Ayant rejoint le village, Cirillia descendit de son cheval au milieu des badauds qui fuyaient la ville en hurlant. C’était un spectacle d’horreur qui la figea sur place. Trop de souvenirs remontèrent en elle, ceux de sa propre fuite, jadis, quand un dragon noir avait dévasté sa ville natale, et sa famille. Cirillia se ressaisit toutefois bien vite. Les miliciens étaient dépassés. Le dragon n’avait pas attaqué au hasard, il avait commencé par s’attaquer au manoir central, regroupant les quartiers de la milice. Les quelques soldats présents ici étaient toutefois bien en peine de pouvoir faire quoi que ce soit.
Cirillia se déplaça donc. Comme les sorceleurs, elle portait ses armes dans son dos, et, contrairement à eux, disposait également d’une redoutable arbalète à répétition. Elle se déplaça rapidement, sentant le soufre agresser ses narines, et se rua vers plusieurs dragonniers qui emmenaient des villageois dans une cage.
« Fus’ ! Ro’ ! Dah !’’ ! »
Ouvrant la bouche, Cirillia invoqua le Thu’um, cette magie draconique reposant sur l’utilisation de la voix qu’elle avait appris en tuant son premier dragon, et où elle avait absorbé son âme. Un déferlement repoussa le chariot, qui se renversa sur le sol. Surpris, les deux dragonniers se retournèrent vers elle.
« Une Dovahkiin ?!
- Voilà une offrande rare, mon frère ! »
Cirillia grimaça sur place. Elle attrapa une rune qu’elle frotta contre la lame de son épée, faisant s’illuminer des runes magiques gravées dessus. Son épée s’enflamma.
« Navrée, Messieurs, mais les seuls qui vont crever ici, c’est vous deux ! »
Elle s’élança alors. En absorbant l’âme d’un dragon, Cirillia avait aussi gagné en endurance. Elle n’avait plus besoin de porter d’armure lourde, ce qui la rendait donc agile, une caractéristique utile. Elle tournoya pour renforcer la puissance de son impact, et son épée frappa avec force la lame de l’un des dragonniers.
Son comparse saisit sa lance, et la pointa vers Cirillia, qui bondit en retrait, évitant la lame. Un coup anticipé par elle, qui fit un pas de côté, et décapita le deuxième dragonnier avec son épée, son imprudent coup de lance l’ayant rendu vulnérable. Surpris, le premier s’élança alors vers Cirillia, et frappa avec sa lame. Elle para une première attaque, puis recula. L’homme frappa encore en tentant d’attaquer par un mouvement circulaire allant du bas vers le haut. Cirillia se décala sur le côté, évitant l’attaque, tandis que son adversaire, par cette attaque, avait exposé son flanc droit. L’épée de Cirillia s’y rua, et, malgré l’armure de son ennemi, frappa violemment, entaillant l’armure, et fit jaillir le sang. Surpris, le dragonnier posa sa main sur son flanc, et Cirillia, en véritable danseuse, positionnée sur la droite de son adversaire, tournoya pour prendre encore de l’élan, et frappa avec sa lame dans le dos du dragonnier, décrivant un mouvement circulaire du haut vers le bas.
Un troisième larron avait voulu s’en prendre aux civils, mais une femme aux yeux bandés et portant une armure dorée peu complète venait de le tuer. Elle se rapprocha d’elle, et Cirillia la regarda pendant quelques secondes. Amie ? Ennemie ? Elle jugea rapidement avoir affaire à une amie. Tandis que les flammes autour de sa lame se dissipaient, Cirillia l’épongea du sang des ennemis avant de la remettre dans son fourreau.
« On ne peut pas le faire descendre sans équipement approprié. Il faut des balistes spéciales avec des flèches lourdes aptes à briser des écailles. Je dispose fort heureusement de carreaux spéciaux. »
De sa propre conception, ces carreaux étaient inspirés des pointes de flèches utilisés par les elfes de la Scoia’tael : des carreaux tranchants, qui, à l’impact, s’ouvraient pour former huit pointes qui s’enfonçaient dans la chair, renforçant la douleur et la difficulté à retirer le carreau. Mais cela permettait aussi d’entailler un peu plus les écailles d’un dragon. Il faudrait plus qu’un seul carreau, mais c’était déjà mieux que rien !
La femme se rua alors vers le dragon qui avait commencé à se descendre, prenant en chasse un homme. Elle frappa alors le dragon au ventre, surprenant ce dernier. Il pivota sur place en voyant la femme qui l’avait attaqué.
*Mais elle est folle !* songea Cirillia.
Le dragon rugit, et sa gorge s’illumina. Il allait souffler sur la jeune femme. Cirillia lui tira alors dessus avec son arbalète. Se scarreaux frappèrent le museau du dragon, qui grogna encore, et pivota sur place. Sa queue caudale fusa comme un fouet mortel, hérissé d’épines. Cirillia bondit alors vers Alérys, et la jeta au sol. La queue caudale leur passa au-dessus de la tête avant de venir percuter le mur d’une maison, qui s’effondra sur place. Le visage de Cirillia se retrouva ainsi proche de celui d’Alérys. Elle se redressa ensuite.
« Ne jouez pas aux héroïnes désespérées, ma jolie. Vous êtes trop belle pour qu’un dragon vous crame le cul. »
Le dragon se redressa pour s’envoler.
« Il existe des Cris pour forcer un dragon à se poser, mais je ne les connais pas. Je peux lui tirer dessus avec mon arbalète pour le retenir jusqu’à ce qu’il s’en aille. Est-ce que votre magie vous permet de renforcer mes carreaux ? »
Après avoir posé la question, Cirillia se retourna vers la femme.
« Au fait, je m’appelle Cirillia, et vous ? »