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Une nouvelle au lycée [Lisbeth]

Posté : 17 août 2025 10:43
par Myumi Ichtora
C’était une élève assez spéciale, à n’en pas douter, et pas uniquement à cause de sa colossale poitrine, qui avait de quoi faire complexer beaucoup d’étudiantes et même d’adultes du lycée Jinmu. La réputation des Japonaises sur leur petite poitrine en prenait encore un coup ! Lisbeth avait rejoint en cours d’année le lycée Jinmu, dans le cadre d’un programme de jumelage entre le Japon et les États-Unis. Un équivalent sino-américain du programme européen ERASMUS, où un élève américain rejoignait pendant plusieurs mois le Japon, et inversement. L’académie de Kyoto participait à ce programme, et, parmi les candidats ayant atterri à Atarashï Yoake, il y avait donc cette blondinette à couettes. La particularité de ce programme faisait qu’on avait confié à un professeur de l’établissement le soin d’aider à l’intégration de l’étudiant étranger. Myumi Ichtora, émérite professeur de mathématiques, s’était donc portée volontaire.

Derrière sa casquette de prof’ de maths, Myumi était d’abord et avant tout professeure d’éducation sexuelle. Dans un pays où la natalité était en berne, Myumi avait décidé de contribuer au redressement collectif de la nation, à son réarmement démographique. Elle avait été effarée d’apprendre dans de récents sondages que près de 70% des couples japonais ne faisaient plus l’amour, et ce peu importe la catégorie d’années. Alors, à son modeste niveau, Myumi avait décidé de devenir professeure, non pas pour enseigner les mathématiques, mais bien pour enseigner le désir sexuel. Ainsi, elle dirigeait une classe d’éducation sexuelle avec laquelle elle donnait des cours particuliers, et suivait chaque élève de sa classe. En voyant comment les élèves regardaient Lisbeth, Myumi avait commencé à se dire qu’il était sans doute temps de l’inviter à rejoindre cette classe.

Sur le papier, le lycée Jinmu était l’un des meilleurs lycées du Japon, car les lycéens de Jinmu affichaient d’excellents scores aux tests d’admissions dans les universités japonaises, le fameux test Senta. Mais, dans les faits, le lycée avait aussi la réputation d’être très particulier, avec plusieurs associations catholiques et mouvements politiques rattachés à l’extrême-droite japonaise qui cherchaient à le fermer, ou à le poursuivre en justice, en accusant le lycée de pervertir les élèves. Des accusations qui n’avaient jamais abouti, que ce soit à l’issue d’enquêtes internes ou d’enquêtes policières. Le lycée avait cette particularité d’être fondé et financé par une fondation privée créée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale pour rebâtir la ville, la fondation Jinmu. Le lycée Jinmu avait été l’un des premiers établissements publics rebâtis, et accueillait depuis lors une majeure partie des adolescents de la ville. Mais le lycée ne comprenait pas que des êtres humains, et il suffisait de rapidement regarder les documents administratifs de certains élèves pour voir des incongruités, des anomalies… Ainsi, en regardant l’historique des admissions au lycée, on pourrait voir que des élèves comme Mélinda Warren ou Leona Morimoto étaient inscrites depuis maintenant dix ans, et qu’à chaque année, l’administration refaisait un nouveau dossier scolaire informatique.

*Elle ne devrait plus tarder…*

On était Vendredi. Hier, Lisbeth avait découvert une autre spécificité japonaise, l’ōsōji. Les étranges pouvaient voir cette pratique à l’œuvre lors de compétitions sportives, quand les joueurs de l’équipe nationale nettoyaient leurs vestiaires, ou les supporters japonais leurs gradins. L’éducation par le ménage, une pratique typiquement japonaise consistant à ce que les élèves nettoient leur salle de classe. Le lycée Jinmu adoptait naturellement cette pratique, qui fonctionnait par roulement. Les professeurs de Lisbeth avaient ainsi pu constater que, pour une étrangère, elle semblait très motivée. Myumi avait donc très envie de la rencontrer, et de comprendre pourquoi son instinct de succube, en la présence de Lisbeth, réagissait bizarrement. Myumi émettait naturellement des phéromones liées à sa nature démoniaque, mais, chez Lisbeth, ils ne produisaient pas les effets escomptés. Elle ne l’avait pas vue rougir quand Myumi s’était présentée dans son tailleur. Or, vu la taille de sa poitrine, Lisbeth devait être en pleine puberté.

*C’est un mystère que je me dois d’éclaircir…* songea-t-elle, tout en attendant que Lisbeth se présente.

Re: Une nouvelle au lycée [Lisbeth]

Posté : 17 août 2025 12:13
par Lisbeth
Cela faisait une semaine que Lisbeth avait intégré le lycée Jinmu d'Atarashi Yoake dans le cadre d'un programme de jumelage entre le Japon et les U.S.A. En réalité, c'était du pipeau : grâce à ses capacités de cyborg, Lisbeth avait trafiqué son dossier de A à Z : son nom de famille était Rowland, elle était née à Cincinnati (Ohio) et y vivait encore, son père était dans les affaires immobilières, elle était élève au Carmel High School en Californie... La seule chose véridique était son prénom qu'elle avait voulu garder par "sentimentalisme", ce qui était plutôt étrange étant donné que les créatures artificielles ne sont pas censées ressentir des émotions et des sentiments.

Seulement voila, l'âme de la véritable Lisbeth "habitait" le corps cybernétique de Cybel et de ce fait possédait une part d'humanité en elle. Quoi qu'il en soit, elle avait décidé de se faire passer pour une lycéenne afin de mieux "se fondre dans la masse", de passer pour une personne normale au sein de la société japonaise.
En fait, elle aurait très bien pu rentrer aux U.S.A. où elle faisait plus "couleur locale" mais une sorte d'intuition lui murmurait que cette partie de l'archipel nippon avait quelque chose d'inhabituel et elle brûlait d'en savoir plus.

Elle avait forte impression dès le premier jour de son entrée en classe, notamment auprès des élèves masculins, et ce n'était pas tant à cause de ses origines "exotiques" que de sa volumineuse poitrine qui avait attiré leurs regards. En faisant un scan de balayage dans la salle, elle avait perçu un afflux massif sanguin dans leur région pelvienne ; pour ce qui était des filles, c'était une toute autre affaire : Lisbeth avait lu différentes émotions sur leurs visages : jalousie, fascination, dégoût, curiosité, frustration...

Donc, après les avoir salué, elle s'assit à la place qui lui avait été assignée, au milieu à côté de la fenêtre, son voisin étant un garçon qui lui fit un sourire timide auquel elle répondit avec un sourire des plus chaleureux, qui le transporta instantanément en orbite... Le cour, qui était, par un hasard amusant, celui d'anglais avait eu peu d'intérêt pour elle mais elle y participa quand même avec un certain enthousiasme qui ravit les élèves et le professeur.
Les autres matières, surtout techniques, furent un jeu d'enfant pour elle : quand on a un microprocesseur en guise de cerveau et qu'on est relié à une immense base de données, c'était beaucoup plus facile de répondre aux questions du professeur et de résoudre les problèmes en un rien de temps. "Non seulement elle est canon mais elle est super balèze !" avait dit l'un des élèves à ses copains, après la fin des cours.

Ce qui dérouta Lisbeth, par rapport au système scolaire américain furent la participation des élèves au nettoyage et à l'entretien des salles de classe et des couloirs mais là encore, elle s'y prêta de bon cœur, se disant que cela ne ferait pas de mal à certains élèves de son pays d'origine.

Si, dans l'ensemble, ses camarades, surtout masculins, étaient impressionnés par elle, ils étaient quand même un peu interloqués par certains aspects de sa personne : elle restait tranquille à sa place, les mains biens à plat sur son bureau, le regard fixe, elle parlait d'une manière un peu mécanique, elle ne mangeait pas le midi, prétextant qu'elle n'avait pas très faim à cette heure de la journée et n'était pas incommodée par la chaleur (on était en août). Lisbeth s'en rendit rapidement compte et, au bout de quelques jours, finit par adopter une attitude un peu plus "normale".
De son côté, la cyborg se rendit compte que certains des élèves du lycée avaient quelque chose de spécial ou d'inhabituel : ses capteurs visuels lui fournissaient une réponse évasive quant à leur nature quand ce n'était pas "inconnu". D'ailleurs, c'était pareil pour l'une de ses professeurs, madame Myumi Ichtora qui enseignait les mathématiques et qui tenait plus du mannequin que de l'enseignante.

D'ailleurs, cette dernière l'avait convoqué le vendredi en fin d'après-midi pour un petit entretien, certainement pour dresser un petit bilan de cette première semaine. Lisbeth se présenta donc à l'heure prévue, dans la salle des professeurs, quasiment vide à cette heure-ci.

- Bonjour professeur ! fit-elle d'une voix calme et légèrement enjouée, s'inclinant légèrement. Vous désiriez me voir ?

La plupart des élèves étaient souvent quelque peu anxieux d'être convoqué par un professeur, même s'ils n'avaient rien fait de répréhensible, tant la scolarité japonaise était assez stricte en matière de discipline. Or, Lisbeth était d'un calme olympien.

Re: Une nouvelle au lycée [Lisbeth]

Posté : 18 août 2025 01:28
par Myumi Ichtora
En robotique, il existait un concept, l’uncanny valley, ou « vallée dérangeante », qui désignait ces robots aux visages si parfaits qu’ils en gommaient les imperfections humaines, et produisaient un sentiment de mal-être à les regarder. S’il fallait appliquer ce concept à Lisbeth, son comportement détaché tranchait avec sa beauté, et cela avait pu surprendre les professeurs. Au Japon, se sociabiliser était important, très important même. Ils avaient mis ça sur le dos de la mentalité occidentale, qui encourageait le célibat, et un individualisme exacerbé. Au Japon, les choses étaient différentes. Cela faisait partie des paradoxes du pays. Un pays très intéressé par les nouvelles technologies, mais enferré dans un traditionalisme étouffant. Les femmes célibataires comme Myumi étaient mal vues, au point que les sociétés japonaises proposaient à leurs employés célibataires des agences de rencontre. Une tradition si forte que les Japonaises célibataires allaient parfois jusqu’à financer de fausses cérémonies de mariage, pour le seul plaisir de faire « comme si » elles étaient mariées. Une schizophrénie qui tuait lentement le pays, comme un cancer purulent.

Myumi sortit de ses pensées quand Lisbeth toqua, et l’invita à s’asseoir. Myumi lui sourit, tâchant de ne pas trop loucher sur la colossale poitrine de Lisbeth.

« J’ai vu que tu étais une excellente élève, Rowland-san. Les professeurs sont unanimes. Je ne te cache pas que nous avions un peu peur, on raconte tellement de choses sur la baisse du niveau scolaire en Occident… Notre lycée se doit de conserver sa réputation d’excellence. »

Myumi lui sourit à nouveau, et reprit :

« Comme tu as dû le remarquer, les journées de cours finissent tôt, vers 15 heures. C’est pour laisser le temps aux étudiants de participer aux activités extrascolaires. Tu n’as pas le choix, tu vas devoir rejoindre un club, Lisbeth-san. »

En connaissant la politesse japonaise, on aurait pu observer que, après l’avoir appelé par son nom de famille, Myumi avait directement glissé sur le prénom, ce qui n’était pas convenable, traduisant une familiarité inhabituelle dans une relation de professeure à élève. La professeure distillait ses plans, tout simplement.

« Tu as une brochure sur les différents clubs. Chaque club est sous la supervision d’un professeur. Moi, par exemple, je dirige un club qui est très demandé, et qui a même coûté à notre établissement des lettres de réclamations… Le club de séduction et de romantisme. »

Cela passait mieux comme appellation que « club d’éducation sexuelle ».

« Les deux principaux clubs du lycée sont le Club social, le premier club historique du lycée, et le Club d’occultisme. »

Le premier était sous la supervision de Leona Morimoto, le deuxième sous celle de Mélinda Warren.

« Est-ce que tu as déjà pu faire ton choix ? Et, de manière plus générale, est-ce que tu as des questions sur cette première semaine d’intégration ? Personne ne t’a embêté ? »