et les mangea donc. Elle les dévora avec appétit, les fourrant dans sa bouche, et soupira doucement en les avalant avec appétit.

*Nom-nom, que c’est bon !*

Pendant ce temps, Mana trouva son chemin vers l’académie impériale. Le long de la route, elle pouvait voir qu’il y avait une bonne activité. Ce n’était pas la capitale impériale pour rien ! Des cavaliers se déplaçaient rapidement au milieu de nombreux chariots. Les grandes avenues pavées quadrillaient la ville pour laisser place à des rues plus sinueuses, parfois escarpées, mais parfois petites, avec des escaliers qui descendaient. Ici et là, au milieu d’énormes bâtiments, on pouvait voir des voûtes, des sortes de passerelles entre les immeubles que les démons utilisaient pour descendre, ou pour voleter. Les gardes surveillaient aussi la ville depuis ces passerelles qui pouvaient mener à de véritables quartiers aériens. Pour Mana, ce devait être un vrai dépaysement. Plus elle se rapprochait de l’académie, et plus elle pourrait voir d’échoppes magiques, proposant des vêtements enchantés, des baguettes, des tenues enchantées, des livres, des artefacts…

L’académie était une petite ville dans la ville, entourée par de solides remparts, tant physiques que magiques. En se rapprochant, les sens magiques de Mana pouvaient volontiers s’égayer. Le corps de garde principal était surveillé par des gardes qui surveillaient scrupuleusement l’entrée. Supposée être son sauf-conduit, Chibi-Mélona ne réagit pas quand les gardes demandèrent à Mana si elle était étudiante, ou si elle disposait d’une autorisation pour rejoindre l’académie. En relevant soin chapeau, Mana pourrait alors sentir la petite Chibi-Mélona tomber mollement dans ses mains.

« ZzzzZzzz… ZzzzzZZzzz… »

S’étant empiffrée de bonbons, elle dormait ! La situation aurait pu devenir complexe quand une douce voix résonna à côté de Mana :

« Hey ! Ça ira, je la connais, c’est Mélona ! Elle est une Slime sur laquelle Dame Samara travaille. Je suppose que ce doit être l’une de ses apprenties.
- Peut-être, objecta le garde, mais elle n’a pas d’autorisation…
- Dame Samara aura oublié d’en faire un, voilà tout ! Je suis l’une de ses élèves, oseriez-vous sincèrement me contredire ?! »

Le garde sembla se raviser. Mana put alors voir une sorcière qui, sous sa robe, ne portait quasiment aucun vêtement, confirmant sans aucun doute possible qu’elle était bien l’élève de Samara. Bethany lui sourit doucement en rejoignant l’enceinte de l’académie.

« Salut, je m’appelle Bethany ! Mais tu peux m’appeler Beth’… Et toi ? Je ne t’ai jamais vu ici… Mais Mélona offre rarement ses peluches à des inconnues… »

Elle n’en revenait pas ! Chibi-Mélo s’était endormie en s’empiffrant de bonbons. Mana était gênée d’offrir pareil spectacle à la garde. Elle était agacée et voulait réveiller la version miniature de Mélona pour lui faire la leçon. Comme…une grande sœur ? Quelque chose dans le genre. Et en même temps, elle était excitée par l’idée d’être si proche de l’académie ! (et non, elle n’était pas excitée par Bethany. Et oui, elle avait bien remarqué qu’elle était légèrement vêtue. Mais elle n’était pas nue. Et c’était le principal).

« J’ai effectivement rencontré madame Samara récemment. Elle devait me faire visiter l’académie. Mais une affaire urgente l’a mandé avec madame Bayonneta. Et moi j’étais trop curieuse pour attendre à ne rien faire dans les couloirs. Voilà pour l’explication, messieurs les gardes. Je vous souhaite une belle journée. »

Parce que Mana n’aurait pas pu simplement passer devant les honnêtes travailleurs en faisant de la rétention d’informations. Elle put ainsi suivre Bethany qui avait proposé de se faire surnommer Beth. Mais Mana n’était pas l’amie de Bethany. Un surnom était donc trop familier pour elle et l’éducation qu’elle avait reçue. Elle pensa même à lui demander très rapidement si elle pouvait devenir son amie mais se retint.

« Je me nomme Mana Yami. Je viens de, euh, très loin. »

*Ce n’est pas vraiment un mensonge. Mais je ne sais pas si dire toute la vérité m’aidera ou pas. Et puis, je ne suis toujours pas certaine de savoir d’où je viens vraiment. Avec ce manga Yu-Gi-Oh ! et les souvenirs que je crois détenir… Mais ce n’est pas le moment de s’apitoyer sur mon sort ! Il y a une énorme bibliothèque qui m’appelle ! *

Alors elle retrouva son sourire qu’on pouvait facilement qualifier d’enfantin tellement il était pur. Chaste pourrait-on dire…

« Là d’où je viens, j’ai reçu le titre de Magicienne des Ténèbres. Mais ça ne signifie pas que je m’adonne à une mauvaise sorcellerie à de mauvaises fins. On m’a appris à venir en aide à tout le monde. Peu importe la grosseur du problème. Peu importe que celui qui soit dans le besoin ait de l’argent ou autres ressources. Si je dois affronter les ténèbres des gens, ou de créatures qu’on pourrait nommer démon, alors je dois tout connaître sur ces malheurs pour savoir comment les combattre. Mais vraiment, je ne veux pas combattre s’il y a moyen de faire autrement. Et oui, je sais, je suis bien naïve et rêveuse. On me le dit souvent. Mais ce n’est pas grave. »

Ses yeux cherchaient la bibliothèque. Plus elle avançait, et plus elle ressentait une excitation. Elle avait déjà dû faire des efforts pour ne pas s’arrêter à toutes les échoppes magiques. Elle ne connaissait ni la ville ni ses lois. Sans compter qu’elle ne savait pas à quoi ressembler l’argent d’ici. Alors elle avait fait preuve de discipline et avait avancé. Mais elle souriait ! Il y avait une ambiance magique VIBRANTE par ici ! Ce devait être un peu comme une slime qui entrait dans une confiserie, pour faire une analogie. (Mana baissa d’ailleurs les yeux sur Chibi-Mélo qu’elle tenait dans ses bras à la manière d’un enfant).

En compagnie de Bethany, Mana semblait enfin avoir trouvé une partenaire fiable… Ou, en tout cas, une partenaire qui ne cherchait pas à lui sauter dessus dès le début ! Naturellement, si Bethany connaissait Samara, et vu la courte tenue qu’elle portait, on pouvait s’attendre à ce qu’elle ne soit guère prude. Et, de manière générale, les étudiants en magie n’étaient jamais connus pour être très chastes. Apprendre la magie, c’était aussi apprendre la magie rose, un cours que l’intégralité des élèves de l’académie suivaient, autant pour ses enseignements théoriques, que pour ses exercices pratiques ! Bethany était une fine connaisseuse du harem de Mélinda, et elle avait déjà eu l’occasion de le rencontrer*. Tout comme elle connaissait Mélinda, elle connaissait donc l’Archimage Samara, et Mélona. Elle ne fut donc pas surprise de voir que Chibi-Mélona dormait, tandis que Mana, véritable pile électrique, lui expliqua être appelée « la Magicienne des Ténèbres ».

Souriant doucement, Bethany marcha à côté d’elle, tout en lui parlant de cet établissement :

« Oui, tu n’as pas l’air très maléfique, et tu es tout à fait le genre d’élève que Madame Samara aime prendre sous son aile. Oh, et ne t’en fais pas pour Mélona… Quand elle prend cette petite forme, elle s’épuise vite, tu sais… Encore plus quand sa forme principale, qui permet de nourrir ses clones à distance, est en train de faire l’amour. »

Cela, Mana avait pu le deviner, mais Bethany lui confirmait par ce biais que, en ce moment, Mélona avait visiblement rejoint Samara et Bayonetta dans leur petite séance de sexe. Bethany marchait en compagnie de Mana dans un décor qui, en soi, aurait pu évoquer le château Poudlard dans Harry Potter. On ne voyait pas forcément des étudiants voler avec des balais, mais on en voyait qui volaient, des groupes qui discutaient en déambulant dans les allées piétonnes et végétalisées. La magie fourmillait de partout ici.

« La magie ambiante va la réveiller, ne t’en fais pas. Quant à moi, je veux bien te présenter l’Académie. Il existe de nombreux bâtiments, comme tu peux le voir. L’académie est divisée en plusieurs bâtiments qui correspondent généralement à des études magiques spécifiques, le tout regroupés autour du manoir central. C’est dans ce manoir qu’on trouve le réfectoire, les dortoirs, les amphithéâtres… La bibliothèque se trouve dans un bâtiment à part, tant elle est grande. »

Non sans une certaine fierté, Bethany annonça à Mana que la bibliothèque de l’académie était la deuxième plus grande bibliothèque de Terra, juste derrière celle de Lumen. Une grande bibliothèque où les armoires s’étalaient sur plusieurs étages, avec des livres magiques qu’on pouvait commander à distance.

« Généralement, les invités ont envie d’aller à la serre… Pour le plaisir des tentacules, tout ça… Mais toi, quelque chose me dit que tu préférerais aller voir la bibliothèque, non ? sourit une espiègle Bethany, qui semblait avoir bien compris Mana. Après tout, si tu souhaites combattre les ténèbres des gens, il faut savoir des choses, n’est-ce pas ? »

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* : Cf. RP « Frère et sœur, nouveau quotidien ».

Bethany était gentille. Mana l’aimait bien sans s’expliquer pourquoi. Mais elle aussi avait ce… « problème ». Elle n’avait pas besoin de savoir que la « grande » Mélona était en train de faire l’amour avec des femmes puissantes et intelligentes comme Samara et Bayonetta. Elle détourna tout de même le regard, enflamma ses joues et tritura ses doigts nerveusement.

Plus loin, son sourire était revenu au fur et à mesure que son excitation grandissait. Les lieux étaient formidables ! Les gens volaient ! Ils discutaient. Ils étaient en groupe. Il y avait tant de sourire et de choses positives. C’était peut-être la magie ambiante, tout simplement. Mais Mana se sentait « pétiller ». Elle pouvait tout à fait comprendre que Chibi-Mélo allait se réveiller.

« C’est stupide d’utiliser une serre pour ce genre de frivolités. La connaissance des plantes et des fleurs est très importante pour n’importe quelle pratiquante de magie. Des herbes peuvent soulager des douleurs. D’autres mélangés peuvent soigner des maladies. Certaines permettent à l’esprit de se libérer des contraintes de l’enveloppe physique pour s’élever. »

Si ça avait été quelqu’un d’autre que Mana, elle aurait été aisément qualifiée d’hautaine. Mais Mana était trop pure pour prendre les gens de haut. Elle n’était pas née dans une famille bourgeoise. Seulement, elle avait reçu une certaine éducation. Et c’était le devoir de son âme d’aller au secours de tous. Donc, comme lui avait fit Bethany, il fallait effectivement qu’elle sache des choses pour combattre les ténèbres des gens.

« Mais je ne dis pas que tu es stupide. Excuse-moi, Bethany. Tu as le droit de faire ce que tu veux. Du moment que ça n’agresse pas la liberté de l’autre, bien entendu. Mais après, c’est ton corps et tes envies. Je…euh…voilà. »

C’était plus fort qu’elle. Ca la gênait toujours. Elle n’était pas ignare. Elle avait lu. Elle s’était intéressée au sujet. Elle avait même vu des choses…mais elle avait été obligée pour venir en aide à cette femme. (entre autre) Mais ce sujet était toujours source de gênance et de chaleur. Et de nervosité et d’une forme d’irrespect.

« Et, euh, je me demandais : c’est une sorte de gage qui t’a obligé à te promener ainsi vêtue ? Tu joues aux jeux que tu veux, avec les personnes que tu veux. C’est juste que je suis curieuse. Mais pas intéressée ! Je suis très bien dans ma salopette qui me couvre toute la longueur de mes jambes. Et aussi, même si je suis très intéressée par la bibliothèque et les livres, ce qui m’intéresse avant tout ce sont les gens. C’est pour eux que je fais tant d’efforts. Alors j’aimerais apprendre à te connaître. Comme, par exemple, quelle est ta spécialité magique ? Ou qu’est-ce que tu veux accomplir avec ta magie quand tu auras fini d’étudier dans ce lieu qui semble vraiment incroyable ? »

Face aux interrogations et aux doutes de Mana, Bethany sourit doucement, espiègle.

« Je porte cette tenue volontairement. Tu te demandes sûrement pourquoi, hein, ingénue et prude comme tu es ? »

La magicienne se déplaça lentement, rejoignant tranquillement la serre. Elle était installée au milieu de parterres d’herbes et d’allées verdoyantes, avec des sculptures végétales en forme d’animaux. Des magiciens s’amusaient à les animer. Près de la serre, on trouvait aussi un labyrinthe que les élèves utilisaient aussi pour se former en déplaçant les murs d’herbes.

« J’ai grandi dans un village des Marches Impériales, des territoires reculés et assez sinistres. Une fille de fermiers pauvres… Je portais d’affreuses guenilles tous les jours, des hayons, et mon seul avenir était, soit de devenir fermière, soit de me marier à un fermier un peu plus riche. Mes pouvoirs magiques se sont dévoilés par hasard quand un Spectre du Midi a envahi la ferme du type avec qui je devais me marier. Le bailli apprendra plus tard que cet homme avait tué son épouse pour pouvoir toucher un héritage, et ainsi payer ses dettes. Il avait enterré cette dernière dans son jardin, déclenchant la venue du Spectre. Un mage émanant d’une académie est venu chasser le Spectre, et a détecté à cette occasion mes pouvoirs magiques. L’Académie m’a acheté à mes parents pour m’éduquer. Je n’avais aucune raison de refuser. J’ai pu rejoindre la capitale, et porter autre chose que des vêtements rapiécés ! Cette tenue te semble impudique, ma chère Mana, mais elle symbolise pour moi cette liberté que j’ai acquise en rejoignant l’Académie ! »

Cela pouvait sembler bizarre à Mana, alors Bethany poursuivit :

« Tu comprends, là d’où je viens, il fallait rester vierge et chaste jusqu’au mariage. Se dévouer exclusivement à son mari, porter ses enfants… Le poids des traditions. Ici, à la capitale, je suis beaucoup plus libre. Tu vois, je comprends que tu souhaites protéger ta vertu, mais, parfois, la chasteté peut être vécue comme un carcan. Moi, je veux être libre de mon corps, de mes rapports, sans avoir pour seul objectif de me marier. Une fois que j’aurai fini mes études, je serai mage militaire pendant un certain temps, puis, ensuite, je pourrais me faire embaucher. Les mages les plus talentueux deviennent les conseillers magiques des grands aristocrates de l’Empire, mais je pourrais tout aussi bien être l’une des magiciennes de Mélinda Warren. Je lui plais bien… Et je pourrais revoir l’un de ses guerriers, comme ça, Hardos… »

Bethany rougit doucement à ce souvenir, puis se racla la gorge.

« Et toi, Mana ? Qu’est-ce que tu envisages de faire ? Ne me dis pas que tu comptes préserver ta virginité pour une histoire aussi idiote que le grand amour ! »

Mana aimait bien Bethany. C’était comme ça. Ca se passait d’explication. Elle aimait aussi sa franchise et son franc-parler. Mais parler de sexe aussi communément la fit rougir intensément. Son regard, nerveux, s’intéressa de près au sol. Ca avait toujours été plus fort qu’elle. Cette désagréable impression de ne pas être à sa place quand ce sujet était évoqué. Alors qu’elle avait voyagé sous sa forme astrale, combattu des démons, découvert des drames familiaux ou même assister à une autopsie. Mais le sujet de l’amour avait toujours été, comme qui dirait, son point faible.

« Et alors !? »

Elle savait qu’elle avait réagi plus que de raison. Sa voix s’était envolée d’un seul coup sous l’effet de la nervosité.

« Parce que tu crois que c’est mieux de passer quelques années dans cet endroit formidable, amasser un maximum de connaissances, découvrir tant de variétés de magies différentes pour finalement devenir un outil de guerre ?! »

Mana s’était emportée. En fait, Bethany n’aurait pas pu mieux éprouver leur nouvelle relation qu’en évoquant ces sujets si universels (multiversels ?) qu’étaient l’amour et la mort : Eros et Thanatos pour se donner quelques lettres.

« Je suis contente pour toi si ta vie s’est améliorée. Que tu connaisses ton passé et sache quoi faire de ton futur. Vraiment, même si je n’aime pas ces choix, je suis assez sage pour savoir que nous sommes toutes différentes et que, à cet égard, nous ne pouvons pas imposer aux autres d’être une copie de soi-même. Mais je ne veux pas être nue devant n’importe qui. Ou me retrouver soudain avec une vie si précieuse dans mon petit ventre et qui changera irrémédiablement ma vie, mes responsabilités et ma destinée. Tout comme je déteste la guerre et ceux qui l’orchestre. »

Elle pouvait voir la serre de là où elle était positionnée. Elle se souvenait de la mention des étudiantes qui voulaient y entrer pour « jouer » avec les tentacules. Il n’en était pas question. Ses yeux cherchèrent déjà la bibliothèque ou un panneau permettant de lui indiquer le chemin.

« Mais pour répondre à tes questions, je souhaite continuer à apprendre. Déjà parce que c’est lier au cœur de mon âme, j’en suis presque certaine. Mais je dois aussi comprendre d’où je viens. Parce que c’est un mystère. Je n’ai pas de plan précis pour le futur. Et récemment, je commence à faire un rêve récurrent dans lequel se trouve un ange qui vient à ma rencontre. Une femme magnifique qui descend du ciel, auréolée de lumière et qui descend sur moi alors que je me réveille sur un lit à baldaquin. Je ne sais pas ce que ça veut dire. En tout cas, si tu veux aller jouer dans cette serre, tu peux y aller. Je me débrouillerais pour trouver la bibliothèque toute seule. »

Bethany haussa les épaules.

« Moi non plus, je n’aime pas la guerre. Mais nous n’avons pas le choix. Quitte à choisir, je préfère utiliser ma magie pour soigner les gens, combattre des monstres, mettre fin à des malédictions… On ne combat pas forcément que les Luméens. Et puis, suite à l’Olympomachie, le conflit avec Lumen est figé. Mon service militaire, je le mènerai en combattant les monstres ou les bandits qui pullulent au sein de l’Empire. Les monstres ont proliféré. Moi, je pars du principe que, si je suis née avec un tel don, c’est pour qu’il serve à aider les autres. Alors, bien sûr, j’en profite aussi, mais je pense être largement plus utile à mon pays en utilisant ma magie qu’en ouvrant mes cuisses auprès d’un fermier. »

Sans la magie, Bethany serait devenue une fermière. C’était l’évidence même. Elle était donc heureuse d’avoir échappé à un destin peu reluisant. Se pavaner à moitié nue, c’était autant une manière d’exprimer sa féminité que ses pouvoirs et son influence sociale. Les magiciens bénéficiaient d’une grande liberté, surtout au sein des académies magiques. Bethany savait que les autorités étatiques cherchaient continuellement à renforcer leur mainmise sur les académies, mais les académies magiques, très anciennes, bénéficiaient d’une forte autonomie, et de leurs propres règles. Ceux qui s’en éloignaient devenaient des apostats, des sorciers, ou des mages renégats…

Mana ne semblait en tout cas pas très intéressée par le sexe. C’était tout de même curieux ! Bethany s’en amusait.

« Tu ne veux pas aller dans la serre, parce que tu as peur d’y voir des trucs choquants ? Tu sais, quand je suis arrivée ici, j’étais très timide, moi aussi… Du genre à raser les murs. Bon, je reste toujours un peu timide, mais j’ai découvert que le sexe était quelque chose de très bon. Et je ne dis pas ça dans l’optique d’avoir des enfants. Ça, il est facile d’éviter cela grâce à la magie. Enfin bon, je ne vais pas te brusquer, mais tu dois savoir que la magie rose est très étudiée dans les académies, et pas forcément à Mijak. Il n’y a que dans les bouquins qu’on prétend que les élèves n’étudient pas ça ! Trois élèves sur quatre rejoignent une académie pour apprendre la magie rose… »

Endurance sexuelle, allaitement, possibilité d’agrandir les seins… On pouvait se choquer de ce matérialisme, qui était assez contraire aux préceptes religieux de l’Ordre Divin, mais on ne jurait pas l’abstinence ici. Bethany sourit à Mana en lui attrapant la main.

« Fais juste attention… Moi, je me disais que je voulais rester vertueuse, mais j’avais juste peur du sexe. Et cette peur peut se retourner contre toi. Quand on affronte des envoûteurs, des charmeurs, ils exploitent n’importe quelle faiblesse… On dit que les mages sont des dépravés, et c’est sans doute vrai, mais il faut aussi reconnaître que le sexe est une énergie puissante, qui peut être utilisée aussi bien pour améliorer des sortilèges magiques, que pour nous compliquer la vie. En jouant sur ta frustration, un ennemi peut te faire perdre ta concentration, rendant aussi tes sorts imprécis. Et, inversement, le désir sexuel stimule divers neurotransmetteurs et hormones qu’on peut utiliser, notamment pour soigner plus efficacement les gens. Ce n’est pas une surprise si les prêtresses d’Aphrodite sont aussi d’excellentes guérisseuses. »

Tout en parlant, Bethany rejoignit finalement une double porte. La bibliothèque n’était pas très éloignée de la serre, et un pont suspendu à un étage supérieur de la bibliothèque permettait d’ailleurs d’y aller. La bibliothèque était un peu centrale au sein de l’académie, puisqu’elle regroupait toutes les connaissances encyclopédiques.

« Par ailleurs, tu ne peux pas accéder à nos livres si tu n’es pas élève. Moi, je veux bien te donner un accès, mais il y a un prix à payer… »

Bethany lui sourit alors en se postant devant elle.

« Je veux un bisou sur les lèvres ! Juste un ! Je veux vérifier si tu sais bien embrasser… » sourit malicieusement Bethany.

Les deux mains de Mana se plaquèrent sur son visage qui avait changé d’un seul coup de couleur ! Malgré cette défense naïve, deux doigts écartés permettaient à un de ses yeux de voir la bouille malicieuse de Bethany. Cette magicienne ne cessait de la surprendre ! Elle paraissait commune et inoffensive. Et pourtant elle se promenait presque toute nue et était capable de lui sortir une tirade qui la faisait fortement douter de se tenir stricto sensu éloigné de la magie rose.

*Et puis, ce n’est pas cher payé un bisou pour obtenir l’accès à la bibliothèque. Je suis sûre que les autres seraient bien plus méchantes et pourraient me forcer à faire des choses dans la serre. Et ça c’est hors de question !! *

Il n’empêchait que Mana paniquait. Tout son corps était en alerte. Sa magie était fébrile, prête à se déchaîner. Et pourtant son esprit disséquait les arguments de Bethany. Elle ne pouvait pas se permettre d’être si faible en ignorant une facette de la magie. Ça la ramenait des années en arrière, quand elle avait dû affronter les « ténèbres » pour la première fois. Ça avait été une épreuve terrible. Elle avait mis beaucoup de temps à s’en remettre. Pleurant, son corps tremblant, ses nuits courtes et entrecoupées de nombreux cauchemars. Elle s’en était sortie, inévitablement, et avait obtenu ce titre de « Magicienne des Ténèbres ».

« A-a-alors juste un petit bisou, d’ac-c-ccord ?... »

Elle fit un pas vers Bethany. Son cœur battait trop intensément. Ça allait lui faire mal s’il continuait ! Et puis ses mains étaient toutes moites. C’était idiot. Ce n’était qu’un tout petit bisou de rien du tout. Quand elle retira ses mains de son visage, elle ne parvint pas à regarder Bethany droit dans les yeux et changea immédiatement la direction de son regard pour regarder le sol.

« Fe-fermes les yeux, s’il-s’il te plaît… »

Si elle n’acceptait pas cette petite condition, tant pis ! Elle ferait demi-tour sans réfléchir davantage. Elle retrouverait Chibi-Mélo et puis elle retrouverait ensuite madame Bayonetta et madame Samara, et obtiendrait d’une autre façon l’accès aux connaissances. Ca n’existait pas un problème qui obligeait à une unique solution. En réfléchissant, en regardant la situation différemment, on pouvait trouver une seconde solution.

Alors oui, il fallait que Bethany ferme les yeux. Sa petite bouille de magicienne se rapprocherait de cette autre magicienne bien plus confiante à propos de son corps. Juste avant l’impact entre leurs deux paires de lèvres, Mana fermerait les yeux. Leurs lèvres se toucheraient. Et elle se sauverait aussi vite ! Pas question de faire des choses bizarres. Longues. Baveuses. Ou qu’en savait-elle d’autres ! Parce que dans l’appartement de Daisy, elle avait cherché d’autres histoires après avoir lu celle de la série Yu-Gi-Oh ! et elle était tombée sur des hentais révoltants la mettant en scène !!!

Juste un bisou ! Cette situation amusa Bethany. Si Mana aurait dû choisir entre l’embrasser ou affronter un bataillon de trolls, Bethany était sûre qu’elle aurait choisi le baiser. Elle se mit à trembler comme une feuille, et voulut s’assurer que ce serait seulement un baiser. Bethany hocha la tête, et Mana lui demanda ensuite de fermer les yeux. La magicienne sourit doucement, et caressa avec sa main la joue de Mana.

« Ça me va, mais tu les fermes aussi… Que ce soit plus romantique. »

Bethany se pencha vers elle en fermant les yeux, et leurs lèvres se pressèrent. Si Mana espérait un baiser rapide, elle allait en avoir pour son argent ! Bethany maintint le contact, et fit pression en posant sa main sur l’arrière du crâne de Mana. Leurs lèvres restèrent ainsi liées ensemble pendant un certain temps. Le baiser dura ainsi plusieurs secondes, les lèvres de Bethany remuant contre celles de Mana. Elle fit donc durer le baiser, et le termina en avançant sa langue, qu’elle fit glisser sur les lèvres de Mana, mais sans l’enfoncer dans sa bouche. Rompant le baiser, Bethany sourit à sa partenaire. Elle venait de lui offrir un sacré baiser, sans pour autant jusqu’à glisser sa langue dans sa bouche.

Ce baiser eut aussi pour effet de réveiller Chibi-Mélona, qui se mit à remuer sur les cheveux de Mana, et souleva son chapeau.

« Bethany ! »

Chibi-Mélona bondit en avant, et atterrit sur son épaule.

« Salut, Mélona ! Tu as bien dormi ? »

Bethany claqua entre ses doigts, et généra une fraise Tagada. Les yeux de Chibi-Mélona s’illuminèrent, et la fraise atterrit devant elle. Elle lui fit un câlin, et on aurait presque pu l’imaginer ronronner, tandis qu’elle se mit à dévorer la fraise Tagada. Bethany regarda ensuite Mana, et sourit alors.

« Sois franche, ma chérie… Tu as aimé ça, hein ? »

Par respect pour Béthany, Mana avait enduré l’épreuve. Elle ne voulait pas perdre son unique allié qu’elle appréciait. Il n’y avait pas besoin d’aimer les mêmes choses, ça, elle le savait. Et elle avait beaucoup à dire sur sa façon de penser, de s’habiller, d’utiliser sa magie et… de faire un « bisou ». Mais elle ne rompit pas le contact et combattit son envie de fuir et de protester. Elle ne dit encore rien quand Chibi-Mélo se réveilla et entama un début de conversation. Par contre, Bethany lui demandait un retour sur expérience.

« Je n’ai pas aimé ça. C’était long. C’était humide. Et c’était inutilement pervers avec cette langue que tu as utilisé à la fin. »

Le pire ? C’est que Mana était terriblement sérieuse. Elle n’avait pas apprécié l’expérience. Cela se voyait à l’expression sur sa bouille adorable. Mais ça la gênait de rester sur un retour non constructif, alors elle fit un effort.

« Je pense que c’est une affaire d’affinité. Moi, je t’apprécie, Bethany. J’aimerais qu’on soit amies toutes les deux. Mais je le ressens que ce ne sera pas plus puissant en terme d’entremêlement de fils de destinée. Et puis… »

C’était stupide. C’était absurde. Irrationnel. Illogique. Et pourtant… Mana rougit et détourna le regard.

« Il y a cette ange qui me rend visite lorsque je dors. Les rêves sont… ne sont pas comme d’habitude. Quand je me réveille le matin, je, euh… disons que je me réveille affolée. Comme si mon cœur avait fait une course. Comme si j’avais passé du temps longtemps sous une douche chaude. C’est étrange. C’est nouveau. Je crois que je souffre de quelque chose. Mais je ne sais pas ce que c’est. »

Mana savait que ça commençait à tourner à l’obsession. Cette figure masquée. Ce mystère. Cette lumière si pur et intense. Elle ne se souvenait jamais d’événements précis. En fait, elle n’avait jamais rencontré cette « ange ». Ca la dépassait d’avoir une vision si nette de ce visage masqué et surtout si inconnu.

« Bon ! J’ai rempli ma part du pacte ! Je veux avoir l’accès aux livres maintenant ! »

Elle était beaucoup trop dans l’émotion et l’exclamation. Elle le reconnut et n’en ressentit que davantage de gêne. Ca paraissait totalement déplacé (hilarant ?) à côté d’une magicienne quasiment nue et d’une slime affamée de sexe et de bonbons. Mais Mana savait que c’était sa vie et que c’était ainsi. Elle l’acceptait. Tout du moins, du mieux qu’elle le pouvait. Et elle faisait de petits pas sur place, bougeaient ses doigts avec nervosité.