La forêt des Loups…ce lieu avait été une bénédiction pour la Okami, car dans ce bois, elle avait pu se soigner, se reposer et retrouver ses forces. Par ailleurs, elle avait fait une nouvelle rencontre, une chimère du nom de Linda, réticente au début à la laisser pénétrer dans son territoire, cette dernière avait fini par aider l’Okami après qu’elle eut fait ses preuves. Par la suite, une amitié s’était formée entre les deux femmes et la lycane aurait pu choisir de rester au sein de la Forêt des Loups, cet endroit présentait bon nombre d’avantages, surtout celui d’être situé en pleins milieu d’une zone aride, donc par conclusion, très difficile à atteindre.
La louve avait reçu la proposition d’y rester, mais elle avait décliné l’offre. Il y’a encore quelques mois, sans doute l’aurait-elle accepté mais actuellement, elle n’aspirait qu’à une chose rentrer. Lors de son dernier achat, elle avait pu discuter avec l’homme ou plutôt le démon qui deviendrait son maître et avait promis à cet être démoniaque qu’elle ne fuirait pas et la louve tenait ses promesses. En tant que Okami qui avait des instincts lupin, Shad pouvait se montrer également très loyale, d’où la raison pour laquelle elle tentait de rentrer, alors que tout autre Okami en aurait profité pour s’enfuir, loin de leurs chaînes.
Un bruit, des hennissements, des paroles dites à voix haute. La jeune Okami se figea un instant, tendant l’oreille, portant instinctivement sa main à sa ceinture, ses doigts contre la garde d’une de ses gardes. Prudemment, elle s’avança, faisant le maximum pour ne pas faire le moindre bruit, ses pas effleurant le sol comme si elle serait en train de chasser sous sa forme animale. Bien vite, elle accéda à un point d’observation et manqua de lâcher un cri de stupeur, car la vue qui lui était offerte, lui glaçait le sang.
Une horde de chasseurs d’esclaves, tous armés jusqu’aux dents, discutaient entre eux, frappaient des Okamis fraîchement capturés voir les violer pour la plupart. A peine ces êtres étaient-ils mis au fer que leur éducation pour devenir de simple jouet sexuelle débutait. La prise sur sa dague se fit légèrement plus forte, une prise de frustration. Ce campement était en plein sur le chemin qui était censé l’emmener à la ville.
La lycane jugea rapidement la situation. Se jeter en pleins dans la bataille ? Très peu pour elle. Il ne s’agissait pas cette fois que de trois hommes comme Aelfric mais de plusieurs douzaines. Oh bien sûr, elle savait se battre et pourrait se défendre, mais elle n’allait tout de même pas se jeter dans la gueule du loup. De plus, elle était persuadé que si elle clamait qu’elle tentait de rentrer chez son « maître » à Lumen, on ne la croirait pas. Pas folle non plus. Il ne lui restait plus qu’à faire un détour, pour éviter ce contingent.
« Hey regardez là-haut ! « Clama une voix rauque, un index pointé vers la jeune lycane.
Enfin cela était la forme, dans le fond, tout ne se passa pas correctement. Shad avait été repéré et bien vite, elle put voir que les chasseurs se mettaient en branle, montant sur leurs étalons et juments, fouets, filets et tout autre instrument de capture en main. La charge avait été lancée et la prédatrice devenait en cet instant une proie. Reculant rapidement, faisant deux trois-pas en arrière, la lupine se mis à courir, lançant des regards par-dessus son épaule. Les clameurs, les cris des chasseurs arrivaient parfaitement à ses oreilles. Bon sang, elle aurait dû partir quand il en était encore temps.
Cependant, elle devait remercier une chose. Certes, elle était au plus bas de l’échelle sociale de par sa race, mais cette même race lui offrait bon nombre d’aptitudes supérieurs aux humaines. Si ces derniers ne seraient pas en train de chevaucher, elle les aurait déjà semés. Une louve ça court vite, alors imaginer une femme mi humaine-mi louve. Les muscles de ses jambes travaillaient à tout rompre, elle pouvait les sentir se chauffer, se tirer, se détendre à chaque enjambée qu’elle effectuait et son cœur, son cœur battait la chamade, expulsant dans ses muscles l’oxygène dont ils avaient besoin pour ne pas faillir.
Mais, les chevaux s’approchaient encore et toujours dangereusement. L’un d’eux arriva à la hauteur de la jeune femme qui s’élança en avant, comme si elle plongeait vers le sol. Mais à la place que ce fut un corps qui tombait vers le sol rocailleux et sableux, ce fut quatre puissantes pattes qui y trouvèrent appuie. Ne laissant pas le temps à ses poursuivants de réagir, la bête donna un coup de croc rapide dans la patte avant gauche d’un des canassons, faisant hennir et chuter ce dernier avec son cavalier.
Sous cette forme, la vitesse de course de la louve était accrue, ses muscles roulant son pleage, elle décampait à toute vitesse, creusant l’écart entre ses poursuivants et elle-même. Au loin, sa vision lui offrit la vue d’une forêt, une bénédiction en ce moment, car elle ne serait plus à découvert. Accélérant sa course, elle se dirigea vers cette dernière, ne tenant pas compte en premier lieu de l’aspect étrange qu’elle abordait.
Elle continua à courir, un petit moment avant de se figer, en pleins milieu du sentier, haletante, reprenant son souffle, ses sens aux aguets. Mais une chose la perturba. Elle n’entendait plus les clameurs de la poursuite, ainsi ils avaient abandonnés ? Etrange…Reprenant un aspect plus humanoïde, l’Okami posa sa main sur un tronc d’un des arbres afin de reprendre encore son souffle.
« Yerk ! »
Sa main fut lentement posée, mais rapidement retirée. De la soie gluante recouvrait l’écorce de l’arbre, la louve agita vivement la main afin de se libérer de ses fils. Un frisson lui parcourait l’échine, tandis qu’elle se mit à regarder autour d’elle. Qu’importe où son regard se posait, elle pouvait voir des toiles d’araignées. Levant sa tête, elle put aussi voir la nappe de soie qui pendait au-dessus d’elle. Un deuxième frisson la frit frissonner.
« Des bêbêtes…de vilaines bêbêtes…je n’aime pas les araignées… »
Mais elle devait avancer, faire marche arrière reviendrait à dire bonjour à ses anciens poursuivants. Prenant son courage à deux mains, elle se mit à avancer dans le sentier, l’échine légèrement courbée comme si elle tentait d’éviter tout contact avec l’une des toiles présentes. Oui, l’Okami avait peur des araignées, tout le monde a bien une peur non ?
Trop occupée à regarder autours afin de ne pas rentrer malencontreusement dans une des toiles, la louve ne vit pas la légère dénivelée à quelques pas devant elle. Une petite pente soudaine qui surprit la Okami. Une petite pente qui une fois que son pied s’était posée à son bord, fit basculer la louve en arrière et la fit glisser inlassablement vers un endroit en contre bas…ou plutôt une toile. L’Okami se retrouva prisonnière de ce piège de soie, dans une posture qui l’empêchait de s’en défaire, voir même qui la « ligotait » encore plus à force qu’elle tentait de s’en sortir.
Bien vite, la louve fut obligée de s’arrêter, regardant comme elle pouvait autours d’elle, craignant surtout de voir une grosse araignée débarquer. Après tout, au vue de la taille de cette nappe de soie, cela ne pouvait être l’œuvre d’une araignée d’une taille commune, petite et inoffensive. Et, en pensant à cela, sa peur reprit le dessus, une peur qui la fit trembler, faisant ainsi vibrer la toile où elle se trouvait actuellement prisonnière. Elle n’allait quand même pas finir liquéfiée et dévorée par une araignée, si ?