Audrey était issue d'une famille quelque peu atypique, dans le sens où elle n'avait jamais connue son père et que sa mère avait toujours refusée de se remarier. Ernest Oakwood n'avait nullement abandonnée sa famille à son triste sort en allant "chercher le lait", mais il avait été jadis un Auror du temps où Vous-Savez-Qui était revenu d'entre les morts, et où le monde de la magie avait bien failli sombrer pour de bon dans les ténèbres. Ernest Oakwood avait fait partie de ces Aurors qui s'étaient dressés contre le Seigneur des Ténèbres et ses Mangemorts, et qui en avait payé le prix de sa vie, lorsqu'il avait couvert la fuite de sa femme, Marie, qui était fraichement enceinte de leur fille.
Les destruction définitive de Voldemort avait permis à Marie Oakwood de vivre, et donc de porter sa grossesse à terme pour donner naissance à Audrey. L'absence de figure paternelle réellement présente, couplée au fait de savoir que son père avait été un héros qui s'était sacrifié pour qu'elle puisse vivre, avait profondément marqué l'enfance de la jeune femme, qui s'était donnée pour but d'honorer la mémoire de son père en devenant à son tour une Auror. Dès son plus jeune âge, Audrey se distinguait de par son caractère trempé dans l'acier, amis aussi par sa haine de tout ce qui pouvait s'apparenter de près ou de loin à du bullying. C'était comme ça qu'elle s'était faite remarquer avant même d'arriver à Poudlard, dans le train qui devait la mener à la prestigieuse académie de magie. Au détour d'un des couloirs du train, elle était tombée nez à nez avec une troupe de Serpentards en devenir qui s'en prenait à une jeune fille qui arborait une longue chevelure rousse et des grandes lunettes rondes, ce qui était en train de lui valoir des moqueries et des bousculades. Audrey avait à ce moment sentie son sang ne faire qu'un tour, et elle s'était ruée sur la bande de toutes ses forces. Quelques dents cassées et bleus plus tard, Audrey avait déjà à son actif une retenue alors même qu'elle n'avait pas encore été affectée à sa maison, et n'avait en réalité évitée le renvoi pur et simple que parce que la fille qu'elle avait défendue avait témoignée en sa faveur.
Cette fille, c'était Helga Belladone, Poufsouffle de son état, et elles étaient depuis les meilleures amies du monde. Audrey ne s'était honnêtement pas attendue à ce que la jeune Poufsouffle à l'époque se mette ainsi à la "coller" de près, certes elle était reconnaissante, mais pour Audrey qui avait toujours été un peu une espèce de forte tête solitaire, se trouver face à un tel débordement de gratitude et d'envie d'être son amie avait été perturbant. Au tout début, taciturne qu'elle était, Audrey n'avait pas vraiment fait dans la réciprocité de cette nouvelle affection dont elle se trouvait être le centre, mais Helga avait été tenace, et peu à peu, elle était parvenue à adoucir Audrey qui laissait parfois sa carapace craqueler en sa présence.
Helga était d'un naturel bien plus posée et douce qu'Audrey, et elle était aussi très intelligente au point de sans conteste pouvoir rabattre leur clapet à des Serdaigles, et cette dernière avait pris sur elle d'aider Audrey dans ses études et son envie de devenir Auror. De par elle même, Audrey n'était en effet pas une étudiante qu'on pouvait considérer comme modèle. Si elle parvenait à très bien se débrouiller sur certains aspects pratiques de sa formation de sorcière, comme le soin aux créatures magiques, la défense contre les forces du mal ou encore les sortilèges, d'autres matières comme les potions, l'histoire de la magie ou la métamorphose lui donnaient bien du fil à retordre. Helga savait toutefois faire preuve d'une forme de pédagogie qui marchait envers Audrey, qui parvenait grâce à elle à conserver un niveau assez bon, ce dont elle lui était devenue de plus en plus reconnaissante. Ainsi, si Helga était parvenue à décrisper Audrey au point que cette dernière aie quelques amis au sein de sa propre maison, la Poufsouffle avait clairement une place spéciale dans le coeur de la Gryffondor. Elles étaient en duo dans toutes les classes qu'elles avaient en commun, et les sortie au Pré-au-Lard étaient l'occasion pour elles d'avoir d'autres moment ensemble. Et puis il y avait aussi ces sorties nocturnes, dès lors qu'Audrey avait appris le sort d'invisibilité, où elle avait entraînée Helga pour qu'elle prenne un peu plus confiance en elle. C'était à l'une de ces occasions qu'elles avaient découverts ensemble l'un des secrets de Poudlard, en cherchant à échapper au concierge qui les avait presque attrapées dans la salle des trophées, elles étaient tombées sur la Salle sur Demande qui était devenu un lieu de visite régulier pour elles, et leur grand secret.
Les années avaient ainsi passées, Audrey était revenue auprès de sa mère pour les vacances d'été, et elle allait entamer sa cinquième année. Une année décisive s'il en était, car c'était celle où elle allait passer son BUSE, qui allait déterminer quelles classes elle pourrait prendre pour ses deux dernières années d'études, et qui allait largement déterminer quelles carrières elles pourrait envisager au sortir de l'académie...ou non. Ce n'était cependant pas pour cette raison qu'après avoir fait ses au revoir à sa mère, et avoir franchie la porte magique menant au quai du Poudlard Express, qu'elle était nerveuse, elle était toute autre...vraiment toute autre. Dans sa valise, précieusement conservée dans une poche à part, se trouvait une lettre manuscrite de la part d'Helga, qui lui avait été envoyée pendant les vacances. Audrey avait été surprise à sa réception, car Helga était du genre bien trop timide pour oser lui envoyer quoi que ce soit, la Poufsouffle était persuadée que cela dérangerait Audrey quand bien même cette dernière lui avait affirmée le contraire à de maintes reprises. Elle avait été donc agréablement surprise, se disant que toutes ces sorties nocturnes à défier le règlement portait ses fruits, et puis elle avait lue le contenu de cette lettre...une première fois, puis une deuxième car elle pensait avoir rêvée, et une troisième car elle n'y croyait toujours pas.
L'écriture d'ordinaire si fluide et harmonieuse d'Helga était ici bien plus chaotique, mais surtout, en substance, elle lui avouait qu'elle l'aimait depuis la première fois qu'elles s'étaient rencontrées et qu'elle n'avait jamais su comment le lui dire. Pareille information avait de quoi profondément bouleverser Audrey, qui avait initialement cru à une blague où à une erreur, mais c'était bien l'écriture d'Helga, et la lettre n'avait pas été enchantée d'une quelconque façon pour en faire un faux...tout était authentique, et il ne restait qu'une semaine avant qu'elles ne se revoient.
*Helga...*
Le quai de la gare était comme d'habitude, à cette période de rentrée, absolument blindé de monde, et Audrey abandonné bien vite toute idée de retrouver son amie au milieu de cette foule. Elles avaient de toutes façon leur petit rituel, une cabine qu'elle prenaient toutes les deux à chaque fois qu'elles faisaient ce trajet depuis cinq ans maintenant. Audrey savait qu'elle allait la trouver là bas, et entreprenait d'ailleurs de s'y diriger comme elle le pouvait en passant par cette masse de monde.
*Et comment je vais aborder le sujet moi ?...*
Très franchement, c'était tellement frontal comme approche qu'Audrey n'excluait pas qu'Helga ne soit pas "vraiment" à l'origine de l'envoi de cette lettre, même si il était évident qu'elle l'avait écrit. Le style était approximatif, il y avait de multiples ratures, tout ça donnait l'impression d'un brouillon qui, sans qu'elle sache trop comment, s'était retrouvé envoyé chez elle. Mais maintenant qu'elle le savait...Audrey savait aussi qu'elle n'allait pas pouvoir le cacher, et elle réfléchissait à la meilleure façon d'aborder le sujet, sans avoir de réponse au moment où elle arriva à la porte de la cabine qu'elle ouvrit, pour voir Helga déjà installée. Malgré son trouble, Audrey parvint à sourire, deux mois sans voir Helga c'était long, et elle était contente de la retrouver.
Salut, ma binoclarde favorite...