Masque-de-Mort, l’ancien Chevalier d’Or du Cancer… Un homme qui avait perdu la raison, et qui avait multiplié les victimes innocentes, capturant leurs âmes pour les exhiber comme trophées dans son temple. Un Chevalier d’Or renégat qui avait pu bénéficier de la période où le Grand Pope avait renversé Athéna pour continuer ses sévices. Son attaque principale était un sortilège dimensionnel qui envoyait ses victimes dans le monde des morts. Finalement, quand les véritables Chevaliers d’Athéna étaient venus, la bonté d’âme de Shiryu, le plus noble des Chevaliers d’Athéna, avait fini par amener l’armure à se détourner de Masque-de-Mort. Depuis lors, l’homme était mort, mais avait fini par revenir à la vie, purgé de son vice… Son vice, qui était en ce moment en train d’affronter Athéna au Sanctuaire. Vito avait aidé Diana à venir jusqu’ici, et l’avait suivi.
À l’aide combinée de
Soul Calibur et du Lasso de la Vérité de Diana, la Grande Toile se mit à s’illuminer.
«
Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Tout à l’heure, les Moires ont laissé entendre que ce lasso ne viendrait pas de l’Olympe, et j’ai toujours cru que Zeus l’avait donné en cadeau à ma mère.
-
C’est exact. Ton lasso est l’expression de l’alètheia. »
Diana fronça les sourcils. Parménide, un philosophe grec, avait développé deux concepts : l’
alètheia, la « vérité », et la
doxa, qui était « l’opinion ». Le concept avait été renouvelé bien des siècles plus tard par le philosophe allemand Heidegger.
«
Sans vouloir rentrer dans des considérations philosophiques, Vito, d’où vient mon lasso ?
-
Tout porte à croire que ce lasso a été fabriqué par la Tour même… Et que les Olympiens l’ont récupéré. Zeus l’a confié à ta mère ensuite.
-
Cette Tour dont vous parlez sans cesse… De quoi s’agit-il ?
-
Les premiers mythes terrans la décrivent sous plusieurs appellations. Dei, Elohim, ou encore Maturin… Elle serait la Fabrique des Dieux, le tissue matriciel d’où tous les Dieux, et, par extension, la vie elle-même, seraient issus. Jadis d’une blancheur immaculée, elle s’est assombrie quand les Grands Anciens, qui sont la négation même de la vie, l’ont attaqué. »
Diana considéra tout cela silencieusement. Même sur Terre, il existait des résurgences entre les différents cultes religieux. Des mythes communs à tous les cultes qui, selon les anthropologues et les historiens, laissaient suggérer une religion unique, originelle, la religion de Dieu, tout simplement. La plus belle preuve de cette théorie était le mythe du Déluge, qu’on retrouvait dans de nombreuses religions. On avait retrouvé des mentions du Déluge sur les tablettes sumériennes datant de l’époque de Gilgamesh, il y a 2 500 ans avant le Christ. Le
Mahabharata, une monumentale saga historique et religieuse hindoue, faisait également référence au Déluge, à la création d’une arche, et à la fin des temps.
Ovide avait également évoqué la destruction de la Terre par Jupiter, par le biais de la montée des eaux. Le
Livre des mutations de Yi Jing évoquait également la révolte des hommes contre les Dieux, et la destruction de la Terre, Fuxi construisant un bateau pour surmonter les flots, et ainsi pouvoir permettre à l’espèce humaine de survivre.
«
Alors, c’est ça, le Déluge ?
-
Les Grands Anciens ont toujours été liés à l’eau, non ? Ne dit-on pas que R’lyeh, la demeure de Cthulhu, sommeille dans les profondeurs océaniques ? C’est cela, Diana. Le Déluge, c’est l’attaque des Grands Anciens, la destruction des mondes et leur volonté de briser la Tour.
-
Alors, mon lasso…
-
Je ne connais pas encore tous les détails, Diana. Mais la magie qui anime votre lasso n’est pas qu’une simple magie divine, elle émane de la Tour elle-même. »
Devant eux, des images apparurent alors, de divers endroits. Des images de dévastation. Yoake assiégée, meurtrie, mais également des affrontements massifs sur Terre. Diana vit une jeune femme tomber à la mer face au Kraken de Poséidon, avant que des sirènes ne la ramassent. Elle vit une guerrière violette se battre contre les Amazones de Penthésilée, elle vit également la Princesse de Papua en compagnie d’une elfe… Et, près de la capitale de Mijak, elle vit la Déesse Bellone croiser le fer avec le Dieu Arès.
«
Maturin a déjà choisi ses champions.
-
Maturin ? La Tour ?
-
Oui… Et non. C’est plus compliqué que ça. Maturin est… Il est à la fois la Tour, mais aussi autre chose. Il en est son porte-paroles. Les elfes le vénéraient jadis, ainsi que les tribus ancestrales. Vous savez, ce n’est pas un hasard si, avant que les Dieux ne prennent forme humaine, ils ressemblaient à des animaux. Pensez aux Dieux égyptiens, ou aux divinités mayas, aux esprits indiens… Les Dieux sont plus vieux que les humains, ils étaient des animaux, à l’origine, avant d’évoluer, de muter au fur et à mesure que la vie grandissait. Maturin… Tout laisse à penser qu’il est le premier Esprit, le premier Enfant d’Elohim… La première divinité ayant jamais existé. C’est sans aucun doute Maturin qui a conduit Sophitia ici, Maturin qui a réuni différentes personnes susceptibles, ensemble, de vaincre les Maux des Grands Anciens.
-
En retrouvant Héra et en réunissant les Éclats ?
-
Oui… Et vous n’êtes pas toutes seules dans cette quête. »
La Grande Toile montra Héra, Héra qui se trouvait en compagnie d’une jeune femme qu’elle avait toujours détesté, et qu’elle enlaçait chaleureusement. Diana écarquilla les yeux en voyant l’élégante silhouette blonde, qui la guida à travers ses apparements, jusqu’à un couloir secret lui permettant de quitter l’Olympe.
«
Aphrodite !
-
Si fait… Aphrodite… »
Ici, dans la Grande Toile, le fil d’Aphrodite leur apparut. Un fil doré, qui s’enfonçait dans les profondeurs de la Toile, bien au-delà des fils des Olympiens. Regardant encore le film, Diana vit alors la Déesse des sorcières, la Déesse Sha, qui accueillait Héra dans son palais, avant de l’aider à rejoindre la Terre.
Des vibrations magiques se firent alors sentir. Des éclairs jaillirent de nulle part, signalant le retour des Moires.
«
Héra est bel et bien partie sur Terre. Elle a été voir Athéna dans un premier temps… »
Changement de décor. Diana reconnut le temple d’Athéna au Sanctuaire. Les Chevaliers d’Athéna, méfiants, regardaient Héra, qui se contenta de lever la main. Leurs armures magiques devinrent alors particulièrement lourdes, et elle les vit s’écrouler sur le sol. Héra était la Mère de l’Olympe, et nul chevalier ne pouvait impunément la défier. Même en fuite, la puissante Héra tenait à sa dignité. Elle s’adressa à sa fille, à Athéna, qui lui remit finalement son Éclat, comme Aphrodite l’avait fait en Olympe.
Mais les autres Dieux se trouvaient ailleurs :
- Apollon était en train de se manifester à Lambroisie, où il avait pris le contrôle de la Reine banshee.
- Héphaïstos était encore dans l’Olympe,
- Hermès était encore introuvable.
«
Alors, elle cherche Hermès ?
-
Hermès se trouve manifestement sur Terre… Cherchons, mais… »
Le temps était en train de leur manquer, et la Grande Toile ne révélait pas si facilement ses secrets. Une déchirure se forma alors brusquement, et un tentacule fusa vers eux. Vito se retourna, et lança un nouveau sortilège magique, une onde de choc qui explosa la déchirure. Hermès, Hermès… Il semblait évident qu’Héra traquait désormais le Dieu messager.
«
Nous faisons fausse route… Il faut trouver la messagère d’Héra ! Iris ! »
Si Hermès était le Messager des Dieux, et surtout celui de Zeus, Iris, elle, était la messagère d’Héra, une Ange aux ailes multicolores dont on disait que chaque arc-en-ciel était le signe de son passage sur Terre. Aussi odieuse et cruelle que soit Héra, elle s’était toujours portée d’affection pour Iris. Elle était l’épouse de Zéphyr selon le poète Alcète.
«
Iris… Iris s’est réfugiée dans le royaume des Anges ! »
Diana soupira lentement.
«
Héra est restée sur Terre… Il faut concentrer nos recherches, et…
-
MIIIISÉÉÉÉÉÉÉRAAAABLEEES !! »
Jaillissant d’outre-tombe, la voix d’Atropos déchira le silence, et des mains griffues jaillirent d’une nouvelle déchirure, frappant Diana à la gorge, l’écrasant sur le sol. Celle-ci soupira longuement en se débattant sur place, et Vito intervint encore, faisant exploser les bras. Il commençait toutefois à être en sueur, et se concentra encore, cherchant à manipuler la Grande Toile. La difficulté est qu’Héra s’était elle-même dissimulée à Yoake, alors ils cherchèrent plutôt Hermès…
…Et finirent par le voir.
«
Il est là ! »
C’était une sorte de bar, où le messager ailé buvait des bières.
«
Yoake… »
De nouvelles ondulations traversèrent la place. Les Moires étaient furieuses, et Vito se retourna vers uen plus grande déchirure, et avança ses mains, cherchant à la retenir.
«
Vito !
-
A… Allez… Allez, bordel ! Filez… Partez vers Yoake, vite !
-
Mais… Et vous ?
-
Dé… Dépêchez ! »
Sophitia se chargea de les faire partir, tandis que, en contrebas, Diana vit la déchirure dimensionnelle s’écarter encore… Puis des tentacules jaillirent, et frappèrent Vito, le faisant reculer.
Ensuite, elles se retrouvèrent dehors. La pluie s’était calmée, et elles étaient à proximité du sanctuaire de Delphes, sur une petite place du village de Crissa, à proximité du sanctuaire. Sophitia sembla alors reprendre ses esprits. Autant dire que Diana n’avait pas encore saisi que ce n’était pas elle qui était là auparavant, mais Elysium, la manifestation de son épée magique.
«
Nous sommes hors de la grotte… Grâce à toi, tu ne te rappelles pas ? Tu nous as téléportés ici… »
Les Moires étaient trop fortes pour elles, mais elles n’étaient pas non plus la cible des deux femmes. Diana récapitula rapidement les informations obtenues en compagnie de Vito.
«
Hermès et Héra se trouvent à Yoake… Je t’encourage à y aller. Moi, je vais essayer de ramener Iris. Je connais une Ange, Cupidon, que j’ai rencontré sur Terra, qui pourra m’y conduire. Je te retrouverai ensuite à Yoake, car je suis convaincue qu’Iris pourra nous être utile. Héra est seule, et, malgré sa fierté, elle est perdue, face à sa propre famille qui cherche à la tuer. »
Les deux guerrières allaient donc se séparer…
Provisoirement !