Quand Hikari reçut la réponse de Nanami, son cœur manqua plusieurs battements. Elle relut même le SMS à plusieurs reprises, comme pour se persuader qu’elle ne rêvait pas, et s’arrêta un bref moment. Pourquoi ressentait-elle une telle joie ? N’était-elle pas en train de réaliser dans quelle voie glissante elle était en train de se glisser ? Oui, bien sûr, mais… Eh bien, elle ne pouvait rien faire contre ça. Elle sombrait, tout simplement. Hikari était comme à bord d’un navire, en train de foncer vers l’iceberg, et en sachant qu’elle ne pouvait pas tourner à temps pour éviter le choc. Nanami l’avait touché en plein cœur, avait brisé quelque chose en elle, une digue, et, maintenant, tout se relâchait. Elle ne pouvait pas lutter, tout simplement, et n’en avait d’ailleurs même pas envie. Elle se contenta donc de répondre rapidement qu’elle y serait, puis se leva, en se demandant si elle devait enfiler une tenue particulière.
Fébrile, Hikari se sentait inhabituellement excitée, un peu comme une adolescente sur le point d’aller en soirée, et qui venait d’apprendre que le beau garçon de la classe, celui avec qui elle avait envie d’offrir sa virginité, serait présent. Elle trépignait nerveusement sur place, relisant encore le SMS, se demandant ce qu’elle devait enfiler. Elle inspecta sa garde-robe « spéciale », celle qu’elle ne montrerait jamais à ses parents, mais finit par se dire que sa Maîtresse aurait sans doute quelque chose pour elle.
*Et puis, elle m’a déjà vu dans une tenue érotique… Si elle me voulait comme ça, elle me l’aurait dit, non ?*
En toute logique… Mais peut-être était-ce un piège ! Une manière de voir si la jeune professeur viendrait naturellement à elle en étant habillée comme une soumise ou non… Mais, après ce qu’elles avaient fait au lycée la dernière fois, le simple fait qu’elle la relance était suffisant, non ? Confuse, la jeune femme hésitait, se pinçant les lèvres, tout en voyant le temps défiler. Tenue spéciale ? Elle finit par opter pour une tenue normale, urbaine, en enfilant sa veste rose, et une minijupe noire, avec une seule surprise… À savoir un collier de soumise avec une boucle qu’elle se mit autour du cou. Ainsi vêtue, Hikari rehaussa ses lunettes, se pinça les lèvres. Elle avait mis un peu de gloss sur les lèvres. Très peu, suffisamment pour que ses lèvres brillent un peu.
*Bon, eh bien… En piste, ma grande !*
L’entrepôt en question se situait le long de la zone portuaire. Un endroit assez sinistre, accessible par une ligne de bus. Hikari sortit donc, sentant le vent frais de la nuit agiter ses cheveux. Elle attendit ensuite le bus, et grimpa. La jeune femme était plutôt seule dans le bus, qui en était à ses dernières heures. Fort heureusement, le Japon était un pays plus sûr que les États-Unis, Hikari pouvait encore sortir sans trop d’inquiétude, y compris au sein de la zone portuaire. Elle envoya un nouveau message à Nanami, lui annonçant qu’elle arrivait… Et termina en écrivant « Maîtresse ».
Maîtresse… Hikari gloussa un peu. Elle portait un foulard autour du cou, et, sous ce dernier, caressa délicatement la boucle de son collier. Elle avait encore du mal à se dire que tout cela était vrai, et à prendre cette histoire folle avec sérieux. Nanami l’avait quand même fait uriner contre la porte de sa salle de classe… Et Hikari en avait été aussi choquée qu’étrangement excitée.
*Il y a vraiment quelque chose qui cloche chez moi…*
Elle descendit de l’arrêt, toujours très excitée. Hikari avait pris la liberté d’enfiler des bottes en cuir avec des talons, le tout lui allant plutôt bien. Se rapprochant de l’entrepôt, elle déglutit, en se demandant quand même ce que Nanami avait en tête. Enfin, elle se l’était déjà demandée, mais, là, tandis qu’elle approchait, les doutes se mirent à croître. Elle croisa plusieurs individus, qui lui sourirent en lui faisant signe d’avancer. Hikari déglutit, rougissant légèrement. Nanami disposait d’un véritable petit gang sous ses ordres. Elle avait souvent tendance à l’oublier, même si elle avait pu voir ce gang à l’œuvre il y a quelques semaines, lors de sa traversée dans la ville.
Hikari entra donc dans l’entrepôt, et respira lentement, s’avançant vers le milieu de la pièce. Elle était là, portant de nouveau son uniforme scolaire, comme pour la narguer, elle qui avait l’habitude de défier le règlement du lycée en enfilant son survêtement blanc… Hikari se rapprocha lentement, se pinçant les lèvres, et, mue par un instinct subit, fléchit les genoux, s’agenouillant devant elle, et parla d’une voix faible, marquée par le doute, mais aussi par une pointe lancinante d’excitation :
« Bon… Bon-Bonsoir, Maîtresse… »