Adossée contre un mur froid et inconfortable, je regarde ce double étrange de moi-même. Une femme aux traits indistincts. Une peau froide et lisse. Derrière ce visage mouvant sans yeux, seulement du vide.
*Voilà ce que je fais de mes pouvoirs. J’utilise les plantes pour créer une ossature et l’acier pour habiller d’une fausse peau. Je suis pathétique… *
Pourtant, Marischka ne peut détourner les yeux de son double crée par ses pouvoirs. Peu avant, elle a rejeté une personne. De façon agressive. Et surtout, de façon injuste. Une femme qui s’inquiétait pour elle. Une petite vieille qui lui tendait une main et dont elle a refusé pour un orgueil mal placé et des blessures internes trop anciennes.
*Qui voudrait réellement m’aider de toute façon ? Je ne le mérite pas. Je ne peux rien apporter à personne. Bonjour, je suis Marischka. Je suis associable. Je grogne. Je montre les crocs comme un chat errant et affamé. Sauf que moi ? Moi, secrètement, je cherche… NON ! Reprends-toi, Marischka ! CHUT ! *
Le derrière de sa tête vient s’appuyer contre le mur. Ses yeux se perdent dans les lignes quadrillées du plafond. Des tâches d’humidité maculent les plaques. Comme si, même le bâtiment lui aussi pleurait en silence dans son coin. Marischka en a marre de ce bureau abandonné. Elle décide de se relever. Le double d’elle-même disparaît dans une flaque d’acier et dans la reptation des lianes sur le sol.
Prenant la porte, elle se retrouve dans un hall immense. Un endroit aux IPN d’acier, grandes lignes verticales qui font lever les yeux vers des fenêtres brisées. La lumière passe au travers et vient éclabousser le sol de tâches blanches. Marischka préfère les éviter alors qu’elle poursuit son urbex. Au moins, dans ce lieu, elle est seule. Personne pour l’emmerder.
*Seule. Toujours seule… *
Ce n’est pas son monde ici. Il y a beaucoup de ressemblances. Mais ce n’est pas son monde. Il y a bien une Poison Ivy ici, par exemple, mais son corps et son apparence sont très différents. Plus positif. Comme si les gens de ce monde souffraient moins que dans le sien. Après tout, même le ciel est plus bleu. Le soleil plus lumineux. Et… ça la dérange. Ça la met mal à l’aise. Elle se sent encore plus étrangère.
Elle se retourne soudainement. En posture défensive. Prête à défendre chèrement sa peau. Sous son blouson de cuir, les lianes ondulent, prêtes à claquer dans l’air telles des fouets vivants.
*Rien. Je dois commencer à péter un plomb, tout simplement. Bon… qu’est-ce que je fiche maintenant ? Je vais pas rester éternellement ici à rien faire… *