The Multiversity

[Mrs Claus]

Une belle journée en Laponie. Malgré la saison qui se rapproche de l’hiver et des températures négatives, aujourd’hui le soleil promet de caresser les sapins et les montagnes recouverts d’un manteau de neige de sa douce chaleur.

Mrs Claus est actuellement de sortie. Elle a décidé de faire d’une pierre deux coups. Sortir dans la zone « entre deux » pour vérifier certains rapports perturbants et également s’octroyer une petite heure de détente.

(la zone « entre deux » étant cette zone entre le territoire invisible aux yeux du monde de la cabane du Père Noël et cette autre territoire qui comporte la quasi intégralité de la Terre)

Un lutin en tenue verte est camouflé dans les hauteurs d’un sapin. Attention, pas de mignons petits vêtements digne d’une poupée : des vêtements dont le style est celui des militaires. Des motifs tachetés de différents verts et de blancs. Des poches. Bref, le petit commando personnel de Mrs Claus.

Il y a également un deuxième lutin proche de la source d’où s’échappent de la fumée blanche. Ce lutin sifflote tandis que ses mains s’activent à nettoyer, repasser plier les affaires bien plus grandes que lui.

Un troisième lutin aux mains expertes s’occupent de masser les épaules musclées d’une femme intégralement nue dans une source d’eau chaude extérieure. Les yeux fermés, Mrs Claus se délecte de cette pause bien méritée. Sa main se tend ensuite et le lutin qui s’occupe de ses affaires lui apporte un grand verre de lait.



Un oiseau chante. Le lutin masseur se plaint soudainement de la fermeté des muscles. En effet, la pause de Mrs Claus est terminée. Le lutin en haut de son sapin vient de voir quelqu’un. Elle sort alors de l’eau sans chercher à vérifier que des yeux pervers matent son corps musclé. Les lutins quant à eux sont des privilégiés et ce n’est pas la première fois qu’ils observent ce corps capable de résister à la nuit de Noël et aux manigances du cornu Krampus.



C’est une femme. Longs cheveux noirs. Paire de lunettes. Chaussures à talons. Ce n’est pas une randonneuse, Mrs Claus peut déjà en tirer cette conclusion. Pour autant, elle ne la connait pas. Il lui suffirait de son nom pour demander à son lutin de vérifier la base de Noël. En effet, tout le monde y est inscrit. C’est obligatoire pour savoir si la personne mérite de recevoir son cadeau le soir de Noël.

Mrs Claus s’habille. Legging vert qui moule ses cuisses hypertrophiées. Petit haut blanc qui semble sur le point de déchirer sous la poussée de son opulente poitrine. Ses doigts aux ongles peints en rouge accueillent un gros cigare. Elle tire une première bouffée et s’adresse alors à l’inconnue.



« Bonjour. Bienvenue en Laponie. Tu peux m’appeler Mrs Claus. Est-ce que je peux te demander ce que tu fais sur ces terres perdues si loin de tout ? »

Le lutin dans l’arbre reste dissimulé. Si besoin, il sait tirer avec un fusil de précision.

Le lutin responsable des vêtements apporte le bonnet typiquement de Noël à Mrs Claus.

Quant au lutin masseur, il vient se positionner juste derrière sa Boss. En legging vert et débardeur blanc moulant, il croise ses épais bras musclés sur sa poitrine. C’est un impressionnant petit lutin.

[Bayonetta]

« Les garçons, vous savez que ce que vous faites s’apparente à du harcèlement ? Vous avez entendu parler de #MeToo ? »

Pour seule réponse, les créatures rugirent, et l’une d’elles s’élança vers la sorcière, déployant une longue lance dorée dont la pointe se mit à briller. La lance décrivit un mouvement circulaire que Bayonetta esquiva en bondissant par-dessus. Son pied s’auréola d’une lueur violette, et elle frappa la créature au visage, l’amenant à cracher des gerbes de sang par ses douces lèvres d’albâtre. Bayonetta le frappa encore par un coup de pied retourné qui toucha le monstre au torse, et une violente onde de choc violette se matérialisa suite à ce coup, repoussant le monstre, qui passa par-dessus la baleine volante.

« Quoique, je vous dis ça, mais je ne suis pas sur les réseaux sociaux. Vous pensez que je devrais me mettre sur Instagram ? »

Elle flottait dans les airs… Au sens le plus littéral. Bayonetta était sur le dos d’un cétacée volant, une créature mystique qui était invisible des êtres humains normaux, et qui pouvait voyager entre les dimensions. C’était une invocation des ennemis de Bayonetta, qui comptaient de toute évidence l’utiliser pour ouvrir des brèches entre leur dimension et la leur… La sorcière s’était déplacée pour tenter d’interrompre le rituel, mais le cétacée avait finalement été invoqué. Alors, elle avait grimpé dessus, et avait utilisé un rituel pour le ramener dans son univers. Le corps du cétacée était ainsi recouvert de glyphes et de lignes magiques fluorescentes formant un sceau complexe. Les monstres ne l’entendaient toutefois pas de cette manière, et avaient déferlé autour de Bayonetta, qui les accueillait donc avec son flegme et sa verve habituels.

Soudain, plusieurs Accolades bondirent autour d’elle, formant un cercle dangereux. Ressemblant à des centaures blancs, ils étaient recouverts d’une armure dorée qui brillait, et pointèrent leurs lances vers elle. Bayonetta répondit en dégainant ses fameux pistolets roses, reliés aussi bien à ses mains qu’à ses chevilles, et commença à exécuter sa danse des balles. Elle esquiva une lance en bondissant en arrière, et tournoya sur elle-même en se tenant sur un pied. Un mouvement de danseuse frénétique tandis que les pistolets, alimentés par sa magie, se mirent à rugir, se transformant en deux mitraillettes qui zébrèrent les Accolades de balles magiques, heurtant leurs armures. Ils se protégèrent avec des boucliers, même si plusieurs durent reculer, grièvement blessés. Les lances fusèrent alors d’un seul bloc vers le corps grâcieux de la sorcière, qui usa de sa jambe d’appui pour se catapulter dans les airs.

Ce saut périlleux lui permit de croiser un autre Accolade qui lézardait dans les airs, et elle le heurta avec ses jambes, enroulant ses jambes autour de son torse dans la mesure du possible, dans une posture qui, en d’autres circonstances, aurait pu être sensuelle. Profitant de la vitesse acquise par son saut, Bayonetta retourna le monstre, et s’en servit comme d’un projectile, le projetant sur ses comparses. Le cétacée trembla à peine à ce choc. Des ailes de papillon bleus magiques jaillirent alors du dos de la sorcière, qui s’en servit pour rejoindre la baleine et finaliser le rituel…

…Du moins, c’est ce qu’elle aurait espéré faire, car, tandis qu’elle se rapprochait, elle entendit brusquement un grondement inattendu derrière elle.

« Que… ? »

Le temps pour elle de se retourner, et elle vit une déchirure rougeâtre devant elle… Puis une main griffue en émergea. Surprise, Bayonetta n’eut pas le temps d’établir ses protections qu’une onde de choc magique la souffla. Le coup était d’une puissance rare, et repoussa la sorcière, qui passa à travers les nuages, et vit un sol crémeux se rapprocher à vive allure.

*Merde !*

Bayonetta entreprit de ralentir sa chute, et généra un bouclier de protection. Son corps heurta une falaise, puis elle tomba en contrebas, et atterrit dans la poudreuse, au milieu d’une forêt de sapins. La jeune femme rebondit sur le sol à plusieurs reprises, jusqu’à terminer sa course contre un talus, le corps à moitié enseveli dans la neige.

Elle était visiblement loin des plages méditerranéennes où les cultistes avaient invoqué le cétacé mystique. La sorcière éternua douloureusement, avant de se relever. Blessée, elle chercha dans ses affaires une sucette verte, et la récupéra. Elle la fourra dans sa bouche, et, en commençant à sucer cette sucette en forme de cœur, elle sentit ses blessures cicatriser. C’était une sucette herbale, chargée de magie, aux vertus curatives. Bayonetta la suça donc, et observa la zone autour d’elle, époussetant la neige qui était tombée sur sa combinaison magique.

*Bon, où est-ce que je suis tombée, moi ?*

Elle s’écarta du talus, et s’avança à travers la forêt. Elle ne sentait la présence d’aucun monstre, mais était tout de même troublée par la présence démoniaque qu’elle avait ressenti là-haut… Ce n’était pas l’un de ses ennemis habituels, mais autre chose… Une créature qui avait pu profiter du cétacée mystique pour se manifester, et l’avait attaqué. Bayonetta n’aimait pas ça, et c’était précisément pour ça qu’elle devait vite ramener le cétacée dans son univers. Elle avait confiné ses pouvoirs, mais, si elle ne finalisait pas le rituel, ses sceaux se fissureraient.

Toute à ses pérégrinations, Bayonetta se rapprocha alors d’une clairière, et avisa des personnes. Elle fronça les sourcils en voyant de curieux bonhommes en tenue verte, et vit alors une femme massive sortit d’une source d’eau chaude. Les yeux de la sorcière glissèrent sur ce corps musculeux. La sucette roula le long de ses lèvres. La femme, guère gênée par sa nudité (Bayonetta ne lui en voulait pas, car, techniquement, elle était elle aussi nue, sa combinaison étant composée de ses cheveux), se rhabilla devant elle. Quand elle l’interrogea, Bayonetta croqua dans sa sucette, et une ecchymose sur sa joue disparut ensuite.

*La Laponie…*

Elle savait au moins où elle se trouvait.

« Je suis tombé »e d’une baleine volante mystique qui provoque des fissures dans le continuum espace-temps, répliqua Bayonetta, comme s’il s’agissait là d’une chose tout aussi normale. Je m’appelle Bayonetta, et je vous conseille de ne pas rester ici. »

La zone risquait en effet de devenir dangereuse…

[Mrs Claus]

Mrs Claus aurait aimé dire qu’elle était surprise par cette femme inconnue et tous les propos « incohérents » qu’elle venait de débiter. Mais elle avait vu tellement de choses durant sa longue vie… Pour autant, Mrs Claus ne pouvait se permettre de prendre le temps d’être blasé. Elle avait tant à faire. Déjà que cette petite pause en nature allait la mettre en retard.

« Clauspedia. »

Un lutin à lunettes sortit d’on ne sait où et répondit par l’affirmative à sa patronne.

« Sois mignon, fais une recherche sur une dénommée Bayonetta. »

Le lutin du nom de Claus, (forcément inspiré du site de recherche Wikipedia) demanda si c’était bien avec un seul « n » et deux « t ». Puis disparut pour aller faire sa recherche.

Mrs Claus observa quelques instants la femme qui avait des belles courbes et visiblement des aptitudes guerrières. Qui était-elle ? était une question de bon sens. Mais ce qui importait le plus à Mrs Claus était : quel problème lui ramenait-elle ? En espérant que le problème soit au singulier et non au pluriel. Parce que Mrs Claus n’était pas innocente. Une telle personnalité avec un tel discours n’était pas là pour prendre du bon temps à se promener dans la neige et ramasser des champignons. Elle ramenait au moins un problème, c’était certain.

« Je suis désolé mais je vais aller à l’essentiel. Pourquoi je dois partir ? »

Elle ne faisait pas de grands discours. Elle devait être directe pour connaître le problème et le solutionner. Directe pour ébranler la personne et l’empêcher d’inventer des mensonges.

« Je ne suis pas une faible femme. »

Elle contracta son biceps pour l’affirmer.

« Je suis également bien accompagné. »

Si elle n’était pas une Déesse ou une super-héroïne à pouvoirs, elle avait des « outils » : ses lutins.

« Donc à moins que tu sois tombée sur Krampus et ses nouvelles machinations, je ne vais pas partir et mettre mon poing dans la gueule de ton problème. »

Le Nord et ses « douces » personnalités. Qu’il fait bon vivre en Laponie dans la magie de Noël !

[Bayonetta]

Bayonetta observa encore le ciel, tandis que la géante en muscle, qui lui indiqua s’appeler « Clauspedia », refusa de partir. Elle indiqua être plutôt forte, et être accompagnée de ses lutins. Bayonetta les observa brièvement, et les intéressés bandèrent leurs muscles en grognant sur place.

« Krampus, tu dis ? Hmmm… »

Cette déchirure dans le ciel… Se pouvait-il que ce soit lui ? La sucette roula encore dans sa bouche, d’une joue à l’autre, et un bruit de succion se fit entendre. La tenue de Bayonetta semblait presque organique, car, à bien l’observer, on pouvait voir qu’elle remuait et ondulait. Elle était en réalité entièrement composée de fibres, de ses propres cheveux qui ondulaient sur son corps pour former une tenue. Techniquement parlant, la sorcière était nue.

« Mon problème ? Cela l’était, oui… Jusqu’à ce que je survole votre charmante province, et qu’une force inconnue m’ait attaqué. Mes ennemis vont venir me chercher, mais je crois que ce qui m’a déstabilisé, ce sont tes ennemis… Comme ce Krampus. De qui s’agit-il ? Je… »

Mais Bayonetta se tut brusquement. Elle entendit des détonations, et relevant la tête, put voir des traits lumineux qui fendaient l’air.

« Faites attention ! »

Elle brandit ses pistolets, et fit feu. Les tirs interceptaient les ondes lumineuses, mais d’autres traits touchèrent le sol, déclenchant de violentes explosions tout autour d’eux. Derrière ces bombardements, Bayonetta put voir des Anges qui flottaient dans les airs, tenant des sceptres dans leurs mains. Ils entouraient de gros appareils flottants rectangulaires, blancs avec des reliures dorées. Les Anges monstrueux se rapprochaient, et les plateformes de combat abritaient d’autres Anges. Des centaures arrivèrent les premiers, déclenchant des éclairs avec leurs lances. Mais le pire fut l’arrivée de dragons angéliques, les Glamours, qui poussèrent des rugissements aigus, avant de tirer de leurs gueules des rayons d’énergie blanchâtres, qui zébrèrent le sol.

Bayonetta grogna alors.

« J’espère que tu es aussi forte que tu le dis… Ils sont nombreux. »

La sorcière se prépara à se battre…

[Mrs Claus]

Elle l’avait dit qu’il y allait avoir des problèmes. Elle ne s’était pas trompée, malheureusement.

« S’ils étaient de cette taille-là, ils feraient de magnifiques jouets pour Noël. »

Mrs Claus écarta ses mains l’une de l’autre pour donner des dimensions tout à fait respectables et pas du tout meurtrières aux ennemis de Bayonetta qui se rapprochaient d’elles deux.

Elle plia et déplia ses poings. Les jointures craquaient. Ses mains n’étaient pas de belles mains fines aux longs doigts manucurés. C’était des armes de corps-à-corps. Des boulets de canon ayant leur place dans une arène de MMA.

« Ne t’inquiète pas pour moi, jeune fille. Ce ne sont pas mes premiers problèmes et ce ne seront pas mes derniers. »

D’un signe, elle autorisa le lutin armé d’un sniper tout en haut du sapin. Il y eut des bruits silencieux et sourds qui firent alors du bruit en touchant les belles armures dorées des choses qui s’avançaient vers la source thermale.

D’un autre signe, elle expédia le lutin nommé Clauspedia se cacher dans les fourrés. Ce n’était pas le moment d’avoir le résultat des recherches concernant Bayonetta. Elle s’intéresserait au passé de cette allié plus tard.

« Quand faut y aller, faut y aller ! »

Mrs Claus rua alors vers un centaure. Le choc de la rencontre arrêta la quadrupède ! Les veines gonflèrent sur les biceps. Les muscles des mollets se contractèrent. Mais Mrs Claus ne lâchait rien. Le centaure ennemi ne gagnerait pas plus de territoire.

« Hey ! C’est quoi leur point faible à ces sortes de chevaux ? Dépêche-toi de me le dire, jeune fille ! »

Un nouveau tir du sniper abattit un dragon. Tout du moins, il tomba en chute libre et provoqua un nuage de poudreuse. Malheureusement pour le lutin camouflé tout en haut de son sapin, un deuxième dragon l’avait à peu près repéré et… l’arbre se vit tranché de quelques mètres de hauteur. Où était le lutin sniper ? Plus bas, il avait glissé très rapidement contre le tronc et était déjà à la recherche d’un nouveau spot pour tirer à distance.

[Bayonetta]

La femme musclée en avait visiblement sous la caboche, et ne tarda pas à le prouver. Elle fonça vers l’un des centaures, lancée comme une She-Hulk en furie, et heurta violemment le colosse. Le choc souleva de la neige tout autour du duo. Elle posa ses solides mains sur le visage angélique qui se trouvait sur le torse du centaure, empêchant ainsi le monstre de la frapper avec sa lance.

*Pas mal !*

Entre-temps, les dragons commencèrent à attaquer, manquant de peu de tuer un lutin, qui utilisa des armes bien trop conventionnelles pour eux. D’ailleurs, en retenant le monstre, la femme musclée demanda à la sorcière quel était leur point faible. Bayonetta courut vers elle, et bondit alors dans les airs. Un élégant saut périlleux où elle généra sa lame magique, Shuraba, qu’elle abattit sur le corps du monstre, en lui tombant violemment dessus. La lame magique passa à travers son armure, et le centaure couina, vomissant du sang de sa bouche sur le corps de la femme musclée. Bayonetta retira la lame, et son pied frappa alors brusquement un autre Ange qui se rapprochait. Et, quand le pied de Bayonetta toucha le monstre, pile au moment où il allait attaquer, Mrs Claus put alors voir une conséquence inattendue.

Depuis le pied de Bayonetta, une sorte d’onde d’impact vint les engloutir, et ralentit le temps tout autour d’eux. Bayonetta enchaîna alors, et bondit autour du monstre angélique, enroulant sa cuisse autour de son cou, et le propulsa dans les airs, où elle le canarda ensuite, balançant une pluie de balles à une vitesse surhumaine pour de simples pistolets. Les balles déchiquetèrent la peau blanchâtre de l’ange, révélant sous cette couche d’albâtre une peau calcinée et sanglante. Bayonetta n’avait pas le style physique de Mrs Claus, mais elle était terriblement agile, et, sans même retoucher le sol, bondit dans les airs. Sa jambe décrivit un large arc-de-cercle, et elle frappa le flanc d’un centaure, puis s’en servit pour tournoyer dans les airs, ses quatre pistolets se mettant à faire feu. Une véritable tempête de balles qui l’amena à atterri sur la tête d’un monstre angélique, les talons aiguilles se plantant douloureusement dans son crâne. Un autre monstre la cibla alors, et tira avec son sceptre. Le tir fila vers Bayonetta, qui bondit de justesse, l’évitant in extremis… Ce qui déclencha cette autre sphère temporelle s’échappant de la redoutable sorcière. Impossible pour l’œil humain de la voir, et tout ce que Mrs Claus vit fut le corps de l’ange retombant sur le sol en étant propulsé par un pied géant qui venait de jaillir d’un Portail magique, un pied qui ressemblait au pied de Bayonetta, en version agrandie et noirâtre. Le pied souffla le monstre, le projetant violemment au sol.

Bayonetta utilisait la magie de façon offensive, et maîtrisait un niveau de magie très élevé reposant sur le combat. Quand un ennemi manquait de peu de la toucher, elle pouvait utiliser l’énergie cinétique de cette attaque pour déclencher une réaction temporelle. La jeune femme accélérait alors provisoirement le temps autour d’elle, lui permettant d’aller vite. Et elle enchaînait ensuite les coups, acquérant pendant un court laps de temps suffisamment d’énergie magique pour terminer son enchaînement par une invocation démoniaque. Ce pied géant était une invocation de Bayonetta, où elle utilisait sa combinaison pour créer une version géante de son pied ou de son poing selon l’enchaînement final*. De fait, pendant que le pied géant était apparu, le corps de Bayonetta s’était dénudé, et sa combinaison se reconstitua ensuite quand son pied disparut, les fibres de la combinaison venant se remettre à leur place. Dans les airs, Bayonetta regarda en bas Mrs Claus, et haussa la voix, comme pour lui répondre :

« Ils n’ont pas de point faible ! Il faut taper pour briser leur armure d’albâtre, et on les tue ensuite ! Le tout, c’est de les faire saigner ! »

La sorcière releva la tête. Elle s’était appuyée sur les épaules d’un monstre qui relevait les bras en grognant, essayant vainement de la déloger. Mrs Claus allait devoir s’occuper des monstres au sol tandis que la sorcière s’élevait dans les airs…. À moins que sa partenaire ne puisse voler ? En attendant, Bayonetta ciblait les chars aériens pour les détruire, et ainsi mettre fin à cette attaque…

- - - - -

Pour une idée de l’enchaînement de Bayonetta, ci-joint un .GIF qui illustre un peu le concept, peut-être difficile à saisir pour ceux qui n’ont pas joué à Bayonetta.



(Par contre, les gars, sérieux, ‘faudrait commencer à y jouer, là !)

[Mrs Claus]

Son haut blanc moulant son opulente poitrine était désormais tâchée du sang de l’espèce de centaure. Certains lutins se posaient toujours la question, -concernant la poitrine de Mrs Claus- à savoir si c’était comme des brioches moelleuses ou des obus de pur muscle. Mais ce n’était pas la question du moment.

« Si j’aurai su, j’aurai pris ma veste de Noël. Rouge sur rouge, ça ne se voit pas. »

Une plaisanterie ? Oui, c’en était une. Mais Mrs Claus l’avait délivré d’une voix bien trop sérieuse. Parce que, c’était également une réalité. Les habits rouges du père Noël faisaient rêver les enfants. Mais pour la femme du Père Noël qui luttait violemment contre Krampus et ses desseins machiavéliques ? Ça servait également à masquer les effusions suite aux affrontements.

Bayonneta s’envola ensuite. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle dominait clairement son sujet. Mrs Claus en fut ébahie pendant quelques secondes. Ce qui semblait une éternité pour cette combattante qui avait une emprise sur le flot réputé constant et incontrôlable qu’était le temps.

« T’es une sacrée danseuse, jeune fille ! Magnifique ! »

Elle plia et déplia ses doigts. Les articulations craquèrent bruyamment.

« Exploser l’armure pour accéder au corps mou et faible derrière ? Entendu ! »

Aucune peur à se salir ou à se battre de façon sale. Mrs Claus n’était pas une jolie fée qui voletait au-dessus des berceaux pour laisser échapper des vœux de poussière magique. C’était une femme d’affaire doublée d’une combattante de MMA. Preuve en était de ses grosses mains pleines de cals. Ses coups de poings faisaient mal !

Un centaure ruait sur Mrs Claus. Cette dernière agit avant d’avoir complètement tourné la tête qui était alors fixée sur le ballet aérien de Bayonetta. Son corps réagit par mécanisme et utilisa toute la force brute de la créature pour le faire voler au-dessus de sa tête. Une prise volée à la discipline du judo. Les quatre fers en l’air, l’adversaire de Mrs Claus était déstabilisé. Ce fut à son tour de ruer sur lui et de le frapper encore et encore au même endroit. L’armure se fissura. Le point faible était créé. Elle tapa encore et encore de ses poings musclés jusqu’à ce qu’elle soit passée à travers la chair et ressorte rouge sang.

Son cœur avait augmenté de cadence d’un seul coup. Ses épaules se levaient et s’abaissaient au rythme d’une respiration soutenue. Un sourire apparut sur le visage de Mrs Claus. Elle roula de ses épaules. Sa main se posa ensuite sur une d’elle et elle fit pivoter son bras pour finir de l’échauffer.

« Viens par là, toi. Mrs Claus a fini de s’échauffer. »

Si elle avait été douée de magie, les coups de Mrs Claus auraient été comparé à des frappes de bélier contre des portes en métal. Pour autant, même s’il n’y avait pas de fantasie pyrotechnique et sonore : ces coups de poings restaient dévastateurs. Assistés de ces lutins qui jouaient parfois la carte de la diversion parfois la carte de l’opportuniste qui achève une proie de Mrs Claus alors qu’elle passe à une autre : le champ de bataille au sol était maîtrisé.

En était-il de même pour Bayonetta tout là-haut ?

Quand le tout petit joueur que je suis aura le déclic, il jouera un jour (une semaine ? un mois ? une année ? XD) à Bayonetta. Promis !

[Bayonetta]

Bayonetta arriva dans les airs en s’envolant avec grâce, élégance, et sensualité. Il fallait la voir tournoyer dans les airs. Elle prenait volontiers des poses sensuelles ou des attaques osées. Face aux monstres angéliques, elle enroula ainsi ses deux jambes autour de la tête ronde, une Decoration. Ces petits monstres ailés formaient généralement une escouade sous les ordres d’une tête angélique plus âgée, un Dear. Le sexe de Bayonetta se retrouva à hauteur de la bouche de marbre du Decoration, et elle tournoya dans les airs, gagnant de la vitesse et de la puissance, ce qui lui permit de transformer le Decoration en missile. Elle le balança sur un autre Decoration, et déploya dans la foulée Kulshedra. Son fouet serpentin siffla dans les airs, et se planta sur le nez d’un troisième Decoration. Avisant son ménage, d’autres Anges concentraient leur énergie. Bayonetta rétracta ensuite Kulshedra, et topurnoya avant de rencontrer le Decoration. Son pied se planta dans son crâne, avec violence, et elle bondit encore dans les airs, avant de déclencher autour d’elle une tempête de balles.

La sorcière rejoignit ainsi le chariot céleste volant, et se retrouva face à plusieurs Anges. Des trompettes retentirent, et elle sourit doucement, en remettant ses lunettes en place.

« En piste, les petits ! Let’s dance ! »

Armé d’une masse dorée, un Ange la fit tournoyer dans les airs, et la projeta sur Bayonetta, qui bondit de justesse. Les pointes dorées de la masse frôlèrent ses fesses, et le temps se ralentit autour d’elle. Elle fonça sur l’ennemi, et le roua de coups, perçant son armure d’albâtre, et termina l’enchaînement par une Incantation, son pied se logeant dans le corps du monstre, avant que la moitié de sa combinaison ne s’évapore pour former une version agrandie et énorme de son pied, frappant aussi bien l’Ange monstrueux que ses comparses. Plusieurs tombèrent dans le vide en hurlant, et Bayonetta frappa avec son pied un autre Ange… Mais heurta un bouclier doré. Surprise, elle s’arrêta dans sa chorégraphie, et le bouclier s’illumina brusquement, déclenchant une onde de choc qui repoussa Bayonetta.

« Il est temps d’en finir, maudite sorcière !
-  Navrée, mais je n’ai jamais aimé les garçons un peu trop collants… »

Face à elle, il y avait un ennemi des plus redoutables, un Valor. Un guerrier angélique qui faisait partie des troupes angéliques les plus puissantes. Toutefois, Bayonetta entendit des gloussements dans son dos, et un fouet doré s’enroula brusquement autour de son cou, l’étranglant. C’était un fouet appartenant à une Joy, une autre créature angélique redoutable.

De son côté, la victoire de Mrs Claus contre les centaures ne devrait être que de court répit, car, tandis qu’elle et ses lutins avaient repoussé la première vague de monstres, deux créatures enflammées apparurent sur le sommet d’une colline enneigée. D’énormes chiens monstrueux grondèrent, leurs gueules recouvertes par un heaume métallique en forme de bec, leurs peaux crachant continuellement des flammes… Des Fairness ! En rugissant, les deux Fearness s’élancèrent brutalement vers Mrs Claus…

[Mrs Claus]

Ca en faisait une sacrée ménagerie pour la danseuse dans le ciel ! Mrs Claus n’aimait pas ça. Pas du tout… Pourtant, malgré ses désirs, elle n’avait pas d’autre choix que de regarder la réalité en face et d’y faire face. Et cette réalité avait une tête de chien monstrueux qui ruait sur elle. Deux même !

« Mais quel bordel… »

Elle ahanait. Son corps musclé luisait de sueurs. Sa température corporelle avait augmenté avec le combat et l’air autour d’elle semblait vagueler comme on peut voir le paysage faire de même au-dessus du goudron brûlant en plein été.

« J’avais déjà assez de problèmes sans que tu ramènes les tiens, jeune fille ! »

Mrs Claus n’en voulait pas vraiment à Bayonetta. C’était plus une réflexion dans le feu de le bataille qu’une véritable prise de bec. Bon, il fallait maintenant gérer ce qu’elle apprendrait plus tard s’appeler des « Fearness ». Quel bordel, pensa-t-elle une nouvelle fois !

Il y eut alors un choc sourd !

Comme une implosion silencieuse. Le temps sembla s’arrêter alors que quelque chose apparaissait entre Mrs Claus et les deux Fearness maintenant à l’arrêt. Plus de deux mètres de hauteur. Un corps essentiellement poilu et plutôt sombre. Des poils encore plus sombre sur son crâne possédant deux oreilles pointues ainsi que deux cornes. Une longue langue vipérine jaillit d’un mauvais rictus avant des mots diaboliques en jaillissent.

« Mrs Claus ! Ca faisait longtemps, n’est-ce pas ? »

« Krampus… »

Mrs Claus serra les poings. Les jointures blanchirent. La femme du Père Noël était assaillie par un mélange de colère et de résignation.

« Qu’est-ce que tu fiches ici ? Ce sont des nouveaux alliés à toi, tout ça ? »

Elle pointa de son doigt les créatures qu’affrontaient Bayonetta dans les airs.

« Peut-être. Peut-être pas. Disons que pour une fois je viens abréger cette bataille. Je vais pas te mentir. J’avais compté sur un élément de surprise pour prendre le dessus. Mais ça n’a pas fonctionné. Donc je sors de ma cachette pour faire, disons, coucou. »

Le dénommé Krampus semblait plus un bouffon qu’un roi infernal. Pourtant, c’était bien lui qui menait la vie dure à Mrs Claus. Lui qui compliquait la vie déjà lourdes de responsabilités de la femme du Père Noël.

« Vous tous, réunion. On doit discuter de choses et d’autres. »

Ca n’avait pas duré longtemps mais une domination effrayante avait teinté chacun des mots de Krampus. Qu’ils aient été d’accord ou non, toutes les créatures qu’affrontaient Mrs Claus et Bayonetta disparurent.

Le paysage était soudain bien blanc et bien silencieux.

« On a survécu, jeune fille. »

Elle croisa les bras musclés sous sa poitrine et attendit que la menue aérienne redescende. Il y allait avoir une discussion, c’était certain. De celle-là dépendrait la suite des événements.

[Bayonetta]

*Fly me to the moon… Let me play among the stars…*

Bayonetta songeait à cela en sautant dans le vide. Le fouet du Joy se détendit alors, la relâchant, et Bayonetta, en tombant dans le vide, lança Kulshedra. Son fouet serpentin se planta dans le bateau, et elle l’utilisa comme une liane, filant dans les airs, sous le corps de la plateforme dorée. Bayonetta rebondit dans les airs, arrivant de l’autre côté, et mitrailla les Anges alentours. Il en faudrait néanmoins plus pour battre le Valor, qui se protégea avec son bouclier. Les balles magiques rebondirent dessus, et les deux Joy accompagnant le Valor se protégèrent également. Bayonetta retomba sur la plateforme, et s’élança vers ses ennemis, remplaçant Kulshedra par son épée, Shuraba. Elle vit un fouet fuser vers elle, et l’esquiva de justesse. Le fouet frôla ses seins, et le temps se suspendit. Bayonetta déploya sa lame, et allait frapper…

…Quand le bateau explosa. Il fut éventré en plein milieu, et la sorcière fut soufflée sur le côté. Elle heurta le bastingage, et vit une sorte de pic noirâtre émerger au milieu de la plateforme.

« Qu’est-ce que… ?! »

Le pic se mit alors à scintiller, brillant furieusement… Puis explosa. Une violente explosion qui vaporisa la plateforme volante. Bayonetta se protégea de justesse avec un glyphe qu’elle traça sur le sol. Un bouclier magique la protégea, mais le bouclier éclata sous l’onde de choc évanescente. Le souffle la repoussa, et Bayonetta bascula dans le vide. Sa sucette sortit de ses lèvres, et elle vit les Glamours hurler de douleur quand d’autres pics noirâtres jaillirent du sol, les transperçant avant de les faire exploser. Bayonetta tomba à nouveau, et déploya ses ailes de papillon pour amortir sa chute. Elle vit, en contrebas, près de Mrs Claus, une grande silhouette noirâtre poilue avec une paire de cornes. On aurait vaguement dit un grand bouc, un démon qui se volatilisa, tandis que Bayonetta finit sa chute en voletant lentement, et retomba devant Mrs Claus.

« Un ami à toi ? C’est lui qui s’est débarrassé d’eux ? »

[Mrs Claus]

« Un ami à moi ? Surement pas ! Cette espèce de diable est increvable doublé d’une épine profondément plongé dans mon cul. Alors non, Krampus n’est pas mon ami. C’est une source à problèmes dont je n’arrive pas à me débarrasser. »

Le lutin à lunettes du nom de Clauspedia s’approcha avec grande prudence de Mrs Claus. Ces mouvements de tête à gauche et à droite ainsi que ses yeux fébriles démontraient le couard plutôt que le loubard. Mais chaque lutin avait sa particularité et la sienne était les recherches.

« Mrs Claus, j’ai fait des recherches. Cette jeune femme se nomme Bayonetta. Elle… »

Comme un chat appuyé sur son bras replié, le lutin à lunettes monologuait à l’oreille de Mrs Claus. Elle fronçait les sourcils, souriait, passait d’une expression à une autre. Lorsque Clauspedia eut finit son rapport, elle le laissa redescendre et disparaitre derrière le blanc de la neige de Laponie.

« Tu auras donc droit à tes cadeaux à Noël, Bayonetta. Même si je n’ai pas compris le délire de vêtements faits à partir de cheveux. Mais bon, j’ai connu pire comme travers. Et tes faits d’armes penchent en ta faveur. »

La base de données du Père Noël était bien plus documentée que le célèbre site Wikipédia. Ses informations étaient également vérifiées, re-vérifiées et vérifiées une troisième fois. Il le fallait pour que la fabrique du Père Noël fonctionne à un rendement maximal. Il le fallait pour savoir qui allait avoir droit à quel cadeau. En somme, la base de données du Père Noël répondait à cette simple question : « est-ce que la personne avait été sage cette année ? ».

« Bref, est-ce que tu veux venir boire un chocolat chaud chez moi ? Ca peut aussi être de la goutte de sapin ? Ou un mélange des deux, c’est toi qui voit. »

Les bras musclés croisés sur sa poitrine, Mrs Claus observait les dégâts dans le paysage. Les sapins semblaient sortir d’une longue soirée qui s’était fini au matin. Leur blanc manteau n’étant plus que quelques tâches blanches qui restaient tant bien que mal comme des équilibristes bourrés sur leur branche.

Ce paysage ne lui plaisait pas. La rencontre avec Krampus, encore !..., ne lui plaisait pas. Et tous ces nouveaux adversaires que Bayonetta avait amené avec elle ne lui plaisait pas plus.

« On va discuter au chaud. Nos ennemis sont en train de faire alliance, nous devons faire pareil. Sans compter que je me suis absenté trop longtemps. J’ai une tonne de tâches à gérer pour que Noël est encore lieu en temps et en heure cette année. »

[Bayonetta]

Krampus, donc… Un démon ! Bayonetta tourna le dos à Mrs Claus, tandis que l’un de ses lutins lui expliqua que la femme en leur compagnie s’appelait Bayonetta. L’intéressée avait enfourné une sucette entre ses lèvres, et se retourna lentement vers eux deux. Croisant ses bras, Mrs Claus faisait ressortir ses pectoraux saillants, et invita l’intéressée à aller boire un verre de chocolat chaud. Celle-ci releva la tête, contemplant brièvement la femme, puis le décor.

« La Laponie, donc… Très bien, je te suis. Mais sache que les Anges de Lumen ne s’allient pas avec les démons. Je pense plutôt que la baleine céleste que j’ai affronté a permis involontairement à ce Krampus de sortir de sa prison. »

La baleine et les Anges de Lumen étaient à ce stade bien trop blessés pour représenter une menace réelle, alors Bayonetta pouvait se concentrer sur ce Krampus. Elle rehaussa ses lunettes sur son nez, et avança, d’une démarche élégante et posée, relevant ses jambes interminables, ce qui avait pour effet de faire se dandiner ses fesses. Une posture qu’elle avait pour habitude d’employer, et ce avec un certain talent. Elle était arrivée en Laponie, dans le pays mythique du Père Noël… Qui aurait cru qu’un tel conte puisse exister ? Pour ce qu’elle en savait, ce personnage de fiction avait été créé par une célèbre entreprise de boissons acidulées. Il était fascinant de voir ce que cela avait permis de créer ! Curieuse, Bayonetta ignorait comment elles allaient se rendre au chalet de Mrs Claus. À dos de traîneau ? Elle était aussi curieuse d’en savoir plus sur ce mystérieux Krampus, créature dont elle ne savait finalement pas grand-chose, si ce n’est que c’était un démon dangereux.

« Allez, en piste ! »

[Mrs Claus]

Bayonetta pensait rejoindre le chalet du Père Noël sur le traîneau de ce dernier ? Et bien non ? Possible amère déception pour la guerrière mais la réponse était bien plus terre à terre. Elles marchèrent. Mrs Claus suivit un sentir « invisible » pour retrouver son chemin et pousser la porte en bois. Invisible parce qu’il fallait savoir lire les nuances de blanc de la neige ? La façon dont les branches indiquaient telle ou telle direction. Les animaux même étaient de précieux guides. Il fallait parfois savoir s’arrêter quelques secondes ou quelques minutes pour obtenir le bon moment de traverser à tel endroit. Si le Père Noël était si bien connu et si introuvable à la fois, ce n’était pas sans raison.

Les deux femmes parvinrent donc au chalet du Père Noël. Un petit chalet fait de planches de bois. Une porte, quelques fenêtres et une cheminée qui expédiait une blanche fumée. Il n’y avait rien d’impressionnant dans cette vision. Même le blanc manteau de neige et la ceinture de sapins tout autour ne renvoyait aucune vision épique.

Jusqu’à ce qu’elle pousse la porte et… non. Toujours rien. Ça ressemblait bel et bien à une petite cabane en plein milieu de nulle part pour accueillir les braves randonneurs venus assister à des aurores boréales.

« C’est une mesure de protection inutile. Enfin, presque. Personne ne peut se perdre et trouver ce chalet. Allez, viens, suis-moi, gamine. »

Mrs Claus poussa une porte et voici qu’un énorme salon chaleureux l’accueillait. Et oui, la pièce en elle-même était bien plus grande que le chalet vu de l’extérieur. D’un regard, Mrs Claus embrassa la pile de dossiers qui s’était accumulé sur son bureau. Elle voyait derrière le rideau, sur la poutre au plafond ou encore dans l’ombre dans le coin des lutins qui attendaient l’occasion de pouvoir lui sauter dessus. Que ce soit pour une question, une directive ou encore un papier à signer. Mrs Claus fit volte-face, les ignorant de façon musclé le temps de faire ce commentaire à son invitée :

« Pour résumé, je dirais que c’est comme le vaisseau/cabine téléphonique de la série britannique Doctor Who. C’est plus grand à l’intérieur. »

Mrs Claus s’assit donc dans la chaise au haut dossier rembourré rouge derrière un bureau magnifique faites de planches épaisses et robustes. Parce qu’elle le méritait au vu de sa charge de travail ? Parce qu’elle pouvait en briser un plus faible d’un coup de poing rageur ?

« Assis-toi. Un verre de lait ? Une tasse de chocolat chaud ? Quelque chose de plus fort ? »

Il suffit d’un regard sur le côté pour qu’un lutin apparaisse dont ne sait où avec un plateau en argent dans lequel se trouvait les deux breuvages des deux femmes.

« Une gorgée de liqueur de sapin. Ça réveille. Et ensuite un petit plaisir enfantin, parce qu’il ne faut jamais oublier l’enfant qui sommeille en nous. Alors, où en étais-je ? Oui pour le RAL 3018. »

C’était le Chaos. Une tempête administrative. Maintenant qu’elle était chez elle et assise derrière le bureau, Mrs Claus était sans cesse en train de donner une réponse à un lutin, lire un papier, donner une consigne à un autre ou encore signer un document.

« Non, pas le modèle 312, le dernier rapport en date signalait un risque infinitésimale d’absorption pour les enfants de moins de 4 ans. Donc, tu me disais tout à l’heure que les Anges de Lumen ne peuvent pas s’associer à ce foutu Krampus qui me pourrit la vie depuis… toute ma vie, en fait. Ici, dans mon monde, les anges ont une réputation d’être les gentils. Attention, je ne vois pas la vie en noir et blanc. Je préfère simplement partir d’un constat simple avant d’ajouter les exceptions aux règles et toutes les nuances de gris. Oui pour le modèle 314 à la condition que le dernier test d’écrasement aux rennes ait été validé. »

[Bayonetta]

Bayonetta marchait dans la neige sans que la neige ne semble vraiment la gêner. Elle utilisait instinctivement sa magie pour se déplacer simplement, avec une démarche très singulière, consistant à relever bien haut les jambes, et à avancer avec assurance et élégance. Les deux femmes avancèrent à travers la forêt. Le froid ne semblait pas gêner Bayonetta plus que cela, et on pouvait comprendre que la jeune femme utilisait la magie en permanence. Après tout, elle était techniquement nue, puisque sa combinaison était faite à partir de ses propres cheveux, qui poussaient en excroissance sur son corps, et en prenant, ce faisant, une teinte très particulière. La sorcière se déplaçait donc sans peine, suivant la grande femme musclée. Celle-ci empruntait un chemin assez hirsute, atypique, qui ne semblait obéir à aucune des règles logiques qu’on pouvait connaître. Toutefois, tandis que les deux femmes se déplaçaient, et se rapprochaient petit à petit de leur destination, Bayonetta pouvait sentir une lueur très particulière… Une aura magique qui allait en grandissant.

Et puis, elles y furent… Devant la hutte du Père Noël… Une cabane sinistre au fond de la forêt, qui ressemblait à un décor de film d’horreur. Comme Mrs Claus évoqua le téléphone du Dr. Who, Bayonetta haussa les sourcils

« Oh, vraiment ? On dirait plutôt la cabane d’Evil Dead. Tu comptes me couper la main, trésor ? »

Bayonetta entra à l’intérieur, et frissonna. La cabane était assez sinistre, avec une table et un meuble en bois ancestral. Une cheminée en pierre trônait dans un coin, avec des stères de bois qui attendaient. La magie hantait les lieux, et Bayonetta sentit l’artefact doré sur sa poitrine, l’Œil Gauche, vibrer chaudement. La magie était puissante, et Mrs Claus révéla alors un passage secret qui les amena dans une sorte d’usine impressionnante. Un grand salon chaleureux avec un bureau en acajou, un énorme sapin, et des lutins. Des feuilles voletaient dans tous les coins, et Bayonetta en observa une, qui se posa devant elle :

ENFANT : Aaron Fletcher.

Souhait de cadeau : circuit de voiture électrique

Profil : bon garçon à l’école, n’a pas embêté ses petits camarades, ne pleure pas trop chez lui, même s’il lui arrive parfois de piquer des crises de jalousie.

Recommandation du Service Administratif de Distribution des Cadeaux : FAVORABLE !

Cereza reporta ensuite son attention sur Mrs Claus, qui s’était rapprochée d’un genre de bar, et lui proposa de la liqueur de sapin, que la sorcière préféra au verre de lait, ou au chocolat chaud. Elle récupéra une petite bouteille de bière, et, tandis que Mrs Claus s’affalait dans un fauteuil en contemplant les formulaires et les prospectus, Bayonetta décapsula avec un doigt magique la bouteille, et avala la gorgée. Un liquide fort et agréable qui lui réchauffa les entrailles. Elle se déplaça lentement, avisant par une fenêtre ce qui se passait. Le bureau de Mrs Claus donnait sur une grande usine avec des rails et des traîneaux. Des cadeaux filaient dans tous les sens et les lutins s’affairaient dans tous les sens. Bayonetta reporta ensuite son attention sur Mrs Claus, et consentit à lui répondre, tout en allant s’asseoir sur un rebord d’une table, croisant à nouveau sensuellement les jambes, faisant crisser sa combinaison :

« Et bien, ce sont des Anges… Différents. Je ne parle pas des Anges que tu as l’habitude de connaître, trésor. Ceux-là sont des Anges corrompus venant d’une autre dimension… »

Bayonetta se releva, et fit apparaître un livre comme par magie, avec une page où une image triangulaire se forma, le livre flottant tout seul en l’air :

« La Trinité de la Réalité. La Terre est liée à deux autres plans astraux, un plan calqué sur l’Enfer, et un autre calqué sur le Paradis. Historiquement, les sorcières de l’Umbra sont liés avec les Démons de cet Enfer, et les sages de Lumen sont liés avec les Anges de ce Paradis. Ce ne sont pas les Anges de la Bible ou du Nouveau-Testament, et les Anges que j’affronte sont assez dangereux. Ils n’ont a priori aucune raison de s’allier avec ce Krampus, je pense que c’était plutôt un concours de circonstances. »

Le livre généré par Bayonetta disparut aussi rapidement qu’il était apparu dans une petite explosion d’étincelles violettes.

« Bon, et c’est qui, alors, ce Krampus ? Quelqu’un qui veut voler les cadeaux destinés à ces modèles réduits sur pattes d’humains qui ne font que pleurer ? J’espère que vous n’offrez pas des cadeaux aux gamins qui pleurent, d’ailleurs, il n’y a rien de plus horrible à mes oreilles ! »

[Mrs Claus]

Mrs Claus avait écouté d’une oreille seulement tout ce que Bayonetta lui avait raconté. Pas par manque de politesse mais parce qu’elle était surchargée de travail. Il lui fallut tout de même refuser aux lutins suivants qui venaient avec leurs questions et leurs formulaires, il lui fallut les arrêter de sa grosse main. Soudainement, un silence tomba dans la salle.

« Qui est Krampus, tu dis ? »

Une veine pulsa dans le cou de taureau de l’épouse du Père Noël. Mari qui n’avait toujours pas fait son apparition… Homme qui semblait avoir abandonné le jour des cadeaux…

« Krampus est une énigme. Krampus est un démon. Krampus est une foutue épine plantée dans mon cul dont je n’arrive pas à me débarrasser. »

Les coudes sur son bureau de bois, les mains à plats l’une dans l’autre, Mrs Claus fixa Bayonetta : il lui fallait donner plus d’explications.

« Krampus a des similarités avec le Joker. Cette Némésis que tu peux retrouver dans des livres, des comics du nom de Batman. Tout comme le Joker, les origines de Krampus sont flous. Même mon Clauspédia ne possède pas les informations sur cette créature démoniaque. Ça remonte à l’époque de mon bonhomme, le célèbre Père Noël. Et je ne serai pas surprise que ça remonte à encore avant ça… Le bougre est increvable. Ma pire crainte est qu’il soit immortel… Bref. Donc, Krampus est, pour simplifier, l’anti Père Noël. C’est le personnage légendaire qui punissait les enfants qui s’étaient mal conduits le jour de Noël. En somme, le Père Noël et Krampus sont chacun la face opposée d’une même pièce. Tu me suis dans mes explications, gamine ? »

Mrs Claus quitta son fauteuil pour aller se servir cul-sec un nouveau verre de liqueur de sapin. Puis elle revint s’asseoir avec un verre à nouveau rempli.

« Cette saleté de cornu prépare encore un coup. Ce qui m’inquiète, ce sont tes Anges. J’ai bien peur qu’il fasse alliance avec eux. Et lui tout seul est déjà assez pénible à gérer. »

Ce qui rappelait à Mrs Claus qu’elle avait pris de sacrés coups dans la bataille avec Bayonetta. Elle aurait de sacrés ecchymoses la journée prochaine. Et il lui faudrait faire attention aux taillades qui avaient fait saigner sa peau pourtant épaisse.

« Voilà ce que je te propose, gamine. Je t’aide à t’occuper de tes Anges. De ta Baleine je ne sais plus quoi. Et aussi à rentrer chez toi. Une fois tous ces problèmes réglés, j’irai foutre mon pied au cul de ce Krampus. Je vais lui coller une raclée façon MMA, ça le renverra dans sa tanière et me donnera probablement quelques semaines de tranquillité. »

Puis, petit à petit, les lutins revinrent vers Mrs Claus. La valse endiablée des papiers administratifs reprirent.

Mrs Claus releva les yeux.

« Par contre, je te préviens gamine, je suis pas du genre à être conquise. J’ai suffisamment à faire pour ne pas me lancer dans une histoire de fesses. Donc pas besoin de marcher sensuellement, de croiser les jambes comme tu le fais et tout le reste de cette attitude aguicheuse. Oui, c’est ça, des empreintes cruciformes pour les jouets de construction. Oui, on ajoute cette pièce interchangeable pour les poupées. Il faut maintenant que les enfants de cette ère puisse choisir le sexe de leur poupée. Il, elle ou cette forme horrible aux oreilles du iel. Allez, on trottine les lutins ! On a encore beaucoup à faire pour fait La Nuit. »

[Bayonetta]

Krampus, l’anti-Père Noël ? Bayonetta se déplaçait lentement en l’écoutant parler. Mrs Claus parlait en remplissant ses formulaires, alors elle pouvait examiner les lieux. Les lutins s’affairaient dans tous les sens, dans ce qui ressemblait à un capharnaüm. Bayonetta se disait qu’un enfant aurait sûrement imaginé ainsi l’atelier du Père Noël. Elle pouvait voir des sapins à l’intérieur de l’atelier, y compris dans le bureau de Mrs Claus. Comment est-ce que tout cela fonctionnait ? Bayonetta percevait une puissante et ancestrale magie ici. Elle regarda par une porte entrouverte, et vit une sorte de grande salle de réunion, où les lutins discutaient entre eux devant une grande carte du monde.

« …Le groupe de lutins Courtaud se chargera de ravitailler les usines et les entrepôts sur toute la Côte Ouest des États-Unis. Vous livrerez aussi les cadeaux par les cheminées…
-  …Avec le décalage horaire, après avoir servi la côte japonaise, le groupe Grattepot pourra vous prêter main-forte… »

Bayonetta s’adossa contre un pilier, croisant les bras, et laissa la femme parler, commentant ses déhanchés sensuels. Haussement de sourcils de la sorcière. Elle, sexy ? Celle au regard de professeur sévère se décolla du pilier, et marcha en posant ses mains sur ses hanches, ses bras formant des triangles. Tout chez Bayonetta était fait de courbes. Par contre, elle n’aimait pas que cette femme l’appelle « gamine ». Quand même… Pour qui se prenait-elle ?

« Tu me confonds sûrement avec les gamins à qui tu donnes des cadeaux. La seule gamine ici, c’est celle qui distribue des cadeaux, trésor. Et, je te rassure, tu n’es pas mon type. »

Voilà qui était dit pour le flirt. Pour le reste, une alliance entre les Anges et Krampus apparaissait tout de même peu probable.

« C’est plutôt une alliance de circonstances. La Baleine céleste est capable de provoquer des distorsions spatio-temporelles. »

Bayonetta vit dans un coin, sur un mur, une carte de la Laponie. La ville la plus proche était Ravoniemi, une bourgade de 60 000 âmes, la ville natale officielle du Père Noël. Elle posa son doigt sur la carte.

« Là… Ils vont venir ici. Ravoniemi est au croisement de plusieurs ley lines, la magie y est forte. La Baleine cherche à ouvrir un Portail ici, et à libérer les Milices célestes. Il vaudrait mieux empêcher cela, d’autant que ton monstre de carnaval en profitera sûrement pour revenir. »

Résumer Krampus, qui semblait terroriser cette femme musclée, à « un monstre de carnaval », c’était aussi une bonne manière de répondre à ses remarques désagréables sur le fait de l’appeler « gamine ». Mine de rien, une sorcière avait aussi sa fierté personnelle !

[Mrs Claus]

Ce qu’apercevait Bayonetta n’était que le haut de l’iceberg. En réalité, il y avait un nombre impressionnant d’étages en-dessous le rez-de-chaussée où elles se trouvaient. Un nombre incalculable d’ateliers qui occupaient des espaces spatiales et temporels impossibles. Ce que tout le monde finissait par résumer avec le terme : « magie du Père Noël ».

Mrs Claus n’avait peut-être pas été la plus fine dans sa façon de parler, certes. Et elle récupérait maintenant les conséquences. Sa grosse main referma un lourd livre à reliure de cuir épaisse. Elle redonna un peu trop brusquement le livre de directives à un lutin dont elle ne prit même pas la peine de regarder.

Elle se releva donc et croisa ses bras musclés sous sa poitrine.

« Bon. Je crois qu’on est en train de partir sur des mauvaises bases. Et je suis suffisamment sage pour accepter que j’en ai ma part de responsabilité. »

Ravoniemi. Une ville qui comptait beaucoup pour Mrs Claus. Elle y avait passé beaucoup de temps avec celui qui était déjà le Père Noël. L’époque où elle n’était pas encore la « Mère Noël » mais la nouvelle femme dans la vie du Père Noël. Quand l’homme était encore beau, puissant et actif dans son « chalet ». Un temps heureux fait de rencontre avec des ours polaires, de nuits froides dans des igloos où les deux trouvèrent comment se réchauffer. Et, bien évidemment, le spectacle des aurores boréales.

Tout cela pour dire que Mrs Claus n’allait pas laisser un cétacé magique détruire tous ses souvenirs. Et tous les êtres humains qui y résidaient.

« De un, on arrête avec les surnoms. J’arrête avec le gamine. Je me tiendrais à Bayonetta, ça te va pour toi ? Fais simple et appelle moi Claus de ton côté. »

Les deux femmes allaient faire une paire de travail. Une sorte de groupuscule de femmes badass luttant contre un ennemi commun. Sans les costumes de latex des super-héros et le reste de toute leur mythologie.

« De deux, je suis désolé, mais je crois que je ne comprends rien à cette histoire de baleine. Elle cherche à partir ou à coloniser mon pays ? Une fois que la situation sera plus claire dans ma tête, je réfléchirais à des solutions pour régler ce problème. Le Chalet ne fabrique pas seulement des jouets pour enfants. Il est capable de construire à peu près tout et n’importe quoi. »

Il restait un dernier point à traiter. Mrs Claus s’avança vers Bayonetta. Elle ne cherchait pas forcément à la menacer ou à prendre l’ascendance mais, traiter Krampus de monstre de carnaval… Ses poings se serrèrent. Les muscles de son corps se bandèrent. Elle retint pourtant au maximum la colère qui teinta chacun de ces mots.

« Ne fais Jamais l’erreur de sous-estimer Krampus. S’il n’était qu’une sorte d’homme sous un déguisement miteux aux origines de son histoire, il a réellement muté en monstre. Et il ne faut pas prendre ce mot à la légère. C’en est un. Véritablement un. Le genre à l’origine de toutes les légendes et horreurs. »

Mrs Claus s’en alla dans un coin de la pièce. Elle appuya violemment du plat de sa main dans un bouton dissimulé parmi les planches de bois. Un punching-ball jaillit du plafond qui n’eut pas le temps de se stabiliser que la femme body-buildée lui décollait un punch magistral.

« Pour faire simple, il est la source de tous mes malheurs. Le pire, et c’est un phénomène que je ne comprends toujours pas, il prend de plus en plus de puissance alors que le Père Noël devient de plus en plus une loque. Quand ce n’est pas un comportement… monstrueux qui le transforme. »

Le Père Noël. Ça ressemblait fortement à un sujet tabou pour Mrs Claus. Il n’était pas conseillé à Bayonetta de s’introduire dans ce chemin.

[Bayonetta]

Bayonetta accepta d’un hochement de tête la volonté de Claus de revenir à de meilleures discussions entre elles. C’était un choix raisonnable. Bayonetta était après tout tentée de partir seule à Ravoniemi, et de laisser Mrs Claus se dépatouiller avec ses rubans et ses papiers cadeaux. Celle-ci lui intima de ne pas sous-estimer Krampus. Visiblement, le diablotin faisait peur à la grande femme musclée. Ceci étant dit, la sorcière de l’Umbra avait senti la présence du démon, et sa puissance très impressionnante. Elle voulait donc bien s’accorder sur le fait que Krampus était un démon puissant, et dont la puissance semblait liée à celle du Père Noël, selon les explications de Claus. Deux avatars qui s’opposaient ? Cela se voyait parfois… Des esprits mythiques, semi-divins, représentant chacun l’opposé de l’autre. Quand l’un s’affaiblissait, l’autre gagnait en puissance. Impossible pour eux de se détruire mutuellement.

« Les deux ont l’air liés… Le Père Noël est une source de joie, et Krampus une source de malheur… Je serais curieuse d’en savoir plus sur eux deux. Il y a une bibliothèque dans votre refuge ? Un endroit où je pourrais m’instruire ? »

Pour combattre un phénomène, encore fallait-il le comprendre… Bayonetta était une sorcière talentueuse. Son côté sensuel ne niait en rien à ses autres qualités, à savoir  sa compétence redoutable.

« La Baleine cherche à ouvrir un Portail, comme je l’ai dit. Elle cherche à permettre aux démons angéliques d’envahir ce monde qu’ils jugent corrompus, et de le purifier en exterminant les humains… Ils cherchent à reconstituer une relique très puissante, les Yeux du Monde, composée deux parties : l’Œil Gauche, et l’Œil Droit. »

Bayonetta examinait une carte de la région, et se retourna vers Klaus. Elle désigna l’artefact doré qui se trouvait sur son décolleté, une sorte de disque magique.

« Jadis, ces deux artefacts appartenaient à deux clans : le clan de Lumen, un clan de sages et de magiciens orientés vers la magie blanche, et le clan de l’Umbra, un clan de sorcières orientées vers la magie noire. Les deux clans étaient initialement unis, mais se sont progressivement éloignés, jusqu’à ce que l’union entre un sage de Lumen et une sorcière de l’Umbra ne provoque la guerre entre les deux clans. Le fait est que ces deux amants étaient chacun les détenteurs des Yeux du Monde. C’était… C’était ma mère et mon père. Ma mère est morte, et j’ai hérité de l’Œil Droit. Vois-tu, là où les sorcières invoquaient des démons, les sages de Lumen, eux, invoquaient des Anges… Mais des Anges pervertis, similaires et très différents de ceux dont tu as entendu parler. Ils souhaitent réunifier les deux artefacts pour ressusciter celle qu’ils considèrent comme leur divinité… Jubileus. »

Bayonetta reposa le disque sur ses seins, et se déplaça lentement.

« Ton Krampus va profiter des tentatives des Anges d’ouvrir un Portail pour revenir sur ce monde. Il semblerait que nous ayons toutes les deux des ennemis communs… Klaus. »

Un tel constat ne pourrait normalement que les amener à s’associer ensemble pour combattre cette redoutable menace…

[Mrs Claus]

D’un côté, Mrs Claus avec son problème de Père Noël/Krampus. De l’autre côté, Bayonetta avec les clans Lumen/Umbra. Les deux femmes étaient peut-être plus liées qu’elles ne le pensaient.

« Je pense aussi que nous avons des ennemis en commun, Bayonetta. Donc il me parait logique de nous associer pour les combattre. Mais deux choses. »

Mrs Claus quitta le coin de la grande pièce faites majoritairement en bois. Elle se rapprocha de Bayonetta et toisa l’artefact collé à sa poitrine. Un étrange objet qui semblait plus vecteur de problèmes que de solutions.

« D’une, si nous nous associons, peut-être devons-nous établir un contrat et le signer toutes les deux. Tu me diras surement que c’est protocolaire et administratif, mais à mes débuts, j’ai été naïve et trahie plus d’une fois. Que ce soit en jouant sur les conditions, les non-dits ou les envies changeant avec le temps. »

Noël et l’administratif : deux termes qui ne semblaient définitivement pas aller de pair. Noël était synonyme de magie, de lumière et de joie. L’administratif évoquait des bureaux étriqués remplis à ras-bord de dossiers remplis de milliers de pages désirant seulement deux choses : dégringoler comme des tsunamis et faire mal à la tête. Que ce soit par le choc de la chute ou par les maux de tête à la lecture.

« De deux, je ne suis pas prête à te laisser t’aventurer parmi les étages souterrains. Mon Chalet est un endroit précieux. Un noyau où des lignes de magie se regroupent. La Magie de Noël n’est pas quelque chose qu’on expose dans une vitrine pour être vu par tous et n’importe qui. Elle doit se faire discrète. Elle demande une solide confiance pour être partagée. Et bien que nous ayons combattus toutes les deux, Bayonetta, je ne peux pas t’offrir ces accès. Donc ni à la Bibliothèque de Noël ni… au Père Noël. »

Mrs Claus revint donc s’asseoir derrière son bureau de bois massif. Elle ramena devant elle un bloc de papier, débouchonna une plume d’or puis posa les coudes sur la surface plane.

« Alors, nous partons sur un contrat pour s’associer dans l’objectif de défaire l’association Krampus/baleine cosmique ? »

[Bayonetta]

Bayonetta pouvait sentir la magie. Elle était très forte. C’était un point de nexus magique, un point où la magie se regroupait. Ces endroits étaient communs sur Terre. Quand deux ley lines se croisaient, il y avait un nexus, mais, parfois, il y avait plus de croisements, et cela donnait naissance à des endroits particuliers. Cette zone en faisait visiblement partie. La sorcière n’aurait pas été contre un peu d’exploration, mais Mrs Claus la prévint de ne pas aller explorer son « Chalet ». Il y avait ici toute une organisation, et Bayonetta sentait que le « Chalet » comprenait une vaste structure souterraine. Des installations profondes qui permettaient visiblement à l’ensemble de fonctionner, de produire les jouets afin de les distribuer ensuite. Est-ce qu’ils passaient par les cheminées ? Cela avait toujours semblé un peu baroque… D’autant que les Terriens avaient de moins en moins de cheminées, maintenant ! Elle pensait plutôt à une distribution en amont, dans les entrepôts ou dans les magasins.

*Peut-être pourrais-je en profiter pour faire un peu de tourisme ?*

Avant cela, Bayonetta devait toutefois régler avec Mrs Claus la question de se faire confiance. La femme retourna s’asseoir derrière son bureau, et surprit Bayonetta en lui demandant de signer un contrat. La sorcière se déplaça lentement, et s’assit sur une chaise en face du bureau de Mrs Claus. Elle croisa encore sensuellement les jambes, faisant crisser sa combinaison, et étudia de manière nonchalante le papier. Elle attrapa le document d’une main, et posa son autre main pour rehausser ses lunettes.

« Hum… Tu sais, pour une sorcière, un engagement oral est plus parlant que signer un bout de papier. Je trouve même un peu insultant de vouloir me faire signer un truc juste pour prouver que tu peux me faire confiance. Je veux dire, si je voulais te tromper, ce n’est pas ce morceau de papier qui m’en empêcherait. »

Néanmoins, Bayonetta n’allait pas faire de difficulté, et elle signa donc à la fin du contrat de partenariat.

« C’est d’accord. Je veux stopper cette baleine… C’est dans notre intérêt commun, car je crains que ce Krampus ne cherche à profiter de la baleine cosmique pour se manifester à nouveau… »