The Multiversity

[Shehtra Gonas]

Comment gagner du temps pour répondre ? Bon, en soi je suis pas pressée d'avoir une réponse. Il faut juste qu'elle soit au courant de mes besoins par rapport à ma nature. Elle me pose des questions pertinentes. Vu que je ne suis pas complètement humaine et que je suis un être violent, ça se comprend.

"Je peux griller des nuits sans trop de problème, en soi. Par contre, il faut que je tue dans les cinq nuits."

Histoire de retarder l'inévitable. En soi, j'ai déjà eu des périodes creuses où je peux pas tuer grand-monde, et je parviens à survivre, à condition de finir par tuer dans quelques jours. Plus ça dure, plus j'en ai envie, et ça irait jusqu'à un sacré malaise au niveau de mes bras et mes pecs qui les font crisper jusqu'à ce que j'en souffre, et ça c'est jusqu'à la phase où on ne pourrait plus rien faire.

"Si je ne tue pas, ma nature d'ange noire prendra le dessus sur moi et je risquerais de causer un vrai massacre le temps que je reste sous ma forme nocturne… et je risquerais de pleurer le jour car je sais que j'aurais tué des innocentes."

Je me sens mal rien que d'en parler. Je suis peut-être folle et j'ai appris à être froide aux meurtres, mais j'ai un code qui me dit que je ne tuerais le moins d'innocents possible. Batman s'est promis de ne pas tuer, mais moi je me suis promise de ne pas tuer d'innocents, et c'est là la nuance. Mais bref, je m'en remets rapidement.

"Mais bref, si tu veux, je peux attendre que tu m'apportes des cibles. Ca pourrait me faciliter la tâche."

Histoire qu'on me suspecte pas trop dans le Complexe… mais il y a quand même un risque qu'on suspecte des disparitions.

[Lissandre Verrières]

Lissandre d’Uatis devrait se méfier de Shehtra. Ce n’est pas normal d’avoir une « faim » de meurtre. Parce que, à l’écouter, elle en a besoin que la nourriture, la boisson ou le sommeil. Qui plus est, même si Lissandre d’Uatis n’est pas connue pour être la femme la plus empathique : elle n’est pas insensible au fait que la forme diurne pleurerait de meurtres en série incontrôlés.

« On va trouver une solution. J’ai déjà quelques idées. Pas que j’ai une longue liste de personnes à tuer, mais j’ai suffisamment de contacts qui, eux, pourrait avoir des cibles à éliminer. Et si tu élimines ces personnes, mes contacts seront encore plus dépendants de moi. Oui, c’est un système qui pourrait fonctionner. »

Davantage de dettes signifie davantage d’emprises sur les gens. En somme, sa conquête du Pouvoir gagnera quelques avancées. Si Lissandre d’Uatis parvient à contrôler cette Shehtra sous son emprise et à la garder sous son aile plusieurs années durant… oui, ce serait un très bon investissement. Sans compter le facteur Complexe.

« Je suis en train de me dire que je devrais te mettre en contact avec une de mes relations. Que tu forges un lien avec cette personne. Que tu commences à construire ton réseau, ici, dans les bas-fonds. Pour qu’ensuite, quand tu te trouveras au Complexe, tu sois libéré de ce travail. Que les gens viennent te voir « naturellement ».

A toi de me dire. Est-ce que tu serais plus à l’aise avec Petite Chatte. Qui aurait plutôt tendance à utiliser les ombres. La discrétion. A hacker pour parvenir à ses fins. Ou plutôt Baby Oni. Une personnalité plus extravertie. Qui aime la boisson et les bastons, comme elle aime si bien le répéter. »

Lissandre d’Uatis retourne à son bureau, fouille un instant et trouve deux images-hologrammes. D’abord une fille aux cheveux violets. Une capuche rabattue sur la tête fait apparaitre une paire d’oreilles de chats vert fluo. Son visage est masqué par une sorte de masque félin aux dents roses. Derrière, on peut apercevoir de belles lèvres roses peinturlurés de gloss. Elle, c’est donc « Petite Chatte ».

Puis il y a Baby Oni. Un physique beaucoup plus sec. Plus athlétique aussi avec une menue poitrine. Entre le tatouage qui recouvre le haut de son corps, la ligne sous son œil ou encore le bras qui s’ouvre en deux pour révéler une lame mortelle : on devine aisément que cette fille est prête à tout pour s’améliorer. Et particulièrement dans tout ce qui a trait à la violence et aux combats.

[Shehtra Gonas]

Je me doute qu'elle aurait quelque chose pour que je puisse éviter de péter un câble sur le long terme. J'ai passé un des années pour trouver un compromis qui irait à mes deux formes et à faire en sorte que ça puisse être réalisable, j'ai pas envie de tout gâcher à cause de ce genre de manques. D'ailleurs, Lissandre trouve encore moyen de faire d'une pierre deux coups, et ça c'est cool. Il faut dire qu'elle a un bon réseau, en étant une Boss, donc tu m'étonnes.

Du coup il faudrait que je forme des liens avec un des contacts. Ca me parle, quand même, surtout en attendant de pouvoir aller au Complexe de manière naturelle. Du coup, elle me donne le choix : une hackeuse hors pair dans la subtilité, la discrétion, ce qui va avec le Virus Mercer, et une combattante dans la brutalité, ce qui va avec ma forme nocturne, mais aussi le Virus Mercer. Franchement, je suis plus familière avec Baby Oni, et après avoir réfléchi un petit peu, je regarde plus du côté de Baby Oni. On va bien s'amuser, ça j'en suis sûre. On a beaucoup à apprendre, de manière mutuelle.

"J'avoue que je suis plus du côté de Baby Oni, Madame Lissandre. En soi m'infiltrer pour arriver à mes fins est complètement une option envisageable, mais m'amuser et me battre me correspond plus."

J'ai hâte de voir comment elle se bat. Elle se bat avec cette lame à l'intérieur de son bras, oui, mais encore ? En tout cas, je sens qu'on va être dans la même longueur d'onde. Ce seront surtout des combats illégaux, bien sûr, mais au moins ça me permet de gagner de l'argent avec peu d'efforts, même en partant du principe qu'elles seraient plus puissantes que les Terriennes. Mais je peux être surprise, ça se trouve elles me feront battre contre des démons, et ça c'est plus sérieux. Je serais prête à tout donner grâce à ça. Putain mon imagination déborde au mauvais moment !

[Lissandre Verrières]

« Entendu. Va pour Baby Oni. »

Lissandre d’Uatis retourne ranger les affaires qu’elle avait sorti d’un tiroir de son bureau. Elle s’assoie dans son fauteuil et te présente la porte de sortie de son bras tendu.

« Va donc manger quelque chose. Ah, et si les filles travaillent, je ne veux pas que tu les déranges. Mon business doit tourner. Je ne voudrais pas que tu me causes des problèmes. Par contre, si l’une d’elle est libre et qu’elle consent à passer du temps avec toi : alors d’accord. »

En somme, c’est une demande polie de foutre le camp de son bureau le temps qu’elle arrange un rendez-vous avec ton futur contact. C’est aussi une façon de bien te faire comprendre que c’est elle la Boss mais que tu es intégrée à la famille pour profiter des ressources de ce bâtiment.

[UNE PETITE ELLIPSE PLUS TARD]



Lissandre d’Uatis t’aura fait un topo rapide avant de t’envoyer dehors pour rejoindre Baby Oni. Dans la basse-ville, quelque part dans une zone frontière entre le monde des pauvres et celui des riches, se trouve une rue. La rue du Lapin Blanc. Cette rue est une propriété de Lissandre d’Uatis. Une localisation qu’elle a acheté avec un contrat et tout. Des filles à elles y travaillent. Des filles spéciales qui n’ont pas le confort d’un bâtiment équipé de chambres. Le sexe peut se faire en « rapide » contre un mur. C’est une rue assez sauvage.

Certains esprits s’y agitent. Principalement ceux qui ne peuvent pas payer ou qui ne sont pas assez endurants pour supporter un « Non. Tu as payé. Tu as eu ton coup. T’en veux un deuxième ? Tu repaies. » Ce genre de scène pourrait virer au drame. D’où la présence de Baby Oni pour sécuriser les lieux.

« C’est toi la nouvelle qu’a envoyé Lissandre d’Uatis ? »

Adossée contre un mur, elle te regarde. Non, les bras croisés, elle te juge. Si elle parait décontractée et désarmée, tu te doutes que ce petit haut qui dévoile une absence de soutien-gorge et un imposant tatouage est une façon de faire baisser la garde aux imprudents. On se méfierait bien plus d’une nana en full armure. Et tu sais, d’après la photo de Lissandre d’Uatis, qu’au moins son bras dissimule une pointe style mante religieuse une fois dépliée.

« T’es là pour faire tes preuves ? »

[Shehtra Gonas]

Je comprends qu'on n'a plus grand-chose à se dire pour l'instant. Naturellement, je penche mon corps vers l'avant. Je reste une Japonaise avec une notion de politesse.

"D'accord Madame Lissandre. Merci pour le temps que tu m'as consacré."

Je sors donc. Je fais partie de la famille tant que je suis toujours à Uatis. Un jour, il faudra que je lui donne accès à la Guitare des Anges Noirs. Je lui expliquerai tout ce qu'elle aura à savoir, au cas où elle aurait une mission à me confier. Je refuserai pas ses demandes, je pense.

Quelques jours plus tard... on est en fin de nuit, en fait. Sur Terre, je crois que ça équivaut à 5 heures du mat'. Allez ! Ca lui donnera une occasion à Baby Oni de connaître mes deux formes, histoire qu'elle soit pas aussi surprise que Madame Lissandre. Mais bref, petit topo : la Rue du Lapin Blanc. Alice aux Pays des Merveilles ? Bref ! C'est une rue qui appartient à Madame Lissandre, et des filles à elle y travaillent pour un petit quickie. Bon, autant dire que si je me sens frustrée à l'instant, je sais où aller. Par contre, il y a des sauvageons qui n'aiment pas quand des filles leur résistent. On est à Uatis, mes mecs ! Les filles sont Reines, estimez-vous heureux d'être encore en vie à jouir même sans capote.

Mais bref, c'est le quartier dont Baby Oni est la cheffe de sécurité, on va dire... ou la Lieutenant, c'est aux autres de voir. D'ailleurs, elle s'adresse à moi et je lui souris. Elle me juge, et si j'étais une imprudente qui n'en sait rien, je l'aurais à coup sûr sous-estimée. Je suis sous ma forme nocturne, et je crois que la fatigue va bientôt pointer le bout de son nez pour laisser place à ma forme diurne. Je m'approche doucement d'elle avec le sourire.

"Ouaip ! J'espère que tu vas me croire si je te dis que tu n'aurais jamais vu un adversaire comme ça."

Je dis pas encore "amie", car on ne l'est pas... encore. Je sais une de ses armes, sûrement qu'elle en a d'autres dans sa besace. D'ailleurs, elle peut remarquer que j'ai une épée rouge sur le dos, une épée qui ressemble à un ciseau. Je ne suis pas transhumanisée contrairement à elle, mais ça ne fait pas d'elle une mauvaise combattante. Pour l'instant, je ne sors pas mon arme. Ca sert pas encore. Sûrement qu'elle va m'emmener dans une arène.

"Je me demande ce que Madame Lissandre t'a dit sur mes capacités."

Elle sait beaucoup de choses, je lui ai tout déballé. Mais est-ce que Madame Lissandre veut se montrer mystérieuse en disant juste qu'il ne faut pas me sous-estimer ? Tout est possible, et je vais éviter de juger quoi que ce soit.

[Lissandre Verrières]

« Elle ne m’a surtout pas dit qu’elle me collerait une gamine dans les pattes. Attends un moment, je reviens. »

A l’autre bout de la rue, du côté de la riche Uatis donc, du grabuge. Une limousine avec une porte ouverte. Une femme élève la voix et se débat. Mais la main qui tient son poignet ne la laisse pas partir. Impossible de dire d’ici à qui appartient le propriétaire de cette main, étant donné que le corps se trouve toujours dans la limousine.

Baby Oni arrive à pleine vitesse. Sans introduction ni premier avertissement, elle frappe de la paume de sa main le poignet. La prostituée du Lapin Blanc est libre et ne tarde pas à venir chercher le réconfort chez ses collègues qui forment soudain un cercle autour d’elle.

Baby Oni poursuit sa série d’action. D’une main elle tient la main qui n’a pas respecté les règles. De l’autre, elle se saisit de la porte et vient cogner violemment contre cette main fautive. Si le bruit du membre n’est pas agréable à entendre, il n’y a pas de sectionnement. Elle rouvre la porte, dit un truc et claque la porte. La limousine se barre en quatrième vitesse.

Puis la protectrice échange quelques mots avec la prostituée. Autant de réconfort qu’une mise en garde culpabilisatrice. Et elle revient finalement vers toi.

« Ouais, du coup, qu’est-ce qu’on disait ? Je ne sais plus. En tout cas, je ne vais pas cracher sur de la main d’œuvre gratuite. Mais laisse-moi t’expliquer vite fait ce qu’il s’est passé. La cliente a voulu la ramener dans son quartier de bourge pour jouer avec toute la journée. Probablement qu’elle doit avoir un donjon ou je sais pas quoi. Mais elle n’avait pas payé pour ça. Alors j’ai fait en sorte qu’elle apprenne la leçon. Mieux, avec sa main principale qui finira dans un plâtre ou je ne sais pas quoi. Elle ne pourra plus se caresser toute seule clito. Et donc ?... et donc elle sera obligée de revenir payer nos services. Tu comprends le délire, la gamine ? »

[Shehtra Gonas]

Techniquement, vu que j'ai 17 ans, elle peut me traiter de gamine sans que je le prenne mal, donc je vois pas pourquoi je devrais m'énerver. De toute façon, je suis là pour l'aider, pas pour qu'elle doive s'occuper de moi comme une babysitter.

D'ailleurs, je vois qu'elle a des choses à régler. Une limousine avec une des filles qui essaie de sortir, mais elle se fait empêcher par la crésus qui est dans la voiture. Je dis ça parce que pour l'emmener en limousine, c'est qu'elle doit pas venir des bas-quartiers. Evidemment, Baby Oni arrive et lui frappe le poignet avant de l'écraser sur la portière. J'aurais pas aimé le subir, mais vu que la papillon se sent pas bien de base, c'est qu'elle l'a cherché. Juste après que la main soit libérée, la limousine part le plus vite possible. Bon, je crois qu'elle va avoir le droit à un séjour à l'hosto, mais sa main est encore sauvable. Du coup, la meuf échange quelques mots avec la meuf.

Après ça, elle m'explique ce qui se passe. Une bourge qui a emmené l'escort pour jouer avec elle, possiblement avec un lieu pas très légal, dans un pays où le cul est aussi bien mise en avant qu'à Mijak, mais le problème c'est qu'elle a pas payé un crédit. Mauvaise idée, surtout pour une bourge ! En tout cas, une leçon a été donnée, je peux pas lui en vouloir.

"Je comprends. Surtout que pas payer alors qu'on en a clairement les moyens, c'est vraiment une idée de con."

Vu qu'on est dans les bas-quartiers, ça peut de toute façon vite partir en couille. J'essaie donc de lui faire un petit rappel.

"Du coup on parlait de faire mes preuves. Quelle épreuve tu pourrais avoir en tête ?"

De toute façon, je prends tout. Tout est possible, d'autant plus que pour l'instant, on a une relation verticale. On se connait pas, elle me voit comme de la main d'œuvre gratuite, et je vais essayer de la voir comme mon oyabun, donc mon père chez les yakuza, où sa parole est absolue pour moi.

[Lissandre Verrières]

« Ouais, faut croire que plus elles ont de l’argent et plus elles en veulent. Quitte à tenter des manœuvres à la con. Ca va surement lui coûter un bras en hosto. Enfin, sans mauvais jeu de mots, hein. Quoique, j’aurai peut-être du lui péter le bras. J’aurai été raccord. »

S’il y avait besoin de préciser, Baby Oni a vraiment aucun problème avec la violence.

Elle revient se positionner entre la rue du Lapin Blanc et le monde de ceux qui ont beaucoup d’argent. Principalement pour dissuader de nouvelles connasses. Et aussi rassurer les « papillons » comme le pense la petite nouvelle. Bien que Baby Oni n’ait pas eu accès à ses pensées. C’est de l’ordre du quatrième mur.

« Concernant ton épreuve. Je n’ai rien du tout en tête. Mais tu vas voir que ce n’est qu’une question de temps avant que les emmerdes nous tombent dessus. Et parfois, c’est au sens littéral. Faut aussi surveiller les hauteurs. On a déjà eu affaire à des débiles qui ont vidé des seaux de merde sur le Lapin Blanc. Je peux te dire que ces connards sont handicapés du cul à vie maintenant. »

Il n’aura pas fallu attendre plus de quarante-cinq minutes avant que les ennuis arrivent. Au pluriel car ce serait trop simple au singulier. Du côté des riches, la même limousine revient. La porte s’ouvre et laisse sortir un type qui respire tout sauf quelqu’un de sain. La moitié de son corps est humaine. La moitié basse est machine. Bien que la description ne soit pas aussi simple. Car là où devrait se trouver une tête avec deux yeux et une bouche se trouve un masque surmonté d’un trou. Là où il devrait y avoir des yeux, il y a un vaste trou qui permet de voir l’intérieur du crâne métallisé. Et, en parlant de trou, il y a une sorte de cordon ombilical qui lui sort du cul. Cordon auquel est relié une tête humaine en panique et qui blablate. On voit qu’il parle mais aucun son n’en sort.

« Je suis ici pour ramener la pute. J’ai oublié son putain de prénom. Mais j’ai comme l’impression que vous savez déjà de laquelle je parle, hein ! »

« BARREZ-VOUS ! C’est un taré ! Il a deux drones de planquer dans la limous- BZZ… … … »

« Ferme ton claquet à merde, toi ! Comment t’as fait pour passer le Mute, d’abord ?! »

De l’obscurité de la limousine à la porte toujours ouverte, plusieurs points lumineux s’allument. Des bruits de moteur démarrent.



De l’autre côté de la rue du Lapin Blanc, c’est un tout autre phénomène qui avance avec un grand calme. Une nouvelle fois, c’est un être mi chair mi métal. Une femme qui n’a plus que de la tête au pubis de chairs. Exception faite d’un câble qui lui sort de la fente intime et d’une espèce de QR code qui lui sert de toison. A priori, un objet de plaisir au-dedans commandé par le carré faits de pixels noirs. Une droguée au sexe. Car une ancienne prostituée qui a mal tourné du Lapin Blanc.

« Vous vous souvenez de moi, les filles ? Quelle est la pétasse qui a piqué ma clientèle ? Qu’elle se dénonce, que je la trucide, la découpe en morceaux pour finalement la réassembler plus tard et en faire ma chienne de compagnie tenue en laisse. »

Son corps est élancé en arrière alors qu’un orgasme la déconcentre de sa propre conversation. Un temps suffisamment long, et court, pour apprécier ses deux bras cyborgs munis de lames tranchantes. Et ses deux jambes tout autant cyborg dont le design est inspiré des félins prédateurs des savanes.

« Tu vois, quand je te disais que tu l’aurais ton épreuve. Enfin, ça commence à faire beaucoup d’emmerdes en une heure. Pas que je sois fondamentalement contre, hein. Seulement, les stats sont plus élevés aujourd’hui. Mais c’est pas pour me déplaire. J’adore les emmerdeurs. Parce que j’adore casser des gueules ! Alors, gamine, tu prends quelle emmerdeuse ? La taré avec un plug à visage humain dans le cul ? Ou l’ancienne prostituée au cerveau complètement niqué par le sexe ? »

[Shehtra Gonas]

Tiens, ça me rappelle la Terre ! Plus les riches ont du fric, plus ils en veulent ! Comme quoi, entre les mecs et les meufs, c'est du pareil au même ! En tout cas, oui, elle aurait pu lui niquer le bras, ça aurait coûté encore plus cher. C'est pas grave, ce qui est fait est fait, et tant qu'elle n'est pas grièvement blessée, ça va.

Du coup, elle a rien en tête, c'est de l'impro total. Juste que c'est une question de temps avant que les emmerdes nous tombent dessus, et c'est pas toujours une métaphore. Vider des seaux de merde sur le Lapin Blanc, ça me fait rire. Je comprends leurs intentions, mais avec une gardienne comme Baby Oni, ça peut que mal se passer. Maintenant, ils doivent avoir une sonde anale de manière permanente.

"On peut donc dire que ces sacs à merde sont obligés de porter des sacs à merde !"

Une petite vanne. Surtout que ce genre de situations ne va pas toujours être drôle, même pour des bourrines comme nous. Et trois-quarts d'heure plus tard, la même limousine arrive, mais avec un type qui est là pour nous péter la gueule, alors que l'autre au bout de la queue est paniqué et veut nous avertir de s'enfuir. J'ai subi pire, moi. Bon, je vais empêcher tout d'abord la limousine de fuir, et pour ça, je m'entaille le bras et des piques sortent du sol pour transpercer le moteur, mais pas le carburant, ainsi que l'arrière. Pas question que qui que ce soit fuie, pas même le chauffeur.

J'entends ensuite une autre pute. Elle est tout aussi tarée que l'autre con, mais niveau lubrique, elle crève le plafond. En tout cas, niveau épreuve, on est servies. Ce que je prends ? Bon, je prends le mec.

"Allez ! Je prends le mec avec une queue tête d'humain ! On les bute ou non ?"

De toute façon, j'ai déjà tué quelqu'un pour ne pas avoir à me sentir mal si on les laisse en vie. Je m'approche donc du taré, dont j'ai forcément bloqué le moyen de partir, alors que mon entaille se résorbe facilement. Les piques n'ont pas disparu, mais autant dire que la limousine est foutue.

"Je suis étonnée de voir un mec accéder au poste de garde à Uatis… ta place, c'est dans la déchèterie."

Je déploie donc mes ailes noires, et il peut remarquer que c'est pas que des prothèses juste pour faire peur. C'est fait avec de vraies plumes, avec tout ce qu'il y a de plus organique. Rien d'artificiel, tout est fait naturellement. Je m'approche de lui sans la moindre peur, surtout pour une lycéenne.

"Vas-y, montre tes drones ! De toute façon, je vais les exploser avant de te réduire en tas de ferrailles !"

Pas besoin de lui dire que ça ne sert à rien de fuir, car de toute façon je doute fort que sa mission consiste à fuir en cas de personne trop puissante.

[Lissandre Verrières]

« Il n’y a jamais de simple solution, gamine. J’ai tendance à penser qu’il faut tuer pour résoudre un problème. Avec un cadavre, impossible pour l’emmerdeur de revenir. Et encore… avec ces connards de chirurgiens qui se la jouent néo-nécromanciens pour tester leurs nouveaux bidules technologiques et autres merdes de drogues de synthèses… Sans compter le fait que ça nourrit le cercle de la violence. Non, vraiment, je… »

L’ancienne prostituée shootée au sexe est en train de se frotter au corps d’une prostituée coincée contre un mur, l’empêchant de pouvoir fuir. Elle se retient de crier pour ne pas déclencher une pulsion chez l’autre qui s’est littéralement fait souder un katana dans sa main cyborg. Elle ne veut pas mourir. Alors elle fait son possible pour retenir ses larmes tandis qu’elle sent un liquide ruisseler sur sa jambe, là où l’ancienne pute aux cheveux violet néon se trémoussent. Et puis, même quand elle baisse les yeux pour ne pas croiser le regard de dingue, elle se met à flipper en croyant voir les serpents tatoués sur ses seins se mettre à « bouger ! »

Résultat ? Baby Oni se tire avant d’avoir donné une réponse ferme et définitive à Shehtra.

« Oh ! Plutôt impulsive pour une gamine. Et destructrice par-dessus tout. »

Le cyborg ne semble pas plus effrayé que ça par ta démonstration de puissance brute. Au contraire de la tête humaine reliée au cul qui s’agite dans tous les sens et parvient même à s’étrangler tout seul en faisant un nœud. Si tant est qu’il puisse vraiment s’étouffer (à la limite, ce qu’il respire doit avoir une odeur… mouais, pas de jolie formule. Ca doit sentir le cul. Bref) Et puis, ses yeux exorbités et sa bouche qui parle en « mute »…

« Tu sais, on trouve énormément de trésors dans une déchèterie. Parfois, les gens jettent des trucs qui peuvent être réparés. Tu vois, comme cette limousine. Je pourrais la récupérer et en faire une sorte de garage mobile à drones. Ouais, ça pourrait être pas mal, ça. Faudra voir avec la Boss quand j’en aurai fini avec le Lapin Blanc. »

Les drones sortent enfin. Une forme étrange. Une sorte d’étoile de mer 2.0 pourrait-on dire.

« Je me demande combien de temps tu vas tenir. »

Il y a deux drones qui se sont placés au-dessus de chacune des épaules du cyborg. Une étoile à dix branches contenant autant de yeux. Au centre, cela ressemble à des haut-parleurs disposés en cercle.

« Barrez-vous ! Plus vous prenez le temps de lui parler, et plus il va trouver les bons Hertz pour vous niquer. Pas dans ce sens-là ! Pas dans le sens du Lapin ! RHaaa, je m’égare ! »

« Toi et moi, on va causer tout à l’heure. Je vais te torturer jusqu’à ce que tu m’expliques comment tu outrepasses le Mute. »

Les deux drones passent à l’action. Une attaque invisible et presque silencieuse. Un léger bourdonnement dans l’air accompagné de légères variations de la couleur bleu de ses « yeux ». Puis le corps de Shehtra devient faible. Comme si les fréquences parvenaient à déconnecter petit à petit les liaisons nerveuses. Une sorte de hacking version organique ? Une sorte, oui.

[Shehtra Gonas]

Ca, je sais que trop bien que pour résoudre un problème, il faut parfois tuer. Mais bon, dans ce monde, c'est pas simple de parler de mort, alors même en tuant il faut pas crier victoire trop vite non plus. C'est là que Baby Oni s'interrompt à cause de cette pute tarée shootée au cul. Bon, on a dit qu'on a chacun une cible, on va pas discuter trop longtemps.

Ouais ! Les deux me correspondent bien : impulsive et destructrice. Ce qui est sûr, c'est qu'il est pas impressionné par cette démonstration de force. Par contre, le type accroché à la queue panique à mort. Il répond d'ailleurs à ma punchline. Bon, je peux pas lui donner tord, vu que je suis loin d'être ingénieure.

Je vois d'ailleurs ces drones qui semblent bizarre, mais tout Uatis est bizarre, dans ce genre de cas. Les drones pointent vers moi et je commence à me sentir faible d'un coup. Putain... je commence à sentir mes nerfs s'affaiblir… mais le Virus Mercer me fait récupérer une fois qu'il se rend compte du problème. Je me dresse devant lui avec un sourire malsain.

"Bien tenté."

Je range mon épée et mes bras se transforment en générateurs de tentacules. Je lance des tentacules vers les petits drones qui se font suspendre par d'autres tentacules qui s'accrochent partout, avant que mes bras reprennent la forme normale. Je reprends mon épée et d'un coup horizontal, deux disques cyans apparaissent pour se diriger vers les drones et les trancher en deux. Je regarde ensuite le mec.

"Tu as ta réponse : à l'infini."

Je cours rapidement pour lui couper la queue pour que le type qui s'agite soit libéré, mais je sais pas s'il va pouvoir vivre. En tout cas, j'en profite pour lui donner un violent coup de pied au torse, tellement puissant que ça le déforme et que ça l'envoie traverser un bâtiment entier. Je m'envole pour contourner rapidement le bâtiment avant de le prendre à la gorge et de le relever, de sorte à ce qu'il ait ses pieds au-dessus du sol.

"Je sais même pas si tu as déjà rencontré un ange ou un démon, mais sache que je suis une ange noire, donc beaucoup plus forte qu'un humain."

Je regarde le type de haut en bas. J'ai l'impression qu'il a beaucoup plus d'huile que de sang, c'est pas satisfaisant. Par contre, ça m'empêche pas de faire un truc qui peut m'amuser.

"Un dernier mot avant que fasse de toi un tas de boulons et d'huile ?"

Un dernier mot avant que je le massacre.

[Lissandre Verrières]

« T’es quoi, toi, bordel ! »

C’est à n’y rien comprendre. D’abord la destruction de la limousine et maintenant des tentacules ? Son système interne rencontre tellement de paramètres improbables qu’il n’a même pas le temps de réagir à l’attaque contre ses deux drones. Ces deux derniers rebondissant déjà au sol en deux moitié.

« Ma tête de cul ! »

La tête humaine voit le sol arriver très vite. S’il a l’impression que ses bras se croisent devant son visage pour amortir le choc, il réalise dans le même temps que ce sont des sensations de membres fantômes… Et il rebondit en se faisant mal. Mais le mode silencieux est toujours activé. Et personne ne l’entend. Surtout que Baby Oni doit elle aussi gérer sa folle.

« Un ange noire ? C’est quoi encore ce bordel ? Je… »

Des LED au fond de son crâne vide et métallisé clignotent à toute vitesse. Le rythme s’accélère encore jusqu’à un retour au calme. Si l’adversaire de Shehtra n’a pas vraiment de visage, il émane tout de même une expression de joie.

« Trop tard. Tu peux défoncer ce corps autant que tu veux. J’ai eu le temps de télécharger mes dernières souvenirs-données. Après quelques opérations dans le réseau, j’aurai suffisamment de fonds pour revenir avec un corps plus adapté au tien de monstre. Alors vas-y, bousille-moi. Mais n’oublie pas que je reviendrais. Et… je ne sais pas encore ce que je ferai de ton corps. Mais ce sera plaisant pour moi. Et pas pour toi. Ah ah ah ! »

[Shehtra Gonas]

Qui je suis ? Excellente question à poser, il n'est pas con ! En tout cas, je lui dis une réponse, car de toute façon, il va crev… oh ! Il s'en bat la race de se faire détruire ! De toute façon le type reviendra pour mon plaisir ! Je commençais à me dire qu'il est aussi chiant que les autres, vu que je suis surpuissante, mais le type est prêt à faire des recherches sur quoi faire pour me contrer, surtout après qu'il soit détruit ! Ah bah j'attends de voir, après tout, je me ferais un plaisir de le défoncer.

"J'attends de voir. J'espère te voir avec une puissance démoniaque, histoire de faire un combat plus équilibré. Ah ! Et un conseil, fais-toi un corps de meuf ! Non seulement parce que j'ai un faible pour ce genre de corps, mais aussi pour qu'on te considère moins comme un sac à merde !"

Je balance en l'air et je crache littéralement des bombes pour qu'il se fasse exploser, et même, comme promis, qu'il devienne un tas de boulons et d'huile. C'est trop dégueulasse pour que je puisse l'absorber, alors à la place, je prends une plume et le balance sur ce qui reste du type, tous les boulons et l'huile entrent dans la plume, et il ne reste plus que ça.

Du coup, je vais en direction de Baby Oni, voir ce qui se passe. J'ai pas de doute sur le fait qu'elle peut gérer, mais au cas où, lui filer un coup de main serait pas de trop.

"Hé petite pute ! Je vais te baiser tellement fort que je vais t'ouvrir en deux, tu vas voir !"

Ouais, je fais référence à un anime qui s'appelle Tokyo Tribe, où il y a une baise entre un mec frêle et un mec vraiment fort. Résultat : le mec frêle est mort parce qu'il l'a baisé tellement fort que l'anus est déchiré vers le haut, et il a joui au niveau du dos, donc il est mort. Alors je vais faire pareil. Je m'approche d'elle. Je parle le langage de la prostitution, vu qu'elle est une papillon elle-même.

[Lissandre Verrières]

« T’es vraiment une sacrée tarée, toi ! A la revoyure, le monstre ! »

Du problème, il ne reste alors plus qu’une plume tenue entre les doigts de Shehtra. Cette dernière s’en va alors rejoindre Baby Oni et son problème à elle.

« Hey ! Mollo sur la provocation violente ! »

Etonnamment pour Shehtra, Baby Oni n’a pas sorti la lame dissimulée dans son avant-bras. En fait, il y a zéro violence dans cette altercation. Il y a même beaucoup d’empathie et de conversations autour de l’ancienne pute de la rue.

« C’est une ancienne d’ici. Elle mérite un minimum de respect, OK ? »

Baby Oni a beau avoir une apparence de petite blonde sympa avec ces deux couettes, elle a clairement quelque chose de froid dans l’attitude et le regard. Bien entendu qu’elle a observé de sa vision périphérique le dénouement du combat de Shehtra. Et malgré cette hyper-violence, il n’y a aucune peur affichée chez Baby Oni. Elle serait capable de vaincre la petite tarée ? Peut-être. En tout cas, son langage corporel atteste d’une absolue confiance en ses propres capacités.

PUTE aux cheveux orange fluo « Ca a du être terrible. Mais tu sais, tu fais toujours partie de la rue. Tu pourrais s’en doute te trouver une nouvelle clientèle si… »

PUTE aux seins néon « Si tu arrêtais d’être complètement taré. Ouais, faut que quelqu’un te le dise. »

« Je veux juste trucider la salope qui a piqué ma place ! »

PUTE aux cheveux orange fluo « Non ma chérie. Tu veux seulement baiser. »

PUTE aux seins néon « Ouais. Alors fais-le en récoltant du fric, ok ? »

La situation se résoudrait d’elle-même ? Il semblerait bien que oui. Les putes de la rue du Lapin Blanc ne sont pas de vulgaires femelles tout juste bonnes à peuple les dizaines de télé-réalité merdiques. Certaines ont des diplômes. Certaines n’ont jamais eu de diplômes. D’autres aiment seulement le sexe. Bien entendu, certaines sont débiles et désespérées. Mais cela donne-t-il le droit de les juger ?

« Alors, qu’est-ce que tu en penses ? »

La question est floue. Baby Oni parle-t-elle de la situation avec l’ancienne pute capable de commettre un carnage ? Du fait que la conversation soit plus puissante que la violence ? De la façon dont la rue du Lapin Blanc vit ? Ca ou autre choses. Baby Oni a fait exprès de poser une question vague. En soit, c’est une sorte de nouveau test pour apprendre à connaître celle que Lissandre d’Uatis lui a envoyé.

[Shehtra Gonas]

Ah merde ! On est dans la diplomatie. C'est pas un truc que je déteste de toute mon âme, mais c'est pas vraiment mon truc, c'est plus celui de ma meuf. Je suis surprise, mais je peux pas m'empêcher de faire la courbette après avoir rangé mon épée.

"Désolée, je suis habituée."

Ouais, une tarée qui s'excuse platement. On aurait tout vu. Bon, je savais que c'était une ancienne pute, mais pas qu'elle était une ancienne d'ici, à moins que ce soit sous-entendu et que j'ai pas pigé, mais bref. Je vais laisser Baby Oni faire.

"Je vais la respecter, alors."

Autant de respect que toutes les autres papillons ici. C'est pas pour autant qu'on est dans les bas-quartiers qu'on est forcément dans un lieu où le respect mérite de crever. J'analyse donc la situation. Elle a eu une histoire tragique et ça l'a rendue complètement givrée. Je soupire doucement. De toute façon, j'ai eu mon quota de violence. Je regarde Oni avec un petit sourire quand elle me demande ce que j'en pense. Question vague, mais je vais répondre à ma manière.

"Finalement, il y a moins de victimes que ce que je pensais, et tant mieux. J'espère juste que sa violente jalousie ne va pas l'emporter à nouveau."

Je ferme doucement les yeux. Limite je commence à m'endormir. On dirait que ma forme nocturne n'en peut plus et veut passer à ma forme diurne. Bon, je me laisse emporter, de toute façon, c'est déjà l'aube, c'est quand même le bon moment de me réveiller. Mes cheveux changent de couleur pour passer du violet et rouge au brun, et mes yeux deviennent marrons, en plus de ma voix qui devient plus aiguë. Je me réveille rapidement une fois que je change de forme.

"D'ailleurs, ça fait plaisir de voir qu'elles s'entendent bien entre elles. Elles auraient pu être froides les unes des autres."

Sur Terre, j'en sais rien, mais ce qui est sûr c'est que finalement, la tarée aurait pu s'en prendre à une innocente, finalement elle ne l'a pas fait grâce à ses potes.

[Lissandre Verrières]

« T’es une drôle de nana, toi, quand même. »

L’hyper-violente qui finit par faire une courbette de servante. Et pas le genre soumise, mais dans le genre majordome de grande villa de riches. Baby Oni ne se fout pas de la gueule de Shehtra. Seulement, c’est un comportement peu courant. Qui plus est, si elle comprend la notion de respect, c’est qu’elle n’est pas complètement noyé dans une fosse à purin de traumas.

« Elle sera emportée encore et encore par de violents sentiments. Croire le contraire serait de la naïveté. Mais il y a deux nouveaux paramètres à inclure au problème. Le premier, je serai toujours là pour la mater si elle fout la merde. Mais elle aura surtout le soutien de ses collègues, prête à se désempaler d’une techno-bite au besoin et d’aller envoyer se faire chier un client mécontent. »

Puis Baby Oni est confuse. Encore. Cette fille que Lissandre d’Uatis lui a envoyé est vraiment un phénomène. Assistant à une transformation physique, elle lève les yeux au ciel pour constater « l’étrange coïncidence » avec l’avancée de la journée.

Elle écoute cette nouvelle fille qui semble toujours être la même que l’autre hyper-violente. Seulement, il y a des différences. Le physique, l’attitude, l’intonation dans les mots. Beaucoup de ressemblance qui semble s’être transformé en une version adoucie.

« Tu me parles comme si tout était normal. Est-ce que ça veut dire que tu n’as pas conscience de ta transformation physique ? »

Baby Oni a plus d’une question. Elle jette d’abord un œil à la situation avec les prostituées. La situation est définitivement calmée. L’amour entoure la maladie. Parfait. Elle va pouvoir enchaîner sur les questions. Parce qu’elle en a plus d’une à poser.

« Si ton dernier adversaire devait se pointer dans les minutes qui arrivent, tu saurais toujours t’en débarrasser ? Ton changement est lié à la position du Soleil ? Ou est-ce qu’il y a une sorte de timing ou un cycle pré-déterminé à la façon d’un programme informatique ? »

Les questions s’arrêtent pour engranger de nouvelles informations. Baby Oni est au courant pour le lien à créer entre Shehtra et le Complexe. Elle doit la juger. Déterminer si le risque est acceptable. Qui plus est, si elle décide que la réponse est oui, ce sera elle son intermédiaire. C’est donc avant tout une affaire personnelle. Et qui sait ? Baby Oni a peut-être aussi ses projets personnels concernant la conquête du Complexe ?

[Shehtra Gonas]

Drôle de nana, ouais. Quand une meuf aussi horrible s'est décidée de faire de la politesse à la japonaise, et qu'on sait même pas ce que c'est que la Terre, je comprends que ça surprenne, et de toute façon je peux pas voir ça comme une insulte. Je serais tellement mal placée pour mal le prendre.

L'espoir fait vivre, comme on dit. Perso je fais que croiser les doigts, en sachant que ça aurait beaucoup de chances d'arriver, le mauvais scénario. Mais bon, on aurait toujours Baby Oni qui fait la vigile, comme d'hab, mais aussi ses potes pour la soutenir.

"L'espoir fait vivre, comme on disait par chez moi."

"Par chez moi", elle pourrait se dire dans son monde où il y a les monstres comme moi, ou alors un autre monde. Je sais même pas si elle sait que ce genre de choses existe, mais pour l'instant c'est qu'un détail.

Mais bon, bref, je change de forme, et elle doit voir que c'est arrivé assez opportunément au moment où c'est vraiment l'aube, et que je suis devenue une simple humaine, disons. Enfin, en soi, je peux toujours déployer mes ailes, mais pour dire que je deviens une simple meuf humaine. Elle est confuse, ce que je comprends. Elle en a, des questions, et je peux pas lui en vouloir. Je suis un monstre, donc forcément…

"En fait, si, c'est justement quand je dors que je change de forme. C'est comme si mes deux formes ont une endurance différente, et que si l'une s'endort, l'autre se réveille."

Vu que c'est pas technologique du tout, je comprends qu'elle sache pas ce que c'est, donc je suis calme. C'est la première fois que je vois ça, et ça me saoule pas de dire comment ça marche.

Du coup, vu que tout se règle tranquillement, elle me mitraille un peu de questions, et c'est légitime. Je vais même y répondre avec le sourire.

"T'inquiète, je peux utiliser mes pouvoirs, comme ça, enfin certains d'entre eux. Je peux affronter le dernier adversaire sous ma forme actuelle, avec les mêmes pouvoirs. Pour ce qui est du changement, c'est un timing que j'ai moi-même imposé depuis des années. La forme que tu vois est ma forme diurne, mais ça dépend pas exactement du Soleil, juste ça fonctionne parce que je me suis forcée à dormir quand le soleil se lève et se couche, mais sinon c'est juste une question de timing. Par contre, sous ma forme nocturne, il faut que je massacre. Pas tous les jours non plus, mais de manière régulière."

Je l'ai dit à Madame Lissandre, donc j'ai pas de raison de pas le dire à Oni. Je me montre patte blanche, j'ai pas de raison de mentir.

[Lissandre Verrières]

« Je ne sais pas comment on pourrait expliquer ça. Que tu changes d’apparence. C’est pas vraiment un pouvoir parfait pour une mission d’infiltration. Je dirais même que c’est plutôt un souci. »

Une femme et se dirige droit vers Baby Oni. Il y a un côté militaire dans sa démarche et son expression. Sans aucun égard pour Shehtra, elle demande un résumé concis de la nuit. Baby Oni lâche un rapide « Excuse-moi » à Shehtra et fait le résumé demandé. Qu’elle finit par un « sinon RAS. Comme chaque nuit, quoi. ». La passation terminée, la femme à l’allure militaire passe voir chacune des prostituées. Qu’elle soit en affaire ou non.

« Je suis libérée de mes obligations. On va pouvoir se tirer d’ici. Je t’invite chez moi ? Je te préviens, c’est tout petit et plutôt inintéressant. Mais j’ai besoin de prendre une douche. »

*
**

Le logis de Baby Oni pourrait être décrit comme étant un conteneur pseudo-aménagée. On est vraiment très loin de l’idée d’un palace. Il n’y a pas de mur. Le lit pour dormir, la table sur laquelle manger, la cuisine et même la pseudo salle de bains : tout se trouve au même endroit. Seul un rideau très rigide en plastique place un obstacle entre Baby Oni qui prend actuellement sa douche et Shehtra qui a été invité à s’asseoir où elle veut. Les possibilités étant très réduites. Soit l’unique chaise derrière la table. Soit s’asseoir sur le lit.

« Ton corps réagirait comment à l’ajout de technologie ? Rien de vraiment invasif, hein. Je pensais par exemple à une sorte de masque. Enfin, c’est même plutôt carrément un casque. Voire une cagoule de seconde peau bourrée de technologies et de bidules. Tu pourrais choisir un tout nouveau visage. Ou garder celui que tu as là par exemple. Comme tu veux. »

Baby Oni n’a aucune pudeur. Quand elle t’a parlé, elle s’est tournée vers toi alors qu’elle est intégralement nue. Du moins, si on peut dire ça d’un corps modifié. Tu peux ainsi découvrir son énorme tatouage qui lui recouvre les épaules, les seins et s’en va courir dans son dos. Il y a une apparence de motifs ailés, d’ailleurs. Shehtra peut aussi imaginer où se trouve les opérations au vu des lignes mécaniques. Comme ses bras, sa gorge ou encore la partie droite de son visage qui passe par l’œil.

[Shehtra Gonas]

Ca, c'est la partie naturelle et involontaire du changement d'apparence. C'est la partie un peu gênante, car si on grille que je change de forme en fonction de la nuit ou du jour, ça peut être chiant. Par contre, il y a un autre truc pratique, et je le lui réserve pour la prochaine fois. De toute façon, pas le temps de l'ouvrir car une meuf à l'allure militaire arrive pour demander un rapport sur la nuit. Je la laisse donc faire, je vais pas l'interrompre. Elle viendra vers moi d'elle-même.

Du coup c'est bon pour elle, elle est dans ses temps libres. Elle m'invite chez elle, super, alors. C'est minuscule et on se fait chier ? C'est pas grave. Une petite douche ? Vu son boulot, je lui en voudrai pas.

"Pas de problème."

On arrive donc à pieds vers un conteneur presque aménagé. C'est toujours mieux que d'avoir que dalle, je suppose. C'est pas le meilleur lieu où vivre, mais c'est pas ça qui poserait problème, ayant déjà connu plus d'un type SDF. Il y a des SDF au Japon, juste on peut pas mendier, c'est écrit par la loi. Je sais pas pour Uatis, par contre. Mais bref, je m'assois sur le lit.

A l'ajout de technologie... j'en sais rien, j'ai jamais testé. Par contre, elle me décrit ce qu'elle veut que je porte, ce qui me fait doucement rire, mais je la comprends, j'ai rien dit sur un autre de mes pouvoirs.

"Pour l'ajout de technologie, ça j'en sais rien, mais si Madame Lissandre a commencé à me voir comme une espionne au Complexe, c'est pour un autre pouvoir que je t'avais pas encore parlé."

Je ferme les yeux alors que tout mon corps rougit pour changer de forme, pour devenir une tout autre personne, une fille très timide. Cette meuf s'appelle Juba Uta, et elle fait partie des meufs qui ont tenté de se suicider, mais qui se retrouvent juste amochées et mourantes, attendant douloureusement la mort. Disons que j'ai préféré abréger ses souffrances que d'être incertaine qu'elle va survivre à l'hosto, alors elle a une nouvelle vie dans mon corps, on peut dire.

Je commence à me mettre dans la peau d'Uta, plus ou moins littéralement, faisant appel à mon jeu d'actrice, profitant même de son manque de pudeur pour me faire rougir en poussant un petit cri et en me cachant les yeux. Elle remarque d'ailleurs que la voix est tout aussi différente.

"M... mais... où suis-je ?! Qui êtes-vous ?!"

Si Oni croit que Shehtra est remplacée par une fille toute timide, ce serait le jackpot, mais elle m'a bien vue changer car elle se tournait vers moi pendant sa douche et qu'elle est à poil. Après, elle a aussi vu que ça fait pas si effet que ça en soi. Disons qu'être dans des onsens avec mes potes, ça aide. Du coup, après ce jeu d'actrice, je me découvre les yeux en riant doucement, avec ma voix normale.

"Je rigole ! En fait j'ai en moi un virus mutagène qui peut me faire changer en un type que j'ai absorbé, même de manière partielle, et c'est loin d'être tout. C'est ça le truc qui me permet d'aller au Complexe de l'Esprit Bleu."

Mon corps redevient rouge et je reprends ma forme habituelle, ma forme diurne. Tant que je garde en permanence le même corps le temps que je suis au Complexe, c'est tranquille.

"Après, de toute façon tu peux t'en douter au vu de mes ailes et d'autres trucs bizarres, mais je viens d'un autre monde, donc peu importe tes questions sur moi, elles peuvent être légitimes. Je suis pas sûre que tu aies entendu parler de ce qu'on appelle la Terre. Pas très original comme nom, dit comme ça."

Je ris doucement. On est à Uatis, donc il y a bien la technologie, donc peut-être, et je dis bien peut-être, qu'on sait qu'il existe un Multivers. Après, je connais pas trop la situation géopolitique du bousin.

[Lissandre Verrières]

« Tu… »

Mais déjà Shehtra cesse sa comédie, rit et donne une explication. Baby Oni hoche de la tête et ne dit plus rien. Elle coupe le flux de l’eau, appuie sur un autre bouton pour se sécher. Le modèle étant déconnant, elle n’est pas parfaitement sèche quand elle enfile un haut sans soutif et un pantalon type moulant sportif. Elle reste pieds nus, se dirige vers le frigo et en retire une petite bouteille d’un liquide vert fluo. Baby Oni en propose une à Shehtra, arguant que c’est une sorte de liquide survitaminé avec d’autres trucs en plus. Le genre de cocktail pas tellement au point mais cent fois plus efficace que la caféine. Enfin, qu’une grande tasse de café chaud mêlé à une sorte de jus d’orange. Un truc du genre.

« Tu sais, moi je trouve déjà notre monde compliqué. C’est même pire que ça, je dirais bien que je ne connais que notre région mais même ça, je trouve ça vaste. Entre l’autre territoire des mecs et la ligne de guerre… Bref, tu pourrais aussi bien me parler d’un ami imaginaire que ça m’exciterait tout pareil que ta Terre avec une majuscule. »

Baby Oni finit par s’affaler sur l’unique chaise, les jambes tendues et croisées, te regardant.

« Madame Lissandre, comme tu dis, n’est pas du genre très patiente. Elle peut faire genre, mais il n’y a que les débutantes qui se font avoir. Quand on commence à travailler avec elle, elle ne perd plus son énergie à faire semblant. Et puis, depuis qu’elle a la conquête du Complexe en tête, c’est pire. C’est une femme de pouvoir. Elle n’en aura jamais assez. »

Elle se relève, fait faire un demi tour à la chaise, et s’assoit de sorte à avoir une jambe qui dépasse de chaque côté du dossier. Les bras sont maintenant croisés sur le haut de ce même dossier.

« Ton plan c’est quoi, alors ? Tu comptes jouer l’espionne aux mille visages ? Multiplier les contacts. Tu vas réussir à gérer autant de rôles en même temps, le tout avec tes pulsions meurtrières ? Parce que, dans un premier temps, il y a moyen que je nourrisse la prédatrice en toi. Il y a un gang dont je dois me débarrasser. Ne te focalise pas sur les détails. Ce n’est pas le sujet. Donc, je peux te « nourrir ». Et toi, tu te sens capable de nourrir d’infos ta Madame Lissandre ? De lui apporter un joujou rapidement pour faire définitivement tes preuves ? »

Elle déplie ses bras et tend le droit vers toi. Le bras en apparence fait de chair se disloque selon plusieurs directions mécaniques pour exhiber l’arme dissimulée. Baby Oni ajoute avec une dernière question : à savoir si les modifications technologiques t’intéressent. Du genre, remplacement de l’oreille pour être en perpétuel communication radio. Implantation d’une puce GPS dans le crâne. Ou acquisition d’un nouveau type d’armes que sa nature multiple ne posséderait pas.