Quand la lycéenne arriva, Hikari était sûre de son fait, totalement convaincue de son interprétation. Il fallait la voir pour le comprendre. Nanami ne jouait pas la femme outrancière, mais la femme sûre, déterminée, convaincue d’avoir un atout décisif, un as dans sa manche. Hikari ne la salua pas, et Nanami s’assit rapidement, puis entama les négociations, en exhibant son téléphone portable.
*Elle veut me faire chanter… Sois forte !*
Les jeunes… Ils avaient bien changé. Il y a encore trente ans, une telle conversation n’aurait jamais pu avoir lieu. Que cette femme soit là, en ce moment, face à elle, était bien la preuve que les temps avaient évolué, et que l’autorité naturelle des professeurs avait décru… Et c’était aussi la preuve que les adolescents n’étaient plus de jeunes hères en quête d’identité et ayant des problèmes avec leur sexualité. Hikari ne se faisait aucun doute sur cette Nanami : son expérience sexuelle devait être nettement supérieure à la sienne. Oui, maintenant, Hikari était sûre qu’elle était liée à cette histoire… Que, d’une manière ou d’une autre, Nanami se vengeait sur elle.
Nanami la menaçait, lui disant qu’elle comptait parler… Sauf à la convaincre du contraire. Serrant les lèvres, Hikari laissa planer quelques secondes, avant de poser ses mains à plat sur la table. Elle ne comptait pas rentrer dans son petit jeu, sûrement pas.
« Je ne me l’explique pas encore, Nanami, mais je ne suis pas une idiote. J’ignore encore comment tu l’as fait, mais, d’une manière ou d’une autre, tu m’as drogué. Tu peux nier, ma grande, mais je le sais. »
Hikari soupira lentement. En aucun cas, elle ne comptait parler de ce à quoi elle avait pensé en se masturbant… Car il n’y avait quasiment eu que Nanami.
« Maintenant, dis-moi ce que tu veux… Si c’est de l’argent, je n’en ai pas. Si tu es aussi maligne que tu le prétends, il est dans ton intérêt d’arrêter ça. Je suis une femme gentille, Nanami, mais ne commets pas l’erreur de me pousser à bout. Si tu m’attaques, je répondrais. Ma carrière en prendra peut-être un coup, mais toi, je peux t’assurer que plus aucun lycée ne voudra de toi, et que tu n’arriveras jamais à rentrer dans la moindre université si tu continues à me harceler comme ça. »
Hikari cherchait à conserver un ton calme, afin de ne pas paniquer, et, surtout, afin de montrer à Nanami qu’elle contrôlait la situation.
Bluff contre bluff, les paris étaient engagés…