Bethany haussa les épaules.
« Moi non plus, je n’aime pas la guerre. Mais nous n’avons pas le choix. Quitte à choisir, je préfère utiliser ma magie pour soigner les gens, combattre des monstres, mettre fin à des malédictions… On ne combat pas forcément que les Luméens. Et puis, suite à l’Olympomachie, le conflit avec Lumen est figé. Mon service militaire, je le mènerai en combattant les monstres ou les bandits qui pullulent au sein de l’Empire. Les monstres ont proliféré. Moi, je pars du principe que, si je suis née avec un tel don, c’est pour qu’il serve à aider les autres. Alors, bien sûr, j’en profite aussi, mais je pense être largement plus utile à mon pays en utilisant ma magie qu’en ouvrant mes cuisses auprès d’un fermier. »
Sans la magie, Bethany serait devenue une fermière. C’était l’évidence même. Elle était donc heureuse d’avoir échappé à un destin peu reluisant. Se pavaner à moitié nue, c’était autant une manière d’exprimer sa féminité que ses pouvoirs et son influence sociale. Les magiciens bénéficiaient d’une grande liberté, surtout au sein des académies magiques. Bethany savait que les autorités étatiques cherchaient continuellement à renforcer leur mainmise sur les académies, mais les académies magiques, très anciennes, bénéficiaient d’une forte autonomie, et de leurs propres règles. Ceux qui s’en éloignaient devenaient des apostats, des sorciers, ou des mages renégats…
Mana ne semblait en tout cas pas très intéressée par le sexe. C’était tout de même curieux ! Bethany s’en amusait.
« Tu ne veux pas aller dans la serre, parce que tu as peur d’y voir des trucs choquants ? Tu sais, quand je suis arrivée ici, j’étais très timide, moi aussi… Du genre à raser les murs. Bon, je reste toujours un peu timide, mais j’ai découvert que le sexe était quelque chose de très bon. Et je ne dis pas ça dans l’optique d’avoir des enfants. Ça, il est facile d’éviter cela grâce à la magie. Enfin bon, je ne vais pas te brusquer, mais tu dois savoir que la magie rose est très étudiée dans les académies, et pas forcément à Mijak. Il n’y a que dans les bouquins qu’on prétend que les élèves n’étudient pas ça ! Trois élèves sur quatre rejoignent une académie pour apprendre la magie rose… »
Endurance sexuelle, allaitement, possibilité d’agrandir les seins… On pouvait se choquer de ce matérialisme, qui était assez contraire aux préceptes religieux de l’Ordre Divin, mais on ne jurait pas l’abstinence ici. Bethany sourit à Mana en lui attrapant la main.
« Fais juste attention… Moi, je me disais que je voulais rester vertueuse, mais j’avais juste peur du sexe. Et cette peur peut se retourner contre toi. Quand on affronte des envoûteurs, des charmeurs, ils exploitent n’importe quelle faiblesse… On dit que les mages sont des dépravés, et c’est sans doute vrai, mais il faut aussi reconnaître que le sexe est une énergie puissante, qui peut être utilisée aussi bien pour améliorer des sortilèges magiques, que pour nous compliquer la vie. En jouant sur ta frustration, un ennemi peut te faire perdre ta concentration, rendant aussi tes sorts imprécis. Et, inversement, le désir sexuel stimule divers neurotransmetteurs et hormones qu’on peut utiliser, notamment pour soigner plus efficacement les gens. Ce n’est pas une surprise si les prêtresses d’Aphrodite sont aussi d’excellentes guérisseuses. »
Tout en parlant, Bethany rejoignit finalement une double porte. La bibliothèque n’était pas très éloignée de la serre, et un pont suspendu à un étage supérieur de la bibliothèque permettait d’ailleurs d’y aller. La bibliothèque était un peu centrale au sein de l’académie, puisqu’elle regroupait toutes les connaissances encyclopédiques.
« Par ailleurs, tu ne peux pas accéder à nos livres si tu n’es pas élève. Moi, je veux bien te donner un accès, mais il y a un prix à payer… »
Bethany lui sourit alors en se postant devant elle.
« Je veux un bisou sur les lèvres ! Juste un ! Je veux vérifier si tu sais bien embrasser… » sourit malicieusement Bethany.