The Multiversity

[Jeannie]

« Oh mais je me contrôle. Enfin. 99% du temps. Il peut arriver une manifestation entropique de temps en temps mais rien que je ne puisse rétablir. Sauf si je tombe malade. J’ai voulu expérimenter la vie d’une terrienne ordinaire, une fois. J’ai attrapé un rhume et à chaque éternuement, j’altérais la réalité de façon incontrôlée! On en rit, aujourd’hui, mais sur le moment c’était plutôt inquiétant, ça ne m’était jamais arrivé!

Quant à dire de quel panthéon je viens… Mon panthéon d’origine est mort. C’est moi qui les remplace. Et comme je ne viens pas de la même dimension, je doute que ça te dirait quelque chose. En fait à la base, j’étais un artefact divin. Enfin. Partiellement. Les génies, tu vois, là d’où je viens, sont au plus considérés comme des machines à vœux. C’est notre fonction : trois vœux, on change de maitre et hop, au suivant. Le plan initial… Bien…

C’était que les dieux donnent les génies à leurs élus, leurs champions. Et un jour un champion a perdu aux cartes l’objet contenant son génie… Un vœu mal formulé a été fait… Et plus rien n’a jamais été pareil après. N’importe qui pouvait trouver un de nos artefacts, pas juste les gens méritants. Ce qui a amené à plusieurs siècles d’instabilité, quelques déicides, l’extinction graduelle de ma race et moi qui manipule mon dernier vrai maitre…

Qui en fait a fait de moi une déesse. Enfin c’est techniquement plus complexe que cela, j’ai eu une phase où j’ai été une très mauvaise personne mais c’est derrière moi. Maintenant je parcours les dimensions, j’explore, je découvre. Je suis inoffensive, en fait. Je veux dire… Blesser quelqu’un me répugne. Alors tuer? Absolument pas et… Et est-ce que c’était ça ta question? Je parle, je parle et je perds le fil de ma pensées, c’est cocasse… »

Je ne sais pas trop pourquoi Carol voulait nous éloigner des gens ordinaires. Je veux dire, un peu de neige n’a jamais tué personne. Enfin. Pas dans ce contexte, ces circonstances et cette quantité, précisons-le. Non parce que c’est vrai que oui, en théorie, une avalanche, tout ça… Ceci étant dit, je n’ai pas causé d’avalanche ou de catastrophe donc… Voilà. Je suis inoffensive! Enfin. Dans ma tête et selon ma définition, je suis inoffensive. Mais Carol pourrait ne pas être du même avis. Je contrôle mes pouvoirs. Mais je suis comme… Une gamine dans un corps d’adulte. Une adulescente. Avec une vision quand même manichéenne des choses. Et une propension à avoir un joli déficit d’attention. Donc vous pouvez aisément voir où se situe le nœud du problème, non? Allons, ce n’est pas SI difficile à conceptualiser, voyons. Même que ce devrait être évident.

Ce que vous pouvez déduire, et moi non, c’est que sur cette planète, les gens ne sont pas tous honnêtes. Donc, trouvez quelqu’un de suffisamment sympathique mais fondamentalement manipulateur pour m’amener à faire ceci et cela, sous prétexte que c’est pour aider une noble cause et tant que je ne serai pas confrontée aux faits, ce qui est relativement facile à camoufler, je ne me rendrai fort probablement jamais compte qu’il y a un problème avec ce que je fais. Je suis gentille, sympa et pas du tout portée sur la violence. Mais cela vient avec une innocence et une adaptation sérieusement compromise face aux mortels et comment ils fonctionnent. Pour moi, les problèmes se règlent en claquant des doigts. Mais pour vous, ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Et c’est là le danger. Cette naïveté pourrait être criminellement exploitée et causer beaucoup de tort…

[Carol Danvers]

Carol écouta les explications de Jeannie. Une Déesse venant d’une autre dimension, seule survivante de son panthéon… Une histoire assez tragique, en soi, même si cela ne sautait pas aux yeux de prime abord. Jeannie prenait cela avec calme et avec une allégresse désarçonnante, expliquant qu’elle était devenue une Déesse après avoir rencontré un artefact. C’est du moins ce que Carol crut comprendre, car il n’était pas forcément aisé de comprendre un résumé de plusieurs milliers d’années d’existence en quelques minutes. Jeannie était passée par plusieurs phases, notamment une phase où elle avait essayé de vivre comme une être humaine normale, ou une autre phase où elle avait été une personne plus malfaisante que l’apparence actuelle.

*Elle restreint donc d’elle-même ses pouvoirs avec cette forme enfantine… Ce qui me laisse penser qu’elle ne les contrôle pas aussi bien qu’elle le prétend.*

Maintenant, Jeannie voyageait et explorait, visiblement sans aucun but précis, si ce n’est celui de semer involontairement le bazar. Peut-être croyait-elle vraiment se contrôler, mais Carol était bien placée pour savoir que ce n’était jamais aussi simple. Des pouvoirs divins n’étaient pas offerts aisément aux mortels. Carol en savait quelque chose, puisqu’elle disposait elle aussi de pouvoirs qu’elle peinait à contrôler, et qu’elle ne pensait pas pouvoir contrôler pleinement un jour. Comment dire ça à Jeannie, ceci dit ? Carol décida de passer outre. Elle restait toujours convaincue que Jeannie, inconsciemment, influençait les évènements alentour, ce qui expliquait pourquoi elle avait choisi d’aller sur ce toit.

« Tu as visiblement vécu beaucoup de choses, Jeannie… Je ne suis pas sûre de comprendre ce qu’on peut ressentir en ayant vécu tout ça. Enfin, j’ai moi aussi eu mes propres aventures… »

Des aventures dont elle n’avait pas spécialement envie de parler. Son alcoolisme, son viol avec Marcus Immortus, le vol de ses pouvoirs par Malicia, ou encore quand elle avait été faite prisonnière par des terroristes… Sans parler de la mort de Mar-Vell, son premier amant, victime d’un cancer. Elle observa les immeubles autour d’elles.

« Alors, tu fais quoi de tes journées quand tu ne visites pas des musées ? Tu as un endroit où dormir ? Une famille ? »

Ce n’était pas tous les jours qu’on rencontrait une Déesse ; autant se renseigner un peu !

[Jeannie]

« Oh je fais des choses normales. Je joue à des jeux vidéo, je lis, j’écris un peu, je vais au cinéma. Comme une terrienne de la classe moyenne. Ah oui, je me renseigne pour faire des meilleures farces aux gens. Je suis une grande farceuse, s’il faut le dire. Mettre du soleil dans la journée des gens avec de l’humour. Ah oui. Je suis aussi vice-présidente de l’association mondiale des amateurs de Nutella… Et…

Si je ne suis pas sur Terre, j’explore. Il y a de nombreuses galaxies, lignes temporelles, réalités et dimensions. Tant qu’on connait le chemin pour revenir, ça va. Mais sinon… C’est facile de se perdre! Mais s’il faut être honnête, je me suis attachée à la Terre, je voyage moins ailleurs qu’avant. De la famille… Je ne veux certainement pas en parler. Trop compliqué Beaucoup trop compliqué. Et un chez moi… Sur Terre ou chez moi point?

J’ai techniquement une maison sur Terre mais ma vraie maison, c’est ma bulle dimensionnelle. C’est un morceau de ma dimension sur lequel j’ai plein contrôle. Je ne te cache pas qu’on sauve des fortunes en meubles, rénovations, réfection et j’en passe. Je peux tout arranger pour moi-même… Encore faudrait-il que j’autorise la dégradation des lieux, bien entendu. Ce que je ne fais pas, ce serait plus de trouble qu’autre chose…

Et tu parlais de tes aventures… Quel genre d’aventure? Quelque chose d’héroïque, sans doute. Tu as affronté des terroristes? Des dictateurs fous? Des politiciens corrompus? Des télémarketeurs qui appellent à l’heure du souper? Raconte! Raconte! Je suis sûre que c’est super épique et tout! J’adore une bonne histoire! Je peux même faire la musique d’intro et la narration. Et maintenant, un nouvel épisode dans la série les aventures de… »

Et voilà. Jeannie est partie dans son délire. Laissez-lui un message, elle vous rappellera plus tard! Forcément que j’ai une imagination débordante. Et tout aussi forcément, elle a tendance à me jouer des tours. Mais bon, je n’ai jamais prétendu être parfaite non plus. Je serai et de loin la première à vous dire que je ne suis PAS parfaite. Loin s’en faut. Ce serait… Horrible. Absolument horrible. Je suis extrêmement fière de mon imperfection. Et je risque d’ajouter encore plus à la confusion de Carol si on entre dans ce débat. Je ne sais pas car je ne suis pas télépathe ou devin qu’elle a complètement mal compris mes origines et la chronologie de ce que je lui ai raconté, qu’elle n’a pas saisi des éléments du contexte, qu’elle nage dans un grand flou… Je ne peux pas clarifier pour elle si je ne sais pas que cette confusion existe, n’est-ce pas? Imparfaite, je vous l’ai dit.

Mais en même temps ce n’est pas grave. Elle ne me voit pas comme une menace ou une ennemie, c’est donc positif, non? Très positif, même. La fuite est mon mode défensif principal. Je déteste la violence. Ce n’est pas et ce ne sera jamais mon truc. Je ne comprends pas pourquoi les gens préfèrent la guerre à la paix. La paix permet le développement artistique, culturel, social. La guerre ne sert qu’à propager la haine, la mort et la destruction. Cela ne devrait pas exister. Mais bon. Loin de moi de dire au multivers comment se gérer. Tout existe, il paraitrait, pour une raison. Je cherche toujours cette raison, spécifiquement une bonne raison mais j’avoue que je sèche. Encore que bon, je commence à chercher, je pense au Nutella, j’arrête de chercher donc… Une question qui restera potentiellement éternellement sans réponse pour moi. Ce sont des choses qui arrivent…

[Carol Danvers]

Pour un être démiurge, Jeannie avait donc une activité très intense. Elle lui expliqua qu’elle passait l’essentiel de son temps sur Terre, même s’il lui arrivait aussi de beaucoup voyager dans le Multivers. Celui-ci étant par définition infini, Carol voulait bien croire qu’elle avait beaucoup à faire. Elle lui expliqua qu’elle aimait beaucoup la Terre, et interrogea ensuite Carol sur ses aventures. Miss Marvel la regarda brièvement, puis regarda devant elle, cherchant à vrai dire quoi lui répondre.

« Je peux comprendre ton besoin de voyager. Enfant, j’ai toujours regardé les étoiles en voulant m’élever dans le ciel, convaincue que ma destinée n’était pas ici… Mais peut-être me disais-je ça parce que je n’appréciais pas les accès de violence de mon père. »

Très tôt, Carol avait été confrontée à la violence et à l’injustice, quand elle voyait son père frapper sa mère ou ses frères, et quand sa mère lui interdisait de répondre, ou de faire quoi que ce soit, en lui indiquant qu’il fallait juste attendre que ça passe, et que, sinon, les choses ne feraient que s’aggraver. Carol n’avait jamais cédé, et elle avait rejoint l’armée, dès sa majorité atteinte. L’alcool avait de son côté rattrapé son père, qui était mort d’un cancer. Carol était devenue une pilote talentueuse, et avait piloté un chasseur expérimental, conçu par Tony Stark. Elle s’était envolée dans les cieux, et elle avait enfin vu les étoiles, là où elle était toujours convaincue que sa vie devait aller. Le chasseur de Tony avait ensuite été endommagé par une pluie d’astéroïdes, et le chasseur s’était écrasé dans les montagnes afghanes, où Carol avait été ramassée par des terroristes, et torturée par eux.

« J’ai même été manipulée… Les terrorises avaient explosé mon bras avec un marteau. Mais j’ai réussi à sortir, à survivre… Et j’ai rencontré Mar-Vell. »

Mar-Vell était un super-héros sur Terre, se faisant appeler « Captain Marvel ». Mar-Vell se faisait alors appeler « Walter Lawson », et était un extraterrestre, un kree qui était venu sur Terre car il soupçonnait les Skrulls, un autre peuple extraterrestre, de vouloir envahir la Terre. C’était lors d’un combat entre les Krees et les Skrulls que Carol avait reçu les pouvoirs de Mar-Vell. Le sang de ce dernier s’était mélangé au sien, et avait réagi sur Carol, provoquant une sorte de mutation qui l’avait finalement doté de pouvoirs surnaturels.

« Disons que mes aventures ont dès le début été tournées vers l’espace. Mais je ne fais plus grand-chose depuis un certain temps. Alors, plutôt que de voyager dans l’espace, je surveille les musées pour les protéger des amatrices de Nutella transdimensionnelles. »

[Jeannie]

« Oh? Alors tu ne dois pas avoir à faire grand-chose, je connais peux d’extraterrestre, que l’on parle hors planète, dimension, réalité, etc. qui ont même un intérêt faible pour le Nutella. Après bon, je ne connais pas tout le monde dans le multivers mais… OH! C’était une blague! Un trait d’esprit! Ha ha ha! Ah pendant un moment, tu vas vraiment fait marcher. Bien joué! J’aime, j’aime. Carol la super humoriste! Ha ha ha!

En fait… Pourquoi tu n’as plus d’aventures? Tu es encore jeune, tu as des pouvoirs… La galaxie, l’univers te tend les bras! Tu peux aller faire pas mal ce que tu veux, non? Je ne suis pas spécialiste en super héros mais de ce que je sais, vous n’êtes pas enchainés à un lieu spécifique. Oh d’accord, je comprends le concept de frontières et tout mais quand je regarde la Justice League, on dirait qu’elles ne veulent rien dire, ces lignes sur des cartes.

Et puis c’est toujours mieux d’explorer avec quelqu’un que seul. Enfin. Pour les êtres mortels, c’est plutôt commun. Une jolie femme comme toi devrait pouvoir sans problème se trouver un compagnon ou une compagne, non? Les vies des humains sont trop courtes pour être passées dans la solitude. Ou peut-être que tu as peur de mettre l’être aimé en danger? En même temps, si ta tendre moitié est aussi dans le super héroïque… Bien…

Et je parle, je parle, je théorise et je m’excite toute seule… Autant parfois le comportement des mortels m’échappe, autant parfois il me fascine! Je m’étonne toujours que le ou les dieux qui vous ont créé n’aient jamais pensé à faire un manuel à l’usage des autres dieux pour comprendre leur création. La plupart des dieux que j’ai rencontré sont fiers du travail qu’ils ont accompli. Vos dieux n’ont pas cette fierté on dirait, c’est curieux… »

Je soliloque, je soliloque mais en même temps… Nous discutons, non? Et comme nous discutons, je ne suis pas en train de faire quelque chose qui pourrait potentiellement déclencher une catastrophe. En fait non. C’est absolument faux. Comme je reste rarement en place, je m’amuse à dessiner dans le ciel, je change la forme des nuages, j’en rajoute, j’en enlève, je fais des bonhommes sourire… C’est inoffensif, vraiment. Sinon le multivers résiste et soit remet tout en place, soit me force à tout remettre en place. Il y a des forces avec lesquelles même moi je ne plaisante pas. Et pour tout vous dire, je ne sais pas ce qui m’arriverait si je m’entêtais à continuer. Et je ne veux jamais le découvrir non plus. Je sens que je détesterais l’expérience, en fait… Donc, dans mon infinie sagesse (ou pas) je me dis : on va éviter et ce sera mieux pour tout le monde.

« Dis, je me demande… Pourquoi est-ce que vous laissez les médias et les profiteurs exploiter votre image? Les super héros, de ce que j’en comprend, sont supposé être des symboles. Toujours montrer le bon exemple. Or ce n’est pas le cas de tous les super héros, d’une part et montrer l’exemple nécessite une bonne image. Si quelqu’un fait des dessins de toi toute nue et dans des positions obscènes ou compromettante… Dans ce cas…

L’image est ternie. Salie. Souillée. Et c’est très difficile de regagner la confiance perdue. Ne serait-ce pas plus logique de punir ces gens qui abusent de la liberté d’expression pour leur profit personnel? Même principe avec les médias. Ils vous citent hors contexte, vous tournent au ridicule. Pourquoi le tolérez-vous? Ce qu’ils font est mal. Ils déforment, trichent, altèrent la vérité. Mentir n’est-il pas un péché, un crime dans vos sociétés? »

[Carol Danvers]

Jeannie était curieuse, et Carol se pinça les lèvres. Quand elle s’était levée ce matin, elle ne s’était vraiment pas attendue à devoir évoquer ce genre de choses avec une divinité extradimensionnelle loufoque. Jeannie l’interrogea également sur le fait que les super-héros laissaient d’autres profiter de leur image. Cette deuxième question étant plus simple à répondre que la première, Carol enchaîna dessus :

« Ce n’est pas aussi simple. On ne fait pas ça pour l’argent, tu sais… Mais il y a effectivement tout un merchandising autour de nos images, nos noms, ce genre de choses. Sauf que, comme beaucoup de supers sont anonymes, il est impossible de signer des contrats ou d’aller en justice. Mais il y a des associations, et des organisations. Concrètement, les super-héros membres d’une équipe signent des contrats prévoyant que c’est ladite équipe qui gère le merchandising. Donc, dans mon cas de figure, si quelqu’un contrefait mon image ou vend des produits dérivés de moi sans mon accord, les Avengers exercent des voies de recours légales. On ne résout pas tous les problèmes avec les poings, Jeannie. Parfois, ça passe par des dépôts de plainte, des mises en demeure, des procès civils… La seule condition qu’on pose tous, c’est que les bénéfices servent à financer la réparation des dégâts matériels que nous provoquons, ou le financement d’associations caritatives. »

À chaque bilan annuel, les super-héros se réunissaient pour ces discussions comptables. Il y avait un système de répartition des profits en fonction de chaque personnage, mais aussi une cagnotte commune, destinée à compenser le fait que certains héros étaient moins populaires que d’autres. Dit comme ça, l’opération semblait affreusement mercantile, mais Carol ne mentait pas sur le fait que ce système tout entier avait pour but de générer une absence de profits.

« Sinon, en ce qui me concerne… C’est compliqué. J’ai des pouvoirs redoutables, mais il m’est arrivé… Quelques déconvenues. La mort de Mar-Vell, et le vol de mes pouvoirs… J’en ai été privée un certain temps, avant de les récupérer, et… Euh… Disons que je suis en train d’être réhabilitée. »

Il y avait encore deux éléments dont Carol ne souhaitait pas parler : son séjour dans un pocket universe avec Marcus Immortus, qui l’avait violé et utilisé pour qu’elle tombe enceinte de lui, et son alcoolisme. Elle suivait une thérapie, et participait aux Alcooliques Anonymes. C’était Stark qui lui avait donné l’identité du thérapeute, en lui disant que c’était le sien, tout en lui disant qu’elle ne ferait plus partie de l’équipe active, mais des réservistes. Même en étant mise sur le carreau, Miss Marvel restait encore très appréciée.

« Et toi ? Tu n’as jamais songé à devenir une super-héroïne ? Avec tes pouvoirs… Bon, il te faudrait un bon coaching, sans doute auprès de Docteur Strange, ou à l’Abbaye des sorcières, mais tu as du potentiel. »

[Jeannie]

« Moi, une super héroïne? Quelle mauvaise idée! Je suis bien trop libre pour être enchainée à des principes qui réduisent mon autonomie. Dit sans méchanceté, je le précise. Et en plus, les super héros aiment l’ordre. Je suis 100% un pur produit du Chaos. Ce ne serait pas très… Vendeur. Le Chaos a toujours eu mauvaise réputation. Après tout, pour parler des méchants, ont dit Chaos Space Marine dans…

Ah oui non, je fais des références à la pop culture, désolée… Non je n’ai pas la discipline requise, j’aime trop faire des farces et honnêtement, je l’ai dit. Blesser est impensable pour moi. Tuer encore plus. Oui certaines de mes blagues peuvent causer des petits bobos, c’est vrai. Et c’est techniquement blesser quelqu’un mais le degré de sévérité est significativement différent, ultimement, tu vois ce que je veux dire? »

Et je ne le dis pas trop fort mais si je me rendais compte qu’un pervers fait des dessins érotiques de moi, il passerait un sale quart d’heure, c’est moi qui vous le dis! Non mais! Déjà, exploiter l’image des gens sans leur permission, c’est mal. Alors pour faire des cochonneries, en plus? Non, je ne me contenterais certainement pas d’un procès qui va prendre une éternité, aux effets relatifs et où l’autre risque de se contenter d’une tape sur les doigts. Votre justice, à mes yeux, est mal faite. Ceux qui devraient être punis s’en sortent bien trop souvent. Mais bon. Chacun son style, sa vision, ses valeurs… Regardant ce qui se passe en contrebas, je vois une voiture qui fonce à toute vitesse, le chauffeur ne portant pas attention, textant sur son téléphone. Et… Disons simplement que si personne n’intervient, ce jeune homme risque de finir dans un cercueil d’ici peu. Ceci dit…

D’un geste presque nonchalant, la voiture se retrouve dans ce qui ressemble à une grosse bulle de savon. Suspendue à quelques centimètres du sol, complètement à l’arrêt. Personne n’est blessé et un drame a été évité. Je repose ensuite la voiture au sol avant de claquer des doigts. Me voilà dans un costume de policière et je nous téléporte, Carol et moi, à côté de ce danger public qui texte en conduisant. Je ne peux pas l’arrêter, c’est un costume, je ne suis pas une vraie policière. Mais Carol, en tant que super héroïne, peut sûrement faire quelque chose, non? Moi je gronde cet imprudent qui a faillit tuer quelqu’un. Son excuse? Une trivialité sur l’échange d’un joueur de son équipe préférée. Je ne suis pas une super héroïne et je ne serai jamais une super héroïne mais plus souvent qu’autrement… Je sauve des gens. Pas par obligation, pas en cherchant activement à le faire. Définitivement pas.

Là par exemple. Je n’avais pas prévu de sauver quelqu’un. Une situation s’est présentée devant moi et j’ai agi parce que j’avais envie d’agir. Je n’aime pas m’approcher du danger. Vous ne me verrez pas sur les lieux d’un grave accident, d’un désastre ou d’un champ de bataille. Mais là, j’étais en train de discuter avec Carol sur le toit d’un bâtiment, la conversation était plutôt cordiale, la situation facile à résoudre… Cela aurait été de la pure paresse que de ne rien faire. Encore que souvent, ce n’est pas une histoire de paresse mais de l’appréhension. Si je vous dis que je n’aime ni blesser ni tuer, c’est aussi parce que je tolère mal le sang, les viscères et le reste. Donc en restant loin de l’action, je ne risque pas de voir ces choses. Raison de plus pour ne PAS devenir une super héroïne. Je laisse ce genre d’occupation à d’autres, mieux adaptés que moi à ce genre d’activité…

[Carol Danvers]

Carol en vint à se demander, alors que Jeannie lui assurait qu’elle n’avait pas le profil d’une super-héroïne, ce que donnerait une rencontre entre cette Déesse loufoque et Deadpool. L’image la fit même sourire, mais elle n’eut pas l’occasion d’enchaîner ça. Jeannie aperçut en effet en contrebas une voiture qui roulait un peu trop vite, et elle l’intercepta à sa manière. Elle enferma la voiture dans une bulle de savon, ce qui déclencha l’airbag. La protection jaillit du volant, et frappa violemment le visage de l’homme, qui ne s’y attendait pas du tout. Sa tête heurta le dossier, et il gémit dans sa voiture, écrasé par l’airbag. Jeannie interrompit ensuite la voiture, et Carol se pinça les lèvres,

*Et voilà, c’est reparti !*

Soupirant doucement, Carol descendit du toit, et rejoignit la scène du drame. Par miracle, la voiture n’avait rien, mais le chauffeur était sonné, après s’être reçu l’airbag en pleine poire.

« Putain de salopes de super-héroïnes de bouffeuses de chattes ! Vous m’avez pété le nez ! »

Carol fronça les sourcils. Jeannie avait vu que cet homme conduisait en tenant un téléphone à la main, et en roulant vite.

« Vous m’avez pété le nez ! Je vais déposer plainte ! »

L’airbag lui avait éclaté en plein visage, heurtant le nez de l’homme. Il ne semblait pas particulièrement cassé, mais son propriétaire était furibond.

« Monsieur, c’est vous qui étiez en tort, et…
-  Vous m’avez agressé, putain de merde ! »

Il allait être difficile d’obtenir des excuses de sa part. Carol préférait ne pas envenimer la chose, car, techniquement, ou tout du moins juridiquement, elles étaient en tort.

« Votre voiture n’a rien, pas plus que votre nez… Mais vous allez arrêter de m’insulter, Monsieur.
-  Je t’encule, je te retourne et je te fais bouffer ta… »

L’homme hurla brusquement quand Carol l’attrapa par le col, et l’extirpa de sa voiture. Son corps commença à s’enflammer sur place, et elle fixa l’homme avec son regard « Femme méchante ». L’homme se mit à déglutir, et, quand Carol le relâcha, elle soupira doucement.

« Changez votre pantalon en revenant chez vous, et n’insultez plus les femmes. »

Carol savait que l’homme avait peur, et que les jurons qu’il avait répétés à profusion étaient un moyen de masquer sa peur. Pouvait-on le lui reprocher ? Il s’était retrouvé brusquement dans une bulle de savon. Carol, quis avait qu’il y avait des caméras partout, se reprocha rapidement de lui avoir fait ça, et soupira longuement.

« Jeannie, il faut que tu comprennes que les choses ne sont pas si simples… Et qu’on ne peut pas faire ce qu’on veut. »

[Jeannie]

« Je ne suis pas sûre de comprendre. Il allait écraser ce piéton qui est là, assit par terre, les yeux encore dilatés de terreur. Est-ce que tu es en train de dire que j’aurais dû le laisser écraser cette personne innocente parce qu’on ne peut pas faire ce qu’on veut? Je pensais que par défaut, faire le bien est la bonne chose à faire en toute circonstance. Peux-tu m’expliquer ce que j’ai fait de mal? Est-ce que c’est parce que je ne suis pas…

Une super héroïne? Donc je n’ai pas le droit d’utiliser mes pouvoirs pour sauver des gens? J’aurais pensé que le principe du bon samaritain supplanterait ce genre de considération. Si Superman avait soulevé la voiture en s’envolant, aurait-ce été plus acceptable? Et sans vouloir être insultante, est-ce que toi tu l’avais vu, la voiture qui roulait trop vite et qui allait percuter cet homme innocent? Si oui pourquoi as-tu réagit après moi? »

J’essaie vraiment de comprendre ce que j’ai fait de mal. Une vie était en danger. J’ai sauvé une vie. Cette voiture allait beaucoup trop vite pour que l’impact ne cause pas de blessures graves ou pire, la mort. D’ailleurs, je jeune homme que j’ai sauvé, qui n’a pas entendu la conversation, s’approche de nous et il se jette sur moi, me prend dans ses bras et me dit en boucle merci en pleurant. Euh… J’adore les câlins mais là c’est un peu inconfortable, quand même. Non mais c’est qu’il faudrait me lâcher, là, au risque de paraitre insensible, je n’aime pas qu’on me touche si je ne donne pas la permission de le faire. Restes de traumatismes de ma vie de génie, tout ça… Heureusement, Carol, qui a potentiellement un sixième sens pour éviter un problème d’ordre dimensionnel, indique au jeune homme qu’il faut me lâcher, là, que ça me rend inconfortable. Merci Carol!

Je ne sais pas qui est cet homme ou quel est son passé. Je ne suis pas devineresse. Mais je sais une chose. Je n’ai pas l’impression d’avoir mal agit. Après, c’est ma perception des choses. Carol aura probablement une explication qui fera que je vais faire ah oui… Pas con… Ou tout du moins, l’explication devra attendre car je ne sais pas si c’est l’émotion ou quelque désordre mental mais la personne que j’ai sauvée dit que c’est le destin qui a voulu ça et qu’on doit se marier tous les deux? PARDON!? Alors là non, c’est absolument hors de question! Je ne veux pas me marier! Encore moins à un parfait inconnu. Je proteste donc avec véhémence comme quoi non, pas question, je ne le connais même pas et que je ne suis pas une experte des relations amoureuses mais que je sais que la vie ne fonctionne pas comme une comédie romantique! Le coup de foudre, tout ça… Bref…

« Je retire ma question! J’ai compris! Si c’est ça le résultat de sauver des vies, je promets de ne plus le faire! Me marier, moi, à un inconnu! Sur un coup de tête. Mais il me prend pour qui? Et… Non. Non monsieur, je ne vous donnerai pas mon numéro de téléphone et non, vous ne pouvez pas prendre un selfie avec moi, je suis une personne pas une mascotte de je ne sais trop quoi. Tu endures ça sur une base régulière, Carol?

Comment tu fais? Ça doit être épuisant! MONSIEUR! Ça suffit! Il faut rentrer chez vous maintenant! Non je ne veux pas de votre argent. Non je ne veux pas non plus de votre carte de hockey très rare et de très grande valeur qui vous sert de porte bonheur. Je veux juste que vous me laissiez tranquille. Je vous ai sauvé la vie, oui, mais si vous continuez comme ça, je vais sérieusement regretter mon geste! Carol fais QUELQUE CHOSE! »

[Carol Danvers]

Carol n’avait à vrai dire pas noté qu’un piéton était en danger. Elle avait juste vu une voiture qui fonçait rapidement, mais sans noter la présence du piéton dans le prolongement de la rue. Elle se massa l’arrière du crâne quand ledit piéton se rapprocha d’elles, et salua une Jeannie perplexe. Carol se pinça les lèvres, cherchant un moyen de rebondir sur ce qu’elle avait préalablement dit.

« À vrai dire… Je n’avais pas noté qu’il y avait un piéton. Disons que, dans ce cas-là, ce que tu as fait était bien… »

Miss Marvel haussa les épaules, tandis que le chauffard se débattait avec son airbag, mentionnant un « avocat ». Carol se retourna alors vers le piéton.

« Hey, vous…
-  Vous m’avez sauvé la vie ! »

Carol se pinça les lèvres, et soupira.

« Okay, le fan… Jeannie, fais-lui un autographe. »

Jeannie semblait assez surprise, et sans trop savoir quoi faire. D’autres piétons s’agglutinaient autour d’elles, tandis que Carol fournissait à Jeannie des explications supplémentaires :

« L’idée, quand on intervient, c’est de limiter la casse autant que possible… Mais là, tu as bien fait, je n’avais pas vu que la vie d’un piéton était en danger. Donc, je retire ce que j’ai dit. »

Finalement, tout se terminait plutôt bien. Il n’y avait plus qu’à donner à ce miraculé son autographe, perspective qui semblait le ravir…

[Jeannie]

Je vois juste un petit problème dans tout ça : je ne veux pas donner d’autographe à qui que ce soit. Je ne vois pas en quoi un morceau de papier avec mon nom dessus aurait une quelque valeur pour commencer et si on lui donne une valeur, je n’ai pas envie que quelqu’un de mal intentionné lui vole, justement, ledit autographe pour son profit personnel. Est-ce que je pense trop la chose? Peut-être. Sûrement. Mais je réitère à cet inconnu que je lui ai sauvé la vie, il a exprimé sa gratitude, maintenant, il est temps pour lui de rentrer chez lui, de réfléchir à ce qui a failli arriver et de faire de meilleurs choix s’il juge avoir des regrets. Que la vie humaine est très courte donc de ne pas perdre de temps. Je pense que le message finit par passer. Il est déçu, d’accord, mais non, ça veut dire non. C’est tout. Et il doit l’accepter, peu importe son opinion sur la question, ultimement.

Quant au chauffard, je lui fais aussi la morale car passer une partie de sa vie en prison pour un homicide involontaire, vivre avec la mort de quelqu’un sur sa conscience, ça détruit une vie. Oh il ne m’écoute pas, plus occupé à nous menacer de nous trainer en justice et à nous insulter. En même temps, est-ce vraiment SI étonnant que cela? En ce qui me concerne, non. Il peut bien dire ce qu’il veut, dans l’absolu, c’est lui qui est en tort, pas moi. C’est lui qui a faillit tuer quelqu’un, pas moi. Je vis très bien avec ma décision. En tout cas ce qu’il y a de bien c’est que comme Carol est là, les gens pensent davantage que c’est elle qui a fait quelque chose d’héroïque que moi. Comment elle gère toute cette attention, tous ces étrangers qui soudainement veulent se sentir une part intégrante de ce qui vient de se passer… Je ne comprends vraiment pas les humains par moment… Vraiment pas…

Maintenant, je ne suis pas agoraphobe mais je n’aime vraiment pas que des gens entrent dans ma bulle. Considérant que je réagis très mal aux contacts physiques non sollicités, c’est danser sur une mince ligne entre moi sur le point de réagir physiquement et moi qui réagit physiquement. Et par physiquement, je veux bien sûr dire pas physiquement du tout, juste via mon pouvoir. Je m’agrippe plus ou moins au bras de Carol en lui demandant si soit on peut s’en aller ou si elle peut dire à tout ce beau monde de reculer. Peut-être que Carol adore toute cette attention et qu’elle ne veut pas quitter tout de suite ses nombreux fans. Je peux respecter ça tant qu’ils me laissent tranquille. C’est la seule condition que je mets sur la table. Je n’ai pas envie de faire quelque chose qui risque de causer, encore, de la panique. Je ne sais pas moi, une pluie de… De fruits tiens. Un ananas sur la tête…

Carol est… Différente… De ce que je conçois d’une super héroïne. Peut-être que c’est parce qu’elle n’est pas en couple comme Power Girl? PeeGee a tellement l’air plus… Heureuse. Sûre d’elle. Semble davantage savoir ce qu’elle veut. Je ne dis pas qu’elle n’a pas eu de moments tragiques dans sa vie et tout, non, non. Mais c’est sur la kryptonienne que j’ai basé le modèle pour Alix. Bon, je ne peux pas dire que le résultat final est pleinement conforme à ce que j’espérais mais en même temps, le chaos aura toujours son mot à dire… Même à moi. Bref. Je suppose que c’est ce quelque chose de différent chez Carol qui pique ma curiosité. Qui fait que je suis curieuse d’en savoir plus, même si elle ne semble pas forcément enchantée à cette idée. Parce que de ce que je comprends, c’est une super héroïne mais sans être vraiment active… Donc comment ça fonctionne? Elle sauve des gens par motivation ou par obligation? Tellement de questions…

[Carol Danvers]

Délaissant la foule, Carol emmena Jeannie à un autre coin de New York, un endroit plus sûr où elle avait encore ses accès. Un manoir cossu situé à proximité de Central Park, le long de la Cinquième Avenue : le manoir des Avengers. Ayant jadis appartenu à Henry Clay Frick, le manoir avait été racheté par les Stark, puis Tony Stark l’avait ensuite utilisé comme quartier général pour les Vengeurs. Le manoir existait toujours, et restait une résidence privée, attirant souvent beaucoup de curieux devant ses grilles. L’endroit tout entier était sécurisé. Carol se posa sur le jardin avec Jeannie, et ferma brièvement les yeux. Fort heureusement, aucune mesure de sécurité ne se déclencha, et elle soupira lentement. Elle conservait encore ses accréditations. Le manoir avait été détruit lorsque Wanda Maximoff avait perdu la raison, mais avait été reconstruit à l’identique.

« Le quartier général des Vengeurs… On a été pendant un temps dans la tour Stark, mais le manoir est plus discret… »

Il abritait un bunker, construit par les anciens propriétaires lors de la Guerre Froide. Un bunker antiatomique très profond qui avait été amélioré et rénové en bunker des Vengeurs. Le bunker avait un accès direct vers les égouts de New York, et descendait plus profondément encore, jusqu’à rejoindre la nappe phréatique. Il y avait même une base sous-marine.

« On va se poser là, le temps que je sache quoi faire de toi… »

Carol se rapprocha du perron à l’entrée. La porte s’ouvrit rapidement sur un majordome… Edwin Jarvis, l’intendant des lieux.

« Mademoiselle Danvers… C’est un plaisir sincère de vous revoir.
-  Bonjour, Jarvis… Je vois que mes accès n’ont pas été rompus.
-  Vous restez un membre des Vengeurs, Mademoiselle Danvers. En revanche, je n’ai pas l’honneur de connaître votre partenaire…
-  Jeannie, je te présente Jarvis. C’est… Euh… L’intendant du manoir. Jarvis, voici Jeannie, c’est… Euh… Une Déesse qui manipule la réalité et que j’ai croisé par hasard. On peut entrer ? »

Jarvis acquiesça. Il y avait un vestibule à l’entrée. Carol connaissait bien les lieux, et, même si Wanda avait tout détruit, tout avait été reconstruit à la perfection, jusqu’à leur salle de réunion, que Captain America présidait toujours. Ici, il n’y avait toutefois aucun Vengeur, le manoir était vide, à l’exception du personnel domestique, et de Jarvis.

« Souhaitez-vous que je vous prépare un peu de thé ? »

[Jeannie]

OOOOOH! C’est joli ici! Rappelle-toi Jeannie, on touche avec les yeux, pas avec les mains. Ah je l’ai appris à mes dépens cette leçon! J’étais dans un musée et je n’arrivais pas à voir correctement ce qui était écrit sur… Comment ça s’appelle déjà? Ah oui, la pierre de Rosette. Donc, qu’à cela ne tienne, en manipulant la réalité, j’ai téléporté la tablette d’où elle se trouve à dans mes mains avant de commencer à regarder chaque détail avec attention et minutie. Une chance, une chance, une super héroïne quand même sympa, une certaine Capitaine Carter, a vite compris que je ne voulais de mal à personne, encore moins voler quoi que ce soit. Ça ne hurle pas « super criminelle », une petite déesse au chapeau assise sur un banc avec la pierre de Rosette en train de boire un jus en boite qui lévite à côté pour être sûr de ne pas en mettre sur la tablette.

Donc… Le manoir des vengeurs. D’accord. Les yeux, Jeannie. Tu regardes avec les yeux. Il y a un majordome qui vient nous accueillir et je lui fais un coucou avec la main en restant derrière Carol. Des fois que… Je veux dire c’est elle la super héroïne donc je la laisse passer devant. Et en plus elle connait les lieux, moi non. Donc encore plus logique. En tout cas il est poli. Est-ce qu’il est vraiment sincère… Difficile à dire. Je ne suis pas un détecteur de mensonges sur pattes, après tout. On va dire que oui. Et quand nous entrons, je me répète à voix basse de ne toucher à rien. Oh Carol m’entend très bien. À moins d’être sourde, notre proximité fait en sorte qu’elle va capter ce que je dis. Toutefois, quand l’intendant nous offre de préparer du thé, en ce qui me concerne, je réponds par la négative en disant que c’est nous qui débarquons à l’improviste et que je vais m’en occuper. Comment?

Facile. Je le fais apparaitre. Un plateau, une théière, du thé, deux tasses, des petits biscuits… Je pourrais faire apparaitre le mobilier pour aller avec mais je pense qu’on peut bien emprunter la table de la salle à manger, non? Les gens disent souvent que je n’utilise pas mon pouvoir de façon impressionnante. À cela je réponds : pourquoi je voudrais agir de la sorte? Je préfère qu’on ne me remarque pas trop. Chacun son truc. Alors bon, si c’est surtout loufoque ou très banal, les gens portent beaucoup moins attention. Et ça, c’est parfait pour moi. L’intendant n’est pas très expressif mais il hausse quand même un sourcil devant ma démonstration. Une fois que nous avons pris place, je décide de relancer la conversation. Connaitre les autres, c’est un peu la base de toute relation, peu importe le degré. Si la personne en face de vous est un inconnu, où est la confiance?

« Tu sais… Tu n’as pas l’air très heureuse. Est-ce qu’il y a quelque chose que je puisse faire pour t’aider? J’essaie de ne pas TROP modifier la réalité, sinon le multivers n’aime pas ça mais il y a quand même des choses que je peux faire pour aider, c’est clair. C’est juste que… On dirait que la plupart des super héros sourient souvent et toi tu ne souris pas beaucoup. Je crois comprendre que tu es dans une mauvaise période mais…

Si je peux aider, je me dis : pourquoi pas. Je veux dire… Je suis immortelle. J’ai l’éternité devant moi. Même si je te consacrais quelques heures, c’est une goutte d’eau pour moi. Et ça va me faire plaisir, vraiment. Je ne suis pas une super héroïne mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas aider les autres. J’aimerais pouvoir faire quelque chose pour toi. Si tu veux de mon aide. Et si tu veux de mon aide, qu’est-ce que je peux faire pour toi? »

[Carol Danvers]

Jarvis écarquilla les yeux en voyant Jeannie faire apparaître du thé. Il fronça ensuite les sourcils, puis s’éloigna, tandis que Carol et Jeannie rejoignirent le salon. Tout avait été reconstruit à l’identique. Des portes-fenêtres menaient à la terrasse, où il y avait une piscine. Carol s’assit sur un fauteuil, et Jeannie, qui était assez surprise par l’atmosphère des lieux, lui demanda alors ce qu’elle pouvait faire pour elle.0 Elle avait vu que Carol semblait traîner quelque chose derrière elle, car elle souriait peu. Carol resta silencieuse pendant quelques instants, perdue dans ses pensées.

« Malheureusement, je ne crois pas que tu puisses m’aider pour ça. »

Carol ferma les yeux pendant quelques instants.

« J’ai… J’ai des problèmes d’addiction à l’alcool. C’est… C’est pour ça que je suis… Réserviste. Tony m’a interdit de service actif tant que je ne présentais pas des résultats satisfaisants. Il en sait quelque chose, lui aussi a longtemps dû combattre son addiction à l’alcool. »

Cette addictologie n’était toutefois qu’un symptôme. La conséquence de nombreux traumatismes subis par Carol : la période où elle avait été torturée par des talibans afghans, la mort de Mar-Vell… Sans compter la période où Malicia lui avait volé ses pouvoirs de manière définitive, ainsi qu’une partie de son identité… Et, évidemment, la période confuse avec Marcus Immortus, qui l’avait drogué, hypnotisé, et violé à de nombreuses reprises dans une dimension parallèle, afin de renaître en étant son bébé. Que Carol soit « juste » alcoolique était en réalité un miracle ! Elle aurait tout aussi bien pu se suicider.

« Je suis une thérapie, je n’ai pas bu depuis des semaines. En fait, je pourrais faire ma demande de réintégration au sein des Vengeurs, mais… Je ne sais pas. »

Elle resta silencieuse pendant un moment, et reprit :

« Récemment, notre univers a été altéré. La Sorcière Rouge, une femme très puissante, a modifié la réalité. Dans cette réalité alternée, j’étais Captain Marvel… Une héroïne de pointe, très populaire, très appréciée, la principale héroïne de cette réalité. Une femme qui n’avait jamais connu mes problèmes… Une femme qui n’a jamais vu ses pouvoirs lui être volée par une mutante… Quand la réalité a été restaurée, je suis redevenue Miss Marvel, et… Je ne sais pas… Je ne veux plus être simplement Miss Marvel. Ce que je souhaite être, c’est devenir Captain Marvel… »

Elle haussa les épaules.

« Donc, je réfléchis au meilleur moyen de faire mon come-back… Pour être honnête, je ne pensais pas que ça passerait par toi, c’est… Assez inattendu. »

[Jeannie]

« Ah ça… C’est ce qui arrive quand tu es un produit du chaos. L’imprévu fait toujours partie de ton quotidien. Et dans ton cas, c’est une bonne chose, non? C’est un come back… Soft, si on veut. On ne peut pas dire que je suis une grande menace, non, non. Je pourrais, s’il me venait des idées de mégalomanies. Mais je ne suis pas devenue déesse pour ça. Je suis devenue déesse pour me libérer de mes chaines.

C’est tout. Après bon, honnêtement, même si je pouvais altérer la réalité au point de pouvoir empêcher les événements tragiques que tu as vécu de se produire, je ne le ferais pas. De un, le multivers résisterait. De deux, aussi cliché que ce soit à dire, ces événements définissent la Carol de cette réalité. De trois, la solution facile est rarement la meilleure. Ça aussi j’en sais quelque chose. Après tu sais… C’est à prendre avec un grain de sel…

La seule personne qui peut décider de ce que tu vas faire, c’est toi. Est-ce que tu te sens prête, c’est ça la question. Redevenir super héroïne à temps plein, c’est accepter que tu pourrais subir encore pire que ce que tu as déjà subi. Je sais, je sais, captain obvious, tu me diras. Mais tu l’as dit toi-même : cette autre Carol n’a jamais vécu ce que tu as vécu. Donc est-ce que tu veux devenir Captain Marvel mais selon tes termes ou bien est-ce que…

Tu veux devenir cet idéal pseudo parfait que tu as incarné? Devenir Captain Marvel ne veut pas dire effacer l’ardoise, recommencer de zéro. C’est adopter un autre nom et un nouveau costume, non? En fait, plus con encore. Qu’est-ce que le fait d’être Captain Marvel et non Miss Marvel changerait dans l’absolu? C’est ce que j’essaie de comprendre, en fait… Pourquoi ce nom, ce titre est si important à tes yeux plus que toi héroïne? »

Les humains veulent bien des choses et rarement ils en ont réellement besoin. Je les ai observé suffisamment longtemps pour le savoir. Que veut vraiment Carol, c’est ce que j’aimerais savoir. Changer de nom ne va pas lui rendre ce qu’elle a perdu ou soigner les blessures de ce qu’elle a subi. Donc quel est l’objectif véritable dans le fait de vouloir être Captain Marvel? Il y a plus à cela qu’un simple vœu en façade, je le suspecte. Et je n’ai pas la réponse à cette question. Carol oui. Oh je la crois suffisamment mature pour savoir ce qu’elle veut. Mais parfois, même en étant mature, on peut perdre de vue certaines choses. Et ce n’est pas une faiblesse que de le reconnaitre. Vraiment pas. Au contraire, reconnaitre une faute, une faiblesse, une insécurité, c’est un pas dans la bonne direction.  C’est bien que Carol veuille se remettre en selle. Je n’aime pas les super héros.

Mais en même temps le monde en a besoin. Ne serait-ce que comme un mal nécessaire, le contrepoids, si vous préférez. Les super criminels ne vont pas disparaitre parce que les super héros oui. Et comme le monde ne devient pas meilleur même avec la présence de super héros, on peut espérer naïvement qu’en avoir plus finira par avoir un effet. Je n’y crois absolument pas, si vous me demandez mon avis. Mais cette planète n’est pas ma planète et si c’est ce qui maintient un équilibre relatif et qui l’empêche de sombrer dans le chaos… Enfin. Le mauvais chaos… Soit, j’imagine? Mais oui, fondamentalement je me demande si ce que Carol veut est vraiment pour elle et à quel prix est-ce qu’elle prend cette décision ou veut prendre cette décision. Des regrets, ça vous suit en général jusqu’à la tombe. Et elle a l’air jeune, Carol, quand même. Elle a encore de longues années devant elle…

[Carol Danvers]

Jeannie interrogea Carol sur le besoin qu’elle avait d’être « Captain Marvel » ou « Miss Marvel », ou, plutôt, sur ses justifications. Carol resta silencieuse pendant un certain temps, et, sans répondre immédiatement, se releva alors.

« Suis-moi, je vais te montrer quelque chose. »

Une fois debout, Carol quitta le salon, et elle rejoignit un élégant couloir qui menait à une pièce semi-circulaire. Des statues en marbre se trouvaient à l’intérieur, avec des plaques commémoratives. Au centre, il y avait une statue consacrée à un super-héros dont le nom s’affichait sur la plaque : « MAR-VELL (CAPTAIN MARVEL ».

« C’est notre mémorial… Tous les Vengeurs morts sont ici. Celui-ci était le premier homme que j’ai jamais vraiment aimé. C’était un réfugié kree, fuyant une guerre, mais dont le sens de l’héroïsme était tel qu’il ne pouvait s’empêcher d’être un héros. Je l’ai connu en Floride, quand j’étais une militaire en reconversion. C’est lui qui m’a redonné espoir, qui m’a redonné confiance en moi-même. C’était Captain Marvel, le seul à porter ce nom… Alors, tu vois, porter son nom, ce serait une forme d’usurpation d’identité. »

Carol se pinça les lèvres en refoulant son émotion.

« Il était invincible. Rien ne semblait être de trop pour lui… C’est le cancer qui l’a emporté. Donc, tu vois, passer de Miss Marvel à Captain Marvel, ce n’est pas si anodin que ça. »

Elle soupira doucement.

« Enfin, nous lui avons fait une statue, mais il n’était même pas membre des Vengeurs… On a tous voté pour qu’il soit membre à titre posthume. »

Carol l’avait aimé.

« Mais je ne sais pas… Quand la réalité était modifiée, j’étais bel et bien Captain Marvel. C’est ça qui m’a motivé à renfiler mes collants… Mais je ne veux pas qu’on m’associe à Mar-Vell. Donc… Miss Marvel, ça m’ira bien. Si je dois être appelée Captain Marvel, alors cela viendra des autres, pas de moi. »

[Jeannie]

« Logique, quand tu y penses. C’est Trevor Noah dans un sketch comique sur la colonisation qui se moquait de « Great Britain ». Qui a dit que vous étiez « Great », demande ce futur colonisé indien. Et le colonisateur anglais répond qu’ils se sont donné ce nom, qu’ils savent qu’ils sont « Great ». Ce à quoi l’indien rétorque qu’en général, on attend que les autres disent que vous êtes grandiose avant d’endosser le titre.

Toi c’est pareil. Si tu juges qu’il y a un seul Capitaine Marvel, alors ne prends pas le nom. C’est comme Power Girl. Techniquement c’est Supergirl sur une autre Terre mais sur cette Terre, il y a déjà une Supergirl donc elle porte un autre nom. Alors Miss Marvel est parfaitement acceptable. Ce n’est pas forcément dans toutes les réalités que tu as le titre de capitaine. Je ne sais pas trop où je veux aller avec ça, ne fais pas attention… »

En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi Carol voudrait prendre le nom de Capitaine Marvel. Prendre ce nom, c’est porter un lourd fardeau sur ses épaules. Devoir être meilleur que l’original. Et ça… Ce n’est pas forcément possible, même avec toute la bonne volonté du monde. Je ne dis pas qu’elle n’est pas capable. Je dis qu’il est possible qu’elle s’en demande trop, c’est tout. Qu’est-ce que ça change qu’elle soit Miss Marvel si elle sauve un tas de vies? À mon avis rien et je pense que Carol le sait aussi. Le plus important ce n’est pas de porter le nom de Capitaine Marvel, c’est de se remettre en selle. Redevenir une super héroïne. Personne n’a dit que c’était facile, de toute façon. C’est probablement un des pires jobs qui soit, si tant est qu’on peut considérer ça comme un job. C’est super ingrat comme boulot et ça ne rapporte pas grand-chose non plus. Enfin. À part des traumatismes…

Mais bon, ne nous attardons pas sur des choses tristes. C’est mauvais pour le moral. Et je veux lui montrer quelque chose. Je pense que ça va lui remonter le moral. Les super héros aiment voir que le futur de la planète est entre de bonnes mains, non? Même si ce n’est pas leur planète, ça compte quand même, non? D’un claquement de doigts, nous ne sommes plus dans le manoir. Nous sommes ailleurs dans la réalité. Carol peut voir de haut… Bien des races qui semblent sorties tout droit de la Fantasy. Elfes, orcs, nains, gobelins, les classiques humains, bien sûr, et j’en passe. Nous regardons une école où les jeunes femmes s’entrainent à l’épée autant que les jeunes hommes et où un orc est en train d’écrire de la poésie. Qu’est-ce que je veux lui montrer? Que peu importe son nom, ce sont les actions qu’elle va poser qui comptent. Le reste est une stupide étiquette qui ne veut rien dire.

Je lui explique que je suis tombée sur ce monde pendant un de mes voyages, un monde où tout le monde était misérable car tout le monde devait être à la hauteur d’un légendaire ancêtre XYZ. En une discussion (quand on a de la chance, parfois…), j’ai amené une profonde révolution dans leur mentalité. Que les gens vivent pour eux. Rajoutent à la légende familiale sans chercher à être un idéal inatteignable. Grosse transformation sociale, après coup. Et ils ne m’appellent pas Jeannie ou la petite déesse au chapeau ou un truc du genre, nom. Ils m’appellent la saltimbanque, à cause de mes spectacles d’humour sur la place publique. Je ne suis pas la grande réformatrice, la guide suprême ou je ne sais pas encore. Je suis la saltimbanque. Et c’est tout. Un claquement de doigts plus tard, nous sommes de retour où nous étions et je conclus en disant que peu importe son nom, des gens seront là pour le scander. Et qu’elle doit être fière de ce qu’elle fait.

Cliché? Oui. Sincère? Oui. Mature? Étonnamment, oui…

[Carol Danvers]

Consciente que l’humeur globale s’était atténuée, Jeannie essaya de changer le ton de la conversation. Elle lui expliqua qu’elle n’avait pas à vouloir changer de nom, et qu’elle était très bien comme « Miss Marvel ». Carol ne commenta pas. Miss Marvel l’alcoolique, Miss Marvel qui avait été exclue des Vengeurs et qui en était revenue uniquement pour accomplir les basses manœuvres de Tony Stark, Miss Marvel qui avait combattu les X-Men dans le cadre de l’adoption de la loi sur le recensement des métahumains. Cette « Miss Marvel » était-elle vraiment héroïque ? Dans cette variante alternative, Carol était une héroïne accomplie, et elle était bel et bien « Captain Marvel ». Et, même si Mar-Vell ne l’avait pas aimé autant qu’il avait aimé sa femme, il avait vu en Carol son potentiel. Il lui avait dit qu’elle était son héritière, qu’elle était la seule digne de devenir le nouveau Captain Marvel. Et cela comptait.

Carol n’interrompit pas Jeannie pendant qu’elle lui raconta comment elle avait rendu le sourire sur un monde vivant dans la souffrance en pensant à un légendaire héros, XYZ. Carol n’en avait jamais entendu parler, et elle ignorait si Jeannie disait la vérité ou non. Elle la regarda en souriant.

« Inspirer les gens à devenir meilleurs… C’est la raison d’être des Vengeurs. A priori, un tel nom laisserait penser à des mercenaires vengeant d’autres personnes, mais… C’était l’objectif initial des fondateurs : être une réponse à des menaces métahumaines, mais aussi… Que les gens s’inspirent de nous. Visiblement un peu comme tu l’as fait sur ce monde, à ta manière. »

Elle lui sourit doucement, puis tourna les talons.

« Enfin, je verrais. Je suis sobre depuis plusieurs mois, maintenant, je pense être prête à retourner au service actif. Et puis, j’ai réussi à t’appréhender, donc ça fait un trophée à accrocher à mon tableau de chasse ! »

À cette idée, son sourire s’élargit doucement.

[Jeannie]

Je me garde bien de mentionner que je n’ai rien fait de mal pour commencer, à part avoir tenté de manger un petit sac de chips dans un musée. Carol est de bonne humeur, laissons-la de bonne humeur. C’est un peu ma mission en quelque part. Faire en sorte que les gens sourient. Soient heureux… Là c’est trop demander. Il y a tellement de vecteurs, de variables, de choses à considérer… Non. Clairement, le sourire, c’est mieux. Plus simple. Plus universel. Je ne sais pas si ce que je lui ai dit, ce que je lui ai montré, l’a inspiré. Et des fois ne pas savoir n’est pas un mal. J’aimerais penser que c’est ce que je lui ai montré qui lui a donné la poussée manquante. Mais ce serait peut-être pécher par arrogance. Donc… On ne va rien dire là-dessus non plus. Ah mais je peux être sage! Enfin. Des fois. Pas toujours. J’essaie? On va dire que j’essaie. Voilà. Donc… Euh…

Carol est contente. Tant mieux. Et si elle reprend confiance en ses moyens, tant mieux aussi. Je ne suis pas pro super héros car je continue de penser que les gens leur font confiance aveuglément et que c’est un tort. Il faut que les gens continuent de prendre leurs responsabilités et qu’ils cessent de se dire qu’un super héros va les sauver. Tous ne sont pas comme ça. Mais si la société moderne a prouvé quelque chose, c’est que des millions sont rivés sur leurs téléphones à gober n’importe quoi comme nouvelles, vraies comme fausses. Alors ce détachement du concret, du réel, ce désintérêt pour la validation de sources, de l’effort… Quand vous avez quelqu’un pour faire le boulot à votre place… Oh tous ne sont pas comme ça. Mais disons que j’ai visité des endroits où la police ne fait plus rien. En fait les services d’urgence ne font plus rien, comme frappés d’apathie. Pour quoi faire?

Un super héros va le faire mieux, plus rapidement et gratuitement. C’est une attitude dangereuse à avoir ça. Mais bon. Les humains sont les humains, des mortels avec un certain nombre de défauts et ce qui va avec. D’autres se sentent inspirés par les super héros. Parfois ils vont trop loin en essayant de les imiter sans avoir ce qu’il faut. Ultimement, il n’y a pas de solution parfaite. Mais bon. Là il ne s’agit pas du sort du monde mais du futur de Carol. Si elle veut reprendre le service actif, tant mieux. Qu’elle fasse ce qu’elle a envie de faire. Les existences mortelles sont si courtes… Ce serait idiot de gaspiller cela sur des frivolités. Je viens pour dire quelque chose de pseudo sage quand mon ventre se met à gargouiller. Ah mais ça mange beaucoup, une petite déesse au chapeau. Et ça ne prend jamais un gramme, vous imaginez bien l’avantage, en bout de ligne. Gros avantage!

« Et si on célébrait ton retour au service actif avec de la nourriture? Je ne sais pas pour toi mais j’ai faim! Je me demande… Sucré ou salé… Je ne mélange jamais les deux, c’est sacrilège. Des crêpes? Pas des pancakes, des crêpes. Ou des gaufres? Un sandwich, peut-être? Avec le cure-dent et l’olive verte sur le dessus? Des chips? Non ce serait plus une collation… Hum… Tellement de choix, tellement de choix… Hum…

Oh et non, je ne demande pas que le… Majordome… Fasse à manger. Je veux dire… Je suis une déesse, ce n’est pas comme si j’avais besoin qu’on fasse à ma place. Tu as envie de quelque chose de particulier? Ou peut-être que tu avais quelque chose de prévu, aussi… Je peux être envahissante des fois, sans m’en rendre compte. Personne n’a dit que les divinités devaient être parfaites, ha ha ha… Parce que c’est faux, hein. Les divinités sont imparfaites… »

[Carol Danvers]

Jeannie proposa de manger pour se détendre, mais sans réquisitionner Jarvis. Après tout, elle pouvait générer de la nourriture avec ses pouvoirs. Carol fronça lentement les sourcils, puis haussa les épaules.

« D’accord. On a une cuisine, oui. »

Carol se déplaça donc, et elles rejoignirent la salle à manger. Une grande table en bois s’y trouvait avec des fenêtres donnant sur le jardin. La cuisine était à proximité, une cuisine très moderne et propre, ressemblant presque à celle d’un restaurant.

« Ce n’est pas Jarvis qui fait la cuisine seul. Le manoir emploie du personnel. »

Il y avait plusieurs dizaines de salariés ici, ce qui permettait de faire vivre le commerce… Pour ainsi dire. Cuisiniers, employés de maison, mais aussi des informaticiens, des ingénieurs, ou des agents de sécurité. C’était toute une entreprise qui fonctionnait ici. Quand le duo arriva, il y avait déjà du monde dans la cuisine, ce qui anéantissait le plan de Jeannie. Carol avait fort heureusement une autre solution, et lui proposa de sortir. Néanmoins, pour éviter la foule, la jeune femme décida de se changer. Si elle ne portait pas un masque intégral pour dissimuler son visage, Carol Danvers n’était pas une femme très connue. De plus, elle connaissait des endroits à New York où la discrétion était assurée. Néanmoins, elle n’avait plus de chambre ici. Fort heureusement, le personnel de maison lui indiqua que Jarvis avait conservé ses affaires, et que la chambre qu’elle utilisait était toujours libre.

Carol fut ainsi surprise de voir, en rejoignant les chambres à l’étage, que son nom figurait toujours sur la porte. Quand elle rentra, elle eut un léger flot d’émotions. Tout avait été conservé, ou presque. Elle examina la fausse cachette où elle avait jadis dissimulé ses bouteilles d’alcool. Elle se situait sous une latte mal clouée, mais elle constata qu’il n’y avait plus rien dedans.

*Tony a dû faire le ménage…*

La chambre de Carol était assez impersonnelle. Tout avait été détruit lors de l’explosion du premier manoir. Les vêtements avaient été reconstitués. Carol invita Jeannie à l’attendre dehors, et elle enfila un jean avec un débardeur blanc et une veste en cuir.

« Il commence à se faire tard, je t’invite au restaurant. Tu as une préférence quelconque ? Je connais un endroit recommandé par Spider-Man, le Mike’s Diner. Ils y font les meilleures frites de tout New York. »