The Multiversity

Midna avait beau être une Twili, elle n’en restait pas moins la Chamane de la Maison Z’ress. Ceci suffisait à lui donner un statut particulier qui amenait les autres Drows à devoir la respecter, a fortiori dans une forteresse aussi reculée qu’Ainor. Ancienne citadelle démoniaque remontant à l’époque du Grand Conflit, Ainor avait été violemment ravagée. C’était ici, dans cette citadelle, que les démons avaient exploité des minerais très rares pour former des rituels magiques impies visant à former des Balrogs. Ainor avait été assiégée par les Anges, mais les Anges n’avaient jamais pu conserver Ainor. La citadelle avait ensuite sombré avant que les Drows ne parviennent à la reprendre.

La Chamane était accompagnée par Shalash, une prêtresse drow travaillant pour le compte de Streeaka. Ensemble, elles avaient voyagé de Menzoberranzan à Ainor pour récupérer des minerai sont Midna avait besoin. On trouvait dans l’Outreterre des matirèes premières uniques en leur genre, ce qui expliquait pourquoi les nains formaient l’un des rares peuples du Dessus à avoir des avant-postes fortifiés dans ce monde.

Ainor était un endroit sinistre, tenu en main par Dhrell. Le simple fait qu’un mâle soit un seigneur suffisait à montrer qu’Ainor était très éloignée de Menzoberranzan. Le voyage n’avait pas été très simple, et Streeaka avait affecté aux deux femmes une escorte, menée par Mahlias, un soldat drow aux services de la Matriarche.

En soi, Ainor était toujours en état de ruines, avec quelques grandes artères commerciales où on pouvait acheter des esclaves et des minerais. La forteresse était loin d’être aussi vivante que Menzoberranzan, et commerçait avec Turum-Ain, une forteresse naine à proximité. Les nains y extrayaient les précieux minerais que Midna voulait. Ainor était ainsi l’une des rares places de l’Outreterre où un peuple autre que les Drow pouvait avoir quelques établis, ce que beaucoup considéraient comme une hérésie. Mais les techniques d’extraction des nains avaient su prouver leur utilité. Initialement, Dhrell avait tenté d’envahir Turum-Ain pour asservir les nains, mais les nains avaient repoussé ses forces. Ils avaient ensuite assiégé Ainor, mais avaient été repoussés, et, pour mettre fin à la guerre, un traité avait été conclu. Un traité fragile, bien sûr, mais qui avait au moins le mérite d’exister.

Tandis que les chamanes faisaient leurs courses, Mahlias se trouvait sur une tour, faisant le guet. Il mangeait un morceau infect de viande de saurien, l’une des spécialités locales de l’Outreterre.

*C’est infect, cette saloperie…*

Mahlias n’avait aucune envie de rejoindre le Monde-Du-Dessus, mais il avait déjà eu l’occasion de goûter à leur nourriture, comme à du ragoût, ou même de simples fruits… Ils étaient bien moins acides que sur son monde, beaucoup plus agréables ! C’était probablement l’une des choses que Mahlias détestait le plus ici ! Toutefois, il n’en oubliait pas Ainor, qui était une véritable passoire. Ses propres hommes montaient la garde, tant Dhrell avait perdu de sa superbe ici !

*Il va falloir que ma Maîtresse s’en occupe, Dhrell ne mérite plus de gouverner Ainor…*

Plongé dans ses pensées, Mahlias aperçut soudain un petit groupe qui se rapprochait…

Cela faisait longtemps, très longtemps qu’elles étaient séparées de leurs parents. Elles savaient bien que leur père était mort, il fut le premier à vouloir stopper cet homme, mais le premier à mourir rapidement, il n’était clairement pas de taille face à ce monstre. Mais sa mère, elle avait sûrement une chance de le vaincre ou au mieux de le retenir. Depuis tout ce temps, peu importe le vainqueur, le combat était terminé depuis longtemps. Cela faisait environ un an, mais aucune trace de leur mère ni de cet homme. En avait-il peut-être uniquement après sa mère ? Ou bien, il se rapprochait de leur position ? Val'nadi l'ignorait et elle en était agacée... Si ça se trouve, elles fuyaient pour rien ? Ou alors elles devaient continuer ainsi ? Elle faisait de son mieux pour prendre les routes les moins dangereuse – en apparence du moins, car elle ignorait où elle allait en réalité – mais elle devait veiller sur ses trois petites sœurs. Si ça ne tenait qu'à elle, elle aurait pu aller plus vite et mieux se défendre, mais là, elle n'était pas seule.

Les elfes avaient beau continuer leur route depuis au moins un an, Val'nadi leur offrait quelques moments de détente quand c'était possible, mais elle restait sur ses gardes. Les premiers jours furent les plus épuisants, mais maintenant, c'est triste à dire, mais c'était leur quotidien. Elle se demandait parfois si elles étaient encore en danger, mais elle avait encore les mots de sa mère en tête. Courez, et ne vous arrêter pas. Si leur mère était derrière elle, elle les rattraperait tôt ou tard, mais dans le cas contraire, non, rien. Mais aujourd'hui, les temps étaient durs, cela faisait plusieurs jours que leurs rations avaient été consommées, et le peu qu'elle trouvait ne suffisaient pas. En ses terres abandonnées, la forêt, l'eau, tout cela n'était plus si abondant. Peut-être était-ce une erreur de s'être aventuré sur ses terres ? Voyant au loin une forteresse qui ne semblait plus en très bon état, elle espérait trouver quelques denrées non-périssable ou encore bon ? Le miel ne pourrissait pas par exemple. Ce serait du luxe d'en trouver, mais après tant de jours à manger des miettes, elles se contenteront de peu, pourvu que ça leur remplisse l'estomac. Même si Val'andi fut prudent, elle n'avait pas vu que quelqu'un les avait vu approcher.

Le quatuor approchait, passant par l'entrée et évidemment, l'endroit semblait vide. Espérons qu'aucune créature ne traîne dans le coin ou une créature à la limite, simple et facile à vaincre. Dans le meilleur des cas, ça leur fera toujours un peu de viande. Prudente, elle cherchait autant à percevoir le moindre mouvement qu'un indice sur de l'eau ou n'importe quoi pouvant leur servir de repas mais rien. Même si ses petites sœurs agissaient dans le plus grand silence, Val'nadi semblait percevoir des bruits non loin, ça ne semblait pas dangereux, elle semblait même percevoir des mots. Mais était-ce une bonne idée de venir à leur rencontre ? Ou mieux vaut rebrousser chemin ? C'est quitte ou double... Soit c'est de l'aide, soit c'est un crime... Val venait tenir sa lance entre ses mains, se rapprochant à pas de loup, elle ne comptait pas spécialement menacer ses voix, mais on ne sait jamais à qui elles appartenaient ?

L'aînée arriva enfin, voyant une femme de dos, les cheveux comme la couleur du feu, bavardant avec ce qui semblait être deux Drow, un homme et une femme. Bien qu'elle n'en avait jamais vu, elle savait les reconnaître. Oreilles pointues, peau noire et généralement des cheveux blancs. Donc, en dehors de la rouquine, il y avait deux Drow et depuis toute petite, on lui disait de ne pas approcher de ses mauvais elfes. Mais avait-elle le choix ? Elle devait tout faire pour aider ses petites sœurs, elles étaient plus fragiles qu'elle.

« Pa-Pardon ! »

Elle attira ainsi l'attention sur elle avec sa voix fluette. Malgré qu'elle tenait une arme, elle était positionnée comme sur la défensive, en diagonale et non pointée sur eux. Les trois regards étaient sur elles, ses petites sœurs se tenant à elle dans son dos, elle espérait ne pas faire une bêtise...

« Pi-Par pitier.... avez-vous de la nourriture... de l'eau... au moins pour elles... ça fait des jours que nous voyageons... en nous nourrissant de miettes et de gouttes de pluie... Aider nous... »

Le monde n'est pas tout blanc ni tout noir. Elle savait que dans le monde, il y avait de gentils démons, même si elle n'en avait jamais rencontré, alors il devait y avoir de gentils Drow ? Présentée ainsi, sale et leurs vêtements étant si terreux et usée que l'on pourraient les prendre pour des gueuses. Et pourtant leur tenue était censé durée et résister mais le temps avait eu raison de cela pour elles.

Chez les Drows, la pitié n’existait pas. La faiblesse était pitié. La vie des Drows était dure, faite de colère, de haine, de violence, de perfidie. C’était une vie façonnée par l’Outreterre, une vie façonnée par un monde hostile et sauvage. La pitié n’existait pas. Tout Drow normal aurait abandonné Val’nadi et sa famille, ou, plutôt, aurait fait de la petite elfette une petite esclave, et aurait abandonné les autres, trop petits pour être utile.

Mais Val’nadi tomba sur une Twili. Et Midna n’était pas une Drow. Elle appartenait à un peuple peu nombreux, des individus tribaux vivant généralement dans les grottes. Les Twili étaient plutôt pacifiques, et commerçaient avec les Drows. Midna se retourna donc, et, tandis que plusieurs Drows se déployaient autour d’elle, dont Mahlias. Le Drow allait déployer son épée, mais Midna tendit soudain sa main vers lui, le retenant. La magie vibra autour d’elle, et elle usa de son autre main. La petite elfe n’avait plus que la peau sur les os, ainsi que le reste de sa famille, et l’arme qu’elle tenait sauta soudain entre ses mains.

« Ce sont des pouilleuses ! Elles ont dû se perdre dans les grottes ! s’exclama Mahlias.
- Des pouilleuses avec une arme pareille ? C’est une dague de nobles ! »

Midna était curieuse, et se rapprocha alors. Sa magie suintait autour d’elle, et elle se rapprocha de Val’nadi. Midna était de base une femme assez grande, qui s’agenouilla devant l’elfe, et lui ébouriffa les cheveux… Avant de la prendre dans ses bras. Surpris, les Drow regardèrent cela, se rappelant combien la Matriarche Z’ress pouvait se montrer excentrique… Et, visiblement, c’était le cas avec les personnes qui l’accompagnaient ! Souriant lentement, Midna la regarda.

« Préparez-leur un repas.
- Hein ? Vous n’êtes pas sérieuse ? »

La Chamane tourna la tête, et ses yeux s’illuminèrent alors, témoignant de sa puissance terrifiante.

« Contestez encore une fois mes ordres, et c’est vous qui servirez de repas pour les monstres qui sommeillent dehors. »

Mahlias glapit sur place, et se dépêcha donc. Midna se redressa alors, et sourit doucement à Val’nadi. Elle sentait en elle sa puissante aura magique, latente, et était très curieuse de connaître son passé.

« Utilisez mes réserves personnelles, Mahlias. La nourriture que j’ai récupéré du Dessus. »

Ici, au sein de l’Outreterre, une telle nourriture, comprenant du pain frais, de la viande, et des légumes, faisait office de véritable trésor sacré. Midna pouvait sentir la fatigue de la petite famille elfique, et que celle-ci était au bord des larmes.

« Venez, nous allons nous installer dans le manoir de Dhrell. Il y a une source thermale, vous y prendrez un bain, car vous êtes vraiment crasseuses. »

Elle s’attendait à ce que Dhrell proteste, mais Midna n’avait pas vraiment grand-chose à craindre. Les Drows s’étaient rapprochés, surpris, murmurant entre eux. Ils méprisaient les elfes, et les petites elfes autour de Val’nadi se pressèrent autour de leur sœur.

« Je m’appelle Midna. J’ignore qui vous êtes, toi et ta famille, mais, pour avoir réussi à venir jusqu’ici… Vous devez être pleine de ressources. Prenez votre bain, puis vous me raconterez tout ça, mes trésors ! Mais, quand même… Comment dois-je vous appeler ? »

La fatigue, la faim, la soif, la peur, tout cela se lisait dans les yeux de Val'nadi qui observait le groupe, espérant bien un acte de charité de leur part, afin d'aider ses petites sœurs, mais les quelques Drows présent ne faisaient que cracher leur haine, désarmant Val'nadi qui en fit tomber sa lance avant qu'une femme, n'étant pas Drow, sorte du lot et cherchait à en savoir plus. Elle se penchait vers elle en se mettant à genoux pour lui ébouriffer les cheveux et la presser contre elle. Val'nadi fut un peu surprise, mais ce n'était pas un acte méchant au moins. Ses trois sœurs dans son dos continuaient de s'accrocher à elle en observant tout ce qui se passait avec leur yeux d'enfant. Visiblement, la jeune femme dirigeait le groupe, voulant bien accepter la requête de l'elfe en la nourrissant, elle et ses petites sœurs, mais elle voulait aussi qu'elle se décrasse. Il est vrai que rester sur les routes à voyager, s'arrêter le moins possible et trouver de moins en moins de point d'eau, il était difficile de se laver correctement. Au mieux, les derniers points d'eaux servaient à se rincer les pieds et se laver le visage, mais y prendre un bain ou une douche, c'était impossible.

En écoutant la jeune femme, parler d'un vrai repas, ça semblait trop beau... Elles qui se nourrissaient que de maigres ressources depuis plusieurs jours, trouver un vrai fruit entier et non gâtée était rare, mais trop peu pour quatre personnes. Si ce repas était réel et délicieux, ce serait une des meilleures choses qui leur sont arrivées ses derniers mois. Val'nadi suivait la jeune femme en se méfiant des autres Drows, ses petites sœurs étaient toujours accroché à elle mais c'était tant mieux, elle préférait les sentir agripper à elle que de ne pas savoir...– doté d'une conscience civilisée –

« Je me prénomme, Val'nadi. Elles, ce sont mes petites sœurs... »

Même si elles restaient toujours cachées derrière leur grande sœur, elle s'occupait de les décrire elle-même pour le moment. Il était normal pour elles d'être intimidé face à autant de Drows, et même sans ça, c'étaient les premiers êtres vivants – doté d'une conscience civilisée – qu'elles croisaient depuis des mois.

« Avec les longs cheveux, c'est Mah'khoil, celle qui les a attachées, c'est Dor'alyth et celle qui me ressemble, c'est Pel'hessaj. »

Toujours discrète et caché, c'est à peine si elles avaient sorti leur tête pour observer la grande dame qui les aidait. Val'nadi comptait lui dire la vérité, pour ne pas la mettre en danger, mais elle comptait en profiter aussi. Elle voulait savoir leur histoire après le bain donc, elle le fera ainsi. Mais si elles pouvaient profiter d'un repas et d'une nuit au calme, ce serait déjà un gros soulagement pour elles. Après, elles aviseront.

« Je.... Merci de nous aider, nous... nous n'avons pratiquement rien bu ni manger... depuis plusieurs jours... »

Elles avaient mangé et bu, mais bien trop peu que ce qu'il faudrait en général, elle donnait souvent un peu plus de sa part à ses petites sœurs afin qu'elles tiennent mieux la route, mais ça allait faire un an qu'elles voyageaient, loin des villes, des villages, s'en rapprochant rarement pour espérer trouver un maigre butin pour quiconque aurait le cœur sur la main, mais c'était rare. D'autant plus qu'elle ne voulait pas se faire remarquer, qui sait si ce type sombre était toujours à leurs trousses. Chaque nuit, chaque pause lui faisait craindre de voir apparaître cet homme cruel qui avait tué leur père sous leurs yeux, et sûrement leur mère... Elle espérait se tromper, mais si ça aurait bien tourné, elles seraient déjà réunies ensemble.

« Mais je ne voudrais pas qu'on s'impose donc... si notre présence dérange, on... nous partirons demain... si vous le voulez bien... »

Peut-être l'avis de la Twilli allait changé après avoir entendue son histoire, mais pour le moment, Val'nadi ne voulait pas trop tirer sur la ficelle et trop en profiter. Elle avait déjà bien assez de chance pour ce coup-là. Elle ne voudrait pas trop en demander... Surtout si par sa bonté, elle se mettait en danger, l'elfe s'en voudrait énormément si quelque chose leur arriverait...

Les Drows pouvaient se montrer très cruels envers les autres espèces, surtout celles à la peau un peu trop pâle… Mais tous les Drows n’étaient pas idiots. En l’occurrence, Midna n’appartenait pas à la Maison Z’Ress pour rien. Au sein des Drows, Streeaka Z’Ress était indéniablement une exception. Elle était aussi perverse et potentiellement cruelle que n’importe quel Drow, mais elle acceptait les individus non-drows dans son entourage. Elle avait ainsi une Twili sous son aile, et même une elfe sylvestre ! Contrairement aux autres Drows, Streeaka s’intéressait forcément au Monde-Du-Dessus, et espérait sans doute pouvoir un jour remonter là-haut, afin de profiter des bienfaits du Dessus… Comme la gastronomie. La Matriarche raffolait des mets du Dessus, infiniment plus variés et plus agréables à manger que les plats et les repas de l’Outreterre. Les paysages étaient également beaucoup plus variés, et, de manière générale, Streeaka avait le net sentiment que sa place n’était pas ici, qu’elle n’était pas supposée rester éternellement à Menzoberranzan… Du moins, c’est ce que Midna se disait, mais, après tout, les volontés de Streaaka étaient parfois confuses.

Toujours est-il qu’elle ne pouvait décemment laisser quatre bouts de chou mourir de faim ! Les trois sœurs de Val’nadi restaient cramponnées à celle-ci, et il suffisait à Midna de voir le regard de celles-ci pour constater qu’elles avaient passé beaucoup de temps dehors. Elles étaient terrifiées, certes… Mais pas assez pour que leur errance soit récente. Elles tenaient à la force de la volonté, mais semblaient toutes sur le point de s’effondrer. Val’nadi les présenta, tout en annonçant que, si sa présence dérangeait, elle partirait demain avec ses sœurs.

« Et vous iriez où, hein ? C’est déjà un miracle d’être arrivées jusqu’à Ainor en un seul morceau ! Mais ce n’est pas moi qui décidera de votre sort, je dois en référer à ma Maîtresse. Maintenant, économisez vos forces, et ne vous en faites pas pour ces imbéciles, ils n’iront jamais défier l’autorité d’une Chamane. Économisez plutôt vos forces. »

Ainor n’était clairement pas une digne vitrine du peuple drow. C’était une forteresse en ruines, ravagée, avec des murs lézardés, des fissures de partout, des rues étroites et sinueuses où des Drows aigris et incompétents vous dardaient des regards mauvais. Il n’y avait pas tous ces parfums de Menzoberranzan, toute cette vie qui pouvait redonner un peu de gaieté. À vrai dire, plus Midna partirait vite d’ici, et mieux ce serait. Elles rejoignirent le manoir central de la forteresse, une maison en pierre semblant un peu mieux bâtie que les autres. Midna leur ouvrit la porte, et les quatre elfettes purent pénétrer dans un séjour.

Midna les conduisit ensuite à la salle d’eau. Sur ce point, les Drows avaient beaucoup appris des nains, spécialistes de tout ce qui était métallurgie ou plomberie. Et, pour ce qui est de l’eau, les Drows n’avaient pas à se plaindre, disposant d’accès aux nappes phréatiques et à d’immenses réserves d’eau naturelle. Elles rejoignirent donc une agréable salle d’eau avec un grand bassin, éclairée par un candélabre et plusieurs bougies, puis Midna utilisa les robinets.

« Vous me donnerez vos vêtements, je les brûlerai et vous en donnerai de nouveaux. »

À ce stade, leurs vêtements étaient beaucoup trop sales et rapiécés pour espérer en faire quelque chose ! Elle leur présenta le savon, ainsi que diverses lotions. Les Drows faisaient toujours attention à leur élégance, à leur beauté, car, à Menzoberranzan, la beauté était un critère de pouvoir.

Tandis que l’eau affluait, Midna pouvait voir les visages des trois elfettes se déformer un peu, comme si elles n’arrivaient pas à croire à la chance qui leur tombait dessus.

« Profitez de l’eau pour bien vous rincer, je vais vous préparer un repas. Je déposerai vos nouveaux vêtements sur le pas de la porte entre-temps. Ensuite, vous vous reposerez. Et, après, nous parlerons, car vos yeux ont une histoire à conter. »

Cela lui laisserait aussi le temps d’en référer à sa Maîtresse, afin que celle-ci la recontacte. Car ce n’était pas tous les jours que quatre elfes vous tombaient dessus ! Un léger sourire éclaira alors les lèvres de Midna, qui caressa soudain les cheveux de Val’nadi, et déposa un baiser sur son front.

« Ici, vous êtes en sécurité. Certains locaux vont peut-être venir protester, mais je suis une Chamane, je représente l’autorité d’une Matriarche de Menzoberranzan, ils savent que je peux les faire écarteler s’ils m’ennuient trop, donc ne vous en faites pas. »

Si elle s’écoutait, elle leur ferait de gros câlins, mais… Déjà, il fallait qu’elles se lavent ! Midna se releva donc, coupa les robinets, et les laissa ensuite profiter du bonheur de retrouver un vrai bain.

Val'nadi ne pouvait pas mentir, surtout pas mettre ses gens en danger et elle lui dira la vérité, du moins, ce qu'elle pouvait dire. Sa mère lui a toujours interdit d'essayer de pratiquer la magie, comme à ses sœurs, mais à l'évidence, ses petites sœurs n'avaient pas écouté. De ce qu'elle savait de sa famille, elles n'avaient pas le droit d'user de la magie. Mère et filles partageaient ce point commun, où une marque était comme tatouée sur leur peau. Sa mère l'avait près du nombril, pour Val'nadi, il se trouvait caché sous ses cheveux, quant à ses petites sœurs, il était placé à peu près au même endroit, sous l'aisselle gauche. Elle pouvait donc parler de la menace à leur trousse, du très certainement, sacrifice de sa mère, mais elle ne devait pas parler de la magie, du moins, elle pouvait rester un peu vague... Elle voulait croire que le danger était écarter, mais elle ne pouvait pas baisser sa garde. Ni envers l'inconnu, ni envers ses gens. Qui sait, en découvrant leur marque, elle pourrait se montrer aussi hostile que l'inconnu ?

Mais étant donné que la chamane avait parler de se laver et manger, elle lui dira la vérité, mais après le repas ou pendant. Pas avant. Un peu avec crainte, elle avançait en la suivant, se méfiant de tous ses mauvais regards posé sur elles, elle n'aimait pas cela... Elle connaissait les légendes, les histoires que leur racontaient ses parents, mais c'était parfois exagérer pour apprendre, via ce genre de « menace » à ne pas faire de bêtise quand on est petit... Mais peut-être que les histoires n'étaient pas si exagérer ? La jeune elfe ne voulant pas déranger plus que ça, préférait partir demain, après une bonne nuit de sommeil, mais la Twilli préférait référer à sa maîtresse pour savoir que faire, plutôt que les laisser filer dans la nature hostile... Elle-même ignorait s'il était préférable de la suivre ou de reprendre la route avec ses sœurs ?

Arrivant dans la salle d'eau, la Twilli leur indiqua ce qu'il y avait à savoir sur tout cela, leur apportant par la suite de nouveaux vêtements vu l'état de ce qui leur servait actuellement de tenue... Dans un sens, elle ne voulait pas les brûler, quitte à juste les laver ou tenter de réparer un peu car... c'était un des derniers souvenirs liés à sa famille... Mais elle comprenait qu'en l'état, même laver, ça ne serait que des morceaux de tissu usée par le temps et le voyage. La chamane voyait bien qu'elles avaient une histoire à raconter, elles n'étaient pas ici par choix après tout, pendant sa fuite, Val'nadi ne voulait que mettre le plus de distance avec l'inconnu, voilà tout. Au moins la chamane leur garantissait la sécurité, mais... L'elfe ignorait encore si elles devaient vraiment cesser de fuir ? Oui, cela fait pratiquement une année, plus ou moins, mais et si leur agresseur était toujours dans leur dos en supposant par hasard qu'il ai le même temps de pause et la même vitesse qu'elles ? Si elles s'arrêtent plus que nécessaire, alors il allait finir par les rattraper...

La chamane venait caresser ses cheveux en lui baisant le front avant de rebrousser chemin pour leur laisser le temps de se nettoyer. À présent seule, Val'nadi s'assura d'abord de rassurer ses petites sœurs sur ce qui se passait et ce qui pourrait se produire ensuite. Retirant leurs tenues, elle commença d'abord par aider et laver bien comme il faut ses petites sœurs, bien insister sur leurs cheveux, profiter de tout cela pour retirer la moindre couche de crasse sur leur peau, sous leur ongle, elles devaient quitter cet endroit aussi propre que... que quand tout allait bien pour elles... Ce ne fut pas une mince affaire, car même si la petite famille se lavait pendant leur voyage, c'était toujours rapide et dans le meilleur des cas, ce n'était que de l'eau, elles n'avaient rien pour vraiment se laver. Après près d'une bonne heure le temps de passer en revue chacune d'entre elles et se laver aussi, elles pouvaient sortir. Si on tendait l'oreille, de temps en temps, on aurait pu entendre quelques rires enfantins derrière la porte, il fallait bien qu'elles s'amusent aussi vu leur jeune âge.

Récupérant les tenues, elle les aidait à s'habiller et surtout à se coiffer. Autant Pel'hessaj avait sensiblement la même coiffure qu'elle, même si un petit arrêt coiffure ne serait pas du luxe aussi, enfin bref, pour elle, ce fut assez rapide, elle pouvait pratiquement la laisser se coiffer seule, mais les deux autres, vu leurs longs cheveux, ce fut bien plus long et minutieux. Mais voilà, elles étaient propre, bien habillée et bien coiffée. Sortant de là, ce n'étaient plus les mêmes elfes, sans la couche de crasse, des vêtements pas abîmée, la seule chose qui ne changeait pas, c'était que les triplées étaient agrippée et cacher derrière le dos de leur grande sœur. Ce qui leur servait de vêtements juste avant était déposé dans un petit bac en bois, il n'y avait plus qu'à brûler cela. Par chance, Midna n'était pas loin, elles n'auraient pas à chercher ni à demander de l'aide aux Drows.

« Me-Merci pour le bain et les vêtements... C'est bien plus confortable comme ça... Merci beaucoup... »

Val'nadi n'avait pas oublié, Midna devait parler avec sa maîtresse pendant leur absence, elle espérait juste ne pas entendre de mauvaise nouvelle...

« Et tu dis qu’elles sont venues seules à Ainor ?
- Si fait, Maîtresse. »

Face à elle, Streeaka était en train de réfléchir. Élégamment assise sur un fauteuil, elles se parlaient grâce à une boule de cristal magique. Midna en avait toujours une en stock, qu’elle utilisait pour la relier à une boule de cristal appartenant à Streeaka. La Matriarche avait fort heureusement répondu assez vite, et Midna s’était empressée de lui parler de cette étonnante rencontre à Ainor. Soucieuse, la Matriarche se mit à réfléchir pensivement.

« Je suppose que les locaux n’ont pas aimé ça…
- C’est fort peu dire, Maîtresse, j’ai cru qu’ils allaient m’étriper…
- Cela n’a rien de surprenant, ils ne t’aiment déjà pas parce que tu n’es pas une Drow, alors, venir secourir des elfes… Tu es donc sûre qu’elles n’étaient pas accompagnées ?
- Tout à fait… Mais j’ai senti en elle une sorte d’aura magique.
- Honnêtement, je ne vois pas d’autre explication pour qu’elles aient réussi à traverser une partie de l’Outreterre, ou même pour avoir rejoint l’Outreterre tout court. Mais ne brûle pas leurs vêtements, on trouvera peut-être des informations sur leur origine en les étudiant.
- Vous êtes sûre, Maîtresse ? C’est que… Leurs vêtements sont plutôt sales et mal odorants, et…
- Ne fais pas ta coquette, Midna. Tu as bien agi, je souhaite les rencontrer. Ocucpe-toi d’elles, et, dès qu’elles seront en état, vous reprendrez la route vers Menzoberranzan. »

Midna la remercia, puis mit fin à la communication. Elle savait que les Drows d’Ainor n’allaient pas apprécier ça, tout comme le fait qu’elle réquisitionne la maison du seigneur local, mais personne n’oserait la critiquer ouvertement. Elle était l’émissaire d’une Matriarche de Menzoberranzan, après tout. Elle ouvrit le garde-manger, et préparait aux jeunes filles un repas assez complet, avec du fromage, des fruits qu’elle avait ramené pour sa Maîtresse. Il y avait notamment des pommes, mais aussi des bananes et une grappe de raisins qu’elle assembla dans une corbeille de fruits, tout en préparant un peu de viande blanche ramenée par Ellënia. Elle la fit chauffer, et cuisina également des pommes de terre qu’elle éplucha calmement auparavant, avant de les mettre à griller. Midna avait appris à cuisiner auparavant, et elle préparait toujours des bons petits plats pour sa Maîtresse.

La Chamane prépara également une bonne sauce, tout en surveillant la cuisson des escalopes. Elle utilisa quelques fines herbes dans la sauce, et, peu à peu, une saine odeur remonta dans la maison, jusqu’à la salle de bains. En se rapprochant pour y déposer leurs nouveaux vêtements, elle avait pu entendre les petites-filles rire gaiement. Mieux valait les laisser jouer ensemble, car, pour errer toutes les quatre dans les méandres de l’Outreterre, ces elfes avaient dû vivre de sacrées épreuves là-haut.

Quand les quatre poupées revinrent, Midna avait préparé le repas. Elle sourit en voyant qu’elles étaient vraiment très belles, et que les trois petites se réfugiaient toujours derrière Val’nadi.

« Vous êtes parfaites. Allez-y, installez-vous, je vous ai préparé à manger. »

Elles s’installèrent dans la salle à manger. C’était une maison un peu austère, au décor très spartiate.

« Navrée, l’endroit n’est pas très joli, les habitants d’Ainor n’ont pas les mêmes goûts que ma Maîtresse. »

Midna remplit leurs assiettes, et, luxe suprême, leur servit même un peu de pain frais, là aussi ramené par Ellänia. Le pain préparé par les boulangers de l’Outreterre était souvent de médiocre qualité, dur, sec, ou trop mou. Celui-là était bon, et elle se servit également une part, tout en s’installant, et croqua à pleines dents dedans. L’escalope était très tendre, et elle mordit également dessus avec appétit.

« Bon, alors… J’ai pu m’entretenir avec ma Maîtresse, qui souhaite vous voir à Menzoberranzan. Dès que vous serez reposées et prêtes pour le voyage, nous partirons d’Ainor. Vous lui expliquerez comment quatre petites jeunes filles ont réussi à rejoindre l’Outreterre et à marcher jusqu’à Ainor. Nous allons également conserver vos vêtements, car ma Maîtresse souhaite les étudier. »

Midna se tut ensuite pendant quelques instants, avant de continuer :

« C’est bon, hein ? Les plats du Dessus sont les meilleurs, mais je ne garantis pas que vous mangerez de ça tous les jours. Vous ne le réalisez peut-être pas, mais vos petites bouches mangent un plat que nous considérons comme luxueux ici. Les fruits, surtout. Ma Maîtresse adore le raisin, par exemple ! »

Depuis combien de temps n'avaient-elles pas pris un véritable bain, usé de savon ou autre pour retirer la crasse sur leur peau ? Même la plus pure des eaux en chemin ne l'était pas assez pour arrivée à un tel effet alors avoir près d'une année sur les routes à fuir l'Inconnu, autant dire que ce bain n'avait pas été de trop. Les quatre elfes étaient propres, enfin, leur peau pâle, presque de porcelaine, leur douceur de retour, leurs cheveux couleur neige, sans aucune saleté dedans, elles étaient heureuses d'être ainsi propre ! Retrouvant Midna, cette dernière avait préparé un véritable festin ! Là où voir même un fruit en bon état aurait été beaucoup, petites et grande avaient des étoiles plein des yeux et leur ventre devait non pas crier famine, mais pratiquement en pousser son dernier râle. Même si les trois petites restaient derrière leur grande sœur, en voyant cela, elles étaient prête à s'en séparer. Elles n'auront pas le choix de toute façon pour aller manger.

Même si le décor n'était certes pas vraiment à leur goût, ça leur importait peu, surtout pour le moment. Du moment que ce n'était pas des tableaux montrant de véritables scène de torture, Val'nadi n'avait pas à craindre que le décor gêne ses petites sœurs.

« Ce... Ce n'est rien... Mais.. tout... Tout cela est pour nous ? C'est... c'est bien trop ! »

Certes, si elle donnait son feu vert, les elfes allaient manger comme une armée d'ogre au régime, mais là, même en prononçant ses mots, Val'nadi n'attendait qu'un signe pour se jeter dessus. Elle prit place, ses petites sœurs aussi, voyant de beaux fruits aux belles couleurs, sûrement au nectar sucré et délicieux. Le peu qu'elles aient trouvé dans le coin était acre, gâtée, peu goûtue mais n'ayant pas le choix, elles ne faisaient pas les fines bouches même si ce n'était pas simple tous les jours. Midna leur donnait des assiettes qui, rien qu'une seule d'entre elles devait représenter bien plus que ce qu'elles avaient mangée en un mois tant la région n'était pas des plus fraiches et généreuses. Étant des elfes, elles n'avaient rien contre la viande et en mangeait volontier, mais elles préféraient et privilégiaient les fruits et légumes. Mais que ce fut possible, chacune croquait dans un aliment, étant bien plus savoureux que tout ce qu'elles avaient mangé dernièrement. Elles en auraient pleuré pour un tel repas si délicieux. Même Val'nadi se plaisait à sentir ce goût si délicieux passer sur sa langue. Un vrai miracle après tant mangé de... de... eh bien de nourriture peu savoureuse...

Oubliant leur grande sœur ou autre, les triplées mangeaient à leur faim en se jetant autant sur la dinde, que le pain que les légumes ou les fruits. Elle ne pouvait pas leur reprocher un tel appétit, le peu qu'elle arrivait à trouvé était bien maigre et souvent partager en quatre, parfois trois, elle sautait sa part pour leur en laisser plus des fois. Mais là, peu importe le goût habituel, elles n'allaient pas en laissé la moindre miette ! Même elle, qui était censé donné l'exemple savourait chaque bouchée, impatiente de trouver une autre bouchée suivre celle qu'elle mastiquait déjà. Midna leur donna des nouvelles de sa maîtresse, c'est à elle qu'elle devra narrer son histoire, leurs vêtements n'iront pas au feu finalement, quant à leur destination, le nom lui était totalement inconnu... Mais peu importe, pour le moment, son estomac lui ordonnait de le remplir encore ! Même si Midna ne leur garantissait pas un tel repas si « luxueux » ici, c'était bien meilleur que ce qu'elles avaient pu manger ses dernières semaines.

« Ce n'est pas grave, votre geste est des plus appréciés, madame Midna... Pour survivre, nous avons mangé de nombreux aliments de la région, ici et au loin, il est évident que cela ne vaut pas ce qui se trouve sur cette table. »

Val'nadi ne critiquait pas les goûts d'autrui, mais il y a encore une année, leurs repas étaient similaires à ceux-là, peut-être pas aussi garnis, mais quand on mange à sa faim, c'est suffisant. Au début de leur fuite, les fruits, légumes et viande que Val'nadi chassait suffisait, ça restait bon, même cuisiné de façon sommaire, mais plus elles fuyaient, plus la nourriture était rare ou pas si bon, donc là, c'était un véritable miracle.

« Je voudrais encore vous remercier, madame Midna, de même que votre maîtresse... Je ne la connais pas, mais nous offrir ce bain, ce repas et une nuit de repos... C'est énorme pour nous... »

Val'nadi aurait pu en verser des larmes tant elle était touchée, mais elle voulait éviter de trop baisser sa garde. Non pas qu'elle se montrait méfiante avec elle, mais elle devait rester un minimum prudente.

« Quant à notre prochaine destination... Elle se trouve loin d'ici ? »

Non pas que la distance leur pose un souci, depuis le temps, elles voyageaient beaucoup après tout, juste pour savoir combien de temps elles arriveront ailleurs ?

Un léger sourire orna les lèvres de Midna devant l’appétit des quatre elfes. Elles mangeaient goulûment, leur ventre affamé se régalant de ces plats luxueux. Streeaka avait un palais délicat, elle n’appréciait que fort peu la nourriture de l’Outreterre. Elle dépensait des fortunes et des alliances pour obtenir des caisses remplies de fruits, de légumes, et de nourritures plus consistantes émanant du Dessus. Offrir ce véritable festin aux quatre elfettes était donc un signe de respect dont celles-ci semblaient avoir pleinement conscience. Pour seule réponse à leur survie, Val’nadi indiqua sommairement qu’elles avaient mangé ici et là, mais Midna n’était pas dupe. Une jeune elfe avec trois elfettes en bas-âge… Elles ne pouvaient pas avoir survécu si facilement que ça ! La Chamane n’allait toutefois pas leur tirer les vers du nez, elle les laissa manger tranquillement, leur offrant de l’eau fraîche, tout en mangeant elle aussi, plus modérément. Il y avait d’autres caisses pour Streeaka, et, quand elles commencèrent à se terminer, leur visage affichait une expression de satiété très agréable. Oui, il y avait sûrement très longtemps qu’elles n’avaient pas mangé autant.

Elle les laissa donc manger sereinement, avant de reprendre :

« Je vous ai même préparé un dessert. Vous savez, avant de devenir la Chamane de Streeaka, j’ai été sa cuisinière. La Matriarche est très gourmande, mais ne lui répétez pas ! »

Midna dit cela en écarquillant les yeux, comme pour faire genre que c’était sérieux. Elle regarda même les elfettes en brandissant un doigt, qu’elle posa ensuite sur ses lèvres, mimant le silence :

« C’est un secret ! »

La Chamane se déplaça ensuite, et retourna en cuisine, où elle revint ensuite. Elle avait cuisiné un très bon flan, utilisant la magie pour le réchauffer et le refroidir plus vite. Elle posa le plateau sur la table, et sourit en voyant les étoiles briller dans les yeux des fillettes. Midna sourit doucement. Mine de rien, la Chamane avait toujours été très maternelle, et elle appréciait beaucoup les enfants. Elle découpa plusieurs parts, tout en répondant à Val’nadi :

« Menzoberranzan est assez éloignée, oui, nous n’y irons pas à pied. On utilisera le convoi destiné à la Matriarche, qui abrite notamment la réserve de nourriture. Vous grimperez avec moi, et il y en aura pour quelques jours, pour autant que cette notion ait une quelconque utilité ici, sous terre. Comme vous le constaterez vite, mais vous le savez sûrement déjà, les elfes sylvestres ne sont guère appréciés des Drows… Ce qui me laisse à penser que votre situation doit être vraiment désespérée pour que vous ayez choisi de venir quémander l’aide des Drows. Aux dernières nouvelles, la Sylve est toujours prête à recevoir des elfes en exil. »

Aussi égalée « le Bosquet », la Sylve était un royaume elfique très connu, faisant partie de la Confédération de Lumen. C’était un très puissant État elfique, l’un des derniers royaumes elfiques, abritant des elfes millénaires. Midna ignorait d’où le quatuor venait, mais tout voyage vers la Sylve, indépendamment du point de départ, était moins dangereux que rejoindre l’Outreterre.

« Vous pouvez garder vos secrets, mais Maîtresse voudra connaître vos réponses… Enfin, je ne souhaite pas vous harceler, vous devez commencer par reprendre des forces ! »

Profitant d'un tel repas, les quatre elfes étaient aux anges de sentir leur estomac se remplir autant, amenant ce dernier à se tendre encore et encore tant un tel festin remontait à si longtemps ! En temps normal, elles auraient bien cessé ce repas pour dormir, mais l'idée d'un dessert, sûrement sucré leur fit faire des efforts pour y trouver encore un peu de place dans leur petit ventre. L'idée même d'avoir un dessert sucré leur fit émettre un léger rire et quelques murmures entre elles. Seule Val'nadi observait cela, silencieuse et ravie. Depuis combien de temps ses petites sœurs n'avaient pas été aussi ravie et joyeuse ? Bien trop longtemps ! Midna affirmait que sa maîtresse était une gourmande, mais que cela était un secret à ne pas répéter. Les triplées gloussaient en se regardant sans pour autant répondre pour autant. Un tel moment d’accalmie était fort agréable pour elle qui veillait sur ses jeunes sœurs. Veiller sur leur sécurité était une chose importante, mais il ne fallait pas oublier leur bonne humeur et sur la route, c'était bien compliqué...

Pour rejoindre la destination, il y en aura pour quelques jours de voyage, au moins, ce ne sera pas à pied même si la petite famille avait l'habitude de la marche à pied depuis une bonne année ! Même si les Drows n'ont jamais vraiment aimé les elfes et ça, même Val'nadi le savait, c'était toujours mieux de fuir vers eux que voir l'inconnu débarqué dans son champ de vision. À dire vrai, elle ne savait pas où elle allait. Depuis un an, elle fuyait avec ses sœurs nulle part, en s'éloignant des villes pour ne pas mettre en danger les autres, elle marchait, peu importe où, du moment que les terres qu'elles foulaient n'abritaient pas de grosses créatures pouvant débarqué n'importe quand, n'importe où. Comme le répétait Midna, c'était à sa maîtresse qu'elles devront des réponses, pas à elle. Mais face à ce beau flan, les triplées se fichaient de quoi elles pouvaient bien parler, elles salivaient devant ce met des plus onctueux ! Elles en auraient presque été à le dévorer à pleine main et bouche, mais elles faisaient preuve d'un minimum de savoir vivre. Et pourtant, en dehors des rares fruits sucré trouvé en chemin, un véritable met sucré, ça remontait à si loin qu'elles allaient le savourer !

Si Val'nadi à éviter la Sylve, c'est pour éviter de mettre son peuple en danger. Elle évitait déjà ville et village, ce n'était pas pour aller là-bas. Sa mère leur avait dit d'éviter malgré tout d'aller là-bas, non pas que les elfes qui y résidaient étaient méchant, mais autant que possible, elles devaient se faire petites. Des petits village elfe, oui, ça, elle pouvait. Mais ne pas attirer l'attention sur elles. Un rapport avec leur marque ? Peut-être... Chacune savourait sa part de flan avec plus ou moins de retenue, chacune était ravie de cette soirée des plus agréable et reposante. L'ainée préférait ne dormir que d'une oreille, tant pour éviter un traquenard que pour éviter que l'Inconnu ne se rapproche. Cela fonctionnait ainsi depuis leur fuite, elle devait veiller sur elles.

« En tout cas, vous êtes vraiment une cuisinière hors pair, cela ne fait aucun doute. »

Plats comme dessert, Midna savait se débrouiller, on ne pouvait pas lui retirer cela. C'était un vrai régal, un pur délice. Mais le soir arrivait et après un tel festin, les trois petits estomacs bien remplit n'avaient qu'une seule envie, se reposer et digérer en paix. On le voyait à leurs yeux, elles pouvaient facilement sombrer dans les bras de Morphée en un claquement de doigts.

« Madame Midna, pouvez-vous m'indiquer la chambre ? Je pense qu'elles vont très vite s'endormir. »

À ne point en douter. Val'nadi ira dormir avec elles, comme toujours, mais elle allait profiter de leur état de sommeil avancé pour discuter un peu avec Midna avant de les rejoindre, juste pour être sûr de certaines choses. Même si elle aura le temps du voyage pour nourrir sa curiosité, elle devait savoir certaines choses.

« De même, vous pourrez me parler un peu plus de votre maîtresse ? Je voudrais en savoir assez pour ne pas faire de faux pas en sa présence par exemple. »

Des mots ou sujet à éviter, des choses à savoir sur ce qui pourrait bien leur arrivée en la rencontrant, tout était important pour éviter de faire une bêtise. Ce serait dommage qu'elle ai une mauvaise opinion d'elles à cause d'une petite bourde.

Midna sourit doucement devant le compliment sur sa cuisine.

« Comme je vous l’ai dit, ma Maîtresse apprécie les bons repas. Je me suis fait connaître comme ça, en cuisinant pour elle, et je continue à le faire maintenant. C’est d’ailleurs pour ça qu’à l’origine, ma Maîtresse a souhaité se rapprocher du Monde-Du-Dessus. Elle voulait goûter aux plats du Dessus. J’ai conservé cette habitude. Cuisiner m’aide à me calmer, et on peut dire que c’est une passion. »

La Chamane ne résonnait clairement pas comme n’importe quelle Drow. Elle était beaucoup plus aimable, et faisait preuve d’une tendresse infinie. Les elfes mangèrent avec appétit, sans vraiment lui répondre sur les mystères les enveloppant. Les elfes étaient pourtant connus pour être chaleureux entre eux, mais Val’nadi n’en dit pas plus. Midna n’insista donc pas, et, quand elle demanda la chambre, Midna les guida vers la chambre du seigneur local.

Il y avait un grand lit avec une décoration sobre, dont une grosse araignée empaillée, en hommage à Lolth. Midna choisit de retirer cette décoration, et alluma la cheminée. Les nuits à l’Outreterre étaient très fraîches, sans la présence du soleil. Le lit était fort heureusement très propre, avec un matelas solide. C’était bien plus que ce que les triplées semblaient avoir eu depuis longtemps, elles qui semblaient fuir tout village trop important. La discrétion avait été leur maître mot, et cela intriguait fortement la Chamane, qui ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Elle laissa Val’nadi coucher ses petites sœurs, et, ensuite Val’nadi alla rejoindre Midna dans un petit salon.

Midna avait fait bouillir un peu de thé, et en versa une tasse à Val’nadi en plus de la sienne.

« Ma Maîtresse s’appelle Streeaka Z’Ress. Elle est la Matriarche du clan Z’Ress, et est l’une des dirigeantes de Menzoberranzan, la plus grande cité drow de l’Outreterre. C’est une femme très puissante, une politicienne aguerrie, une magicienne d’exception. Elle est redoutée à Menzoberranzan, et est l’une des rares Drows s’intéressant beaucoup aux activités du Dessus, au point d’avoir quelques affaires avec des nains. Ma Maîtresse ne troque pas que des minerais contre de la nourriture, mais aussi contre des informations. Ses véritables desseins m’échappent, d’autant qu’elle aime entretenir autour d’elle une réputation de femme fatale qui, en vérité, ne lui sied pas. Elle est sévère, elle peut même être cruelle, mais elle fait toujours preuve de justesse… Pour autant qu’on puisse rattacher ce concept aux Drows. »

La Chamane ignorait jusqu’à quel point Val’nadi avait entendu parler des Drows, mais il lui semblait important de faire quelques précisions :

« Les Drows sont les cousins maudits des elfes comme toi. Ils sont très arrogants, bien plus que les elfes, pratiquent l’esclavage et le système drow est un système raciste et ségrégationniste où tous les non-Drows sont nécessairement inférieurs. Tu dois bien comprendre que la philosophie drow est très particulière, car elle repose sur un subtil mélange entre un système civilisé et la loi du plus fort. Tu vois, la trahison et les coups bas sont tolérés ici, ainsi que les assassinats et les empoisonnements. La justice est rendue par le clergé de la Reine-Déesse Lolth, qui dispose de droit de vie et de mort sur n’importe qui, y compris sur les Matriarches. Honnêtement, j’ignore ce qui a poussé quatre jeunes elfettes à venir chercher refuge ici, car c’est sans doute l’endroit le plus inhospitalier de tout Terra pour de jeunes elfes... »

Midna la regarda alors, espérant que Val’nadi répondrait à ses interrogations, au moins partiellement…

Si Midna était une bonne cuisinière, c'était l'évidence, car soit c'était un véritable cordon bleu, soit le fait de manger de la vrai nourriture un minimum cuisiner rendrait n'importe quel plat parfait ! C'était l'un ou l'autre. Val'nadi finis par emmener ses petites sœurs dans la chambre où elle ne tarderait pas à les rejoindre. Elle leur fit retirer leur vêtement, ne gardant que le minimum pour dormir, les bordant bien comme il faut en jurant de revenir très vite. En temps normal, elles ne dormiraient pas, mais un vrai lit, un vrai banquet, elles ne tiendront pas dix secondes. Elle baisa leur front, une à une avant de quitter la chambre, laissant la porte entrouverte au cas où et pour les rassurer. Rejoingnant la Twilli, elle accepta cette délicieuse tasse de thé avant de s'instaler dans le fauteuil, en apprenant plus ainsi sur la maîtresse de Midna, une certaine Streeaka Z'Ress. Elle semblait avoir un certain rôle sérieux dans l'endroit où elles devaient se rendre, ce n'était pas n'importe qui. Une Drow curieuse de ce qui ne pouvait pas lui être atteint venant du dessus, une drow sévère, mais juste. C'est sûr que la savoir Drow ne la rassurait pas beaucoup quand elle connaissait les rumeurs de ce peuple, il suffisait de voir les regards des autres sur elles depuis leur arrivée... Mais sincèrement, c'était toujours mieux que l'inconnu.

« J'ai beaucoup entendu parler des Drow étant jeunes... Que ce soit mon parent pour me faire peur afin de ne pas faire de bêtise, mais je me disais que parfois, c'était exagérer, les mentalités changent avec le temps et comme partout, il y a bien des exceptions. »

Est-ce que ce sera le cas de cette Streeaka ? Elle le saura bien assez tôt et dans le pire des cas, elle ne fera qu'une halte chez elle. Val'nadi n'avait pas spécialement pour but de rester à un endroit plus que nécessaire après tout. Ce soir, c'était une grande exception. La tasse chaude entre ses fines mains, l'elfe restait perdue dans ses pensées, malgré les mois qui ont passé, elle continuait son voyage, espérant revoir sa mère les rattraper, mais elle ne se faisait pas d'idée, préférant avancer plutôt que voir l'inconnu les rattraper.

« Quand bien même les rumeurs que j'ai pu entendre sur les Drows sont vrais, je serais plus en sécurité je pense en plein dans leur contrée qu'en rebroussant chemin... »

Elle restait mystérieuse sur les causes de son voyage forcé, mais Midna ayant dit qu'elle ne voulait pas le savoir, que ce serait plus à sa maîtresse de trancher, elle ne préférait pas partir sur ce sujet, mais elle allait quand même en dire un peu, sans rentrer dans les détails. Les yeux perdus dans son reflet flou dans la tasse, elle parlait doucement, de sa petite voix.

« Nous avons été attaquées... nous étions en famille quand une personne nous a trouvé, nous voulant clairement du mal... Mon père n'était peut-être pas le plus fort, ni le meilleur chasseur au monde, mais il savait se défendre. Il a perdu la vie en un clin d'œil... Notre mère a tenté de nous aider, voulant l'affronter, nous donnant juste pour ordre de fuir le plus loin possible et d'attendre son retour... Je ne me fait pas d'idée même si une petite part en moi aimerait la voir débarqué, je suis sûre que même mes petites sœurs se doutent se son absence si longue... Mais je préfère ne pas leur couper leur maigre espoir... Depuis... nous voyageons, encore et encore. Je préfère voir l'horizon absent de toute silhouette que le voir se rapprocher de nous. »

Bien que la petite famille fut réellement en danger pendant un temps, par chance l'Inconnu en question à bifurquer pour se rendre à Wallündrill où une autre tâche l'attendait. Cela faisait des mois qu'elles étaient en sécurité, mais comment en être sûre et certaine ?

« Bien que je voyageais sans destination précise, au moins en passant par les terres Drows, il pourrait bien tomber sur plus fort que lui et ainsi nous lâcher une bonne fois pour toute. »

Une personne plus fort, peut-être pas, mais en nombre, ce n'était pas impossible... De plus, sa mère était plutôt douée en magie même si leur rune sur la peau les empêchait d'en user, ses petites sœurs avaient réussi à passer outre malgré qu'elles n'aient même pas un demi-siècle ! Quant à leur mère, elle n'a rien dit, mais soit son combat a été très court et elles ont eut de la chance, soit elle avait ses secrets. Mais étant la fille directe de Sha et Syl'vathe, l'Inconnu a dû vouloir la pousser à bout ou en profiter pour tester ses capacités ? Tout ça était un mystère pour elle...

« C'est pour ça... je vous remercie, vous et votre maîtresse mais... j'ai peur de vous mettre en danger par la même occasion... »

Au moins, elle était franche...

Midna écouta silencieusement les explications de Val’nadi. Plongée dans ses pensées, l’elfe expliqua que ses parents avaient affronté une menace assez redoutable, et qu’elle avait été contrainte de s’enfuir avec ses sœurs. Son père était mort, et sa mère était restée pour combattre cette menace. Tout en l’écoutant, Midna commençait à sentir chez Val’nadi une sorte de puissant potentiel magique, une force souterraine et profonde qui l’impressionnait.

*J’étais sûre qu’il y avait une explication au fait qu’elles aient pu survivre aussi longtemps, et venir jusqu’à Ainor…*

Au moins, cela résolvait une partie de l’énigme ! Midna l’écoutait donc, tout en buvant tranquillement son thé, et posa soudain sa main sur la tête de Val’nadi. La jeune elfe en sembla surprise, et les doigts de la Chamane se serrèrent sur ses cheveux. Un léger sourire traversa ses lèvres, et, sans rien dire, elle attrapa Val’nadi. Agissant lentement, précautionneusement, la Twili la prit dans ses bras, et la posa sur ses genoux, l’enlaçant tendrement.

Midna lui fit un câlin. Tout simplement.

« S’en prendre à des enfants… C’est contraire à la voie de la Tortue, qui impose de protéger les âmes pures. Tu as beaucoup souffert, Val’nadi, et je jure de t’aider, toi et ta famille. Peu importe qui vous poursuit, sache que rien ne fait peur à ma Maîtresse. »

La voie de la Tortue, les anciennes croyances… Midna croyait en la Tour, et, même si les Drows avaient fait sécession des autres elfes, ils étaient initialement originaires du même endroit, le sanctuaire légendaire de Can-‘Ka No Rey, le champ de roses rouges éternel.

« Nous t’aiderons, Val’nadi, je te le promets. »

Midna l’embrassa sur le front.

« Mais je peine à croire que vous vous soyez rendus dans l’Outreterre par hasard… Enfin, peut-être espérais-tu que ce tueur ne vous pourchasserait pas sous terre ? Tu as en tout cas un grand pouvoir en toi, Val’nadi, je le sens… C’est ce qui explique pourquoi tu as réussi à survivre avec tes sœurs. Tu le dissimules, peut-être pour te protéger de lui, mais sache que, désormais, tu ne crains plus rien, foi de Twili ! »

Et, quand une Twili disait quelque chose, elle s’y tenait !

L'elfe avait dit la vérité, dans ses grandes lignes afin de moins se montrer mystérieuse avec Midna, mais elle avait préférer éviter de trop rentrer dans les détails. Déjà, car sa mère lui avait souvent donné certaines instructions à tenir à la lettre comme ne pas évoquer leur marque de naissance qui était un sceau, qui contenait leur puissante magie. Mais justement, ce même sceau, ses petites sœurs avaient réussie à le briser, soient car elles sont très talentueuses, soient car avec les siècles, il était devenu de moins en moins fort. Le sien semble toujours intact alors qu'elle approchait des deux cents ans, et ses petites sœurs n'avaient même pas un demi-siècle et elles ont réussie. Mais bon, pour le moment, elle garde une certaine part de mystère, elle ne pouvait pas le crier sur tous les toits, de peur de s'attirer plus d'ennuis. Avoir un tueur sur le dos était déjà bien suffisant. Suite à cela, Midna l'attirait à elle, venant la saisir et la blottir contre elle. Ce fut quelque peu surprenant, mais loin d'être désagréable. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas senti une présence rassurante prendre soin d'elle... Elle le faisait pour ses petites sœurs, mais jamais personne ne le faisait pour elle...

Midna évoqua une tour, ce qui lui était inconnu, mais elle jura au moins, en son nom de les protéger, sachant que sa maîtresse Streaaka n'avait peur de rien. Ne pas avoir peur était une qualité bien qu'il fallait rester prudent. Ce qui lui manquait, c'était une force capable de repousser l'Inconnu, c'est ça qui lui faisait peur...

« C'est gentil de votre part, Midna, mais je serais plus rassurée le jour où je verrais ma mère revenir, ou au moins le savoir mort, ou juste, plus intéressé par nous... »

Elle y croyait peu au retour de sa mère, mais une petite part en elle l'espérait quand même, ça ferait que trop plaisir à ses trois petites sœurs. Mais bon, elle savait qu'elle allait devoir continuer de jouer les mamans encore très longtemps... Toujours entre les bras de Midna, elle n'avait rien à caché, elle était incapable d'user de la magie, quand bien même elle aurait un talent fou, ou un pouvoir très puissant ! C'est comme avoir un coffre-fort remplie d'or, sans la combinaison. Ça restait inutile. De toute façon, Val'nadi ne voulait pas user de magie, sa mère le lui avait interdit et braver l'interdit, qu'il soit volontaire ou non de la part des triplées, avait changer à tout jamais leur quotidien donc, elle ne voulait pas en faire de même. L'elfe s'écartait doucement, se pencha doucement vers la Twilli pour la remercier.

« Merci à vous, bien que je pense qu'elles dorment déjà, je vais les rejoindre pour ne pas les inquiéter plus longtemps. Passer une nuitée agréable, Midna. »

Val'nadi retourna dans la chambre, comme prévue, elles dormaient déjà à point fermés entre elles. Un vrai lit, il n'en fallait pas plus pour les achever, après une année à dormir sur terre, avec de la chance, sur un tas de paille ou d'herbe séchée, là, c'était un luxe incroyable. Elle se mit en petite tenue, gardant le nécessaire sur elle pour ne pas être nue, avant de se mettre sur un des bords du lit, se blottissant contre une de ses sœurs, passant son bras le long de leur corps pour servir de protection. Même elle ne tint guère longtemps dans ce lit pour s'y assoupir et passer la meilleure de ses nuits depuis fort longtemps ! Si agréable et douillet qu'il faudra que Midna ou une autre personne vienne les tirer de ce sommeil éternel qu'avait ce lit moelleux sur elles ! Seule chose surprenante, c'était qu'avec la nuit, elles avaient remué et l'une des trois petites elfes – Mah'khoil, celles aux yeux bleus et aux longs cheveux – avait doucement écarter le haut de sa grande sœur, la bouche tétant sa poitrine. Seule chose surprenante, c'était qu'avec la nuit, elles avaient remué et l'une des trois petites elfes – Mah'khoil, celles aux yeux bleuS et aux longs cheveux – avait doucement écarter le haut de sa grande sœur, la bouche tétant sa poitrine. Dans leur sommeil, elles devaient encore rêver de leur mère. Val'nadi n'avait pas le courage de les écarter, sauf s'il fallait vraiment se lever, mais sinon, si ça arrivait dans la nuit, elle les laissait faire, préférant laisser leur songe intacte et agréable. À dire vrai, cela ne lui faisait aucun effet, l'excitation n'était pas au rendez-vous quand elle pensait à la cause de cela... et puis, c'était ses petites sœurs...

« Et tu n’as vraiment senti aucun pouvoir magique en elles ?
- J’ai plutôt l’impression que leurs pouvoirs étaient scellés, Maîtresse. Je ne m’explique pas comment elles ont pu survivre jusqu’ici autrement… »

De l’autre côté de son orbe de cristal, la Matriarche Streeaka réfléchissait. Belle et redoutable, sa Maîtresse était intriguée par ce quatuor d’elfes qui avaient réussi l’impensable, et elle était naturellement curieuse d’en savoir plus. Streeaka allait bien sûr se renseigner en parallèle, car quatre jeunes elfes semblant issues de bonne famille qui étaient abandonnées, cela avait nécessairement dû défrayer la chronique. Midna leur avait fourni des prénoms, et il n’y avait aucune raison de les soupçonner d’avoir menti. Streeaka était donc prête à agir, et demanda à nouveau à Midna de les lui amener au plus vite.

Acquiesçant aux injonctions de sa Maîtresse, Midna se rendit près de leur chambre, et jeta un bref coup d’œil. Elle sourit en voyant que les quatre dormaient paisiblement. Même Val’nadi semblait s’être effondrée. Elle sourit donc, et se rapprocha d’elles, venant déposer un baiser sur chacun de leurs fronts, regardant surtout les trois petites. Elle ne pouvait rien y faire, c’était son côté fleur bleu, Midna adorait les enfants ! Ils étaient les élus de la Tortue, et son peuple continuait à honorer Maturin.

« Dormez bien, mes petites… »

Au lendemain matin, les quatre se réveillèrent, mais il n’y avait pas de soleil pour les éclairer. Dehors, on ne voyait pas le jour, ce qui était extrêmement déprimant. Quand les filles se réveillèrent, elles restèrent à traîner un peu dans le lit, se rendormant volontiers. Midna, de son côté, avait préparé un chariot avec plusieurs montures, des chevaux démoniaques qu’on trouvait dans l’Outreterre.

Midna retourna ensuite à l’intérieur de la maison seigneuriale, et, en se rapprochant de la porte, sourit en entendant des gloussements. Elle décida de ne pas les déranger dans l’immédiat, préférant les laisser jouer. Comme le disait la vieille comptine, la vieille Tortue aimait les rires cristallins des enfants. Au lieu de ça, elle décida de les appâter en préparant un petit repas, faisant office de petit-déjeuner, avec un gâteau, et laissa les délicieuses odeurs du gâteau se répandre dans toute la demeure, sachant combien l’appel du ventre était irrésistible…

La nuit fut reposante, à ne point en douter. Val'nadi n'avait pas tenu trente secondes dans ce véritable lit si confortable qui avait fini de l'achever. Après tant d'épuisement, un bain, un repas, un lit... Elle aurait pu y dormir plusieurs jours d'affilé. Les plus jeunes elfes étaient réveillées avant leur grande sœur, jouant ensemble sans faire trop de bruit, bien que leurs petits rires et remuage dans le lit ne semblait pas réveiller la demoiselle encore assoupie. Midna les savaient réveiller, mais pas encore hors du lit. Après tout, elles suivaient les règles, toujours rester près de Val'nadi donc à moins de la réveiller, elles resteraient ici. Sagement, elles ne comptaient pas la réveiller si tôt, sachant bien que l'occasion de dormir dans un vrai lit ne se fera pas de si tôt. Les enfants étaient généralement du genre à se lever facilement tôt donc pas de soucis pour elles de déjà être en pleine forme ! Mais bien vite, une délicieuse odeur sucrée envahissait la chambre, cherchant à attirer les triplées hors de la chambre. L'odeur était alléchante et attirante, pour peu, elles auraient bien quitté cette chambre sans leur grande sœur. Par chance, le copieux repas du soir mettait une certaine barrière pour les empêcher d'enfreindre la règle, mais si elles auraient peu mangé hier soir, pour sûr qu'elles se seraient jeter vers cette odeur !

Plutôt que d'y aller seule, elles venaient réveiller Val'nadi qui émergeait de force de ses rêves, elle aussi enivré par l'odeur sucré dans la pièce. Mais à les voir toutes les trois déjà si impatientes, elles étaient réveillées depuis plus longtemps qu'elle. Elle n'eut d'autres choix que d'y aller avec elles, qui trépignaient déjà d'impatience. Val'nadi prit tout de même le temps de les habiller un peu plus, elles dormaient en tenue légère, car elles n'avaient rien d'autre, mais pour se balader dans les couloirs de la demeure, un peu plus de tenue était exigé. Quittant la chambre avec trois petites elfes impatientes, la demoiselle se laissait guidée par l'odeur, se laissant toutefois aussi guidée par les triplées qui sauraient sûrement dire d'où venait cette odeur si sucrée. De retour dans ce qui servait de grandes salles, là où hier soir elles ont pu se remplir l'estomac comme il faut, les petites eurent des étoiles dans les yeux en voyant précisément la source de cette odeur. Bien entendu, le gâteau n'était pas seul et Midna était non loin de là, ayant réussie son coup.

« Bien le bonjour, Midna... Vous avez fait ce gâteau ? Il ne fallait pas vous donner autant de peine. »
« Grande sœur, on peut en avoir ? »
« S'il te plaît ! »
« Madame Midna, on peut en manger ? »
« Soyez polie, les filles. »
« Bonjour, Madame Midna ! »

Disent-elles en même temps. Là où Val'nadi était réservé et se serait contenter de peu, les triplées en voulaient absolument. Son plan avait fonctionné, elle avait même pu entendre leur douce petite voix clairement, c'était bien la première fois depuis leur rencontre. Twilli ou pas, elles semblaient en confiance à présent pour se lâcher un peu plus. Prenant place sur les chaises libres, elles attendaient avec impatience d'avoir une belle part de ce gâteau qui semblait délicieux, rien qu'à l'odorat.

« Vous avez dû vous lever aux aurores pour préparer une telle chose, non ? »

Ce n'est pas le genre de chose qui prend cinq minutes ou alors il faut savoir habilement manier cuisine et magie et à un certain niveau !

L’appel du ventre fut finalement plus fort que celui du sommeil ! Midna extirpa la petite fratrie de Morphée, et les vit toutes débarquer en même temps. Il allait être difficile de les séparer, toutes les quatre ! Après ce qu’elles avaient vécu ensemble, en même temps, Midna ne pouvait que comprendre qu’elles restent soudées. Les triplées se réunissaient autour de Val’nadi, qui faisait autant office de grande-sœur que de mère de substitution. Quand elle leur demanda d’être polies, les triplées obtempérèrent, et Midna sourit brièvement en croisant les bras. « Bonjour » ou « bonsoir », cela n’avait pas grand-sens dans l’Outreterre, vu qu’il n’y avait aucun indicateur climatique pour signaler le changement de temps. Ici, il faisait tout le temps nuit, sans aucune circulation du soleil, ce qui était souvent très anxiogène pour les quelques individus qui arrivaient là.

Val’nadi sous-entendit qu’il n’était pas nécessaire de faire un gâteau, et la Chamane sourit. Elle lui caressa doucement les cheveux.

« J’ai moins d’heures de sommeil que vous à rattraper… Et, comme ut le verras vite, il n’y a pas d’aurore ici. Peu importe l’heure, le climat reste toujours le même. Pour les habitants venant de la surface, c’est souvent très dépaysant, mais ça, tu auras l’occasion de le constater par toi-même. »

Avenante, Midna l’était toujours autant. Elle avait préparé un très bon flan, et invita Val’nadi à aller manger.

« J’ai fait avec ce que j’ai pu. Chez ma Maîtresse, vous aurez plus de choix. Je dois vous avouer que ma Maîtresse est très gourmande, elle aime beaucoup le pain avec le beurre, mais aussi les fruits, comme les raisins, les pommes… Mais elle adore mes gâteaux ! »

Si ces petites choses semblaient banales pour les individus du dessus, c’était loin d’être le cas ici, dans l’Outreterre.

« Une fois que vous serez prêtes, nous pourrons partir pour Menzoberranzan. Ma Maîtresse a très hâte de vous voir ! »

Val’nadi et ses sœurs ne le réalisaient sans doute pas, mais qu’une Matriarche souhaite les voir était un très grand honneur !

La grande sœur n'eut d'autres choix que se réveiller, même si elles auraient pu profiter encore longtemps d'un véritable lit, l'odeur sucrée avait réveiller les petites et leur appétit et à cet âge-là, elles préféraient le sucre au repos ! Val'nadi n'eut d'autre choix que de les suivre pour assouvir autant leur curiosité que leur faim. Midna avait semble-t-il préparé un délicieux flan qui semblait aussi bon que celui de la veille, mais même malgré la faim, elle aurait pu se contenter de peu, mais face à ses petites sœurs, il était trop tard. Pas question que ce flan se volatilise sans qu'elles n'aient eut une bonne part généreuse ! Après tant de temps à se contenter de si peu en route, vouloir les priver de cela ne serait pas raisonnable, même au réveil. Un flan au réveil, ça lui semblait lourd, mais vu le nombre de véritable repas qu'elles avaient à rattrapé, il fallait céder à la tentation. Les elfes sont souvent connues pour leur silhouette parfaite et pourtant en y regardant de plus près, sans leurs vêtements, elles seraient assez maigre, même pour des elfes. Non pas qu'elles souffraient de malnutrition, mais plus les jours avançaient et plus mangé à leur faim était difficile. Surtout que l'ainée de la famille sacrifiait sa propre faim pour que ses petites sœurs aient le ventre plus rempli que le sien.

Les petites s'installaient rapidement avant de pouvoir croquer dedans à pleines dents et assouvir leur faim, là où la plus âgée des elfes observait le dessert avec envie, mais savait aussi se tenir pour manger calmement. Midna en disait toujours un peu plus sur sa maîtresse, insistant sur sa gourmandise. Un détail qui revenait souvent quand elle en parlait. État-ce un trait qui la caractérisait bien ou alors elle mettait en avant ses meilleurs côtés, les plus innocent en quelque sorte ? Elle n'en savait rien, mais elle était encore trop fatiguée pour se poser la question de toute façon. De plus, cette Streeaka semblait impatiente de les rencontrer. Eh bien, tant mieux, non ? Même si elle ignorait encore réellement à qui elle aurait affaire, c'était une bonne chose.

« Je dois bien avouer que votre maîtresse m'intrigue beaucoup. Si elle souhaite nous aider d'une quelconque façon, je suis aussi intéressée de la rencontrer. Ne serait-ce que pour la remercier de nous aider pour ce petit arrêt. »

Sans Midna et l'autorisation de sa maîtresse, qui sait ce qui aurait pu se passer ? Elles seraient encore sur les routes à mettre de plus en plus de distance entre elles et l'Inconnu ? Une longue épopée qui ne pouvait prendre fin sans preuve. Elles ne l'ont certes jamais revue, mais il était apparu de nul part aussi, sans un bruit, sans une trace. Seule leur mère savait. Au moment où ses petites sœurs ont joué avec la magie, ça a coupé leur quotidien et ils sont fui tous ensemble avant qu'il ne leur tombe dessus, au milieu de nul part. Indétectable. Elle ignorait si c'était possible, mais si c'était le cas, leur mère ne lui avait jamais dit comment faire. Ce petit repas se passait bien, il n'y eut pas de bain cette fois-ci, elles en ont pris un la veille, bien qu'avant le repas, mais elles n'étaient pas sale pour autant. Val'nadi les débarbouillaient juste leur visage avant de s'habiller avec les vêtements de la veille et faire route vers Menzoberranzan. Une fois dans le véhicule qui allait donc mettre un certain temps pour atteindre la ville où résidait la matriarche, Val'nadi prit la place du milieu, face à Midna. Ses petites sœurs se mirent à ses côtés, bien que moins timide que la veille, elles n'étaient pas assez ouverte pour prendre place à côté de la Twilli. Ce fut cette fois Dor'alyth qui prit place sur ses cuisses, observant parfois Midna avec ses grands yeux. Celle du trio qui avait des cheveux long, mais attachée en chignon derrière sa tête.

Autant, elles étaient en forme ce matin au réveil face au flan, autant ici, plus à étroit, elles étaient plus calme. C'étaient peut-être les chevaux si étranges qui les avaient intimidées ? Elles ne montraient aucun signe de réelle inquiétude pour le moment en tout cas. Le voyage sera long, autant essayé de passer le temps comme elles pouvaient, alors Val'nadi ouvrait la conversation.

« Madame Midna, comment avez-vous rencontré votre maîtresse ? Est-ce que vous vous connaissez depuis longtemps ou bien c'est autrement ? »

Des amies de longue date, une dette de sang, car elle lui avait sauvé la vie, juste une personne du peuple choisie par la matriarche, elle espérait juste que cette histoire pouvait être révélé devant les filles ? Sinon, autant avoir une version censuré, voir pour plus tard dans le pire des cas. Il n'était pas impossible que lors de ce long voyage entre deux ou trois siestes, les petites se mettent elles aussi à se poser des questions, sur tout et n'importe quoi.

Le carrosse quitta donc Ainor, et s’engagea sur les routes sinistres de l’Outreterre. Par les fenêtres, les elfes pouvaient regarder le paysage. Les campagnes de l’Outreterre étaient très rocailleuses, ponctuées de gorges rocailleuses, de grottes massives et de nappes phréatiques où des hameaux rustiques et fortifiés étaient là. Dans l’Outreterre, il n’y avait aucune habitation qui ne soit pas protégée. Plusieurs cavaliers drows entouraient la calèche, protégeant celle-ci des potentiels monstres. Tout en s’avançant, Val’nadi rompit le silence en interrogeant Midna sur la manière dont elle avait rencontré sa Maîtresse.

« Comme vous avez dû le comprendre, je ne suis pas une Drow. J’appartiens à la race des Twili. Il est normal que vous n’ayez pas entendu parler de mon peuple, nous venons d’une autre dimension. Les Twili étaient alors des êtres pacifiques, qui ont été corrompus en suivant les manipulations d’un vil sorcier maléfique, Zant. »

Zant avait voulu utiliser les Twili pour envahir le royaume féérique d’Hyrule. Le héros d’Hyrule, Link, avait toutefois pu ramener beaucoup de Twilis à la raison. Midna appartenait à une branche particulière.

« Il y a eu une guerre civile au sein des Twilis, entre ceux qui soutenaient Zant et ceux qui s’opposaient à ses méthodes. Le clan auquel j’appartiens a utilisé un antique sortilège pour s’exiler, et nous nous sommes retrouvés dans votre dimension. Hélas, les Twilis malfaisants, les Shadow Beasts, nous ont suivi, et ont massacré notre tribu. J’ai été sauvée par ma Maîtresse, qui a repoussé les forces de Zant. Grâce à mes pouvoirs magiques, ma Maîtresse m’a conservé près d’elle. »

Il suffisait d’entendre le ton de Midna pour comprendre qu’elle vénérait profondément Streeaka, et voyait autant en elle une Maîtresse qu’une mère de substitution.

« Je n’ambitionne pas de retourner dans ma dimension d’origine, précisa Midna. Je ne me souviens même plus de mes parents, et j’ai choisi de servir la cause de ma Maîtresse. Cependant, je crains qu’un jour, les forces de Zant ne viennent me récupérer. D’après ce que ma Maîtresse m’a expliqué, j’ai une force magique très profonde. On dit que les Twilis peuvent devenir plus forts en absorbant d’autres Twilis, et ma Maîtresse craint donc que Zant ne tente de m’assimiler un jour… Mais, pour l’heure, je n’ai rien à craindre ! »

Rejoindre la dimension d’Hyrule n’était aussi pas très simple, car elle ne faisait pas partie des Mondes-Cœurs. Seules des circonstances très particulières avaient permis à la tribu de Midna de rejoindre Terra, à savoir des alignements de flux magiques transdimensionnels. Autant dire que des alignements de cette nature ne se manifestaient pas tous les jours ! Midna se racla la gorge, tandis que le convoi s’aventurait dans une épaisse grotte. Ils avaient rejoint l’extrémité de la grotte-monde, ces grottes gigantesques qui soutenaient le monde, et qui étaient séparées les unes des autres par des réseaux de grottes, de cavernes, de couloirs sinueux et dangereux.

Les Drows disposaient de multiples forteresses pour sécuriser les plaines de l’Outreterre, mais, dans les espaces entre les plaines, c’était plus compliqué. La calèche s’avançait dans un environnement de plus en plus sombre, et Midna fronça les sourcils. Elle entendit des bruits de mandibules, et vit plusieurs petites araignées blanchâtres filer à l’approche du convoi.

« Merde… »

Midna se releva alors, et intima aux elfes de rester dans la calèche, puis sortit. Le chemin habituel était obstrué par des éboulements. Toutefois, quand la Chamane se rapprocha, elle vit des toiles d’araignée au milieu des débris.

« J’ai eu vent de rumeurs… Les postes-frontières n’affrontent plus de goules depuis plusieurs semaines. »

Aucun doute n’était permis, une Reine krykna avait jailli des profondeurs glaciales de l’Outreterre pour s’installer ici ! Sentant son cœur palpiter nerveusement dans sa poitrine, Midna se releva, et des vibrations se firent alors sentir. Des cailloux tombèrent du plafond, et elle se rapprocha rapidement vers la calèche. Les chevaux s’ébrouaient dangereusement, nerveux.

« Changez de cap, vite !
- Elles sont là ! »

Les kryknas étaient des arachnides qui avaient tendance à se développer dans les régions polaires de l’Outreterre, ou dans les profondeurs de l’Outreterre, où il faisait extrêmement froid. Mais, parfois, au gré des mouvements sismiques, certaines de ces abominations rejaillissaient dans les hauteurs de l’Outreterre. Midna se dépêcha de retourner dans la calèche, et ferma la porte, avant de se retourner vers Val’nadi.

« Ça risque de secouer bientôt… »

Elle ne croyait pas si bien dire ! Le convoi emprunta un autre chemin, tandis que les kryknas étaient de plus en plus nombreuses, jaillissant des murs en rang nombreux…

Dans le véhicule qui allait les amener auprès de la Matriarche, les elfettes étaient sage, écoutant Midna leur conter son histoire. Pour les plus jeunes, c'était plus compliquée à comprendre, mais Val'nadi était assez grande pour comprendre cela. La guerre, ses enjeux, sa cruauté. Elle a eu la chance de grandir dans un coin du monde qui ne connaissaient pas cela. La seule barbarie qu'elles pouvaient voir, c'était lui du monde animal. Même si elles étaient plus du genre à se nourrir de fruit comme de légume, parfois, de la viande était nécessaire pour bien grandir et avoir de la force. Donc, parfois, il fallait chasser. La jeune femme se demandait bien comment tout cela allait se passer une fois face à la Matriarche, ce qui allait en découler, mais pour le moment, elles en étaient loin, Midna leur avait dit que le voyage serait long après tout. Mais pour en revenir à l'histoire de la Twilli, elle était quelque part dans le même panier qu'elles, craignaient qu'un individu dangereux ne vienne la retrouver, elle, c'était Zant, elles, c'était cet Inconnu qui les suivaient depuis si longtemps. L'ainée des elfes ignorait à dire vrai s'il était derrière elles, mais elle suivait les dernières paroles de sa mère...

* Partez, sans vous retourner, sans m'attendre, je saurais vous retrouver. *

Mais jamais elle n'avait vue la silhouette de sa mère apparaître au loin, ni même celui de l'Inconnu, mais Val'nadi préférait rester prudente que se dire qu'elles avaient réussie à le semer. Car quand bien même cela pouvait s'avérer vrai, il finirait bien par les rattraper tôt ou tard. Au fil du voyage, les fillettes s'étaient endormie, Val'nadi piquait du nez, mais résistait malgré tout alors que soudainement, le paisible voyage se transformait en un cauchemar. Une chance dans un sens qu'elles n'étaient pas arrivée ici à pieds. De sales bêtes venaient les attaquer, des sortes d'arachnides plus ou moins grosses arrivaient, essayant naturellement de faire d'elles leur repas. Tandis qu'elles empruntaient un autre chemin plus mouvementé, tout ce remue-ménage réveilla les petites elfes qui ne tardaient pas à apercevoir plus ou moins loin d'elles, les horribles monstres, ce qui entraîna évidement des cris de terreur de leur part.

La panique les gagnait, les triplées accrochées à leur sœur alors qu'elles espéraient cette vision cauchemardesque disparaître bien vite, mais cela n'allait pas être si simple. Elles étaient nombreuses et rapides, ce qui ne facilitait pas la suite. Mais alors que la situation n'allait pas en s'améliorant, la peur chez les plus jeunes réveillait le tabou en elles. Même si jamais leur mère ou Val'nadi ne l'avait dit, c'était le fait de jouer avec la magie qui avait attiré l'Inconnu, depuis leur plus jeune âge et très souvent, leur mère leur interdisait d'essayer la magie. Val'nadi n'a jamais essayé, mais les triplées ont brisé ce tabou et voilà le résultat. Plus jamais elles n'ont joué avec la magie, pas une seule seconde, mais la panique, inconscient, faisait jaillir ce torrent magique en elles. N'oublions pas qu'elles étaient en réalité les petites filles de Sha, déesse des sorcières. Sans vraiment l'expliqué, ni s'en rendre compte, une bulle invisible entourait le véhicule ainsi que les soldats à leurs côtés, cela repoussait les créatures aux longues pattes. Une des triplées aurait suffi à repoussé ses créatures avec son bouclier, mais elles avaient chacune leur définition de protection, créant différents effets autour d'elles. Une des triplées aurait suffi à repoussé ses créatures avec son bouclier, mais elles avaient chacune leur définition de protection, créant différents effets autour d'elles. La troisième couche créait un effet qui repoussait au loin quiconque bondissait sur le bouclier, non seulement, il voltigeait au loin, mais le tour en prenant feu.

Évidemment, Val'nadi n'avait pas conscience de cela, le bouclier était à peine visible, elle distinguait juste les créatures qui étaient automatiquement repoussé au loin. Usant de leur pouvoir, le sceau censé sceller leur pouvoir luisait doucement sous leur bras. Val'nadi ne le remarquait pas dans la hâte, c'était un des détails qu'elle avait caché à Midna, car cela faisait parti des choses que sa mère lui avait interdite auparavant. La marque d'une rune magique comme tatoué à leur peau, c'était plus une marque de naissance, personne ne tatouerait un bébé. Une rune inconnue pour le commun des mortelles, presque unique, créer pour cette situation. Leur grand-mère fut celle qui a inventé avec Sha ce système magique qu'étaient les runes. Piège, bénédiction, protection, il y en avait pour tous les goûts. Actuellement, cette rune censée bloquée leur pouvoir magique laissait fuir une toute petite partie de leur pouvoir, un pouvoir immenses qui était entre ses quatre elfes, mais elles ignoraient à quel point ce pouvoir était grand ! En tout cas, pour le moment, ce pouvoir était le bienvenu tant il empêchait le pire d'arrivée. Val'nadi gardait ses petites sœurs accrochée à elle, son arme entre les mains, personne ne viendra leur faire de mal !!!

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