*TA GUEULE, Alma ! Ta Déesse vient de te donner un ordre. Ecrase-la, merde !! *
Alma baisse la tête. Elle avale ses grognements et ses complaintes. Sa Déesse lui a dit de se mettre au repos. Elle lui dit qu’elle apprend elle aussi à incarner un rôle : celui de la mère. De sa mère. Pour elle. Et elle seule ! C’est un privilège !!
« Donc… je ne fais rien ? »
(soupire…)
« Très bien, très bien. »
Et soudainement, comme si son corps répondait à un claquement de doigt, Alma a l’impression de sentir le poids de la fatigue l’écraser. Elle ressent chaque ecchymose et chaque blessure. Elle repense à chaque étape importante de son affrontement. Le film de la bataille passe et repasse. Ce qu’elle aurait du faire. Ce qui était inévitable.
*Stop ! Ta Déesse t’a dit de ne rien faire. Non, faux, elle t’a demandé ce que tu voulais faire avec elle demain. *
Ses paupières lui semblent plus lourdes. Mais ce n’est pas le moment de dormir. Il y a encore tant à faire. Réfléchir à la journée de demain. Reprendre le contrôle sur ses pouvoirs. Se préparer à manger. Se doucher, se panser et se changer. Tant de choses à faire. La montagne de tâches semble impossible à gravier…
« Manger ensemble ? Je n’en sais rien. Je crois que j’ai dit ça parce qu’on l’a déjà fait et que j’avais trouvé ça agréable. »
*Mauvaise réponse, Alma. Tu peux donner une meilleure réponse que ça. Réfléchis, bon sang. *
« Faire du shopping ? J’ai l’impression que c’est ça que font deux femmes ensemble quand elles veulent tuer le temps. Mais… Non. Non, c’est débile ça aussi. »
*Mais qu’est-ce qu’il y a ? C’est si dur que ça de choisir une activité ? Tu es si brisée par ta vie précédente que tu ne peux pas trouver une seule bonne idée ? Une idée nouvelle ? Pas une seule ? *
Ca l’énerve, Alma. Ne pas s’entraîner. Se sentir faible. Se sentir comme une enfant qui s’est mal comportée. Et puis maintenant devoir trouver une réponse stupide à une question stupide… mais… mais elle veut passer ce temps avec Shayne. Elle veut l’avoir pour elle toute seule. La sentir. Sentir son affection. Sa chaleur humaine. Se sentir spéciale dans ses yeux. Etre unique.
« Emmène-moi dans un lieu unique. Sur cette Terre ou sur une autre, je m’en fous. Un endroit où on ne sera que toutes les deux. Un lieu où tu seras obligée de t’occuper de moi. Je veux… je veux… je ne sais pas. Que font une mère et sa fille pour se lier ? Que font une Déesse et son espoir ensemble ? »
Alma regarde son bras fleuri. Puis son torse hérissé d’acier.
« Emmène-moi dans un endroit où je ne sentirais ni le Vert ni le Gris. Uniquement toi. »