The Multiversity

[Bryan Lawson]

Bryan reçut un SMS en fin de journée, à la fin des clubs. Un SMS de Rika, qui demandait à s’entretenir avec lui. Il lui confirma rapidement qu’il n’y avait aucune difficulté, et l’invita à venir au sein de sa demeure, la Sainte-Arcadie.

L’homme avait récemment rejoint le lycée Jinmu, ce qui était assez nouveau pour lui, qui avait souvent eu des professeurs privés. Ce choix avait été fait conjointement avec celle qui était appelée à porter son fils, la richissime Leona Morimoto. Ce double choix répondait à des objectifs différents. Reina Morimoto, la grande-sœur de Leona, avait intimé à celle-ci de s’y rendre, et Bryan s’y était rendu pour se rapprocher de Rika. Elle n’était pas n’importe qui. C’était son Élue, celle qui devait porter son enfant pour assurer sur sa vie une bénédiction… Ou, à défaut, une malédiction. Il avait ensuite écrit à Hitomi, la mère de Rika, en lui indiquant que sa fille viendrait à la Sainte-Arcadie.

Tous savaient que Rika cherchait son père, et qu’elle s’interrogeait beaucoup. Pour elle qui était de basse extraction, elle pouvait depuis qu’elle était toute petite se rendre au sein de la Sainte-Arcadie. Ce bâtiment massif était considéré comme l’un des plus onéreux du monde. Une société de sécurité privée surveillait chaque entrée. C’était un véritable domaine qui comprenait un sous-bois, une écurie, et employait une bonne centaine de personnes. Ce palais moderne était inaccessible aux pauvres, mais Rika avait toujours pu y entrer sans difficulté. Officiellement, cela venait du fait que sa mère, Hitomi, était la secrétaire personnelle d’Oswald Lawson, et qu’elle devait à ce titre être continuellement disponible pour lui. Cela expliquait aussi pourquoi les Lawson se rendaient à la maison des Shiraki.

La véritable raison, c’était que les Shiraki étaient profondément liées aux Lawson. Hitomi Shiraki avait été choisie pour être la porteuse de l’Élue, puis sa Gardienne. Ce titre honorifique faisait d’elle une femme très précieuse, chargée de conserver la pureté de Rika jusqu’au Jour du Rituel. Bryan attendait avec impatience le jour où il pourrait enfin faire l’amour avec Rika. Mettre enceinte une autre femme étant risqué, il n’avait encore jamais pénétré de femme par le vagin, y compris Leona. Le risque était trop grand. Il sodomisait beaucoup, et adorait qu’on le suce. Les chattes, il les léchait, il les doigtait, il les suçait avec un certain talent, mais ne pouvait pas y enfoncer son sexe.

Maître Bryan,

J’ai accompli un Rituel Onirique cette nuit en utilisant le Caron que vous m’avez fourni. Elle a mouillé cette nuit, et elle s’est masturbée ce matin.

Vous devriez pouvoir commencer à la séduire.

Rika l’ignorait, mais toute sa vie était surveillée. Des micro-caméras avaient été installées dans sa chambre, sur ses boutons de chemise. Elle était en couple avec Saiko Itachi, un lycéen de Jinmu assez introverti. Il avait avoué à Rika qu’il l’aimait depuis l’école primaire, et lui avait fait un poème. Depuis, ils sortaient ensemble. Les deux s’étaient embrassés. La première étape du rituel avait été franchie. Dans son journal intime, que Hitomi lisait sans vergogne, elle avait pu voir que sa fille écrivait qu’elle ne savait pas trop si elle était amoureuse de Saiko. Elle l’aimait bien, il était gentil, travailleur, et elle se demandait si c’était assez pour l’épouser.

Chaque nuit, régulièrement, Hitomi utilisait un sortilège spécial du Bible Black, utilisant pour cela sa mouille et celle de sa fille pour lui faire boire le soir un thé avant de se coucher. Ce thé servait de base à un rituel qui lui permettait de diffuser des rêves sexuels orientés dans son inconscient. Dans ses rêves, Rika faisait énergiquement l’amour avec Bryan.

Pour la manipuler, elle avait aussi utilisé le parfum de Bryan, un Caron luxueux qui était destiné à stimuler le désir sexuel de Rika dès qu’elle le sentirait.

Il se releva donc, s’extirpant du lit où il venait de sodomiser l’une des servantes du manoir, et se doucha nu, avant de répandre le parfum sur son cou, puis alla ensuite dans sa chambre, en attendant Rika…

[Shiraki Rika]

Il y avait beaucoup de choses qui se passaient dans la vie de Rika en ce moment, pas de quoi évidemment impacter le fonctionnement du monde, mais à l'échelle de son petit monde à elle, il lui semblait que c'était comme si sa vie s'apprêtait à prendre...un tournant. Mais plus que ses études, son avenir, ou encore son récent petit ami, il y avait quelque chose en particulier qui la hantait depuis qu'elle avait fêtée son dix-huitième anniversaire, et il s'agissait de ses origines. Hitomi, sa mère, avait toujours été très vague sur le sujet de son père qu'elle ne connaissait pas, et si pendant longtemps Rika n'avait pas prêtée plus d'importance que ça à ce sujet, à l'orée de sa vie d'adulte, elle se trouvait à avoir envie de réponses que sa mère semblait soit éviter, soit ne connaissait pas.
Rika s'était plongée dans les archives accessibles au public, que ça soit à la bibliothèque municipale, à la mairie, ou même à l'hôpital où sa mère avait accouchée d'elle, mais rien n'en était ressorti. Le constat était clair et tragique, son père, qui qu'il puisse être, avait laissé tellement peu de traces que ce ne serait pas par des moyens conventionnels qu'elle pourrait espérer le retrouver, et c'était la raison pour laquelle elle faisait maintenant marche en direction de la Sainte-Arcadie.

*J'espère qu'il dira oui, c'est mon dernier espoir...*

Peu de personnes pouvaient prétendre faire partie du cercle restreint de personnes que Bryan Lawson, héritier de l'empire familial du même non, respectait un tant soit peu. La mère de Rika était depuis toujours l'assistante personnelle du père de Bryan, et pour compenser les horaires très variables et très prenants de pareil emploi, Rika avait été dès le début introduite dans le luxueux manoir. Elle avait pour ainsi dire presque grandie aux côtés de Bryan, et les deux s'appréciant sincèrement, comme deux amis d'enfance qui ne s'étaient jamais perdus de vue. Leurs rapports avaient même repris plus régulièrement encore ces derniers temps, depuis que Bryan fréquentait le même lycée qu'elle. Rika avait été surprise au début, car Bryan pouvait aisément disposer des meilleurs enseignements à domicile, mais lui affirmait que c'était surtout pour tisser du social, ou d'autres choses du genre. Et Bryan, en plus d'être un ami de longue date, avait à sa disposition des moyens que Rika ne pouvait espérer rassembler.

Elle était toutefois quelque peu nerveuse, elle devait bien se l'avouer. Ces derniers temps sa relation avec Bryan semblait quelque peu...étrange, à défaut d'un autre terme. Rika sortait depuis quelques semaines avec Saiko, un garçon de sa classe qui lui avait avoué ses sentiments, et à qui elle n'avait pas vraiment eu le coeur de dire non, mais sans pour autant être totalement convaincue qu'elle était amoureuse de lui. Depuis quelques semaines également, elle rêvait régulièrement de Bryan, et se souvenait de rêves...au mieux érotiques, qui allaient même souvent au stade où elle avait la sensation qu'elle lui faisait l'amour dans son sommeil. Elle se réveillait de plus en plus en sueur le matin, chaude, et devant se carresser intimement pour faire redescendre la pression.
Après avoir pris le bus, Rika était descendue à un arrêt qui se trouvait à une dizaine de minutes de marche de sa destination. Elle rentra sans problème dans le domaine, les gardes la connaissant depuis le temps, tout comme elle même connaissait ce manoir presque comme sa deuxième maison. Elle monta les étages une fois rentrée dans le bâtiment principal, puis toqua poliment à la porte de la chambre de Bryan, avant d'ouvrir puis de rentrer.

Hey Bryan, merci d'avoir acceptée de me recevoir, c'est impromptu je sais, alors je tâcherais de ne pas prendre trop de ton temps.

Après avoir refermée la porte derrière elle, elle s'approcha toutefois pour, comme il était de coutume pour elle, d'aller l'enlacer.

Hmmm...tu sens bon, sans doute une marque trop chère pour le commun des mortels, mais ce parfum te va comme un gant...

Elle déposa son sac dans un coin de la pièce, elle était sortie directement du lycée après le club de tennis, et elle portait donc encore son uniforme.

Hum, alors c'est quelque peu délicat, de ce fait je ne vais pas y aller par quatre chemins, j'aurais besoin de ton aide Bryan, si tu peux me l'apporter. C'est concernant mon père, je souhaiterais trouver de qui il s'agit pour que je puisse enfin savoir qui, moi même, je suis. Ma mère est...évasive sur le sujet, et je n'ai rien trouvée dans les archives publiques de la mairie. Alors à moins que j'aie loupée une alternative, on dirait bien que seul un bon détective privé pourrait m'obtenir ce dont j'ai besoin mais...je n'ai pas d'argent, du moins clairement pas assez pour ce genre de dépense, et pas non plus la moindre idée de qui contacter. Ta famille elle en a, des contacts alors je...ça me gêne énormément de te demander ça...mais je me demandais si un prêt d'argent était possible, ainsi que quelques conseils de professionnels vers qui m'orienter ?

[Bryan Lawson]

Pour venir, Rika pouvait appeler l’une des voitures de Bryan, mais il la connaissait, elle choisirait les transports en commun. Elle avait été éduquée ainsi, l’opulence et la richesse l’intimidaient, comme si elle était convaincue de ne pas pouvoir y avoir droit, de ne pas le mériter. Un sentiment d’infériorité qui était pour Bryan un bon moyen d’emprise. Car l’heure était venue pour Rika de découvrir la vérité. Il savait qu’elle se renseignait sur ses origines, qu’elle avait tenté d’obtenir des archives municipales des informations sur son père. Évidemment, elle n’avait aucune chance de trouver quoi que ce soit. Alors, elle avait fini par s’adresser à Bryan. Pour lui, c’était le signe que Rika était prête. Cette idée avait tendance à l’exciter, et il attendit donc patiemment, avant qu’on ne lui prévienne qu’elle était là.

Bryan s’était naturellement rhabillé. Il avait mis son parfum, et, quand Rika entra, il l’enlaça. Ils se connaissaient depuis qu’ils étaient enfants, les deux étaient donc assez proches.

*La vérité est sous son nez, il suffirait juste qu’elle ouvre les yeux pour le voir…*

Il n’y avait pas que Bryan qui se comportait bien avec elle, c’était aussi le cas de Leona. Elles faisaient de l’équitation ensemble. Rika était très sportive, inscrite au club de tennis, au club de natation, et elle profitait aussi du domaine de l’Arcadie pour pouvoir faire du cheval depuis sa plus tendre enfance. Leona était étonnamment douce avec elle, consciente de l’importance qu’avait la jeune femme pour la lignée respective des deux familles.

« Salut, Rika-chan. Tu peux me prendre tout le temps que tu veux, tu sais… »

Il sourit quand elle commenta son parfum, et se rassit sur son fauteuil.

« Ça, c’est parce que tu es toujours gênée quand je veux t’offrir des cadeaux hors de prix. »

Au moins, le parfum fonctionnait, mais Rika avait l’esprit ailleurs. Elle lui expliqua avoir mené des recherches en vain pour retrouver l’identité de son père, et elle souhaitait désormais recruter un détective privé. Bryan l’écouta silencieusement. Il savait que cette question taraudait l’esprit de Rika. Il avait toutes les réponses, bien sûr, mais Bryan ne pouvait pas encore les donner. Cependant, il avait commencé à échafauder son plan.

« Tu sais, il n’y a que dans les films que les détectives privés font des miracles. Dans la vraie vie, ce sont souvent des flics à la retraite qui te permettent d’obtenir certaines informations confidentielles. Le seul moyen d’obtenir des informations fiables serait d’utiliser un test de paternité, et d’accéder à des bases de données. »

Il pouvait voir la déception dans les yeux de Rika. Bryan la laissa mariner quelques instants avant de reprendre :

« Tu sais, j’ai mené mon enquête de mon côté. Ta mère t’a eu hors mariage. Nous ne sommes pas en Europe ici, ce genre de choses, ça fait tâche. Je pense que je peux trouver des réponses. J’ai vérifié le parcours professionnel de ta mère, et… Ma théorie, c’est que l’entreprise de mon père a aidé ma mère à dissimuler cette union, afin que Hitomi-san ne soit pas frappée d’infamie, et puisse travailler au sein de la compagnie. Donc, je pense que ton père biologique doit être quelqu’un qui a travaillé au sein de la compagnie. Je pense pouvoir obtenir des pistes en retraçant les collègues et les supérieurs hiérarchiques de ta mère au moment où elle est tombée enceinte. J’ai l’intime conviction que ton père fait, ou faisait partie, de la compagnon. »

Bryan ne mentait pas. Oswald, le père de Rika, était après tout le PDG de la compagnie. Il sourit doucement à Rika, et se rapprocha d’elle en avançant avec les roues de son fauteuil, et attrapa ses mains.

« Tu es mon amie d’enfance, Rika-chan… Onee-chan, c’est comme ça que je t’appelais. Pour moi, tu es et tu seras toujours ma sœur, Rika. Te rendre heureuse, c’est tout ce que je souhaite. »

Il lui embrassa doucement la paume de la main, puis se recula ensuite.

« Puisqu’on parle de ça… Comment ça se passe avec Saiko-san ? »

Bryan conservait son calme, mais il se devait bien d’admettre que, dans sa tenue de lycéenne, avec ce sailor fuku moulant et inadapté à la poitrine moelleuse de Rika, celle-ci était terriblement bandante. En regardant bien, on pouvait même discerner l’ourlet de ses seins… Le fait est que l’Élue était toujours une beauté magnifique, ce qui rendait d’autant plus difficile de pouvoir la tenter quand le moment sera venu…

[Shiraki Rika]

Rika ne savait honnêtement pas trop à quoi s'attendre comme réponse, elle était surtout venue vers Bryan non seulement car elle avait une totale confiance en lui, mais aussi parce qu'il était intelligent et disposait de moyens qui pouvaient ouvrir bien des portes, mais sans réelle certitude qu'il pourrait effectivement...faire quoi que ce soit. Elle était venue avec cette idée de détective privé car c'était un peu la seule option qu'elle avait vu, mais Bryan lui signifia que pareille chose, en vérité, était surtout un truc de films et qu'il ne fallait pas trop compter là dessus.

Oui...quelque part je m'en doutais...

Cette histoire tombait dans une impasse, encore. Rika était à ce stade plutôt désespérée, alors que tout ce qu'elle voulait, c'était savoir qui était son père. Il y avait le besoin de connaître ses origines, pourquoi elle avait été élevée seule avec sa mère, ou si il y avait certaines maladies héréditaires de ce côté là dont elle devrait à l'avenir prendre garde.
Toutefois, après quelques secondes de silence, Bryan enchaîna, mentionnant le fait que lui même avait déjà fait quelques recherches de son côté.

Vraiment ?

Les yeux de Rika s'écarquillèrent légèrement à cette mention. Effectivement, elle et lui avaient déjà évoqué ce sujet, qui obsédait déjà Rika depuis une poignée de mois. Elle se sentait flattée qu'il ai pris sur lui de s'y intéresser, et le fait qu'il aie des pistes potentielles effaça toutes les autres questions qu'elle aurait pu se poser, à savoir pourquoi il s'y intéressait tant que ça, et pourquoi il ne lui avait rien dit. Quelqu'un de la compagnie donc, et qui potentiellement y travaillait encore ? Cela faisait beaucoup de sens, mais Hitomi de par son travail côtoyait énormément de monde dans cette compagnie qui comptait beaucoup d'employés, et avec les allers et venues au cours des années, cela faisait toujours un sacré paquet de candidats.
Ainsi, quand Bryan lui prit les mains en l'appelant Onee-chan, et en déclarant qu'il voulait la rendre heureuse, elle enchaina en se penchant vers lui pour l'enlacer un moment.

Merci...Oni-chan.

Bryan et Rikla avaient, à quelques heures près, le même âge puisque hasard du calendrier, les deux partageaient le même jour de naissance, et avaient passé le plus clair de leur enfance ensemble. Les deux étant des enfants uniques, ils s'étaient rapprochés au point de volontiers à l'époque se considérer comme frère et soeurs, et cette habitude n'avait pas complètement disparue même à l'orée de leur vie d'adulte. Ce nouveau câlin fit en tout cas que Rika inhala encore le parfum de Bryan, qu'elle trouvait vraiment bon à sentir, avant qu'elle ne se retire. Puis, quand elle se retira, Bryan lui demanda comment ça se passait avec Itachi.

Oh euhm...et bien...je crois que ça va...

Il était évident que le sujet semblait être compliqué pour elle. Rika prit place sur le rebord du lit, tandis que Bryan était assis sur son fauteuil à roulettes. Un sujet délicat que Rika ne mentionnerait pas avec n'importe qui, mais Bryan n'était pas pour elle n'importe qui.

Pour être tout à fait honnête je...je ne suis pas sûre d'être vraiment amoureuse de lui. Je veux dire...il est très gentil avec moi et attentionné, mais sa demande m'a surprise, et j'ai dit oui...à la fois car je me disais que ça viendrais peut-être, et aussi pour ne pas le rendre malheureux. Mais ça fait plusieurs semaines maintenant et...rien, alors j'ai un peu l'impression de jouer avec ses sentiments, et d'être une mauvaise personne.

Elle ne le mentionnait pas, mais ses pensées étaient aussi de plus en plus souvent tournées vers Bryan depuis ces quelques semaines. Ces rêves torrides qu'elle faisait, dont elle émergeait en devant prendre du temps pour se rendre compte que ça avait été un rêve, et où Bryan lui faisait passionément l'amour...n'aidaient clairement pas à établir un lien romantique avec Itachi. Une partie de son esprit, en ce moment même, semblait souhaiter très fort que Bryan vienne la rejoindre sur le lit, et que...

Et...et toi alors ? Quand est-ce que tu fais ta demande à Leona ? Je veux dire, vous avez l'air tellement faits l'un pour l'autre, c'est étonnant que vous ne soyez pas en couple pour de vrai.

[Bryan Lawson]

Évoquer Saiko Itachi était pour Bryan une tactique de diversion efficace. Rika lui faisait confiance, au point de lui parler de ses projets de retrouver son père biologique. Il se disait parfois qu’il usurpait sans doute sa confiance, avant de se reprendre. Ce qu’il faisait avec elle n’avait rien de condamnable. Le fait est qu’il avait depuis longtemps accepté l’idée de passer sa vie avec Rika. Il savait cependant que Rika était plutôt traditionnelle, et, malgré la bénédiction d’Oswald, les Shikari avaient beaucoup souffert du fait d’être en-dehors des clous. Elle était née hors mariage, avec un père inconnu, ce qui était une véritable infamie. Alors, il savait qu’elle souhaitait une vie normale, qu’elle ne voulait plus être cette paria qu’on regardait comme étant la fille d’une catin. Pour lui, c’était la seule raison expliquant son attachement à Saiko Itachi… Avec lui, aucun risque qu’il s’enfuie. Bryan l’avait assez vu pour voir qu’il était très amoureux de Rika, et très bien éduqué aussi, dans le sens où il n’envisageait pas de lui faire autre chose que des bisous avant le mariage. De fait, Bryan se demandait souvent s’il irait jusqu’au mariage avec Rika ou non. Cette idée lui faisait horreur, mais il pensait que ce serait le principal obstacle de Rika quant à l’idée d’avoir un enfant avec lui.

*Enfin, on peut toujours divorcer, mais quand même…*

Il se surprenait parfois à avoir ce genre de pensées, de remords à l’idée d’abandonner Rika. Oswald était toujours resté proche d’Hitomi, ce qui avait toujours étonné son fils. Si on suivait le rituel, il fallait, pour éviter la malédiction, que l’Élue lui donne un enfant. Une fois ceci fait, on pouvait se débarrasser de l’Élue. Oswald n’avait pas fait ce choix, et avait même choisi de faire en sorte que la fille d’Hitomi soit la nouvelle Élue.

Bryan sortit de ses songes quand Rika évoqua Leona. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, et soupira lentement.

« C’est si surprenant que ça ? Enfin… Oui, je suppose que ça peut l’être, vu que nous faisons l’amour fréquemment. »

Un sujet glissant, mais nécessaire. Pour séduire Rika, il devait lui faire admettre l’idée que le désir sexuel était différent de l’amour. Bryan serra ses mains entre elles, et se rapprocha un peu de Rika.

« Mais non, nous n’allons pas nous marier. C’est une décision mutuelle. Nous sommes contraints d’être ensemble et d’avoir une bonne relation, car les Lawson et les Morimoto sont très proches. Donc, on s’affiche main dans la main, on fait de beaux sourires… Mais, comme tu le dis, Leona-san est comme moi… Elle est donc trop attachée à sa liberté et trop fière pour se marier. Et moi… Eh bien, c’est un peu comme toi avec Saiko-san. Enfin, je n’ai pas pitié pour Leona, mais c’est pour le plaisir de lui faire l’amour… »

Bryan se risqua alors à avancer sa main, et attrapa celle de Rika.

« …Et parce qu’elle te ressemble beaucoup. »

Il croisa le regard de Rika, et put lire sa surprise. Bryan se sentit alors rougir, et s’écarta un peu.

« Je sais que tu souhaites rencontrer l’époux idéal, Rika-chan… Je ne pense pas être cet époux. En Occident, là d’où je viens, nous sommes beaucoup moins traditionnalistes que vous, et Leona… Eh bien, elle n’est pas très conservatrice non plus. »

Bryan se racla la gorge, et se recula.

« Désolé, je ne voulais pas te choquer… Ce que je ressens pour Leona est purement physique, rien de plus… C’est en couchant avec elle que j’ai réalisé que je ne pouvais pas l’aimer… »

Il détourna le regard. Voir Bryan gêné était suffisamment rare pour constater qu’il allait se dévoiler, ce qui n’était effectivement pas fréquent chez lui.

« …Parce que je crois que j’aime déjà quelqu’un d’autre… »

[Shiraki Rika]

Rika avait rapidement changée le sujet pour partir sur Leona afin d'éviter qu'elle même ne finisse par en dire trop, mais elle obtint aussi en réponse bien plus que ce qu'elle aurait pu imaginer. La jeune femme était bien consciente du fait que Bryan ne suivait pas vraiment les précèptes plutôt conservateurs qu'elle même suivait, par lesquels elle avait été éduquée, et expliqua ainsi le fait que lui et Leona ne sortaient pas ensemble trop officiellement, et ne se marieraient jamais. C'était...quelque chose que Rika avait un peu de mal à comprendre, sans pour autant tomber dans le jugement de valeurs, ce ne serait certainement pas elle qui irait sermonner qui que ce soit sur son mode de vie pour peu qu'il soit différent du sien.

Humhum je vois, je mentirais en disant que j'approuve, mais c'est ta vie avant tout Oni-chan, et du moment que ça te conviens réellement, c'est l'essentiel.

Rika tomba toutefois rapidement des nues, ou précisément se retrouve grandement prise par surprise, quand il avoua qu'il couchait aussi beaucoup avec Leona...parce qu'elle lui ressemblait "beaucoup", le tout en venant lui attraper l'une de ses mains, en s'étant préalablement rapproché d'elle. Le silence qui s'en suivit de sa part, alors que Bryan continuait à lui parler, venait du fait qu'elle se demandait intérieurement si elle avait bien entendu ça, et si Bryan avait bien voulu dire ce qu'il venait de dire. Rika avait ses sentiments très à fleur de peau en la présence de Bryan, et si pendant un temps elle n'avait pas su se l'expliquer, ces rêves chauds, son coeur qui battait fort en la présence du jeune homme, elle se rendait bien compte qu'elle devait être amoureuse de lui.
C'était cependant pour elle impossible. Déjà, elle ne voyait pas Bryan s'intéresser à elle comme elle pouvait s'intéresser à lui. Bryan était un "coureur de jupons", et si elle ne le jugeait pas pour ça, Rika ne se voyait pas être juste une einième de ses conquêtes à ajouter à sa liste. Et puis, il y avait leur différence majeure de statut social. Si Rika se voyait sortir avec Bryan, ce serait indéniablement dans l'optique de, plus tard, se marier avec lui et avoir des enfants, mais il était l'héritier d'une grosse fortune familiale, et cela venait souvent avec certaines...obligations de choix de partenaire.
Néanmoins, ses paroles semblaient entendre que ce qu'il vivait avec Leona était purement de l'attirance physique, mais que au contraire, il aimait déjà quelqu'un d'autre. Le fait qu'il rougisse à ce moment, et qu'il détourne le regard...Rika était à la fois assez intelligente pour mettre ensemble les pièces de ce puzzle là, mais aussi sous l'influence partielle du Bible Black qui la tendait d'autant plus à vouloir se rapprocher de Bryan.
Alors, sans un mot, Rika se redressa pour se pencher en direction de Bryan, le tout en posant une main sur l'une des joues du jeune homme pour que son visage soit de nouveau tourné vers le sien, qui s'approcha alors.

Bryan...

Ses lèvres vinrent se coller aux siennes et, les yeux fermés, elle vint l'embrasser en soupirant fortement...
Avant de se retirer vivement quelques secondes plus tard, retombant assise sur le lit, l'expression sur son visage trahissant un mélange de stupéfaction et de peur.

Oh seigneur je...Bryan je suis désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris je...

L'influence du Bible Black sur elle était certes présente, mais elle était loin d'être complète. Ce baiser interdit avait réveillé en elle nombre de choses qu'elle se refoulait, mais elle ne pouvait aussi que se rendre compte qu'il allait à l'encontre de ses propres préceptes, et qu'elle était en train de tromper Itachi.

Je...désolée...je vais te laisser tranquille...

Rika était persuadée qu'elle avait mal lu les signes qu'il avait envoyé, vu qu'il n'avait pas mentionné son nom spécifiquement, et puis de toutes façons, elle sortait déjà avec quelqu'un donc c'était mal ! Prenant son sac qui était posé sur le lit, elle commença alors à se relever, dans l'optique de rapidement partir...

[Bryan Lawson]

La réputation de coureur de jupons de Bryan n’était pas usurpée. Il n’y avait pas que Leona, il avait déjà couché avec d’autres élèves, et même des professeurs. Le lycée Jinmu avait lui aussi une réputation étonnante. Quand Bryan avait rejoint le lycée, il ne s’était pas initialement renseigné sur la réputation de Jinmu. Le lycée avait d’excellents résultats au niveau du test Senta, ce qui en faisait sa gloire, mais il était aussi réputé pour ses frasques sexuelles. Le lycée avait de fait été poursuivi par plusieurs associations, mais sans jamais aboutir à quelque chose de concret. Officiellement, la direction dénonçait des campagnes calomnieuses. Dans les faits, il fallait bien admettre que le lycée Jinmu avait bel et bien mérité sa réputation de « lycée rose ». Pour autant, Rika avait toujours été épargnée de cela. Pour Bryan, elle n’était clairement pas comme les autres. C’était l’Élue, après tout. Elle qui pensait que Bryan était prédestiné à ne pas l’épouser, c’était en réalité tout l’inverse ! Bryan ne savait pas comment elle allait réagir. Il avait donc lentement avancé ses pions, ressentant une nervosité habituelle…

…Ce qui fit que, quand elle l’embrassa, il en fut le premier surpris.

Un baiser aussi vif qu’inattendu. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, et il croisa le regard de Rika, qui se sentit alors gênée, et décida de s’enfuir. Avec une autre femme, Bryan aurait retenu celle-ci. Il aurait poussé son avantage, l’aurait couché sur le lit, et aurait poursuivi son avantage, tout en la caressant intimement. Mais elle n’était pas n’importe quelle fille. Elle put ainsi se relever, se dirigea vers la porte. Sa main se posa sur la clenche, elle l’abaissa, et commença à ouvrir la porte… Que Bryan referma alors d’un claquement sec en posant sa main sur la porte, la poussant. La porte se referma, et Rika se retourna. Elle était coincée entre la porte et Bryan, qui la regardait avec intensité. Son autre main se posa alors sur le menton de Rika, et il releva sa tête… Puis déplaça la main qui avait fermé la porte pour la poser sur les cheveux de Rika, à l’arrière de son crâne, tout en l’embrassant avec force.

« Hmmm… »

Cette fois, ce ne fut pas un simple frottement des lèvres. Sa main ferme empêchait Rika de se retirer, et il avait mis tout son poids en avant Il se pressa contre elle, la coinçant donc contre la porte, et pressa fermement et sensuellement ses lèvres contre les siennes. Il avança ses lèvres pour relever la lèvre supérieure de Rika, et lécha avec sa langue, sans la glisser pour l’heure. Il la sentait gémir contre lui. Son autre main s’était posé sur le bas du dos de Rika, sans envisager pour l’heure d’aller plus bas. Il se retirait un peu, puis s’avançait encore. Mal fermée, la porte claquait à chaque fois, et ce long baiser dura plus d’une minute.

Quand Bryan le rompit, un mince filet de salive relia leurs lèvres, qu’il effaça d’un coup de langue.

« Voilà ce que j’appelle un baiser d’amour, Rika-chan… »

[Shiraki Rika]

Qu'est-ce qui lui avait pris ? Rika ne comprenait pas ce qui lui arrivait depuis quelques semaines, elle qui était d'ordinaire plus posée, et bien moins prompte à suivre ainsi ses...instincts. Car c'était bien d'un instinct dont il s'agissait ici, il n'y avait pas d'autre explication quand à ce baiser soudain qu'elle avait donnée à Bryan. Convaincue d'avoir fait une gigantesque connerie, Rika s'était relevée en se confondant en excuses, et s'était dirigée vers la porte sans rencontrer de résistance initiale de la part de Bryan. Ce fut toutefois lorsqu'elle posa la main sur la poignée de la porte pour entreprendre de l'ouvrir, qu'elle se rendit compte que Bryan l'avait suivie, car ce dernier, dans son dos, l'empêcha alors de l'ouvrir.
Rika se retourna alors pour lui faire face. Bryan la toisait d'une bonne tête.

B-Bryan je...

Elle allait encore s'excuser, mais se tut lorsqu'elle sentir une de ses mains se poser sur son menton pour relever sa tête. Le regard de Rika se perdit dans celui de Bryan, qu'elle n'avait jamais vu aussi...intense, tandis qu'il glissait son autre main à l'arrière de son crâne, glissant ses doigts dans ses longs cheveux blonds. Et, en la maintenant ainsi en place, il alla l'embrasser.

Hn !

Tout le corps de Rika se tendit comme une corde de violon, et elle laissa son sac tomber au sol alors que par réflexe, elle avait relevée ses mains et les gardais ainsi contre les épaules de Bryan. C'était initialement dans le but de le faire reculer, mais avec ce baiser, Rika sentit très vite que...elle n'avait pas envie qu'il le fasse. Bryan la gardait tout contre elle, maintenant sa main à l'arrière du crâne de la jeune femme, tandis que son autre main s'était glissée dans le bas de son dos, et qu'il l'embrassait...longuement. Rika se détendit peu à peu, ne pouvant nier combien tout ça était agréable, jusqu'à ce que finalement Bryan ne se retire. Rika resta comme figée sur place pendant un instant, elle regardait Bryan dans les yeux, mais elle semblait comme absente, peinant à discerner si ce qu'elle vivait était bien réel où si juste elle était à nouveau en train de rêver.

B-Bryan...Oh seigneur mais qu'est-ce que je suis en train de faire ?

Elle ne cherchait pas à le repousser, mais elle détourna la tête de lui comme si elle avait honte, et c'était bel et bien le cas.

Je ne peux pas faire ça Bryan. Je...ça ne peut pas marcher entre nous. Toi tu ne veux pas te marier, alors que moi c'est tout ce dont j'aurais envie. Tu ne veux pas te limiter à une partenaire, alors que tu serais le seul dont j'aurais besoin. Et...sans parler du fait qu'on ne coucherait pas ensemble avant un mariage qui n'arriverait pas. J-je ne te juge pas pour ton mode de vie, et je ne le ferai jamais, mais je ne le partage pas, j'ai...une autre vision de la vie de couple, et elle n'est pas la tienne.

[Bryan Lawson]

Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle tombe dans ses bras, bien sûr. Bryan s’était attendu à ce que Rika fronce les sourcils, le toise du regard, voire le gifle. Elle était douce et refermée, mais Bryan connaissait suffisamment sa petite-sœur pour savoir qu’elle pouvait se montrer passionnelle. Il lui arrivait de s’énerver, mais la colère de Rika n’était pas explosive, elle était plutôt froide. Elle vous fixait avec un regard noir, puis refusait de vous parler, et se refermait comme une huître.

Ce ne fut pas un regard noir qu’elle le jeta. Elle ne le gifla pas davantage, et ne le repoussa pas vraiment. Au lieu de ça, elle se borna à dire qu’ils avaient des attentes différentes. Bryan l’écouta, la laissa parler, et posa ses mains sur les hanches de Rika. Devait-il forcer son avantage ? C’était tentant, bien sûr, très tentant… Et il savait que, s’il le voulait, ils feraient l’amour ici. Il avait laissé une encoche dans son armure, une fissure qu’il pouvait exploiter dès à présent… Mais il prendrait le risque qu’elle culpabilise ensuite. C’était un classique que Bryan utilisait souvent avec ses conquêtes d’un soir. Elles se réveillaient gênées, honteuses, et ne cherchaient pas à le revoir. Ce n’était pas ça qu’il voulait avec Rika.

Pendant ce moment suspendu, Bryan hocha alors la tête.

« Tu as raison, ma chérie… Je ne souhaite pas me marier, c’est un fait… »

Il se tut un peu, et reprit alors :

« …Je ne souhaite pas me marier avec une autre personne que toi, Rika-chan. »

Bryan put lire la surprise dans les yeux de Rika. Il s’écarta ensuite d’elle, conscient qu’il devait développer.

« Tu sais, ces histoires autour du mariage avec Leona… Il y a vraiment eu des idées à ce sujet, mais ni moi ni Leona ne le souhaitons. Je suis quelqu’un d’assez libertin, comme tu viens de le remarquer… Mais toi, Rika, tu n’es pas comme les autres. Nous sommes grands maintenant, donc je peux te le dire, mais c’est avec toi que j’ai eu mes premières érections. Quand on dormait ensemble, je sentais mon sexe se dresser en sentant ta cuisse. J’ignorais ce qui m’arrivait, puis j’ai fini par comprendre. J’ai eu honte de ressentir de telles pensées pour quelqu’un que je considère comme étant ma sœur… Mais ces pensées ne m’ont jamais quitté. Si je couche autant avec Leona, qui te ressemble beaucoup, ce n’est pas un simple hasard, tu sais. »

Bryan soupira, puis reprit ensuite :

« C’est Leona qui m’a surpris en train de me masturber, et qui a décidé de m’éduquer sexuellement. Elle est beaucoup plus perverse que moi. Elle m’a dit que je devrais être le parfait amant pour la femme que j’aimais, et, sans une bonne pratique, cela ne marche pas. Bref… »

Il haussa les épaules, puis ouvrit ensuite la porte.

« Les mots sont trompeurs, Rika-chan, mais être amoureux et faire l’amour, ce n’est pas la même chose. Le désir sexuel que je ressens pour Leona ou pour d’autres, ce n’est pas ce que j’éprouve pour toi… Je t’aime, Rika-chan, et je veux m’assurer de ton parfait bonheur. Je sais que tu veux te préserver pour ton mariage, et c’est tout à ton honneur, mais penses-tu être prête quand cela arrivera ? Je ne veux pas briser ton romantisme, mais, tu sais, à l’époque, les jeunes femmes qu’on préservait pour le mariage, elles étaient complètement dominées par leurs amants. Si ma famille déteste le mariage, c’est parce que c’est pour nous une hypocrisie, une forme de viol institutionnalisé. Ce que j’veux te dire, c’est que je suis là pour toi… Et que je suis prêt à t’aider pour tout. »

Bryan s’écarta ensuite de la porte.

« Voilà… Désolé si je t’ai gêné, mais… Enfin, je veux que tu saches que tu n’as rien à craindre de moi. Et, avant que tu ne partes… Tu m’as dit tout à l’heure que tu n’étais pas vraiment amoureuse de Saeko-san. Mais, quand je t’ai embrassé, tu m’as dit que tu souhaitais te marier. Tu serais donc prête à épouser quelqu’un que tu n’aimes pas ? »

[Shiraki Rika]

Ce que Bryan s'apprêtait à dire, rien au monde n'aurait pu préparer Rika à l'entendre, tant cela semblait improbable, et même impossible venant de lui. Elle poussa un soupir, presque de résignation quand il déclara qu'elle avait raison sur le fait qu'il ne comptait pas se marier, mais lorsqu'il enchaîna ensuite, en la prenant de cours, sur le fait qu'il n'envisageait surtout pas de se marier avec une autre personne qu'elle...

Qu-quoi ?

Elle crû ne pas avoir bien entendu au tout début, sans doute de peur de prendre ses désirs pour des réalités. Puis il continua à parler, et elle l'écouta, lui dire qu'elle n'était pas comme les autres, et qu'il la considérait différemment de toutes les autres femmes qu'il avait pu connaître, y compris Leona. Elle sentit le rouge lui monter aux joues quand il mentionna cette période où ils dormaient encore ensemble, dans le même lit, avouant qu'il avait des érections contre elle pendant qu'elle dormait, et qu'il couchait souvent avec Leona du fait de leur grande ressemblance.

A-Arrête tu...

Mais il continua, n'arrêtant certainement pas son assaut sur ce qui était les convictions de Rika, concernant la tradition du mariage. Bryan ne pourrait que constater que si elle n'était clairement pas encore prête à tout laisser tomber pour lui sauter dans les bras, elle buvait ses paroles et les assimilait, surtout lorsqu'il termina par sa question quand à si elle était prête à épouser quelqu'un qu'elle n'aimait pas.

N-non Bryan je...je ne sais plus...

Elle avait du mal à réfléchir, l'esprit clairement embrumé par le poids de cette révélation comme quoi Bryan était, dans un sens, prêt à faire d'elle sa femme. L'idée avait honnêtement parcourue l'esprit de la jeune femme à quelques reprises, car ce baiser volé, mais face auquel elle n'avait pas opposée de résistance, ne sortait pas de nulle part. Mais entre un fantasme occasionnel dont on sait pertinnement qu'il ne se réalisera jamais, et se retrouver face à la probabilité qu'il se réalise pour de vrai, il y avait tout un monde qui séparait ces deux réalités.

Je...j'ai besoin d'y réfléchir s'il te plaît. Ce que tu m'a dit ça...ça fait beaucoup d'un coup, et je ne sais qu'en penser.

Elle sortit alors de la chambre, puis quitta la Sainte Arcadie pour retourner chez elle. Si elle passa le reste de la journée dans le silence, ses pensées étaient quand à elle très actives, tellement que le soit venu, elle eu du mal à tenir la discussion avec sa mère, et évita complètement le sujet de ce qui la tracassait tant. Mais elle parvint toutefois à trouver le sommeil, grâce à la tisane spéciale que Hitomi, sa mère, préparait à chaque fois pour elle, et qui étaient la source de ses rêves érotiques contenant Bryan ces derniers temps. Cette nuit, ces rêves durèrent bien plus longtemps, et semblèrent bien plus réels, tellement qu'elle eût clairement l'impression qu'il était vraiment là en train de lui faire l'amour. Elle se réveilla le lendemain matin en sueur, sa culotte ainsi que ses draps trempés non seulement de cette sueur, mais aussi de sa mouille.

*Oh Seigneur...*

Elle prit une douche, sous laquelle elle se masturba pour se dégager de toute cette tension qu'elle avait accumulée durant la nuit, puis alla en cours. Elle parvint à suivre les programmes de la journée en faisant preuve de grands efforts de concentration, et eût aussi du mal à paraître heureuse avec Itachi. Ce dernier lui demanda d'ailleurs si tout allait bien, et elle mentit partiellement en disant qu'elle avait passée une mauvaise nuit, mais que sinon ça allait. Rika attendait surtout la fin de la journée pour rentrer à la Sainte Arcadie, afin de voir Leona à ce propos. Elles passaient du temps ensemble au moins une fois par semaine, à l'occasion de sessions d'équitation dans le haras propre au manoir, qui comptait plusieurs chevaux de haut pédigrée. Rika portait alors une tenue d'équitation adaptée alors qu'elle était dans un des paddocks à brosser l'un des chevaux, quand elle entendit une voix familière.

Leona ! Hey ça fait plaisir de te voir. Écoute je...j'aurais besoin de te parler, ça concerne Bryan...

[Bryan Lawson]

La vaste propriété des Morimoto, la Sainte-Arcadie, abritait de nombreux employés. L’Arcadie disposait de son haras, de préparateurs de chevaux, d’écuries où on entraînait les chevaux de l’écurie Morimoto, qui participaient à des concours équestres nationaux et internationaux. Leona Morimoto avait toujours aimé l’équitation, et elle était une redoutable cavalière. Elle disposait de son propre cheval, Sakai, un Pur-sang blanc. Le Japon était un pays très connu pour l’équitation, et où les écuries étaient très concentrées. Les Morimoto faisaient figure d’outsiders, et, pourtant, leur haras existait depuis des siècles. Leona était également une pratiquante assidue du yabusame, une technique de tir à l’arc au cheval.

Une fois par semaine au moins, Leona s’entraînait au cheval avec l’une des pensionnaires de l’Arcadie, Shikari Rika. Rika était en effet spéciale, elle était le fruit d’une union occulte qu’elle ignorait, qui avait eu lieu entre Oswald Lawson et Shiraki Hitomi. Les Shiraki faisaient partie de ces nombreuses familles yoakoïtes qui obéissaient depuis des siècles aux Morimoto. Le rituel avait été conçu et ordonné par Reina Morimoto, la Matriarche du clan, en vue de conclure une alliance entre les Morimoto et les Lawson. Hitomi avait eu droit à un enfant, et à pouvoir vivre à l’abri de toute dette, avec une chambre à vie au sein de l’Arcadie.

Leona savait donc que Rika était la demi-sœur de Bryan, et qu’elle était appelée, dans le cadre du rituel, à porter son enfant. Toutes les conditions requises étaient réunies, et Bryan avait avoué à Rika qu’il l’aimait. Leona le savait, et elle savait aussi qu’elle était chargée de convaincre Rika de sortir avec lui.

Quand Leona arriva à l’écurie, elle croisa rapidement Rika, et lui sourit.

« Bonjour, Rika-san. Je suis heureuse de te voir, moi aussi. »

Leona et Rika se connaissaient depuis longtemps, Rika ayant grandi dans l’Arcadie. Elle considérait Leona comme sa grande-sœur, et Leona se plaisait volontiers dans ce rôle.

« Je suis au courant pour ce que Bryan t’a dit, ma chérie. On va en parler lors de notre promenade. »

Pour rien au monde, Leona ne comptait retarder sa séance sur son cheval. Sakai était son cheval, ainsi qu’un de ses amants. Elle grimpa sur son magnifique cheval blanc, après avoir déposé un baiser sur son museau, puis sortit du haras avec Rika-san. Les deux chevaux avancèrent l’un à côté de l’autre, et Leona, après quelques instants à humer l’air de la forêt, regarda ensuite Rika.

« Je pense que les choses sont assez simples à comprendre, Rika-san. »

Leona était toujours très franche, ce qui ne la rendait que plus appréciable encore.

« Bryan est ultra-sexy, mais tu dois clarifier les choses, savoir si ce que tu ressens pour lui est de l’amour, ou un simple désir sexuel. Je suis bien placée pour le savoir. Lui et moi, on fait très souvent l’amour, mais je n’ai aucune envie de vivre continuellement avec lui, ou d’être sa petite-amie. »

La difficulté du rituel était que l’enfant devait être conçu alors que la personne enceinte était en couple avec une autre.

« On a le droit d’avoir envie d’une personne sans l’aimer pour autant. Toi, tu hésites sûrement sur ce que tu ressens pour Bryan, d’autant que tu es en couple avec Saeko. »

Elles s’enfonçaient dans une forêt de bambous, mais qui les menaient à un chemin magnifique, entouré de sakuras. Les cerisiers en fleur, c’était quelque chose de magnifique, et les Morimoto avaient implanté dans leur vaste propriété des allées de sakuras. Le duo rejoignit ainsi cette allée, et Leona huma l’air frais et agréable des cerisiers.

« Tu sais, moi aussi, je ressens du désir pour toi… Je veux dire, tu es très jolie, Rika-san. Donc, pour être la plus claire possible, tu n’as pas à craindre une quelconque rivalité venant de moi. Enfin, si j’étais vraiment ta rivale, tu aurais déjà perdu, mais je ne convoite pas le cœur de Bryan… J’aime juste qu’il me fasse l’amour… Même si, pour être honnête, il lui arrive parfois de m’appeler ‘‘Rika’’, ce qui est un peu frustrant… »

Cela, elle l’inventait plus ou moins. Mais, quand ils faisaient l’amour, évoquer le nom de Rika suffisait généralement à exciter furieusement Ryan. Consciente d'en avoir beaucoup dit, Leona se tut ensuite, curieuse de voir comment Rika allait réagir à tout cela... Leurs chevaux s'étant rapprochés, elle posa alors sa main sur la joue de RIka, et l'embrassa.