A l’occasion des dix-huit ans de la princesse Elena, le roi Liam avait décidé d’organiser une grande joute pour célébrer la majorité de la princesse. Ainsi, une magnifique prairie située à l’extérieur de la capitale avait été aménagé pour accueillir un grand tournoi ou d’innombrables chevaliers allaient s’affronter pour obtenir la grâce de la future reine. Un événement important au sein des Ivory tant ils avaient investi de grandes ressources, n’en déplaise à Elena.
Ce jour-là, Le soleil brillait intensément dans le ciel bleu clair, projetant une lumière éclatante sur la vaste prairie aménagée en arène de tournoi. Les bannières de chaque maison flottant fièrement au vent, leurs couleurs vives contrastant avec le vert éclatant de l'herbe. Des bouffons, des lanceurs de feu et d'autres saltimbanques se produisaient aux abords de l'arène, divertissant les foules en attendant le début de la compétition.
Les gradins étaient pleins à craquer, des gens de tous horizons se pressant pour obtenir une place. Les cris joyeux des enfants, les discussions animées des marchands ambulants et le cliquetis des armures des chevaliers créaient un brouhaha constant. L'odeur des mets délicieux flottait dans l'air : viandes grillées, pâtisseries sucrées et bières épicées, tout cela ajoutait à l'atmosphère festive.
Au centre de cette effervescence se trouvait l'arène elle-même, un espace délimité par des palissades en bois robustes. La terre avait été soigneusement nivelée pour offrir une surface idéale aux compétiteurs. Des lances, des boucliers et d'autres armes étaient disposés le long des bords, prêts à être utilisés. Les compétiteurs, qu'ils soient chevaliers aguerris ou paysans audacieux, s'échauffaient et se préparaient, leurs visages concentrés et déterminés.
Elena Ivory, la future reine de lumen, était joyeusement installée dans la loge d'honneur avec sa famille, observait la scène avec un ennui palpable. Bien qu'elle n'apprécie pas particulièrement la violence de ces jeux, elle ne pouvait nier l'excitation palpable qui émanait de la foule et des compétiteurs.
Ce qui caractérisait cette joute, c’est qu’elle était ouverte à tout le monde, chevaliers comme paysans. Les hommes désireux de participer n’avait qu’à s’inscrire au bureau de l’accueil, situé à l’entrée de l’arène. On y trouvait tout sortes de profils, allant au fermer jusqu’au chevalier expérimenté. Tous essayèrent de faire bonne figure au près des Ivory.
Petit pavillon avait été dressé pour accueillir les nouveaux participants. Une longue file de chevaliers et de paysans attendait patiemment leur tour pour s'inscrire.
Parmi eux, un homme vêtu d'une armure noire avançait lentement, attirant les regards curieux et méfiants. Son armure, ornée de symboles énigmatiques, semblait absorber la lumière du jour, ajoutant à son allure mystérieuse. Une cape sombre flottait derrière lui, accentuant l'aura de mystère qui l'entourait.
Lorsqu'il arriva devant le pavillon, le réceptionniste leva les yeux de ses parchemins et plumes. C'était un homme d'âge moyen, à la chevelure grisonnante, dont les yeux perçants avaient vu défiler d'innombrables chevaliers. Il observa l'homme en armure noire avec une expression à la fois intriguée et sceptique.
« Nom et maison ? » demanda le réceptionniste, sa plume prête à inscrire le nouveau nom sur la liste des participants.
Le chevalier resta silencieux un instant, avant de répondre d'une voix grave et posée, « Je suis simplement connu sous le nom d’Enéon. »
Le réceptionniste haussa un sourcil, visiblement peu impressionné par cette réponse énigmatique. « Enéon, hein ? Et d'où viens-tu, Enéon ? »
« De terres lointaines », répondit le chevalier sans donner plus de détails.
Le réceptionniste soupira et posa sa plume, se levant légèrement pour dévisager l'homme en face de lui. « Tu sais que cette joute n'est pas un jeu pour les amateurs, n'est-ce pas ? Beaucoup de ceux qui participent sont des chevaliers chevronnés. Sais-tu te battre, au moins ? »
Enéon resta impassible, ses yeux perçants rencontrant ceux du réceptionniste. « Oui, je crois etre capable de me débrouiller. »
Le réceptionniste scruta un moment les yeux de l'homme, cherchant la moindre trace de doute ou de fanfaronnade. Finalement, il hocha la tête et se rassit, prenant sa plume pour inscrire le nom de Enéon sur la liste.
« Très bien, Enéon, » dit-il en notant soigneusement le nom. « Tu es inscrit. La joute commence bientôt. Prépare-toi. »
*soit il a quelque chose dans son sac, soit c'est un idiot...*
Enéon s'éloigna du pavillon d'inscription, sa silhouette sombre se fondant presque dans les ombres projetées par les grands arbres entourant l'arène. Il se dirigea vers le terrain de préparation où les compétiteurs se préparaient pour la joute. Alors qu'il ajustait les sangles de son armure, un homme s'approcha de lui avec une démarche assurée et un sourire moqueur sur les lèvres.
Contrairement à Enéon, Cet homme portait une armure brillante ornée de motifs dorés, et son port altier indiquait qu'il était habitué aux regards admiratifs et aux flatteries. Ses yeux bleus pétillaient de malice et d'arrogance. Il s'arrêta à quelques pas de Enéon, le dévisageant de haut en bas.
« Alors, c'est toi le mystérieux 'Enéon' dont tout le monde parle ? » lança-t-il avec un rire méprisant. « Tu sembles bien sombre et mystérieux, mais sais-tu seulement te battre, ou est-ce juste pour le spectacle ? »
Enéon leva lentement les yeux vers l'homme, ses prunelles sombres et insondables ne trahissant aucune émotion. « Les apparences peuvent être trompeuses, » répondit-il calmement.
L'arrogant chevalier éclata de rire. « Oh, je n'en doute pas ! Mais ici, il ne suffit pas de paraître impressionnant. Il faut le prouver sur le terrain. » Il se pencha légèrement en avant, rapprochant son visage de celui de Enéon. « Je suis Sir Reynard de la Maison Glorien. J'espère que tu es prêt à affronter un vrai chevalier, pas des paysans ou des amateurs. »
Enéon resta impassible, ajustant une dernière fois son gant. « Que la joute parle d'elle-même, Sir Reynard. »
Reynard recula en secouant la tête, toujours avec ce sourire moqueur. « Très bien gamin ! Prépare-toi à une défaite humiliante. Je suis impatient de t’écraser sur le champ de bataille ! », hurla-t-il avant de cracher à la botte d’Enéon
Les trompettes retentirent, signalant le début officiel de la joute. Les spectateurs se levèrent en une vague d'enthousiasme, leurs acclamations résonnant dans l'air. Sir Reynard entra sur scène, et il reçut tout de suite une grosse acclamation de la part de la foule. Il fallait dire que notre bougre était plutôt habitué aux joutes, avec un record impressionnant de 30 victoires, pour zéro défaite. Autant dire que les gens avaient une bonne raison de parier sur lui. Ce dernier s’avança vers la loge ou siégeait la famille royale, avant de s’adresser à Elena :
« Princesse, vous êtes absolument magnifique cette journée ! Ne vous en faites pas, je vais écraser ce petit garçon prétentieux pour vos beaux yeux, il regrettera d’etre venu a Lumen, et retournera pleurer chez sa mère en béquille. Bien que ma victoire soit assurée, princesse, pourrais-je quand-meme bénéficier de votre bénédiction ? »,grogna ser Reynard, son haleine nauséabonde empoisonnant les narines d’Elena.
Puis, ce fut le tour d’Enéon. Contrairement à son adversaire, Enéon ne reçut pas le meme traitement de la part du public. Sa dégaine atypique et ses origines inconnues ne jouèrent pas à sa faveur, la foule poussant des cris de dérisions et de moquerie a son égard. Ignorant les hués de la foule, notre chevalier mystérieux se dirigea vers le lieu où logeait la princesse, a son tour. Ses gestes fluides et son air mystérieux ne manqua pas d’attirer la curiosité d’Elena. Arrivé à destination, notre héros enleva son casque, dévoilant un visage jeune mais profondément marqué par un lourd passé. Un sourire confiant aux lèvres, il leva fièrement sa tête, et s’adressa à Elena. « Votre Altesse, je viens de terres lointaines et je serais honoré si vous pouviez me donner votre bénédiction . Votre approbation est essentielle pour que je puisse honorer cette compétition avec la dignité qu'elle mérite. »