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« Qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes »

Posté : 10 nov. 2024 05:07
par Arthur Duroy
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« …Et l’odeur pénétrait directement en eux jusqu’à leur cœur,
Et il y décidait catégoriquement de l’inclinaison et du mépris,
Du goût et du désir, de l’amour et de la haine.
Qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes
. »
(Le Parfum de Patrick Süskind.)
  • Nom : Duroy
  • Prénom : Arthur
  • Âge : 30 ans
  • Sexe : Homme
  • Planète d’appartenance : Auris, Tekworld – Rayon Indigo

HISTOIRE

1°) L’enfance du Sans-Odeur

Arthur Duroy est né de très basse extraction dans les marchés poussiéreux de la ville de Gilnéas, une grande cité aurienne où les oppositions sociales sont particulièrement marquées. Les individus de basse extraction vivent dans l’ombre de la riche aristocratie gilnéenne qui se pavanent dans leurs bateaux volants, surplombant les bas-quartiers, ou dans de grandes rues pavées entrecoupées de grandes places agréables et spacieuses.

Le jeune Arthur Duroy est né de père inconnu, dans le ventre d’une poissonnière aurienne dont le nom n’a pas été retenu dans la grande Histoire d’Auris. Ses quatre précédents enfants étaient mort-nés, la femme accouchant seule au milieu d’un tas de détritus. Elle s’attendait à ce que ce marmot meure également, mais celui-ci réussit à survivre, et, tandis que sa mère l’avait abandonné dans une poubelle, ses hurlements attirèrent des gardes auriens patrouillant dans le marché. Ceux-ci avisèrent la poissonnière, retrouvèrent l’enfant, et comprirent vite que celle-ci était responsable de cet abandon odieux. Pauvres ou riches, tous doivent obéir à la loi d’Auris, et la loi aurienne condamne douloureusement les infanticides. On décida d’appeler l’enfant « Arthur », et la poissonnière fut condamnée à la mort par la potence.

Arthur fut rapidement confié à un orphelinat géré par un religieux, Père Druffat. Un moine qui fut assez vite troublé par ce jeune bébé, car Arthur avait une particularité : il ne dégageait aucune odeur corporelle naturelle. Certes, on pouvait sentir l’odeur de ses excréments, mais son propre corps ne dégageait aucune odeur perceptible. Surpris par cela, Druffat et les autres sœurs religieuses commencèrent à se demander si l’enfant n’était pas une sorte de rejeton démoniaque, de créature possédée par le Démon. Auris avait beau avoir développé une technologie très avancée, les superstitions religieuses sont toujours très fortes.

Ce manque d’odeur suscita autant chez les adultes que chez les enfants une grande inimitié. Les nonnes le fouettaient régulièrement, le faisaient dormir dans des cellules exiguës, et les enfants l’humiliaient, l’insultaient, faisant rapidement de lui le souffre-douleur. Le « Sans-Odeur » devint rapidement un pestiféré nuisible, et on aurait été bien en peine de justifier rationnellement cette colère. On l’appela aussi « La Tique », car il parvint à survivre à tout. La famine, les maladies, l’épidémie de dysenterie qui emporta les trois quarts des enfants. Mais, ce qui troublait les autres, c’était le calme d’Arthur. On avait beau le battre, enfoncer sa tête dans la boue ou dans la cuvette bouchée des toilettes de l’orphelinat, Arthur s’accrochait à tout, sans se départir de son calme terrifiant. Peut-être aurait-il juste fallu qu’il pleure pour qu’on daigne enfin cesser de le tourmenter ?

2°) L’apprentissage d’Arthur

Après l’épidémie de dysenterie, Arthur atteignait alors ses huit ans, et fut vendu. L’épidémie avait malheureusement ravagé Gilnéas, et l’orphelinat de Père-Duffat, qui comptait sur les subventions publiques pour continuer à exister, dut se renouveler. Il fut rapidement décidé de vendre Arthur à Grimal, un redoutable tanneur, qui vit en lui un enfant prodigieux. Au milieu de la crasse, des odeurs infernales de la tannerie, des carcasses d’animaux, des mouches et des moustiques, Arthur survivait à tout. Il devint l’apprenti de Grimal, et, même si Grimal était brutal et alcoolique, Arthur apprit bien des choses de lui.

Grimal lui confia rapidement la mission de livrer les peaux de bêtes aux différents clients de sa tannerie. C’est ainsi qu’Arthur, qui continuait à grandir, découvrit la ville de Gilnéas, et ressentit des odeurs magnifiques. Le jeune homme maigrelet de l’orphelinat avait bien grandi, et était devenu bien plus massif. Musclé et solide, il se captiva rapidement par toutes les odeurs de Gilnéas. Arthur réalisa peu à peu, en discutant avec les autres apprentis, qu’il disposait d’un odorat exceptionnel, largement supérieur à la moyenne, un odorat surnaturel lui permettant de ressentir toutes les effluves.

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La cité de Gilnéas

Sa première révélation, Arthur la fit en se rapprochant d’une parfumerie. Le jeune homme ressentait les odeurs de parfum des magnifiques aristocrates auriennes se pavanant dans leurs robes dorées. Il eut sa première érection en sentant ces parfums, mais, très vite, la réalité se rappela à lui. Les vauriens n’avaient rien à faire dans les quartiers riches gilnéens, a fortiori après l’épidémie de dysenterie. Les gardes le ramenèrent dans les quartiers pauvres, l’abandonnant en ricanant dans une fosse à purin.

Au milieu de la mélasse, Arthur ne put que jurer une chose : lui aussi, un jour, serait comme tous ces aristocrates qui se moquaient des gens comme lui, et qui le prenaient de haut !

Le jeune homme continua sa vie, et continua ses livraisons, jusqu’à ressentir une autre odeur, très forte, émanant d’une jeune femme aux cheveux roux et aux yeux verts, qui se trouvait dans une élégante robe en soie à la rue des Marais. L’odeur enivrante de cette jeune fille le captiva rapidement. Elle s’appelait Suzanne, et elle était la servante d’une majordome travaillant au manoir des De Marelle, de riches aristocrates auriens, et elle avait subtilisé un parfum précieux pour attirer les garçons. Son regard se porta rapidement sur Arthur, car il était grand et fort. Lui, enivré par l’odeur, l’emmena avec lui. Ils s’isolèrent dans l’atelier de tannerie, et firent l’amour-là.

Puis Arthur la tua en l’étranglant. Il regarda son corps se tortiller sur place, alors que l’orgasme de cette femme avait libéré une odeur incroyable, qui le captiva furieusement. Il ressentit l’odeur de son corps nu, doux et chaud, et l’amena à un deuxième objectif. Outre devenir un riche aristocrate, il voudrait aussi connaître encore cette odeur, et arriver à développer un parfum qui représenterait le sexe, un parfum si parfait qu’en le reniflant, n’importe quel individu ressentirait une extase infinie. Un parfum parfait et absolu !

Plus tard, le meurtre de Suzanne fut découvert. Elle n’était pas une aristocrate, mais elle travaillait pour les de Marelle, et on ne pouvait pas décemment accepter cela. La police aurienne enquêta donc, et, rapidement, des témoins les conduisirent sur la piste d’Arthur. Doux et innocent, le jeune homme fut rapidement interrogé assez rudement par les enquêteurs, et avoua, tandis qu’on le battait dans un donjon avec un fouet, que le coupable était Grimal, qu’il l’avait payé pour qu’il amène cette fille, et qu’elle avait hurlé, supplié, tandis qu’il l’avait violé et tué.

Ce témoignage ne surprit guère les enquêteurs, car Grimal était connu pour sa brutalité, et plusieurs prostituées s’étaient déjà plaintes de ses excès de violence. L’homme eut beau jurer son innocence, la police aurienne l’appréhenda, et il fut condamné à la potence.

Sur l’échafaud, le tanneur sentit la corde autour du cou, et, tout en jurant son innocence, sentit la trappe se dérober sous ses pieds. Et, tandis qu’il gigotait lamentablement au bout de sa corde, Arthur l’observait. Le jeune apprenti le regarda mourir, mais fut rapidement assez déçu…

…Car l’homme avait une odeur beaucoup moins intéressante que celle de Suzanne.

3°) La Parfumerie Baldini

Sans emploi, Arthur aurait pu travailler dans des boucheries ou même dans d’autres tanneries, mais il choisit de se faire embaucher par une parfumerie locale. Celle-ci était tenue par un certain Guiseppe Baldini. Cependant, la parfumerie Baldini n’avait pas besoin de nouveaux apprentis, car son atelier était déjà complet. La Parfumerie Baldini intéressait beaucoup Arthur, dans le sens où elle confectionnait ses propres parfums. Patient, Arthur décida donc de forcer le recrutement.

Il attendit que l’un des artisans sorte de la Parfumerie. L’homme passait souvent du temps dans une auberge, et se rendait ensuite, ivre, dans un bordel attenant. Arthur le cueillit sur le chemin un beau soir. Il fracassa une bouteille d’alcool sur son crâne, et l’égorgea ensuite, avant de lui voler son porte-monnaie et ses bijoux. La police attribua le meurtre à une bande de vauriens, et Guiseppe Baldini fut bien obligé de recruter à nouveau.

Arthur ne fut pas trop difficile à être embauché, car il avait pour lui ses facultés olfactives surdéveloppées, qui lui permirent rapidement de gagner un poste. Il apprit ainsi dans le laboratoire la confection des parfums, et s’avéra rapidement être extrêmement doué. Apprenant à l’aide de livres et des connaissances de Baldini, il constata aussi assez vite que le maître-parfumeur était loin d’être aussi talentueux que ce qu’il pensait. Guiseppe Baldini avait peut-être été jadis un excellent parfumeur, mais il avait perdu de sa superbe. Sa boutique était sur le déclin, et les créanciers se multipliaient.

Guiseppe trouva en Arthur un jeune prodige, car Arthur se lança dans l’exploration des parfums. Il devenait alors suffisamment grand pour aller dans les maisons closes. Il faisait l’amour frénétiquement, attiré par la chair, mais surtout par l’odeur, choisissant ses partenaires en fonction de leurs parfums. Lui-même, le Sans-Odeur, se parfumait également, et développait des parfums envoûtants, très aphrodisiaques, mais qui n’étaient encore que des prototypes face à son « parfum parfait ». En faisant l’amour avec les prostituées, il s’instruisait, et s’aidait de leurs odeurs.

Les parfums d’Arthur firent très vite fureur, et Baldini s’en attribua rapidement tout le mérite. Arthur apprit auprès de lui la technique de la distillation, un art permettant de s’occuper de l’odeur des fleurs. La parfumerie était un art complexe, consistant à reproduire dans un flacon des odeurs naturelles. Il fallait pour cela apprendre à en extraire l’essence. Tout ce qu’Arthur arrivait à faire, c’était à utiliser des arômes existants pour reproduire les odeurs qu’il ressentait, mais il était incapable d’aller au-delà. Baldini lui parla alors de la ville de Vanderport, une cité d’artistes, de parfumeurs, où il pourrait perfectionner ses techniques, et notamment maîtriser l’art de l’enfleurage, une technique d’extraction utilisant la graisse pour absorber les odeurs.

Baldini, conscient du talent d’Arthur, rechignait à le laisser partir. Pour qu’Arthur puisse se former, il avait besoin de passer du statut d’apprenti à celui de compagnon, un titre au sein de la guilde des parfumeurs qui l’autoriserait à être formé à Vanderport. Devant le refus du vieil homme, Arthur décida de le menacer. Il savait que Baldini était un escroc, qui menait une double comptabilité dans le but de flouer le Trésor public. Une situation d’autant plus délicate qu’Auris était de nouveau en guerre contre Uatis. Pour obtenir sa promotion, Arthur menaça de révéler les multiples escroqueries de Baldini, que ce soit auprès du fisc, ou même auprès de sa clientèle, en organisant une démonstration publique. Baldini accepta donc, et se dit que, avec Arthur à Vanderport, il aurait un rival en moins…

4°) Vanderport

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Vanderport

Le voyage vers Vanderport se déroula plutôt bien. Arthur était alors un jeune homme très impressionnant. Grand et athlétique, il percevait les odeurs comme jamais, et ressentit à Vanderport des effluves incroyables. Construite le long de la mer, la ville était très belle, avec de multiples fontaines, des places, des chanteurs, des artistes en tout genre. Il découvrit une nouvelle parfumerie chez Madame Arnulfi, et c’est là qu’Arthur perfectionna encore ses techniques. Le parfumeur-en-herbe se découvrit également une passion supplémentaire pour les femmes. Arnulfi était une jeune aristocrate de Vanderport qui aimait beaucoup l’art olfactif, et se passionna rapidement pour Arthur.

Elle éduqua le jeune rustre en lui apprenant les manières de la bourgeoisie, et, à travers le sexe avec cette femme raffinée, Arthur développa encore plus ses capacités olfactives, utilisant son potentiel pour pouvoir déterminer, avec les odeurs, celle de la jouissance. Car la cyprine dégageait une odeur très particulière, une odeur que même les nekos ne parvenaient pas à discerner, mais que lui identifia ! Et Arthur trouvait très frustrant de ne pas faire sentir cette odeur chez les femmes avec qui il faisait l’amour, les battant quand elles simulaient. Mais, même en temps normal, il était toujours très violent, comme si le sexe était pour lui l’occasion d’extérioriser sa frustration, et ses années de souffrance.

Pour pallier à son manque d’odeur, Arthur se parfumait aussi. Madame Arnulfi ne pouvait l’épouser, car son époux était puissant. Elle lui apprit aussi que, à Auris, les femmes n’avaient aucun pouvoir politique, et agissaient dans l’ombre, rêvant de mettre fin aux guerres sexuelles entre Auris et Uatis. Il s’avéra vite qu’Arthur manquait de beaucoup d’éducation, et la femme entreprit de le former. C’est également elle qui lui trouva un nom, « Duroy », ainsi que des papiers d’identité, ce que Baldini avait sciemment refusé de lui faire, et qui posa problème à Arthur quand il se retrouva embarqué dans une rixe à une auberge de Vanderport. Les autorités le prirent pour un esclave, avant que Madame Arnulfi ne le libère de là.

Rien de tout cela n’échappa toutefois à la sagacité de Lord Arnulfi, qui était l’un des barons de Vanderport. Quand il commença à suspecter Arthur de coucher avec sa femme, il agit en conséquence. Arthur menait alors ses cours privés dans la magnifique maison des Arnulfi, où il en profitait pour faire régulièrement l’amour avec la noble, s’envoyant en l’air dans leur chambre à coucher.

Lord Arnulfi utilisa ses liens avec l’armée pour qu’Arthur rejoigne le front, car une nouvelle guerre avait éclaté avec Uatis. Il dut quitter Madame Arnulfi, qui avait commencé à s’amouracher de l’homme… Sans se douter qu’à aucun moment, Arthur ne l’avait considéré que comme un bien utile à satisfaire ses fins. Car, avec elle, il parvint à perfectionner ses techniques, et à se rapprocher du parfum absolu, utilisant des flacons spéciaux faits à partir de graisse pour attraper la sueur de Madame Arnulfi, et reproduisant à partir de cette sueur son odeur… Ce qu’il fit aussi avec sa cyprine, conservant soigneusement ses échantillons dans son laboratoire.

Puis la guerre vint le saisir.

5°) La Ligne de Partage

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Véritable no-man’s land, la Ligne de partage était une vaste étendue de guerre entre les forces uatéennes et auriennes. Une guerre que les Auriens étaient progressivement en train de perdre avant que les Xénos n’arrivent. Les Uatéennes avaient dû dégarnir leurs forces, mais, régulièrement, des étincelles avaient lieu. Arthur se fit rapidement un nouvel ami en la personne de Charles Forestier. Arthur s’avéra assez rapidement talentueux à l’équitation, et rejoignit par conséquent les hussards auriens, des régiments de cavalerie légère destinés aux attaques légères. De la cavalerie semblait bien rudimentaire contre les chars d’assaut uatéens, mais les soldats auriens portaient généralement des armures magitechs, et n’étaient pas destinés à affronter les armes de guerre uatéennes, mais les régiments de fantassins. Arthur eut une démonstration lors du camp d’entraînement de l’efficacité des armures magitechs, quand son commandant lui tira dessus avec une arme à feu uatéenne. Les balles rebondirent contre l’armure, qui absorbait la force cinétique des balles, et lui permettait alors d’attaquer avec des attaques magiques. Les armures n’étaient toutefois pas infaillibles, mais bien plus efficaces que ce qu’on pouvait croire de prime abord.
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Les hussards auriens pouvaient chevaucher des chevaux mécaniques conçus à partir de carcasses de chevaux

La guerre était une grande nouveauté pour Arthur, qui constata vite toute l’horreur de ce conflit mécanique. Les Auriens disposaient de machines redoutables, et, là où les Uatéennes misaient tout sur leur technologie avancée, le mélange de magie et de technologie parvenait étrangement à équilibrer la bataille. Répondant aux tanks uatéens, les Auriens avaient développé leurs propres chars d’assaut, déployant également de massifs mastodontes, très coûteux en ressources.

Il fallait ajouter à cela les bombes chimiques lâchées par les zeppelins, les jets de napalm… La Ligne de Partage comprenait de nombreuses tranchées, des complexes souterrains. Arthur y resta plusieurs années, connaissant l’enfer des charniers. Plusieurs villes auriennes tombèrent et furent reprises. Son expérience la plus traumatisante, celle qui lui rappela son passé de vaurien, fut quand il fut laissé pour mort, et se réveilla dans une fontaine transformée en charnier. Arthur dut sa survie à Charles Forestier, son capitaine de régiment. Ensemble, ils parvinrent à s’exfiltrer des lignes ennemies, et rejoignirent une troupe aurienne.

Le service d’Arthur prit fin, mais, quand il retourna à Vanderport, il constata que la Parfumerie Anulfi avait fermé. Disposant d’une maigre pension militaire pour services rendus, il était également réputé pour être l’amant de Madame Anulfi, de sorte qu’aucune parfumerie ne souhaitait l’embaucher de nouveau. Arthur se retrouva alors à travailler à la Compagnie des Chemins de Fer, une compagnie exploitant de multiples guildes ayant pour but d’installer des lignes de chemins de fer. Étant plutôt costaud, Arthur s’avéra être un bon ouvrier.

Il dilapida sa pension dans l’alcool et les femmes, tant Madame Anulfi lui manquait. Pendant la guerre, il lui avait écrit, complimentant sa beauté, essayant de faire en sorte que les lettres en lui arrivent que secrètement… Mais elle ne les avait jamais lus. Il coucha avec bien des prostituées, mais ne retrouva jamais une odeur comparable à celle de Madame Anulfi. Arthur sombra, il redevint le minable vaurien qu’il était.

C’est finalement son vieil ami Charles Forestier qui le retrouva. Ému par la situation misérable de son compagnon de guerre, Charles, lui, s’était plutôt bien reconverti. Il était devenu le rédacteur-en-chef d’un journal national, La Vie Aurienne, un journal antimilitariste dénonçant les absurdités de la guerre, et qui se trouvait… À Gilnéas !

Comble de l’ironie, et signe que cette ville lui était prédestinée, Forestier lui apprit que les Anulfi avaient voyagé à Gilnéas.

6°) Retour à Gilnéas

Les cieux s’accordèrent, car la Compagnie des Chemins de Fer envisageait de construire une nouvelle ligne à Gilnéas. Arthur Duroy se rendit donc sur place. Le jeune homme ne tarda pas à retrouver Charles Forestier, qui lui proposa une soirée mondaine dans le manoir des de Marelle, une puissante famille aurienne. Forestier savait qu’Arthur avait vécu des exploits incroyables lors de la guerre, et l’envoya auprès d’un tailleur.

Arthur se retrouva ensuite à la soirée mondaine, et commença à revivre. Il constata alors qu’il y avait des Anulfi partout ! Les odeurs soyeuses de l’aristocratie, raffinées et sophistiquées, l’excitèrent furieusement, réveillant en lui quelque chose qui avait semblé dormir pendant très longtemps. C’est lors de cette soirée qu’Arthur rencontra la baronne de Marelle, Clothilde de Marelle. Femme joviale et proche du milieu artisan, elle n’aimait que fort peu son mari, un militaire très souvent absent, sur la Ligne de Partage, et se trouva vite charmée par Arthur.

Le parfumeur décida alors de se lancer. Il montra à Clothilde l’échantillon de son parfum aphrodisiaque, un parfum qu’il avait développé avec les odeurs de Madame Anulfi, et le résultat fut foudroyant. Ils firent l’amour avec une passion incroyable, et Clothilde tomba ensuite amoureuse de lui, de son corps parfait, de cette sauvagerie, et de son parfum, oh, de ce parfum ! Elle décida de le soutenir, et Arthur décida de créer sa propre parfumerie. Avec l’argent des de Marelle, il confectionna son propre laboratoire, et bénéficia de l’aide de Forestier, qui fit des critiques élogieuses sur son parfum, La Sensuelle.

Le succès fut au rendez-vous, mais la Sensuelle n’était qu’une version atténuée de son parfum parfait, qu’il offrait à sa clientèle, conservant jalousement pour lui son parfum, qu’il intitula la Jouvencelle. L’ingrédient secret de la Jouvencelle, c’était la cyprine, tandis que la Sensuelle utilisait uniquement la sueur. Pour séduire les femmes, Arthur utilisait la Jouvencelle, et, pour les hommes, utilisait du sperme, et dénomma cet autre parfum le Jouvenceau.

Sa parfumerie se développa rapidement, attirant deux vieilles figures de son passé : Guiseppe Baldini, et Madame Anulfi.

Le premier avait su se reconstruire, et, en graissant certaines pattes, était sorti de ses problèmes fiscaux. Proche des milieux criminels, Baldini était aussi devenu secrètement un espion uatéen. L’homme avait jadis été un maître-parfumeur de renom, et force est d’admettre que la présence d’Arthur avait relancé son esprit créatif. Mais Baldini cherchait surtout à développer un poison, un parfum mortel dont le but n’était pas de tuer les femmes, mais qu’elles portent sur elles une odeur mortelle. Baldini était sans doute le seul à avoir compris qu’Arthur Duroy était très dangereux, mais Baldini n’était guère en reste non plus. Le fait est que Baldini était proche des Anulfi, et, après le départ d’Arthur à la Ligne de Partage, avait obtenu les notes de recherche de Duroy. Il avait été très impressionné, notamment de sa technique d’extraction d’essence des odeurs corporelles, et cherchait à développer les siennes… À partir de sang humain.

Quant à Madame Anulfi, elle avait été reniée par son mari. Et une femme divorcée, à Auris, était jetée à l’infamie. En la voyant, Arthur constata qu’elle avait perdu de sa superbe, et apprit qu’elle avait utilisé sa fortune pour remettre en place un bordel. Elle était aussi tombée profondément amoureuse d’Arthur Duroy. Arthur consentit à lui faire l’amour, mais constata vite que plus rien n’allait chez Madame Anulfi. Son odeur était désormais salie, elle empestait la pauvreté, le misérabilisme. Désespérée, Anulfi souhaitait désormais vivre avec lui, et était prête à tout, y compris à devenir son esclave.

Arthur consentit à cette relation, car Anulfi était devenue assez influente dans le milieu de la prostitution. Elle espérait qu’il l’aime, mais c’était peine perdue. Et Arthur se méfiait de Baldini, dont il avait eu l’occasion de constater que l’homme avait le bras long.

Parallèlement, la relation entre Arthur et Charles Forestier commença à se dégrader. Charles était un idéaliste, qui attirait à lui les foudres du pouvoir aurien par ses prises de politique. Et, surtout, alors qu’Arthur prospérait, Forestier, lui, perdait les vivres. Il était un jeune aristocrate, mais ses parents, des conservateurs, appréciaient de moins en moins ses positions. Or, s’ils lui coupaient les vivres, son journal fermerait ! La Vie Aurienne avait déjà perdu plusieurs subventions publiques en raison de ses positions éditoriales, et la situation désespérait Charles, qui commença à se droguer au fisstech, et réclama de l’argent à Arthur.

Les deux finirent irrémédiablement par se disputer. Charles rabaissa Arthur, lui assurant qu’il ne serait jamais un aristocrate, et que l’aristocratie ne tolérerait jamais un bourgeois ! Arthur aurait pu le tuer, mais il décida de se venger autrement.

Il utilisa la Jouvencelle sur la ravissante femme de Charles, Madeleine Forestier. Madeleine s’avéra néanmoins plus résistante que les autres conquêtes d’Arthur. Si elle succomba à la Jouvencelle, elle ne tomba pas pour autant amoureuse d’Arthur. Celui-ci constata qu’elle lui ressemblait fortement. Forte et indépendante, elle rêvait de partir à Uatis, car, ici, à Auris, seule une femme mariée avait droit à l’indépendance. Elle n’avait épousé Charles que pour pouvoir ouvrir un compte en banque, même si elle admirait son militantisme. Manipulatrice, elle était aussi idéaliste, souhaitant la fin de la guerre, et finançait les associations militant pour le droit des femmes.

Arthur décida donc de se venger autrement de Charles, et le dénonça pour sa prise de stupéfiants, ce qui l’amena en prison.

7°) Arthur l’aristocrate

La fortune d’Arthur ne faisait toujours de lui qu’un simple bourgeois. Il trouva sa chance quand La Vie Aurienne fut rachetée. Après l’emprisonnement de Charles Forestier, le journal fut placé en liquidation judiciaire, et racheté par Lloyd Walter, un riche financier qui avait trouvé fortune à base de spéculation financière et boursière. Monsieur Walter avait investi son argent dans l’immobilier, dans les usines, mais aussi dans des hôtels luxueux. Mais, surtout, Monsieur Walter avait avec lui une femme absolument magnifique, Suzanne Walter, et une fille tout aussi ravissante, Virginie Walter. Arthur nota d’emblée que les deux femmes étaient magnifiques, uniques au monde… Olfactivement parlant.

Sa chance lui sourit quand Virginie Walter ouvrit sa boutique. Jeune adolescente frivole, elle aimait passer ses soirées dans les cabarets, et avait envie d’un parfum. Arthur y vit l’occasion, et usa sur elle de son parfum parfait. La Jouvencelle la frappa, et elle s’offrit à lui. Confuse après cet acte, où Arthur perça son hymen, celui-ci récupéra son sang virginal, qui avait une odeur très particulière, et confectionna un nouveau parfum encore plus redoutable, la Jouissance.

Virginie, quant à elle, était confuse, et s’enfuit de la parfumerie, peinant à croire qu’elle avait pu offrir sa virginité ainsi, elle qui, tout en étant frivole, se refusait toujours aux garçons. Elle revint toutefois, et c’est par son intermédiaire qu’Arthur atteignit sa véritable cible, Suzanne Walter. Il se rendit chez elle, et utilisa la Jouissance sur les deux femmes. Le résultat fut absolument édifiant, et ils firent tous les trois l’amour. Sous l’effet de ce parfum suprême, toutes les inhibitions cédaient, toutes les pulsions s’affirmaient, tous les remparts disparaissaient. La Jouissance était son parfume le plus abouti jusqu’à présent, une arme terrible !

Avec l’aide des deux femmes, Arthur réussit à se débarrasser de Lloyd Walter. Il sabota le chariot électrique de l’homme, et la bobine énergétique s’enflamma alors qu’il se trouvait dehors. Sire Walter mourut visiblement dans d’atroces souffrances.

Arthur, lui, célébra cela en diffusant la Jouissance dans le magnifique manoir des Walter.

Suite à la mort de Lloyd Walter, Arthur Duroy récupéra son empire en épousant la veuve. Il acquit ainsi une fortune colossale, et constata que Sire Walter avait également des usines militaires de premier plan, ce qui amena Arthur à recevoir la visite, dans son manoir, le Ministre des Armées, et plusieurs hauts-colonels. Arthur n’avait qu’une condition pour maintenir les généreux contrats d’armement : qu’on l’anoblisse.

Ce fut fait rapidement.

Et, lors de la cérémonie d’anoblissement, il observa les femmes des ministres, cherchant de nouvelles proies potentielles pour poursuivre son inexorable ascension.

Plus rien ne semblait devoir l’arrêter. Il reprit La Vie Française, fit de Clothilde de Marelle sa maîtresse, et en fit de même pour Madeleine Forestier. L’homme cherchait surtout des vierges pour relancer son stock de Jouissance. Maintenant qu’il était arrivé au sommet, que pouvait-il faire d’autre… Si ce n’est continuer à grimper encore ?

Mais, dans cette irrésistible hausse, Arthur négligea deux faits… Il négligea la haine que deux individus lui vouaient.

Le premier s’appelait Guiseppe Baldini. La haine et la jalousie envers le talent d’Arthur avaient amené Baldini à sombrer dans ses plus vils penchants, et celui-ci était devenu un psychopathe, égorgeant les prostituées la nuit pour confectionner son parfum empoisonné, la Sanguine.

Le second s’appelait Charles Forestier. L’homme avait tout perdu à cause de l’individu qu’il avait sauvé de la guerre. Il avait perdu son journal, sa réputation, sa femme, son argent, et vit, impuissant, Arthur lui voler tout ce qu’il avait construit.

Les deux hommes se retrouvèrent par hasard un soir… Et Charles l’aida à appréhender une prostituée qui s’enfuyait de lui. Tout les opposait, sauf leur haine commune à Arthur Duroy.

Mais ce ne fut pas là l’erreur capitale d’Arthur, car il négligea la haine d’une femme, celle qui fournissait à Baldini ses proies. Il négligea une autre des femmes qu’il avait détruit lors de son ascension vers la gloire… Madame Arnulfi.

RELATIONS

ALLIÉS
  • Suzanne Duroy. Elle est la femme d’Arthur, et la première victime de son nec plus ultra, le parfum Jouissance. Ce parfum a rendu la jeune femme amoureuse de lui, et elle l’a aidé à tuer son mari. Aujourd’hui, Suzanne est l’épouse d’Arthur Duroy… Jusqu’à quand ?
  • Virginie Duroy. Fille de Suzanne et de feu Lloyd Walter, elle a permis à Arthur, avec son sang virginal, de concevoir la Jouissance. Depuis lors, elle est également sous l’emprise de l’aristocrate aurien,
  • Madeleine Forestier. Ancienne épouse de Charles Forestier, elle a conservé le nom de son mari. Madeleine est une amante régulière d’Arthur, mais elle est aussi une grande énigme, car elle parvient à résister à l’influence envoûtante de ses parfums… Plus ou moins.
  • Clothilde de Marelle. Clothilde est une jeune aristocrate frivole, qui apprécie la compagnie d’Arthur, et surtout de ses parfums. Elle aurait pu être l’une des épouses d’Arthur, mais est désormais l’une de ses maîtresses.

ENNEMIS
  • Charles Forestier. Ancien ami et officier d’Arthur Duroy, Charles Forestier a tout perdu à cause de lui. Grâce à ses parents, des aristocrates, il développait un journal aurien antimilitariste qui a fait de lui mauvaise presse. Arthur a agi encore contre lui, mettant fin à leur rivalité en le dénonçant pour sa consommation de fisstech. Ses parents l’ont depuis renié, et Arthur a récupéré son journal en épousant Suzanne Walter. Depuis lors, Charles ne vit que pour se venger de son ancien ami,
  • Guiseppe Baldini. Guiseppe a été le premier maître-parfumeur d’Arthur Duroy, qui lui a appris les techniques de base. Baldini était alors un ancien virtuose sur le déclin, qui a retrouvé en Arthur un second souffle. Une jalousie qui n’a cessé de croître, jusqu’à ce qu’Arthur lui cause des difficultés majeures en le dénonçant aux autorités fiscales. Baldini a depuis réussi à se reconstruire, et, par l’intermédiaire de Madame Arnulfi, s’est lancé dans la confection de la Sanguine, un redoutable poison, qui nécessite d’utiliser comme base le sang de jeunes femmes. Baldini est depuis lors un psychopathe redoutable.
  • Priscilla Arnulfi. Aussi appelée « Madame Arnulfi », c’est elle qui a tout enseigné à Arthur, ou presque. Elle lui a appris à lire, à écrire à savoir bien se comporter, et c’est également elle qui lui a appris à perfectionner ses techniques de parfumerie. Malheureusement, elle fut la cobaye involontaire d’Arthur, et, quand son mari apprit sa liaison, il la renia. Arthur la traita initialement comme une esclave avant de tout simplement l’abandonner. Étant maintenant la tenancière d’un bordel, Madame Arnulfi a juré de se venger d’Arthur Duroy.
POUVOIRS & PARFUMS

Arthur Duroy n’a aucun véritable super-pouvoir, si ce n’est celui d’avoir un odorat surdéveloppé. C’est un don de naissance, surnaturel, magique. Son odorat est plus affuté que celui des nekos ou des okamis, et il a su le perfectionner au point de ressentir toutes les subtilités d’une odeur corporelle. Paradoxalement, Arthur n’a aucune odeur corporelle, et porte régulièrement des parfums pour dissimuler cette absence d’odeur. Son pouvoir est tel qu’il peut même renifler l’odeur de la cyprine, ou du sang.

Le nez humain se compose de 400 récepteurs olfactifs permettant de sentir à chaque inspiration. Chez Arthur, ces récepteurs olfactifs sont bien plus amplifiés que la moyenne. L’odorat est un sens bien trop sous-estimé par le commun des mortels, et encore très mystérieux. Les analyses scientifiques démontrent qu’il existe un lien anatomique entre olfaction, mémoire, et émotion, l’odorat étant directement connecté au cerveau humain. Des études scientifiques démontrent également l’importance de l’olfaction dans la détection des phéromones

Parfumeur de génie, Arthur a utilisé ses talents pour concevoir des parfums redoutables :
  • La Sensuelle. Parfum aphrodisiaque de base vendu par Arthur, il est redoutablement efficace, et a fait fortune. Arthur utilise comme ingrédient secret dans sa composition la sueur humaine, en extrayant l’odeur pour l’utiliser dans ce parfum magnifique, qui a fait la base de la fortune de Duroy.
  • La Jouvencelle. Version améliorée, ce parfum aphrodisiaque utilise la cyprine. C’est un parfum très efficace, qui déclenche un désir terrible pour n’importe quelle femme le renifle.
  • Le Jouvenceau. Utilisant le sperme, le Jouvenceau est la variante masculine de la Jouvencelle. Si la Jouvencelle excite les femmes, le Jouvenceau excite les hommes.
  • La Jouissance. Dernière version améliorée en date de son parfum, la Jouissance peut potentiellement créer un orgasme instantané, et transforme les personnes reniflant ce parfum en nymphomane total. Toutes les inhibitions quelconques sautent, et elles ne peuvent obéir qu’à Arthur. La Jouissance est complexe à réaliser, et nécessite comme base pour le parfum l’hymen...

RPs

1°) Louve pour Maître [Dasã]
2°) Sexe, Parfum, et Conspiration [Valeria]
3°) A la Deliziosa Demone [Maurice Malné]